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[RP]Toi...

Camillle_
Trois jours, pas un de plus.

Dans une ultime inspiration, le seuil de sa chambre est franchi. A la fois apaisée et anxieuse, la Vipère retrouve ses repères et son odeur. Loin des herbes et des vapeurs entêtantes, c’est l’odeur délicate du jasmin qui s’imprime à ses tempes. Adryan. Doucement, Camille s’avance vers sa couche, effleurant du bout des doigts ce tissu dérobé. Sa chemise. Inconsciemment, elle hume, laissant ces flagrances se perdent et semer le trouble en son sein. La gorge aussitôt se noue, emportant avec elle le goût de l’Interdit. Pourtant, elle ne peut s’attarder ici lieu et s’enfermer dans ces limbes, Camille ne peut déroger à l'ordre du Comptable. Trois jours pas un de plus pour lui annoncer son retour.

Alors la courtisane regagne son bureau sur lequel repose son miroir et ses effets personnels et comme autrefois, les gestes reviennent. Les effets sont retirés, la toilette réalisée et alors que son miroir lui renvoi son reflet, elle détourne automatiquement le regard. Malgré ses efforts conjugués à ceux d’Umbra, quelques hématomes et cicatrices persistes. Ne vas-tu donc jamais me laisser en paix ! Coupable, rongée par le remord et ces images qui lugubres lui reviennent, Camille peine à maitriser son palpitant et la moiteur de ses mains. Sous l’angoisse, le coffret chute et avoue ses trésors. Sous l'impact et ce bruit sourd, Camille s’extirpe de sa torpeur. Le présent l’étreint, loin de ces cauchemars et de ces maux et comme pour tromper son Mentor, elle revêt l’une de ses robes. Les tons ne sont plus au carmin et au pourpre mais aux couleurs chaudes et automnales. Sur l’étoffe marron, Camille y appose une ceinture de cuir noir épaisse pour contraindre le tissu à atténuer le saillant de ses hanches. Pour masquer les crocs de cet autre qui surplombe son épaule, Camille relâche sa chevelure et y imprime un léger mouvement. Pour détourner son regard de son visage, elle accroche à ses lobes ses plus belles boucles d’oreilles. La nuque est dégagée d’un côté, le regard est attiré par ces pierres de lunes qui telles des larmes semblent couler sur l’ambré de sa peau. Un dernier coup d’œil et la Vipère redevient Courtisane.

Quittant sa chaise, elle s’empare de ce flacon d’essence de jasmin qu’elle contemple avec nostalgie et appréhension. Elle l’avait acheté pour Lui, pour semer le trouble dans son esprit, pour l’effleurer à chacun de ses pas par ces flagrances qui ne sont dédiées qu’à Lui. Pardonne-moi. Les mots s’échappent de ses lippes tels une confidence et alors qu’elle verse quelques gouttes à l’intérieur de ses poignets et entre ses monts, elle serre les mâchoires. Qu’allait-elle pouvoir lui dire ? Par quoi commencer ? Allait-il lui pardonner son départ ? Allait-il le comprendre ? S’était-il inquiété ? Etait-il passé à autre chose ? L’avait-il simplement aimée ?

Prête, elle inspire une nouvelle fois, gonflant sa poitrine de cette angoisse qui corrompt son esprit. Les mains sont moites, le souffle est saccadé, le cœur se serre et les tripes se vrillent. Pourquoi tant de maux ? Pourquoi tant d’appréhension ? La réponse lui semble revêtir le poids de l’Interdit et de sa naïveté. Que faisait-elle des mots de Dacien ? De cette vérité qui l’avait conduite à quitter l’Aphrodite ? Elle, stupide martyr devenue courtisane. Elle, perfide création devenue le tourment de son Créateur. Une putain…Ce sont les mots qu’elle lui cracha au visage, ce sont les mots qui se rappellent à elle alors qu’elle quitte le seuil de sa chambre pour s’avancer jusqu’au couloir.

Elle ignore encore ce qu’elle sera à même de lui dire une fois devant lui. Elle est incapable de préparer son arrivée, incapable de songer à ce moment qu’elle attend depuis plus d’un mois. La Vipère s’était raccrochée à Lui et à ses souvenirs, à ses soupirs et à ses mots mais qu’en sera-t-il une fois confrontée à la Réalité ? La Vipère aimerait fuir, tourner des talons, regagner sa chambre pour s’y enfermer et ne jamais en ressortir. Elle ne veut affronter cette Réalité qu’elle n’a eu de cesse de chercher à fuir…Et s’il l’avait oubliée… Et s’il était lui aussi dans l’attente de ses retrouvailles…

Mais devant elle, c’est un autre visage qui la rappelle à l’ordre. Les mâchoires aussitôt se crispent, les sourcils se froncent...La rancune se fait tenace…

Dacien…

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Dacien2
Le soleil s’était levé maintes et maintes fois pour s’apercevoir que le remord s’élargissait à vue d’œil. Non seulement, ce cauchemar le hantait mais, en plus, celui-ci le rongeait chaque jour un peu plus pour lui donner cette impression de n’avoir rien à foutre dans le Bordel. Dacien était invisible. Il souhaitait l’être en tout cas. Quand certains préféraient l’éviter, dédaignant inopportun d’apposer un seul onyx en sa faveur, d’autres essayaient, d’une certaine façon, de sonder ce qu’il avait en lui, de vouloir ressentir cette pénitence infligée, de percer ce secret qui le dévorait allègrement.

D’avoir senti la fragrance orientale que possédait Adryan la nuit dernière l’avait enveloppé dans ce cocon noir qui n’en finissait plus de l’enfoncer doucement, assurément, dans ce puits sans fond et de l’empêcher de pouvoir remonter. Sa priorité était de s’éloigner de cet être tant aimé qui ne terminait d’émettre cette attirance encore plus intense et, en même temps, ce désespoir de l’avoir drogué, violé et abandonné aux bains pour essayer d’oublier ce qu’il avait fait. Et pourtant, cela l’emprisonnait de plus en plus dans sa torpeur au point qu’il se remit à boire alors qu’il s’était juré de devenir sobre pour accomplir ce pour quoi il était fait, la luxure.

Son visage se maintenait défait toute la sainte journée, lors de sa solitude, comme si l’emprunte de se repentir devait rester pour qu’il se rappelle encore et encore, son esprit faisant défiler sans fin, chaque image, chaque seconde de la scène. Chaque jour, un peu plus, le poids se faisait plus lourd et, chaque jour, l’alcool se glissait un peu plus dans ses veines.
Encore quelques pas dans les couloirs, la tournée au coin et, la tête baissée, il s’avança de deux trois pas pour entendre cette voix féminine qui lui fit relever le minois. Son fasciés du se recouvrir de cette fine pellicule d’arrogance qui ne devait en rien inciter à s’imaginer qu’il était rongé par son crime, qu’il pouvait avoir le remord, qu’il était tout de même….humain. Un temps d’arrêt avant de s’approcher de la Brune, étirant une commissure à l’accoutumée et peignant ses verdures de ce vide imprenable pour finir cette ébauche de dédain.


Camille……Une fois à sa hauteur. Quel privilège de te revoir. Un brin audacieux. Son visage légèrement bleuté, jaunatre, le laissa pantois, ne sachant que dire d’autre à part…..Pas sûr que Adryan aime ce visage. Remarque, il a du t’oublier depuis l’temps.

Camillle_
Les iris verdâtres se posent, dévisagent, se dégoutent et inconsciemment l’orgueil de la Vipère s’effrite. Son Mal est-il si évident ? Il semblerait. Toutefois, Dacien ne se repait nullement de cette esquisse. Il poursuit, lui rappelant ainsi que sa cruauté, Elle, n’a pas changée. Les lippes s’ouvrent, les mots s’échappent et le poison se glisse viscéral entre ses tempes. Salaud. Sous la pulsion, sous la douleur qui s’immisce et enserre son palpitant, la main se lève et s’abat avec hargne sur la joue du courtisan. Bâtard. Chien.

Sous l’impact, le souffle s’emballe, emportant avec lui la Raison et la retenue vipérine. Elle se souvient de ce claquement, de cette joue masculine qu’elle avait déjà frappé cette fameuse nuit. Lui, ce sale chien, ce violeur qui avait usé de ses viles manipulations pour parvenir à ses fins. Comment pouvait-il la haïr au point de poursuivre ses méfaits et de lui asséner un énième coup ? Cruelle, la remarque s’enfouit entre ses tempes pour y planter ses serres. L’oublie. Là est son véritable Mal.

Celle qui s’était raccrochée à leur image et à leur voix réalise que le temps a filé, plus qu’elle ne l’aurait espéré. Un mois. Si son quotidien lui semblait répétitif et sadique, celui d’un courtisan en revanche se pare d’extravagance et d’occasions. Son monde s’est figé, brutal et lugubre, poisseux et morbide, mais le Lupanar lui à poursuit sa route, loin de ses maux et de ses souffrances. Oui, il aurait pu l’oublier. Oui, elle souffre à cette idée. Mais les évidences sont là, seule Umbra avait su mettre un terme à son Enfer. L’avaient-ils cherché ? Elle doute. Finalement, la réalité est aussi cruelle et indifférente que l’oubli.

Tremblante de haine, la voix féminine s’échappe de ses lippes pour heurter la conscience sadique. Moi je n’ai rien oublié de toi et de cette scène…

Ho non, n’oublie pas ce que je sais de toi, de tes faux-semblants et de tes actes. Ne me pousse pas à bout Dacien.

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Dacien2
Droit sur ses jambes, redressant son buste avec fierté et arrogance, Dacien ne la lâchait pas de ses jades. Il n’eut pas le temps d’apprécier sa dextre se lever pour s’abattre sur sa joue avec ce claquement qui pouvait laisser la marque des doigts rougeâtres sur la peau. La Garce…Ses phalanges se posèrent sur son minois réchauffé par le frappement, pour la passer de bas en haut, comme pour soulager la douleur. Son visage s’était déplacé de quelques millimètres pour laisser ses yeux se poser sur le sol quelques secondes. Ses paupières se fermèrent un court instant, essayant de calmer l’esprit rentrant gentiment dans ce sentiment colérique qui pourrait offrir certaines vérités véhiculant mensonges additionnés pour se venger de ce déchainement de rage.

Dacien releva ses verdures emplies de cette humeur qui tournait au vinaigre, étirant une commissure en coin avec ce dédain atteignant la paroxysme pour la zieuter en long, en large et en travers.


Vraiment…répondit-il en levant un sourcil. Mais tu as loupé tellement de choses pendant ton absence.

Il aurait pu jubiler. L’idée lui transperçant l’esprit de pouvoir la mettre plus bas que terre venait de lui traverser la cervelle. Dacien l’observa encore, constater ses bleus au visage qu‘elle avait essayé de camoufler sous une poudre hâlée, l’air fatigué avec ce regard fade et cette maigreur corporelle qui se dessinait. La douleur morale, celle qui tournait dans la conscience sans cesse, était bien plus douloureuse que celle du physique. Certes, elle devait avoir mal à chaque endroit tuméfié de son corps mais, voilà que la claque qu’elle déferla sur son minois quelques minutes avant, lui picotait la peau et tournicotait dans son esprit. Elle se souvenait. Lui aussi. Il avait même l’impression de le revivre à chaque vision du Nobliaau. L’Arrogant ne pouvait se défaire de cette scène tant il en était imprégné. Et de la revoir elle, avec cet air rancunier, ses paroles vengeresses, Dacien ne pouvait que lui rétorquer…


Tu ne dois pas valoir l’Orient je pense…..Tu as eu tes heures de gloire déjà avec Adryan….Dit-il presque machiavélique. Le Castillon t’a remplacé ma Belle, au point de posséder une Egyptienne, de prendre à elle aussi le creux des reins. Un sourire en coin. Cherches pas. T’es partie. Il t’a oublié. Il s’est envoyé en l’air avec une autre que toi.

Une dextre plongeant dans ses ébènes, un regard l’affublant de cette précieuse pensée qu’elle n’était plus la bienvenue, Dacien ne put s’empêcher d’en rajouter.

Tu croyais quoi….Qu’il allait t’attendre? Un éclat de rire. Il ne savait quand tu reviendrais. Il a préféré une autre femme pour se faire du bien.

Il enchaina encore.

Regardes-toi. Tu ne ressembles plus à rien….T’es aussi épaisse qu’un pain desséché….T’as une bouille à faire peur. Aller, tu f’rais mieux de te trouver un autre bonhomme pour asservir tes envies….

Et un dernier coup pour l’asséner.

J’espère bien que tu n’as rien oublié. Comment veux-tu enlever ce qui le fait vibrer dans son intérieur? Comment pourrais-tu me remplacer quand tu t’en vas pour me le laisser à portée de mains? Comment peux-tu le laisser seul quand les femmes s’offrent à ses pieds? Comment…mmhh?

En as-tu assez Camille…..En as-tu assez pour comprendre que tu aurais du rester…..En as-tu assez pour saisir que l’on ne s’en prend pas à moi….

Camillle_
Sous le claquement et la menace, les jades s’emplissent d’une lueur malsaine et fière. Il la Hait. Son Double perfide s’éveille, serein. Le venin se prépare, se charge en toxicité et enfin, le voilà qu’il mord. Les crochets s’enfoncent, brutaux, sanguins à même son palpitant, écorchant ce qui lui reste de conviction. Au rythme des paroles qui s’abattent et enserrent sa gorge, Camille imagine l’impensable. La Réalité se forge sous les traits d’une Egyptienne, d’une étreinte, de soupirs partagés et d’une offrande. Ses reins. Comment avait-il pu ? La douleur est cuisante, humiliante.

Tais-toi Dacien ! Je t’en conjure...

Sadique, joueur, l’animal s’enroule sur les courbes féminines, révélant sa maigreur et ses artifices sous la fraîcheur de ses écailles. Sous l’articulation, Camille réalise qu’elle n’a plus rien de cette courtisane d’en temps, de cette femme menue aux formes néanmoins légères et douces. Elle n’est plus qu’une putain maigre et fade. Dans cette mue, la Vipère a perdu son éclat.

-A quoi t’attendais-tu ? Qu’il t’attende ? Regarde, Dacien se marre. Tu n’es vraiment qu’une petite âme naïve et candide. Tu es dans un lupanar, ils mentent, ils charment, ils culbutent plus qu’ils ne savourent. Tu as été formée pourtant...Par Lui qui plus est. Tu connais son charme…Il t’a remplacée, tu n’as été qu’une lubie, qu’un antre, qu’une tâche de naissance qui s’active pour Son plaisir…
-Non….


Les écailles s’articulent, le corps froid de l’animal l’étreint et l’achève sous d’ultimes répliques. Dacien n’est autre que son double, éperdu et blessé dont le palpitant ne bat que pour l’Interdit. Les mâchoires se crispent, les perles n’aspirent qu’à être avouée et à glisser, lasses et brisées sur les joues hâlées. Pourtant, Camille lutte par fierté.

-Et tu as osé croire qu’ils t’avaient cherché ?....Même moi je me marre. Maximilian aurait pu te garder un mois de plus, personne aurait remarqué ta disparition. Tu L’imagines lové dans ses bras, soupirant, transpirant pour une autre pendant que toi, tu survis grâce à Lui ? Avec le recul, je trouve cette lutte pathétique.
Pendant que tu versais ton premier sang, que tu volais la vie à une âme perdue, Lui était là, au chaud dans l’antre et les reins d’une Egyptienne. Au moins Dacien t’ouvre les yeux, même si cela fait mal. Combien de fois d’ailleurs t’a-t-il prévenu ?
-Il ment…
-Arrête…Tu y crois encore ?


La poitrine se gonfle et pourtant, l’air s’infiltre avec difficulté. Il est âcre, glacial. Les tempes subissent également cette fraîche attaque qui paralyse son raisonnement. Elle est figée, démunie, meurtrie et s’il est aisé de panser des plaies physiques, le venin qui s’immisce en son sein lui arrache les tripes. Assez...Les lippes s’ouvrent, tremblantes de vérité et de lassitude. La Vipère est usée. A bout, elle s’écarte, s’éloigne de quelques pas avant de croiser au loin cet ombre familière. Lui.

Un soupir de surprise s’échappe alors que les iris se détournent aussitôt de Son poison. Les sens s’éveillent, s’entremêlent et la douleur se transforme en haine. La raison n’est plus, auscultée par cette Réalité qui lui a été avouée. Elle n’a été qu’une lubie…Les talons tournent, la Vipère fait volte-face. Les mains sont tremblantes, les larmes crient, Camille fuit une fois encore la Réalité.

Pressée de se réfugier dans son monde, de retrouver ses repères, la Vipère s’enferme avec une hâte vitale dans sa chambre. Enfin, elle abandonne ses larmes qui roulent et face à son portrait qui se reflète, impuissant et désolant, Camille craque. D’un geste vif, elle s’empare de la chemise d’Adryan et y enfonce ses ongles. Le tissu craque, se déchire et sous la douleur qui paralyse ses phalanges, Camille exalte une douleur bien plus vive.

Comment as-tu pu Adryan….Comment…Tu m’as formée et pourtant je n’ai rien vu venir…Tout cela n’était que mensonges...J’ai honte...Honte d’avoir été bernée, honte d’avoir été tienne...

Sur le dos de sa main, la fraîcheur d’une larme s’éclate sur une veine gonflée et lasse, Camille s’empare de ce miroir infect qu’elle jette et brise contre le bois de son armoire. La Réalité est bien plus cruelle qu’elle ne l’aurait été espérée. Et dire que je t’aime…

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Adryan
I’ll burn my tomorrows
And I’ll stand inside today
At the edge of the future
[…]
Face my destroyer
I was ambushed by a lie
And he judged me once for falling
His wounded heart will rise

I’ll burn my shadow away
Burn My Shadow – Unkle


Les rendez-vous avaient été pris. Dès le lendemain, aux premières lueurs de l’aube, la monture du Castillon fendrait la brune automnale pour une semaine. Qu’importait si les lieux à visiter s’avéraient ternes et sombres, les alcools suffiraient à le réchauffer, le besoin de s’éloigner du bordel était impératif. Mais là, caché au plus profond de lui, le cancer s’étirait vicieusement, étouffant de ses tentacules visqueuses jusqu’à sa volonté à revenir là où tout lui rappelait… Elle. Elle qui était partie. Sans un mot. Elle qui l’avait abandonné, là sur le carrelage glacé des bains. Sans rien d’autre que des doutes ironisant autour de lui dans une rengaine d’interrogations sans début. Sans fin. Délaissé avec juste ce corps embarrassant qui ne lui appartenait même plus depuis qu’un autre avait décidé qu’il pouvait être sien. Avec ce corps qui crevait lentement de faim et de froid. Fantôme errant et blafard. Voila le cadeau que Camille avait laissé dans le sillage de son parfum.

Pourtant ses pas le menant vers la maison haute pour y régler quelques menus détails avant de s’enfouir dans la solitude de son appartement, se gonflaient encore de cette fierté farouche à rester debout, soutenue par la béquille d’une promesse égrainée au creux d’une oreille fauve. Les murs défilaient sous le regard vide, incapables de retenir l’attention castillonne tout juste bonne à compter les battements de bottes sur le plancher, ronrons étrangement rassurants de sa propre existence quand rien d’autre ne semblait plus battre que ses semelles. Quelle erreur de se croire mort tant que le coup de grâce n’était pas donné. Idiot de palpitant qui s’était cru mort et qui l’espace d’un instant s’arrêta bel et bien avant de craquer dans une cavalcade désordonnée et douloureuse. Elle. Là. Au bout du couloir. Loin quand pourtant, il pouvait sentir son parfum révolter chacun de ses sens. Pourtant, tel un mirage, aussitôt apparue, elle disparut dans le claquement sec d’une porte se refermant sur Elle, telle une gifle féroce. Non… Les pas se précipitèrent jusqu'à se dérober dans une course furieuse. Le regard affolé de crainte de La perdre encore remarqua une ombre verdâtre sans portant n’y porter la moindre attention. Enragée, la porte s’ouvrit brutalement sous la poussée sauvage du bras nobiliaire, frappant le mur de plein fouet. Et si l’élan aurait dû conduire Adryan à tout faire voler dans la chambrée pour attraper la Fugitive dans ses serres et ne plus jamais La laisser s’envoler, il se figea sur le seuil, la respiration saccadée tant ce qu’il découvrait le tétanisait. Elle était là, droite dans le marasme des débris de miroir, les lambeaux de sa chemise pendouillant de Ses mains tremblantes et Ses joues mouillées de larmes.

Le regard gris glissa incrédule dans la chambrée pour revenir cueillir celui qui lui fendait d’âme et d’Interdit et de colère et de soulagement et de désir dans un désordre si assourdissant que rien n’avait plus de sens.


Pourquoi ? Sa voix n’était que filet enroué, son regard qu’incompréhension alors que la paume de sa main semblait refuser de se détacher de la poignée de la porte comme si en refermant le chambranle, tout pouvait encore s’effacer.

Pourquoi ?

Pourquoi me fuir encore Camille ? Pourquoi ?

POURQUOI ?
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Camillle_
La porte souffle, claque et sous la violence, Camille se retourne malgré elle. Il est là, enveloppant la pièce de son parfum, embrasant son être de ce regard colérique et trouble dont elle en avait oublié l’esquisse. La question est abandonnée, hésitante et enrouée puis réitérée pour espérer atteindre la conscience de la Droguée. Vas-t-en je t’en prie. Les doigts étreignent à nouveau le tissu déchiré, les iris se détournent encore et entre ses tempes, la question est ressassée. Pourquoi ? Une simple interrogation qui doucement se glisse entre ses veines et corrompt sa Raison. Le poison de Dacien est là, encré entre ses tempes, emportant avec lui les images d’une étreinte et d’un partage décadent. Pourquoi ? Mais comment osait-il !

Sous la folie qui s’empare de ses sens, elle s’avance, droite et fiévreuse jusqu’à plaquer le plat de ses mains contre le torse nobiliaire. – Pardonne-moi - Elle percute, le repousse et alors qu’il est acculé contre le mur, elle serre le poing pour le lui asséner contre l’arête de la mâchoire - Je te hais - . Camille n’a plus rien de cette âme délicate et réservée, elle ne supporte plus la douleur qu’on lui inflige et enfin, le bourreau est à portée de main. Pourquoi ?! Elle s’éloigne de quelques pas, plonge ses iris dubitatifs et sombres dans ceux de son Autre et esquisse un sourire incrédule.

Pourquoi ? Et vous....Pourquoi avoir cru que je serai partie sans Aswad ? Pourquoi m’avoir laissé subir tout ça sans même penserà m'en délivrer ? Pourquoi venir ici, m’achever par votre présence alors qu’une autre a déjà su vous combler ? Pour la première fois, les mots coulent des lippes féminines et celle qui autrefois contenait et choisissait sa verbe, laisse avouer son mépris et son incompréhension. Elle crache son venin, libère son esprit de ces questions, de ces tourments qui se dessinent. Elle inspire, lutte pour conserver son regard et au-delà de cette souffrance qui enfin est avouée, c’est un autre mal qui ronge son bas ventre. Son Interdit est là, à portée de lippes, à portée de soupirs – embrasse-moi -. Pourquoi venir me chercher alors que je viens juste de réaliser que je n’étais qu’une lubie à vos yeux ?

Les nerfs à fleur de peau, elle s’avance à nouveau et pose une main contre sa nuque. Son souffle chaud, son odeur, sa peau...Pourquoi diable suis-je incapable de te cracher au visage après tout ce que j’ai vu et entendu ? Amer, les ongles s’enfoncent contre sa peau, elle y plante ses serres, y appose sa marque. Le palpitant s’anime tandis que les tripes se vrillent de dégoût et de honte.

Vous m’avez tout appris de cet art, vous m’avez faite courtisane et pourtant, de vos maux, de vos viles paroles je n’ai rien vu. Tout est dit, il ne peut y avoir de marche arrière. Haine, Mépris…L’Interdit se mue en une souffrance aussi addictive que ses vapeurs. Elle aimerait dévorer ses lippes, humer son parfum, se réconforter d’une simple étreinte et pourtant, elle est là, à quelques pas, incapable de lui céder une autre part d’elle. Souillée, humiliée…Le quotidien d’une putain.

D’un geste symbolique, la chemise est récupérée contre le meuble avant d’être jetée à ses pieds.
Vois comme j’ai été crédule…De toi j’en avais gardé jusqu’à cette chemise. C’est pitoyable n’est-ce pas ?

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Adryan
La porte claqua, mais rien ne disparut. Ni Elle, ni la colère infestant la chambrée. Elle le repoussa, l’acculant au mur de ses bras trop minces. Et lui, imbécile pantin qui aurait pu la briser d’une seule main, reculait, pitoyablement, trop amoureux, fautif, blessé d’un simple regard quand le poing féminin s’écrasa sur son menton, le laissant abasourdit de stupeur. Blessé, meurtri, mais vivant. Le visage heurté n’offrit qu’un profil essoufflé, indifférent même à passer la main sur la rougeur que déjà le maquillait, tant ce coup là semblait agréable comparé à l’avalanche de mots qui s’abattaient sur ses épaules.

Elle ne fut plus Vipère, Elle fut fauve en cage, avançant reculant, prise au piège d’un jeu les dépassant. Voilà où la peur menait. Beau couple qu’ils formaient d’être aussi lâches l’un que l’autre. A l’hérésie. Au crachat. A l’incompréhension. Idiots. Le murmure gronda aux oreilles castillonnes et le regard défendu ne put que contempler la chemise jetée à ses pieds avec un mépris poisseux qu’il découvrait déborder de ce corps trop menu. Encore trop hébété par la tornade s’abattant sur lui, il ne put que répéter sa question alors qu’entre ses tempes, lentement, les paroles de Camille s’enchainaient les unes aux autres pour prendre sens dans une vérité implacable.


Pourquoi es-tu partie ? Pourquoi ? Au diable les vous et autres simagrées, le temps n’était plus à la comédie. Décrochant son regard de l’amas de tissus informe pour le remonter d’une lenteur écœurante sur le corps adoré, J’avais froid. Tellement froid. Mais tu n’étais pas là. Non. Tu n’étais pas là. Et j’avais plus froid encore. Tu as fuis. Les prunelles grises harponnèrent la Vipère d’un givre livrant bataille au feu le plus ardent. Encore. Comme lorsque que tu te glisses dans mes draps cachée de tes drogues car tu n’as pas le courage de le faire sans. La voix était caverneuse, vibrante d’une révolte froide qui n’attendait qu’un verrou rouillé ne lâche pour déverser son limon amer. Et le coup de bottes partit, rêche et sec, envoyant la chemise valdinguer à l’autre bout de la pièce alors que les débris de verre du miroir crissaient sous ses pas venant vers Elle.

Fuir. Encore. Toujours. Vas-y fuis encore. Moi je ne bougerai pas. L’ombre verdâtre glissa dans sa mémoire alors que ses mâchoires se crispaient d’une haine renouvelée. Oui. Oui, j’en ai pris une autre, et tu sais quoi Camille ? Je n’ai pas même été capable de suivre mes propres conseils. Un rire mauvais fusa de ses lèvres, ricochant sur les murs pour se fracasser sur l’aveu. Et ce fut un magnifique, un éclatant, un formidable… échec ! Oui, elle est belle. Oui, sa peau est chaude, oui son parfum sent là bas, mais… Il se retourna vivement, grimaçant sous la douleur des mots brulant sa gorge d’éclater aux oreilles vipérines mais qu’encore, il tut.

Mais elle n’est pas Toi.

Le poing s’écrasa sur le mur, féroce jusqu’à laisser son empreinte indélébile. Je suis malade à force de te vouloir. Le temps s’égraina tout juste empli d’une respiration grondante, appuyé la main sur le mur, la tête basse. Des mots vils. Quels mots Camille ? Même mes regards, tu les refuses. Il s’en serrait cogné la tête contre les murs si cela avait pu mettre un soupçon de logique dans cette fable destructrice. Lentement il tourna la tête pour la regarder par-dessus son épaule, les prunelles se consumant de milles maux contradictoires. Tu ne veux être qu’une putain… Une putain qui embrasse... Oui, une putain qui vend tout, même ce qu’elle refuse, pour une poignée de drogue. Et la colère se déversa, mauvaise et injuste, quand libérant le mur de son poids, en cage à son tour, il revenait vers elle d’un pas sec. Et moi, pour combien m’as-tu vendu à lui ? Dis-moi ! Faut-il que je sois à ce point dépendant de toi pour ne pas t’étrangler de mes propres mains ? Faut-il que je crève à tes pieds, idiote que tu es, pour comprendre combien je t’aime ?

Sale petite putain !


Cesse de me poser des questions quand la seule réponse que je peux te donner, tu me la craches à la figure ! Les serres se refermèrent sur les épaules si menues qu’elles se dérobaient sous ses doigts, fendant le cœur nobiliaire de mille tessons en découvrant enfin les marques trainant à Son visage. Incapable de retenir l’élan quand il n’avait voulu que la secouer, il la serra dans ses bras, lui dérobant sans qu’Elle ne puisse se révolter, un baiser aussi furieux que désespéré, chancelant sous le gout de ses lèvres, du parfum de sa peau caché sous les effluves de jasmin. Je t’aime Camille, putain, gueuse, traitresse ou martyr, je t’aime mais tu ne le veux pas. Mordu trop fort par les crochets vipérins, il s’écarta vivement, la repoussant sans pourtant oser la toucher trop, laissant ses lèvres rebelles hurler sous la déchirure les privant des Siennes.

Ton chat ? Ton chat ? C’est donc quand tu seras partie avec lui que je saurai que tu es partie sans moi… C’est donc à cela qu’il aurait fallu que je me raccroche, à ta saleté de chat …

Qu’attends-tu de moi ? Tu ne veux rien de moi et t’offusques que je t’obéisse… Un mot Camille, un seul, et comme cette stupide chemise, je sors de ta vie.
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Camillle_
Au-delà des mots, de cet élan furieux qui balaye phalanges nobiliaire et tissu, ce fut cette étreinte qui sut apaiser les craintes les plus intimes. Un souffle, un contact et les mains pantelantes s’empressent de regagner son échine et sa nuque. -Interdit moi la fuite-Puis les lippes sont saisies, baiser fougueux et orageux qui s’empare de ses mensonges pour les balayer d’un revers de main. De Lui, elle n’attendait que cette promesse pudique et intime. Alors que tout s’achète, que tout se cède, caprices, soupirs et courbes, les lippes nobiliaires elles se savourent. -Pardonne-moi-

Mais à nouveau, le corps s’éloigne, refusant d’apposer son empreinte sur ce corps qu’il découvre. Les interrogations s’enchainent, vives et sèches et l’esprit de la Vipère s’embrase. -Tais-toi-. Le corps s’avance, condamné à ne vibrer que sous Son souffle. Elle revient quérir ses lippes, abandonnant sa respiration au détriment de son addiction. La pulpe de ses doigts se perd à même sa chevelure et sa nuque. La caresse devient griffure, le mépris devient envie. Fuir lui est impossible, malgré la douleur et les doutes qui persistent et se taisent. -Repousse-moi– A court, asphyxiée, Camille abandonne ses lippes, respire et se perd contre sa gorge. Les baisers sont posés, envieux, brûlants alors que son être tout entier n’aspire qu’à redevenir sien. Mais le doute persiste, telle une conscience qui s’arme pour ne plus être bafouée et le corps à nouveau est rejeté.

- Un baiser et tout est oublié ? Facile non ? Demande-lui donc Pourquoi n’est-il pas venu te chercher ? Tu n’es qu’une sotte, encore et toujours.

S’éloignant à nouveau de lui, et comme pour l’achever, la Vipère s’anime d’une intention coupable. Au centre de la pièce, nichée entre sa chemise et ses lambeaux de verres, elle dégage sa nuque. -Vois ses crocs- Où étais-tu quand cet autre se faisait vorace ? D’un geste, elle défait sa ceinture et avoue le saillant de ses hanches. Où étais-tu lorsque pendant un mois mon ventre s’est plié sous la famine ? -Vois son sadisme-. La gorge se serre, les iris se lèvent à même le ciel pour contenir ses larmes qui encore, ne cherchent qu’à couler. Petite nature qui par cette énumération ressasse et revit chacun de ses maux. Haineuse, elle défait finalement sa robe. Les courbes sont maigres, les bleus jonchent encore sa peau autrefois hâlée et lisse. Contre ses hanches, les cicatrices laissées par ses ongles persistent malgré les onguents et les pansements. Où étais-tu lors qu’il me ramenait à cette condition de martyr ? -Vois sa Cruauté-

Le corps s’avance en ayant pour seul artifice ces perles de lune et alors qu’elle s’empare de ses mains pour les poser à même ses hanches, elle relève le visage. Vipère. Le murmure est craché. -Touche ce corps qui est désormais le mien- Camille n’est plus. Je vais te dire où tu étais, tu étais ici, lové dans ses bras, entouré par sa chaleur, en sécurité à même ses murs. Je n’avais que toi et Alice pour me rattacher à la Réalité. Comprends-tu désormais pourquoi je te hais et combien ses mots me paraissent dérisoires ?

Les iris se gorgent de larmes, apportant à ces perles de lune, un éclat plus amer et déroutant. D’un baiser, elle trempe Ses lippes et se damne. -Pardonne-moi pour l’Amour que je te porte car c’est cet Interdit qui nous détruira- Garde pour toi tes paroles quand de toi, je n’attendais que des actes. Je n’ai pour toi que deux ultimes questions.

Pourquoi ne pas avoir cherché à me retrouver ? Et enfin, l’as-tu embrassée ? Ne me haïs pas encore alors que de ces maux, tu ne touches que les doux.

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Adryan
Ton cœur bat encore
Ton cœur bat encore
Ton cœur bat la chamade, chamade, Shalom
Tu saisis la corde
Tu saisis la corde
Ton cœur bat la chamade, chamade, Shalom

Saisis la corde- La femme.



Elle ne voulait pas écouter. Lui devait entendre. Elle ne pas voulait regarder. Lui devait voir.

Il crut le cauchemar fini quand Sa langue envahit la sienne d’une ferveur coupable. Il crut le sol réapparaitre sous ses pieds quand Ses griffes vénéneuses raclèrent sa nuque. Idiot qu’il était de vouloir engloutir ses doutes au désordre affolant de l’Interdit. Le chaos ne faisait que commencer. – Non -. Elle lui échappa, le laissant assommé d’un regard animé d’une rancœur délictueuse. – Non - . Devinant la torture qui s’annonçait, les murs même frémirent d’effroi.

Les mots claquèrent comme autant de coups de fouet. Le tissu s’échappa, comme autant de tisons ardents à même sa peau glacée - Qui ? - . L’Amant indigne n’eut qu’un désir, claquer la porte sur ses talons et fuir le tableau cruel qu’Elle lui imposait d’admirer - Qui ?- Le carnage vaniteux se pavanait, placardant sa victoire infâme d’un sourire perfide sous le regard impuissant du Castillon, la bouche entrouverte d’un cri de verre qui lacérait sa gorge sans pouvoir s’échapper. - Qui ?-. La chambre même, sournoise, s’invitait à la ronde, valsant devant ses prunelles défaites, railleuse des deux Amants condamnés à l’incompréhension. - Qui ? -. Les reproches fusaient, ployant sans pitié les épaules de l’accusé d’un poids accablant. Partir, fuir, se réfugier dans un ailleurs vide de tout, et surtout de ça…- Qui ? – Comme cela aurait facile. Comme cela aurait doux. Comme cela aurait été lâche. Le ressac des larmes glaça ses tripes et brula sa bouche d’un tourment vicieux, l’arrachant à l’abêtissement poisseux de mensonges dans lequel il s’engonçait pour dénicher le mirage d’un refuge. Les anthracites se redressèrent, pleines de la révolte neuve qui rugissait en lui. Lui - Qui ?- avait beau avoir saccagé le corps adoré, l’esprit embrumé du Castillon refusait qu’il possède et souille de ses affres malfaisantes la raison vipérine. Si seulement il avait su que ce n’était pas contre un, mais bien contre deux adversaires qu’il devrait se battre… Alors, il resta, les mains ridiculement déposées sur ces hanches trop maigres quand l’ultimatum tonnant de deux questions, sonna le glas des siennes.

Les bras plombés enfin s’animèrent, frôlant ce dos perclus qu’il n’osait toucher de peur de réveiller d’autres douleurs, déployant ses doigts consumés pour s’enchevêtrer à la chevelure brune. Maladif, le souffle s’offrit au seuil des lèvres pâles pour mieux inspirer le Sien, refusant de s’y étendre malgré la famine étirant le ventre nobiliaire. Non, je ne l’ai pas embrassé. La première réponse tomba claire et sans détour, à pleine bordée de la corde se referment lentement à sa gorge se refusant aux larmes qu’Elle laissait rouler, échos des reflets dérisoires des perles accrochées à Ses oreilles. La poigne se referma sur les mèches parfumés, forte et autoritaire, s’agrippant à elles jusqu’à les tirer et basculer le visage ravagé vers lui. Les prunelles se mélangèrent, furieuses d’envie et d’ire se livrant une bataille féroce. Je ne t’ai pas cherché, car tu as choisi de partir. Les épaules se redressèrent, chassant laborieusement le poids qui les acculait alors que la voix vibrait dangereusement. Toi et toi seule as choisi de me laisser sur le carreau, délirant sous tes drogues. D’un coup de crocs vengeur, la lèvre injuste fut mordue. C’était ton choix Camille, ton seul choix. - Qui ?- Les cheveux relâchés laissèrent les mains tremblantes trébucher de caresses sur ce dos sien, même lézardé, même souillé. Les crocs coupables s’amendèrent, se cachant penauds sous l’ourlé des lèvres assoiffées qui hurlèrent leur pénitence d’une prière fervente et sauvage à la langue vipérine. Tu veux des actes Camille ? En voici un, je suis là. Moi. Dans chaque caresse aux côtes trop saillantes, la colère s’entrelaçait au désir qui le rongeait. Tu me hais Camille ? Dément de sa peau, le cou fin subissait les assauts de sa langue affamée ou la tendresse outrageante de ses baisers alors que la voix tranchait entre chaque respiration saccadée. Alors fais le bien. Hais moi encore mieux, car je ne m’excuserai pas. Les paumes envieuses dévalèrent les cuisses, possessives et forcenées de reprendre ce qui leur appartenait. Hais-moi, car je suis incapable d’être cruel comme tu l’es. La cuisse fragile fut relevée, invitation dévoyée au bassin téméraire qui buta et se brula contre Elle, quand tout contre lui, Elle semblait encore trop loin. Hais-moi Camille... Les mains agrippées sous les cuisses soulevèrent la plume trop fragile, l’emprisonnèrent, la cajolèrent, l’acculant d’un pas de plus entre le mur de sa folie. Les dents mordirent la courbe d’une épaule, consolant l’offense d’un même souffle éperdu, un sein choqué d’être trop embrassé. ... Et repousse-moi Vipère !
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Camillle_
Crazy in love
Got me lookin so crazy right now
Your love's got me lookin so crazy right now
(your love)
Got me lookin so crazy right now your touch's
Got me lookin so crazy right now
(your touch)
Got me hoping you page me right now your kiss's
Got me hoping you save me right now
Lookin so crazy your love's got me lookin
Got me lookin so crazy your love


Acculé, ses mains posées à même ses hanches, la Vipère se fait cruelle. De sa peine, de sa solitude, de sa détresse, elle voulait qu’il en dessine les esquisses, qu’il en saisisse les contours et le tourment. Fautive, troublée, Camille le laisse découvrir le saillant de ses hanches et la maigreur de ses courbes. Lovés dans ce silence, les larmes coulent au rythme de ses mains qui effleurent et de ce regard qui se renfrogne dans l’incompréhension et l’Interdit. Lucide, Adryan abandonne ses répliques avec indifférence, replaçant la Vérité telle qu’elle devrait être aux yeux de la Vipère, balayant la haine au détriment du hasard et du mauvais sort. Condamnée, Camille écoute celui qui malgré son propre sadisme redevient Mentor et Interdit.

Un baiser, Sa promesse. Un visage contraint à confronter le sien, Sa force. Des mains qui conquièrent à nouveau ce corps qui doit être sien, Sa démence. Portée, lovée, plaquée, la Vipère se mord avidement la lèvre, retrouvant dans ce regard, cette ombre qui autrefois l’enveloppait. Retrouvant dans ce renflement, la chaleur d’un Interdit qui consume et embrase. – Je te déteste – Les jambes vipérines s’enroulent, étouffant sa proie devenue tourment. Elle inspire, respire et suffocante de Lui, plante ses crochets à même sa nuque. Elle hume son odeur, s’apaise et alors qu’elle laisse la marque de ses crocs à même sa peau hâlée, elle abandonne la pulpe de ses doigts dans sa chevelure. Une mèche est dégagée, le regard est croisé et enfin, la Vipère le jauge. Le bas ventre cri, brûle et pourtant, elle s’y refuse. La rancune est tenace tout comme les maux du Castillon. Ne m’abandonne plus. La menace tombe aux tympans nobiliaires tandis qu’elle regagne ses lippes pour retrouver ce semblant d’oxygène. Sa main se perd, échoue le long de son échine, griffe, effleure, caresse cette chair qu’elle avait tant de fois désiré. Sous cette étreinte, ce souffle, ce désir qui gronde contre le bas de son ventre, Camille frémit et avide, imprime son poison à même les tempes nobiliaires. Le Jasmin se niche contre sa nuque, se dépose à même son torse et doucement, elle abandonne soupirs et craintes. Elle aimerait se fondre à même sa chair, glisser la pulpe de ses doigts sous l’enveloppe charnelle, s’imprégner de Lui jusqu’à s’en étouffer, jusqu’à s’en rassasier pourtant, la frustration se niche en son sein. Le tissu se fait barrière, le soupir tourment et alors qu’elle n’attend de Lui qu’une union, Camille se rappelle celle d’un Autre. Dacien.

Tu crois que je t’ai abandonné sur ce carrelage…Et pourtant, je t’ai vu, je t’ai entendu. Tes soupirs, tes gémissements, ta jouissance, sache que tous ces échos ont trouvé malgré ces vapeurs, un pilier sur lequel se briser. Toi, mon Inverti. Toi, qui me dévore. Te forces-tu ? Doucement, elle relâche son étreinte et laisse couler l’une de ses dextres jusqu’au ceinturon nobiliaire. D’un geste apprivoisé, elle libère, effleure et finalement enveloppe de ses doigts l’Interdit qu’elle défit d’une caresse perverse. Les reins se creusent, l’échine se déplie, la Vipère surplombe et jauge son Mentor. As-tu besoin de simuler alors que c’est ma main, fine et féminine qui s’imprime contre ta chair ? Devant l’audace, le bassin frustré brûle d’une impatience démesurée jusqu’à ce qu’enfin, sous un glissement de tissu, la Vipère le guide et l’invite. Pourtant, elle se refuse encore. Elle, simple lubie perdu dans cet Abysse de faux-semblant et de douces paroles. Cette présence est-elle si insupportable ? Brûlée, Camille se mord la lippe inférieure et calme ce brasier qui ronge son bas ventre. – Embrasse-moi, mords-moi, mais surtout…ne me prends-pas – Cruelle, appliquée, avide de Vérité, la Vipère ondule légèrement jusqu’à provoquer cette chair tendue qui gronde sous ses doigts. Dis-moi, Adryan, te forces-tu pour prendre une femme ? Te forces-tu pour me prendre, moi ? Saurais-tu me faire l’Amour ?

Libère-moi !

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Adryan
Sing for absolution
I will be singing
And falling from your grace

There's nowhere left to hide
In no one to confide
The truth burns deep inside

Muse- Sing for Absolution



Combien de fois, d’une main cachée l’effleurant ou d’une morsure infestée de soupirs et de gémissements, la prodigieuse Elève l’avait-elle conduit au bord du précipice ? Trop certainement, quand les maigres certitudes que le Castillon peinait à forger, Elle savait les balayer dans le sillage d’un seul regard parfumé pour le perdre. Mais éternelle insatisfaite, Elle en voulait plus. Toujours. Les crochets à la nuque mâle distillaient le poison dont son sang bleu était pourtant déjà noyé. La Vipère prenait tout son temps pour asphyxier sa proie. - Que veux-tu de moi Camille ? - Elle voulait et refusait dans un unique élan où Adryan buvait la tasse, ne reprenant son souffle que lorsque qu’Elle lui offrait le sien. - Sais tu seulement ce que tu me fais ? - Les mains serrèrent ce corps qu’il ne voulait voir respirer que pour lui. Imbéciles qu’ils étaient. De quelques mots à peine murmurés, la douleur pouvait s’apaiser. Un seul aveu et leurs respirations maladives se désentraveraient. Mais rien d’autre ne tombait des lèvres que les doutes et la douleur. Que les suppliques et la contradiction. Déments, incapables, ridicules, elle frappait encore et lui encaissait les coups, ne sachant que les rendre à un mur innocent de tout. Brisé, la main nobiliaire claqua sur le mur, à la lisière de l’oreille sourde, quand à la torture des mots, se noua celle des doigts, lui arrachant un gémissent rauque tant la douleur du désir dévorait le ventre Castillon.


N’était-ce pas assez humiliant d’être pris ? Ainsi ? Drogué pour annihiler ma volonté qu’il faille encore que tu me craches à la figure, que de cette honte, tu as tout vu ? Garce. Que de cette ignominie, tu sais tout, mais tu n’as rien fait ? Garce. Crois-tu vraiment valoir plus que moi ? Crois tu vraiment que je t’ai abandonné plus que tu ne l’as fait ? Crois tu vraiment que ce baiser que tu lui as concédé ne tourne pas dans ma tête jusqu’à me rendre fou ? Oui, mes bleus, à moi, demeurent invisibles… La tête accablée peina à se redresser sous la brulure terrifiante de son antre se jouant de lui dans une promesse cruelle, se refusant tout autant qu’elle se donnait.
Le regard gris se refusa, s’échappa, se plissa et lutta, là, à l’orée d’Elle qui le voulait pour mieux le repousser. Qui questionnait et qui s’offusquait. La battre, la gifler, la repousser et la rejeter dans un coin de la chambre et dans l’oubli de sa mémoire, telle était l’antidote. Mais l’antidote s’avérait plus mortelle encore que le poison, et le Castillon fut incapable de s’administrer la dose létale. Comme aurait été paisible pourtant, le vide. Le désert. Le froid. La fin. Pour se désincarner, à petit feu, loin d’Elle. - Cesse de me faire mal Camille. Arrête…-


Mais refusant encore le doux suicide, la paume nobiliaire se décrocha du mur et s’enfouit dans les cheveux trop doux pour une Vipère, s’y emmêlèrent et s’y perdirent, en lutte avec l’envie qui lui broyait le ventre d’échouer à ces oreilles cruelles ses derniers retranchements. Sèchement, les doigts tirèrent encore, la forçant à regarder son visage ravagé des châtiments qu’elle lui infligeait, les yeux lourds de larmes qu’il refusait farouchement d’avouer devant les Siennes. Tu le savais. Depuis le premier jour, tu le savais. Les mots résonnaient de sens, écorchés d’une respiration qu’il ne cherchait même plus à maitriser quand son bassin tanguait dangereusement contre cet abysse qui l’enchainait furieusement. Libérant la chevelure de son emprise, le revers de la main vint caresser la joue trempée de larmes. Tentative futile de les effacer jusqu’à cette lèvre à laquelle la pulpe du pouce s’abandonna d’une caresse appuyée telle une supplique à la faire taire. Et pourtant Camille, combien de fois t’ai-je déjà fait l’Amour ?

Combien de fois mes râles ont-ils fracassés tes tympans ? Combien de fois ai-je brulé contre toi ? Avec toi ? Ne suis-je qu’un menteur à tes yeux ? Pourquoi je simulerai quand tu n’es rien qu’une putain ?


Le doigt dégoulina sur le menton pour dégringoler sans filet ente les seins menus, alors que la tête noble dodelinait comme celle d’un combattant sonné rendant les armes.

Idiote, je… Sursaut de raison, ou de bêtise, les mots interdits s’avalèrent dans un baiser furieux, plus explicite encore que les paroles dont il la protégeait. Dont il se protégeait. Le bras se referma sur la Vipère, ancrant une main protectrice à la nuque fragile, et sans plus pouvoir luter, il l’envahit de sa fièvre raidie à s’en briser, lentement, plein d’une douceur incongrue alors qu’il n’était que hurlements. Mais entre les lèvres scellées, un grondement s’étouffait sous le vertige de la chute pernicieuse.
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Dacien2
[Dans le couloir avant de s’éclipser]

Que la haine pouvait être possessive de vos tripes à la vue d’un visage, d’un regard, d’un corps qui vous criait de passer votre chemin alors que celui-ci ne pouvait que se construire avec vous sans le deviner un seul instant. La haine venait d’arriver à son apogée en finissant de se venger par les maux qui devaient l’entourer telle l’offense d’avoir profaner sa chambre sans y être invitée, d’avoir pu risquer l’avalanche de ses phalanges sur son minois par deux fois et le pire de tout, d’avoir pris possession de cet homme pour qui, sans conteste, Dacien y laisserait sa peau. La répugnance dont la Vipère pouvait bien l’affubler n’avait rien de comparable au remord et à la sentence qu’il s’infligeait de lui-même, maigre punition soit-elle.

Non. Elle ne savait pas. Elle ne connaissait pas ce qu’était la pénitence de se repasser sans cesse, en boucle, du matin au soir et du soir au matin, les images dont vous étiez l’acteur premier, dont vous aviez commandité les faits et gestes d’une absolution volontaire à posséder entièrement une seule fois celui qui vous maintenait en vie de près ou de loin alors qu’à présent, il vous faisait chuter, chaque jour un peu plus, vers cette pénombre qui vous tendait les bras allègrement pour vous enfermer dans la torpeur de la soumission réprimandée. Si Dacien se complaisait à lui laisser le doute d’être son amant, cette pensée ne pouvait que se miroiter dans l’inconscient de Camille, tellement le mensonge ne devait plus avoir lieu dans son être. Non. Elle ne savait pas non plus, à quel point, la torture était violente quand, au petit matin, il se levait, presque sobre de sa fin de nuit privative alcoolisée, et, de réaliser à ce moment-là que non, il n’avait pas oublié. Tout était bien réel. La drogue prise dans sa sacoche, cette même drogue versée dans son verre, de le laisser le temps de s’enivrer à ses dépens et de le rejoindre pour, une fois panacé contre son gré, Dacien puisse prendre possession de ses moyens qui n’étaient plus et de le laisser dans son mirage pour mieux le prendre, mieux le posséder et de devoir l’abandonner là, sur le carreau, par simple honte et dégout de lui-même quand il venait de réaliser qu’il avait violé peut-être la seule personne à même de pouvoir le regarder en face, sans préjugés, sans arrière pensée, sans rien d’indifférent, comme si tout était comme avant.

Ses béryls se cristallisèrent pour emprisonner ce regard noir que Camille lui portait de devoir écouter ses suppliques criantes de jalousie qu’il puisse l’aimer Elle. L’Arrogant ne fut plus à cet instant en voyant ses deux trous se gonfler et de retenir ce qui aurait du couler le long de la peau maigre. Il vit l’abattement qu’il venait de lui faire subir par cet amour déjà décelé auparavant mais tellement criant à cette seconde. Pas une personne ne serait resté sans bouger ni sans rien dire en en apprenant autant. De cette inertie ne pouvait que ressortir ce sentiment qu’il ressentait avec une telle maladresse qu’il ne dit rien, ne fit rien, juste d’écouter ce assez tremblotant.

En effet, il était assez. Elle avait encaissé et subi bien assez. La Vipère se détacha avec cette adynamie naissante, engouffrante qui s’était accentuée au fil des mots qu’il avait prononcé. Dacien ne la voyait plus comme une rivale à évincer mais comme une femme à part entière qui avait besoin de vérités écrasantes qu’elle devrait demander à qui de droit. Il se retourna, préférant la laisser aller verser ses larmes dans sa chambre et lui revenir à la sienne pour essayer d’oublier encore et encore.


Camillle_
La main se pose contre sa joue, effleurant de Sa pulpe la chair de ses lippes. D'un geste appuyé, le condamné l'invite au silence. Pardonne-moi. La Vérité se peint enfin, coulant des lippes nobiliaires, s'abandonnant au rytme de Ses doigts qui effleurent ses courbes amaigries. Idiote, Camille n'avait su voir ce qui pourtant criait sous le poids de l'évidence. Manipulée, elle avait été bercée par de viles paroles chymériques et machiavéliques. Brisée et dupée, elle avait haït le seul être qui était à même de la réssuciter. Qu'en était-il de cette rancune, de cette haine alors qu'enfin, c'est Son souffle qui se perd contre sa peau et l'enivre ? Qu'en est-il de ses maux quand d'une simple caresse, Il en apaise la brûlure et la souffrance ? Qu'en est-il de l'Interdit quand ce dernier, enfin, se savoure sans drogue ? De Lui, elle en admire le regard et la personnalité. De Lui, elle en savoure la franchise et la force.

D'un geste, l'Interdit se lie. Sous l'invitation, douce et fiévreuse, le palpitant se fige. Adryan...Le visage se noie dans le creux de Sa nuque, embrasant la chair masculine de son souffle envieux et éperdu. Les phalanges se plaque contre l'échine, enserrant cette peau qu'elle désire et envie. Son souffle, ses mouvements de bassin, cette chaleur qui doucement s'immisce jusqu'à la contraindre à gémir balayent ces semaines de cruauté et de douleur. Pour une fois, c'est la douceur qui saisit son écrin et l'embrase. Pour une fois, les soupirs qui s'abandonnent à Ses tympans ne se muent ni en mensonges, ni en larmes. Elle Aime. Elle Désire. Elle revit. Pardonne-moi. Les mots s'échouent entre deux plaintes et à nouveau, le Silence règne. Il l'Aimait ainsi et Camille quant à elle se retrouvait dans ce mutisme protecteur.

Abandonnant sa nuque, elle regagne son front pour plonger ses iris dans ceux de Son trouble. L'échine se creuse, le bassin se plaque, l'envie la dévore. Le venin se propage, échauffant ses sens et irradiant sa Raison. Elle inspire, respire, hume, enserre de ses jambes le corps fiévreux de Son Mentor et alors qu'elle plonge ses phalanges à même sa chevelure nobiliaire, elle happe ses lippes pour en faire craquer la chair. Ne m'abandonne plus. Ne me rejette plus. Ne me laisse plus croire en ces maux. Doucement, les iris se ferment, enviant cette chaleur, ce frisson qui s'invite en son sein pour saisir avec ardeur son échine et ses tempes. Mais alors que le plaisir étreint son être, que la gorge s'apprête à abandonner son premier aveu, les iris s'ouvrent pour la confronter à cet Autre au regard azur. Aussitôt, le corps se fige, tétanisé, pétriffié par une peur qu'elle ne peut retenir. Maximiliann. Le buste se recule avec force, heurtant l'échine à cette rugueur indésirable. Acculée contre le mur, Camille s'empresse de porter sa main contre son palpitant qui l'enserre avec hargne. L'envie fait place au dégoût, le visage désiré s'effrite pour avouer les traits d'un bourreau ensanglanté. Elle revit sa jouissance, ce moment où faible et troublé, elle avait pu enfin planter sa lame à plusieurs reprises. Le souffle se perd, irrégulié et saccadé contre le visage de son Mentor.

Reprends-toi...Reprends-toi...Alors que l'instant semble se figer, elle porte la pulpe de ses doigts contre les traits de son Mentor. Les iris deviennent troubles et sombres, la peau d'albâtre devient un hâle oriental, l'étreinte forcée se fait douce et intense. Mal à l'aise, la Vipère se dérobe, rejettant ce corps qui pourtant l'apaise et l'embrase. Elle repousse, s'éloigne, se libère de cette etreinte et alors qu'elle retrouve sa Raison, elle s'empare de sa main pour lier ses doigts aux siens. Ses lippes regagnent les siennes et alors que le baiser se prolonge, elle l'invite à regagner sa couche. Elle le contraint à s'assoir puis à s'allonger, encrant ses cuisses de part et d'autres de son bassin. Les gestes sont doux, silencieux. Elle enlève sa chemise qu'elle dépose au sol, retive sa ceinture, ses bottes et ses braies pour enfin, contempler son Mentor dans sa plus belle décadence. La Vipère devine les contours de sa proie de ses phalanges tandis que le corps fémin glisse pour se repètre d'une attention cruelle et fourbe. Le visage dégagé, Camille offre à son Mentor cette attention purement dévouée. De Lui, elle ne veut entendre que ses soupirs et ses gémissements rauques.

Pardonne-moi...Les doigts remontent au delà de Ses cuisses pour lier à nouveau ses doigts aux siens, elle ne veut plus ressentir cette crainte, visualiser ce visage ensanglanté qui se peint alors qu'elle n'aspire qu'à le contempler, Lui, Son Mentor. Doucement, le visage vipérin abandonne sa proie dont elle en a savouré chaque supplice. D'un geste, aussi délicat que le sien, elle regagne son bassin et s'imprime à ses hanches. Lentement, elle réchauffe son écrin, embrase son être. Lentement, elle frémit, creuse ses reins, approche son buste et alors qu'elle dégage son visage de quelques mèches volages, elle abandonne un ultime baiser contre son front. Pour eux, tout est faux...Sauf pour Toi.

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Adryan
Il crut La saisir. Il crut qu’enfin Elle l’autorisait, lui et cet abominable fardeau lui serrant le cœur jusqu’à le rendre honteusement faible devant son seul regard, à la garder contre lui. Il crut qu’Elle pardonnait le réconfort futile de ses bras. Il crut qu’Elle lui faisait confiance. Mais alors que les souffles haletants se rayaient l’un contre l’autre aux portes d’une extase qu’il espérait retrouver intacte, elle se tendit, repoussa, s’échappa de la seule offrande qu’elle semblait attendre de lui. Essoufflé inapte de comprendre encore cette vérité qui brulait ses rétines, il la regardait, ignorant tout du remède adéquat pour la rassurer, hésitant de peur de la blesser, quand de toute évidence, il s’était magistralement planté. Encore. Abasourdi, il la laissa lui prendre la main. Privé de volonté, il la laissa le dévêtir, les gris des yeux rivé sur ce visage qui refusait de se livrer. Indigent, encore, il la laissa le monter comme l’un de ces étalons qu’il aimait tant. Retour à l’envoyeur. D’homme, il était réduit à vulgaire objet soumis aux sanctions lascivement sournoises et dévastatrices d’une femme serpent. Courtisan d’une putain. Amen. Il voulait crier, lui cracher à la figure, et pourtant, mains liées aux siennes, au silence de ses tempes, il suppliait le brasier de sa peau d’ambre de le consumer sans autre forme de procès. Réduit à l’abjecte soumission de Ses bras, de Ses murmures, elle le faisait danser, le Castillon, les pieds nus sur des charbons ardents, le désir en otage.

Impuissant, il regardait ce corps martyrisé, où chaque hématome dessinait l’empreinte de cet autre, où chaque morsure puait son haleine fétide. Malgré lui, les mains nobiliaires se serraient irréparablement sur celles de l’Amante à la cadence frénétique de ses soupirs s’entrechoquant aux Siens. Fatalement. La jalousie morbide lui tirait le ventre. L’impuissante écartelait sa fierté. L’écrin de soie saccageait sa révolte. Tiraillements, brulures, l’Ecartelé se crucifiait seul sur la croix de ses contradictions. Ensorcelé jusqu’à en être malade, le bassin inconstant butait contre sa Perte sans que la raison ne puisse rien en redire. Les doigts s’emmêlaient, les gémissements déchiraient l’air aussi certainement que les bouches cannibales s’entredévoraient. Inévitablement. Le corps traitre, s’arqua, reléguant les iris gris sous le voile lénifiant des paupières pour effacer, le temps d’un instant suspendu, le spectre de cet autre. Cet autre qui n'avait su éviter la morsure d’un serpent, au même titre que lui ne savait apprivoiser ses ondoiements.

Le râle fusa, animal et redoutable, magna informe de plaisir féroce, de frustration, de colère, de jalousie et d’effroi. La tête rejetée sur l’oreiller, offrant en pâture une pomme d’Adam vibrante, une litanie tenue s’effilochait des lèvres entre-ouvertes. Non. Non. Non. Non, ce n’était pas de son foutre qu’il aspirait la soulager. Non, ce n’était pas Ses soupirs en échange des siens qu’il voulait partager. Non, ce n’était pas démuni de sa force qu’il voulait se confronter à Elle. Non. Il se perdait dans l’espoir fou qu’elle se livre, s’appuie sur son épaule, abandonne ses remparts et sa domination injurieuse autant que protectrice.

La respiration peinait à se calmer tant la jouissance pleine ricochait encore entre les murs pourtant la tête enfin daigna se reposer et les anthracites s’ouvrirent, luisantes d’un mal infectieux. Lentement, avec délicatesse, les doigts nobiliaires se désentravèrent des anneaux des Siens pour saisir le visage venimeux entre ses paumes pleines. Et il fouilla le regard sombre, sans pudeur, sans plus de crainte quand d’entraves, il ne voulait plus. D’un pouce, il écarta une mèche égarée à la joue ambrée et fatiguée.


Comment t’es tu échappée ? Où est-il ?

Réponds-moi Camille. Si tu ne veux que mes soupirs, moi je veux plus.

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