Tord_fer
- Je vole, comme un aigle Royal,
Je vole, au-dessus des Lois.
Je vole, quand j'ai faim c'est bien normal.
- C'est pas moral ?*
- [Sur les routes, quelque part dans le royaume]
Le vent avait tourné. Le froid saisissant mordait ses chaires malgré lépaisse cape en laine qui le recouvrait. Il avançait doucement, face au vent. Appuyer sur sa béquille il se disait que chaque pas dans cette direction serait un de moins à faire le lendemain. Son il se tourna vers la frêle silhouette qui laccompagner. Elle tremblait. De peur ? De froid ? Elle était peu couverte. Nue pied. Tord décida quils avaient assez marché pour aujourdhui, quil était temps de leur trouvé un abri pour la nuit.
Il pivota sa lourde silhouette en direction des bois et séloigna du chemin dans lequel le vent sengouffrait trop facilement.
Se protéger du vent, trouver un arbi.
Il visa un épais talus et saccroupis contre. Les branches entremêlées formaient une protection naturel contre laquilon qui faisait rage. Il fit un signe à la pauvre créature qui laccompagné de lattendre là avant de partir dans la foret chercher du bois. Il devait faire un feu. Il nétait pas poursuivis il navait donc aucune crainte dêtre repérer. Cela réchaufferait leur carcasse et éloignerait les bêtes.
Il se mit rapidement à louvrage et après quelques tentatives infructueuses le feu pris enfin dans les brindilles. Il recouvra le tout de gros bois avant de sassoir près delle.
Son il se pose sur ces pieds. Malgré la crasse qui les recouvrait, on devinait néanmoins que cette teinte légèrement bleuté nétait pas de bon augure.
Il sentait son corps frêle trembler contre le sien. La petite nétait pas préparée à un tel voyage. Elle crèverait avant datteindre leur destination, il ne pouvait la laisser ainsi. Malgré le peu dégard qui lui portait et les paroles rudes quil lui adressait, Tord sétait néanmoins entiché de cette gamine. Il ne la voyait plus comme un trophé. Elle était leur égale. Il retrouvait chez elle quelque chose quil avait au fond de lui. Quils avaient tous au fond deux. Eux, les Piques. Ces êtres rejetés par tous et sétait réunis sous les mêmes couleurs. Lhomme nétait pas fait pour vivre seul. Même les pires dentre eux.
Le Borgne détacha la petite ancre dargent qui retenait sa lourde cape et la posa les épaules de la Blanche.
Son ventre grogna. La faim le tenailler. Il sortit de son sac de toile une miche de pain noircit par le temps. Cétait leurs dernières provisions
Tord nétait pourtant pas gros dépensier, il dépensait ce quil avait pour vivre. Et navait pas beaucoup. La fortune ne lui avait pas souri ces derniers temps, et lhiver était rude. Quant à louvrage plus personne ne donner sa chance à un borgne unijambiste ex-taulard. Apres tout, cela était compréhensible, il ne pouvait les en blâmer.
Il partagea sa miche avec Bloodwen tandis que son autre main tâté sa bourse. Trois écus. Cela ne suffisait pas à acheter un pain. Ils devront se servir
La petite était chétive, et ne mangeait pas à sa faim, elle devait reprendre des forces pour continuer. Il devrait également lui trouver de quoi se couvrir.
Le Borgne devenu boiteux, frissonna et rajouta une buche dans le feu. Du haut de ces cinquante-quatre ans il avait connu bien pire. Mais pas elle. Et il ne voulait pas quelle en fasse lexpérience. Elle nen survivra pas, il en était sûr.
Il navait pas décoché un mot depuis la dernière ville. Les paroles sont précieuses, il ne les gaspillait pas en discussion futile. Aussi il dut déglutir avant de converser de sa voix rauque.
- Jentends ton ventre gronder. Tu as faim. Nous navons que cette miche et encore deux jours de marche avant la prochaine ville. Je nai plus la force dinstaller des collets, et les bêtes doivent hiberner en cette période de toute façon. Il faudra te restreindre encore un peu, puis nous nous procurerons à manger.
Tord baissa son regard sur elle avant de sortir son coutelas et de déchirais un peu plus ces fripes pour lui faire des chausses de fortune.
- La neige ne va pas tarder à tomber. Colle toi ça aux pattes ou je risquerais de ne plus te retrouver.
Le Borgne sourit en coin, mais cétait un sourire triste, loin du rire tonitruant quil pouvait avoir lorsque que son ventre était plein et que les flammes de lâtre brillait dans son unique il.
- Dors maintenant. Je prends le premier tour de garde.
Tord coinça Cispoule entre sa chemise et son torse pour la réchauffer. Son il se perdit dans la pénombre, son oreille guettait les moindre bruit, mais sa pensée, quant à elle, était loin
Toujours le premier pour clamer haut et fort quil était un brigand et que brigand il le resterait, ça navait pas toujours était le cas. Il repensa à la première fois où il dut voler pour ne pas mourir de faim. Cela lavait rendu malade. Une partit de lui sen était allé ce jour-là. Sa fierté.
Cest un sacrifice que devra faire la petite quand ils atteindront la ville. En espérant que ça ne soit pas trop tard.
Il savait quelle ne voulait pas devenir comme lui. Il ne lavait pas emmené pour ça. Mais parfois la nécessité nous rattrape plus vite que prévu. Comment lui annoncer ?
Son regard se détourna de la pénombre de la nuit pour se poser sur ce visage bien trop pâle quéclairé le feu. Il fut saisit par ce contraste. Il la regarda sapaiser, légèrement rassasié, et attendit que le souffle de la jeune fille prenne un rythme régulier avant de remettre sa moitié dans son sac. Il lui donnerait demain, il pouvait encore tenir.
- ... C'est la meilleur des raisons.
*Titre et parole tiré d'Aladdin.