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[RP] Fin de soirée improvisée, salon

Nej_ma
La soirée avait été fructueuse. Un client fortuné, pas trop exigeant et respectueux, puis un habitué. Changée pour la troisième fois de la journée, c'était avec une robe de lin à la coupe simple, agréable à porter, laissant ses bras nus cliquetants de bracelets, les cheveux libres dans le dos. Elle avait apporté sa chicha dans le petit salon de la maison basse. Les courtisans avaient parfois pour habitude de se rejoindre pour une fin de nuit, quelques parties de ramponneau, un dernier verre avant de regagner leurs quartiers. L'Orientale avait lancé l'idée d'une after dans le salon, histoire de se détendre, à la cantonade.

Il fallait un certain temps pour préparer la chicha, le mélange d'herbes qu'elle affectionnait. Bientôt, le bruit caractéristique de l'instrument se fit entendre. Elle s'installa dans un fauteuil, aspira la fumée pour amorcer. Chacun devant ramener un petit quelque chose, en plus de la chicha, elle mis sur la petite table une bouteille de vin à la cannelle qu'elle affectionnait....

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        Il n'est point de bête plus indomptable qu'une femme...
Anaon


      La soirée s'achève pour elle aussi. La porte se referme sans un bruit dans son dos. Voilà une mission rondement menée, promptement et sans heurt. Tabouret a pu s'enquérir de ses affaires dans Paris et la mercenaire a su le mener et le ramener sans aucun encombre. La nervie des temps occasionnels sort d'une escarcelle passée à sa ceinture une pipe longue et fine. La donzelle a beau être ennemie de l'ennui, elle n'a rien à reprocher aux escortes de routine qui se déroulent dans un calme sans faille. La main droite déformée par le volume de la bourse dans sa paume se voit gratifiée d'une œillade. Ça lui fait un argent facile à gagner qui rentabilise largement ses allers-retours en la capitale. Et ça lui paye aussi le luxe de quelques conversations avec le comptable qui est bien loin d'être un homme désagréable. Satisfaite une fois de plus, la main garnie range son dû dans la petite sacoche, troquant sa place contre une aumônière d'où elle extrait une pincée d'herbes sèches. Acceptée de jouer les cortèges pour les excursions d'Alphonse était décidément une bien bonne idée que l'Anaon ne regrette en rien.

    Plantée dos face à la porte du bureau, la mercenaire se met à garnir sa pipe avant de se mettre à errer d'un pas pensif, le nez toujours concentré sur le fourneau qu'elle remplit. Sa présence n'est plus requise entre les murs du bordel, mais la balafrée se laisse séduire par l'idée de flâner encore un peu dans la chaleur agréable avant de se heurter au froid mordant de la nuit. Elle aura tout le temps d'embrasser bien fort la puanteur de ses ruelles. Autant se gorger avant d'un air plus respirable. Elle tasse son petit amas d'herbes, puis elle cale la pipe entre ses dents pour saisir son briquet en acier, tenant de l'autre main à la fois silex, amadou et mèche. Le métal ripe contre la roche, craquant dans une gerbe d'étincelle. Mais alors que ses pas ralentissent, les azurites se font happer par une autre lumière. Le visage pivote à droite, rencontrant au bout d'un couloir la vision d'une porte mal fermée. L'hésitation est brève avant que les pas ne bifurquent à la rencontre de la lueur. L'Anaon est une souris qui aime à connaître tous les trous de son terrier. Ou toutes les échappatoires possibles de sa souricière... Et elle sait fort bien que ce genre de bâtiments est un véritable gruyère. Il lui faudra un certain nombre de flâneries, de détermination et de discrétion pour en percer tous les secrets.

    C'est la pipe en plein allumage que la sicaire se retrouve au niveau de la porte entrebâillée. Une épaule se pose contre le battant tandis qu'un regard se glisse dans l'ouverture. Puis d'une poussée discrète, la mercenaire s'ouvre le chemin sur une longue coursive. L'Anaon se faufile dans le passage, couvrant d'un regard curieux cette galerie qu'elle n'a encore jamais explorée. Étonnant aménagement au vu du reste de la maison Basse. Il semblerait qu'elle ne soit pas non plus passée à proprement dit dans la partie Haute de l'édifice. Comme une funambule sur un fil invisible, la sicaire joue d'un pas d'équilibriste, se rapprochant nonchalamment des ouvertures. Une hanche s'appuie contre la balustrade, avant que les coudes ne s'y posent, puis crachant une fumerolle blanchâtre, la balafrée darde d'un œil curieux la scène en contrebas.

    Un salon. Où gravite en tout aisance une silhouette nouvelle pour les yeux de la mercenaire. Seconde bouffée fumeuse. Sans s'inquiéter de se faire repérer, les pupilles suivent avec indolence le ballet de la créature. La balafrée ne passe jamais du côté de la maison Haute, si ce n'est pour se prélasser dans les bains qu'elle a sérieusement pris en affection. Et si elle peut désormais mettre un visage sur tous les gardes évoluant entre les murs de la Basse, elle ne serait pas à même de faire la différence entre les domestiques et les courtisans du Lupanar. Les prunelles courent sur les gestes de cette femme dont elle n'arrive encore à définir la case. Elle a cette peau sombre qui intrigue tant la mercenaire de les rencontrer bien peu... Si ce n'est sous les breloques des gitans ou des anciens esclaves Maures tant appréciés d'un certain seigneur...

    Tandis que l'intérêt se questionne maintenant sur l'étrange objet mis à place par la donzelle, il ne fait plus bien attention à la pression de ses doigts. La lame en acier du briquet glisse insidieusement de la pince de son majeur et de son annulaire... Un mouvement qui surprend la balafrée qui n'a que le temps de baisser les yeux pour constater le bout de métal lui échapper. Et le voir avec impuissance ricocher en bas dans un cliquettement fort peu discret.



    Un ange passe...

    Clignement de paupières. Ça... C'est con.

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         © Images : Eve Ventrue & Vincent Munier - Anaon se prononce "Anaonne"- Jeu au ralenti, je fais du mieux que je peux.
Nej_ma
L'épuisement se faisait à peine sentir, l'Orientale virevoltait avec des gestes gracieux, afin de préparer ce petit moment de partage. Les fauteuils étaient poussés dans un coin, elle avait placé des coussins sur les tapis, comme là bas. Non pas comme à Alexandrie qui lui manquait tant, mais comme dans la tente de sa petite enfance, lorsqu'elle vivait avec sa grand mère Touareg, voyageant d'oasis en oueds, en puits en pâturage pour les chèvres.
Une ode à la simplicité, sa robe de lin clair qui contrastait joliment avec sa peau sombre, veloutée, ses cheveux longs, noirs et ondulés, encore humide du bain qu'elle venait de prendre et pour seul atour son pendentif en forme de scarabée.
La table basse était garnie de verres, de la carafe de vin, quelques fruits secs, des dattes qu'elle avait fait acheter à grand frais, et la chicha, posée à même le sol, qui commençait à chanter. Les autres devraient arriver. Elle chantonnait pour elle même à voix basse une douce mélodie, lorsqu'un cliquetis se fit entendre. Aussitôt, elle sursauta, et chercha du regard l'origine du bruit. Une lame. Une lame de briquet.
Nej'ma ramassa l'objet, l'observa entre ses doigts, le faisant rouler. Ce n'était pas un objet qu'elle avait déjà vu dans les mains d'un courtisan. Elle leva les yeux, sur une étrange dame, balafrée, qui fumait la pipe. Visiblement surprise.

Un demi sourire éclaira le visage de l'orientale, l'observateur était observé à son tour. D'un geste élégant, elle invita la fumeuse à la rejoindre.


Tu auras meilleure vue d'ici. Après une longue journée, rien de tel qu'un peu de chicha pour se détendre, le tout accompagné d'un verre.

La mauresque avait tutoyé d'emblée, habituée à l'arabe qui permettait cette proximité. Sa voix était toujours marquée par cet accent du désert. Elle s'installa en tailleur sur un des coussin, et approcha de ses lèvres la bouffarde, et inspira longuement la fumée, avant de l'expirer, en fermant à demi les yeux de biche. Puis, elle versa deux verres de vin, posa la lame de briquet sur la table basse, et tapota l'un des coussins. Elle ne connaissait pas la dame, l'avait aperçue de temps à autres... Mais ce n'était pas une courtisane. Un mystère de plus à découvrir....

je t'en prie, viens partager ce moment.
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        Il n'est point de bête plus indomptable qu'une femme...
Edgarleon
Fin de soirée à l'Aphrodite, la nuit avait été calme. Une cliente qu'Edgar n'avait pas eu à besogner trop longtemps pour la faire monter aux cieux. Il en était ainsi avec les femmes qui s'ignoraient et ne savaient pas la richesse que contenaient leurs corps. Un tour de clé dans la serrure, et les portes de la caverne d'Ali Baba s'ouvrent toutes grandes.

Vaguement, il avait entendu parler d'une fin de soirée dans le salon de la maison basse. Parfois il arrivait qu'après le travail, les courtisans et le personnel de la maison se retrouve là pour boire un dernier verre, jouer aux cartes ou discuter avant d'aller au lit. Edgar affectionnait ces moments, non pour le plaisir de passer du temps avec les autres, il avait horreur de cela, mais plutôt parce que pendant ces moments, les langues chargées de sommeil et parfois d'ivresse, se déliaient, et si l'on étaient suffisamment attentifs l'on pouvait entendre des choses intéressantes.

C'est ainsi qu'après sa soirée de travail, après un bain, il avait passé sa robe de chambre couleur grise argent et se dirigeait vers le petit salon. Nej'ma et une inconnue étaient déjà là. Au centre de la pièce trônaient une chicha. Edgar l'a reconnu pour en avoir déjà fumé avec le Syrien, sombre personnage avec qui il faisait autrefois du commerce plus ou moins légal, moins que plus d'ailleurs. Aucuns mots ne sortit des lèvres ourlées du Blond lorsqu'il arriva dans le salon, il avait à la main, comme à l'accoutumée son éternel verre ouvragée contenant de l'absinthe. Dans un fauteuil, au coin de la pièce il alla s'asseoir, perdu dans quelques rêveries, mêlées de calculs et d'ivresse légère. Le Loup était dans sa bulle, hermétique au monde extérieur. Le petite fée verte gambadait joyeusement sur son épaule, s'amusant en divers figures gymnastiques. Son rire cristallin venait s'échoir au creux de l'oreille pâle...

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Anaon


      Descendre. Ne pas descendre. Telle est la question. Corps immobile, l'esprit se questionne avec latence, comme un félin mi-paresseux, mi-contrarié qui ne sait de quel côté pencher. Sa flemme où l'instinct de chasse. Et c'est tandis qu'elle hésite qu'elle voit son briquet lui être ravi sous les yeux. La tête exprime un imperceptiblement mouvement de recule. Expectative. Sa lame danse dans les doigts d'une autre. Et quand le minois se relève sur elle, la conclusion de la mercenaire tombe derechef. Catin. Elle a le visage trop soigné pour ne pas être courtisane. Et elle témoigne de bien trop d'aisance ici lieu pour n'être que la boniche du coin.

    Dans une sociabilité sans faille, l'inconnue lui glisse une invitation, attirant les prunelles d'un bleu cobalt sur l'étrange objet entreposé au milieu de la pièce. Qu'a-t-elle dit ? Chicha ? Serait-ce cela ? Pantomime, le regard revient à la Maure qui déjà lui tourne le dos pour rejoindre l'écrin de coussins. La petite lame de métal est posée sur une table basse. Lentement le corps mercenaire se redresse de sa balustrade. Et bien... Il semblerait que la conduite à suivre soit imposée.

    Elle s'éloigne du bord, inspirant dans sa pipe pour l'attiser à nouveau. Proche de l'entrée de la coursive, un escalier en colimaçon qu'elle empreinte d'un pas précautionneux. Les marches se descendent, senestre enfonce dans une pochette dans son escarcelle son silex et sa mèche à demi consumée. Chaque pas prend son temps sur chaque niveau de pierre. Et arrivée en bas, les azurites fauchent au passage l'arrivée d'un homme. Elle s'aventure lentement au cœur du salon, non sans décrocher son regard de la silhouette masculine prenant assise plus loin. Oservation dans la non-gêne qui est sienne. Des hommes de chairs. On lui dira que cela a toujours existé. Mais avant ils avaient la vocation secrète de jouer les mignons. Maintenant, ils sont là pour offrir du plaisir à la noblesse féminine qui s'encanaille. Jeunesse décadente... L'aînée se navre un instant de cette époque lointaine où tout semblait tourner rond. Avant que le souvenir d'une nuit passée dans un haut Lupanar lui revienne en mémoire... Celui-là ne compte pas. C'était un dérapage.

    La balafrée libère le courtisan de son examen muet quand ses bottes ralentissent près des coussins où s'est alanguie la créature à la peau noire. Les azurites se posent à nouveau sur les traits de son visage, intriguant, avant de suivre la courbe du tuyau coincé entre ses lèvres et rattaché à l'étrange machine qui crapote, comme de l'eau en ébullition. Dans un calme presque méfiant, la sicaire enjambe le cercle formé. Restée en face de la Maure, elle s'assoit lentement dans le moelleux, faisant crisser le cuir de son manteau sous son poids. Attention rivée au visage sur l'inconnue. La dextre se tend, l'index se pose sur la lame du briquet qu'elle fait glisser jusqu'à elle, avant de la saisir à pleine main. Les doigts pianotent dans l'air, faisant rouler la lame d'une phalange à une autre. Clignement de paupières.

    Le regard revient à l'objet étrange. La pipe se coince entre ses dents. Un vif mouvement de menton le désigne.

    _ Qu'est-ce ?


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         © Images : Eve Ventrue & Vincent Munier - Anaon se prononce "Anaonne"- Jeu au ralenti, je fais du mieux que je peux.
Nej_ma
Nej'ma observait la femme balafrée sans vergogne. Non pas que son apparence la choquait, mais elle se posait des tas de questions. Qui était-elle, que faisait-elle , quelle était son rôle? Une nouvelle bouffée fut tirée, dont elle apprécia la saveur. Edgar restait dans son coin, les yeux dans le vague. Ca lui arrivait souvent. Il semblait parfois chuchoter à quelqu'un d'invisible, ou d’observer quelque chose que lui seul distinguait. Peut être que comme elle, parfois, les souvenirs anciens étaient tellement choquant et affreux, que parfois ils remontaient en surface pour être revécus... L'herbe à chicha qu'elle utilisait ne l'emmenait pas toujours en voyage parmi ses souvenirs. Tout dépendait de la force du vent, l'âge du capitaine, parfois de l'humour de l'herboriste, et de la réceptivité du fumeur.
Ce mélange là était avait le goût particulier du calme, et des rêves éveillés. Elle sourit et considéra l'invitée avec attention, la jaugeant, elle et sa pipe.


C'est la chicha.

Elle reposa la tige, et désigna chaque partie du narguilé.

Les herbes brûlent ici. La fumée passe dans le vase d'eau, ce qui la refroidit. Essaye donc. N'aie pas peur, ce mélange n'est pas fort.

Elle tendit le tuyau à la balafrée, puis versa deux verres de vin...
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        Il n'est point de bête plus indomptable qu'une femme...
Anaon


      Les prunelles vont de l'étrange objet élancé à la courtisane. Puis de l'une jusqu'à l'autre. La chose intrigue, par l'ignorance qu'elle reflète à l'esprit de la mercenaire, mais aussi par son élégance. Les courbes inconnues lui paraissent raffinées et l'amatrice des belles œuvres lui trouve instantanément ce côté arabe que l'on ne trouve dans aucun objet du quotidien. Les azurites reviennent à la femme quand le nom est livré, puis elles suivent le doigt qui désigne chaque partie de la curiosité. Les sourcils se plissent subrepticement, élève concentrée dès qu'il s'agit d'apprendre. Et de l'attention les pupilles basculent dans le suspicieux quand la maure lui tend le tuyau de la machine.

    La balafrée contemple sa pipe qu'elle retire de sa bouche, puis le tube tendu. L'herbe rougit doucement dans son fourneau. Avec précaution, elle pose sa pipe bien à l'endroit sur la petite table avant d'enrouler de l'autre main ses doigts autour du conduit inconnu. Une œillade à la catin. Comme si elle la soupçonnait de vouloir l'empoisonner. Puis ses lèvres imitent, pince doucement l'embout entre ses doigts. Instant hésitant. Prunelles rivées sur la svelte curiosité. Et doucement ses poumons se gonflent. La chicha s'anime d'un son bouillonnant, pareil a de grosses bulles qui crapotent. Et c'est avec une certaine surprise qu'elle accueille au palais ce goût vaporeux. Plus humide. Fruité. Moins âcre qu'une banale bouffée de pipe. A cette pensée, toute respiration se bloque et la mercenaire se sent prise de la question la plus existentielle qui lui rappelle une certaine discussion Angevine: On avale ou on avale pas ? En tout bien tout honneur !Un instant penaude, la sicaire regarde la jeune femme comme si elle pouvait y lire la question et lui donner réponse, jusqu'à son organisme quémande impérativement son bol d'air.

    La fumée d'un blanc parfait prend le chemin de ses narines. Longue expiration. Le tuyau se retire lentement de sa bouche. Elle l'inspecte à nouveau consciencieusement. Le bruit d'eau a cessé. Latence. Puis poliment, l'embout est rendu à sa voisine.

    _ Un objet de chez toi ? Ici ça n'existe pas je crois.

    L'intérêt est sincère. Et bien plus que titillé. L'Amatrice des petits plaisirs semble avoir trouvé une nouvelle activité qui semble plutôt agréable.

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         © Images : Eve Ventrue & Vincent Munier - Anaon se prononce "Anaonne"- Jeu au ralenti, je fais du mieux que je peux.
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