Temperance
Sa mère avait beau l'assurer de sa beauté et de sa haute naissance, Tempérance n'était pas assez sotte pour ignorer le mal que se donnaient, en vain, son chef de famille Son Altesse Royale Charlemagne de Castelmaure et sa mère pour lui trouver un parti plaisant.
Elle était jeune, vierge, pas trop laide, suffisamment dotée (en plus d'avoir hérité de son père, fille aînée de la Duchesse aux titres si nombreux qu'elle en oubliait toujours un quand elle les énonçait). Même plus âgée, ayant déjà bien enfanté et ayant peu à offrir à un nouvelle époux, sa mère trouvait facilement chaussure à son pied.
Tempérance, non.
Le Roi n'avait pas voulu d'elle. Comment aurait-il pu, d'ailleurs ? C'était une plouc. Plouc du LD represents.
Adelphe s'était marié. Adelphe. L'homme qui avait un jour trouvé de l'intérêt à l'illettrée qu'elle était. Adelphe, qui, bien que bâtard, avait trouvé à épouser une vicomtesse.
Elle-même ne rêvait désormais de rien plus qu'un seigneur. Mais même les seigneurs ne se bousculaient pas au portillon.
Elle pouvait toujours trouver de l'amitié et de l'affection pour d'autres. Mais on n'épouse pas les roturiers. Elle n'était pas assez rebelle pour faire honte ainsi à son héritage. Et puis, bien sûr, renoncer aux Arzeliers, sa maison depuis l'enfance, ce serait trop douloureux, qu'importe l'honneur, la noblesse, ce n'était pas l'important. C'était sa maison. Alors, bien qu'émue parfois par des jeunes gens, elle se voyait dans une impasse. Vingt ans et pas l'ombre d'une perspective de vie, de lignage, de bonheur à deux.
Vingt ans, c'est vieux. Cela faisait déjà six ans qu'elle aurait pu être mariée. Il lui en fallait cinq avant de coiffer sainte Catherine : la moitié du chemin était déjà passée. Il lui en restait guère plus avant de perdre sa fécondité. Elle était médecin, elle le savait : passé vingt ans, la fécondité ne fait que décroître. Toutes les observations concordent. Pas pour rien que les gueux se marient tard : pour éviter la prolifération d'une marmaille impossible à nourrir, on attend que le risque de pondre un gosse par an pendant dix ans soit passé.
Mais dans la noblesse, la logique était tout autre. Ne pas avoir d'enfants, c'était catastrophique. Ne pas être mariée à vingt ans, c'était presque une déchéance.
Et Tempérance le vivait mal. Elle savait qu'elle pouvait plaire. Elle pensait même qu'elle plaisait à Ryoka. Il lui avait offert une fleur. Comme les princes le font, dans les contes. Et elle appréciait beaucoup Ryoka, et pensait à lui souvent. Oh, comme elle avait tremblé, quand il avait frôlé la mort, en Savoie ! Oh, comme il était inconséquent !
Mais on n'épouse pas un roturier. Même le prendre comme amant, une fois mariée, ne serait pas décent. Il faut au moins un chevalier pour jouer à la fin'amor.
[Lyon, Maison Marionno, fin d'après-midi]
Elle avait quitté l'appartement familial alors que la lumière d'hiver commençait déjà à baisser. Elle portait des vêtements simples, qui ne trahissaient pas son rang, et une cape avec un capuchon le crachin avait bon dos. Pour dire le vrai, elle cherchait avant tout l'anonymat. Elle avait choisi cette heure parce que tout un chacun rejoignait normalement son logis avant la nuit tombée l'éclairage public n'étant qu'une invention moderne, c'était mieux ainsi, faute de quoi le risque de rencontrer des truands était décuplé.
C'était la meilleure heure pour trouver la Marionno seule. Et c'était le moment de vérifier si les rumeurs à son sujet étaient fondées.
Elle poussa la porte de l'échoppe et baissa son capuchon.
Bonjour...?
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À marier, étudie tous les partis - Mes RP itinérants Parle un mélange de français malpropre, lyonnais et vivaro-alpin
Elle était jeune, vierge, pas trop laide, suffisamment dotée (en plus d'avoir hérité de son père, fille aînée de la Duchesse aux titres si nombreux qu'elle en oubliait toujours un quand elle les énonçait). Même plus âgée, ayant déjà bien enfanté et ayant peu à offrir à un nouvelle époux, sa mère trouvait facilement chaussure à son pied.
Tempérance, non.
Le Roi n'avait pas voulu d'elle. Comment aurait-il pu, d'ailleurs ? C'était une plouc. Plouc du LD represents.
Adelphe s'était marié. Adelphe. L'homme qui avait un jour trouvé de l'intérêt à l'illettrée qu'elle était. Adelphe, qui, bien que bâtard, avait trouvé à épouser une vicomtesse.
Elle-même ne rêvait désormais de rien plus qu'un seigneur. Mais même les seigneurs ne se bousculaient pas au portillon.
Elle pouvait toujours trouver de l'amitié et de l'affection pour d'autres. Mais on n'épouse pas les roturiers. Elle n'était pas assez rebelle pour faire honte ainsi à son héritage. Et puis, bien sûr, renoncer aux Arzeliers, sa maison depuis l'enfance, ce serait trop douloureux, qu'importe l'honneur, la noblesse, ce n'était pas l'important. C'était sa maison. Alors, bien qu'émue parfois par des jeunes gens, elle se voyait dans une impasse. Vingt ans et pas l'ombre d'une perspective de vie, de lignage, de bonheur à deux.
Vingt ans, c'est vieux. Cela faisait déjà six ans qu'elle aurait pu être mariée. Il lui en fallait cinq avant de coiffer sainte Catherine : la moitié du chemin était déjà passée. Il lui en restait guère plus avant de perdre sa fécondité. Elle était médecin, elle le savait : passé vingt ans, la fécondité ne fait que décroître. Toutes les observations concordent. Pas pour rien que les gueux se marient tard : pour éviter la prolifération d'une marmaille impossible à nourrir, on attend que le risque de pondre un gosse par an pendant dix ans soit passé.
Mais dans la noblesse, la logique était tout autre. Ne pas avoir d'enfants, c'était catastrophique. Ne pas être mariée à vingt ans, c'était presque une déchéance.
Et Tempérance le vivait mal. Elle savait qu'elle pouvait plaire. Elle pensait même qu'elle plaisait à Ryoka. Il lui avait offert une fleur. Comme les princes le font, dans les contes. Et elle appréciait beaucoup Ryoka, et pensait à lui souvent. Oh, comme elle avait tremblé, quand il avait frôlé la mort, en Savoie ! Oh, comme il était inconséquent !
Mais on n'épouse pas un roturier. Même le prendre comme amant, une fois mariée, ne serait pas décent. Il faut au moins un chevalier pour jouer à la fin'amor.
[Lyon, Maison Marionno, fin d'après-midi]
Elle avait quitté l'appartement familial alors que la lumière d'hiver commençait déjà à baisser. Elle portait des vêtements simples, qui ne trahissaient pas son rang, et une cape avec un capuchon le crachin avait bon dos. Pour dire le vrai, elle cherchait avant tout l'anonymat. Elle avait choisi cette heure parce que tout un chacun rejoignait normalement son logis avant la nuit tombée l'éclairage public n'étant qu'une invention moderne, c'était mieux ainsi, faute de quoi le risque de rencontrer des truands était décuplé.
C'était la meilleure heure pour trouver la Marionno seule. Et c'était le moment de vérifier si les rumeurs à son sujet étaient fondées.
Elle poussa la porte de l'échoppe et baissa son capuchon.
Bonjour...?
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À marier, étudie tous les partis - Mes RP itinérants Parle un mélange de français malpropre, lyonnais et vivaro-alpin