Alberto_l_autre
Basilique de Bordeaux
La Basilique. Arquant un sourcil, Alberto analysa la structure de l'édifice et grimaça.
Conspirer dans un lieu dit saint pour la rencontre arrangée de deux inconnus, c'était vraiment l'hôpital qui se foutait de la charité. Ou alors Aristote qui se mangeait une tarte aux pommes avec... Bah, ces histoires de saintes écritures ca n'a jamais été son truc. Il a essayé de s'intéresser, un jour. Mais bon, Alberto se considérait comme un homme doué de nature. Il n'avait pas besoin de croire en une forme supérieure pour défoncer la tronche de son adversaire.
D'ailleurs, à cette pensée, un sourire stupide se dessina sur son rustre visage.
C'est vrai quoi, il a passé toute sa vie à se battre sans avoir à prier pour son âme.
Et puis le jour où il décida de prendre un travail moins dangereux, il se fit embaucher au domaine des Arcs sur Argens pour servir de garde du corps à la Vicomtesse Diana Ysgarde.
Moins dangereux mais non moins pas stressant.
S'il avait su que surveiller une bonne femme, qui plus est noble, était un travail de titan, il aurait réfléchi à deux fois avant de signer.
Les femmes jusque là, ca lui servait juste à....hé hé ben vous voyez quoi. Et puis un jour, il tomba sur elle.
L'annonce ne précisait pas le sexe de l'employeur, juste qu'il fallait être au service du suzerain en place.
Faute d'orthographe ou grand stratagème ? En tout cas il était tombé en plein dedans.
Mais à la différence des bonnes femmes nobles au popotin serré dans leur belle robe de satin, Diana avait une prestance différente. Elle en imposait. Son regard en imposait.
Il était terriblement dur et terriblement irrésistible à la fois.
La violence des guerres vécues se lisait dans son regard. Elle n'avait pas de temps à perdre avec des histoires de chiffon et le faisait bien sentir. Quand elle avait une idée en tête, elle allait jusqu'au bout, quitte à tout renverser sur son passage.
Bien sûr cela en métaphore puisqu'elle avait appris à avoir les mots qu'il fallait au moment où il fallait. Pas étonnant qu'elle réussit à être illustre sans qu'aucun conseiller ne rechigne sur le poste qui lui était attribué. Et pourtant avec les enjeux et les tentions des élections, ce n'était pas une mince affaire.
Malgré tout cela, il y avait un point qui lui faisait défaut : les relations amoureuses.
Alberto désespérait. Mais vraiment.
Franchement, ce nétait pas bien compliqué de compter fleurette à quelqu'un, lui pondre un gosse et éventuellement se marier ? Ben pour elle si. Si pour elle c'était facile d'attaquer un ennemi, gérer une relation amoureuse la déstabilisait complètement. C'était son avis, mais elle était faible.
Au lieu de s'acharner sur sa proie jusqu'à ce qu'il morde à l'hameçon, elle préférait se baigner dans un océan sans harpon. Du coup au lieu de lui passer direct la bague au doigt, elle en était à sa deuxième promesse de mariage en plan parce que le gus avait préféré rejoindre Aristote qui devait être plus passionnant.
Non. En fait ce nétait pas très gentil qu'il pense cela d'elle. Mais ca lui faisait du bien d'avoir des mauvaises pensées.
En fait c'était juste un manque de bol total. Le premier, il lui en a fait voir de toutes les couleurs avant d'enfin revenir vers elle et lui promettre le mariage. Bien sûr, à cette époque-là, toute la famille Martius avait coulé dans un horrible scandale et l'abruti en était mort de honte. Chouette.
Après le deuxième vraiment valable, sans compter les entre-deux, lui avait aussi promis monts et merveilles.
Simplement, frustré du peu de reconnaissance que le comté pouvait lui apporter, il a préféré aussi mourir d'ennui.
Re-chouette.
Alberto soupira
Non ce qu'elle avait besoin, c'était d'un homme qui avait des bourses. Des vraies. Et qui les assumait jusqu'au bout.
C'était un peu pour cela que, voyant sa maitresse se renfermer sur elle-même, Alberto tenta le coup avec une annonce.
Vendre une vicomtesse n'était que peu commun surtout quand il s'agissait de la main de son serviteur mais...Il avait envie de la revoir heureuse.
Son sourire serait la plus belle des réussites.
Les jours défilaient et soudain une proposition d'une femme apparut. Elle voulait quelqu'un pour son cousin mais elle ne lui donna que peu d'informations. Il espérait ne pas tomber sur un nobliot de la même trempe que les deux autres.
Aussi, Alberto s'avança d'un pas décidé jusqu'à l'entrée de la basilique et ouvrit brusquement la lourde porte.
Il était temps que tout cela change.
Pour son sourire...et aussi pour ses beaux yeux.