... Prête! ... Enfin , je crois.
Il lui adressa un sourire chaleureux.
« Alors allons y, ensemble. Faites comme moi. » Lui dit il en resserrant légèrement létreinte sur la main de la jolie brune.
Le moment était venu. Néotidas, qui tenait toujours sa flasque de sa main gauche, la porta à son nez. Il sentit les effluves florales typiques émanant du Génépi chaud. Une pointe poivrée provenant de la Pâte de Graines de Pavot venait sy ajouter.
Il inhala une première fois.
Lodeur atteignit son mucus nasal lentement.
Il vit les dernières flammes dansantes dun feu de cheminée mourant.
Il inhala une seconde fois.
Les premières toxines commencèrent alors leur ascension jusquà son cerveau.
Il aperçut sa propre chute dans les escaliers de sa cave. Il tombait lentement, il roulait doucement, puis sécrasait lourdement.
Il inhala une dernière fois.
Son esprit était prêt, finalement, à communier avec lui même.
Il distinguait maintenant une barque de bois sombre couler dans les tréfonds dun océan si trouble et noir de profondeur. La barque disparut sans ne jamais rien rencontrer. Néotidas était parvenu à lapaisement.
Il leva son bras, bascula sa tête en arrière, et approcha le goulot de sa flasque près de ses lèvres.
Une gorgée.
Le feu.
Deux gorgées.
Léclair.
Trois gorgées.
Lavalanche.
Quatre gorgées.
Le séisme.
Cinq gorgées.
Rien. Ou plutôt une absence de tout.
Et soudain, ses problèmes sen vont, disparaissent, Il est guéri. La traversée vient de commencer. Il regarde autour de lui, il est libre, Il ne retrouvera jamais le chemin du retour. Il est perdu, mais il y va.
Il arrive devant sa porte dentrée, Il ne se souvient pas de son adresse, quimporte, ses pieds ne touchent pas le sol. Il pousse la porte brusquement et saute. Mais il ne tombe pas et ne se heurte à rien. Il est étendu là.
Il voit des couleurs, plein de couleurs différentes qui brillent à la lumière. Elles s'illuminent comme elles scintillent toujours en plein jour, mais à ce moment précis, elles éclairent lobscurité.
Des mots apparaissent en face de lui. Des maux apparaissent en lui. Mais il na pas mal, il est toujours entrain de courir, comme il le fait depuis des heures.
La pluie le gène à présent, il ne peut plus sen accommoder, elle le brûle.
Il se dit que si ce voyage est sans fin, Il est la créature la plus chanceuse du monde. Mais le soleil ne se couche pas.
Néotidas est entouré de lumière, il ne voit que droit devant lui. Le reste nest quarc-en-ciel de lumière et de couleurs.
Néo se saisit alors de sa plume, ses yeux venaient de se fermer alors quil avait avalé, juste à linstant, sa cinquième gorgée de Génavot. Il transpirait déjà énormément, Il était si humide quon aurait dit quil sortait du lac.
Il se mit à noircir le premier parchemin, dune écriture automatique. Il écrivit encore et encore. Ses paupières souvraient de temps à autre, ne dévoilant que le blanc de ses yeux. Il suait tant que les premieres gouttent tombait déjà de son front, venant éclabousser la table. Ses papiers terminés, il recula brusquement, essoufflé, épuisé, il tomba à genoux et ne put que mettre un point à terre pour se stabiliser.
Il se releva avec peine et se dirigea vers lune des toiles neuves qui nétait pas sur le chevalet. Il sen empara violemment et couru jusquà la table. Il trempa sa plume dans lencrier et commença à écrire sur la toile dune manière étrange. Lartiste créait, son esprit parlait, son inconscient dictait.
Des lignes de texte recouvraient les 4 bords de la toile, de sorte quil fallait tourner cette dernière pour pouvoir lire. Un carré de toile blanche ornait le centre. Vierge de tout, remplit de rien.
Lhomme à la chevelure bouclée empoigna alors son fusain, de petit diamètre, et se mit à dessiner sur le carré de la toile laissé blanc. Un escalier.
Cet escalier ornait à présent le centre de l'oeuvre. En fonction de ce que le lecteur choisirait de lire, il découvrirait alors un escalier montant, ou descendant.
3 bonnes heures étaient passées depuis la cinquième gorgée.
Néotidas se redressa, ses yeux toujours fermés, il tourna la tête à droite, puis à gauche, comme à la recherche de quelque chose. Non, il navait besoin de rien, il cherchait quelquun. Celle dont la main lui avait échappé.
Vidé de toute énergie comme sil venait de vivre une semaine complète sans dormir, Néotidas seffondra violemment de tout son poids.
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Néotidas Bellroy