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[RP] Quand les sirčnes Ulysse appellent...

Lemerco
[Rieux - Campement de l'armée des Bisous Ours - Fléau du Domaine Royal]

Après quelques rebondissements incongrus ainsi que des affrontements verbaux regrettables, c'est non sans peine que les élections grand-ducales se terminent , le 19 au soir, au terme d'un second tour qui n'en fut pas vraiment un.
Sauf bouleversements inopinés et grand chambardement dans les votes, la victoire devrait revenir à l'ours Dolois, Lemerco, qui avait déjà par le passé échoué deux fois.

Les choses prennent parfois des tournures amusantes, voire facétieuses, limite ironiques.
Après s'être fait passer pour mort en Bretagne, voilà que Lem se retrouve à sa tête après avoir rassemblé derrière lui une majorité absolue dès le premier tour. Serait-ce là la volonté du Très Haut, ou bien l'oeuvre du Sans Nom? Allez savoir!

Toujours est-il qu'il reçut finalement une lettre de Chimera.
La rousse s'ennuierait-elle dans les contrées peu chatoyantes du Domaine Royal pour en arriver à écrire aux différents acteurs de la scène politique Bretonne?

D'aucuns diront que oui.
Il parait que les villes du DR ressemblent plus à des trous sans âme qui vive, que ses nobles masculins sont devenus des mignons plus prompts à jouer les fourreaux qu'a sortir leurs épées pour guerroyer.

Il aurait pu donner la lecture du pli à l'un de ses seconds de l'armée, mais connaissant l'expéditrice, il se demanda lequel des deux se serait endormi en premier... le lecteur, ou la personne à qui on fait la lecture. Comme cela fait des années qu'il pratique la rousse, entendez ce que vous voulez par l'emploi du verbe pratiquer, et qu'il a su développer comme un Maistre d'Armes des techniques spéciales qui l'ont permis d'occulter les côtés enquiquinant de la rousse, il choisit l'option de lire lui-même la missive.

Une fois fait, un affreux doute l'assaillit. Devait-il lui répondre? Il pesa le pour et le contre également...

Pour... la culotte de Else
Contre... En fait il n'y a pas de contre car il est capable depuis longtemps de passer outre les désagréments sonores et manuscrits de la rousse, notamment en développant l'art qui consiste à ne retenir que quelques morceaux de phrases perdues dans un océans de mots couchés sur le papier, ou quelques bribes de paroles noyées dans des discussions sans fin.

Il prend un papier, et répond, donc.

Citation:

De nous Lemerco,
A toi Chimerale

Demat.

Heureusement que tu as dit que tu ferais bref.
Je n'ose imaginer autrement la longueur du pli que tu m'as fait parvenir.

La synthèse Chimera! La synthèse! Neuf paragraphes pour me signifier ton abstention! Tu veux me rendre aveugle avoue! C'est là ton Masterplan, ta revanche sur ma personne!

Je salue l'audace! Vraiment!

Blague à part. J'ai effectivement mis la main sur le pli que tu as fait récemment parvenir en place public, le jeune Myrdinn s'étant servi d'un exemplaire pour emballer les saucisses chaudes que je lui ai commandées au cours des règlements de compte qui ont jalonné ces élections, notamment dans l'entre-deux-tours. Inutile de préciser que le gras des saucisses a donné de la matière et de la substance à tes mots, bien qu'elle en ait effacé plus d'un.

Que dire? Si tout le monde a le droit de s'exprimer en Bretagne, tout le monde a le devoir aussi d'écouter ce que disent les autres, que les paroles plaisent, ou non.

La Bretagne s'étiole, c'est un fait.
Ses forces vives l'abandonnent peu à peu, c'est un constat édifiant.
Tu peux mettre cela sur le compte de l'ambiance, sur le compte des haines et luttes fratricides, sur les exactions de certains, les secrets, les mensonges, les insultes... On ne va pas refaire un énième débat sur ce sujet.

Tu ne te retrouves pas en ma personne pour gouverner.
Si tout le monde raisonne comme toi, alors la Bretagne ne peut être gouvernée, car personne ne peut faire l'unanimité au jour d'aujourd'hui, personne ne peut satisfaire l'intégralité des bretons. Si nous t'écoutions et faisions tous comme toi, il n'y aurait que des abstention. Ce serait le temps des loups, de l'anarchie, le désordre, le chaos, la loi du plus fort qui te fait abandonner tes titres.

Pourtant je pense que les bretons sont capables de se rassembler derrière une icône qu'est le Grand-Duc, plus que derrière une personne. Car nous ne nommons pas forcément un chef par aspiration, par idolâtrie, par admiration. Non, il faut être plus terre-à-terre. Nous nommons un chef parce que c'est une nécessité, faute de quoi, nous sombrons tous dans les ténèbres.

Finalement, le sort aura voulu que ce soit moi qui devienne le chef, mais ne te trompe pas. Je ne peux rien faire sans les gens, je ne peux gouverner sur un peuple qui me tournerait le dos. J'ai autant besoin de loyaux sujets qu'ils n'ont besoin d'un guide pour les mener.

Penser que le Grand-Duc a les mains libres est un leurre. Demain, je serais peut-être le Breton qui le moins de liberté, le plus d'entraves. Mais baste, tu fais bien ce que tu veux. Abstiens-toi. C'est peut-être encore le moins pire qu'on puisse attendre de toi, n'oubliant pas qu'une fois tu as préféré voter Myrlin plutôt que moi... une riche idée qui fut la tienne, mais on a l'habitude.

Je ne vais pas t'implorer de revenir. J'userai mon énergie dans des entreprises qui concernent le plus grand monde, pas simplement ta personne.

Mais sache qu'il n'y a pas de douane pour les bretons qui s'exilent volontairement, et qui, reviendront, fatalement, car la Bretagne, ce n’est pas qu'un mot, c'est le sang qui coule dans nos veines.

En attendant, amuse-toi bien avec la vanité ambiante royale qui erre dans ses propres duchés et court tel un mouton sans amour propre derrière une couronne morne et sans éclat.

Lemerco

_________________
Merci à JD Alix-Ann pour la bannière!
Chimera
    [Alençon - Relais de la Gueuze]

      En instance: dont on attend la solution, qui est en cours.

La liste est longue, et elle profite des instants transis offerts par les matins d'hiver pour l'écourter, brique après brique. Certains plis sont plus couteux que d'autres, et en bonne entêtée, elle a tendance à se laisser happer par les sirènes de la facilité qui étonnamment, riment avec l'étranger, en ce qu'elles sont non-bretonnes. Le tout est-il lié? Elle l'ignore, et ne cherchera pas à élucider l'affaire. Toujours est-il qu'à l'itinérant Tristan -du reste jamais taquin ni méchant, parce que jamais par mots crus ciblés, probablement- elle répond:

Citation:

      A vous, Tristan, mule à l'ère des ânes.


    Vous êtes indécrottable. A votre prochain pli, je prendrai le parti d'écourter l'entête qui ne semble pas vouloir cesser de se faire ampoulée. C'est même de pire en pire, et trop de majesté finit par la tuer, lorsqu'elle est à ce point injustement empruntée. Et ne vous avisez pas de glisser l'adresse dans le cours de votre écrit, je vous sais assez fin et fourbe pour vous y essayer.

    De procès je n'ai jamais fait pour l'irrespect de délais tous subjectifs que je n'ai jamais été fichue du reste d'honorer. Ne vous en excusez donc pas, il n'y a point faute.
    N'allez pas jusqu'à suggérer que je fais de mes mots une arme. Si j'use d'eux pour exprimer des désaccords, ils sont rarement prévus pour se faire traits assassins, sauf à y être poussés par quelque procédé malsain, ou interprétés comme tels. Je crains d'en avoir lassé plus d'un, en la terre qui fut notre. Breizh préfère je crois les actes, si bruts et brutes soient ils, aux expressions trop longues d'avis quels qu'ils soient. Souffrez que ce soit là ma dernière once de liberté, et que je ne me limite pas, de fait. Son expression n'a jamais contraint qui que ce soit à limiter la sienne, aussi j'en use sans honte et sans censure.

    Nous voilà aujourd'hui en Alençon, ou je prête énergie et résidus d'un savoir faire au maire de la capitale pour soutenir l'organisation d'un concours de pèche. J'ai retrouvé mon aîné, avec la plus grande joie, et envisage désormais de me tourner vers le monastère qui héberge le dernier né de mes enfants. Il est temps qu'il apprenne à connaître sa famille, et qu'il prenne sa place dans le monde, après ces années de réclusion chez les carmes.

    J'espère que vous aurez su relever votre garçon, que je n'ai pas encore le plaisir de connaître. Peut-être l'avenir nous en donnera-t-il l'occasion. Saluez Jehanne de ma part. Voyage-t-elle avec vous? Et cette diplomatie? Vous n'en dites plus mot. Quelles nouvelles?

    Les voyages, du reste, forment, que ce soit jeunesse ou pas. Si du reste ils sont petite mort, alors le bénéfice n'est-il pas complet?

    Bien à vous,

    E Alençon, d'ar Gwener 23 a viz Genver 1463



L'hésitation est longue, mais il n'est guère question, finalement, d'ignorer celui qu'elle a choisi de laisser aller au destin armé qui a toujours été son air pour mieux se perdre dans des bras plus similaires. Trop, peut-être, à en juger par la triste fin par tous constatée. Elle aurait pu s'en mordre les doigts jusqu'au sang, au simple souvenir des attentions de Saint Gildas. Certains souvenirs sont tenaces, d'autant plus que le temps est long et passe sans animosité aucune. Il était finalement retourné à l'âme si chère qu'il avait quittée, et c'était bien là ce qui importait. A sa grande surprise, elle avait reçu sucreries et présents, voilà quelques semaines, geste inattendu, attention spontanée qu'elle ne pouvait ni ne voulait laisser sans réponse.

Citation:

      A Lanceor de Kerroch,
      Vicomte de Lokentaz.


    J'ai bien reçu les présents adressés. Sois en remercié. Ils ont été réceptionnés et estimés avec d'autant plus de plaisir qu'ils étaient inattendus. Que t'est-il donc passé par la tête pour avoir pareille idée? Quoiqu'il en soit, j'ai eu plaisir à ce que tu te rappelles à moi. Je crains de n'avoir pas été tout à fait juste avec toi, avec vous, ces derniers temps. Il est aujourd'hui l'heure des bilans, et de faire amende.

    J'ai regardé Elisabeth se préparer pour aller vous unir sans me joindre à elle. Est-ce l'égoïsme? Est-ce la honte? Est-ce la gêne? Le premier serait bien osé, n'est-ce pas? Sans doute un peu des trois. Mon ressenti et les conséquences de mes choix ont bien peu de place dans le duo qu'elle a formé, et dieux que je l'en remercie. Vous méritez tous deux tout ce qu'il y a de meilleur. J'aurais voulu être là, sais-tu, pour vous le dire de vive voix. Pour les raisons exprimées, et au vu de l'échec de la voie que j'avais choisie, je n'ai pu m'y résoudre. Tu sais quelles sont mes faiblesses. Acceptez je vous prie mes vœux de bonheur tardifs, ils sont d'autant plus sincères aujourd'hui qu'ils ne sont pas forcés par l'occasion.

    Breizh a désormais je crois âme nouvelle à servir. Puisse-t-il ne pas vous asservir à mille corvées énigmatiques à l'instar de son prédécesseur. Mael s'y jetterait sans doute à corps perdu, malgré tout, tant l'action prime pour lui, mais tu me connais, et tu sais comme je trouve cela triste. Agir sans connaître la fin ou sans avoir mot à y dire me rend folle, piètre soldat que je ferais. Puissiez vous trouver en lui digne souverain et suzerain. J'espère qu'il connaît sa chance de pouvoir compter sur votre loyauté.

    Salue la femme exceptionnelle que tu as prise pour épouse, et remercie la je te prie de ma part d'avoir bien voulu faire travailler mes champs récemment.

    E Alençon, d'ar Gwener 23 a viz Genver 1463


_________________
Chimera
    [Alençon - Chateau Ducal]

ATTENTION: Un Von Frayner peut en cacher un autre.
ERRATUM: Un Von Frayner DOIT en cacher un autre.
Est-ce une conspiration?
Est-il avouable que ce soit une aspiration?
Dénéré est papillon bien docile, qui se laisse au(x) vent(s) de la maudite famille balloter, malgré un orgueil bien trop clairement affiché. C'est donc parée d'un manteau de zibeline par l'un offert, et gantée de la main d'un autre, tous deux pareillement et à tous titres initiés, qu'elle se glisse dans les appartements par duc proposés. L'heure est venue de les adresser...



Citation:

      A vous, Chlodwig Von Frayner,
      Duc de l'Aigle,


    J'ai su, par une âme assez peu sensible à votre infortune que vous aviez récemment trouvé sur votre chemin chapardeurs indélicats. Etait-ce l'Alençon? Etait-ce la Normandie? Les services de la Prévôté ont-ils été prévenus? Des poursuites engagées? A moins que vous ne souhaitiez pas faire de cette mésaventure la publicité. Pardonnez les questions, certaines habitudes sont tenaces. Quoiqu'il en soit, je ne puis qu'espérer que les marauds ne vous auront ni privé de richesses trop conséquentes, ni blessé. Vos loisirs ne vous permettent pas, je crois, celui d'être en incapacité de vous y livrer. Informez moi, à l'occasion. Si vous en avez le loisir...

    Nous sommes présentement à Alençon, pour une bonne semaine encore. J'ai eu la lubie de me proposer auprès du maire pour lui organiser un concours de pêche. Avouez qu'au vu de mon quotidien, c'est assez cocasse. Invitation a été étendue à tous les habitants et voyageurs présents dans le duché. L'affaire est à suivre.

    Oh, et j'ai eu vent de mon fils. De sa main même. C'était bien Argentan, et nous avons bien fait d'interroger chaque âme à son sujet. Nouvelle de notre quête a fini par lui parvenir. Nous sommes allées y faire un saut, et y retournerons probablement une fois Alençon approvisionnée en poissons. Qui sait, cela donnera peut-être à nos routes l'occasion de se croiser à nouveau.

    D'ici là, ou plus tard,

    E Alençon, d'ar Gwener 23 a viz Genver 1463




Citation:

      A vous, Judas Von Frayner,
      Trop présent de ne l'être pas.


    A trop vous penser Bourguignon, j'en suis venue à omettre qu'Alençon vous était désormais demeure. Une demeure que comme le lit conjugal vous désertez -désertiez, j'ai ouï dire qu'il était aujourd'hui définitivement froid. Je vous adresse mes condoléances, que vous recevrez ou non. Ce trait -il était question de délaisser demeure et lit- j'ai adopté, comme vous le savez ou l'avez su des glapissements d'un Renard inopinément rencontré ayant confessé ses fuites. C'est un vrai sac de noeuds, comme ceux qui demeurent aujourd'hui aux yeux des dieux que je m'efforce aussi de fâcher, en les honorant trop peu.

    Harcelée je suis, sanction rude pour l'audace d'avoir en ce fief osé l'incursion. Mon aîné en était la raison, le croirez vous? Me voilà les mains toujours au chaud de votre cuir, et les épaules abritées par votre nom, bien qu'indépendamment de votre intervention -du moins puis-je l'espérer. Votre nom, par Aigle également porté, se plait à résonner souvent, et l'écho de vous persiste, via la froideur de celle qui fréquentait jusqu'à encore récemment les tavernes alençonnaises.

    La colère est-elle passée, ou jouez vous les autruches dans les neiges d'Hiver que vous avez je crois eu récemment l'idée de revendiquer? A moins que ce ne soit dans les feuilles de l'Automne tout juste passé... Vous n'avez jamais su faire autrement, orgueil fait homme, que de chercher à réunir ce qui n'est pas fait pour l'être. Quoiqu'il en soit, puisse l'affaire vous satisfaire, puisqu'il était écrit que nous ne le devions pas. J'ai fini, pourtant, par envisager ce que je ne vous aurais jamais concédé, et par tourner le dos à l'Hermine. Comme quoi...

    J'ignore après quoi vous courrez ces jours, mais chassez bien. Quant à moi, je pêche. Cela vous étonne-t-il?

    E Alençon, d'ar Gwener 23 a viz Genver 1463


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Chimera
    [Même lieu, même heure, à quelques minutes près]

Elle avait reçu les mots de celui qui n'avait pas su s'empêcher. Ils avaient heurté, violemment. Bonne guerre, elle ne s'attendait pas à ce qu'il lise l'espoir qu'elle s'était forcée à distiller entre les lignes. Il aspirait à la pensée en filigrane, efficace d'être abrégée, quitte à être lacunaire. Soit.

Citation:

      A vous, Lemerco,
      Altier de par le titre,
      Sur ligne de départ officiellement campé.


    Mots reçus. STOP. Plus vains encore que les miens, qui véhiculaient, eux, message. STOP.
    Quand Breizh rimera avec devoirs et respect vrai du mot de l'autre et de sa vision. Peut-être m'y reconnaitrai-je à nouveau. Pas demain la veille. STOP
    Le temps des loups et le désordre, loi du plus fort a déjà cours en la terre de l'Hermine. Inutile d'utiliser la condition. STOP. Comprends que l'unanimité n'est pas recherchée ni à rechercher. STOP. La justice sensée et la transparence, une forme d'équité pour l'équilibre, peut-être. STOP. Un départ pour, peut-être, autre chose que l'exil. STOP.

    Tu demandes à Jean-Sans-Terre d'être terre à terre. STOP. Ha. STOP. Ha. STOP.

    Profite du "On" qui sera ton matelas pour construire la Bretagne de demain. STOP. Puisses-tu être fier de ce qui en ressortira. Tu en es plus maître que tu ne sembles le croire. Il est trop facile, de se montrer fataliste. STOP.

    Pas besoin de moi pour le plus grand monde, donc. Très bien. STOP. Proposition franche aurait suffit. A quoi bon revenir sans raison? STOP. Pour le salut d'une terre qui a tout pris? A tout prix? Je ne suis pas à ce point mal en point. STOP. J'ai cessé de vouloir m'imposer à elle. L'heure est aux suggestions qui ne viennent pas de moi. STOP. On les dit piteuses, en les frontières que tu défends aujourd'hui après les avoir en armée forcées. STOP.

    Amour propre est orgueil. STOP. Souvent mal placé. Souvent heurté, aussi. STOP. Vaut autant pour France que pour moi et Breizh. STOP. Vain d'en faire mention. STOP.

    Aubépine exsangue.

    PS: Tu peux fournir ce pli au petit Kerdraon pour y lover son saucisson. La surface devrait suffire. J'ai rarement fait aussi court.


STOP.
Pour toi, Chimera?
Pour eux?
Ou pour les deux?

_________________
Judas
Perdu dans la campagne périgourdine, Frayner avait trouvé son salut à la chasse. Largement émoussé de la Bretagne, les nouvelles persistaient à vouloir l'y ramener. Du souvenir du moins. Il avait su l'arrivée de la duchesse, sous l'oeil expectateur d'un Duc Renard toujours indiscret. Suspecté d'ailleurs avec le temps de prendre un certain plaisir à semer des graines de discorde. Les doigts fins dénouaient donc le pli sans surprise, Judas connaissant assez Chimera quoi qu'on en dise. Le froid cristallisait le dépôt boueux sur ses bottes. L'homme resta immobile dans l'ambiance glaciale de sa retraite. Les plis de son front se creusèrent .

Si elle savait que depuis il n'avait touché aucune femme. Toutes ces absences vouées à personne. Cette tranquillité qu'on ne lui accordait qu'à peine, de par sa réputation tenace, depuis. Le seigneur n'en était pas malheureux, juste particulièrement rétif. La faim ne rend pas plus heureux, à peine plus vivant. Chimera l'avait vacciné.

Le pli glissa avec légèreté au sol, balayé par un froissement de cape d'hiver. Le profil délicat d'une biche venait de s'élever entre deux arbres, à quelques pas.




Le lendemain.

Citation:
A vous, Chimera de Dénéré Malines,
Trop présente dans le passé.


A trop penser vous vous renseignez mal. L'Anjou me fait désormais demeure, par la grâce inaltérable de votre fille, chère enfant si mal mariée. A croire que d'ici à là bas, les unions réussies font défaut. Condoléances sont sans doute malvenues, de la bouche qui les donne ou de l'oreille qui les reçoit d'ailleurs.

Et puis Renard n'a jamais su fermer son museau, c'est de notoriété publique. A ce titre je ne m'y confie plus. Des noeuds qui demeurent , je n'ai que la rudesse de mon démêlage matinal, raccourci d'ailleurs sous peu par une imprudente, et des amitiés solides une vague illusion passée. Votre venue ne méritait pas justification. Saluez tous vos fils, de qui qu'ils soient, ils viennent tous du même endroit. Voyez l'aubaine Chimera, vous ferez nation un jour et n'aurez plus besoin de vous déplacer, serez chez vous partout.

La colère n'a plus sa place là où le vide persiste. Vous ne me manquez pas. Le dire pourrait même vous persuader du contraire, aussi je ne m'y étendrais pas. La froideur à cet avantage d'engourdir les vieilles douleurs jusqu'à ne plus les ressentir. Et s'il fallait y laisser la main, pourquoi pas? Il me resterait l'autre.

A dieu.

Judas Gabryel Von Frayner


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Tristan_masselet
Citation:
A la Dame de Dénéré Malines , dont le titre ne peut être prononcé sans attirer les Duchesses foudres , Ainsi Soit il !

Les mots sont des armes , j'en veux pour preuve que les meilleurs archers , mettent leur plume au bout de leur flèche . Si vos maux m'ont blessé , vos mots avaient la vigueur de l'eau de vie .

Vous êtes en Alençon ? Je suis sur les routes bourguignonnes ou la neige a fondue . Tamerlan est bien loin , et je ne peux que regretter les velours cramoisis et les coussins de soie qui flattaient un postérieur qui s'use sur les routes . Après avoir diplomatiquement traité en Aix , me voici sur d'autres chemins . Mon fils a été libéré de sa cargaison de bois à Autun , et me suit sur les routes . La fille de ma femme , qui avait oublié de seller son cheval , s'est jointe à nous . Elle s'est prise un savon ! Elle se nomme Dove , mais peut être la connaissez vous ?

Dans un esprit que certains qualifieront de népotique , j'ai nommé mon épouse Ambassadrice de Tamerlan près le Grand Duché . Elle connaît un peu la langue , du moins mieux que moi .

Comme vous le voyez , les pas de nos chevaux nous mènent sur des chemins tantôt obscurs , tantôt lumineux . On y croise peu de monde , mais peu est parfois plus joli que nombreux , en plus ça prend moins de temps à écrire ....

Voyez , avec l'âge , je deviens un peu paresseux .

Chalons , ce 23e de 1463 .

Chimera
    [Alençon - sur Sarthe ]

En tailleur dans le fond de sa barque, lignes tendues et parées à se faire l'objet des attentions piscicoles, Dénéré relit, entre deux phases de comptage des poissons récoltés par les participants au concours organisé , le pli par la vannetaise expédié voilà quelques semaines déjà.

Citation:

      Demat à toi, amie qui m'est chère,


    Je ne sais où tu te trouves désormais, bien loin de Breizh je présume, vu le temps que j'ai mis à écrire. Je suis assez longue à la détente ces derniers temps il faut croire, nombreux sont ceux qui me le reprochent d'ailleurs, parfois à demi mot. J'avais promis que la fin d'année serait temps de réflexion, eh bien, je crois que la réflexion prend plus de temps qu'escompté.

    J'ai quitté la maréchaussée, mon établi de forgeron, mes champs et ma chaumière pour parcourir les routes de Bretagne depuis le début du mois. Le voyage avait pris du retard et j'ai finalement réussi à l'initier, difficilement. Je comptais au départ faire des gardes si besoin, au hasard des villes traversées, mais j'ai vite changé d'avis. Plus le temps passe et plus je laisse la prévôté derrière moi. J'y ai appris beaucoup, mais j'ai l'impression qu'il est temps pour moi de changer un peu d'atmosphère, de voir autre chose, si je veux me sortir de cette torpeur engluante.

    Je voyage avec une petite poignée d'amis vannetais qui savent me rappeler à l'ordre quand je sors trop peu. Nous avançons bien plus lentement que je ne l'aurais cru, mais enfin, j'ai tant attendu ce voyage que j'aime à le faire traîner. Nous avons communément bien peu apprécié Rieux, faute d'avoir croisé les bonnes personnes je le crains. J'y repasserai un jour je pense, je ne veux pas juger trop vite. Rennes et Fougères étaient désertes, quelques âmes égarées dans un vide immense tout au plus. Depuis plus d'une semaine nous sommes arrêtés à Rohan, plus vive et plus chaleureuse, où nous avons fait nombre de belles rencontres. Nous repartirons bientôt pour longer la côte Nord et achever notre petit tour. Je ne sais ce que je ferai ensuite, nous verrons bien. Bouger davantage sans doute.

    Je ne déplore qu'une chose dans ce long voyage, une chose qui me tenait à coeur et qui restera, je le crains, sur la touche. J'ai rencontré énormément de jeunes et d'un peu moins jeunes tous plus accueillants les uns que les autres, des gens bien assurément. Et je voyage avec une bande de petits jeunes aussi qui me suivent attentivement. Mais je manque d'anciens pour me guider moi. C'est fou ce que ça semble égoïste une fois couché sur un vélin. Pourtant je ne trouve pas de mots pour le dire autrement. J'en ai souvent parlé avec toi et tu sais combien je comptais sur ce voyage pour en apprendre davantage sur la Bretagne et ses coutumes. Je n'ose pas tirer un trait là-dessus pour le moment, puisqu'il me reste encore bien de la route en perspective. Mais le manque est déjà là, lui. Suis-je trop vieille pour apprendre ? J'admire ce lien que tu as avec ta terre et je cherche à tisser le mien, mais qu'il est ardu de se sentir attachée à une terre qu'on connait si peu ! L'envie ne manque pas pourtant, de mon côté du moins.
    On me propose déjà d'autres destinations, d'autres voyages, vers mon Sud natal cette fois. J'ai été tentée d'accepter quelques fois, mais rien ne m'appelle là-bas. La terre y est muette, et les personnes qui me sont chères demeurent à Castillon, nul besoin d'entamer un voyage de quatre mois en ces conditions, nulle envie non plus. J'ai l'impression d'avoir encore à faire ici.

    Voilà donc où j'en suis, entre quatre vents sur les routes de Bretagne, à la recherche de ce qui continuellement m'échappe. J'espère que tu vas mieux, et que les lieux traversés, les personnes rencontrées et celles qui t'accompagnaient ont su te redonner le sourire. Sache qu'une brune pense à toi à des lieues de là, et que tu as marqué son existence comme peu l'ont fait. Sache que sans t'en rendre compte tu as influencé ses pas et que si elle court toujours les routes, c'est que tu lui as laissé entrevoir qu'il y avait davantage à connaître et à aimer en ces terres. Sache qu'elle ne te remerciera jamais assez pour tout ça, et qu'elle s'excuse de ne savoir te rendre autant que tu lui as apporté.
    Tous mes voeux pour la nouvelle année qui s'annonce. Qu'elle soit meilleure pour toi aussi. Que tes pas te mènent sur des chemins qui t'apporteront quelque chose. Que nos routes se recroisent de nouveau avant la fin de l'année à venir, si Dieu veut bien me l'accorder.

    Porte-toi bien,

    Azy


La réponse est écrite d'une main soumise aux aléas des remous légers qui la bercent. Elle sera expédiée à son retour à terre.

Citation:

      Azylys,


    Tu pourras juger, à la date et à la provenance du courrier, d'où je me trouve, ces jours. Bien loin, oui et non, donc. Suffisamment pour n'être plus harcelée par les procédures et autres coups bas ayant conduit à mon départ. Pas encore assez pour en être complètement coupée. Le serai-je jamais? Je me sens comme le nourrisson qu'un médicastre oublieux et trop pressé aurait laissé lié à sa mère, parti dépenser son gain avant le travail achevé.

    Que ceux qui te reprochent parfois tes silences périssent étouffés dans leur impatience. Il faut savoir chérir les mots à l'heure et en le nombre où ils sont offerts, plus encore lorsqu'ils se font rares. Fut un temps, j'aurais maudit les tiens. L'amertume de te savoir toujours et encore liée à l'inhumain incarné me fait encore mal aux tripes, mais j'ai fini par accepter que chacun est maître de ses choix.

    Ainsi tu t'es affranchie de tes obligations de service. Tu dois beaucoup manquer à ceux qui demeurent. J'ignore comment j'aurais survécu à la prévôté sans toi et Angekenn à mes côtés. Le voyage est toujours riche en expériences et en enseignements, quels qu'ils soient. En rencontres, aussi. Plus ou moins plaisantes, certes.
    J'ai su que Rohan et Vannes brillent encore par leur absence de collaboration en ce qui concerne l'approvisionnement en la ressource naturelle dont je ne prononce plus le nom sans écoeurement, obligeant le duché à importer. Quand je pense que ces gens portent des titres de noblesse... Ils laisseraient donc le reste de Breizh crever de froid plutôt que de faire un effort. Quel patriotisme. Cela force l'admiration. Enfin, quand on se place en garant de la justice, on a mieux à faire que de s'occuper de sa ville et des missions qu'elle a envers la Bretagne entière. Question de gloriole. Dommage.

    Le simple nom de la terre qui m'a toujours animée me fait aujourd'hui frémir d'horreur, et je crois que jamais je ne pardonnerai sans qu'aucun regret ne soit exprimé, et je n'y compte pas, évidemment. On hait trop, je crois, d'avoir trop aimé. Et pourtant, voilà qu'ici l'Hermine vient me hanter, quand la France s'alarme de mouvements de troupes suspects sur les terres bretonnes, dont je suis persuadée les bretons eux-mêmes n'entendent pas parler. C'est ainsi, j'ai toujours été mieux informée par l'extérieur que par mon propre peuple. Je n'ai plus grand foi en son honnêteté, quand même le Grand Duc mentait sans vergogne au Duc en exercice pour le salut de ses affaires. Celles de Breizh? Trop secondaires pour qu'on s'impose un brin de franchise et de collaboration entre deux élus? Allons bon.

    Tu dis manquer d'un guide. Clairement, les coutumes et l'histoire de Breizh ne sont plus à l'honneur, et bien peu nombreux sont ceux qui s'y consacrent vraiment. Tu pourrais, en conduisant des recherches. Personne n'est jamais trop vieux pour s'intéresser ou apprendre. Ilest encore temps, je crois, pour souhaiter le meilleur à autrui. Aussi voilà, ce que je te souhaite, de t'épanouir dans cette voie qui de toute évidence t'attire.

    Avoir rencontré les ducs de tous les duchés traversés, être l'amie de la Dauphine de France, se trouver incapable de respirer dans son propre duché, si grand soit-il, et pourtant dans l'impossibilité de m'en séparer vraiment pour m'investir dans l'immense territoire français qui, crois-le ou non, m'est bien plus hospitalier que la terre qui m'a vue naître. Quelle ironie. Me voilà condamnée, pour l'heure, à cet entre deux que le voyage rend moins bancal. Jusqu'à quand, seulement? Adenora finira par vouloir revoir Rohan, et je sais qu'alors il me faudra l'y suivre.

    Peut-être nous recroiserons-nous. Je l'espère. Vraiment.
    Quant à attendre quelque chose de la route qui devant moi s'étend, je crois n'en être pas là. D'ici là, j'organise des animations pour la ville qui nous est hôte, et il est réellement plaisant de se trouver aux côtés de gens qui ne cherchent pas le mal partout, et qui savent prendre ce qui est offert sans chercher à y voir quelque intérêt malsain.

    E Alençon, d'ar Meurzh 27 a viz Genver 1463



Un autre pli reste à convoyer, quand le précédent pourtant n'a pas reçu réponse. Elle a trop frémi d'entendre les rumeurs du matin en taverne. Qui contacter? Une duchesse qui ne lui répondra pas? Un chambellan qui ne communique pas et préfère de toute évidence la diplomatie de l'ombre, au vu de son dernier pli? Un maréchal qu'elle ne connait qu'a peine, hissé là par je ne sais quelle fortune? Autant solliciter, tant qu'a faire, celui qui ne peut pas ne pas etre au courant. Elle écrit donc... sur un morceau de vélin que quelques gouttes de la Sarthe n'ont pas épargné, au fil d'un lancer. Prendra ça pour des larmes, ou pas. Qu'importe.


Citation:

      Au Grand Duc de Bretagne,


    J'ai oui dire que trois armées bretonnes étaient massées aux frontières normandes. Je m'interroge sur le pourquoi de ladite manoeuvre, n'ayant eu vent ni de désaccords officiels entre Breizh et la France qui seraient parvenus jusqu'en alencçon, ni de stratagemes officieux, que je sais tres doués pour m'épargner, dans leur grande gentillesse... Dois-je craindre pour la sécurité de ma compagnie, identifiée bretonne en terres françaises, qui pourrait se trouver la cible de représailles suite à un trouble qu'elle n'a pas déclenché?

    E Alençon, d'ar Meurzh 27 a viz Genver 1463


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Lemerco
Deux courriers reçus.
Il répondra donc aux deux courriers reçus.
Deux en un.
La classe non?

Il devrait déposer un brev... ah non cela ne doit pas encore exister ce genre de chose.


Citation:
De nous Lemerco, Ta Majestueuse Majesté,
A toi Chimera, sujet adoré sujet à bien des turpitudes,

Demat,

J'apprécie la longueur de tes derniers plis, qui m'a mis, du coup, dans de bonnes dispositions pour te répondre.

Aussi vais-je t'adresser des mots emplis de sympathie.
Il est temps que tu reviennes avec tes amis en Bretagne. Où? Evite Vannes. Fougères est vide et a bien besoin d'actifs. Tu y trouveras la paix. Le nouveau maire a l'air sympathique. Tu pourras t'y investir sans rencontrer de résistance, je pense.

Ou peut-être Rieux?

Tout le monde peut prétendre trouver une seconde chance dans la vie. Il suffit juste de savoir quels sont ses torts et ceux des autres. Si tu trouves les tiens et les acceptent, alors les autres l'accepteront et tireront un trait.

Par ailleurs, j'ai grand besoin d'Elisabeth. L'église bretonne est dans un état de délabrement avancé, et si tu enlèves à la Bretagne le dernier rempart qui le sépare de l'hérésie, que va-t-il advenir de nous, pauvres pécheurs bretons?

J'aimerais, en sus, qu'elle officie pour mon Sacre.
J'éviterai ce jour-là toute allusion aux culottes, mange-cramouille, blonde aux gros seins. Même si ce sont là des attraits indéniables de sa personne.

Il est temps que les bretons exilés rentrent au bercail.
Je suis sûr qu'ils sauront tous retrouver une place.
S'ils y mettent du leur, j'y mettrai du mien en jouant les remparts face aux errances comportementales.

Pour les armées présentes à Fougères, rien à craindre, juste un hasard de calendrier.

Bien à toi

Lem

PS : peux-tu demander à Ellesya une culotte de ma part? Il parait que c'est LA noble de Tours. En échange je lui offre un repas à Nantes.

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Merci à JD Alix-Ann pour la bannière!
Chimera
    [Alençon - Le relais de la Gueuze]

Elle s'est fendue d'une grimace enfantine au nom narguant qui chaque jour la toise à son entrée, rappel insidieux des noblesses passées et perdues. Dénéré est obstinée, et fait la nique à cet appel constant aux acceptations, peu décidée à leur donner raison, malgré l'évidence des faits. Il en est un, aussi, qui se plait à l'y rappeler, et l'heure est là de lui adresser réponse. Au constant Tristan, donc, elle écrit.

Citation:

      A l'ami, que foudre épargne.


    Seriez vous donc ivre de me lire?
    Du breuvage qui vous ravive je vous offre donc une rasade, en espérant que vous éviterez les aigreurs d'estomac et autres maux qu'un trop peut engendrer.

    En Alençon, oui. Nous y avons séjourné un peu, et avons été accueillies bien chaleureusement. Vous me connaissez, je ne vis que pour être utile, et que les jours sont longs, quand l'envie à l'orgueil est soumise. Je tente de m'investir ici, pour oublier que tout me porte sur un ailleurs que nous connaissons tous deux. Cet ailleurs maudit, que pouvoir et volonté s'échinent en vain à oblitérer. L'ici même nous identifie aux frontières que nous avons quittées. Dieux ce que les nations sont tenaces.

    Je songe à me faire livrer des filets de Guyenne. Pour quel usage? Fut un temps, j'avais pour Breizh et sa prospérité le plus grand des soucis. J'avais donc entrepris des démarches pour munir certains de ses capitaines de vaisseau de ces précieux filets qui garantissent un bon approvisionnement, faute de pêcheurs nombreux. La guilde, et les résistances qu'elle a pu rencontrer m'ont vous le savez bien passé l'envie d'aller plus avant dans ce projet qui nous apparaissait pourtant à tous comme si simple, anodin et évident. Les démarches ont abouti, plus tard que je ne le pensais, mais certains amis ont mémoire longue, et me voilà avec en chemin plusieurs de ces tissages aux échos et à l'utilité aujourd'hui presque mesquins.

    Quelle ironie, que le livreur souhaite à Vannes déposer ladite cargaison. Je crèverais aujourd'hui, plutôt que de laisser pareil trésor tomber en des mains si égoïstes que celles qui régissent une ville sans fournir rien au duché dont elle est une part, et aux âmes qui la peuplent. Et pourtant, quelle capitale Vannes ferait en fournissant bois et poisson en abondance! Pourquoi m'obstiner, me direz vous. J'ai l'échec très difficile, plus encore lorsqu'il est aussi vicieux qu'il fut. Et pourtant, je ne pourrai me résoudre à m'exposer encore à si fourbes manoeuvres, malgré les cris dont mon orgueil m'assourdit. J'ai reçu pas plus tard qu'hier missive du grand duc. Il me signale que Felger est vide et morne, et que ce pourrait bien être pour moi le lieu d'un nouveau départ. S'agit-il donc d'aller jouer les repentis pour un crime jamais commis qui justifie que je fuie ma propre cité? Agir là, quand tout se fait ailleurs? N'ai-je pas assez donné pour prétendre à autre chose, qu'il faille ainsi prouver quand tant en sont dispensés? Troublée, je suis, et terriblement irrespectueuse envers cette ville frontière à la considérer si peu, aussi ouvertement que le huis clos de ce pli le permet. Il me faut donc cesser.

    Je connais Dove pour l'avoir rencontrée quelque fois en ce lieu qui fut chez moi. C'est une aimable jeune personne, que vous saluerez de ma part si le cœur vous en dit.
    Prenez soin de vous, sur ces routes plus ou moins fréquentées que vous mentionnez. Méfiance, foules sont souvent armées, et badauds brigands, le danger demeure, quel que soit le nombre. Prudence, surtout, car à se méfier de tout, on prête à chacun des intentions qu'il n'a pas.

    Après avoir longuement séjourné en les terres que mon fils a faites siennes, nous allons nous aussi probablement reprendre la selle. Je m'efforce de n'être pas à l'origine de l'évocation d'une destination. Le simple sentiment qu'Adenora et Elisabeth puissent s'en saisir comme d'un projet, et l'adopter jusqu'à me faire croire qu'il est leur me vrille les entrailles. Je ne désire plus aujourd'hui que de les suivre sur le chemin de leurs envies, coupable d'avoir trop exprimé les miennes, elles qui sont peu ou prou les seules à n'avoir jamais cessé de veiller sur mes pas égoïstes et empreints d'orgueil. Comme Icare me va bien. Nommez moi donc ainsi, à l'avenir, c'est là le seul titre qui semble m'aller encore.

    Si au cours de vos aventures vous dénichez quelque philtre apportant l'amnésie à laquelle j'aspire tant, alors avertissez m'en, et où que vous soyez, vous m'y trouverez. Quelle ironie, qu'on aspire parfois à n'avoir jamais connu ce qui nous a pourtant donné la vie, pour que cesse la peine de l'avoir perdu. Fut-ce faute d'avoir trop peu lutté, ou faute de s'être résigné à user d'armes piteuses et honnies? Je ne sais, les raisons sont floues d'avoir été trop malaxées par coupables pensées. On m'a souvent reproché de jouer l'oie blanche. Le sort s'acharne, c'est zibeline immaculée par la main d'un duc altier offerte qui couvre aujourd'hui mes épaules. Je me crois condamnée, mais suis trop timorée pour la souiller délibérément. Le présent est précieux, d'autant. Doublement. De ce perpétuel auto-procès je suis fatiguée, mais l'âme semble douée d'une résistance formidable à ce genre de tourments. Serait-ce là quelque forme d'entrainement? Faudra-t-il, comme j'ai offert mon manteau bordé d'hermine à une gamine ankylosé, me départir ainsi de la moindre pensée? Vous en avez reçu plus d'une, ce jour. Gardez-les, ou brulez les comme ces morceaux de vélin que l'on sacrifie aux flammes du solstice. Peut-être ainsi en serai-je allégée. Puissent les maux s'effacer vite, et vous ne garder, vaillant marin, que le plaisir des mots qui s'obstinent encore à les véhiculer.

    Amicalement,

    E Alençon, d'ar Merc'her 4 a viz C'hwevrer 1463



    « Le chat semble mettre un point d'honneur à ne servir à rien, ce qui ne l'empêche pas de revendiquer au foyer une place meilleure que celle du chien. » *

Elle avait reçu, et si vite, réponse à son pli. Les mots crus avaient arraché sourire attendri au minois si souvent crispé. Judas n'avait jamais pu, malgré ses tentatives, déclencher chez elle autre chose qu'un amusement attendri. L'effort jaloux ayant presque conduit au drame du bouillon aurait pu, mais sort avait voulu qu'il en soit autrement. Elle et lui s'étaient trouvés beaux pantins d'une volonté à laquelle ils avaient voulu se soumettre, empressés de confier à d'autres peut-être le soin des choix trop souvent mal dirigés lorsque délibérés.

C'est avec un plaisir non dissimulé qu'elle adresse donc la brusquerie. Surprendra, du coup, peut-être. Pour cette fois.


Citation:

      A vous, Judas Von Frayner,
      Père des inconstances,


    L'Anjou, donc. Auriez vous souhaité que je vous fasse suivre à la trace? Me voilà détrompée. Ici, ou là, c'est toujours un A qui vous occupe, et à plus d'un titre, de fait. Alexandrie, ensuite? Tant mieux, si vous trouvez havre plaisant sous le règne de ma soeur qui point fille n'est.

    Vous n'aurez pas été fâché par mes mots concernant Isaure. Vous aimer fut le plus grand affront que j'ai pu lui faire. De mon point de vue, toujours. Cela m'ôte-t-il le droit de déplorer son départ? Nullement, bien au contraire, quand je pourrais avoir -ou avoir eu- l'audace de m'en réjouir. Sa vie a longtemps pour moi été votre prix, et vous me pardonnerez de n'avoir pas été éperdue -ou était-ce perdue- au point de chercher à en hâter la fin.

    Votre main, elle a voulu heurter, mais a transmis le cuir qui aujourd'hui abrite mes doigts, ainsi que la fourrure où les y lover, quand gant est ôté. Elle n'a jamais blessé autant qu'elle aurait pu. Autant qu'elle aurait peut-être du. A quel titre, seulement? Je vous reste liée, de ma propre main, comme de vos voeux d'alors. La Mère est magnanime, et quant à moi, je ne vous réclamerai pas. Avez-vous maudit l'humide serment, ou pleuré sur lui secrètement? Qu'a donc valu à Sabaude le mauvais moment passé sur la terre de l'Hermine?

    Vide est baume, quand à colère il succède. Il est, lorsque authentique, paix-luxe qui fait défaut à plus d'un, piètre rempart bien souvent maladroitement brandi, bouclier futile des assurances mal résolues. Les vôtres sont toujours bien affirmées, je sais, et je ne supposerai pas, non. De mes mots retors vous tirerez la pensée que vous voudrez. Comme vous dites si bien, ils sont si aisément détournés par l'esprit qui les reçoit. Je n'ai pas mal de vous regretter, pour ma part. Méprisez l'honnêteté, elle est franchise futile que je n'ai pas à cacher.

    Mes fils sont bien moins légion que vous semblez le penser. A défaut d'information, défaut et demi. Vous n'auriez sans doute pas, du reste, souhaité qu'un soit issu de nous, me trompé-je? Je ne l'aurais pas voulu bâtard, pour ma part, préférant laisser à d'autres le hasard de ces étreintes que je refuse si peu, pour n'avoir jamais devant Aristote appartenu au moindre homme. Comme si son jugement m'importait vraiment. La Mère, elle, mettra bientôt je le crois bon ordre à mes égarements, en s'assurant que fertile la terre ne soit plus. J'ai récemment, pourtant, eu la surprise et l'honneur de pouvoir ajouter au petit nombre de mes enfants une jeune fille n'étant pas de mon sang. Comme quoi. Renard aura peut-être bavassé à son sujet, il semble l'avoir prise en affection, comme d'autres porteuses du nom. Le chez soi est notion soumise au droit. Chez moi, il est du sang et du coeur, aussi point besoin d'en semer ça et là, ami. Tant que l'un des quatre est proche, foyer suit.

    Printemps viendra, Judas. Il aura, sans doute, raison de vos raideurs.

    Avec toute mon affection, et n'invoquez pas dieu, vous ne m'avez jamais présentée à lui, engagé que vous étiez. Désormais que l'heure s'y prête, allez, et soyez heureux, si vous le voulez. Saluez ma soeur, si vous y consentez. Voilà qui, je pense, nous est permis sans insulter la bienséance.

    E Alençon, d'ar Merc'her 4 a viz C'hwevrer 1463



* Michel Tournier, Le Miroir des idées
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Chimera
    [Même jour - Même lieu - Même main
    Pour ceux qui de rendez-vous n'ont point.]

    « Quand on a pris l'habitude de brûler au feu de la politique, si le foyer s'éteint, on reste infirme. »*


C'est boitant qu'elle trouver véhicule pour son pli. La porte a reçu l'écho de ses frustrations, lorsqu'elle se maudit de s'être piteusement et pitoyablement livrée aux yeux du marquis. Cholet est loin, Breizh est loin, loin rime avec rien, et ces riens la rendent folle. Lorsqu'elle n'est pas piteuse, elle est hargneuse, aussi, cette fois, aura-t-elle choisi l'honnête franchise dégoulinante de la bête à terre, trop fatiguée de mordre pour le simple désir de paraître encore digne. C'était cela, ou le derrière du messager. Ca, l'Aubépine ne sait pas faire.

Citation:

      A toi, Lemerco,


    Tu ne m'es pas souverain, je te l'ai déjà dit. En es-tu fâché? Tout se mérite, pour moi comme pour tous. Nul serment nobiliaire ne me contraint à te nommer mon suzerain, nulle frontière à te nommer mon roi. Breizh a causé mon exil et a causé tant de larmes que je ne lui dois pour l'heure pas tant d'égards. Je ne me vois pas ces jours comme un sujet de l'Hermine. Pour cela, il faut s'y reconnaître, et s'y sentir nécessaire. Tu sais du reste que je ne le fais qu'entièrement, quand l'âme accepte pleinement ce que protocole exige. Tu dois en avoir plus d'un à tes pieds, en cette heure. L'état de grâce des premiers temps est frère des amnésies.

    Maudite je serai sans doute, mais je ne sacrifie pas la mémoire sur l'autel de la cohésion. Nous ne sommes rien d'autre que le produit des accomplissements et des heurts qui nous ont construits. Trop de saloperies sont ainsi pardonnées, et je ne m'alignerai pas sur ces faux repentis trop facilement graciés. Je ne sacrifierai pas non plus mon ressenti aux exigences de hâte et de brièveté qui semblent régir tout ce que font aujourd'hui les hommes. Certaines choses ne sont pas faites pour être écourtées ou précipitées pour le salut des impatiences. Mes mots sont mon royaume, estime les et lis les dans le nombre qu'ils sont, ou ignore les. Je ne t'oblige à aucune longueur en retour, supporte donc que les miens aient la forme que ma pensée leur donne. Je dois mériter ta sympathie en faisant bref? Mérite la mienne, si tu y tiens, en ne me rabaissant pas pour ça, même peut-être sans le vouloir.

    Mes mots furent durs, mais puisqu'il faut être honnête, puisque je le réclame en retour, je vais l'être. Dieux, j'aurais tant voulu que tu n'envisages pas cette aventure sans moi que je te maudis chaque jour de me tenir à l'écart de la moindre once de participation. Il aurait fallu rappliquer et se proposer? Pourquoi? L'effort à tant d'autres est bien épargné. Je suis sans doute bien trop orgueilleuse, mais j'aspirais à sollicitation. C'est là la seule chose qui aurait pu me pousser à reprendre le chemin de l'ouest, savoir que quelqu'un avait l'envie que je sois à ses côtés. L'effet que m'a fait ton pli, passé par le filtre des amertumes, est plus celui d'un maître envoyant dans un coin un os à son chien plutôt qu'un appel réel à soutien. Ainsi c'est là l'usage que Breizh et toi peuvent avoir de moi? Aller occuper une terre vierge, dans l'espoir qu'elle le soit assez pour supporter ma façon d'être? Dois-je donc supplier ce pays en m'infiltrant tel un criminel repenti par la moins fréquentée de ses frontières? Je rendrai ma citoyenneté plutôt que d'en passer par là, et les dieux sont témoins, j'y ai pensé plus d'une fois. Pas Vannes? Et pourquoi ne pourrais-je pas prétendre y être chez moi, puisque c'était le cas? Breizh n'a-t-elle pas besoin de bois? La ville appartiendrait-elle à âmes plus légitimes que le Grand Duc doive ainsi rediriger celles qu'il rappelle vers des lieux moins sensibles? Elle est la clef du sud, inactive et sclérosée, rétive et rendue stupide dans son entêtement. J'ai commandé des filets, autrefois, pour assurer à la Bretagne un approvisionnement constant en poisson et occuper les navires. Ils sont en passe de m'être livrés. Vannes aurait été parfaite, comme vivier de ressources naturelles. Au lieu de ça, on tolère, pour rediriger les réfugiés. C'est le jeu de la politique? Et quel jeu...

    Mes torts? Avoir défendu mon point de vue contre des accusations pleines de mauvaises foi et un harcèlement pitoyable? Je n'ai jamais cessé d'accepté et de revendiquer ce tort là, Lemerco. Je n'ai jamais volé, je n'ai jamais tué ni pillé, je n'ai jamais manipulé la loi pour en user comme d'une arme. Ne me demande pas de me repentir, ou dis moi clairement de quoi je suis coupable qui justifierai pareille position parce que clairement, je ne te suis pas. Je le lirai, a défaut de l'entendre, mais par pitié, choisis tes mots.

    Ne me rappelle pas, si c'est pour n'avoir pas l'usage de ce que je peux apporter de plus grand que cela et pour n'avoir pas l'envie d'en être le soutien. Si tu ne l'as pas, c'est que je n'en vaux pas la peine. C'est un échange de bons procédés. Les couronnes ne peuvent pas exiger tout service quand l'envie leur prend, sous prétexte qu'elles estiment qu'il est temps. C'est encore une liberté qui peut et doit être invoquée.

    C'est égoïste? Oui. J'ai trop donné à ce pays pour le voir se construire sans avoir mot à dire. Or je crains que ce ne soit ce qui me soit proposé. Être là, pour assister, impuissante, à voir mon pays se faire par d'autres façonner tandis que je m'échine à rendre vert un désert. Cela, et tu le sais, je ne peux m'y résoudre. Si je saurais sans doute accepter que mon mot ne soit pas dernier, j'offrirai ce qu'il peut encore apporter à d'autres plutôt que de le voir encore méprisé, ignoré, ou détourné par celui qui se doit d'être le garant de l'équilibre des valeurs dans un pays plus que tourmenté.

    Ne lis pas ce que je ne dis pas. Agir et donner, d'autres l'ont fait, le font et le feront. Je l'espère, du moins. La question qui prime, c'est le pourquoi, et le comment. Et c'est cela qui doit guider tes choix. A l'heure qu'il est, conseil doit être constitué. Choix faits. Je n'en jugerai pas la nature, de peur d'être injuste.
    Si mes valeurs et mon énergie ont si peu d'intérêt qu'elles ne valent pas d'être intégrées vraiment, alors ignore moi pour de bon, et laisse moi tenter vainement de retrouver ailleurs confiance en ce que je peux apporter, puisque Breizh et toi semblez ne pas souhaiter en avoir tellement l'usage, en tant que nation.

    Pourquoi cet appel, vraiment?
    Quel avenir y a-t-il, quand dans des mots évasifs il faut tenter de lire des vérités? Quelle foi en des lendemains sur lesquels il est impossible d'avoir prise? Suis-je donc digne de si peu de confiance, pour que tu évacues ma question d'un geste de la main sans me donner le moindre détail sur ce hasard que tu évoques? Quitte à me trouver le jouet de décisions dont j'ignore tout, autant l'être ailleurs, après tout ça, non? Je ne suis pas un bon soldat. Est-ce cela que tu cherches?

    Elisabeth sait, pour ton souhait. Elle aurait sans doute apprécié recevoir de ta main cette demande, plutôt que de la mienne, que j'avoue avoir été tremblante. Cela influencera peut-être son jugement. Et pourtant, elle serait si grande, là. Peu peuvent se faire le garant de la parole du Très haut sans rougir. Elle, elle ne lui a jamais fait la moindre entorse.
    J'aurais voulu, aussi, pouvoir être celle qui bénirait pour la Mère ce renouveau dont tu te fais actuellement le moteur. Proposer, réclamer. Peut-être. J'ai été trop sotte, et présomptueuse, de penser que tu en aurais peut-être simplement le souhait et l'envie.
    Je l'encouragerai à le faire, parce qu'aucun n'en est plus digne qu'elle, même si à voir la manière dont elle a lu tes mots récents, je crains qu'il ne faille se battre pour que ce soit elle. Ce combat là vaut la peine d'être mené, même si n'est pas celui de la prompte facilité. Il faut, après tout, savoir ce que et qui l'on veut.

    Amicalement,

    E Alençon, d'ar Merc'her 4 a viz C'hwevrer 1463



*Roger Vailland, Ecrits intimes
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Chimera
    [Même jour - Même main... qu'elle aurait bien mis dans la figure de quelqu'un. ]

Citation:

      A toi, archi-soeur,
      Unique, et manque la petite.


    Ton nom résonne trop souvent à mes oreilles pour que j'en ignore l'appel. Est-ce toi, donc, qui l'envoie par delà la mince frontière, filoute des laissez-passer, faisant fi des lieues pour entretenir un lien que nous négligeons toutes deux trop souvent? Tu es plus excusable que je ne le suis, en ce que tu as autre chose à faire, à assurer chaque jour le destin des buses et autres canards que notre père -que devient-il, je l'ignore- chérit autant qu'il se plait à les détrousser. Qui aime bien?

    Salutations d'Alençon où je me trouve ces jours, en compagnie d'Elisabeth et Adenora, que tu connais, ainsi que de Lastree. Nous avons prêté notre concours des vacancières -je suis la seule à nommer l'aventure exil- à la Grace du lieu, Mheil, qui nous a en le logis ducal hébergées. L'affaire touche à sa fin, et nous allons sans doute refaire un saut par Argentan, ou Aedhan a établi son foyer. Il nous a reçues déjà brièvement en le lieu où il se trouvait reclus ces derniers temps. Le manoir Brocéliande, qu'il habite. Ironique, non? Je ne te fais pas le récit de nos retrouvailles, tu en imagines assez bien les détails. Je le saluerai de ta part, à notre prochaine rencontre, nous ne quitterons pas sans lui avoir fait mes au revoirs.

    J'ai su que Sabaude, Renard Vicomte en bal croisé, en Normandie percuté, en Alençon bombardé, avait été missionné pour une partie de chasse en terres angevines, et par sa femme que la proie était canne. Arrache lui donc quelques poils, en lui disant que c'est de ma part.

    L'Anjou serait-il donc si bien en vogue que la France entière vient s'y loger? C'est tant mieux. Si tu vois Judas, embrasse le pour moi, en toute amitié. Il n'appréciera sans doute pas, celle qui l'accompagne moins encore, aussi mieux vaut taire d'où vient le salut. Écris moi, aussi, la recette de cette attractivité. Des fois que.

    Me voilà qui réclame à l'archiduchesse d'Anjou. Frustration du commandement, sans doute. Lemerco me propose, me demande, je ne sais, de revenir en Bretagne. La ville de Fougères aurait semble-t-il besoin de relève. Je suis trop orgueilleuse, Calyce. Aller me terrer dans une ville déserte comme un criminel repenti quand ma ville m'échappe et que fait de même le destin du pays qui est mien m'encourage plus à fuir qu'à retourner. Il faut avoir un foyer ou rentrer, non? Quel est le mien, et quel est mon destin, si le Grand Duc n'a guère besoin de mon conseil? Turpitudes orgueilleuses... j'en viendrai à bout. J'espère. Peut-être.

    A te voir, petite soeur.
    Je n'ai jamais rencontré ton époux, peut-être sera-t-il temps, prochainement?

    E Alençon, d'ar Merc'her 4 a viz C'hwevrer 1463


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Judas
Anjou. Février .

Un pli en amenant souvent un autre...

Citation:
Votre soeur, votre fille, votre cousine. N'ai-je jamais su faire grande différence chez les vôtres? C'est bien ce que l'on m'a reproché dans un passé lointain. Quant à Isaure... Allons, cessez. Quelle importance. Qui s'émeut vraiment, pour l'usage...

Que faut-il conclure de tout cela... Regrets ou non, nous ne sommes plus liés, et les mois de cette désunion deviendront années, et poussière. Des serments chimères ne subsiste rien lorsqu'on les oublie. Considérez que j'ai la mémoire courte. Ayez de même l'amnésie heureuse, je vous le souhaite en lieu de toute affection bienséante.

Renard, cher couché du tout vélin. Que dit-il en vérité? Je ne sais plus bien. Les amis sont comme les femmes, des distractions éphémères , jusqu'aux prochaines. Et aux prochaines. Je ne vous apprendrai pas, druidesse, l'histoire éternelle des cycles. Non. Ne présumez pas si vite de ma propension au vide. Qui est indispensable ici bas? Il fut un temps où les choses furent, et désormais elles ne sont plus. Printemps viendra, et vous n'écrirez plus, pour moi du moins qui ne serai que perte d'un temps qui à nos âges commence à se faire précieux.

J.

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Tristan_masselet
Le temps est bien frais , et les feux de camp peinent à réchauffer le marcheur .Parfois , le souffle tiède du naseau de son cheval , donne un peu de vie à l'homme couché dans le campement établi dans la morne plaine . Parfois , un corps qui se love , et transmet un peu de sa vivifiante chaleur . Ou parfois un pigeon , et son duvet si protecteur .

En ces temps , la plume crisse et l'encre devient épaisse . Mais l'esprit est chaleureux , et très vite , les traits remplissent le parchemin .


Citation:

Des coteaux de l'est , ce 5eme de février 1463

A vous , pêcheuse de menhirs .

Ivre de vous lire ? Ivresse des profondeurs sans doute , ou peut être sorte de chant des six Reynes . Je reste pourtant ficelé , tel Ulysse en son mât , attendant que mon frêle esquif ne nous porte , avec les miens , vers une odyssée de gloire ou de deshonneur . D’ailleurs , tel ce grec venu sous les murs de Troie , le vent me pousse à la bonne volonté des Dieux . On me dit que l’on cinglerait vers Breizh , ce pays où l’on traite de chien , guilde d’aveugles !

Dove a souhaité y retourner , pour une obscure et mathématique question de maîs . Mon fils Claude , me tire par l’autre manche , souhaitant aller vers l’est pour une semblable raison . A croire qu’ils ont tous un grain ! Donc , je laisse ma bien aimée Jehanne mener la troupe par le licou . Comme vous , je suis . C’est sans doute une manière d’être et de ne pas être .

Voyez , nous avons ce point commun , moi cherchant désespérément le retour en ma demeure , vous , tissant , telle une pénélope de mer –ou quelque arachne ?- vos filets . Et comme elle , les prétendants ne vous manquent pas , porteurs de vaines promesses et de vils hommages . Comme elle , vous tissez . J’ai toujours eu une vision particulière et très personnelle de Pénélope tissant . Il est d’usage d’y voir l’attente de l’époux . Or , je suis persuadé que Pénélope ne tissait que pour le plaisir de tisser . Car l’occupation des mains est le plus grand onguent à l’esprit qui souffre .

Je vous sais être de ces gens qui ne peuvent avoir la main au calme , et l’esprit inactif . Et la preuve de ces longues missives n’en est que la partie émergée de la glace .
Sur ma route , j’ai croisé des villes autrefois brillantes et devenues mornes .Et pourtant , la présence d’un seul ami , d’un seul être dont je me sentais proche ou ennemi juré , rendait les tavernes plus brillantes , plus animées que jamais . Si l’enfer ce sont les autres , ils sont aussi le paradis . J’en viens à me demander parfois , si le mélange du bien et du mal , si complet en ce bas monde , n’est pas même capharnaüm dans l’au-delà .

Donc , surtout ne rien oublier , et ne rien jeter à la flamme des bûchers . Les bûchers ne réchauffent guère les cœurs , ils excitent les esprits , comme le feu de paille donne l’illusion d’une lumière . Non , je préfère , de loin , le charbon rougeoyant sous la cendre . Il brûle la main imprudente , mais réchauffe bien plus que ces feux que l’on fait au printemps . N’oubliez rien , ni le bien , ni le mal . Ni la main tendue , ni la main qui soufflète . Réchauffez l’une , consumez l’autre , pour participer à l’entretien de ce que l’on nomme feu sacré , Duchesse Vestale .

Acceptez mes très aristoteliciens hommages .

Else
    [Alençon, taverne de la Gueuze – même jour... autre main]

Sitôt le billet rejeté sur la table, Kermorial demande papier et encre au tavernier-bourgmestre, pauvre Alençonnais trop peu au fait de ces affaires étrangères, et qui n'en peut mais. Les formes y sont, bien sûr ; mais le ton glace. Quelque chose cloche. Blonde, en pétard ? Si peu... À peine emprunté le précieux matériel, la plume entame une course folle.
Citation:

    Au Grand Duc de Bretagne, en réponse à certaines questions, même et d’abord à celles qu’il ne s’est pas posées

Voulez-vous savoir ? Élisabeth - ainsi devons-nous en parler, j'imagine, puisqu'elle ne vaut pas l'encre d'une demande. Après tout, c'est bien connu : les clercs sont introuvables – surtout quand on ne les cherche pas. Ou bien connaissiez-vous déjà sa réponse ? Est-ce un jeu de stratégie ?
Élisabeth, donc, eut dès longtemps quitté la Bretagne, ses querelles, ses folies des grandeurs et son désintérêt total pour, en vrac, la foi, les autres, le vrai, sa mémoire et l'entente, peut-être même avant de devenir diacre, si certaine Dénéré-Malines n’avait pas cru en ce pays. Quand vous l'accusez de m'en tenir éloignée, c'est elle qui m'y retint, et m'engagea à lui laisser le bénéfice du doute. Si vous jugez vraiment que j'ai pu y faire quelque bien, remerciez-la. Si vous jugez que j'aurais pu en faire plus, ne le remerciez pas. Et si, comme je le crois, votre souci réel est tout à fait ailleurs… Oubliez-moi.

Parlant de souvenir, il me semble vous avoir connu moins inquiet à l'endroit de l'hérésie, et du sort de l'Eglise en général. Ravie de voir votre intérêt éveillé. Vous donnerez un cours à votre fils - mieux vaut tard que jamais - entre deux coups sur votre échiquier. On raconte, au fait, que vous envisageriez d’y jouer votre excommunié de parent ; mais sans doute, le fond ne vous importe pas si peu. Ou attendez-vous mon refus pour vous autoriser ? J'en viens à voir de la manipulation partout.

Vous n’avez pas besoin de moi, Dol. Vous avez besoin du soutien de l’Eglise, et elle sera présente. Vous avez besoin d’un officiant, et il y en aura un ; mais il ne vous appartient ni de décider de son identité, ni de le siffler. Votre couronne a ses limites. Vous feriez bien de les apprendre vite. Voilà ma prière pour votre règne, et ce sera la seule. Bon sang. Comment pouvez-vous l'ignorer ? Fussé-je encore en terre bretonne, je n'aurais pas officié à votre sacre. Du reste, je n'aurais pas non plus remonté une Primatie en un jour. Personne ne peut. Depuis quand prétendez-vous croire aux miracles ? N’en invoquez pas.



Citation:

Le travail est déjà entamé, depuis longtemps ; il a eu des hauts et des bas, il y en aura d'autres. Je vous épargne le détail, l'affaire ne suscitant chez vous qu'un intérêt limité. Intérêt tout de même ? Alors, apportez votre concours, je suppose qu'il sera bienvenu. Mais rappelez-vous, Dol. Rien de solide ne s'improvise, et vous ne régnez pas sur tout ni sur tous. L'Eglise de Bretagne n'est ni un château de cartes, ni votre sujette. Quant à moi, je laisse la barre. Mon énergie s'épuise. À d'autres ! Ils seront plus nombreux, et leurs forces sont neuves, et leur envie intacte.

Doutez-vous de leur existence ? Moi, je prie pour que leurs forces suffisent. Vous connaissez le sentiment. Naguère, vous avez lâché cette terre. Vous lui conserviez même nettement moins de bienveillance que moi, si je ne m'abuse, lorsque vous la vouiez aux gémonies. L’envie vous est revenue : bien. N’en déduisez pas que le temps est venu pour tous. Le vôtre, peut-être – faites-en bon usage, et commencez par ne pas croire que le monde entier s’y calquera.

Avec l’aide de Dieu et des hommes, l’Eglise en Bretagne renaîtra aussi. Cela prendra du temps encore. Rien de solide ne se bâtit en un jour, encore moins seul, et certainement pas sur de la prétention, du ressentiment et de l’intérêt. Vous non plus, ne restez pas seul. Et non, je ne parle pas de courir en lettres après qui vous n’écouteriez pas.

À ce sujet, un dernier mot. Vous avez la tête dure, c’est un fait ; de là à vous prétendre rempart… N’est pas Titan qui veut. Allons… Rempart ? À l’indifférence ? Aux haines de dix, de vingt ans ? Au mépris qui descend aussi profond que l’âme ? Et puis quoi, encore ? Vous aurez bien assez à porter, roi d’une ruine souffrante, sans prétendre chercher à vous briser le crâne. Du reste, vous le sentez déjà. Vous marchandez d'avance. Promettez tout, pourvu qu'on fasse les choses à votre goût ; et pour noyer les problèmes qui ne vous intéressent pas, vous voilà servant de la soupe. Gare ! Non seulement vous ne forcerez pas les autres à la boire, mais pourriez bien finir par en gober vous-même.



Citation:

Suffit. Je suis fatiguée, et vous, vous n’avez rien compris. Moi non plus, du reste, à votre cuisine, faute d'avoir la moindre confiance en vous. Alors, non, il n’est pas temps. Pas pour moi. Un pied sur cette terre, et je ne tiendrai pas. Ce qui vous indiffère, en soi ; mais d’un point de vue pratique, rappeler quelqu’un qui vous poignardera le moral, qui vous jettera par-dessus bord, vous ramènera au fond, et disparaîtra ensuite... avouez que ce n’est pas finement jouer. Car je ne vous laisserais pas en paix, Dol. Je serais votre cauchemar, la conscience qui ne vous tourmente pas assez, le désespoir dont vous vous êtes débarrassé. Voilà à quoi j'épuiserais mes forces, retournée en Bretagne. Ne m’en croyez-vous pas capable ? Sang breton. Seulement, cela perdrait beaucoup de monde, et ne sauverait personne.

Adieu.

Elisabeth Kermorial



Aveux crachés, elle s’effondre au ralenti, épuisant ses dernières forces à ne pas alarmer l’assistance.

    [Et séquelle]

Plusieurs jours durant, elle gardera la lettre. Quelque chose la chiffonne. La fin, surtout. Finalement, elle se débarrassera du troisième feuillet pour y substituer celui-ci :

Citation:

Brisons là. Ma décision est prise, je n'y reviendrai pas. Le Très Haut garde la Bretagne, et vous aussi ; vous en aurez bien besoin.

Elisabeth Kermorial

Lemerco
Réception de deux courriers à Nantes.
Moins par moins ca fait plus.
C'est beau, c'est mathématique.
Cela fait son effet sur un échiquier.

Et aux échecs, Lemerco ne perd jamais, ou presque.

A Chimera, d'abord.
Citation:

Rousse,

Tu as causé ton propre exil, arrête de vouloir reporter la faute sur les autres.
Moi je suis tout beau, et les autres ne sont que d'affreux vilains.
On dirait Naoned quand il avait cinq ans. Une gamine, voilà ce que tu es.
Il serait temps de grandir.

A part geindre et te lamenter sur ton sort, c'est quoi ta vie?
Faire la Bretonne dans un trou à rats tel que l'Alençon?
Entourée de pecnos royalistes dont la somme des intelligences n'arrive même pas à atteindre celle d'un mouton de Pré Salé? De ces égarés de la vie, de ces oubliés de l'estime de soi, de ces rebuts abandonnés même par leur Reyne?
C'est sûr que là-bas, tu ne rencontreras guère de résistance. Tu pourras agir et débiter tes paroles à souhait sans aucun retour et on pourra ainsi narrer tes exploits : Dona Chimera contre les moulins à vent, ou à celui ou celle qui brassera le plus d'air possible dans le néant.

En fait, aujourd'hui, tu ne m'inspires rien d'autre que de la pitié.
Et tu veux que je prenne conseil auprès de toi pour gouverner un pays?

Allons! Un peu de sérieux!

Je t'expose mes besoins, les besoins de la Bretagne, des besoins souverains et vitaux. Je n'ai pas besoin de conseils. J'ai besoin de personnes actives qui peuvent encore insuffler de la vie dans les villes bretonnes. C'est autrement plus primordial que du charabia.

Fougères meurt, et si tu revenais avec tes amis, ce serait Byzance. Tu as tout à y gagner, la paix, un lieu où vivre en Bretagne, la gestion d'une collectivité, une réinsertion dans la politique, une façon de te faire bien voir auprès des gens, en tout cas au moins moi.

Mais non, ce n'est pas assez digne pour toi? Madame devrait avoir un bureau avec vue sur la Loire et des serviteurs pour dénouer ses papillotes dans les cheveux tandis que je viens boire tes paroles savantes sur la façon de gérer une nation?

Baste! Je ne proposerai rien d'autre. Tu préfères rester à l'étranger? Fais donc.

Reste donc planquée chez ceux qui sont si prompts à déclarer la guerre à ta patrie quand vient l'heure des roys et reynes bagarreurs.

Si tu n'as même plus aucune fierté, plus aucune dignité au point d'aller te mêler avec la valetaille royaliste,, alors c'est que ton sang breton s'est dilué dans un sombre mélange de purin liquide.

Adieu,

Lemerco


A Elisabeth maintenant.


Citation:
Blonde,

Mes mots seront avec vous seront moins rugueux qu'envers la rousse. La finalité demeure la même. Je l'aimais juste depuis plus longtemps que vous.
Je ne vous ai pas écrit directement, il est vrai, parce que d'autres personnes devaient le faire à ma place.

Vous avez raison, nul n'est irremplaçable, mais à force de voir les gens partir, on se retrouve seul.
Vous évoquez mon passé, mais de par la charge qui m'incombe aujourd'hui, c'est sur le présent, et l'avenir, que je me dois de me focaliser.
Et quand on parle de ruine, comme vous le faites si bien, deux options se posent à nous... on rénove, en recollant des morceaux et en ajoutant de nouvelles pierres, ou bien on rase tout pour mieux reconstruire.

Encore faut-il des maçons, des architectes, des ouvriers, des hommes et des femmes.

Ceux-là préfèrent tourner les talons et s'exiler dès qu'arrivent les contrariétés.
Je peux le comprendre, je l'ai déjà fait. A ceci près que comparer à la Dénéré peu Maline, quand la Bretagne appelle à l'aide, mon sang bout et me fait revenir prestement.

Vous croyez qu'on peut faire tourner l'église dans un duché de neuf villes avec trois ou quatre diacres? Vous croyez qu'on a le luxe dans cette configuration de se passer ne serait-ce que d'un seul? non.

Vous croyez que le Grand Duc que je suis peut regarder une ou deux villes bretonnes s'éteindre, comme Fougères, sans chercher de solution? Non.

Et le pire dans cette histoire d'exil, c'est que cela fait des mois voire des années que je dis à votre chère Chimera de partir de Vannes, qu'elle menait un combat perdu d'avance. Mais non. Vu que la plus grosse chose chez elle c'est l'orgueil, à très forte concurrence avec la vanité, elle s'est entêtée alors qu'il suffisait juste de trouver un nouvel endroit où vivre en Bretagne. Il n'y avait que l'embarras du choix.

Aujourd'hui sa fuite est guignolesque et elle vous éclabousse aussi.
Cette remarque ne fera certainement aucun effet car je vous devine mille fois plus détachée qu'elle sur les questions du patriotisme.

Rome a nommé, semble-t-il, un successeur à Tadeus, successeur qui officiera.
Il n'en demeure pas moins que bien des cases sont vides dans les églises bretonnes, et qu'on a bien besoin de les remplir car hélas le Très Haut semble plus prompt à chier des nobles que des curés.

On en arriverait presque à croire qu'il est royaliste.

Inutile de me répondre si vous préférez rester croupir parmi la faune alençonnaise. Si elle n'a pas changé depuis le temps où je l'attaquais avec Thoros, c'est que vous êtes devenue une égarée de la raison à défaut de la foy. Ce qui revient au même vu que les fous finissent généralement sur un bucher.

Lemerco.


Fin de la partie, deux personnes rayées de la vie de Lem.
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