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[RP] Une vie... une quête.

Catnys
Une urgence, un imprévu, un devoir, la Rousse ne sait plus, toujours est-il qu’une priorité a fait passer la balade à cheval au dernier plan des obligations du Cosaque. Elle n’a rien dit, rien objecté, et espère avoir réussi à cacher sa déception, à quoi bon... Une bonne dose de résignation s’est abattue sur elle, et dans l’instant qui suit la porte refermée sur son père, elle a regagné sa chambre, laissant Ana à son petit déjeuner. Les besaces posées sur le lit, elle les remplit de leurs affaires, en peu de temps, elles repartiraient aussi peu chargées qu’à leur arrivée, peut être quand même avec un poids en plus.

Les gestes sont vifs, ses émeraudes ne sont plus, elles se sont teintées de ce gris sombre de ses mauvais jours. Faut bien qu’elle se rende à l’évidence... L’évidence, c’est bien ce qui manque à cette relation, aurait t’elle pu s’imposer si la rencontre avait eu lieu bien plus tôt, qui sait? Ils ne sont ni l’un ni l’autre responsables de la situation, pourtant elle ne peut s’empêcher de se poser la question, aurait -il pu la regarder autrement qu’une étrangère, aurait il su reconnaître en elle un peu de lui, et accepter de la faire entrer dans sa vie, s’il était venu la chercher lorsqu’il a découvert la vérité, si sa mère avait partagé encore plus tôt son secret? Toujours les mêmes questions inutiles et sans réponse...Les faits étaient là, elle n’a pas su créer ce lien, elle lui ressemblait pour ça, la réserve, la méfiance, la fierté, et ce besoin de ne dépendre de personne, autant de barrières qui les empêchaient d’aller l’un vers l’autre.

A son arrivée, elle lui avait dit ne rien attendre de lui, aujourd’hui elle sait qu’elle l’a fourvoyé, qu’elle sait elle même fourvoyée... Au delà de la reconnaissance, la Rousse espérait cet attachement naturel qui lie un enfant à son parent. Ce besoin de veiller l’un sur l’autre, de le protéger, cet attachement il est là pour elle, bien ancré dans ses entrailles, sans pour autant pouvoir le lui exprimer. Et comme à chaque fois qu’une situation lui échappe, elle préfère fuir, partir sans se retourner. Aujourd’hui n’échappe pas à la règle, les liens des besaces bien noués elle les passe en bandoulière une sur chaque épaule, et ressort de la chambre, déterminée, elle sait désormais que sa place n’est pas ici, dans cette vie pour le moment, il est trop tard, ou trop tôt, allez savoir..

Sur un écritoire, elle s’empare d’un parchemin, la mine de plomb noircit peu à peu le velin. Elle cherche ses mots, rature, recommence. La tache est laborieuse pour la Rousse, peut être valait il mieux la confrontation.





Cher Père,

Il est temps pour moi de reprendre la route. J’ai reçu des nouvelles de mes compagnons, il me tarde de les rejoindre.
Vous nous avez offert le gîte et le couvert, pour cela je remercie votre générosité, mais je ne veux pas en abuser, et ne veux plus être une charge pour vous. Je dois retourner à ma vie, trouver un endroit où m’installer.
Quand je suis arrivée, j’étais comme une enfant qui voulait croire aux belles histoires. Et dans la plus belle, j’imaginais qu’il suffirait d’un regard pour que vous me reconnaissiez, pour que vous acceptiez que je fasse partie de votre vie... c’était une bien belle histoire. J’imagine le rictus moqueur au coin de vos lèvres en lisant ces lignes. Je sais que la réalité est toute autre, nul besoin de me le rappeler ou de m’en faire la leçon, la vie s’en charge un peu plus chaque jour. J’avais juste envie d’y croire, faut il me blâmer pour cela?
Sachez que moi je vous reconnais, tel que vous êtes,et c’est bien pour cela que je pars, je ne veux vous obliger à rien, encore moins à changer. Je vous reconnais, même s’il sera sûrement difficile pour moi de vous appeler père, du moins pour le moment.
Peut être un jour, serez vous prêt, ou en aurez vous envie... ce jour là... je serai là.
Prenez soin de vous.

Catnys


Elle pose l’écrit sur la table, avant de se tourner vers Ana, qui observe son manège depuis un moment.


« Il est temps de reprendre la route, de retourner vers les autres. Qu’en dis tu ?»


Question, qui n’en est pas vraiment une, la décision est prise, et ne laisse que peu de place à l’opinion de la petite. Elle ouvre la porte et siffle le chien Thor, en attrapant la cape de la Gamine accrochée au mur.
Torvar
[Bien des mois plus tard..., du côté de Cheny... ]


En plein milieu du bourbier bourguignon, Torvar avait reçu un courrier... étonnant surtout lorsque l'on connaissait l'expéditeur... sa fille, la dernière qui lui restait en vie puisque Apollina ne donnait plus signe de vie depuis bien longtemps... Donc Catnys lui avait écrit et Torvar en resta surpris un moment mais il plia soigneusement le vélin pour le mettre dans la poche de son gilet, là près de son coeur, afin de répondre plus tard, lorsqu'il serait plus serein... Après la guerre menée contre l'Empire et l'arrivée de Cecy. Et un soir qu'il se trouvait de retour sur ses terres à Cheny, il prit la plume et fit réponse non sans avoir pris le soin de relire la missive.

Citation:
A vous Torvar,
Mon père,


Des semaines, des mois peut être que je n'ai plus de vos nouvelles, je ne vous en ferai pas le reproches, je ne vous en donne peu de mon côté.
Pourtant ce ne sont pas les pensées qui font défaut, souvent je pense à vous, je vous espère en bonne santé, et je repense à mon séjour à Nevers. Il me laisse le gout amer d'un rendez vous manqué, et de l'inachevé. Je retourne tout ça dans ma tête, et je me demande ce que j'aurai dû ou pû faire, pour que les choses soient tout autre. Peut être me direz vous, que je n'aurai dû ne pas me sauver comme je l'ai fait, mais il m'a semblé que ce n'était pas le meilleur moment pour vous, si bon moment il existe.

Je n'ai pas pour habitude de m'imposer, pourtant je l'ai fait par ma présence chez vous, mais je ne pouvais laisser mon audace faire durer plus longtemps.
Avec du recul, je me dis que nous nous ressemblons plus que nous le supposions, nous avons la même froideur, distance qui vient de l'Est peut être ou tout simplement des déboires de la vie, qui sont sans contexte surement plus nombreux pour vous que pour moi, mais déjà trop pour faire des dégâts. Je n'ai pas su vous dire combien il m'importait de vous savoir dans ma vie, combien j'avais envie de ce lien qui aurait pu nous unir. Et aujourd'hui, je ne sais comment m'y prendre. Je reste persuadée que si vous m'aviez trouvé plus jeune, ce lien aurait pu être l'évidence que nous ne savons, ni vous, ni moi voir.

Je me suis sauvée avant que vous me rejetiez, la blessure aurait été trop grande, mais je me dis que j'ai sans doute, par faiblesse, capitulé trop vite. Mais au fond, qui ne nous deux craignait le plus l'abandon, à tant résister n'est ce pas cela que vous me signifiez ? A quoi bon vous attacher, si c'est pour que je vous laisse à mon tour. Je m'aperçois que malgré moi je vous ai donné raison. Je vous ai abandonné moi aussi, et je m'en veux, Père, car il n'était dans mon intention de vous le faire croire.

J'aimerais que vous me donniez de vos nouvelles de temps en temps, que vous me racontiez ce qui fait votre vie. Prenez soin de vous, cela m'importe, croyez le.

Votre fille, Catnys
.




A ma fille,
la seule qu'il me reste, la bien nommée Catnys.

J'ai été fort surpris de découvrir ainsi un courrier de ta part mais c'est le propre de la femme, de surprendre les pauvres êtres que nous sommes, nous les hommes alors j'ai lu... et relu... et j'ai pris le temps de te répondre. Non pas que je ne le souhaitais pas mais comme tu as pu l'entendre au travers du royaume, la Bourgogne a été malmenée et nous sommes rentrés en guerre contre l'Empire. Un moment désagréable à passer, quelques meurtrissures de plus et voilà que j'ai levé le camp depuis peu pour revenir sur mes terres de Cheny dont je t'avais ouvert les portes dans un précédent courrier...

Donc aujourd'hui, je peux te répondre plus sereinement même si je me demande si la plenitude est de mise entre nous... je pense que nous ne pourrons jamais rattraper nos années perdues, en cela je l'avais confié à ta mère lorsqu'elle m'avait avoué, tardivement, le secret de ta naissance. Nous serons obligés de faire avec, de composer avec nos passés, nos regrets, nos espoirs avortés, nos devenirs... je ne suis pas un homme facile Catnys, tu as pu le constater de toi-même et je ne le deviendrais jamais. J'ai été père par la force des choses, ces choses-là ne se commandent pas. Il y a les enfants qui naissent et vivent dans l'amour de leurs parents et il y a les autres... Tu fais partie malheureusement de la seconde catégorie. Je n'ai pas été un père et je le sais très bien... Rien ni personne ne pourra dire le contraire alors je ne réagirais jamais comme un père. Et je suis désolé que je ne me conforme pas à l'image que tu attendais de moi... Il aurait été mieux que ta mère ne t'avoue jamais qui j'étais... cela t'aurait peut être aidé à te construire autrement. Aujourd'hui, tu te poses des questions, tu cherches à savoir, tu compares mais il faut que tu sois toi sans être une partie de moi.

Tu sais Catnys, même si je t'avais rencontré plus jeune, cela n'aurait pas été un cadeau pour toi... je n'aurais pas été plus disposé à te laisser entrer dans ma vie... je dirais même que je l'aurais été même moins... ma vie était faite à cette époque de tourments et de guerres, de sangs et de morts et ce n'était pas la place d'une enfant. Tu aurais pu mourir mille fois à mes côtés et ta mère m'aurait maudit pour cela. Aujourd'hui, peut être que je peux te laisser une chance de rentrer dans ma vie... j'essaie d'y mettre du mien... en t'ouvrant les portes de Cheny j'ai fais un pas afin de ne pas te voir partir sans te retourner.

Lors de ta venue à Nevers, je n'étais peut être pas prêt à recevoir ce cadeau que tu me faisais de ta présence. Trop de choses se mettaient en place, ma vie prenait un nouveau tournant, il me fallait l'apprivoiser. A ce jour, je suis plus... réfléchi sur ce qui fait de moi ce que je suis. Oh je ne regrette en rien mes années folles où ma jeunesse me rendait indomptable et inconstant... j'ai bien vécu mais l'âge aidant, je me rends compte que je vais mourir seul, sans avoir eu le temps de te donner ta chance... alors si tu veux encore essayer... je te donnerais de mes nouvelles de temps à autre et si le coeur t'en dis... tu peux venir du côté de Sémur... le domaine est là et ne bougera pas même si je reste un éternel voyageur et que bientôt je risque de reprendre la route pour aller vendre quelques tonnelets de vins des terres Bourguignonnes... qui sait, peut être que le destin nous mettra sur la route l'un de l'autre, si je sais de quel côté tu vis... Tu n'as pas été très bavarde à ce sujet là mais je ne t'en ai pas donné le temps non plus... Il faudrait sans doute que l'on revoit tout ça, plus calmement, assis autour d'un verre et d'un feu de cheminée, en terrain neutre ou autour d'un feu de camp... tu pourras alors réellement juger si tu as envie de m'avoir pour père ou pas, si notre première rencontre était réellement un fiasco ou si nous pouvons nous donner une autre chance de pouvoir, un jour, se comporter comme deux personnes de la même famille, de se comporter comme un père et sa fille...

Si le coeur t'en dit...

Ton père,
.


Le cosaque signa mais ne relut pas le courrier. Il fallait que cela soit ainsi, seule Catnys déciderait de leur avenir. Tout comme la fille de Kallista avait une place à ses côtés, Catnys y était la bienvenue seulement si elle le désirait... il ne l'obligerait pas, il connaissait trop le gout de la liberté pour savoir que l'on ne pouvait retenir contre sa volonté quelqu'un qui n'était pas prêt à se poser. Et son regard se perdit du côté de la fenêtre où la rêverie de ses steppes enneigées l'entrainait, là où rien ni personne ne pouvait l'arrêter, au côté de cette chère liberté...
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Une idée, une envie d'un RP ? N'hésitez pas, je ne mords pas.
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