Sabaude
Un matin de janvier dans des appartements de Moulicent réservés à la sicaire, trois grands baquets sont roulés par deux hommes puis posés chacun derrière son paravent en pin sculpté.
Renard, l'atypique vicomte: C'était le dernier! Bon sang que c'est lourd!
Carys, l'homme de main entrainé de force: Quelle idée aussi d'en proposer trois!! Est-ce que j'en prends des bains, moi?
Renard : Cela ne te ferait pas de mal.... je vais envisager de réduire tes gages à l'odeur et à tes plaintes.
Cesses la tes jérémiades, il faut les remplir maintenant.
Carys revanchard: En ce cas vous n'avez plus besoin de moi. Des tavernes empuanties m'attendent!
Renard une main aux reins, l'autre au front plissé d'incompréhension: Que me chantes-tu là? Il faut encore tirer l'eau au puits, la mener aux cuisines pour qu'elle soit chauffée, et ensuite monter je ne sais combien de seaux pleins de celle-ci jusqu'ici pour la verser dans chaque baquet.
Carys l'air malicieux, une main à l'épaule du noble: Au bas mot quatre-vingt à cent seaux Monseigneur. Courage! Je penserai à vous quand dans une main j'aurai une cervoise et dans l'autre probablement la croupe d'une femme. Et n'oubliez-pas que vous avez donné leurs congés à vos gens pour l'occasion.
Renard ahuri: Tu te fiches de moi! Tu restes ici!
Carys sourire en coin et décidé: Que non! N'oubliez-pas que vous m'avez raconté vos histoires de bains et que j'en connais les conditions. Je pourrais murmurer à l'oreille de votre invitée que vous ne les respectez pas. Vous seul devez les couler. Voyez-cela comme un de vos entraînements quotidiens pour sculpter ce corps qui est vôtre.
Une brosse fend l'air en direction de la tête du moqueur.
Carys esquivant: Voyons. Tant d'abnégation ne saurait être que saluée. Si vous commencez dès maintenant vous aurez fini à la nuit tombée.
Renard laissé seul, dépité devant l'ampleur de la tâche et sa bêtise d'avoir fait telle promesse: Je pendrai l'impertinent par les roubignolles à son retour! Mais qu'est-ce qui m'est passé par la tête quand j' ai écrit cela à l'Anaon... Faut-il donc que je m'émeuve dès qu'elle m'annonce qu'elle à le moral dans les chausses et qu'elle me fait un présent? Trois bains.....
La lointaine corvée de latrines de ses débuts dans l'Ost alençonnais n'est plus dès lors qu'une promenade de santé comparée à ce qui l'attend. L'ambitieux mal avisé se rend vite compte que toutes ses soit-disant astuces pour économiser force et déplacements ne sont que foirades dignes des plans de Rikiki le nain angevin. Si l'idée première de transvaser directement l'eau du puits du seau aux tonneaux posés dans une charrettes lui parait des meilleures, la déconvenue est de taille quand il s'agit de les décharger et de monter les marches. Que dire de la deuxième consistant à charger à dos de cheval les dits tonneaux, pas un seul ne passe la phase de l'arrimage. C'est finalement seau à seau que l'affaire est conclue et qu'un Renard courbatu et éreinté se jure mais un peu tard qu'on ne l'y reprendra plus!
Abattant sa carcasse sur le large banc couvert de coussins, les prunelles à demi plongées dans l'ombre de paupières lourdes passent en revue les derniers préparatifs qu'il vient d'achever.
Dans le premier bain tiède au tiers rempli flottent des branches de thym. Sur la planchette repose un savon au gros sel pour préparer la peau. Dans le deuxième à moitié plein surnagent des écorces d'agrumes. Du troisième qu'il finira de compléter et de maintenir chaud le moment venu s'il parvient encore à bouger un membre séchappent quelques essences de rose.
Il commence à sombrer, elle ne saurait tarder....
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Renard, l'atypique vicomte: C'était le dernier! Bon sang que c'est lourd!
Carys, l'homme de main entrainé de force: Quelle idée aussi d'en proposer trois!! Est-ce que j'en prends des bains, moi?
Renard : Cela ne te ferait pas de mal.... je vais envisager de réduire tes gages à l'odeur et à tes plaintes.
Cesses la tes jérémiades, il faut les remplir maintenant.
Carys revanchard: En ce cas vous n'avez plus besoin de moi. Des tavernes empuanties m'attendent!
Renard une main aux reins, l'autre au front plissé d'incompréhension: Que me chantes-tu là? Il faut encore tirer l'eau au puits, la mener aux cuisines pour qu'elle soit chauffée, et ensuite monter je ne sais combien de seaux pleins de celle-ci jusqu'ici pour la verser dans chaque baquet.
Carys l'air malicieux, une main à l'épaule du noble: Au bas mot quatre-vingt à cent seaux Monseigneur. Courage! Je penserai à vous quand dans une main j'aurai une cervoise et dans l'autre probablement la croupe d'une femme. Et n'oubliez-pas que vous avez donné leurs congés à vos gens pour l'occasion.
Renard ahuri: Tu te fiches de moi! Tu restes ici!
Carys sourire en coin et décidé: Que non! N'oubliez-pas que vous m'avez raconté vos histoires de bains et que j'en connais les conditions. Je pourrais murmurer à l'oreille de votre invitée que vous ne les respectez pas. Vous seul devez les couler. Voyez-cela comme un de vos entraînements quotidiens pour sculpter ce corps qui est vôtre.
Une brosse fend l'air en direction de la tête du moqueur.
Carys esquivant: Voyons. Tant d'abnégation ne saurait être que saluée. Si vous commencez dès maintenant vous aurez fini à la nuit tombée.
Renard laissé seul, dépité devant l'ampleur de la tâche et sa bêtise d'avoir fait telle promesse: Je pendrai l'impertinent par les roubignolles à son retour! Mais qu'est-ce qui m'est passé par la tête quand j' ai écrit cela à l'Anaon... Faut-il donc que je m'émeuve dès qu'elle m'annonce qu'elle à le moral dans les chausses et qu'elle me fait un présent? Trois bains.....
La lointaine corvée de latrines de ses débuts dans l'Ost alençonnais n'est plus dès lors qu'une promenade de santé comparée à ce qui l'attend. L'ambitieux mal avisé se rend vite compte que toutes ses soit-disant astuces pour économiser force et déplacements ne sont que foirades dignes des plans de Rikiki le nain angevin. Si l'idée première de transvaser directement l'eau du puits du seau aux tonneaux posés dans une charrettes lui parait des meilleures, la déconvenue est de taille quand il s'agit de les décharger et de monter les marches. Que dire de la deuxième consistant à charger à dos de cheval les dits tonneaux, pas un seul ne passe la phase de l'arrimage. C'est finalement seau à seau que l'affaire est conclue et qu'un Renard courbatu et éreinté se jure mais un peu tard qu'on ne l'y reprendra plus!
Abattant sa carcasse sur le large banc couvert de coussins, les prunelles à demi plongées dans l'ombre de paupières lourdes passent en revue les derniers préparatifs qu'il vient d'achever.
Dans le premier bain tiède au tiers rempli flottent des branches de thym. Sur la planchette repose un savon au gros sel pour préparer la peau. Dans le deuxième à moitié plein surnagent des écorces d'agrumes. Du troisième qu'il finira de compléter et de maintenir chaud le moment venu s'il parvient encore à bouger un membre séchappent quelques essences de rose.
Il commence à sombrer, elle ne saurait tarder....
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