Yade
Tant de temps avait passé depuis le fameux petit message, missive à laquelle elle ne s'était jamais vue avoir de réponse. Son état était toujours préoccupant, même si sa vie n'était plus en danger. Elle n'avait qu'à peine remarché depuis son arrivée ici, seulement quelques pas tremblants qui ne l'avaient pas encouragée à en faire davantage. Mais son esprit en avait marre de tourner mentalement en rond. De plus, elle ne savait pas lire ni écrire aussi ni les pages, ni les plumes ne pouvaient contenir son impatience. Mais en ce jour, plusieurs mois - il semblait - après l'agression, elle avait décidé d'en finir avec cet ennui. Ne faire que le strict minimum ne lui convenait plus.
Alors, ce matin-là, elle s'était doucement assise sur le lit, en prenant toutes les précautions nécessaires pour ne pas se faire de mal. Elle avait attrapé ses vêtements qu'un servant lui avait nettoyés et réparés et, le plus lentement possible, les avait enfilés. Puis, avec toute l'attention du monde pour sa propre personne, elle s'était levée en se tenant au lit, chancelant comme quelqu'un qui avait un peu trop forcé sur la bouteille.
Ne sachant même plus en quelle saison ils étaient, le temps trop gris de chaque jour par la fenêtre ne la renseignant point, elle para à toute éventualité de température ou de météorologie en s'armant d'un tricot chaud. Vacillante marche jusqu'à la porte, puis dans le couloir. Elle ne sait quelle heure il est, mais il doit être bien tôt : la maison et ses occupants, habitants comme servants, semblent endormis, et le soleil est loin d'être levé. Par la fenêtre, durant un instant, Yade admire le scintillement des étoiles brillant sur le ciel noir. Puis, ne voulant pas s'abandonner trop longtemps à la contemplation du firmament, elle continue sa route d'un pas le plus léger possible, veillant à toujours se tenir au cas où un vacillement de trop la ferait se fracasser la tronche par terre. Une fois le couloir traversé, voilà qu'une nouvelle étape se dresse devant elle : l'escalier. Ne se décourageant pas devant l'adversaire, elle s'accroche des deux mains à la rampe et attaque les marches l'une après l'autre, sans bruit supplémentaire.
Une fois arrivée en bas, éclairée par la lueur de la lune passant par les fenêtres, elle se dirige vers ce qui semble être la porte d'entrée ; à vrai dire, elle marchait à tâtons plus qu'autre chose, car elle ne connaissait pas son environnement, seule la chambre était connue. Le reste, elle l'avait bien traversé, mais dans un état physique et psychologique qui ne lui avait pas laissé le temps d'admirer le paysage au passage. Que faire, à présent ? Elle prit un autre petit instant pour réfléchir. Qui était-elle ? Quel était son rôle ? Et à partir de ça, que devait-elle faire maintenant ?
Chassant de ses pensées sa voix intérieure qui lui intimait d se répondre "brigande" ou "voleuse", elle pensa plutôt à son futur : écuyère, qu'il avait dit ?
Alors direction l'écurie, en espérant qu'il y en avait une. Mais si son ouïe et son flair ne l'avaient pas trompée, la présence de chevaux près de la demeure était attestée. Elle ouvrit la porte d'entrée et prit le temps de lancer un coup dil de droite à gauche au dehors. Ceci fait, elle referma la porte avec autant de silence et de légèreté que pour l'ouverture.
Pas d'écurie devant elle. Curieuse de la trouver, elle boitilla jusqu'au côté de la maison et regarda derrière. A une centaine de mètres se trouvait un bâtiment à grande porte cochère qui avait bien l'allure d'une écurie. Un sourire se dessina sur les lèvres de la jeune femme, contente de sa trouvaille, et elle se dirigea vers sa nouvelle destination. Les portes grincèrent un peu lorsqu'elle les déplaça, mais cela ne dura pas longtemps : son corps frêle ne prenait pas grand place pour passer. Une fois introduite à l'intérieur du bâtiment, elle observa ce qui l'entourait. Un couloir parcourait le bâtiment dans sa longueur ; de part et d'autre du passage, des boxes et une sellerie se tenaient, impeccables. Peu de bruit animait la scène. N'y avait-il pas de bêtes cette nuit-là, ou étaient-elles simplement endormies ?
Un animal souffla doucement, comme pour lui souhaiter la bienvenue. Elle se dirigea vers lui et le découvrir dans un rayon de lune : c'était un cheval bai, qui la regardait d'un air paisible et amical. Sur la porte de son box, une plaque donnait plus d'indications : c'était en fait une jument qui portait le doux nom de Confiance, patronyme qu'elle portait apparemment très bien. La brune s'approcha de la monture en clopinant, et la salua en caressant doucement son chanfrein, plusieurs fois. Une brosse oubliée au pied de la porte l'invita à la ramasser, ce qu'elle fit avant de faire basculer le loquet de la porte du box et d'y entrer. Elle entreprit de panser la jument qui ne s'en formalisa pas, se contentant de la renifler un instant puis de retourner à sa consommation de foin. Yade leva un instant les yeux, en direction du fond de l'écurie. Une autre paire d'yeux l'observait d'un air curieux. C'était un cheval de couleur sombre, qui se confondait avec l'ombre dans laquelle était plongée son logement.
Mais avant qu'elle puisse décider de faire quoi que ce soit, la porte grinça de nouveau, sûrement pour faire passer un personnage plus épais qu'elle. Mais qui ?
_________________
Alors, ce matin-là, elle s'était doucement assise sur le lit, en prenant toutes les précautions nécessaires pour ne pas se faire de mal. Elle avait attrapé ses vêtements qu'un servant lui avait nettoyés et réparés et, le plus lentement possible, les avait enfilés. Puis, avec toute l'attention du monde pour sa propre personne, elle s'était levée en se tenant au lit, chancelant comme quelqu'un qui avait un peu trop forcé sur la bouteille.
Ne sachant même plus en quelle saison ils étaient, le temps trop gris de chaque jour par la fenêtre ne la renseignant point, elle para à toute éventualité de température ou de météorologie en s'armant d'un tricot chaud. Vacillante marche jusqu'à la porte, puis dans le couloir. Elle ne sait quelle heure il est, mais il doit être bien tôt : la maison et ses occupants, habitants comme servants, semblent endormis, et le soleil est loin d'être levé. Par la fenêtre, durant un instant, Yade admire le scintillement des étoiles brillant sur le ciel noir. Puis, ne voulant pas s'abandonner trop longtemps à la contemplation du firmament, elle continue sa route d'un pas le plus léger possible, veillant à toujours se tenir au cas où un vacillement de trop la ferait se fracasser la tronche par terre. Une fois le couloir traversé, voilà qu'une nouvelle étape se dresse devant elle : l'escalier. Ne se décourageant pas devant l'adversaire, elle s'accroche des deux mains à la rampe et attaque les marches l'une après l'autre, sans bruit supplémentaire.
Une fois arrivée en bas, éclairée par la lueur de la lune passant par les fenêtres, elle se dirige vers ce qui semble être la porte d'entrée ; à vrai dire, elle marchait à tâtons plus qu'autre chose, car elle ne connaissait pas son environnement, seule la chambre était connue. Le reste, elle l'avait bien traversé, mais dans un état physique et psychologique qui ne lui avait pas laissé le temps d'admirer le paysage au passage. Que faire, à présent ? Elle prit un autre petit instant pour réfléchir. Qui était-elle ? Quel était son rôle ? Et à partir de ça, que devait-elle faire maintenant ?
Chassant de ses pensées sa voix intérieure qui lui intimait d se répondre "brigande" ou "voleuse", elle pensa plutôt à son futur : écuyère, qu'il avait dit ?
Alors direction l'écurie, en espérant qu'il y en avait une. Mais si son ouïe et son flair ne l'avaient pas trompée, la présence de chevaux près de la demeure était attestée. Elle ouvrit la porte d'entrée et prit le temps de lancer un coup dil de droite à gauche au dehors. Ceci fait, elle referma la porte avec autant de silence et de légèreté que pour l'ouverture.
Pas d'écurie devant elle. Curieuse de la trouver, elle boitilla jusqu'au côté de la maison et regarda derrière. A une centaine de mètres se trouvait un bâtiment à grande porte cochère qui avait bien l'allure d'une écurie. Un sourire se dessina sur les lèvres de la jeune femme, contente de sa trouvaille, et elle se dirigea vers sa nouvelle destination. Les portes grincèrent un peu lorsqu'elle les déplaça, mais cela ne dura pas longtemps : son corps frêle ne prenait pas grand place pour passer. Une fois introduite à l'intérieur du bâtiment, elle observa ce qui l'entourait. Un couloir parcourait le bâtiment dans sa longueur ; de part et d'autre du passage, des boxes et une sellerie se tenaient, impeccables. Peu de bruit animait la scène. N'y avait-il pas de bêtes cette nuit-là, ou étaient-elles simplement endormies ?
Un animal souffla doucement, comme pour lui souhaiter la bienvenue. Elle se dirigea vers lui et le découvrir dans un rayon de lune : c'était un cheval bai, qui la regardait d'un air paisible et amical. Sur la porte de son box, une plaque donnait plus d'indications : c'était en fait une jument qui portait le doux nom de Confiance, patronyme qu'elle portait apparemment très bien. La brune s'approcha de la monture en clopinant, et la salua en caressant doucement son chanfrein, plusieurs fois. Une brosse oubliée au pied de la porte l'invita à la ramasser, ce qu'elle fit avant de faire basculer le loquet de la porte du box et d'y entrer. Elle entreprit de panser la jument qui ne s'en formalisa pas, se contentant de la renifler un instant puis de retourner à sa consommation de foin. Yade leva un instant les yeux, en direction du fond de l'écurie. Une autre paire d'yeux l'observait d'un air curieux. C'était un cheval de couleur sombre, qui se confondait avec l'ombre dans laquelle était plongée son logement.
Mais avant qu'elle puisse décider de faire quoi que ce soit, la porte grinça de nouveau, sûrement pour faire passer un personnage plus épais qu'elle. Mais qui ?
_________________