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14 janvier 1463 - Winter is coming

Simeon.charles
[France – Un peu en dehors de Paris]



Zéphyr qui en un éclair longea la Seine afin de venir souffler la poussière dans les rues des hameaux et village, surprit la population « parisienne ».
Dans l’un de ces bourgs soumis au vent, une lumière dansait sur le sol pavé et faisait scintiller les premières gouttes de pluie qui venaient de mourir au sol. Cette lumière s’échappait d’une fissure d’un pan de mur d’une taverne quelconque. Quoique un peu plus branlante, un peu plus pauvre, que les autres. Des hommes, des femmes s’y étaient abrités pour la nuit et, disposés de-ci de-là, bavardaient devant une soupe.

L’un d’entre eux, sans doute le plus grognon puisqu’il se tenait à l’écart, était de toute évidence borgne. Pour preuve une fronde lui servait de bandeau et le lourd bâton trahissait le besoin de se caler et donc témoignait également d’une infirmité. Chevelure et barbe étaient hirsutes et d’une jolie couleur poivre et sel. Pour résumer il tirait plus du soudard en manque d’action que du coquelet de cour.

Ses narines frétillaient alors qu’il les passait au-dessus de son bol de soupe. Le fumet de la graisse, du pain trempé et des légumes, le ravissait, pour ne pas dire "l’émerveillait" à chaque fois. Car oui on pouvait être titré et désargenté, tout comme on pouvait être complexe et aimer les choses simples. Sa main gauche se crispa sur son ventre, afin de faire taire les gémissements de l’estomac. La soupe était encore trop chaude pour venir mettre un terme à la faim. Cependant, la main droite tenait la cuillère et avec celle-ci il tassa le pain un peu plus afin de l’imbiber pleinement de la soupe.

Après sa soupe, il irait passer la nuit dans la chambre qu’il avait prise plus tôt. « Un repas de fortune, d'accord ! Mais une couche plutôt qu’un banc » voilà ce qui aurait pu être une de ses devises.

Dehors il y avait toujours ce vent capable de faire s’envoler les cailloux et la nuit noire venait de calfeutrer la ville.

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Maxine.
Dormir.
C'était souvent, lors de ces nuits de grande peine, que Maxine se contentait d'assouvir ses besoins primaires. Depuis qu'elle était à Paris, ses qualités de voleuse étaient soumises à rude épreuve, et elle n'arrivait plus à vivre autrement qu'en survivant. Les difficultés étaient toutes nombreuses, et obnubilantes : ni paillasse pour dormir, ni pain pour se lever. Loin était le temps du Béarn et du poulet biquotidien offert par sa soeur. Désormais, il fallait se battre tous les jours contre la pluie ou d'autres mendiants pour obtenir de quoi remplir son estomac.
Parfois, et ce soir en faisait partie, Maxine décidait de dépenser toute son énergie à trouver un toit au dessus de sa tête plutôt qu'un bout de pain à croquer ; et dans cette taverne-la, elle eu la chance de trouver les deux.
Tout comme le vent qui battait les pavés, la mendiante passa sans se laisser découvrir à travers les tables, évitant pieds et tabourets, ne faisant aucun bruit. Le Zéphyr avait une tête brune et des yeux sombres. Sous son capuchon de feutre noir, on ne voyait que le bout de son nez, et deux lunes vermillon en guise de bouche.
Elle grimpa dans la première chambre qu'elle trouva, en ouvrit la porte ; facilité déconcertante. Refermant derrière elle, ainsi qu'elle avait trouvé son refuge, elle s'enroula dans une couverture et glissa au fond de la chambre, contre une latte de parquet, et en faisant de ce bois son oreiller, elle plongea dans un sommeil réparateur.

Un oeil entre-ouvert, un autre clos. Tout comme les chats.
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"Miaou"
Simeon.charles
Les premières cuillères furent terribles à avaler. L’odeur réveillait les papilles certes, mais le gout aurait réveillé un mort. Une sensation de gras et acide glissa le long de l’œsophage et fit comme une masse dans l’estomac. On aurait pu croire que la soupe servait aussi au patron de bain de pieds. Le pain, quant à lui était rance et aurait pu briser une quenotte. Heureuse le bâtard avait des chicots de carnassier capable de bouffer un parpaing.

Désormais un dilemme se posait devant lui. Il avait le choix de boire cette soupe horrible et à coup sûr être malade tout le reste de la nuit. Ou ne pas la boire, mais le patron aurait sans doute un sourire en coin en voyant qu’il avait plumé son pigeon. Etre un pigeon plumé, n’était pas envisageable, ni être malade d’ailleurs. Ce fut donc du coude qu’il fit « maladroitement » tomber le bol de soupe au sol.
Oh mince !

Un sourire mauvais adressé au patron. Un partout.
Il bourra le reste du pain rance dans sa besace avec le vieux morceau de formage qui lui aussi n’était plus tout tendre. Il prit alors les escaliers en maugréant qu’il espérait que le lit ne soit pas trop mité, la lumière de la chandelle vacillait et n’éclairait guère. La bonne chose fut qu’il ne vit pas de mite, mais il ne vit pas plus de couverture et encore moins l’occupante surprise.


Diable, je foutrais le feu à ce gourbi avant de partir !

D’un de pied il poussa sa besace sous son lit avant de retirer sa botte. Il leva ensuite l’autre pied et l’extirpa de la seconde. Ce fut en les posant devant le lit, qu’il vit la jeune emmitouflée. L’œil vert fut comme parcouru d’un éclair.

Hey là ! Qu'est-ce que tu fiches !
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Maxine.
Eclair de lucidité, ou de peur lorsque le pyromane entre dans sa chambre. Les murs grondent, tout comme l'estomac de Maxine, qui plaque contre son palpitant une main directive et ferme ; Arrête de brailler. Elle n'eût pas même le temps de penser à cacher un peu plus sa présence, que déjà il la découvrait. Et au ton de sa voix, on le savait vraiment pas

Enchantée, je suis Pauline. C'est moi la bonniche de l'établissement ; j'ai cru cuver dans cette chambre pour la nuit, loin de la patronne qui m'cherche, m'enfin j'ai eu tort. Voyez comme j'suis confuse. J'pars, et j'laisse à vous tout' la

Chambre froide et noire, et ambiance puante... Ca sentait la mauvaise excuse à plein nez, et l'haleine triste des pauvres affamés. Maxine avait l'habitude de changer d'identité, la mauvaise habitude pour être honnête, et cette nuit comme toutes les précédentes, elle choisissait de changer de nom et de personnalité pour camoufler sa présence. Depuis son enfance, elle avait déjà endossé mille rôles, mille noms. Le plus dur étant de se souvenir des noms volés quand elle croisait de vieux amis. Maxine, donc, n'avait absolument aucun

Ami, la bonne nuit. Je bénis vot'couche et vot'bonté. V'la d'quoi péter la baraque, j'espère ben qu'l'feu y fera rôtir tous ces

Comptant sur l'effet de surprise, elle bondit vers la porte, jetant sur le dessus du lit une demi douzaine d'allumettes en guise de leurre. Malgré la voix faussement paysanne, l'accent du béarn ressortait tragiquement dans la bouche de cette petite menteuse. Mythomane, kleptomane, et peu douée, lorsqu'on la sortait du lit en gueulant. Mais il fallait avouer qu'avec sa gestuelle de comédienne, et son aplomb en toutes circonstances, la béarnaise avait un petit quelque chose sympathique.
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"Miaou"
Simeon.charles
Tic tact tic… Le second tac n’avait pas eu lieu. La jeune femme s’était levée et lui donnait les raisons de son campement en plein milieu de sa chambre. Tout semblait crédible pour le vicomte à moitié assoupi et à moitié ronchon. Il était resté planté devant le lit sans esquisser le moindre mouvement. De toute manière, avoir la paix et pouvoir dormir était sa priorité. Même le fait qu’elle lui confia de quoi enflammer son lieu de travail ne le choqua pas. On avait le droit de détester son patron. L’accent béarnais perdu en plein nord Paris ne lui mit pas plus la puce à l’oreille. Après tout, si elle préférait la bruine et la disette plutôt que le soleil et les vergers à piller, c’était son droit.
Il allait donc la laisser partir tranquillement quand tout d’un coup il appuya son lourd bâton contre la porte pour empêcher l’ouverture.


Minute papillon ! Explique-moi comment un aubergiste ayant une soupe aussi dégueulasse et une auberge rongée par la vermine peut-il se payer une bonniche ?

A vrai dire, Siméon bien qu’ayant des grosses tendances misogynes, savait qu’une femme ne pouvait pas concocter un ragoût aussi infâme que celui qu’on lui avait servi ce soir. Et quand on a une bonniche, généralement c’est elle qui fait tout mis à part empocher l’argent.

Si tu es la bonniche, combien de chambre il y a ? Combien de tables sont bancales en bas ? Et surtout…. Comment a été composée la soupe de ce soir ?

Oui, quand le vicomte à faim, son estomac dirige les conversations.
L’œil vert vipère était désormais braqué sur la jeune fille. La main droite tenait toujours fortement le bâton et se servant du poids du corps tout entier, elle l’appuyait sur la porte.

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Maxine.
Et merde.

Il me paye pas. J'ai quelques dettes à rembourser. Il y a... Trois chambres, deux tables bancales et j'ai craché dans la soupe. D'autres questions? Si ça vous ennuie pas j'aimerais

Partir discrètement. Etait-ce encore possible ? Elle avait expédié son interrogatoire avec aplomb, essayant de ne pas s'enfoncer dans son mensonge. La crédibilité de son discours suffirait-elle ? Elle n'aurait pas voulu rester plus longtemps avec lui dans un espace si exigu. Toute cette ambiance lui pesait, elle sentait son dos chauffer et sa gorge se serrer. Et ses yeux, inquiets, n'avaient de cesse de se pencher vers la main et le bâton, analysant chaque détail. Si il ne changeait pas de position, elle n'arriverait jamais à ouvrir cette putain de porte. Pas faute d'

Essayons de reprendre dès le début. Bien l'bonjour, je suis Pauline. Vous êtes ?
Simeon.charles
Faux ! La soupe était surtout au goût de pieds. Alors à moins que vous ayez becté des orteils avant de cracher, la soupe ne peut être de vous.

Pour le reste il n’en savait rien. Il n’avait ni compté ni il allait vérifier. Il lui accorda le bénéfice du doute, mais quand même cette soupe… Oui, bon il devait désormais se sortir cette histoire de soupe de la tête et mener son enquête. Puis, plus que tout, la petite l’intriguait voire l’amusait. Tel un vieux chat se saisissant d’une petite souri il décida de jouer avec elle.

Je me nomme Siméon et toi tu vas aller t’asseoir gentiment sur le lit et arrêter de me prendre pour une buse si tu ne veux pas que je t'aplatisse le museau avec ma canne

Le ton était sans appel et il fit glisser son bateau contre la porte afin de la placer entre la fuyarde et la sortie. Tel un duelliste menaçant son adversaire il se déplaça, bâton prêt à frapper sur la main qui pourrait attraper la poignée de porte.

Que faisais-tu là ? Tu étais ici pour m’espionner ? Me voler ? Me meurtrir ? Ou sont tes affaires ? Je ne m’en suis jamais pris à une fille si jeune, ce ne peut pas être ta vengeance personnelle. Qui t’envoie ? Tu as des complices ? Ils sont nombreux ?
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Maxine.
Siméon, il faut te calmer. Je suis là en amie, je suis pas méchante, et avec tes questions je vois que tu es légèrement paranoïaque. Est-ce que tu entends des voix ?

Elle alla s'asseoir comme il l'avait dit, fatiguée par l'angoisse et la pression que cet interrogatoire menaçant créait chez elle. S'il y avait bien quelque chose que Maxine détestait, c'était le goût d'un baton sur son dos. Et vu l'énergumène qui la harcelait, avec un unique oeil très antipathique, la béarnaise avait peur d'avoir très rapidement un contact violent avec cet ustensile de

Guère plus qu'aller dormir, simplement. Tu m'as trouvée endormie, voila ce que je venais faire ici. t'as d'ja vu des voleurs ou des assassins qui pioncent en attendant leur

Victime d'une erreur judiciaire. C'était exactement ainsi qu'elle se considérait, malmenée par son nouveau compagnon de cellule, alors qu'elle venait ici, rappelons le, simplement pour dormir

Tranquille, tranquille. T'as pas à avoir peur de moi. Je m'en fous de qui t'as buté, tapé, violé. (un instant de silence) Sauf si t'as des conseils à me donner pour que je me fasse un maximum de blé en un minimum de temps.

Et, ainsi tranquillement installée, Maxine sifflota et croisa les jambes sur le lit. Une allure de pirate, ou de voyageuse, avec une cape brune et une chemise couverte de poussière, et des traits de suie depuis son col jusqu'à ses tempes. L'obscurité de la pièce ne lui permettait pas de voir Siméon en entier, ni de distinguer tous les traits de son visage. Lui non plus ne pouvait pas voir les détails de son apparence : ses cheveux bruns, sales et secs, ses cernes creusées, les griffures sur son menton. Elle avait, par pauvreté, été jusqu'à abandonner depuis quelques jours l'hygiène la plus élémentaire en gardant des doigts sales et des ongles à moitié cassés, de son cou se dégageait une vague odeur de sueur et des dernières loques qu'elle avait utilisées pour se couvrir, son visage sentait la fatigue et la fumée. Elle était au bout de ses ressources, ne réalisant pas encore qu'elle devenait la pauvre qu'elle avait voulu incarner par comédie quelques semaines plus tôt, quand elle avait quitté Vyrgule pour fuguer et jouer aux bandits de grand chemin. Finalement, cette rencontre était peut être l'électrochoc dont elle avait besoin pour changer de rôle. Hier comédienne et voleuse, aujourd'hui pauvresse malheureuse. Demain, que serait-elle? Où serait elle? Avec

Qui peut se faire voler facile dans ce taudis ?
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"Miaou"
Simeon.charles
T’es pas très effrayante pour te risquer au truandage. Il va donc falloir être fine et habile, mais je ne pourrais te donner de conseil car je n’y entends goutte en la matière. J’ai bien zigouiller quelques passants, mais par nécessité jamais par tradition. Je pense qu’il suffit de taper fort et par surprise sur le crâne d’un passant. En tous les cas cela a marché pour moi. Le « Crac » signifie que tu peux faire les poches de ta victime.
Cela est pour la partie « buter » et « taper ». Pour ce qui est de violer…


Il reprit appui sur sa canne et s’approcha du lit pour lorgner de plus près cette Pauline.

Mon petit doigt me dit que tu n’es pas équipée pour… Puis tu ne gagneras pas ta vie en souillant celle des autres.
Par contre, ne tente même pas de voler qui que ce soit ici. Sont tous plus pauvres que toi, mis à part moi. Et moi je te ferais la peau si tu touches mes affaires sans autorisation de ma part.


Il prit une chandelle et l’approcha du visage de la jeune béarnaise. Il en avait vu et connu un paquet de petites sauvageonnes et il savait très bien qu’elles ne passaient pas souvent l’hiver et celle là il ne lui donnait pas longtemps.

T’es en piteux état, tu n’arriverais même pas à gagner quoique ce soit en tapinant un peu… T’es épaisse comme un clou de cercueil. Pousse-toi donc que je m’asseye aussi.

Chose qu’il fit sans faire attention si elle avait été assez vive pour se pousser.

De toute manière il est tard et on est fatigués. Je te laisse retrouver ta place et garde la couverture. On doit tenir à deux dans cette piaule, surtout si tu ronfles par terre. T’as mangé ?
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Maxine.
Il y avait des questions intimes. Des questions qui ne se posaient pas à une femme, si on ne voulait pas risquer de la brusquer. Elle fronça les sourcils, haussant les épaules. Ce qu'il venait de dire ne l'atteignait pas plus que ça. Elle avait déjà eu, de toutes façons, son quota d'angoisse pour la journée, et la menace de lui en foutre une ne l'atteignait plus. Qu'est ce qui pouvait être pire que crever de

Faim ? Qui t'est pour t'inquiéter de si j'ai bouffé ou pas ? Et puis qui t'est pour me dire que je peux pas truander ? J'ai pas d'aversion pour le vol, on peut même dire que je suis née dedans. Pas besoin d'exploser des caboches pour arriver à ses fins, je peux te le dire.

Elle marqua un instant de silence, plongeant ses yeux dans les siens, les narines ouvertes sur l'odeur qu'il dégageait. Elle savait, en quelques secondes, juger quelqu'un, et ce qu'elle analysait de lui l'autorisa à redresser le menton pour quelques secondes d'honnêteté.

J'apprécierais que vous ne tiriez pas de conclusion hâtive de mon apparence, Monsieur. Je ne me permettrais pas, moi même, de dire que vous n'êtes qu'un noble qui s'est perdu dans les méandres de la pauvreté et du crime. Pourtant, ça saute aux yeux, et aux narines ; vous parlez comme un noble, vous bougez comme un mendiant, vous ordonnez comme un seigneur, vous sentez le bouc. Entre nous, vous devez avoir un peu des quatre à la fois.

Elle se leva, alla jusqu'à la porte. Elle avait voulu lui montrer qu'elle savait, elle aussi, analyser les gens en quelques secondes comme elle venait de faire pour lui, et comme il avait fait pour elle. Inconsciemment, cette brutale violence verbale était une réponse à la pitié et l'attention qu'il lui avait accordé en lui demandant, par gentillesse si elle avait mangé à sa faim. Consciente qu'elle devait sentir la faim, elle préférait partir que d'être protégée.
Alors, dans une révérence ironique, hommage à sa famille noble, elle ajouta :


Souffrez que je me retire.

Elle était déjà à la porte, qu'elle ouvrit doucement, sans faire de bruit. La silhouette à moitié engagée au dehors, une crampe à l'estomac.

Je promets de ne pas vous réveiller quand je viderai vos poche.
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"Miaou"
Simeon.charles
Et voici la femme dans toute sa splendeur. Elle vient s’installer dans votre chambre sans qu’on ne l’invite. Pour un peu elle l’aurait viré les affaires de l’homme de guerre pour poser à la place des crèmes, des bougies et des fleurs afin qu’elle se sente mieux chez elle. Puis pour finir elle quitte cette chambre quand on lui propose de rester. Siméon en bon misogyne se récita silencieusement tous les jurons adressés aux femmes qu’il avait dans son vocabulaire. Bon, aussi il fallait ajouter qu’elle l’avait piqué au vif. Lui qui aimait se croire intelligent et plus rusé que les autres, venait de se faire mettre en boîte par une jeune fille crasseuse. Il se renifla, autant que possible, discrètement pour voir s’il puait vraiment le bouc. Elle y allait un peu fort, même s’il fallait avouer que l’odeur était très… masculine.

Quand la petite béarnaise le menaça de venir lui faire les poches, il était occupé à tirer la grosse miche de pain et le bout de fromage de sa besace. Il les rompît en part plus ou moins égales et en guise de réponse à la provocation, il lui montra un morceau des deux qu’il posa sur le lit à côté de lui.


Tu pourras venir voler ceci si tu ne veux pas manger maintenant. Le reste de mes « richesses » risqueraient fortement de te décevoir. Trois pièces par-ci, un bout de ficelle par là. Être plus riche que toi ne signifiait pas que j’étais riche, mais que moi je pouvais me payer à manger et une chambre.

Puis il commença à arracher à pleines dents un morceau de pain et tout en le mâchouillant il reprit :

C’est toi qui vois. Soit tu es sage, tu dors sur le plancher et dans la couverture après avoir mangé, soit tu vas t’attirer des ennuis dehors, le ventre vide et dans le froid.

Alors ?
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Maxine.
Elle soupira, autant contre le fait qu'il la prenait de haut, que contre la situation dans son ensemble. Être pauvre, ça puait, dans tous les sens du terme. Et même si elle avait commencé à jouer à la vagabonde pour s'amuser et voir du pays, il fallait avouer qu'il n'avait plus rien de drôle, ce

Je ne vous serai redevable en rien.

Et elle revint dans la chambre, comme un coup de semonce, en tous cas aussi agréable, pleine d'aprioris et de rancoeur. Elle prit le bout de pain et de fromage comme on arrache une victoire à son ennemi, et alla se terrer au fond de la pièce, s'enroulant dans la couverture avec délicatesse.
Elle frotta ses mains et ses yeux, croqua dans sa pitance, lustra ses cheveux, étira ses membres et s'installa confortablement.
Un instant plus tard, les yeux fermés, on eût dit qu'elle ronronnait.

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"Miaou"
Simeon.charles
Redevable ? Il n’y avait même pas pensé. Puis il n’espérait rien en retour. Elle était plus pauvre que lui et généralement la noblesse ne faisait pas payer l’aumône, sinon ça perdrait tout intérêt. Pour ce qui était des arrangements en nature il la trouvait bien trop sale et maigrichonne à son goût. Non mais vraiment…

C’était donc ça ta crainte ? Tssss….

Il hocha des épaules quand elle arracha victorieusement le pain. Il la suivit du coin de l’œil quand elle alla se coucher. Un rictus se forma sur son visage puis il souffla sur la chandelle.

Dans l’obscurité il tira son bandeau de son œil gauche, libérant alors un œil tout à fait valide. Le « subterfuge » de cuir fut posé sur la petite table à côté du lit et sa bourse de cuir glissée sous son oreiller. Il s’étira également, de tout son long afin de travailler un peu sa jambe faussement abîmée.

Les yeux clos, plutôt satisfait d’avoir fait une bonne action pour une fois, il s’endormit.

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Maxine.
La nuit fut courte pour Maxine. Elle s'éveilla avant l'aube, avant lui, avant tout le monde dans la taverne. Lorsqu'elle dressa les yeux vers la fenêtre, la brume se dissipait à peine dans les rues, et on avait encore les flammes allumées aux portes des établissements. On y voyait pas assez pour distinguer les rats courir au bas des trottoirs. Et les bruits, inexistants, laissait la torpeur de Paris atteindre les lits de ses habitants. Elle releva les yeux. Il respirait lentement, aussi pensa t'elle qu'il dormait encore. Bien, songea la béarnaise. C'est plus simple ainsi.
Silencieusement, elle ramassa son paquetage, et s'approcha du lit. Une odeur douce et tiède s'en dégageait, pleine de calme et de sommeil. Morphée peut être, avait les traits de Siméon quand il dormait ? Sous la blancheur de la lune qui disparaissait, se dessinaient les traits de son protecteur. Elle vit un profil, et des cheveux, si près qu'elle aurait pu les toucher. Cet homme endormi était si immobile qu'il ressemblait à une statue qu'on aurait habillée.

Lentement, minimisant les frottements des étoffes qu'elle portait, elle tendit la main vers lui, et le délesta d'un geste assuré et vainqueur des pièces dont ils avaient parlé plus tôt. Elle les posa toute près de lui, dans une pile si parfaite qu'il était évident qu'elle l'avait fait exprès. Lorsqu'il se réveillera, pensa t'elle, il ne pourra pas être insensible à la poésie de ce vol incomplet.

Puis elle se saisit du bout de pain qu'ils avaient partagé peu avant, croqua dedans, et s'assit sur le lit en l'écrasant à moitié pour bien le réveiller.

Tu dors ? Demanda t'elle en laissant s'envoler une compagnie de miettes sur son visage. C'est presque le matin, faudrait voir à se lever.

Ce n'était que le début de la journée.
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"Miaou"
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