Eunice.
- Dans une auberge bourbonnaise : une chambre louée pour quelques heures.
Harassée, épuisée de trop veiller, la Rosenthals quitta le fauteuil qu'elle occupait depuis près de deux heures, laissant place chaude à celui qui lui était d'un immense soutien depuis quelques jours. Le seul qu'elle ait trouvé d'ailleurs, depuis qu'elle s'était éloignée des siens restés pour la plupart sur Annecy. Ainsi, Eunice avait accepté d'être relayé de temps à autre au chevet de Sandeo, et ce afin qu'elle s'autorise à vaquer à quelques occupations susceptibles ou non de lui changer les idées, ou encore pour s'octroyer un peu de repos.
Un sourire adressé au Cosaque qui l'accompagnait, et voilà qu'elle s'était enfoncée dans un coin plus sombre de la chambre, légèrement éclairé par une bougie à demi consumée qu'ils avaient posée juste au dessus du manteau d'une cheminée bâtit contre l'un des pans de mur.
Tendant le bras pour s'en saisir, Eunice réveilla en elle une douleur qui rayonna de son épaule droite jusqu'au coeur de son dos. C'était là une vieille douleur qui ne se manifestait généralement que lorsque la Rosenthals se sentait exténuée. Elle ne se priverait donc pas d'une petite heure de sommeil, restait encore qu'elle rédige une lettre avant.
Quelques mots qu'elle adresserait à Samaelle à qui elle avait promis d'écrire. Promesse qu'elle aurait déjà dû honorer d'une première lettre, si tous les événements venus marquer son quotidien n'avaient pas été aussi préoccupant.
Citation:
- Moulins - Bourbonnais-Auvergnat - Au 8ème jour de janvier 1463.
- Samaelle,
- Une parole étant une parole, voici pour vous cette lettre que j'avais promis de vous adresser. Sachez que l'envie était là de vous écrire depuis bien des jours, mais malheureusement certains événements m'ont contrainte à laisser de côté la tenue de mes correspondances.
Notre voyage, aux enfants, leur nourrice et moi-même, ne s'est pas déroulé comme je l'avais espéré. Loin de là. Sans doute mon frère vous aura t-il averti qu'au moment de franchir la frontière séparant Savoie et Bourgogne, nous avons rencontré d'infâmes gredins qui en voulaient à nos bourses, aussi maigres soient-elles.
Mais là n'est pas le pire. Le plus tragique que nous ayons eu à subir, fut cet accident dont nous furent victime en rejoignant Nevers. Edoran n'est au courant de rien à ce sujet. Si vous pouviez alors éviter de lui en faire part. Concernant l'accident, je préfère vous passer de détails, et vous informe simplement que si je men suis sortie sans la moindre égratignure, que Zachary, par chance, a eut plus de peur que de mal, et que notre nourrice sen tire avec quelques ecchymoses, éparses mais sans gravité, je ne peux me réjouir dun même sort concernant le plus jeune de mes neveux, Sandéo.
Là encore, je vais faire le choix de rester évasive quant à son état. La seule chose que je puis vous dire c'est qu'il s'avère être des plus préoccupant.
Sandeo sera présenté à un médecin qui attend notre venue sur Clermont. Celui-ci m'a été conseillé par une amie et je prie pour qu'il soit des plus compétents.
Les choses ne sont pas simples à vivre, mais sachez que j'ai auprès de moi quelqu'un qui m'apporte un soutien considérable et qui me pousse à rester optimiste. Il est de ces personnes chez qui il reste encore une part d'humanité et je remercie le Très-Haut de l'avoir mis sur mon chemin.
J'espère que de votre côté, tout va bien. Comment se déroule les choses en Savoie ? Le conflit tant redouté a t-il fini par éclater ? Racontez-moi donc.
J'attends de vos nouvelles avec impatience.
Amicalement,
- P.S : Embrassez Edoran de ma part et essayez de ne pas faire naître chez lui trop d'inquiétudes quant à mon sujet et celui des enfants.