Nikkita
[Montpellier, 9 janvier 1463]
Il y a des talus et des fossés, il y a des pommes et la douceur aigre du cidre, il y a des poires et des platanes, et puis il y avait cette fichue cheville qui battait et qui pulsait sous la pression de ses mains refermées en conque. Le menton posé sur son genou relevé, peu soucieuse des tanches et autres thons qui pourraient glisser un il sous ses jupons, Nikkita divaguait dun il tout aussi vague, fixé sur létendue remuante qui écrasait paresseusement les digues sous son incessant va-et-vient.
Tu vas, ou tu viens ? aurait-elle pu demander aux flots. Mais elle nen attendait aucune réponse.
Le soleil brillait en ce jour, comme hier, comme demain probablement, ce soleil quelle était parti chercher, des années auparavant, heurtant son museau acerbe sur des Lunes qui nétaient plus en phase.
Tu es contente ? Tu las eu ton soleil, et puis tes routes, et puis tes salutations, et puis tes mares aux quatre coins du Royaume, et puis tes numéros duettistes, lança-t-elle face à la mer. Le plop dune dorade relâchant une bulle à la surface fut seul à lui répondre.
Et puis il y avait ces mâts, dont le soleil cru de midi patinait les bois, ces mâts qui se balançaient comme des promesses en suspens. Ces mâts qui pouvaient lemmener loin des platanes Ou la promener le temps dun petit rond dans leau avant de lui remettre les pieds sur terre, froidement.
Et justement, les pieds sur terre, cétait bien là le nud de lhésitation plumeuse. Parce quon a beau connaître les chemins de ce royaume et dautres, parce quon a beau avoir multiplié les salutations duettistes sur tous les modes et tous les thons, sans oublier les tanches et les bûches, linimaginable lavait rattrapée dans ces dernières semaines. Non seulement son duettisme avait une saveur inconfortablement solitaire, mais elle avait raté ses dernières salutations et fini par se prendre les pieds dans une bûche aussi ventrue qu'incongrue qui lavait laissée boiteuse. Allez donc garder les pieds sur terre en cumulant une cheville douloureusement enflée et une cervelle de moineau !
Nikkita grogna et changea de position. Une décision, il lui fallait en prendre une, parce que lattentisme nétait que consumation, parce que les souvenirs dantan venaient se mêler désagréablement au présent, parce que limmobilisme contrevenait à sa nature profondément vagabonde. Pars ! criaient toutes les fibres de son corps. Tandis que sous ses mains, battait le sang de sa blessure, étrangement réconfortant, et quelle se tenait là, entre terre et mer, sur cette digue étroite et qui nappartenait finalement, ni à lune, ni à lautre.
Il y a des talus et des fossés, il y a des pommes et la douceur aigre du cidre, il y a des poires et des platanes, et puis il y avait cette fichue cheville qui battait et qui pulsait sous la pression de ses mains refermées en conque. Le menton posé sur son genou relevé, peu soucieuse des tanches et autres thons qui pourraient glisser un il sous ses jupons, Nikkita divaguait dun il tout aussi vague, fixé sur létendue remuante qui écrasait paresseusement les digues sous son incessant va-et-vient.
Tu vas, ou tu viens ? aurait-elle pu demander aux flots. Mais elle nen attendait aucune réponse.
Le soleil brillait en ce jour, comme hier, comme demain probablement, ce soleil quelle était parti chercher, des années auparavant, heurtant son museau acerbe sur des Lunes qui nétaient plus en phase.
Tu es contente ? Tu las eu ton soleil, et puis tes routes, et puis tes salutations, et puis tes mares aux quatre coins du Royaume, et puis tes numéros duettistes, lança-t-elle face à la mer. Le plop dune dorade relâchant une bulle à la surface fut seul à lui répondre.
Et puis il y avait ces mâts, dont le soleil cru de midi patinait les bois, ces mâts qui se balançaient comme des promesses en suspens. Ces mâts qui pouvaient lemmener loin des platanes Ou la promener le temps dun petit rond dans leau avant de lui remettre les pieds sur terre, froidement.
Et justement, les pieds sur terre, cétait bien là le nud de lhésitation plumeuse. Parce quon a beau connaître les chemins de ce royaume et dautres, parce quon a beau avoir multiplié les salutations duettistes sur tous les modes et tous les thons, sans oublier les tanches et les bûches, linimaginable lavait rattrapée dans ces dernières semaines. Non seulement son duettisme avait une saveur inconfortablement solitaire, mais elle avait raté ses dernières salutations et fini par se prendre les pieds dans une bûche aussi ventrue qu'incongrue qui lavait laissée boiteuse. Allez donc garder les pieds sur terre en cumulant une cheville douloureusement enflée et une cervelle de moineau !
Nikkita grogna et changea de position. Une décision, il lui fallait en prendre une, parce que lattentisme nétait que consumation, parce que les souvenirs dantan venaient se mêler désagréablement au présent, parce que limmobilisme contrevenait à sa nature profondément vagabonde. Pars ! criaient toutes les fibres de son corps. Tandis que sous ses mains, battait le sang de sa blessure, étrangement réconfortant, et quelle se tenait là, entre terre et mer, sur cette digue étroite et qui nappartenait finalement, ni à lune, ni à lautre.