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[RP] Une vie... une quête.

Catnys
La rouquine arrive à destination, avec ses compagnons de route, soulagée que les choses se soient passées sans embûche, c’est la première mission que Rose lui confie, rien d’élaboré ou stratégique, mais lui confier la responsabilité du groupe revêt une marque de confiance de la part de Rose pour Catnys, et pour la rousse cela prend toute son importance.
Mais dans ce patelin, peu animé, sans Rose, près d’elle, ses envies d’évasion, de se recueillir sur la tombe de sa mère prennent toute la place, son esprit gamberge, calcule, si elle part maintenant, elle sera sûrement de retour avant que Rose ait le temps de les rejoindre, avant même qu’elle s’aperçoive de son escapade.

Elle ne descend pas de son cheval, qui sent lui aussi sa nervosité, et tourne sur lui même, comme s’il avait encore besoin de se dégourdir les pattes, elle observe les autres à la porte de l’auberge, détachant le paquetage de leur propre monture, serrant la gamine aux bouclettes rousses contre elle sous sa cape, tout en lançant des regards fréquents vers les portes de la ville, le coeur battant, la respiration courte, elle doit se décider, c est maintenant ou jamais... Elle fait descendre la gosse de la monture, et dans un regard silencieux vers Anitha lui demande tacitement de s’occuper d’ Anna pendant son absence.
Coup d’éperons dans la croupe, signal qu’attend le canasson depuis un moment pour partir au galop, ne laissant pas à ses compagnons le temps de poser la moindre question, sa décision ne calme en rien la boule au ventre qui l’étreint, elle sait qu’elle va s’attirer les foudres de Rose, qu’elle risque encore l’avoinée, ça ne l’enchante guère de désobéir, mais c est hors de contrôle de la rousse, elle répond à l’appel de son intuition, un appel qui vient d’ailleurs, quelque chose la pousse vers ce lieu, si proche, où sa mère a cédé son dernier souffle. Cat a essayé de parler à Rose, a demi mot lui a parlé de ce retour aux sources, sans oser le lui demander vraiment, cela les dévierait de leur plan de route, elle ne pouvait pas le lui demander, Rose l’avait trouvée mystérieuse, alors qu’elle bottait en touche au lieu de répondre à ses questions alors elle a fini par se taire, tentant d’éloigner ses envies. L’aubaine est trop belle pour disparaître quelques heures sans que la rouquine n’ait de compte à lui rendre.

Partie sans se retourner, traversant plaine et forêt, elle arrive plus vite qu’elle ne l’aurait cru dans le village où elle a passé tant d’années, les sentiments se mèlent lorsqu’enfin, elle passe les portes de la ville, elle y laisse sa monture, proche du poste de garde, marcher apaisera peut être les battements de coeur qui vont trop vite, ce bourdonnement dans ses oreilles qui assourdissent les bruits des passants dans les ruelles. Alors qu’elle reste un moment contemplative de cette vie qui lui a été si familière jadis, un nouveau frisson la parcourt à la vue d’une silhouette, elle croit reconnaître, Rosaline, sa mère, elle s’apprête à l’appeler tandis la vision disparaît, elle secoue légèrement la tête. « Tu deviens folle»

Une autre vision, bien réelle celle ci, son chien loup, Thor, est là planté devant elle, dans sa chevauchée elle ne s’est pas aperçue qu’il la suivait. Et il est là, dévoué, fidèle, couché à ses pieds, haletant, épuisé par sa course folle, mais non moins aux aguets des intentions de sa maîtresse.

La traversée du village, réveille ses souvenirs, des visages, des échoppes, elle s’arrête un moment devant celle du forgeron, bien sur il n’est plus là lui non plus, il a été remplacé par un plus jeune, plus robuste, tout aussi rustre, l’homme martelle le métal rougeoyant, elle observe les muscles en action, combien de fois l’avait elle fait avant aujourd hui ? Le regard de l’homme, au sourire carnassier, qui la reluque sans vergogne la sort de ses pensées, elle n’est plus l’enfant qui trainait en ces lieux, si elle l a oublié, l’inconnu le lui rappelle de son regard lubrique...
Elle reprend sa marche jusqu’à la dite maison, elle sait que Victor est passé à trépas, et que la maison est restée inoccupée, Anna en est l’unique héritière, nulle risque donc de le rencontrer, il n y aura pas confrontation.

La main sur la clenche, elle espère qu’elle ne trouvera aucune résistance, la poignée cède facilement sous la pression, lui permettant l’entrée d’ un passé révolu. La porte fermée, elle est au milieu de la salle principale,un peu étourdie par des odeurs qu’elle ne reconnait pas, elle se demande ce qu’elle fait, ce qu’elle cherche dans cet endroit où les meubles poussiéreux sont encore en l’état Elle n’était pas revenue depuis la mort de sa mère. Encore un frisson, est ce un courant d’air ou cette présence toute proche. Machinalement sans trop y réfléchir elle s’avance instinctivement vers la chambre de Rosaline, là où elle l’a vue gisante...La gorge serrée, le palpitant battant à tout rompre dans sa poitrine, elle pénêtre dans ce qui est devenu un sanctuaire, la chambre est à l’identique, toutes ses affaires sont là. Elle ne s’arrête pas sur le lit où elle l’ a vue agoniser, emportée par une pneumonie. Elle s’attarde sur la coiffeuse, elle passe sa main sur la brosse en poil soyeux, ses épingles, son parfum qui a viré avec le temps... Dans le tiroir, sont entassés des courriers, témoins de la vie de Rosaline, des courriers sans grand intérêt, le plus souvent d’amis et connaissances rencontrés lors de voyage pour le commerce, avec qui, elle partageait des nouvelles assez anodines somme toutes, pourtant une missive attire son attention...

Alors qu'elle commence à la lire, son coeur déjà mis à rude épreuve par ce pélerinage s'emballe, ses mains tremblent alors que ses jambes se dérobent si bien qu'elle doit s'assoir pour ne pas défaillir ...
Catnys
Depuis combien de temps son regard est posé sur le courrier, elle ne saurait le dire, sidérée par ce qu’elle découvre. Assise devant la coiffeuse d’une chambre si familière à son entrée si étrangère après la lecture de cette missive. Se peut il qu’elle se soit tant trompée, qu’elle ait cru à une vérité qui ne lui apparaît que mensonge. Rosaline, sa mère, qu’elle a tant chérit l’aurait trahie ... pourquoi?
Elle fixe l’écriture comme si elle pouvait y découvrir qui il est, elle l’imagine à son écritoire peut être cherchant ses mots, ou bien au contraire une écriture limpide dans l’émotion de l’instant. Elle s’imprègne de chaque mot, cherchant à y déceler l’émotion justement, mais surtout la colère qui laisserait penser qu’il pourrait la rejeter. Cette sacro sainte peur des hommes qui lui montre ou lui fait chercher toujours le pire chez eux.
Mais ce qui attire son attention par dessus tout, c est cette signature...




Quelque part en Savoie,
printemps 1456

Rosaline,

J’avoue une certaine surprise à lire ces lignes. D’abord parce que notre rencontre remonte à pas mal de temps déjà et qu’il m’a fallut faire appel à mes souvenirs, les trier et mettre un nom sur le visage que je devais me remémorer… Les actions de l’époque m’avaient malmené… mais les souvenirs de cette petite rousse au regard tendre et à la curiosité de la vie si grande ne sont pas éteints…

De l’eau a coulé sous les ponts c’est une évidence et je suis désolé d’apprendre ce qu’il t’arrive. Les médecins ne peuvent-ils donc rien faire et te soulager au mieux afin de te garder en vie, au moins pour l’enfant que tu as mis au monde… je sais la tourmente que va causer ta disparition à cette jeune fille… Catnys est donc le nom que tu lui as donné…

Catnys va se retrouver perdue et seule… Mais pourquoi avoir choisi de ne rien lui dire jusqu’à maintenant, ni à moi d’ailleurs ?
Pourquoi nous avoir caché cette vérité qui est pourtant notre réalité désormais durant toutes ces années ?
Devais-je payer par l’ignorance les tendres moments que nous avions passé ensemble ?
Devais-je taire à jamais cette colère que je ressens d’avoir été spolié de l’enfance de mon enfant parce que tu avais choisi de ne rien dire ?

Aujourd’hui, à l’heure où la mort vient t’étreindre tu désires révéler ton secret et que cherches-tu à avoir ? Mon approbation, ma bénédiction, ma compassion ?
Tu peux dire et faire ce que tu souhaites, tu peux soulager ton âme puisque désormais tu nous laisses Catnys et moi recoller les morceaux de ce que tu détruis… parce que tu détruis mon désir d’être père et tu détruis tous les rêves d’enfant de notre fille…

Dois-je te pardonner ou t’en vouloir à jamais ?
Ma haine d’avoir été dépossédé de ma descendance voudrait que je tourne le dos à cet enfant malgré l’avenir qui lui est réservé mais cela serait la condamner à souffrir alors qu’elle n’y est pour rien. C’est toi qui a joué avec nos vies… j’en suis tristement affecté mais je m’en remettrais… comme à chaque fois, je passerais outre. Sache quand même que je suis ne m’opposerais pas à ton désir de dire la vérité à Catnys. Tu détiens les clés de son avenir, c’est à toi de faire ce qu’il se doit.

Maintenant, que la paix soit désormais tienne jusqu’à ton dernier souffle. Pour ma part, je garde ton souvenir en ma mémoire et si un jour Catnys le désire, je saurais lui parler de toi et de moi… à ma façon.

Prends soin de toi jusqu’à ce que le souffle de la vie quitte les rivages de ton corps. Je prierais pour ton âme.








Torvar...alors qu’elle répète ce mot, son chien Thor lui lèche la main en gémissant, regard sur lui, et des souvenirs reviennent... sa mère dans un délire fièvreux, les yeux de Rosaline posés sur elle, et cette lueur de folie qui les animait. Des propos incohérents sur le moment, entre deux quintes de toux, reviennent à son esprit « Cat..ton père ... pardonne moi...cherche Tor...» Elle se souvient de son incompréhension, elle cherchait plutôt à la faire taire, car chaque mot semblait une agonie, sa toux semblait lui déchirer les poumons, et Catnys du haut de ses douze ans ne pouvait en supporter autant. « Je suis là, maman... te pardonner, j’ai rien à te pardonner... chut, chut...ça te fait tousser, parle plus...chut... Thor ? tu veux Thor ? je vais le chercher si tu veux, il est en bas ... c’est ça, tu le veux» Et sa mère, dans un effort, secouait la tête en répétant « non, ton père...» On avait écarté l'enfant de la gisante. C'étaient les derniers moments, derniers mots d’une mère à sa fille, elle avait abandonné ses forces, abandonné sa tentative à lui livrer son secret.Derniers mots qu'elle avait mis sur le compte d'une fièvre délirante.L’enfant qu’elle était n’avait pas su entendre.
Elle se souvient qu’elle a trouvé ce chiot une semaine avant ce jour fatal, elle le regarde interdite, cherchant à se remémorer pourquoi elle lui a donné ce nom, simple coïncidence qui jalonnent les vies ou étrangeté des messages de l’inconscient?

Depuis combien de temps est elle là ? La nuit commence à tomber, Rose doit être déjà en chemin, il lui faut elle aussi reprendre la route, et arriver avant la brune, mais c est sans compter sur la chape de plomb qui s’est posée sur elle. L’envie, la force l’ont quittée, elle se serait bien laissée aller à un profond sommeil, à son réveil, elle aurait pu feindre le rêve ou le cauchemar, et reprendre sa vie, sa route, oubliant cette lettre, cette vérité qu’elle ne peut plus ignorer.

Elle ajoute à son paquetage, les affaires de toilette de sa mère, sa correspondance, qui sait ce qu’elle pourrait encore découvrir, un vieux grimoire,la robe dans laquelle elle aimait la voir, un dernier regard à la chambre, un frisson lui parcourt l’échine, une nouvelle fois, incline un peu la tête comme si elle saluait un visiteur imaginaire...Rosaline.

Le chemin du retour, lui parait tout aussi court, tourmentée par ces pensées, ses questions qui ne trouveront peut être jamais de réponses, quel est le sens à tout cela, la seule certitude qu’elle a, c’est de retrouver cet homme, celui qu’elle devra appeler père. Elle a 18 ans aujourd hui, comment apprend t-on à connaitre un père, peut - on aimer un parfait inconnu en tant que père ? Et s’il n’était pas celui qu’elle espérait ? Si elle n’était pas ce qu’il attend du fille? Pourquoi ne l'avait-il pas cherchée? ce courrier trouvé datait de six ans...Et si tout cela n’était qu’illusion, chimère...

Les portes de la ville, enfin, trop tôt, trop tard, elle reconnait les chevaux, Rose est déjà là, elle doit savoir que la rouquine a quitté la ville, seule, ce qui a don de l’inquiéter mais elle ne l avouera jamais, et du même coup l’agacer. La brune l’avait présentée comme « l’indomptable» lors d’une nouvelle rencontre, Cat lui donne encore une fois de l’eau à son moulin. Si la rousse est docile, et rigoureuse en campagne, elle se montre aussi impulsive et n’agit que pour son ressenti lorsque les temps sont plus calmes.

Cat la rejoint, son visage reflète toutes les émotions par lesquelles elle est passée durant cette journée, autant dire qu’elle n’est pas en état de supporter une avoinée, elle n’aura alors que peu d’options, l’envoyer bouler, s’effondrer mais devant la brune ce n’est pas une option acceptable, Cat ne peut s’y résoudre, ou se taire attendre que l’ouragan passe... Elle scrute les traits de la Brune comme à son habitude, pour deviner son humeur, mais elle est elle même trop envahie par ses émotions, et ne voit rien.

Elle se décide pour la troisième option, se taire, attendre résignée que le vent retombe.

« Je vais en prendre pour mon grade ? Vas- y ...mais après faut que je te parle»










Rose
Le calme avant la tempête. Elle sait se contenir, même par temps houleux, même si tout s'effondre et qu'il faut agir vite, même piégés, pas question de se laisser aller à quelques émotions que ce soit et de laisser deviner la houle qui se déchaine à l’intérieur d'elle. Même si elle est cinglante et froide, elle perd rarement son sang froid, et, d'ailleurs, c'est pas plus mal, parce qu'une fois perdu, elle a bien des difficultés à le retrouver malgré les apparences.

Ce soir, ils quittent une ville. Un premier groupe a été mit à l'abri la veille, elle s'en félicite. Le plus grand nombre d'entre eux ne se trouvera pas abimé par le fiasco qui a animé les derniers jours. Prise de mairie avortée, une taupe mise à jour au sein de leur propre groupe et, pour couronner le tout, deux gardes qui lui passent les fers, l'enferment avant que se rajoute un procès d'une ampleur phénoménale liant jusqu'à cinq chefs d'inculpations. Une colère sourde l'anime même si ils ont évités le pire en démasquant rapidement l'auteur de ce cumule d’échecs qui, finalement, à souder les autres.

Fun et Selina avancent devant, leurs chevaux au pas...Elle reste en arrière, macérant en silence son mépris pour Isilmaril, cet homme, envoyé par Ghell, par Satyne, pour les épauler...Elle fait le point. Elle a besoin de ces moments de solitude, de s'isoler, pour contrôler les émotions qui l'assaillent. Elle a si longtemps marché seule, agit dans l'ombre, loin des trahisons et des bassesses, qu'elle a un mal fou à avaler la pilule. Comment encaissé le coup alors qu'elle était persuadée qu'aucun fourbe ne pouvait s'introduire dans leur équipe ? Comment a t'elle pu être si aveugle ? Comment ne pas se méfier de tout le monde à présent ? Trop femme pour oublier, vindicative, elle rumine intérieurement le châtiment qu'elle réservera à ce scélérat lorsque, enfin, elle remettra la main dessus...

Le voyage, de nuit, d'une ville à l'autre, n'est pas de trop pour qu'elle s'apaise. Les longues heures qui les sépare de leur équipe calment un peu sa rage et lorsqu'elles franchissent enfin les portes de Cahors, elle est à nouveau sereine, elle a rangé sa rancœur dans un coin de son esprit et a même déjà élaborer des plans pour la suite de leur épopée. Enfin, pour l'heure, ce qu'il y a de plus urgent pour elle, c'est de rejoindre Claude, de la savoir tout près, de la sentir à proximité, elle l'explique pas, c'est comme ça. Comme un besoin d'urgent, elle met tout en suspend pour l'instant parce que rien n'a plus d'importance.

Un seul coup d’œil suffit. A peine rendues au camps où se sont regroupés leurs partenaires, elle note l'absence de la monture de Cat. Un pli traverse son front. Déjà, elle sait que la jeune rousse ne sera pas là lorsqu'elle poussera les pans de la tente. En entrant, elle avise, dans un coin, endormies, Anitha, le corps lové contre celui d'Anna. Elle plisse le nez, visiblement contrariée et ressort. C'est qu'elle a un don pour ça, Cat, de lui foutre les nerfs en pelote, la mettre à cran, comme une seconde nature. Ses coups de sang sont incontrôlables et sans s'en rendre compte, elle peut se mettre en danger sans en penser une seconde les conséquences.

Durant le reste de la nuit elle fait les cent pas, attend, allant de la tente au chemin qui mène à l'entrée du village, scrutant les écuries alentours, les maréchaux-ferrants, faisant le tour des tavernes avoisinantes jusqu'au petit jour pour enfin rejoindre le camps où elle apparait enfin, les traits tirés, les sacoches, sur les flancs de son cheval, pleines, le chien loup haletant derrière elle.

Pas la peine de parler, le visage de la jeune fille en dit long sur sa condition et son état d'esprit, Rose sent que quelque chose ne va pas, c'est tellement évident qu'elle reste là et temporise sa colère qui s'amenuise. Contre toutes attentes, elle ne dit rien, la laisse parler, les explications d'abord, viendraient, peut être, ensuite, ce qu'elle en pensait de son escapade nocturne, seule, et les réprimandes. Après la surprise du silence, Catnys raconte, explique, sa mère, la maladie, la mort, la maison intact, les lettres, la...lettre, le mensonge, le père...la trahison...tout... Sans doute en a t'elle besoin car elle déballe tout, vide son sac, sans essayer de cacher ce qu'elle ressent, sans oublier le trouble, et, finalement, les projets futurs. Trouver l'homme, celui qu'elle pensait mort et qui, finalement, pourrait ne pas l'être.


Il s'appelle Torvar...

Elle plisse le nez, ce nom ne lui est pas inconnu, sans trop savoir y remettre un visage, elle sait qu'elle a déjà entendu parler de lui quelque part. Catnys sent, bien sur, qu'elle a tiqué et l'interroge...

Je n'en suis pas sûre mais je crois que je connais quelqu'un qui pourra te renseigner à son sujet... Donne moi au moins une journée avant de partir.

Elle n'en dit pas plus, pas la peine de donner des faux espoirs à la jeune femme déjà trop troublée... Il pouvait être n'importe qui, un juge qui l'avait envoyé aux fers, un maire qui les avait chasser de sa ville, un politicien trop bruyant, une rencontre, un jour, dans un tripot ou encore un allié, pendant une rixe lointaine, autant rester évasive et ne pas trop en dire pour l'instant. D'ailleurs, pas la peine, non plus, d'essayer de la retenir contre son gré, elle le savait, la rousse, souvent bien trop fougueuse, tournerait en rond comme un animal en cage avant de finalement s'échapper. Autant l'aider dans sa quête, au moins un peu et tenter de sécuriser ses recherches en la mettant dans la bonne direction. Alors lorsque Cat finit par rejoindre Anna à l’intérieur, elle tente de se rapprocher d'un semblant d'informations et, réunissant non sans efforts, ses souvenirs, écrit à Maryah, cette jeune femme rencontrée autrefois et dont elle est presque sure que l'homme partage sa vie, ou la partageait, en tout cas...
_________________
Maryah
Et le pigeon voyageur s'abattit sur une Maryah frigorifiée par l'hiver et la solitude des routes, telle une masse d'arme ou une hache :



Maryah...

Ce courrier, de ma part, va te paraitre surprenant alors que nous n'avons plus eu de contact depuis de longs mois, mais il a une teneur, dont en voici les motifs.

Je bosse actuellement avec une équipe, parmi les gens qui m'entourent, j'ai prit sous mon aile une jeune fille, prometteuse, au caractère de feu.

Catnys. Impétueuse rousse, encore jeune mais qui a su obtenir ma confiance.

Il se trouve que cette dernière vient de me dire qu'elle voulait, pour quelques temps, quitter le groupe pour partir à la recherche de son père. Depuis toujours elle le pensait mort mais, à sa mère, en mourant, lui aurait donné son nom et il se trouve qu'il est bel et bien vivant...

Bien sur, je lui ai demandé le nom de ce dernier, je connais pas mal de monde dans le duché et... enfin, tu sais, au cas où... Bref, elle m'a donné le nom de Torvar. Le nom m'a immédiatement tilté, je me suis souvenu d'une conversation que nous avons eut, un soir, toutes les deux, alors que tu n'allais pas si bien...

Je sais que cet homme fait parti de ta vie, qu'il compte ou qu'il a compté, c'est pourquoi, pour l'aider un peu, je me tourne aujourd'hui vers toi pour avoir une idée d'où Cat pourrait le trouver et, si, tu peux me donner quelques détails sur lui, et si, bien sur, tu es toujours avec...

Elle ne sait pas par où commencer son périple et prend, dés demain, la route vers la Bourgogne...

Voilà, tu sais tout, j'espère que mon courrier te trouvera en bonne santé, en forme et pleine de projets et que tu trouveras quelques minutes pour m'aider dans la quête de la jeune Cat.

A bientôt

Rose


Le choc était de taille. Le cosaque avait une fille, belle et bien vivante, une de celle avec laquelle il pourrait combler son désir d'enfant, son instinct paternel.
Gloups ... ça lui faisait gloups, alors que ses doigts se crispaient sur le courrier. Une rousse ... Torvar avait toujours eu un faible pour les rousses. Torvar ...
Elle ne pouvait s'empêcher de penser que si elle avait été une vraie femme, fertile et fécondable, elle aurait pu lui donner le fils qu'il voulait. Il n'aurait alors pas fait semblant de s'intéresser à elle, pour être le père de Percy. Peut être même, se seraient ils mariés. Elle aurait porté un enfant de lui, peut être plusieurs. Percy se serait régalé à s'occuper du Haras et des chevaux. Le Cosaque aurait de temps à autre concédé quelques faveurs à l'Epicée. Ils auraient pu mener une vie normale ...

... Si elle avait pu lui donner un héritier. Mais l'Œuf était cassé. Une femme stérile n'a franchement aucun intérêt, et la vie le lui avait prouvé à de nombreuses reprises. Elle avait envie de crier à Rose que Torvar ne faisait pas partie de sa vie, parce qu'il en avait décidé ainsi. Parc'qu'on n'aimait pas les étrangères, les bridées, les épicées, les bizarres, les marquées, ni les infertiles. Mais bon ... la Rose n'y pouvait rien, et n'en saurait rien.

Maryah eu d'abord envie de ne pas répondre. Elle savait ce que signifiait l'arrivée de la fille de Torvar. La vraie. Le Cosaque oublierait jusqu'à l'existence de Percy et les joyeux souvenirs partagés. Comme Dolgar l'avait fait, en refaisant sa vie. Et l'enfant serait toujours demandeur. Que trouverait-elle ce coup ci pour le protéger de la lâcheté des hommes ? Elle avait raconté à son fils que Dolgar était mort pour les protéger, que Niallan était en mission au royaume des Blonds, alors quoi pour Torvar ? En tout cas, elle ne lui dirait jamais qu'il ne veut plus le voir car il a une vraie héritière, de son sang, de sa chair.

Et puis, vint le moment du doute. Cette fille, cette rousse, avait le droit de connaître son père. Elle voyait le carnage du manque d'un père sur les enfants. Elle avait le droit de le voir, de connaître son histoire, de ... peut être serrer dans ses bras son père. Ce vieux mercenaire au cœur de glace, au corps de pierre, mais qui avait les qualités de ses défauts : sincère, direct, loyal.
Catnys ... Voilà donc le nom de celle qui ferait oublier à l'Ours aimé jusqu'au rire de Percy. Ainsi irait la Vie. D'ailleurs, Maryah ne se faisait plus d'illusion, elle comptait les jours qui séparait leurs courriers. Il avait été clair, il ne l'aimait pas. Il ne pouvait rien à ça. Maryah ... pauvre femme au cœur d'enfant stupide. Rien à foutre, l'Opium dans un premier temps, et l'éloignement dans un second, lui ferait oublier tout ça.

Les mains tremblantes sortirent presque machinalement le matériel d'écriture, tandis que l'Epicée cherchait ses mots. Elle ne pouvait s'empêcher de penser que le Sort se payait bien sa tête, entre le passage d'Eliance à Nevers, et maintenant le courrier de Rose annonciateur de cassure ...




Rose,

C'eût été plaisant de te lire... s'il en avait été d'autres motifs. M'enfin ... on va pas épiloguer. J'espère moi aussi qu'tu vas bien, faudra m'dire dans quel coin tu t'balades qu'on s'fasse une soirée arrosée. J'tiens pas en place en c'moment.

Catnys a de la chance ... comme quoi certains enfants ont la joie de pouvoir rencontrer leur père, la vie n'est p't'êt'pas si dégueu que ça au fond ... 'fin si on cherche bien !
J'ai toutes les infos qu'il te faut, bien que cet homme a eu fait partie de ma vie quand j'pouvais lui servir à quelque chose, et n'en fait plus partie parc'que je n'sers plus à rien, et encore moins maintenant que sa digne héritière va pointer l'bout de son nez.

Dis lui qu'elle trouvera son père à Nevers. Au village, qu'elle prenne la direction Ouest, traverse la forêt et longe la rivière. Elle le trouvera à plusieurs lieues. C'est un solitaire, il aime le calme et la nature. Il a un haras, dans lequel il s'investit énormément. J'espère que la Rousse aime les chevaux, c'est un bon point de départ pour les discussions avec Torvar.

Je ne pourrais que te suggérer de l'accompagner. L'homme en question est un ancien Mercenaire, il a quelques difficultés avec l'affection et l'attachement. Il est un peu ... rustre. Moi je l'appelle l'Ours, il peut être doux et réconfortant, aussi bien que piquant et menaçant. Sa froideur n'a d'égal que sa fierté. Il se positionnera en donneur de leçon mais n'acceptera jamais d'en recevoir une. Il est vite dérangé par le bruit ou la foule. Il est constamment sur ses gardes, prévenez avant de débarquer, ou attendez vous à un accueil glacial.
Il a une autre fille, Appollina avec qui les retrouvailles se sont assez mal passées. Catnys devra accepter qu'il la critique et lui dise ses 4 vérités en face, sans jamais répondre. Il prendrait ça pour un affront, se remettrait en posture de mercenaire, et tout finirait trop mal.
J'espère qu'elle saura être douce avec son vieux père.

Passé son sale caractère, c'est un homme protecteur et de paroles. Il pense ce qu'il dit, et il fait ce qu'il pense juste. Il est assez moraliste, ça fait de lui un homme droit et équilibré, constant surtout je dirai. Par contre, côté affection, il est à la ramasse. Il n'a besoin de rien ni personne. Un ascète. Un Ermite. Il n'aime rien ni personne, à l'exception de ses chevaux. Parfois, il donne le change ; on croit que ça va changer, mais il ne change pas. Il est comme il est, il ne veut pas en changer, c'est certainement ce qui l'a maintenu en vie jusqu'icy.

Il est vieillissant, il sait se faire obéïr ; le poids de l'expérience certainement. Il sait se faire respecter. Ses mains tremblent parfois, le poids de l'âge, mais il ne le reconnaîtra jamais et n'acceptera jamais d'être aidé. Il ...
Hoooo merdeuuuhhh ... il mérite d'être père et de vivre le meilleur. Voilà. Il a ce désir d'être père, même s'il en a peur je crois qu'il rêve d'une famille. Puisse cette jeune Catnys lui ouvrir le cœur, et faire fondre sa carapace ... juste un peu.

Ne dites jamais à Torvar que vous me connaissez, ou que l'on s'est écrit. Prends soin de la petite, une famille réunie en cette fin d'année, ça s'rait une sacrée bonne action, comme on n'en voit plus souvent.

Et à part ça, dis moi, comment vas tu toi ? Toujours en activité ?

Au plaisir,
En espérant vous avoir un peu aidé,


Maryah


Et d'un mouvement de rage, elle envoya l'encrier s'exploser en mille poussière d'étoiles noires contre la porte de la taverne. Même blessée et esseulée, fallait encore qu'elle trouve le moyen de jouer le bon samaritain.
Oh pis zut !

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Bannière réalisée par LJD Pépin_lavergne
Catnys
Rose n’est pas là où elle l’attend, la rousse s’attendait qu’une déferlante de reproches s’abatte sur elle, mais non, la brune pose sur elle un regard attentif, alors elle déverse la rousse, son escapade, sa découverte, comme pour mettre des mots sur ce qui lui semble irréel, et ainsi l’ancrer dans la réalité. Elle a besoin de tout dire, tout expliquer pour tenter de lui faire accepter sa décision. S’il n’y a aucun doute sur son intention de s’éloigner et se rapprocher de celui dont elle ne soupçonnait pas l’existence, elle aimerait que ce soit avec l’aval de la brune, garder sa confiance, sa considération, cela lui importe tant à la rousse. Rose l’avait sortie de son état miséreux, en lui offrant l’opportunité de choisir sa destiné, elle lui en est reconnaissante, et la décevoir n’est pas acceptable pour Cat, mais elle est prête à en prendre le risque pour ne rien regretter.

Rose l’écoute, patiente, ce n’est pourtant pas ce qui la caractérise le plus, pourtant Cat s’est toujours étonnée de cette patience à son encontre, chacune de ses questions sur les stratégies, les tactiques, le fonctionnement de la justice trouvaient réponses, sans signe jamais d’agacement. Point de remontrance, point de critique, point de jugement, juste un regard que certain qualifierait d’impassible, la rousse, elle y voyait de la bienveillance à son égard, bienveillance cachée, non avouée, qui la surprend encore ce soir.
Rose s’intéresse à son histoire, lui pose des questions, du moins une, l’identité de l’homme. Haussement de sourcils de la brune, moment d’arrêt de la rousse, fugace espoir que Rose le connaisse, les mots qui suivent le confortent d’avoir, celui d’avoir des informations, ne serait ce que l’endroit où elle doit le chercher. De suite, la brune nuance ses paroles, Cat comprend qu’elle veut lui éviter des désillusions, mais c est trop tard, elle acquiesce d’un mouvement de tête, s’accrochant follement à l’idée de recevoir des indices dans une éventuelle réponse de cette connaissance de Rose, qui serait proche de Torvar. Ce serait un point de départ, un pas vers son père. Elle l’encourage à écrire à Maryah, et la suit du regard alors qu’elle s’éloigne, elle aimerait la suivre tout court, pour être certaine que ce courrier partira au plus vite, pour lire les lignes écrites qui s’envoleront vers cette inconnue, il a le sentiment que de ce courrier dépend sa destiné.
Elle reste interdite, repassant mentalement les évènements de ces derniers jours... Les rêves de sa mère, qui l’appelait à son chevet, ces sensations qu’elle interprétait comme la présence de Rosaline, et un appel viscéral à retourner sur le lieu de son enfance, la lettre découverte dans le tiroir de la coiffeuse, et maintenant Rose, qui détient peut être la possibilité de faire aboutir des recherches qui auraient pu être laborieuses. L’univers sait il si bien comploter pour mettre sur la route de chacun ceux dont ils ont besoin, personne ne pourrait répondre à cette question, mais pour l’heure Rose est une nouvelle fois sa providence.

Se dirigeant vers la tente d’Anitha, elle ne dormira pas seule ce soir, elle a besoin de la chaleur réconfortante d’ Anna, et de son amie, elle sait qu’elle ne trouvera pas le sommeil, les questions, les doutes l’assaillent de nouveau...Maintenant que le secret est levé, elle a pris la décision d’aller au bout des choses, et découvrir qui est cet homme, malgré l’incertitude qui plane autour de cette rencontre. Après tout, cet homme en six ans a eu à loisir de la chercher, il ne l’a pas trouvée, elle en déduit qu’il n’a dû jamais entreprendre cette quête, nourrissant l’idée angoissante qu’il la rejette le jour de leurs retrouvailles. Elle est de sa chair, de son sang, elle n’ose imaginer sa réaction le cas échéant.
Un sommeil léger peuplé de nouveaux rêves, à l’image de ses tourments.

Ce soir, les doutes, les incertitudes, et demain ...
Rose
La réponse tarde, peut être trop, peut être pas. Seulement la rouquine n'a pas la patience d'attendre, trépigne, tourne en rond et sur son visage, se lit l'agacement, l'incompréhension, ce besoin indescriptible d'avancer vers un ailleurs inconnu. Elle connait trop ce sentiment pour ne pas le comprendre, elle sait qu'elle ne la contiendra pas, que dorénavant Catnys se plongera corps et âme dans cette poursuite, dans ce besoin de savoir, de connaitre, de reconnaitre. Les racines, lorsqu'on pense ne pas en avoir, c'est un peu se sentir libre sans savoir qui on est vraiment, et finalement, c'est pas si important. Lorsqu'on en a, ou qu'on les découvre, on a cet irrémédiable envie qui nous dévore jusqu'aux tripes, une nécessité irrépressible, que ce qu'on trouve soit bon, ou mauvais...on doit comprendre. Ceux de leur espèce ne savent pas faire autrement, quitte à se bruler les ailes et de ne jamais se relever.

Des racines...Les siennes ont été arraché comme on arrache le chiendent pour faire pousser des légumes sains. On lui avait prit sa chair, son sang, anéantit tous les liens qui la rendait encore un peu humaine. Elle a vu les corps balancer au bout d'une corde, pas loin de cet endroit où, quelques mois avant, avait été organisé le bal du Masque, son grand père. Elle avait crié, hurlé, jusqu'à ce que plus aucun sons ne sortent d'entre ses lèvres. Anéanties. L'image des flammes qui prennent sous les pieds de ses sœurs déjà sans vie la hantant encore. Elle ne se souvient pas des jours suivants, ne sait plus comment elle se retrouve loin du Limousin, en Provence, aux côtés de cet homme, mécène de son père, qui l'a conduite à l'abri d'une mort certaine.

Depuis, elle a une haine farouche envers eux. Les autres. Ceux qui ont arraché son cœur de l’intérieur de sa poitrine, qui l'ont piétiné, qui ont fait d'elle une enveloppe froide et distante, sans attache, sans famille. Longtemps en ermite, ne s'alliant qu'à détruire les efforts du Roy, de l'alliance contre les indépendants... Bousculer leurs codes, leurs tranquillités, leurs envies de pouvoir. Pour toujours, elle serait insoumise et ne laisserait personne lui dicter sa conduite. Jamais.

Catnys est déjà parti lorsque Maryah se décide à répondre au courrier de Rose, elle est déjà loin, sans doute. Sans au revoir, Rose les évite, elle préfère ne pas être là, tiraillée entre l'envie de seller son cheval pour accompagner la jeune femme et sa sœur, et celle, plus forte encore, de retrouver au plus vite Claude, dont elle n'arrive plus à se passer. Les nouvelles de cette dernière ne sont pas bonnes, elle a besoin de la voir, de savoir, d'être sure. Elle est celle qui, quelques mois plus tôt, a cru en elle, à sa réinsertion, la seule... Symbiose totale, inexplicable, la survie de l'une ne tenant qu'à celle de l'autre...L'éloignement est devenu trop rude, insurmontable. Cat part donc avec une escorte restreinte, et elle se le reproche un peu, elle aurait dut ... tant de choses. Lui laisser son épée, dans un premier temps, puis, aussi, la prévenir, la mettre à l'abri d'une déception, lui dire de ne rien attendre, de personne, jamais, que les gens, même ceux en qui ont finit par croire sont fourbes, individualistes, centrés sur leur nombril, matérialistes... Elle aurait dut lui dire, mais ça, elle sait pas faire, elle sait pas s'approcher assez des gens pour être là quand il faut, les soutenir.

Les mots de Maryah lui font froncer les sourcils, une petite grimace de contrariété, l'homme ne sera pas ce qu'attend Cat d'une famille mais dorénavant elle sait que c'est pas à elle à qui ressemble la rouquine mais à cet inconnu qu'elle part rejoindre. Ça risque de fuser là bas, à Nevers, et Rose n'y sera pas...Pas au début en tout cas, parce qu'elle sent déjà qu'elle sera pas capable de rester à l'écart si le père ne répond pas aux attentes de la jeune femme.

Dans l'heure, elle envoie une copie du courrier reçu à Cat, par messager, pour être certaine qu'elle le reçoive en main propre, une pièce d'or pour lui et la promesse de lui ouvrir la gorge s'il manque à son devoir. Elle est comme ça, aussi, intransigeante, exigeante, carré et méthodique. Des traits pesants pour ceux qui la suivent mais qui pourtant ne les lui reprochent jamais. Catnys pourra juger seule de l'importance, des révélations de Maryah, elle saura que ce qui l'attend n'est sans doute pas ce qu'elle cherche, à moins que... peu importe, pas de non dits, elle transmet le courrier dans son intégralité, n'ajoutant que quelques lignes au dos...

Je ne serais jamais très loin... Sois prudente.

Elle répondra à Maryah après, d'abord, elle a plus urgent à faire...

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Catnys

L’escorte est restreinte puisqu’il ne s’agit que deux femmes, affublées chacune d’une gamine, sûr que si elles font mauvaise rencontre, malgré leur maniement des armes, elles ont un sacré handicap. La nuit les pose en situation de vulnérabilité plus encore, le froid piquant les oblige à trouver refuge, tantôt une grange, tantôt une auberge, mais elles préfèrent éviter les villages, et les contourner, elles étaient dans les parages il y a peu, inutile de tenter le diable et qu’on les reconnaisse, ce soir c’est une chaumière abandonnée qui les accueille pour la nuit.

Près du feu dans une chaumière abandonnée, quelque part dans le Limousin

C’est son tour de garde, veiller la nuit, et sur les âmes endormies dans le taudis. Les couches rudimentaires accueillent la Ritale, son nouveau né, et Anna sa bouclette rousse. Le froid de l’hiver met à rude épreuve les corps, et une fois le frugal repas pris personne ne rechignent à aller dormir, ce qui n’est pas pour déplaire à la Cat qui peut alors se réfugier dans ses pensées.
De ses affaires elle sort la lettre parvenue plus tôt par un messager, pressé de se débarrasser de sa mission « si vous devez lui répondre, faites vite, qu’elle sache que je vous l’ai donnée» des ricanements de la Rousse pour toute réponse, inutile de demander au pauvre homme qui en est l’expéditeur, la trouille de l’homme était un indice sur lequel elle ne pouvait pas se tromper.
Si elle vient bien de Rose, l’écriture n’est pas la sienne, un coup d’oeil rapide à la signature pour en découvrir le propriétaire... Maryah. C’est donc la réponse tant attendue, c’elle qui lui apprendra l’endroit où elle le trouvera ou au contraire détruira tout espoir de connaître son père. Rapidement, elle a survolé le courrier, sous l’émotion du moment l’information qu’elle retient c’est qu’il est vivant, et est installé à Nevers, dans l’instant elle sort sa carte, cherche du doigt la dite ville, elle constate qu’elle a fait le bon choix en allant vers le nord, et accompagner Ani aussi est une bonne décision, elles se sépareront à mi chemin, tout est au mieux. La rousse, ne s’attarde pas sur les lignes qui suivent qui parlent pourtant de son père, son esprit bouillonne de savoir qu’il est vivant, et pas si loin, à quelques jours de là, elle range la lettre, craignant de trop en connaître de lui, de peur de ne pas y lire ce qu’elle attend. Mais qu’attend elle au juste de cet homme? Elle ne s’est pas encore posée vraiment la question avant d’avoir là à disposition une description de l’homme. Elle veut trouver son géniteur, trouvé ce bout d’elle qui lui a toujours manquée, hormis son physique elle n’avait rien en commun avec sa mère, ce qui ajoutait à ce besoin de savoir d’où elle venait, du moins de qui. Que pouvait elle attendre d’un père aujourd’hui, elle est indépendante et libre, autonome dans ses choix, que pouvait elle espérer aujourd hui d’un père, l’affection ? Qui saurait aimer une jeune femme comme fille, sans l’avoir connue enfant ? La tendresse donnée à un enfant, ne se rattrapera jamais après tant d’années d’absence, d’éloignement... Elle n’attend rien, si ce n’est l infime espoir qu’il l’acceptera, elle, pour ce qu’elle est, sûrement une légitimité d’ être, d’être ce qu’elle est, alors que la pensée se construit, elle se dit que c’est énorme en fait ce qu’elle attend de lui.


A la lueur des flammes, elle déplie la lettre de Maryah, l’émotion de l’avoir déjà eu en main passée, elle peut s’adonner à une nouvelle lecture du pli.




Je ne pourrais que te suggérer de l'accompagner. L'homme en question est un ancien Mercenaire, il a quelques difficultés avec l'affection et l'attachement. Il est un peu ... rustre. Moi je l'appelle l'Ours, il peut être doux et réconfortant, aussi bien que piquant et menaçant. Sa froideur n'a d'égal que sa fierté. Il se positionnera en donneur de leçon mais n'acceptera jamais d'en recevoir une. Il est vite dérangé par le bruit ou la foule. Il est constamment sur ses gardes, prévenez avant de débarquer, ou attendez vous à un accueil glacial.
Il a une autre fille, Appollina avec qui les retrouvailles se sont assez mal passées. Catnys devra accepter qu'il la critique et lui dise ses 4 vérités en face, sans jamais répondre. Il prendrait ça pour un affront, se remettrait en posture de mercenaire, et tout finirait trop mal.
J'espère qu'elle saura être douce avec son vieux père.



Pourquoi rien ne l’étonne dans ce qu’elle lit ? Un ours... solitaire... qui s’attache difficilement... fier... qui n’aime pas la foule, le bruit... des traits de caractère qu’elle connaît si bien, la foule le bruit la font fuir, elle se pose en observatrice silencieuse jusqu’au supportable pour mieux quitter si cela dure trop longtemps, préférant s’isoler, souvent dans les écuries.Si elle crée des liens, elle se rend compte que le détachement fait aussi partie de ses relations manière d’éviter de se mettre à mal, seule exception faite pour Anna, exprimer ses sentiments n’est pas une mince affaire pour la Rousse. Tout à l inverse de sa mère qui était une femme avenante, accueillante chaleureuse, toujours prête à tendre la main alors que Cat nourrissait une méfiance, presque sauvage à l’encontre de ceux qui s’approchaient trop près que ce soit pour recevoir ou donner.
Le regard perdu dans les flammes dansantes, elle songe à sa mère...Comment pouvait-elle avoir plus de points communs avec un homme qu’elle ne connaît pas qu’avec sa mère qui jamais, jusqu’à sa mort, ne s’était éloignée, s’était occupée d’elle aimante et bienveillante cette femme qu’elle admirait tant, justement pour leurs différences. Elle était indulgente face au caractère de Cat, son besoin de liberté, son indépendance, son goût des armes pourtant Dieu sait qu’elle les détestait surtout quand Cat les avait en main, et n’hésitait pas à défier les garçons de son village.


Elle reprend sa lecture, ce qu’elle lit lui tire une moue sceptique, un brin contrariée. Elle conseillait à Rose de l’accompagner, la Rousse sait qu’elle ne le fera pas, elle a d’autres plans, et d’autres préoccupations, Claude en est une et la brune doit la rejoindre sans attendre, elle est cette autre qui la légitime, celle dont elle a besoin, pas question que Cat la dévie de sa route, ni l’une ni l’autre ne le lui pardonneraient. Et cette quête, elle a besoin de l’accomplir seule, Rose l’a sûrement compris.
L’autre point qui la contrarie, c’est ce conseil d’annoncer son arrivée, mais comment faire cela ? Lui faire parvenir un courrier ? Que pourrait - elle lui dire : « vous ne me connaissez pas, mais je suis votre fille, et je viens vous rendre visite» Elle ne peut pas s’annoncer sans prendre le risque qu’il lui demande de rester où elle est, sans même le voir, ce n’est pas concevable pour la rouquine, elle préfère se confronter à la réalité quelqu’elle soit. Elle ne s’annoncera pas, advienne que pourra...

Les mots de Rose au dos du courrier, sobres, efficaces, lui tirent les lèvres en un fin sourire, Cat en saisit tout l’importance du sens, « je sais, Rose...»
Rose
Irrémédiablement les jours défilent, se succèdent, s'enfilent comme des perles et elle ne touche pas terre. Ici à courir après ceci, de là à régler autre chose, la cadence bouscule ses habitudes, allant jusqu'à faire le mur la nuit pour retrouver une couche improbable qui lui aspire ce surplus d'énergie qu'on lui connait, qui absorbe la tension nerveuse qu'elle a accumulé ces dernières semaines. Elle ne prend pas le temps de se poser, pas le temps de dormir, de trop penser, si ce n'est à cette inquiétude qui lui ronge le creux du ventre, dévorant ses dernières forces.

Son visage se marque, ses traits sont tirés. Entre organisation et réorganisation la frontière est fine. Certains profitent de la fin d'année pour visiter une famille trop souvent oubliée, d'autre pour se rendre au monastère voisin pour faire le point, Sainte Illinda doit être comblée d'âmes repenties et elle, elle doit composer avec et remettre à plus tard ce qui aurait dut être fait plus tôt... Ça l'agace, elle est trop loin de ce que hier était, ce hier où elle ne devait penser qu'à elle et ses envies, sans penser aux conséquences, au petit bonheur la chance, n'ayant rien à perdre si ce n'est cette vie dont elle n'avait, de toute façon, rien à faire.

A présent elle avait l'intendance d'un groupe, elle devait penser au pluriel, mettre à l'abri d'autres qu'elle, aider, pousser, guider... Et puis, elle le savait, elle s'était affaiblit. Ça, encore, c'était à cause de Claude qui avait trop cru en elle et qui l'avait presque persuadée qu'elle en était capable. Seulement, ça, ça lui pesait et c'était bien plus lourd à porter que son casier judiciaire lui même. Avec tout ça, Claude, lui faisait payer son absence par une insoutenable ignorance... Elle savait faire, ça, Claude, lui faire tourner le sang en vinaigre. C'était pas la première fois qu'elle la mettait à l'épreuve, et, une fois encore, ça la rongeait, ça lui donnait froid et elle avait du mal à se concentrer sur autre chose, ce qui, pour l'heure, était inexcusable.

Chacun vacant à ses occupations, elle prit la poudre d'escampette pour s'isoler un peu. Elle en avait besoin, comme souvent, de s'écarter. Elle se surprit cependant à rejoindre cet endroit douillet qui la recevait souvent ces dernières semaines et s'assura qu'il n'y avait personne avant de violer l'antre et de s'y installer, espérant intérieurement que personne ne se pointe et la dérange... Elle quitta sa lourde cape, mit dans les braises les cailloux chauffants et, après s'être versé un verre de Côtes du Rhône, s'installa à la table. De sa besace, elle prit son nécessaire d'écriture et, sirotant quelques gorgées salvatrices et lâchant un long soupire, s'enquit à son courrier en retard. Quelques uns en tout cas, certains, resteraient en attente.

Le premier courrier serait à l'attention de Maryah...Elle s'applique à la rédiger, pèse ses mots avant de les coucher sur le papier qui se noircit difficilement...


Maryah,

C'est avec une once d’inquiétude que j'ai parcouru tes lignes. Ton hésitation, tes recommandations, le portrait que tu fais de celui que tu as pourtant aimé. Tout me met en alerte. Catnys n'a pas su attendre et a déjà prit la route depuis plusieurs jours. Je suppose que, si tout s'est bien passé, elle n'est déjà pas si loin de son objectif et, par conséquent, de ce père qui risque de ne même pas vouloir de sa présence.

Je ne sais pas comment elle pourra le vivre. Je la sais forte et faible à la fois. Même si je n'ai pas de doute qu'elle se relève d'une déception, je crains qu'elle ne s'enferme, plus encore, dans le carcan déjà étroit de ses désillusions. Elle veut croire que tout est encore possible, la vie n'a pourtant pas été tendre avec elle mais elle n'a pas encore découvert que c'est seulement sur soi même qu'on peut compter.

J'espère qu'il ne l'abimera pas plus qu'elle ne l'est déjà...

Mes affaires m'ont empêché de l'accompagner, à regret, je l'avoue. J’espérais même qu'elle attendrait un peu, mais, comme le père que tu décris, elle est impulsive et peu contrôlable. Enfin, elle garde encore un lien avec moi et m'a déjà donné des nouvelles en réponse à ton courrier que je lui ai transmit.

Pour ma part, je suis, comme toujours, sur les routes et n'ai pas d'endroit fixe, aujourd'hui en Armagnac, demain en Guyenne, peut être bientôt en Bourgogne... qui sait ? ...

Ceci dit la perspective d'une soirée arrosée en ta compagnie serait un réel plaisir, d'ailleurs, si tu veux nous rejoindre et faire quelques lieues en notre compagnie, je te recevrais avec plaisir, à savoir que oui... toujours en activité. Peut être même plus que jamais.

En attendant de te relire et en te remerciant d'avoir mit Catnys dans la bonne direction...pour moi, pour elle...

Rose.


Elle souffla sur la page pour faire sécher l'encre avant de la plier soigneusement et la posa sur le côté de la table, prêt de la bouteille de vin qu'elle prit pour réajuster le niveau de son verre. Se calant contre le dossier de son siège, elle le sirota dans un silence apaisant, lâchant un regard circulaire sur les lieux, seuls témoins de ses dernières nuits. Elle enroula ses doigts fins autour de son godet pour le porter à ses lèvres, pensive, tirant sa besace pour en tirer le courrier que l'intrépide rousse lui avait envoyé la veille...Lentement, elle le parcouru à nouveau, les sourcils froncés, le regard sombre...

Rose,

Nous sommes dans le Limousin, Le Rouergue est derrière nous , pas d'annonce d'un nouveau procès, nous avons réussi à être suffisamment discrète, gageons que tout se passe au mieux.
Je vais donc à Nevers, comme tu t'en doutes, Je tacherai d'être prudente...Je connais les risques que j'encours, la route, les armées, l'éventuelle déception de ce que je trouverai au bout du voyage...S'il m'arrivait quelque chose, j'en suis la seule responsable, ne t'en accable pas, jamais. Maryah te conseille de m accompagner, ne change rien à tes plans, il s agit de ma décision, je ne veux faire prendre de risque à personne, et puis Claude t'a assez attendue, j ai l intuition qu'elle a besoin de toi, plus que moi aujourd'hui. S'il arrivait quelque chose, je m'en voudrai et je sais que ni Claude, ni toi ne me pardonnez, je ne veux pas porter cela.

Sois prudente toi aussi. Mes pensées t'accompagnent, embrasse Claude quand elle sera près de toi.

Cat.

PS: Remercie Maryah pour sa réponse et ses précieuses informations, sans elle je partais pour la Savoie, Je ne sais si je dois me réjouir ou m'inquiéter du portrait qu'elle dépeint de lui. Je jugerai sur place, me ferai ma propre opinion sur l'homme. Merci encore pour tout ce que tu as fait, tout ce que tu fais pour moi. Je t'en suis reconnaissante, aujourd'hui et à jamais.


Elle savait s'entourer, Rose, elle devait bien se rendre à l'évidence, elle ne savait pas faire autrement que de trouver les pires emmerdeuses du royaume comme compagnie et pire, elle s'en sentait comme responsable. Les gens lisses la révulsait, elle les trouvait plat, sans saveur et seuls les gens surprenant, avec une réelle consistance savaient capter son attention. Catnys en était la preuve vivante. Elle, tout comme Claude, lui donnait envie, à contrario, de leur couper la langue, les doigts aussi, elles la faisait sortir de ses gongs et éprouver des sentiments si contradictoires... Des sentiments, qui, finalement, la rendait si vivante. Autant elle leur en voulait, autant elle devait bien s'avouer qu'elle aimait ça, leur indépendance, leur différence...

N’empêche que sa protégée se jetait, peut être, dans la gueule du loup et ça n'avait rien pour apaiser ses tensions du moment. Elle se lève, arpente de long en large l'endroit, se torture un peu plus, luttant entre l'envie de la laisser se débrouiller et celle, encore plus forte, de s'en mêler, au moins un peu, par précaution, de loin, discrètement, juste au cas où, pour assurer les arrières de la rouquine.

D'une main elle caresse les draps encore en bataille de la nuit précédente, s'assoit sur le bord du lit puis, n'y tenant plus, retourne prendre sa plume, une page vierge et lâche quelques lignes. Froides. Impersonnelles.


A vous, Torvar
De Rose C.

Une jeune femme, Catnys, fait actuellement route dans votre direction.

Elle se présentera comme étant votre enfant. Je sais que vous connaissez déjà son existence et ne pouvez la renier.

Merci de lui réserver le meilleur de vos accueils.


A défaut d'aller elle même empoigner le type pour qu'il assume sa paternité et ne déçoive pas Cat, elle se devait de l'avertir quand à la nature de ses prochains jours...

Les deux missives en sécurité dans sa besace, elle s'enroule dans sa cape et part, laissant là juste les effluves de son parfum et son verre à demi entamé, à la recherche d'un messager qu'elle mandate sans un sourire.

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Torvar
Les chevaux étaient plus importants que tout surtout à cette époque de l’année. L’hiver s’était installé et avec lui le froid donc Torvar avait décidé de faire revenir les montures sur le domaine dont il avait la responsabilité. Les écuries étaient plus spacieuses que sa vieille grange et Snih ainsi que Vorobeï seraient mieux lotis. Sans oubliez la dernière acquisition du cosaque, un couple de rennes obtenu après bataille auprès d’un marchand tartare ambulant. C’était qu’il l’avait vu venir le gaillard et après lui avoir acheté quelques chemises en soie brodée qui lui rappelaient largement ses terres natales, Torvar s’était mis en tête d’obtenir les deux cervidés. Et ce que Torvar voulait, Torvar l’obtenait ! Donc après des heures de marchandages, de dégustation de gorsalka et de tord boyaux comme on n’en faisait que là-bas, le cosaque décrocha la timbale. Deux magnifiques rennes qui ne demandaient pas mieux que de suivre un nouveau maitre sans plus avoir à porter de lourds fardeaux sur leur dos... c’était Byzance et notre Torvar s’en rentrait donc sur les terres de Cheny pas peu fier comme un paon …

Chevaux, rennes et chien battaient la campagne bourguignonne. Quel étrange convoi en cette fin de décembre qui intriguait bien des paysans qui préparaient les festivités. Les œillades étaient curieuses voir pour certaines moqueuses quant à quelques unes, elles étaient carrément effrayantes. Mais rien n’aurait su entamer la bonne humeur de Torvar, rien n’aurait pu déranger notre cosaque sauf peut être l’arrivée d’un oiseau de mauvais augure… Lecture faite du courrier, voilà que le cosaque cracha au sol en lâchant quelques jurons en sa langue maternelle qu’il valait mieux ne pas faire écouter aux oreilles chastes qui l’entouraient. Posant pied à terre à peine arrivé que Torvar confiait les brides de Vorobeï au vieux palefrenier qui lui avait tout de suite inspiré confiance lors de leur rencontre la première fois que Torvar avait mis les pieds à Cheny. Loin de s’imaginer lui imposer quoi que ce soit, le vieux guerrier avait vite compris que l’âge faisait son œuvre chez le bonhomme et qu’il en connaissait un rayon sur les chevaux. D’ailleurs, l’un et l’autre passaient de longs moments à deviser sur la vie de ces quatre pattes qui étaient chers à leur cœur respectif. Un remerciement de la tête à Passepoil et voilà Torvar qui filait déjà droit dans la grande salle afin de lire et relire ce courrier qui était venu l’importuné. Et le ton quant à une éventuelle réponse fut donné.


- Mais de quoi je me mêle !

Quand on ne connaissait pas le cosaque, il valait mieux prendre des pincettes et là, c’était carrément un ordre qui lui était donné quant à ne pas renier sa fille. La pauvre fille qui lui avait écrit se serait vu recevoir une bonne paire de baffes si elle avait tenu de tels propos sous son nez. On ne dictait pas sa conduite à Torvar, on lui suggérait gentiment mais gare à ne pas dépasser les limites. Elle en serait pour ses frais. Réponse obligeait.



Je n’ai de conseil de personne à recevoir concernant ma vie et ce que je dois faire quant à ma fille. Et ne venez pas me chanter que vous avez les meilleures intentions du monde la concernant, j’en ai rien à carrer. A l’âge qu’elle a, Catnys est bien assez grande pour savoir se présenter toute seule et si ce n’est pas le cas, tant pis pour elle, vous avez raté l’occasion de vous taire et vous faire discrète. Pour votre gouverne, sachez donc que si j’ai envie de l’envoyer paitre je le ferais et si je n’ai pas envie de la reconnaitre, il en sera de même. Que je sache, nous n’avons pas gardé les moutons ensemble et vos conseils ou plutôt devrais-je dire vos commandements vous pouvez vous les coller où je pense !

A bon entendeur, salut !


La lettre fut signée pour ne pas dire gribouillée. Il était au courant depuis quelques années déjà de l’existence de Catnys. Il n’avait pas eu le choix, ne pouvant l’ignorer puisque Rosaline lui avait écrit pour le prévenir qu’il était père. Il avait trouvé dommage qu’elle ne le fasse pas plus tôt même si, au final, cela n’aurait pas changé grand-chose… Torvar n’était pas, à l’époque, véritablement abordable et avoir une famille ne faisait pas partie de ses projets même si quelques temps plus tard Apollina naissait… Le cosaque renvoya donc l’oiseau d’où il venait puis fila jusqu’à l’écurie afin de brosser Vorobeï. Au moins, il calmerait la fureur qui commençait à monter en lui en attendant de voir si sa fille avait assez de tripes pour se présenter à lui sans qu’on lui tienne la main ou lui mouche le nez. Mais ça c’était encore à voir !

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Une idée, une envie d'un RP ? N'hésitez pas, je ne mords pas.
Catnys
Des jours maintenant qu’elles sont arrivées à Nevers, des jours consacrés au repérage des lieux, la rousse se familiarise avec la ville, et ses alentours ses habitants, épie les passants dans les rues, peut être en fait -il partie... Elle s’est installée avec sa soeur dans une auberge, espérant rencontrer des personnes qui le connaîtraient, qui pourraient la renseigner sur l’homme et lui permettre d’adapter son approche. Mais rien, elle fait chou blanc, même le tribun semble ignorer son existence. Maryah l’a décrit comme un ours solitaire, elle n’a pas menti, il ne semble pas être pilier de comptoir.
Pilier de taverne, elle l’est depuis son arrivée, espérant que la providence qui l’a amenée jusqu’ici, ne la lâche pas encore aujourd’hui et le lui mette sur sa route, mais elle doit se rendre à l’évidence, ce n’est pas ainsi qu’elle le trouvera, ce n’est pas son destin , alors elle doute, remet à plus tard... Durant ces derniers jours, elle a entretenu l’illusion qu’elle n’est que de passage, repoussant le moment décisif auprès d’éphémères rencontres. Ces nouveaux compagnons partis, c’est le retour à la réalité et avec elle l’objet de sa venue à Nevers.

Nouvelle matinée, Cat se lève, avec un sentiment de vide, rien aujourd’hui n’animera sa journée et lui permettra de patienter, de croire à une éventuelle rencontre fortuite. Les ablutions du matin faites, le ventre rempli, les taches auprès de l’enfant effectuées aussi, il ne reste plus qu’à laisser le temps filer, la rousse tourne en rond dans la chambre de l’auberge, faisant des allers et retours à la fenêtre, épiant les passants, imaginant la vie des uns et des autres, extrapolant sur l’identité de certains. Anna aussi commence à s’impatienter, la harcelant de questions, auxquelles elle n’apporte que des réponses évasives. La rousse, les nerfs à fleur de peau, réprimande Anna, s’agace de l’énergie dépensée par la gamine pour attirer son attention, tantôt courant dans la chambre en chantonnant, tantôt en asticotant le chien tranquillement posé près de la cheminée, ou encore en sautant sur le lit.

« Anna ! Arrête ça !»


« Mais je m’ennuie...»
elle s’assoit sur le bord du lit, boudeuse, le regard posé sur Cat « C’est quand qu’on repart ? C’est quand qu’on retrouve les autres ? Et qu’est ce qu’on fait ici ? Pourquoi on est pas parties avec Marc, il était gentil lui ? »

Les mots d’Anna l’irritent, elle a raison la petite, il est tant que ça bouge, qu’elle prenne les choses en main, elle aurait pu fuir la confrontation et reprendre la route, pourquoi pas avec Marc et Andréa, mais elle n’a pas fait ce choix, car sa place est ici, et c’est maintenant le moment. Un fin sourire anime son visage, la petite a pris le goût de la route, de la vie en groupe, dés qu’elle restent trop longtemps au même endroit, Anna a des fourmis dans les pattes autant que Cat.

« Tu as raison Anna, je dois régler cette affaire au plus vite, et je déciderai après de ce que nous ferons, tu vas rester ici avec les gosses de l’aubergiste, je reviens au plus vite.»


Le froid est mordant dehors, elle serre sa cape contre elle, et abat sa capuche sur sa tête, la rousse prend le chemin indiqué par Maryah, elle le connait maintenant pour l’avoir fait à plusieurs reprises, en repérage, et pour s’assurer sa présence, il était là, des signes de vie sur le domaine ne trompent pas, même si à aucun moment, elle ne l’a aperçu. Le vent glacial lui pique les joues, et malgré sa marche rapide, des tremblements incontrôlables l’animent le froid en est une cause, mais aussi et surtout le trac de l’inéluctable rencontre, cette fois elle ne reculera pas. Il faut qu’elle sache, qu’elle s’y confronte. Le chemin au travers de la forêt lui parait interminable, mais pourtant tout son corps réagit à mesure que ses pas la rapproche du lieu. Une crampe au ventre l’assaille, elle a beau respirer profondément, rien n’y fait.
Elle y est, regard alentours, elle a vu des jours plus tôt des chiens, mais là rien, tout est calme, Cat profite de cette pause, pour faire le vide dans sa tête, se concentrer, se rassurer en se motivant sur la visite à un ami, mais c est son corps qui l’inquiète, si elle sait maîtriser ces émotions sous un masque impassible, elle a beaucoup de mal à contrôler les sensations physiques qui l’ assaillent, nouvelles profondes respirations, et nouvelles enjambées dans le domaine la rapprochant encore un peu plus de la bâtisse.
La rousse se félicite d’avoir laisser Anna à l’auberge, elle a assez à faire avec elle même, et ne sachant pas l’accueil qui lui sera réservé, elle ne veut pas qu’Anna en soit le témoin, encore une fois, elle se doit de la protéger, la gosse doit garder l’image de sa soeur forte, sur qui elle peut compter. Et Cat, en ce moment précis, se sent en insécurité, fragile, à cause de toutes les émotions qui la tiraillent, mais aussi parce qu’elle se trouve sur son territoire, maître des lieux, ayant tous pouvoirs ici, et sur elle. Elle aurait tant préféré la rencontre dans un lieu neutre... ce n’est pas le cas, elle doit composer avec, trouver la force d’affronter son angoisse grandissante.

C’est là qu’un chien aboyant de manière menaçante fait son apparition et accourt vers la rouquine, une chance que le sien ne l’accompagne pas, la situation aurait été des plus délicates, une chance aussi qu’elle connaisse les chiens, bien sûr pas celui là , et pour lui elle est une étrangère sur son territoire, mais ce qu’elle sait c’est que moins elle lui montrera sa peur, plus elle le tiendra à distance. Cat ne se laisse pas démonter, et s’aventure même à un ordre autoritaire et ferme à son encontre : « Pas bouger !» qui ne tente rien n’a rien. Le chien continue de lui aboyer dessus mais ne s’approche plus, tout en le surveillant du coin de l’oeil, elle s’approche de la porte.
Sa main atteint l’anneau de fer sur la porte et l’actionne de trois grands coups percutants. Elle y est, plus question de fuir, encore moins avec ce chien dans le dos, le souffle court, le palpitant bat à tout rompre, tout comme cette veine dans sa tempe.
Alors, qu’elle attend la réponse, elle abaisse sa capuche, révélant sa crinière flamboyante, son visage aux traits fins, son teint blanc pigmenté de quelques taches de rousseur et aussi légèrement rougi sur les joues et le bout du nez par le froid, ses yeux verts qui laissent transparaître bien malgré elle toute l’appréhension que l’on peut imaginer en telle circonstance. Seuls ses yeux la trahissent car l’expression qu’elle affiche ne montre aucune émotion au prix d’une énergie qu’elle ne pensait pas pouvoir trouver.
Torvar
Raspoutine s’en donnait à cœur joie. Torvar avait laché le molosse dans la cour de la petite demeure qu’il occupait encore à Nevers. Il aimait bien ce petit coin bien à lui et les chevaux y avaient leurs habitudes. Snih allait et venait dans l’enclos la journée sous l’œil bienveillant de Vorobei. L’ainé s’était habitué au jeunot malgré le fait qu’il courait dans tous les sens. Il respectait le vieil équidé et ça, ça n’avait pas de prix aux yeux du cheval. Un tantinet orgueilleux le Vorobei, un tantinet content d’être le préféré et fier de garder sa place… Bref, Raspoutine lui était unique et le faisait savoir. D’ailleurs, heureusement qu’il n’y en avait pas d’autres des comme lui sinon Torvar deviendrait fou. Les aboiements du chien ne voulaient pas cesser et le cosaque hurla un ordre dans sa langue maternelle tandis qu’il se servait un verre de sa boisson fétiche histoire de se protéger des microbes de l’hiver. Vieille méthode de son pays qui pouvait être discuté mais qui au final préservait Torvar.

Donc le verre servit entre ses doigts se portait à ses lèvres quand les coups portés à la porte retentirent. Geste suspendu quelques instants avant d’avaler le contenu du godet d’un trait, le cosaque se retourna en faisant claquer le verre sur la table tandis qu’il se rendait vers la porte. Pas forcément de bonne humeur d’être dérangé en matinée, le cosaque avait figé un masque de mauvaise humeur sur son visage aux traits marqués par le temps et la main se fit ferme tandis que la porte elle-même vola.


- C’est pas une heure pour déranger les gens…

Charmant à souhait l’accueil du cosaque, il savait se faire apprécier dès l’instant où on le rencontrait. Mais bien vite, il masque s’assombrit tandis que ses pupilles analysaient la jeune rousse qui était devant lui… Froncement de sourcils tandis que les mâchoires se contractaient machinalement et que le passé revenait le hantait. Il se souvenait encore des mots écrits dans le courrier de Rosaline, de cet aveu qu’elle lui avait fait avant de lui annoncer qu’elle allait mourir. Elle lui laissait une fille… grande déjà… et il devrait se démerdait avec ça. D’ailleurs sa réponse avait été vite renvoyé mais que dire, que faire… Catnys était sa fille d’après Rosaline et il n’était pas question au cosaque d’en douter. Il avait connu la douce Rosaline jeune et innocente, il l’avait aimé à sa façon, sans rien lui promettre, trop accaparé par ses activités de mercenaire mais il aurait aimé être averti de cette naissance, pouvoir profiter du nourrisson même si elle était une fille… puis il y avait eu Apollina par la suite… la vie de famille s’était installée d’elle-même aux côtés d’Aelis et de leur fille. Mais s’il avait su… Mais voilà, Torvar n’avait rien su sur le moment. Rosaline avait préféré se taire et lui avait passé son chemin… Aujourd’hui le passé revenait frapper à sa porte mais au contraire de sa rencontre avec Apollina qui avait senti le souffre dès le départ, Catnys lui offrait un visage bien loin de la haine de sa seconde. Reprenant un peu sa respiration, tentant de garder son calme le cosaque ouvrit grandement la porte.

- Je pensais que tu viendrais plus tôt… Tu as mis le temps à te décider. Les courriers me prévenant de ta visite ont été plus vite que toi…

Les choses étaient dites. Il n’avait pas à lui cacher que certaines personnes avaient pris la peine de le prévenir voir même de lui ordonner de la recevoir à bras ouverts. Pour un peu il lui aurait claquer la porte au nez mais il aurait eu l’impression de tourner le dos à Rosaline encore une fois et franchement, il n’avait pas le cœur à le faire. Pas aujourd’hui qu’elle n’était plus de ce monde et qu’elle ne pourrait se défendre. Prenant la direction de l’âtre, Torvar alla y mettre une buche afin de relancer la flambée matinale puis il montra les chaises d’un signe de tête avant de se diriger vers des brocs et des godets.

- Installe-toi et réchauffe-toi un peu. T’auras qu’à parler quand tu auras envie… en attendant, un peu de lait chaud ?

Il n’allait pas lui offrir de sa Gorsalka, elle n’aurait pas supporté de bon matin. Et puis l’habitude de Percy qui prenait un solide petit déjeuner avant d’aller faire ses corvées… foutue mémoire qui le ramenait constamment à ces gosses qui passaient dans sa vie sans jamais s’arrêter… celle-ci ferait-elle comme les autres ? Le regard de Torvar se glissa vers Catnys, le cœur serré devant la ressemblance qu’elle avait d’avec sa mère et qui ne serait plus jamais parmi eux… et aujourd’hui, prendrait-elle le risque d’être sa fille à lui aussi ?
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Une idée, une envie d'un RP ? N'hésitez pas, je ne mords pas.
Maryah
Là sous les étoiles, après avoir endormi les enfants avec une lecture bien choisie, elle se réchauffait au coin du feu, regardant le paquet de missives auquel elle n'avait pas donné suite. Pourquoi ? Parce que ces derniers temps elle avait eu envie de facilité, de douceurs, de simplicité. Tout était parfois si compliqué, et le courrier de Torvar laissait présager le pire. Allait elle encore tout perdre ? En même temps, cette fois ci elle ne se culpabiliserait pas. Elle était qui elle était, ni plus ni moins. La vie ne l'épargnait pas, et elle s'en sortait comme elle pouvait.

Aussi parcourut elle les autres missives, et un petit sourire s'échappa sur l'une d'elle. Adossée contre l'arbre, elle commença donc sa réponse :




Rose,

Désolée pour l'retour un peu long d'ton pigeon, mais les enfants s'amusaient bien avec. Bref j't'expliquerai tout ça plus tard. Avant que je n'oublie, je m'rends au tournoi du côté de Fribourg, j'vais m'y prendre un bel appart, grâce aux affaires qui marchent bien ; donc si tu veux passer tu y es la bienvenue. Par contre, préviens moi, parce que j'ai du mal à rester en place. 'fin là j'y suis au moins jusqu'au 20 ! Alors si t'as pas mieux à faire, l'invitation est là.

Comment vas tu ? Faut que je réponde à Shyrin aussi, j'ai cru comprendre qu'elle était en difficulté et que Justin allait la sortir d'un mauvais pas. Bon de mon côté, j'évite Justin ... 'fin non c'est plutôt lui qui m'évite. J'crois qu'il a honte de m'avoir connu. Bon tu m'diras on n'en est plus à ça près.

Et toi alors ? ça marche les affaires ? tu t'es trouvé des gens fiables avec qui travailler en toute confiance ? J'crois que j'vais remplir un ou deux contrats avant d'partir pour l'étranger ; on va bien réussir à s'croiser hein ! Pis parle moi de toi un peu, on s'connaît pas trop quand même !

Dis moi ... j'vais répondre à l'Ours mais bon ... il s'confie jamais à moi alors j'ai plus vite fait de te demander. As tu des nouvelles de la jeune Catnys ? Sais tu si les retrouvailles se sont bien passées ? Je t'avouerai que je suis pas bien rassurée moi non plus. J'espère qu'elle ne se sentira pas trop intimidée, et qu'il se montrera un peu moins Ours.

Si j'peux t'être utile, n'hésite pas,
Surtout si tu dois lutter à armes égales contre une lance de tonneaux pleins !
Hé hé


A bientôt,


Maryah

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Bannière réalisée par LJD Pépin_lavergne
Catnys

Bouche entreouverte, mots en suspens elle n’a pas eu le temps de se présenter, et l’accueil, l’entrée en matière de l’homme lui souffle toute envie restant interdite face à celui qu’elle découvre enfin.

- C’est pas une heure pour déranger les gens…

Elle ne peut s’empêcher de sourire intérieurement à ses paroles, rien encore ne parait sur son visage tant elle met d’effort à afficher une expression impassible, se garder des émotions, les enfouir au plus profond, pour ne pas se montrer fragile, ne pas laisser la place à ses faiblesses. C est souvent de cette manière qu’elle accueille les gens, de cette manière abrupte, froide, point de méchanceté là dedans, mais plus une carapace de défense, de la provocation pour connaître l’autre, savoir qui elle a en face d’elle, bien souvent elle leurs fait peur, ils fuient, la plupart du temps cela l’amuse, parfois cela l’afflige.

C’est le face à face tant attendu par la rouquine, elle le scrute, de cette manière bien à elle d’analyser, d’aller chercher l’information, l’humeur, ou une expression qui traduirait une émotion. Elle imaginait la surprise, la curiosité, la méfiance avant le rejet, mais elle ne voit rien de ça, à peine surpris, froncement de sourcil, machoires contractées en faisant le constat de la visite annoncée.


- Je pensais que tu viendrais plus tôt… Tu as mis le temps à te décider. Les courriers me prévenant de ta visite ont été plus vite que toi…


Les paroles de Torvar la figent, black out pour la jeune femme, et l’entrée dans une autre dimension, les pensées fusent, s’emmêlent. Encore une erreur de casting ? La prend –il pour une autre, peut être qu’il a mandé une fille de joie pour le sortir de sa solitude et qu’il prend la rousse pour celle qu’on lui aurait promise. Il lui faut trouver les mots pour rectifier le malentendu. Elle qui voulait jouer la carte de la surprise, c’est elle qui se trouve en pleine confusion. Répondant à son invitation, elle le suit machinalement à l’intérieur, s’approchant instinctivement près de la cheminée, espérant que la chaleur du foyer ferait son office et calmerait les tremblements qui l’animent plus que de raison. Dans son état d’hébétude elle a dû accepter le lait chaud, car elle se retrouve avec une timbale du liquide blanc en main, même si elle a plus besoin d’un remontant en l’instant.
Les mains crispées sur le contenant, elle l’observe à la dérobée, sa carrure imposante, les traits de son visage marqué par toute une vie, le temps a fait son ouvrage sur l’homme, une certaine rudesse s’exprime sur ses traits, et pourtant le regard qu’elle ose à peine croiser lui laisse penser, croire, que derrière la froideur il reste un peu de sensibilité. Elle a remarqué son accent, qui a l’oreille lui semble aussi dur, mais qui étrangement lui donne un sentiment de sécurité
Catnys aimerait que l instant se prolonge, tant que rien n’est dit, rien ne se fait, et elle vit le moment dans l’illusion d’une visite d’une fille à son père, sans attente, juste dans le bonheur pudique de se retrouver après une longue absence.
Le regard posé sur le lait chaud entre ses mains, un imperceptible sourire anime son visage, il est la preuve que Torvar ne se trompe pas, personne n’accueille une fille de mauvaise vie avec du lait. Etrange breuvage qu’il lui propose, en lien à l’enfance, liquide doux au palais, réconfortant, apaisant, il l’a ramène des années en arrière, alors que gamine elle allait quémander auprès de la vieille qui tenait la ferme voisine, au pis de la vache au moment de la traite, un peu de lait tout juste tiré. Elle se souvient encore du gout, de la tiédeur, et du sentiment de bien être à ce moment là. Elle a quatre ans, six ans, dix ans en cet instant précis où elle accueille la boisson dans sa bouche. Alors qu’elle pose à nouveau ses yeux sur lui, ne cachant plus son émotion, elle aimerait lui dire, qu’il lui a manqué , qu’elle aurait aimé le connaître plus tôt, qu’elle aurait aimé avoir un père…

« Vous savez donc qui je suis… »

Cette fois elle ne le quitte plus des yeux, posant sur lui un regard franc, sincère.

« Si j’avais connu vote existence plus tôt, vous auriez eu ma visite plus vite. On m a fait croire que mon père était mort, j’ai découvert dans les affaires de ma mère… »


sa voix s’étrangle un peu, elle lui en veut secrètement de ces choses cachées depuis si longtemps.

« que tout cela était faux. j’ai trouvé votre lettre, et j’ai pris la route de suite sans réfléchir plus, je voulais vous voir, savoir d’où je viens, connaître votre histoire, qui est aussi un peu la mienne… »


Elle déglutit pour tenter de faire passer le nœud dans sa gorge

« comprendre pourquoi elle m’ a mentie, privée d’un père, pourquoi vous avoir cacher mon existence »


Mais elle regrette presque aussitôt cet aveu, la réponse est peut être lui-même et son refus d’avoir une fille, une batarde. Elle se mord la lèvre, pensant qu’elle pourrait devoir faire face au rejet, elle repousse l’idée de toutes ses forces, après tout, il l accueille chez lui, elle, qui lui est encore qu’une étrangère.

Elle trempe de nouveau ses lèvres dans le lait encore tiède, boit doucement, contenance qu’elle se donne, et tentative d’étouffer les émotions qui l’assaillent. Et de nouvelles questions s’imposent à elle.

« Qui vous a prévenu de mon arrivée ? »


Maryah a précisé dans son courrier qu’elle ne voulait pas qu’il sache qu’elle est mêlée à la recherche de ce père, la seule et unique personne qu’elle a mise au courant est Rose, et la rousse ne peut y imaginer que cette dernière se serait mêlée plus de son histoire. Elle garde sur lui un regard bienveillant, sans reproche, il ne lui reste que lui, cet homme qui peut la reconnaitre, la légitimer d'être, elle s'efforce de garder cet espoir. Réussiront-ils à se rencontrer, à se retrouver, créer ce lien qui s'impose comme une évidence quand les êtres sont liés, l'absence trop longue aura t-il un effet néfaste à cette découverte de l'un de l'autre, sur ce lien qui n'est en rien une évidence.
Mais l'espoir est comme trois puces qui vous chatouillent, essayez de vous en défaire....
Rose
Parce que sa mauvaise humeur ne la quittait plus, parce que le courrier du type avait multiplié son mépris, elle l'avait froissé, déchiqueté, même, de colère, pestant intérieurement, envisageant la réponse cinglante qu'elle pourrait lui faire ou même mieux, la visite dont elle pourrait lui faire la surprise, un de ces jours, pour lui faire ravaler sa superbe et le ton arrogant sur lequel il s'était adressé à elle sur le papier. Tout transpirait la vanité et le dédain et l’orgueil, et ça, ça lui avait retourné les tripes tant l'envie était forte de lui arracher la langue avec les dents...Seulement, il y avait la rousse... Elle avait promis de ne pas s'interposer, de lui laisser mener ses affaires seules, elle avait se besoin de se réaliser sans l'ombre d'une présence, amicale ou hostile, juste faire ce chemin seule, et soupeser elle même du bien fondé de ses actions.

Pour sur qu'elle avait eut du mal à ravaler sa fierté, bien ou mal placée d'ailleurs, mais elle avait dut prendre sur elle pour ne rien faire, ne rien dire, ne pas épancher sa colère dans ce sens. Quoi qu'il en soit, elle trouverait de quoi se défouler ailleurs, elle pouvait vivre avec ça, au moins un temps, jusqu'à ce que l'occasion se présente enfin de pouvoir dire à ce rustre ce qu'elle pensait de lui et de ses commentaires déplacés... Seules les montagnes ne se rencontrent pas, elle en était convaincue et, elle avait la mémoire et la rancœur tenace notre Rose...

Les jours filèrent sans que finalement elle n'y attache plus d'attention et finit par se décider de répondre au courrier que Maryah lui avait envoyé quelques jours plus tard. Après avoir griffonné plusieurs pages qui finirent au feu, elle finit par relire celle qu'elle fit partir par pigeon quelques heures plus tard...




Maryah

Comme tu as dut le voir, Fribourg n'est pas dans mes projets immédiats, ni même dans ceux à longs termes ceci dit. Je coule une vie calme et paisible sur les chemins avec un ou deux "amis", on fait, comme on appelle ça dans le jargon du "tourisme" et j'y prends un certain plaisir je crois.

De mon côté, je n'ai plus jamais eu aucune nouvelle de Justin, je n'ai pas non plus cherché à en avoir, je ne crois pas qu'on ai été à un seul moment compatibles de toute façon, et pour ce qui est de Shyrin, j'ai un peu de mal à me souvenir de qui elle est. J'ai un mal fou à relier visage et nom des gens que je croise peu de temps. Quant à la honte que Justin pourrait avoir de t'avoir connu, je ne sais pas comment il pourrait la justifier, il a toujours eut terriblement d'affection pour toi malgré les grands airs qu'il veut se donner.

Pour ce qui est des affaires de Catnys, je n'en sais pas plus. J'ai envoyé un courrier au père pour annoncé son arrivée et il m'a renvoyé un torchon pour tenter de me remettre à ma place, un truc bien agressif qui m'a fait, sur le coup, bien bouillir le sang...Pas la peine de te dire que désormais son sort m'importe peu, mais si jamais j'apprends qu'il a fait du mal à Cat de n'importe quelle manière que ce soit, je mettrais le temps qu'il faudra mais je le lui ferais payer cher...

En attendant d'en arriver là, pour peu qu'on y arrive, prends soin de toi et si jamais tu as besoin, n'hésite pas à me contacter...

A bientôt.

Rose

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Catnys
Long silence, trop long, à se jauger, elle regrette déjà sa dernière question, car au fond, elle s’en carre de savoir qui a annoncé sa visite, elle est là dans son antre sur son invitation, c’est ce qui compte. Elle est convaincue qu’il doit s’agir de Maryah, Rose prônant la discrétion et surtout de ne jamais se mêler des affaires des autres est, dans l’esprit de la rouquine, forcément exclue de cette initiative, elle n’a pas pû s’immiscer dans ce projet qui lui tenait tant à coeur. Source pour elle de tant d’incertitudes, et d’angoisse, Rose ne peut pas avoir pris le risque de tout faire capoter. En ça la Rousse n’y croit pas un seul instant.

Elle secoue la tête en revenant sur ces derniers mots : « Je m’en carre en fait de savoir qui . Ce qui m’importe c est de savoir ce que la nouvelle vous a laissée comme impression.»

Elle prend le risque d’entendre ce qu’elle redoute le plus, mais plus vite elle sera fixée, plus vite elle lâcherait ses illusions, d’avoir une famille, un père tout du moins, d’appartenir, ou bien le contraire et se laisser la liberté d’en apprendre plus sur lui, sur les siens, ceux qui ont jalonnés sa vie. Peut être pourront ils alors tenter de tisser ses liens qu’unissent une fille à un père, et vice versa.

Cat ne le lâche plus du regard épiant chacune de ses réactions, pour tenter de deviner son état d’esprit. Elle se sent, petite, fragile, à la merci de cet homme, et refoule ce sentiment qu’elle répugne. Si la maternité est instinctive, la paternité s’apprend, le père doit «apprivoiser» le petit d’homme, à moins que ce soit l’inverse. Elle imagine bien que pour lui, la paternité envers cette jeune femme de dix huit ans est loin d’être naturelle, il n’en est pas responsable, mais elle ne l’ est encore moins, soumise au désir de sa mère de garder sa naissance secrète. Secret qui reste encore pour elle un mystère.

« J’aimerais que vous me racontiez, votre histoire avec ma mère, que vous m’expliquiez pourquoi ce secret. Elle ne m’a rien laissée, mais peut être que vous ... vous le comprenez ? Je reveille sans doute des choses du passé, qui ne vous sont pas forcément agréable, mais j ai besoin de savoir. Imaginez ma stupeur lorsque j’appris que j’avais un père, bel et bien vivant, près de qui j’aurai pu si j’avais su, vivre, apprendre...»
plus bas « aimer aussi» reprenant le ton normal quoiqu’un peu serré « alors que j’ai fait cela seule...»

Aimer... sans doute sa vie aurait pris une autre tournure, lâchant cette méfiance si pregnante, cette hargne aussi en la vie. Mais ainsi en avait décidé l'univers, on ne peut revenir dessus, juste composer avec maintenant. La pensée de toutes ces années perdues, assombrit son regard, mais une petite voix chante dans sa tête, un réconfort « Flanche pas, c est pas le moment, tu crois qu’il voudrait d’une larmoyante? Aller, relève la tête, redresse toi, ravale ta fierté, sois forte, tout ce qui ne tue pas rend plus fort, alors quoiqu’il te dise, tu continueras d’avancer, riche de cette rencontre.»
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