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D'une rencontre qui sonne le départ.

[RP]Brin de vie d'un voyageur fatigué.

Djozeph
Un craquement de branche vient troubler la quiétude d'une matinée, qui sort lentement des ombres obscures de la nuit glaciale. La canne de fortune dont il avait fait l'acquisition, pour pas un rond, décide subitement de prendre une retraite bien méritée, après avoir supporté, pendant des lieux, le poids du jeune homme. Bien qu'encore faible et squelettique, ce ne fût une mince affaire. Il décide de l'honorer comme il se doit, et la jette sur le bas côté en jurant, manquant de se viander alors qu'il sautille sur sa jambe valide pour ne pas perdre l'équilibre. Les voyages de nuit, pour éviter les brigands, le travail acharné de jour, espérant gagner de quoi survivre, ça n'aidais pas des masses a sa guérison. Est ce qu'il pourrais simplement un jour, jouir a nouveau de sa pleine mobilité ? Rien n'était moins sûr.

La pensée l'attriste, sentiment rapidement chassé par un rayon de soleil qui perce les ténèbres, illuminant avec une majesté presque biblique un rempart d'une hauteur dont il n'avais jamais été témoin, auparavant. Jugement aisé, le voilà arrivé a sa destination. Angers la flamboyante. Il met un peu d'ordre dans son baluchon, rangeant soigneusement la carte puante, dessinée avec les pieds sur un morceau de cuir que personne digne de ce nom n'approcherais, et entreprends d'une démarche boiteuse de passer les portes, histoire de se reposer, un peu. Les quelques écus mis de côté lors des étapes précédentes le mettaient a l'abri du besoin immédiat, et il voulais se vider la tête.

Que de faste, et d'opulence ! Les yeux alternant entre écarquillement fantasmagorique et tremblement succin de fatigue, il déambule, d'un pas lent et hésitant, dans les rues de la capitale. Jamais il n'avais vu auparavant, tant d'animation, de couleurs, autant de jolie maisons en pierres claires reflétant les parures dorées d'un astre qui était maintenant bien ancré, haut dans le ciel. Il flâne quelques instants au marché, achalandé de tant de choses dont il ne soupçonnais l’existence, s'extasie devant la majestueuse posture des bâtiment officiels. Et que dire des habitants, drapés dans des toilettes aux tissus mirifiques. Qui d'ailleurs, le regardent étrangement, lui qui n'est qu'un voyageur fatigué, et qui ne porte même pas de pantalon. Il sais que le climat est tendu, et rase les murs autant que possible.

Ses pérégrinations aléatoires le conduisent droit au port. Il s'arrête un instant sur les quais, et laisse son regard vagabonder entre les coques, mats et autres amarres, qui dansent lentement sur les flots pourtant d'un clame olympien. Un soupir lui gonfle la poitrine. Pourrais il un jour, naviguer a nouveau ? En aurais il simplement la force, physique et morale ? Les heures passent, la journée défile, pleine de vie, si proche de lui et pourtant si loin, perdu profondément dans ses pensées.

Mais la réalité le rattrape, toujours. Il ne se portera mieux que si il prends soins de lui, et son estomac, oscillant entre gargouillis et tension douloureuses, le lui rappelle invariablement. Laissant de côté le port, il reprends son exploration, relayant la vue au second rang pour accorder un peu plus d'importance a son odorat, la bonne odeur d'un morceau de viande rôtie emplissant subitement l'air. Peut être y as t'elle toujours été. Néanmoins, les yeux dans le ciel, pour offrir a ses narines une prise maximale au vent, colporteur de ce fumet gracieux, il parvient à trouver l'origine de cette exquise rôtisserie. Et avec sa chance, c'est un taverne ! Il pousse l'imposante porte grinçante et se glisse a l'intérieur, s’imprégnant du brouhaha et de l'atmosphère. Les conversations vont bon train, et sa présence sur le pas de la porte n'y as rien changer. Dans les petites villes qu'il avait traversé, tous s'arrêtaient et le regardait, avec insistance. Une grimace de satisfaction au coin des lèvres, il se traîne de son mieux vers le comptoir sur lequel il s'affale, l'appui salvateur le soulageant temporairement sa douleur. Il apostrophe la serveuse d'un clin d’œil vulgaire, mais celle ci lui réponds avec un sourire chaleureux.

-Qu'est c'que ce c'ra, voyageur ?
- Une assiette, pleine .. Une choppe, éventuellement .. Et un lit pour la nuit, si possible.
- On va d'ja commencer par la bectance !


La voilà repartie a ses affaires, comme elle était venue, guillerette et énergique. S'étirant de tout son long, il se retourne, et balaye la foule du regard. Bien heureux, pour une fois, de pouvoir trouver un havre de paix dans le tumulte quotidien de la vie sur la route.
Sobirana
E-pui-sée !
La rouquine soupire en dégustant un des meilleurs plats qu'elle ait mangé depuis des lustres.
Elle l'a bien mérité, hein ! Après une nuit à claquer des dents suite à l'attaque imminente, elle n'a plus fermé l’œil jusqu'au jour suivant où elle a fait une autre garde. D'ailleurs pourquoi faire ça, hein ? Sérieusement ? Au nom de quoi se sentait-elle le devoir de faire ça ? Franchement des fois, c'est à se demander si sa cervelle ne lui joue pas des blagues. Mauvaises en plus.
Heureusement, rien de neuf sous le soleil... enfin, la lune, quoiqu'elle se soit un peu planquée sous les nuages.
C'était sa troisième journée à Angers, et la rousse était totalement rincée. Deux nuits blanches et une journée à la mine pour s'offrir ce bon repas et payer sa nuit à l'auberge... Voilà qui met un sacré coup de frein à son habituel enthousiasme.

Une fois n'est pas coutume, c'est donc une rousse toute tranquille qui sirote calmement sa soupe chaude avec - comble du luxe ! - un bout de gras avec un peu de viande dessus qui flotte et fait embaumer l'ensemble d'une façon tout à fait satisfaisante. La convivialité du lieu la réchauffe autant que le breuvage et peu à peu la revigore profondément.
Elle en est à peu près là de son contentement lorsqu'elle entend l'aubergiste saluer un voyageur.


"...Et un lit pour la nuit, si possible."

Un voyageur qui reste pour la nuit ? Par les temps qui courent, c'est au mieux inconscient. Avec tous ces angevins sur les dents et l'armée Coin Coin aux portes de la ville, il doit en avoir de bien solides accrochées dans ses br... ah bah non, il n'en a pas de braies. Détail amusant qui lui arrache un petit fou rire nerveux.
Étonnant qu'il n'ait pas été arrêté par toutes les patrouilles des environs, ce voyageur littéralement défroqué. Elle l'observe attentivement, sa curiosité piquée au plus haut point.
Au bout d'un moment, sa soupe étant terminée, elle se lève et hèle en passant la serveuse pour lui commander deux bières avant de s'installer à la table du nouveau venu.
Ouais. Même pas peur.


"Adissiatz*... euh... Salut. Je t'offre une bière ? Tu m'as tout l'air d'en avoir besoin. Ca te réchauffera, je pense."

Petit coup d'oeil amusé à ses jambes nues, avant de croiser son regard, les joues un peu roses malgré son apparente effronterie.

*Bonjour
Djozeph
Maintenant servi, le jeune homme lance une poignée d'écus sur le comptoir et ramasse sa pitance, de peur qu'on ne la lui vole, avec une vivacité qui achève de le vider de ses dernières force. Il titube un instant, mais parvient a s'extraire a malaise de la gravité soudainement plus prononcée, et se dirige en traînant la patte vers une table libre, s'écrasant avec fracas sur le petit tabouret rustique qui ne manque pas de lui crisser sa désapprobation, quasi totale, faut l'avouer.

Les parfums de son écuelle se mélangent dans un ballet divin, mais la coutume de l'apéro étant de mise, ou peut être bien son amour inconditionnel du houblon traité avec le plus grand respect par une poignée de moine, il s'empare de sa choppe qu'il porte a ses lèvres desséchées par le climat rude de la route qu'il avais arpentée, sans broncher, pendant plusieurs jours. La finesse de la bulle, la force de caractère de l'alcool .. Un instant, son voyage parait bien loin, tout comme la vaine agitation qui l'entoure, noyée dans le breuvage tiède, certes, mais réconfortant au possible. Il s'en délecte tellement goulûment, qu'une fine couche de mousse vient lui chatouiller l'extrémité nasale. Quel délice, quel ...


"Adissiatz*... euh... Salut. Je t'offre une bière ? Tu m'as tout l'air d'en avoir besoin. Ca te réchauffera, je pense."

"Mais kess'elle me veux, celle là ?" La première chose qui lui monte a la tête, réaction de défense contre une agression territoriale, alors qu'il fais déjà le deuil de sa boisson, dont la dernière goutte glisse lentement le long de sa langue redevenue aride. Sans attendre d'invitation, elle c'était déjà installée. Dit donc .. Il la dévisage avec instance un instant, en s'essuyant la moustache duveteuse du revers de sa chemise. Un petite rousse pas désagréable a l’œil, camouflant avec une habileté relative une fatigue aussi développée que la sienne sous un joli sourire mutin. Après ce qu'il avais entendu sur les personnes a la chevelure de feu, et l'aversion ouverte des habitants de la région à leur égard, il se sais pas trop, sur le coup, si c'est une bonne chose pour la pérennité de son voyage, de s'afficher avec ...

...

Un instant. Ses neurones parviennent finalement à s'accorder, à déchiffrer le tas de mots qu'elle lui avais balancé, et la perspective de se voir offrir un autre breuvage brassé efface chacune de ces considérations. Elle pourrais bien être une sorcière, pour le coup, elle devient la personne la plus désirable du royaume a ses yeux, qui s'illuminent, baignés dans la lueur d'un large sourire qu'il lui adresse.


"A tes souhaits !"Qu'il lui lance, certain de l'avoir vue éternuer."On refuse jamais une bonne bière, surtout en bonne compagnie."

Marquant un court silence, il prends soin de s’imprégner des spécificités de sa bienfaitrice. On sais jamais, il pourrais s'en servir pour témoigner contre elle et sauver son propre cul, par la même occasion.

"On m'appelle Djozeph .. Dit donc, c'est drôlement marrant la façon dont tu parle .. T'est pas du coin, si ?"
Sobirana
Mais qu'est-ce qu'il a à la regarder fixement comme ça ?
Elle retient son mouvement d'agacement et le contient en un bref froncement de nez, tout en lui retournant son inspection, le braquant calmement de ses yeux clairs un peu ternis de fatigue. Bien qu'elle l'ai déjà observé plus tôt, elle profite de leur nouvelle proximité pour mieux approfondir son premier examen. Il n'est pas armé, mais sa première défiance n'est pas passée inapperçue. La rouquine ne s'en formalise pas : on ne nait pas roux et femme sans subir de temps à autre les préjugés de certains. Elle n'en a que faire tant qu'on n'en a pas après sa couenne et son honneur.
Mais le sourire qui suit l'examen semble indiquer qu'elle a - d'une façon ou d'une autre - gagné le droit de rester à la table. L'audace paye ! Même si, à dire vrai, elle n'en aurait pas mené large s'il l'avait chassée.
Bah... Elle n'est pas venue mandier ni l'agresser, après tout.

"A tes souhaits", dit-il, et la rouquine rit de bon coeur, habituée à ce que les étrangers ne comprennent pas son patois. C'est bien pour ça d'ailleurs qu'elle se reprend spontanément, maintenant.
C'est l'instant que choisissent les bières pour arriver à destination : excellent timing ! Elle tend le dû et un petit pourboire à la serveuse, et lui sourit en silence, avec un petit regard indiquant qu'elle pouvait disposer. Vieille habitude que la rousse n'a jamais perdue, mais que ses écus ou l'air peu commode de son père ont toujours su faire passer.


"Tu m'as l'air observateur, Mestre* Djozeph. Et non, je ne suis pas plus d'ici que toi, on dirait. Ca m'a fait tout drôle de voir un autre étranger à la ville. Par les temps qui courrent, c'est plutôt risqué ! C'est eux qui t'ont pris tes braies ?"

"Eux", l'armée, la milice, la maréchaussée, les brigands... Allez savoir. Elle reste délibérément vague, ne sachant pas bien à qui elle a affaire. Elle est certes jeune, mais des mois sur les routes avec son militaire de père lui ont tout de même appris que les gens, à défaut d'être méchants, ne sont pas forcément gentils, ni même aimables.

Enfin, celui-ci avait l'air tout de même correct.


"Soi** Rana."

Et de ponctuer les présentations d'une bière tendue pour trinquer.
*Monsieur
*Je suis / je m'appelle
Djozeph
Les récipients remplis ras la gueule de bière s'entrechoquent, douce musique a l'oreille du jeune homme qui s'empresse d'en goûter le contenu, impolitesse envers son hôte justifiée par le fait que la boisson, c'est sacré. Après une large lampée, il repose la choppe sur la table, et la gratifie d'un bruit guttural de pleine satisfaction, en guise de remerciement. Une petite moue traverse son visage, vague d'approbation si il en est, puis il repose le regard sur elle.

"Et ben, merci, Rana ! C'est juste ce dont j'avais b'soin. En fait, j'me demande même si ce n'est pas constamment le cas. Et puis .. Non, personne ne m'as volé, c'est juste que .."

Subitement, il se redresse, appuyé a la table, geignant comme un vieillard malgré sa jeunesse, et pousse sur cette dernière pour se relever. Les couverts en tremblent, tellement il fait ça de façon aussi héroïque qu'incongrue. Un fois planté comme un piquet, il entreprends, un sorte de parade, un défilé relativement statique, tournant sur lui même pour amplifier, au possible, la grâce quasi inexistante de ses jambes de poulet, catégorie mourant de faim.

"Franchement .." Il reprends, l'assurance tintant sa voix."Moi j'trouve que ça m'donne un petit style, non .. ? Bon c'est sûr, ça fait clodo ..

Aussi prestement qu'il c'était levé, il se rassoit, place les coudes sur la table et croise les doigts, histoire de pouvoir reposer sa tête sur le hamac de chair et d'os ainsi formé. Le regard vissé sur la jeune femme, il soupire.

"C'est la définition même des étrangers, ils ne se fondent pas vraiment dans le décor .. Je compte reprendre la route rapidement, continuer vers le sud. Un peu de repos, ça n'fais pas de mal .. Et d'la bière, surtout ! Et toi, qu'est c'tu fait ici, à part offrir a boire aux inconnus défroqués ?"

Il se saisi de son demi en bois, invitation silencieuse d'un coin de l'oeil a la jeune femme, pour trinquer a nouveau, a la vie. Qui est vachement d'la boulasse, quand même.
Sobirana
A voir sa hâte à se désaltérer, il en a vraiment grand besoin ! Un p'tit rototo de satisfaction fait sourire jaune la rousse qui profite des joyeuses effluves fleuries qui en découlent. Petit froncement de nez discret.
Elle sirote la sienne avec bon coeur, quoiqu'avec moins d'empressement certainement.

Mais le voilà qui se lève pour faire le beau semble-t-il, et la rouquine s'esclaffe joyeusement à ce spectacle à la fois drôle et triste. Mais si sa maigreur affamée lui fend le coeur, elle n'en laissera jamais rien paraître : les hommes ont la fierté chevillée au corps, d'après son peu d'expérience, et elle ne tient pas à lui montrer combien son état lui fait pitié. Elle n'a jamais connu cela, elle ne se l'imagine même pas... Elle s'esclaffe donc, public facile à l'esbrouffe du déculoté.
Lorsqu'il mentionne sa destination, une étincelle vive s'allume dans son regard rincé. Le Sud ? Vraiment ?
Elle lève son verre et trinque sans façon.


"Ca, on pourra pas t'ôter ton ... originalité, mon gars !"

Elle baisse d'un ton pour poursuivre, malgré les regards posés sur eux suite à ses éclats de rire généreux.

"Tu fais bien de ne pas t'attarder, tu sais. Les originaux, c'est marrant, mais j'ai comme un doute sur le sens de l'humour des angevins en ce moment. Va savoir, p'tèt bien cette attaque de la mairie y a deux jours et l'arrivée massive de soit-disant membres d'un truc qui s'appelle Fatum et qui, vu comme ça les met en rogne, doit pas franchement ressembler à un défilé d'enfants de choeurs. Je les sens pas terriblement jouasses, crois-moi."

Elle guette mine de rien ses réactions. Est-il au courant ? Est-il surpris ?

"Tu vas dans l'Sud, rien que ça ? Ca fait une sacrée trotte, d'ici. Compte bien plusieurs semaines de route, mais le paysage est joli, surtout en été."

Elle toussote et boit une nouvelle lampée généreuse de sa bière.

"Moi, j'ai fais une petite pause, on va dire. Avant de rentrer chez moi. D'ailleurs il va falloir que j'file bientôt, il fait bien trop froid pour moi dans ce nord.
Tu vas dans quel coin du Sud ?"


Là, captera, captera pas ? Elle a encore besoin de se rassurer sur l'oiseau avant d'envisager... quoi ? De voyager avec lui ? Seule ?
Elle l'observe encore et réalise qu'aussi affamé qu'il soit, il reste un jeune homme, et pas un vieillard ni un prêtre. Malgré elle, ses joues se colorent d'un joli rose tandis qu'elle plonge le nez dans sa choppe.
Mieux vaut seule que mal accompagnée, disait-on... Mais qui savait ce qui pouvait lui arriver, seule sur les routes jusqu'en Languedoc ? Cette pensée la glace si brutalement qu'elle manque de s'étouffer avec sa dernière gorgée.
Djozeph
Le jeune homme l'écoute, a son grand étonnement, avec attention, laissant même refroidir son repas qui pourtant lui avais coûter un bras, et demi. Mieux vaut ça qu'une jambe, remarque. Bizarrement, dans son périple, il n'avais pas été inquiété des masses, que ce soit par des groupuscules armés ou autres. En tout cas, pas dans cette région. Il devait sûrement inspirer de la confiance. Ou de la pitié. Ou les trois. Tout en faisant des petits ronds du bout de son ongle sale sur le bois impeccable, il hoche la tête régulièrement, captivé par la voix de la jeune femme, même si c'qu'elle raconte est pas terriblement joyeux. Elle lui semble tout aussi aventureuse que lui, quoi qu'un poil plus en forme. A son invite, il réfléchit une seconde. Pourquoi lui faire confiance ? Après tout, elle pourrais se renseigner, pour vendre sa tête aux bandits qui rôdent sur les chemins. Mais elle lui avais offert de la bière, alors.

D'un geste ample du bras droit, il dégage un espace au centre de la table, évitant soigneusement de renverser quoi que ce soit. Satisfait de la clairière ainsi libérée, il se penche pour attraper son baluchon, pas tellement plus épais que lui, et en tire sa fameuse carte, trésor parmi les trésor, plus précieuse a ses yeux qu'un tas d'écus. 'fin, ça dépends de la taille du tas, hein. Il la déplie en un geste ample, son odeur putride ne manquant pas d'embaumer la moitié de la taverne. Une fois bien étalée, il pose l'empreinte de son index gras dessus. Dessinée par ses soins, il est bien le seul a la comprendre. Des traits gris, autrefois plus charbonneux, délavés, représentent un semblant de contour de continent, allant du sud de l'Italie a la pointe bretonne. Au centre de ces courbes hasardeuses, pas du tout régulières, des dessins plus récents sont ancrés dans le cuir, représentant quelques villes, et villages. Parodie de carte, qu'il avais recopié a la va comme j'te pousse avec un morceau de charbon de bois, avant de se lancer aléatoirement sur la route. Noms de lieu mal orthographiés, frontières approximatives. Le parfait compagnon du voyageur sans pantalon.

*Tient, regarde ..* Son doigt tapotant frénétiquement quelques gribouillis. *Ça, c'est Fougères, de là d'où je suis parti. J'vais essayer de tirer tout droit, jusqu'à ..* Suivant quelque lignes de son chef d'oeuvre du doigt, tout en accompagnant le geste d'un sifflement perçant. *Fuuuiiiit ! Montpellier, je pense. Ensuite, je verrais, à l'ouest où à l'est, je le jouerais a pile ou face. Avec un peu de chance, je pourrais même me faire embarquer sur un bateau. J'ai rien à perdre, et encore moins a gagner, d'toute façon, j'veux juste voir du pays.*

Il s'interrompt un instant, les yeux dans le vague, avant de retrouver confort dans l'abîme de sa choppe.

Et toi alors, t'y vas aussi ? J'reconnais pas l'language qu'tu parle, mais c'est sympa. Montre moi, d'où tu vient.

Mensonge éhonté, il avais souvent entendu ce dialecte, mais cela faisais longtemps .. Bien trop longtemps. En la fixant, il pousse un peu la carte dans sa direction, presque fier de son art qui aurais fait pleurer le plus débutant des cartographes. Avec un peu de chance, elle y comprendras bien quelque chose.
Sobirana
Tandis qu'il extirpe quelque chose de son sac, une odeur puissante la fait suffoquer, et d'un geste réflexe, elle se pince les naseaux dans un élan de survie plus qu'indiqué. Par tous les apôtres d'Aristote et leurs glaouis parfumés, ça schlingue ! Mais qu'est-ce que... Oh, une carte ?
Elle ne peut décemment pas se résoudre à se pencher dessus mais elle plisse les yeux de son mieux pour déchiffrer ce qu'il lui décrit, tandis qu'il l'éclaire sur ses projets.
Fougères, jamais entendu. Mais ça avait l'air d'être encore plus au nord, si elle en croyait l'approximation axiale de la "carte".

Montpellier.
Le mot la fait sursauter comme s'il l'avait frappée mais elle se reprend aussitôt. Non, c'est trop beau pour être vrai. Est-ce qu'il lui ment pour la détrousser et abuser d'elle ? Elle l'observe à nouveau avec une pointe de méfiance, aussitôt balayée par l'évidence : même s'il essayait, elle n'aurait pas trop de mal à en venir à bout avec un bon bâton. Toutes ces journées à la mine avait au moins eu ça de bon. Non, le pire qu'il pouvait faire était encore de l'abandonner dans la campagne ou peut-être de la faire accuser à sa place s'il avait de mauvaises intentions.
Mais si tel est le cas - elle dissimule un fin sourire en feignant de se pencher sur la carte, mais c'est au-delà de ses forces - si tel est le cas, elle a plus d'un tour dans ses poches.
En tous les cas, à le voir, il n'était mêlé ni de près ni de loin à ces fameux Fatum, ce qui la rassurait un tout petit peu.
Quelque chose la chatouille quand même : le fait qu'il lui demande si elle y allait aussi, juste avant de mentionner son accent. A nouveau la méfiance la tiraille brièvement. Ment-il ou a-t-il une excellente intuition ? Comment savoir ?

Certaines personnes prennent la mesure des gens et des choses, pèsent le pour et le contre et prennent des décisions rationnelles sur la base d'une analyse pertinente et prudente, ou réaliste, de la situation et des conséquences induites.


"Moi aussi j'y vais. A Montpelhièr."

D'autres non.
Sur un coup de tête, elle décide qu'il sera son compagnon de voyage. Qu'ils n'aient même pas évoqué le sujet ou qu'il puisse souhaiter voyager seul ne lui traverse même pas l'esprit : c'est comme ça, picétou.
Avec un franc sourire, elle tend le doigt vers la carte en traçant un large cercle autour de Montpellier.


"Je viens de par là, à peu près.
J'ai traversé tout le pays jusqu'ici, et maintenant je redescends."


Et voilà, il en sera quitte pour l'explication.

"Tu pars quand ? Si c'est pas indiscret. Je n'aime pas voyager seule et encore moins boire ma bière en solitaire."

Subtili-quoi ? Connais pas.
Elle ne le crains pas. De toute façon, s'il l'approche, il prend un coup de bâton, c'est décidé. Toute roseur a disparu de ses joues : ce jeune homme a vraiment besoin d'un bain et de... mmh... a minima de foutre le feu à tout ce qu'il porte. Au moins.
Elle y remédiera, songe-t-elle avec une paisible certitude.
Djozeph
Ben dit donc .. Si le nord est une contrée froide, ça lui atteint pas les yeux a celle là .. Est ce que toutes les rousses sudistes sont aussi douées pour le rentre dedans ? En plus, il pourrait clairement faire fuir la moitié des royaumes, ne serait ce que par son odeur ou son apparence .. Peut être, était cela, qu'elle cherchais. Une sorte d'arme malodorante surpuissante, qu'elle avais trouvé en lui. Un silence pesant, franchement lourd, suit les allusions a peine voilées de la rousse. Tour a tour, il examine avec détachement la carte, puis transperce du regard la jeune femme, qui sais ce qu'elle veut, clairement. Certes il était fatigué, et une nuit de repos, dans un vrai lit, ne serais pas un luxe dont il voulais se passer, surtout dans son état .. Mais son désir, ô combien brûlant, dévorant de revoir la mer, SA mer ..

C'est avec un large sourire qu'il remballe son fatras, pliant avec soin sa carte avant de la ranger. La voix qui s'extrait avec une régularité surnaturelle lorsqu'il reprends la parole, trahit de son allégresse, d'avoir trouvé un compagnon, pour un si long voyage. 'fin, c'est le compagnon, qui l'as trouvé, finalement. Mais les détails ..

"ALLER, VENDU ! Oula .. Pardon, j'l'ai un peu trop gueulé ça non .. ? T'est prête quand ? Parce que moi, j'veux pas faire d'vieux os ici. Genre, maintenant ? On reprends la route ? Tu veux bien me servir de canne, temporairement ? T'aime le chou farci ? C'est .."

Le ton nettement moins enjoué et bien plus sec de la serveuse qui débaroule sans cérémonie ni salam haleks au milieu de la conversation, tranche violemment son allégresse.

*Ahem .. Dites donc les tourtereaux là, ils comptent consommer où ils se chauffent les miches a l’œil ? Non parce que c'est pas un forum romain, ici, j'tient a le rappeler. Oh et qu'est c'qui pue comme ça ..*

Le jeune homme sifflote en regardant ailleurs, puis détourne habilement la conversation en usant d'un stratagème fourbe, mélange subtil de science économique et de psychologie inversée

*Aller, remettez nous en deux, ma belle .. Aujourd'hui, c'est jour de fête ! Hein, pas vrai ?*

Essayant de prendre a partie sa nouvelle amie d'infortune, ce qui ne seras pas nécessaire, car la matrone de l'établissement, s'en fout royalement en fait. Tant qu'ils lui rapportent des ronds. Une fois l'envahisseuse disparue dans une forêt dense d'humains en tout genre, il se penche sur la rousse, et lui murmure, doucement, le coin des lèvres étirés au firmament.

*Par contre, j'ai clairement surestimé mes finances, me reste plus un rond pour la payer, donc autant se barrer fissa, avant qu'elle revienne .. A moins que tu ne veuille trinquer, dans tout les sens du terme.*

En voilà un plan d'action qu'il est bien ficelé, et qu'il avais prévu depuis le début de l'affrontement avec la maraude. Ou pas, finalement. Profitant de l'aubaine, de la diversion, du subterfuge même, aussi élaboré qu'un quignon de pain, il se lève en prenant garde de rester accroupi, aussi près du sol que possible. Non pas qu'il soit capable de sautiller avec sa jambe encore en miettes. Le regard balayant l'espace, il se dirige avec furtivité vers la sortie qu'il franchit, se retournant vers la rousse pour l'inciter a l'imiter. Un petit quelque chose dans l'air laisse penser qu'il ne remettra pas les pieds dans cette taverne, un petit moment. Et de toute façon, c'est l'aventure, qui crie, qui scande son nom, alors que l'air frais de l'extérieur lui emplit les nasaux.
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