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[RP] Les aléas d'une vie de ... femme.

Rayanha
[Genève, encore et toujours Genève. ]

La patience est souvent récompensée. Souvent ne veut pas dire Toujours. Mais c'est toujours mieux que Jamais.
Elle doit s'en contenter, il parait.

"Des rares instants de qualité plutôt que trois mots écrit à la va vite sur un bout de torchon. "
Voilà qui la laisse dubitative, la brune.
Doit-elle faire un choix? Même pas. Il l'a fait pour eux.
L'accepte-elle ? Faut encore qu'elle y réfléchisse. Et c'est pas vraiment ce pour quoi elle est le plus douée.
Est-ce ce qui la pousse à grimper en haut du Phare ? Peut-être, peut-être pas.

Les marches sont montées quatre à quatre et c'est essoufflée qu'elle atteint son but.
Le vue est presque illimitée.


Parfait.

Elle chevauche le muret qui se voudrait sécuritaire et s'y assoit. Les pieds dans le vide, le brasero dans le dos.
Elle prend son calepin à croquis sur ses genoux , un fusain bien taillé et commence ce pourquoi elle est venue ici.

Se vider la tête. Ne plus penser. S'évader quelques heures. Profiter d'une solitude voulue. Sourire en songeant à une solitude à deux. Ne plus penser à nouveau. Dessiner. Simplement dessiner.

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Rayanha
Une page arrachée et jetée dans le brasier du phare.
Deux pages. Trois pages. Quatre. Dix. Le calepin va y passer si ça continu.


Bordel dessiner des maisons c'est quand même pas compliqué!

Rien à faire, quand ça vient pas, ça vient pas. Le syndrome de la page blanche ... c'est une première pour la brune. Et c'est terrible. Elle qui d'habitude dessine aussi vite qu'elle pense. Là, rien. le néant.
Son ventre se contracte, son coeur s'emballe, ses mains tremblent.


Un docteur? Pas certaine que Curtis puisse y faire quelque chose ...

Panne d'inspiration. C'est sans doute la pire chose qui pouvait lui arriver.

Reprendre les coquelicots? Non non non ... plus jamais ... c'est trop éprouvant ...

Non, elle ne parle pas seule. Déos étant partout, tout le temps, on ne parle jamais seul.

Prier? ...


Son regard se lève au ciel, perplexe ...
Non. Elle ne priera pas pour une chose aussi futile.
Alors elle attend. Le regard plongé vers le lac. ça va bien finir par revenir.

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Rayanha
Le néant est là. En elle et sur sa feuille.
Peut-être que c'est le fait de dessiner des maisons qui ne l'inspire pas? D'habitude elle dessine des portraits, des paysages, réels ou imaginaires, mais pas des maisons.
Au mieux une ruelle fleurie , une place de village qui grouille de monde , un château au loin sur une colline. Jamais elle n'avait eu à dessiner une ville entière et concrètement.
Un plan plat pour un cadastre, sans fioriture ni excentricité. Juste un plan plat.
ça change de tout ce qu'elle a l'habitude de faire. Et ça lui coupe toute sa créativité.

Alors elle redescend du phare. Beaucoup plus lentement qu'à l'aller. C'est que ça la travaille cette histoire de syndrome de la page blanche.

En bas, dans un enclos de fortune, Jeannot l'attend sagement. Elle le porte sous le bras et se dirige machinalement vers la taverne Républicaine en lui parlant.


Et si ça revenait pas? Jamais je veux dire. Et si j'étais incapable de redessiner quoi que se soit un jour?


Le pauvre lapin se retrouve la truffe collé au nez de sa maitresse sans trop comprendre ce qu'elle lui raconte. C'est juste un lapin ...

T'imagines?! Plus jamais dessiner?! Moi!

Et dans un mouvement de panique, elle le blotti contre elle en lui caressant nerveusement le crane

Plus jamais ... fini ... Fini ...

Et c'est donc totalement vide qu'elle arrive à sa taverne. Enfin non c'est pas la sienne, c'est celle de Gut. Mais c'est tout comme. Il le sait pas encore mais il lui léguera.
Neotidas est là.Il écrit. Elle ne sait pas ce qu'il écrit mais ça la fait sourire de le voir ainsi concentré. Elle a pu lire quelques une de ses lignes bien à lui.
Elle les aime. Beaucoup.
Neotidas c'est un artiste. Un vrai. Pas comme elle.
Elle , elle colore le monde à sa façon. Lui , il donne vie aux mots. Il les fait danser, s'envoler. Il les fait même rêver.
Elle aime aussi être en sa compagnie. Elle se sent comme apaisée à ses côtés.

Et donc elle vient déranger sa séance d'écriture.
Parce qu'il a beau lui dire qu'il ne l'a pas entendu entrer, elle sait qu'elle n'est jamais vraiment discrète quand elle débarque. C'est la première à rechercher le calme et c'est la première à le troubler. Quoi de plus normal?

D'un simple bonjour, ils se mettent à parler d'art. Leurs arts respectifs qui ont finalement la même base vitale: l'Inspiration.
Et comme vous l'aurez compris, la brune elle est en panne justement.
Donc c'est naturellement qu'ils parlent de fleurs. Qui n'est pas inspiré par les fleurs?
Bon, c'est pas tout à fait ça mais presque. Les plantes ça aide l'inspiration. ça la relance, la réactive. Qu'on les regarde, qu'on les sente, qu'on les fume ou qu'on les boive.
Les plantes c'est une source intarissable de l'art.
Et de conversation florale , ils se livrent des secrets. Des secrets top secrets que jamais personne ne doit savoir. Jamais. Personne.
Puis les secrets se lient et ne deviennent qu'un. un secret pour deux, un secret à deux.

Après une courte pause loufoque façon "Marieke en taverne" , pas distrayant pour deux sous, ils en reviennent à leur projet confidentiel.
Quelque part, ça lui fait peur. Mais, de nature curieuse - un peu trop surement- elle se laisse embarquer. Puis elle lui fait confiance. Pourquoi? C'est ainsi. Ils ne se connaissent pourtant pas de longtemps mais elle est rassurée s'il est là.
Et c'est donc main dans la main qu'ils vont d'abord chez lui, un arrêt rapide pour prendre ce qu'il faut. Direction chez la brune.

Tout en bas de la rue des botanistes, juste devant la Tour-Ailes, à l'angle du "Bout de Schecter" qui n'est pas encore terminé- ... C'est un foutoir innommable.
Elle n'y passe que très peu de temps. Généralement elle vient poser/jeter un truc, en prendre un autre , passer ses longues nuits d'insomnies en rongeant intérieurement tout ce qui la tracasse mais elle ne s'y arrête pas vraiment comme le font les gens normaux dans leur maisonnette où il fait bon vivre. Elle passe le plus gros de son temps dans une forêt, dans LA forêt ou en taverne et en avoyerie. Sa maison c'est surtout un dépôt.

Toujours la main dans celle de Neo, elle pousse la porte qui n'est jamais fermée à clef - parce qu'il lui parait logique que personne n'oserait cambrioler une sicaire, faudrait être complètement fou ou suicidaire - et passe la tête à l’intérieur.
Rapide inspection des lieux, la petit maison a connu pire. Le carreau de la fenêtre a bien été réparé en son absence , c'est un peu poussiéreux mais pas tant. Les volets sont fermés, il fait sombre dedans. Elle ouvre la porte en grand et entraîne Neo avec elle.
Elle entre comme si c'était la première fois qu'elle entrait dans sa propre maison.


Bienvenue dans mon antre Neotidas. je vous ai prévenu c'est ... spartiate ... et bordélique ...

Une banquette, sur la droite de l'entrée, est envahi par des vêtements en vrac , une toute petite table est recouverte de pots de couleurs différente, de pinceaux, de toute petites lames, de calepins, de fusains. Sur le côté de la petite table un chevalet où trône une toile. Un portrait d' homme innachevée, à première vue. Le tout face à la cheminée abritant encore la dernière bûche éteinte depuis longtemps.
A gauche de l'entrée, une table à manger où sont posé des épées de différentes tailles, deux arc, des flèches et tout un attirail de pêche. Aux murs il n'y a rien à part une grande toile du nouveau blason de Genève, fait il y a peu à quatre mains et une Edelweiss dans un cadre au dessus de la cheminée.


Laissez moi le temps de faire de la place sur la banquette, en attendant, vous êtes ici chez vous.


Et tout en parlant, elle ose lui lâcher la main et va prendre le tas de linge qu'elle monte à l'étage où se trouve la seule et unique chambre de la maison.
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Neotidas
« Laissez moi le temps de faire de la place sur la banquette, en attendant, vous êtes ici chez vous. »

Sur ces mots il la laissa filer, la regardant débarrasser la banquette et ranger la pièce dans laquelle ils se trouvaient. « Ah quoi bon? » pensa t’il.
Sans doute était elle nerveuse. L’homme qui se tenait là, debout dans cette petite maison sombre aux fenêtres obstruées, le savait bien. Il appréciait cette femme et les différentes facettes de son interessante personnalité. Guerrière et sure d’elle, elle laissait parfois la Rayanha plus fragile et plus tendre prendre le dessus, avec lui du moins. Et ce soir, elle était nerveuse. Elle était inquiète. La flasque dans sa poche, c’était elle la coupable.

Une flasque. Tout les 2 jours.

Néotidas avait toujours été interessé par les arts, il en faisait son gagne-pain depuis qu’il avait quitté le domaine avec sa soeur. Lui qui n’avait que 20 ans quand il arracha sa liberté au comte fraichement couronné, il découvrit que ses créations plaisaient. Il dessinait au fusain, peignait à l’huile et écrivait à l’encre, d’une plume volée au chateau. Bien vite, Il se mit a haranguer les foules sur les chemins, les nourrissant de ses vers contre écus. Puis se fut la chair qu’il obtint en échange. Le pouvoir des rimes riches était incroyable.

Le jeune homme avait une imagination sans limite. Il le savait. Mais Il savait aussi qu’il n’y avait pas accès. Son conscient avait été exploité à son maximum après 2 longues années d’écritures, de luxure et de débauche. Néo avait bien vu d’autres Lyonnais de bonne famille s’abandonner à la fumette, délirant un instant avant de reprendre le cours normal de leur journée. Cela pouvait être une idée, mais il fallait mieux. Il lui fallait la clé. La clé qui lui offrirait sa seconde liberté: Celle du voyage spirituel où Néotidas rencontrerait son Lui créatif, le laissant prendre le contrôle.
Il mit les arts de coté et se consacra à la recherche de sa clé. Il crut ne jamais la trouver jusqu’a ce soir de janvier 1462 ou il tomba par hasard sur une bouteille en verre sur laquelle était écrit: « Octobre 1461 - Genepi + Pate de Graines de Pavot ».

5 gorgées.
Sa production clandestine avait commencé, sa clé s’appellerait « Génavot ».
Ses productions artistiques avaient reprit. Son inconscient avait tant à offrir.

Seul au rez de chaussé, il sortit sa flasque, pour sa consommation personnelle, puis posa sur la table de bois une bouteille avec la mention: « Génavot - Mars 1463 ». Il versa un peu de Génavot dans un verre pour Rayanha.
Néo alluma sa chandelle. Il chauffa tour à tour la flasque et le verre. La température serait à son niveau optimal dans un court instant, ensuite se serait 1 gorgée pour elle, 5 pour lui.

Une flasque. Tout les 2 jours. C’était son jour.


« Rayanha, revenez donc. C’est presque prêt. Pourriez vous mettre en place des toiles neuves avec de la peinture, ainsi qu’un encrier? J’ai bien pensé à mes parchemins et ma plume, mais j’ai oublié mon encrier. »
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Néotidas Bellroy
Rayanha
A l'étage, dans la chambre, c'était encore pire qu'en bas niveau bordel et nervosité.
Elle jette en vitesse son tas de linge sur ce qui ressemble à un lit, un peu plus un peu moins ...
La brune va pour redescendre quand elle passe devant le miroir de sa coiffeuse. Elle s’arrête devant son reflet et se regarde. Force est de constater que la panique se lit plutôt facilement dans ses yeux.


Tu vas juste boire un coup de Génèp' , c'est pas la mort alors t’arrête de flipper , tu t'détends et tu redescends.

Là tout de suite, elle essayes de s'en convaincre. Elle a envie de prier. D'un coup. Un peu comme avant de partir au combat. A la différence que les champs de bataille ne lui font pas peur et que là, elle est morte de trouille à l’intérieur.
Une sicaire n'a jamais peur selon Mad. ça dépend des fois apparemment.
Alors elle inspire profondément en fermant les yeux, laissant aller ses bras le long de son corps.
Elle expire lentement et s'autorise une toute petite prière. Juste pour se redonner un peu de contenance.
Ses mains cessent de trembler, son coeur ralenti et reprend un rythme convenable.


« Rayanha, revenez donc. C’est presque prêt. Pourriez vous mettre en place des toiles neuves avec de la peinture, ainsi qu’un encrier? J’ai bien pensé à mes parchemins et ma plume, mais j’ai oublié mon encrier. »

Elle rouvre les yeux et se regarde à nouveau. ça va beaucoup mieux. Un petit coup de fouet spirituel et ça repart.
Des toiles neuves donc. Rapide coup d’œil dans la chambre, elles sont en bas.
Elle rejoint Neo, le pas léger. Il a l'air de chauffer l'alcool. Elle le regarde faire, sourire au coin des lèvres , la lueur de curiosité est de retour dans les yeux clairs de la brune.


ça se boit chaud?

Et tout en posant la question, elle va dans le tout petit débarras de la cuisine et revient avec les toiles vierges. Elle remet un peu d'ordre sur la petite table en prenant soin de ne pas le déranger. Les peinture et les fusains d'un côté, les encriers de l'autre.
Elle va pour changer la toile du chevalet quand son regard se fige sur le portrait inachevé qui y trône. Elle s’arrête de respirer quelques secondes et fait le changement assez rapidement. C'est pas le moment pour la séquence souvenir nostalgique voire carrément déprimante.


Dites ...

L'ambiance est feutrée, paisible , la faible lueur de la bougie enveloppe la pièce d'une douceur presque veloutée.
La brune s'assoit doucement sur la banquette. Vite qu'il lui redonne la main. Il a promis de ne pas la lâcher.


... ça fait pas re surgir les vieux démons du passés au moins?

Ouais ...parce qu'il y a certaine choses qu'elle a rangé dans un coin d'elle même, très profond, enfouies au maximum, pas oublié non, il est des choses qu'on ne peut oublier, mais enterrées, enfermées à double tour dans une boite du passé et la rouvrir est sans doute la dernière chose dont elle a besoin.
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Neotidas
... ça fait pas re surgir les vieux démons du passés au moins?

Il la regarda tendrement, de ce genre de regard qui rassure, puis sourit.

« Non, rien de tout cela. Vous allez simplement voyager, découvrir l’inexplorable. C’est le grand plongeon qui vous attend, mais vous n’atteindrez jamais l’eau. »

Le liquide qui remplissait le verre et la flasque avait maintenant atteint l’ébullition. Le sang de Néotidas serait bientôt dans le même état.
Avant ça, il devait s’assurer qu’ils étaient tout deux en sécurité à l’intérieur et qu’ils ne risqueraient pas de sortir. D’un rapide coup d'oeil à la porte il remarqua que cette dernière n’était pas verrouillée. Le mieux était encore de la bloquer.
Il saisit la main de Rayanha pour l’inciter à se lever et se mit à pousser la table contre la porte.

Génavot bouillant, sorties condamnées, fenêtres fermées, toiles préparées, Il déroula son parchemin et le posa sur la table. La plume, l’extension de son génie, le relais de son esprit. Il la déposa méticuleusement juste à coté du parchemin. Pas n’importe comment, de manière parfaitement parallèle. Il avait son rituel, il répétait les même mouvements tout les deux soirs. Mais aujourd’hui, Il avait de la compagnie.

Ils étaient là, face à la porte, debout devant la table. Néo enroula le verre dans un torchon pour ne pas se bruler en le saisissant puis le tendit à Rayanha. Il plaça délicatement sa flasque dans l’écrin en croûte de cuir prévu à cet effet.


« Il faut inhaler les vapeurs. Lentement, profondément. 3 fois. »

De sa main droite libre il enveloppa la main gauche de son amie tavernière.

« Ensuite, nous boirons. Prête? »
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Néotidas Bellroy
Rayanha
Elle le regarde, l'écoute et le suit, aveuglement.
Voyager, explorer, plonger, s'enfermer. S'enfermer? Mais pour quoi faire? La brune s'en fout. Si elle commence à se poser des questions elle va repartir dans son branle-bas intérieur. Alors elle s'abstient.
Elle aurait tout de même pu lui dire qu'elle a la clé de la porte sur son trousseau, quelque part au fond de sa besace mais ça aurait enlevé un brin de mystère. Donc là aussi elle s'abstient.
Elle sourit à la préparation de Néo. Ses gestes sont appliqués et précis. Une partition précise se dessine sous ses doigts.

Elle attrape le verre enveloppé du torchon et écoute attentivement.
Inhaler, 3 fois, et boire.


« Ensuite, nous boirons. Prête? »
... Prête! ... Enfin , je crois.


Elle lui sourit, mi taquine mi inquiète.
Tant qu'il lui tient la main, tout va bien.

Les vapeurs remontent du verre et s'insinuent dans ses narines. Ça picote.
Elle ferme les yeux et inspire une premiere fois. Lentement. Profondement. Comme il lui a dit de faire. Ça chauffe un peu mais c'est pas désagréable.
Puis une seconde fois. Toujours pareil. Sauf que ça chauffe moins et ça picote plus du tout. Elle se laisserait presque aller à rire. Jamais elle n'a humé un verre ainsi. Mais elle se contente de sourire et de plonger ses yeux dans ceux de Neo pour inspirer une troisième fois.
Un frisson lui parcourt le dos jusqu'à la nuque. Elle prend le temps de s'imprégner de l'odeur et de l'ambiance feutrée , en serrant un peu plus sa main dans celle de son ami.


... cul sec?


Elle a rien trouvé de mieux à dire? Bin non ... c'est sa façon à elle de se détendre. Sortir une petite connerie l'air de rien dans un moment qui se voudrait presque serieux.
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Neotidas
... Prête! ... Enfin , je crois.

Il lui adressa un sourire chaleureux.

« Alors allons y, ensemble. Faites comme moi. » Lui dit il en resserrant légèrement l’étreinte sur la main de la jolie brune.


Le moment était venu. Néotidas, qui tenait toujours sa flasque de sa main gauche, la porta à son nez. Il sentit les effluves florales typiques émanant du Génépi chaud. Une pointe poivrée provenant de la Pâte de Graines de Pavot venait s’y ajouter.

Il inhala une première fois.
L’odeur atteignit son mucus nasal lentement.
Il vit les dernières flammes dansantes d’un feu de cheminée mourant.

Il inhala une seconde fois.
Les premières toxines commencèrent alors leur ascension jusqu’à son cerveau.
Il aperçut sa propre chute dans les escaliers de sa cave. Il tombait lentement, il roulait doucement, puis s’écrasait lourdement.

Il inhala une dernière fois.
Son esprit était prêt, finalement, à communier avec lui même.
Il distinguait maintenant une barque de bois sombre couler dans les tréfonds d’un océan si trouble et noir de profondeur. La barque disparut sans ne jamais rien rencontrer. Néotidas était parvenu à l’apaisement.

Il leva son bras, bascula sa tête en arrière, et approcha le goulot de sa flasque près de ses lèvres.

Une gorgée.
Le feu.

Deux gorgées.
L’éclair.

Trois gorgées.
L’avalanche.

Quatre gorgées.
Le séisme.

Cinq gorgées.
Rien. Ou plutôt une absence de tout.

Et soudain, ses problèmes s’en vont, disparaissent, Il est guéri. La traversée vient de commencer. Il regarde autour de lui, il est libre, Il ne retrouvera jamais le chemin du retour. Il est perdu, mais il y va.
Il arrive devant sa porte d’entrée, Il ne se souvient pas de son adresse, qu’importe, ses pieds ne touchent pas le sol. Il pousse la porte brusquement et saute. Mais il ne tombe pas et ne se heurte à rien. Il est étendu là.
Il voit des couleurs, plein de couleurs différentes qui brillent à la lumière. Elles s'illuminent comme elles scintillent toujours en plein jour, mais à ce moment précis, elles éclairent l’obscurité.
Des mots apparaissent en face de lui. Des maux apparaissent en lui. Mais il n’a pas mal, il est toujours entrain de courir, comme il le fait depuis des heures.
La pluie le gène à présent, il ne peut plus s’en accommoder, elle le brûle.
Il se dit que si ce voyage est sans fin, Il est la créature la plus chanceuse du monde. Mais le soleil ne se couche pas.
Néotidas est entouré de lumière, il ne voit que droit devant lui. Le reste n’est qu’arc-en-ciel de lumière et de couleurs.


Néo se saisit alors de sa plume, ses yeux venaient de se fermer alors qu’il avait avalé, juste à l’instant, sa cinquième gorgée de Génavot. Il transpirait déjà énormément, Il était si humide qu’on aurait dit qu’il sortait du lac.
Il se mit à noircir le premier parchemin, d’une écriture automatique. Il écrivit encore et encore. Ses paupières s’ouvraient de temps à autre, ne dévoilant que le blanc de ses yeux. Il suait tant que les premieres gouttent tombait déjà de son front, venant éclabousser la table. Ses papiers terminés, il recula brusquement, essoufflé, épuisé, il tomba à genoux et ne put que mettre un point à terre pour se stabiliser.
Il se releva avec peine et se dirigea vers l’une des toiles neuves qui n’était pas sur le chevalet. Il s’en empara violemment et couru jusqu’à la table. Il trempa sa plume dans l’encrier et commença à écrire sur la toile d’une manière étrange. L’artiste créait, son esprit parlait, son inconscient dictait.
Des lignes de texte recouvraient les 4 bords de la toile, de sorte qu’il fallait tourner cette dernière pour pouvoir lire. Un carré de toile blanche ornait le centre. Vierge de tout, remplit de rien.
L’homme à la chevelure bouclée empoigna alors son fusain, de petit diamètre, et se mit à dessiner sur le carré de la toile laissé blanc. Un escalier.
Cet escalier ornait à présent le centre de l'oeuvre. En fonction de ce que le lecteur choisirait de lire, il découvrirait alors un escalier montant, ou descendant.

3 bonnes heures étaient passées depuis la cinquième gorgée.
Néotidas se redressa, ses yeux toujours fermés, il tourna la tête à droite, puis à gauche, comme à la recherche de quelque chose. Non, il n’avait besoin de rien, il cherchait quelqu’un. Celle dont la main lui avait échappé.

Vidé de toute énergie comme s’il venait de vivre une semaine complète sans dormir, Néotidas s’effondra violemment de tout son poids.

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Néotidas Bellroy
Rayanha
« Alors allons y, ensemble. Faites comme moi. »

C'est parti.
Elle souffle un coup , un peu comme si elle allait entrer en lice. Face à un adversaire inconnu pour le coup.
Première goulée, timide.

Nom d'une vache mauve! ça arrache !

Elle regarde Néo, puis son verre, puis Néo, puis son verre et sourit en coin.
Le génépi , elle connait plus que bien. Elle est tombée dedans quand elle était petite il parait.
Mais là, c'est vraiment différent.

Deuxième goulée, un peu plus franche.
ça chauffe la bouche, ça pétille dans la tête.

Pas mauvais c't'histoire ...

Elle garde sa main dans celle de Néo. Elle a le sentiment que c'est le seul lien avec le monde réel qui lui restera d'ici peu. Malgré ça, elle n'a plus peur, elle se sent détendue.

Troisième goulée.
Elle prend le temps de l'apprécier vraiment. C'est doux et fort en même temps.
La douceur se niche au creux de son ventre alors qu'une force étrange monte en elle.

Et de quatre. Elle desserre les doigts sans lâcher Néo. Elle a l'impression que ses mains deviennent moites sans avoir chaud pour autant. Tout s'oppose en elle sans que ça ne l'inquiète une seconde.

Et la dernière. Elle plonge son regard clair dans celui de Neo qui n'a plus du tout la même lueur. Les mains se sont lâchées sans qu'ils ne s'en rendent compte. Sans que ça ne lui fasse peur. Avoir peur à cet instant précis est impensable.
Tout est devenu légèreté autour d'elle. Elle ne s'est jamais sentie aussi apaisée. Pas même sous l'Arbre du Savoir.

Elle regarde ses pieds et sent ses orteils remuer dans ses bottes. Il faut qu'elle les enlève. C'est vital. Les bottes, pas les orteils ...
Machinalement elle va s’asseoir sur la banquette et se retrouve sur un immense fauteuil cotonneux, elle se déchausse et ses pieds s'enfouissent agréablement dans un nuage.
Elle est loin de la treizième dimension et demie des coquelicots. Machinalement, comme à chaque fois qu'elle va peindre ou dessiner quelque chose, elle attrape son ruban rouge et noue ses cheveux. Jamais ils n'ont été aussi doux.
Le chevalet devant elle l'appelle. Il lui murmure de s'occuper de lui et elle ne voit plus que lui. Un fusain arrive entre ses doigts et elle pose la toile sur ses genoux.
La brune est assise en tailleur dans une bulle de quiétude. Pas de compagnons incongrus cette fois. Elle est seule, ailleurs, et ne voit plus que ses mains.
Elle les observent et elles se mettent à dessiner. Elle ne leurs à rien demandé, elle le font toutes seule. Comme si elles étaient détachées d'elle. Elle n'essaye pas de les retenir, elle leur sourit.
Où est-elle? Elle n'en sait rien. Elle ne se pose pas la question. Elle est juste "bien".
La toile se rempli doucement, surement, quelque chose se dessine , la brune observe le spectacles gracieux que lui offre ses doigts habiles.
Des petites touches de couleurs viennent égayer le tableau. Elle replace une mèche de cheveux derrière son oreille et ferme les yeux. Ses mains peignent encore, elles sont libres de toute retenue, de toute attache. Elles n'ont plus de frontières et elles en profitent.

Elle inspire profondément, très profondément et se sent épuisée, très épuisée.
La bulle disparaît et elle se retrouve assise sur sa banquette.
Combien de temps s'est écoulé? A-t-elle bougée de là?

- Where is Jeannot?
Jeannot is in a garden.
Ah ok. -

Et lui, où est-il? Elle le cherche du regard, elle y voit très mal. Comme quand on rentre dans une pièce sombre après plusieurs heures au soleil.

Mais qu'est-c'qu'il fiche par terre?

Elle replace la toile sur le chevalet sans la regarder et va péniblement jusqu'à Néo. la légèreté est partie. Elle se sent terriblement lourde et lente, très lente.
Elle réajuste sa vue et l'observe un sourcil en l'air. Il a l'air de dormir. Accroupie à côté de lui, elle pose doucement une main sur sa poitrine. Il respire. La voilà soulagée. A le voir ainsi on croirait qu'il vient de courir la marathon de sa vie.
Elle laisse sa main sur son torse . Elle la regarde monter et descendre au rythme de sa respiration.
Elle est fatiguée. Elle se hisse jusqu'à la banquette et tire tant bien que mal une couverture. Elle s'allonge aussi délicatement que possible à ses côtés et les couvre. Elle remet sa main sur le torse de Néo , pose doucement sa tête sur son épaule et s'endort. Sans se faire prier, elle sombre.

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Neotidas
Le lendemain matin, il se réveilla. Reprenant peu à peu ses esprits il releva sa tête délicatement et la vit. Tout était clair, tout était pure et elle était là.
Quoiqu’il se soit passé hier au soir, Néo était ravi de la voir là. Elle avait l’aire paisible et dormait sur son épaule, sa main protectrice sur son torse.

Il la regarda un instant.

Il avait à faire et ces années de dépendance l’avaient immunisé contre les symptômes post-Génavot. Ce qu’il ne pouvait supporter, en revanche, c’était la douleur s’il allait au-delà des deux jours. S’il oubliait de boire alors son corps lui rappellerait violemment, le compressant de toute part comme s’il allait imploser.

Il se leva doucement après avoir pris soin de ne pas réveiller Rayanha en déposant sa tête sur le draps. Il la regarda encore, puis se dirigea vers la table qui bloquait la porte. Néotidas tira la table en silence pour libérer le passage et aperçu ses oeuvres sur celle-ci. Des parchemins de poésie, de prose, de croquis et une toile. Il sourit et jeta un coup d’oeil derrière lui: Elle dormait toujours tranquillement.

Après avoir roulé ses parchemins, qu’il prendrait le temps d’étudier chez lui, il rédigea une note sur un petit carré de papier.



Citation:
Ravi de vous avoir fait entrer dans mon monde.
Je vous offre cette toile en souvenir de notre soirée. Elle symbolise ces hauts et ces bas que nous avons tous, mais ici, il vous suffit de tourner la toile dans le bon sens pour n’avoir que des hauts.
Restez positive et courageuse.

Peut être nous reverrons nous dans deux jours.
NB



Il sortit.
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Néotidas Bellroy
Rayanha
Les cloches du temple résonnent.

Les cloches du temple?!?!

La brune se lève d'un bond et regarde autour d'elle. Elle est encore chez elle, tout va bien. Elle va ouvrir les volets, il fait beau. Un peu trop beau. Le soleil est déjà bien haut dans le ciel. Combien de temps a-t-elle dormi? Une nuit? Un jour? Plus? Moins? La notion du temps lui a échappé au moment où elle a lâché la main de ...


Néo!


Il n'est plus là. Elle monte quand même voir à l'étage, au cas où. Croisement de son reflet dans le miroir ... ouch.

Sale tronche ce matin ...

Le ruban dans ses cheveux ne retient plus grand chose, elle a de la peinture sur le front et la joue , les doigts noirs de fusain et elle a mal au crâne. Pas une gueule de bois mais pas loin. Mal au dos aussi. A dormir par terre aussi ...
Elle vire son ruban rouge et secoue sa longue chevelure noire en essayant de lui redonner un peu d'allure puis file au puits chercher de l'eau, se laver les mains et récupérer Jeannot qui attend sagement dans son enclos que sa maitresse lui donne sa carotte matinale.

A l’intérieur c'est légèrement le bordel. Un bordel artistique qu'il va falloir ranger un peu. Elle soupire d'avance. Prise d'une flemmingite aiguë elle se contente de faire chauffer de l'eau pour une tisane. Elle va quand même remettre la table à sa place et tombe sur le mot laissé par Néotidas. Elle sourit en le lisant. Voilà qui illumine son état brumeux. Elle regarde la toile et la tourne dans tous les sens en gardant son sourire aux lèvres. Elle l'accrochera sur le mur, c'est certain.


Une tisane?


Regard interrogateur à son lapin qui attends toujours son petit dej'.

Un coup de gnôle?

Jeannot la regarde en remuant sa truffe et ses longues oreilles.

Mouais ... t'as raison. Tisane.


Oui, elle communique avec un lapin. Oui, elle est dans son état normal.
L'eau boue , trois pincée de feuilles de verveine sont jetées dedans et infusent sur la petite table en répandant la douce odeur dans la maisonnette.
Jeannot sous le bras, une carotte dans la main, elle réuni les deux en s'affalant de tout son long sur la banquette.


Aujourd'hui, je fais rien! Je peux?

Le compagnon à poils mi long la regarde de ses deux petits yeux rond et noirs en rongeant sa carotte.

Adjugé! Aujourd'hui on fout rien de rien.

Et les yeux de la brune se pose sur sa toile à elle. Elle pousse doucement Jeannot de ses genoux et la regarde, bouche bée.

Nom ... d'une ... biscotte ...

Devant elle se dresse un portrait. Le portrait qu'elle essaye d'achever depuis des années. Celui qui recouvre nombre de toiles sans jamais avoir été terminé.
Un visage d'homme. Pas n'importe lequel. Elle pensait l'avoir oublié; Elle croyait ne plus jamais se rappeler de ce visage là malgré les tentatives pour se le remémorer.
Elle avait à peine douze ans la dernière fois qu'elle l'a vu et le temps faisant son oeuvre, elle était incapable de se souvenir suffisamment pour le peindre. Voilà qui est fait à présent. Un larme glisse doucement sur sa joue, larme de joie, de bonheur, de souvenirs heureux et d'achèvement.
Elle attrape son lapin et le blotti contre elle en riant et se rallonge sur la banquette, se couvre et se rendort paisiblement, un sourire illuminant son visage.
Il ne lui manquerait plus que les bras de son hybride pour un bonheur total ...

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Rayanha
[Quelques jours plus tard. Genève, éternellement Genève. ]

Quand on cherche le calme c'est généralement au Léman qu'on le trouve. Ou en haut du Salève mais il faut avoir la motivation et l'endurance pour y grimper.
C'est pas le cas de la brune aujourd’hui. Donc ça sera le lac.

D'un pas décidé elle sort de la taverne Républicaine , Jeannot sous le bras, et remonte le quartier du port jusqu'au centre ville. Un arrêt- très- rapide par chez elle pour prendre de quoi dessiner, au cas où l'envie lui prendrait, une carotte pour le copain à poil blanc , un lourd trousseau de clefs et c'est reparti. Elle longe le futur chemin de ronde sans regarder autour. Moins elle croisera de monde, mieux ce sera.
Pas qu'elle soit associable, loin de là, mais il y a des jour où elle a tout simplement pas envie.
Ne pas avoir à taper poliment la causette aux petites vieilles en mal de compagnie, ne pas être forcée de s'extasier devant le dernier né de la voisine - qui, il faut le dire, ressemble au premier, au second, au troisième et même légèrement au boulanger de la rue d'en face. - , ne pas devoir répondre "ça va et toi?" alors qu'elle en a strictement rien à cirer et qu'en plus ce jour là, non, ça ne va pas. Bref, un jour sans.

Puis elle passe devant l'endroit où se dressera la porte de la ville qui mènera au lac.
La future porte de l'Ichtus.
A partir de là, elle doit compter combien de temps elle met pour y arriver.
Elle lui a dit un petit quart d'heure au tisserand mais tout dépend de la cadence du pas finalement. A quelle allure il marche lui? Bin elle en sait fichtre rien. Elle n'a jamais promené à ses côtés pour pouvoir dire s'il va vite ou non.

Elle s’arrête un moment et réfléchi. A voix haute. Normal.


Il est grand ... comme ça ...

La main se lève d'à peu près une tête au dessus d'elle pour accompagner sa réflexion.

A peine plus ...et il a des grandes jambes.

Jeannot remue la truffe et les oreilles et encore une fois, elle y voit un signe de communication.

Bin parce que je le sais. ça se voit. Parce que je suis observatrice. là. ça te vas?

Evidemment, le lapin il y comprend rien. C'est un lapin. Mais il bouge ses oreilles différemment alors elle en conclu qu'il acquiesce.

Bon ... on va dire qu'il marche un peu plus vite que moi ... ça devrait faire l'affaire...


Et c'est reparti direction le lac et ses rives paisibles tout en calculant le temps qu'il lui faut.
La maison du Médicastre Curtis , puis plus loin, la taverne Hydrique, puis celle de Hobb suivi de sa maison.
Là tout de suite, elle pense à faire faire un autre chemin pour aller jusqu'au lac histoire de pas devoir passer devant le repère des suppôts de Rome à chaque fois. C'est censé être une balade reposante. Hop! Idée rangé dans un coin de sa tête, au sommet de sa liste de chose à faire en urgence.
Virage à gauche, virage à droite, re à gauche, re à droite, elle y est.
Pas tout à fait au bord du lac non. A la maison qu'elle lui a réservé.
Grosso modo, un quart d'heure, elle a vu juste.

Deux pièces, un grenier et un ponton, il a dit.

La brune sort son trousseau et cherche la bonne clef.
Deux tours, la porte grince. Elle la laisse ouverte et va faire de même avec les volets et les fenêtres. Elle commence alors son inspection de la maisonnette.
C'est poussiéreux et vide, évidement. Depuis combien de temps est-elle inhabitée? Trop longtemps sans doute. Mais elle est en bon état. Elle pose Jeannot au sol et laisse glisser une main le long du mur de la pièce principale. Pas d'humidité au touché. La cheminée à l'air fonctionnelle à première vue.
Elle continue son état des lieux par la cuisine. Tout à l'air en ordre.
L'étage. Un grenier aménagé . Elle tape du poing sur les poutres et écoute attentivement leur son. ça sonne pas creux, c'est bon signe.


Parfait.

Elle va pour redescendre quand un petite porte, assez basse, l'interpelle à l'autre bout de la pièce; Elle s'y rend, se baisse pour la franchir et se retrouve dans une toute petite pièce, munie d'une minuscule fenêtre qui laisse à peine passer le jour.
Contre un mur , une sorte d'énorme bureau. Un établit plus qu'un bureau. sans doute a-t il été fabriqué directement ici et les anciens habitants n'ont pas pu le sortir de là.


Il en fera ce qu'il voudra ...

Elle rejoint Jeannot resté en bas et lui donne sa carotte avant d'aller faire le tour extérieur .
Les herbes sont hautes mais il a des moutons, ils arrangeront ça. Sur le côté, un préau collée à la maison. De quoi rentrer quatre bœufs. La charpente à l'air bonne mais la toiture est à vérifier.


Enfin bon ... c't'un préau hein ...

Puis de l'autre côté de la maison, le lac et un ponton.
Elle s'y rend pour vérifier l'état. Une vieille barque abandonnée tente encore de flotter sur le bord.
Le ponton à l'air solide. Elle s'y aventure prudemment, sait-on jamais, ça serait pas le moment de tomber à l'eau.
Le bois grince mais ne bouge pas. C'est ok de ce côté là aussi.
Elle s'assoit au bout, les jambes repliées sur elle même.
C'est calme, paisible, serein.
C'est le Léman.

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Musaraigne
Elle lui avait indiqué une maison libre près du lac avec un ponton et de quoi amarrer sa barque.
Il remontait donc lentement le chemin qui menait jusqu'au berges du Léman, l'oeil aux aguet afin de ne pas rater la maison en question. Les noms des rues de la ville ayant changé, les nouvelles appellations ne lui disaient strictement rien, il comptait donc plutôt sur son flair pour trouver sa nouvelle antre...
Au fur et à mesure qu'il s'éloignait du centre, les maisons devenaient plus rares et les cultures s'étalaient plus largement de part et d'autre du chemin qui descendait en pente douce vers le lac.

Il était presque arrivé au lac quand soudain son regard se resserra:
un sentier quittait le large chemin sablonneux et serpentait en contrebas au milieu des herbes vers une maison assez trapue et magnifiquement isolée : en face de la maison il y avait de quoi aménager deux champs, derrière miroitait le lac.
C'était elle! Il en était certain.

Sans hésiter il se dirigea à longues enjambées vers la toiture qui semblait lui faire signe.
Il contourna la maison. Le jardin en était charmant, il y avait même une dépendance, mais quand il voulut pousser la porte pour visiter l'intérieur, le tisserand s'aperçut que cette dernière était déjà ouverte.


Tiens... Il passe la tête et appelle : Il y a quelqu'un?
Seul le silence lui répond.
Une deuxième tentative : Rayanha?
Toujours rien.
Il entre donc et regarde autour de lui.

La maison semble aussi spacieuse que celle qu'il occupe en ce moment en ville, mais n'étant pas dans une ruelle avec des maisons de part et d'autres, elle est bien plus lumineuse. Quant au calme qui y règne...! C'est juste magique!
Les lèvres minces s'ornent d"un léger sourire : il va se sentir bien là, c'est certain.

Le yeux sombres balaient lentement l'espace autour de lui : Une grande salle avec un coin cuisine et une large cheminée qui semble en bon état : parfait. Dans les murs des renfoncements pour niches et placards, tout a été bien pensé. Le tisserand hoche la tête d'un air satisfait.
Il pousse la porte la plus éloignée qui s'ouvre sur une petite pièce qui donne sur le lac et qui sera sa chambre. Là aussi un placard a été aménagé.
Tout cela convient au loup qui ne s'est jamais encombré de meubles.
Il referme la porte doucement et retourne dans la grande pièce.

De l'autre côté il y a une autre porte qui renferme un énorme bureau...
Le tisserand le regarde pensivement, puis referme là aussi la porte. Il verra à l'usage si il s'en sert tel qu'il est ou si le dit bureau ira finir au feu lors des rudes hivers genèvois.
Dans la grande pièce, il voit une échelle posée contre le mur et une trappe qui donne au grenier.
L'helvète la positionne et grimpe à l'étage.

C'est un grenier, un vrai.
Pas un cocon douillet comme celui qu'il avait fabriqué pour sa nichée et qui maintenant lui pèse tant. Le lieu est sain, la charpente est en bon état, tout va bien.
Dans un premier temps il ne sait pas trop à quoi il utilisera cet espace, mais il sait qu'il trouvera à l'usage.
L'échelle est redescendu et Musaraigne se dirige vers l'extérieur.

C'est curieux tout de même cette porte et ces volets ouverts... Rayanha doit être dans les parages.
Les longues jambes le dirigent vers le lac et vers le ponton. Il sourit, totalement sous le charme.
Au bout du ponton, une femme assise qui lui tourne le dos et regarde au loin, la chevelure noire et ondulée danse doucement sur ses épaules.
Les pas de velours du loup ne font rien grincer comme à son habitude, il avance jusqu'à n'être plus qu'à un mètre d'elle et dit dans son dos:

C'est magnifique cette vue n'est-ce pas?
Rayanha
La brune profite du calme qui règne. Elle est seule au bout du ponton , un moment rarissime. Silence et solitude. C'est pas ce qui qualifierait le mieux sa vie, surtout en ce moment. Alors quand elle en a l'occasion, elle savoure.

Son regard clair glisse sur la surface du lac , s'imprégnant de chaque ondulation de l'eau.
L'air est doux et frais, elle est loin de la chaleur assommante de Provence. Ici pas de ... comment elle a dit déjà la frangine? Gabian, c'est ça. Pas de gabian qui braillent à longueur de journée, pas de cigales qui crissent à rendre fou.
La mer c'est ... jaune et bleu. La chaleur y est écrasante en été , le vent y est insupportable l'hiver. Le lac lui, c'est une découverte quotidienne même pour celui qui le connait.
A chaque fois qu'elle y repense elle en arrive toujours à la même conclusion : C'est ici chez elle.

Elle est plongée dans ses pensées quand une voix vient rompre le silence .


C'est magnifique cette vue n'est-ce pas?


Son dos se redresse et machinalement sa main gauche se pose sur le pommeau de sa sica, reflex ancré de sicaire, à l'affût du moindre danger, toujours plus ou moins sur ses gardes même dans un moment de détente.
Puis elle le reconnait. Cette intonation grave et franche ne peut venir que d'un seul homme. Elle relâche sa lame courbe et son corps se décrispe. Sans lâcher l'étendue d'eau des yeux elle souffle :


Magnifique et unique ...

Elle pivote doucement vers lui et le regarde en souriant.
Il a trouvé malgré les indications flous de la brune.
Trouver son chemin, toujours. L'expliquer c'est autre chose. Mais il est là.


Vous plait-elle?

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Musaraigne
Il a vu le geste de défense s'amorcer puis retomber tout aussitôt alors que la brune n'a même pas daigné se retourner pour voir à qui elle avait à faire...
Un léger sourire vient flotter sur la longue bouche fine et spirituelle. Une vraie genèvoise prête à occire tout le monde au premier faux pas...!
Et oui, c'est que les chats échaudés craignent l'eau froide...

Enfin elle se tourne vers lui et contreplonge son regard dans le sien :

Citation:
Magnifique et unique ...

Un petit silence puis :
Citation:

Vous plait-elle?


Il se contente de hocher à l'affirmative puis lui indique la place à ses côtés sur le ponton :
Vous permettez?
Que déjà sans attendre véritablement la réponse, il s'accroupit souplement à ses côtés.
Elle est parfaite oui. Exactement ce dont j'avais besoin. Un lieu simple, brut, beau... face à l'eau et loin du reste...
Ses yeux sombres balayent pensivement la surface de l'eau, tandis qu'un petit caillou file de sa main en un long ricochet. Il est clair qu'il ne dit pas tous des pensées qui l'animent.

Les yeux du tisserand se tournent à nouveau vers Rayanha :

Merci de m'avoir déniché ce havre... Je vous en suis vraiment reconnaissant.
Il lui sourit puis se laisse aller en arrière sur le ponton, offrant pour un instant la surface de son corps au soleil tiède de juin tandis que son regard se fond dans l'étendue bleue du ciel
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