Carensa.
ça porte des robes, c'est moche les robes..
« Un beau bâtiment, une belle boutique avec des tissus dans la vitrine »
Elle m'a dit ça oui..elle m'a dit mais j'trouve pas !
Dans quelle galère je m'étais fourrée. Voilà t'y pas qu'il fallait que j'investisse dans des robes. Des robes oui, vous avez bien entendu ! Un truc de dingue pour moi qui ne porte que des braies ou bien ma chère et tendre cuirasse. En plus ça allait sacrément casser ma tirelire, un coup à me ruiner de quelques milliers d'écus..
Que voulez-vous, on ne se refait pas. Quand on voyage beaucoup, qu'on est très..sportive, y'a rien de mieux que ces vêtements « renforcés » pour amortir les coups !, les robes à cheval, c'est bon pour être victime d'un courant d'air..et j'aime pas les courants d'air.
Là..je devais me résigner, je n'avais plus d'autres choix que d'aller choisir quelques tenues pour les semaines et mois à venir.
Une nouvelle, terrible et fabuleuse nouvelle à la fois, avait frappé à la porte de mon Destin. Dans quelques semaines, si tout se passait bien, je rencontrerais un frère et retrouverais un vieil ami. De « nobles » personnes devant qui je devais être présentable..bien que je me trouvais tout à fait présentable en braies ! sinon un tantinet masculine.
C''est forcément auprès de la blondinette que j'avais demandé de l'aide. Qui mieux que la merveilleuse, talentueuse, raffinée et ....chiante, Niki, pour me servir de guide à travers ces dédales de..boutiques..totalement inutiles, c'est mon avis.
Un jour et une heure avaient été arrêtés et là, j'attendais, dans ma sublimissime armure astiquée pour l'occasion, qu'elle veuille bien radiner son séant.
C'est qu'il commençait à cailler sévère. L'automne était bien avancé et le froid qui s'engouffrait dans la rue les Galeries farfouillettes, Lafayottes, que sais-je..n'arrangeait à rien à mon rhume persistant.
Oui c'est à Bordeaux, et après on dit qu'il fait beau dans le sud hein, sur le quai du port en regardant un bateau partir, que j'avais avalé un terrible microbe me clouant au lit durant deux jours. Deux jours où la fièvre avait été ma seule compagne, ou mon nez ressemblait à une tomate - cur de boeuf la tomate tant qu'à faire, où mes yeux pleuraient même fermés, où ma voix semblait sortir d'outre-tombe, où ma tête avait été aussi lourde et douloureuse qu'un truc qui vous tomberait sur le petit doigt de pieds au lever.
Deux jours à prier qu'on mette un terme à mes souffrances, deux jours à tenter de me faire entendre pour qu'on vire les éléphants des chambres adjacentes à la miennes, deux jours où l'aubergiste m'avait royalement ignoré après une vingtaine d'appels clochette désespérés, d'ailleurs maintenant que j'y pense, je crois qu'il avait débranché la clochette..Le bougre faudrait que j'aille voir ça. Bref, vous l'aurez compris, au bord de l'agonie, j'avais souffert le martyr !
Aujourd'hui j'allais mieux ! La tomate avait un peu mûrie, mes yeux étaient presque secs, ma voix ressemblait plus à celle d'une grenouille enrhumée ! mon cerveau avait repris sa taille normale - je veux rien entendre je vous préviens - Bref la panacée !!
Chonchon, oui j'étais chonchon de poireauter sur le trottoir depuis bientôt une bonne demi heure. Qu'est ce qu'elle fichait, à ce rythme j'allais me refroidir et finir une nouvelle fois avec la goutte au nez..- non j'entends déjà les mauvais..c'est un rhume pas une gastro hein - quelle poisse !!
Je vérifiais le placement de ma rapière d'une glissade de la senestre, délicate et mesurée, tandis que mon regard se portait sur le fond de la ruelle par où « Elle » devait arriver....
*j'aime pas les filles titre du sketch de Florence FORESTI
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