Lucie_
Le poker limit est une science, mais le no-limit est un art. En limit, vous tirez sur une cible. En no-limit la cible est en mouvement et se dirige vers vous.
Jack Strauss
[Un tripot dans les bas-fonds Parisiens. Août 1462.]
Volutes éthérées et nauséabondes dune salle enfumée mêlées à la sueur et les effluves dalcool, quelques tables éparses, le brouhaha permanent des joueurs en action, lair dété est lourd, moite, lendroit confiné. Le décor est posé. Grisant. Les veines palpitantes, fiévreuse sensation prenant entière possession du corps et de lesprit. Opium brûlant les doigts et incendiant les bourses. Moments extatiques de la gagne, moments coléreux de la défaite.
La main reste ferme, les doigts fins enserrant les cartes, les ongles de la senestre tapotent nerveusement le bois de la table. Seul signe trahissant son état. Le visage délicat porte le masque impavide. Les noisettes scrutent chaque adversaire, fouinent la moindre réaction, captent les perles de sueurs sinuant sur les temps grisonnantes de lhomme assit à sa gauche, sa main tremblante et lexcitation agaçante de sa jambe. Les cartes entament leur ballet selon la demande de chaque joueur, la tension est palpable, ici on joue gros, le tas décus imposant qui trône au centre de la table le prouve. Un fin sourire sesquisse doucement, un brelan de dames sannonce et cest armée dune assurance à toute épreuve, et de son besoin irrépressible à repousser les limites quelle augmente la mise de plusieurs centaines décus. Elle amène lindex a venir senrouler de trois torsades à une de ses mèches de cheveux, signifiant à son complice que le brelan est de mise et quelle part à la chasse au full. Bruissement de soie, elle frémit à peine au contact sur sa cuisse alors quelle glisse les deux cartes inintéressantes de son jeu dans sa manche en toute discrétion. La main délicate rejoint celle de son complice en attente sur son giron et récupère la paire qui lamènera à gagner. Le dos est droit, le regard velouté passe dun joueur à lautre afin de sassurer que la collusion nest pas repérée. Lheure dabattre les cartes arrive, et là, elle aurait du se fier à ce fichu frisson glacial descendant le long de la colonne vertébrale alors quelle révèle le fameux full , les noisettes étincelantes de la victoire, les mains plongeant vers lavant afin de ramener à elle le pactole du siècle.
Impact. Les poignets sont prisonniers de mains rugueuses, le corps sursaute tandis que le regard teinté de surprise se lève vers son geôlier. Le temps aurait pu se suspendre mais il nen est rien, tout se passe à une telle vitesse quelle ne peut réagir, les menottes de chair la tire violemment sur la table alors quelle étouffe un cri, la joue sécrasant au milieu des cartes et des écus, la tête maintenue afin de la forcer à regarder le passage à tabac de son complice dun soir. Elle grimace, ne pouvant détourner le regard devant la scène alors elle les supplie de leur laisser la vie sauve. Un rire gras, une poigne de fer qui agrippe sa chevelure et tire sa tête en arrière, puis lhaleine fétide vient chatouiller ses narines, lui susurre de leur remettre trois fois la mise d'ici trois lunes pleines. La nausée sempare de sa gorge, elle tente de détourner son visage en vain. Elle hoche la tête, signe le pacte leur laissant la vie en suspend jusquà ce que la dette soit réglée. Le complice mal en point est relevé, le visage amoché et ensanglanté, on les entraîne vers la sortie, on les jette au sol comme des malpropres. Elle se traîne vers son compagnon dinfortune, laide à se redresser, à sadosser contre un mur, elle déchire un pan de son jupon et tamponne doucement le visage tuméfié. Piètre scène de deux pauvres hères réfugiés contre un mur, assis au sol, tentant de reprendre leurs esprits après avoir goûté lexcitation du jeu, la jouissance de la gagne et lamertume de la défaite.
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Jack Strauss
[Un tripot dans les bas-fonds Parisiens. Août 1462.]
Volutes éthérées et nauséabondes dune salle enfumée mêlées à la sueur et les effluves dalcool, quelques tables éparses, le brouhaha permanent des joueurs en action, lair dété est lourd, moite, lendroit confiné. Le décor est posé. Grisant. Les veines palpitantes, fiévreuse sensation prenant entière possession du corps et de lesprit. Opium brûlant les doigts et incendiant les bourses. Moments extatiques de la gagne, moments coléreux de la défaite.
La main reste ferme, les doigts fins enserrant les cartes, les ongles de la senestre tapotent nerveusement le bois de la table. Seul signe trahissant son état. Le visage délicat porte le masque impavide. Les noisettes scrutent chaque adversaire, fouinent la moindre réaction, captent les perles de sueurs sinuant sur les temps grisonnantes de lhomme assit à sa gauche, sa main tremblante et lexcitation agaçante de sa jambe. Les cartes entament leur ballet selon la demande de chaque joueur, la tension est palpable, ici on joue gros, le tas décus imposant qui trône au centre de la table le prouve. Un fin sourire sesquisse doucement, un brelan de dames sannonce et cest armée dune assurance à toute épreuve, et de son besoin irrépressible à repousser les limites quelle augmente la mise de plusieurs centaines décus. Elle amène lindex a venir senrouler de trois torsades à une de ses mèches de cheveux, signifiant à son complice que le brelan est de mise et quelle part à la chasse au full. Bruissement de soie, elle frémit à peine au contact sur sa cuisse alors quelle glisse les deux cartes inintéressantes de son jeu dans sa manche en toute discrétion. La main délicate rejoint celle de son complice en attente sur son giron et récupère la paire qui lamènera à gagner. Le dos est droit, le regard velouté passe dun joueur à lautre afin de sassurer que la collusion nest pas repérée. Lheure dabattre les cartes arrive, et là, elle aurait du se fier à ce fichu frisson glacial descendant le long de la colonne vertébrale alors quelle révèle le fameux full , les noisettes étincelantes de la victoire, les mains plongeant vers lavant afin de ramener à elle le pactole du siècle.
Impact. Les poignets sont prisonniers de mains rugueuses, le corps sursaute tandis que le regard teinté de surprise se lève vers son geôlier. Le temps aurait pu se suspendre mais il nen est rien, tout se passe à une telle vitesse quelle ne peut réagir, les menottes de chair la tire violemment sur la table alors quelle étouffe un cri, la joue sécrasant au milieu des cartes et des écus, la tête maintenue afin de la forcer à regarder le passage à tabac de son complice dun soir. Elle grimace, ne pouvant détourner le regard devant la scène alors elle les supplie de leur laisser la vie sauve. Un rire gras, une poigne de fer qui agrippe sa chevelure et tire sa tête en arrière, puis lhaleine fétide vient chatouiller ses narines, lui susurre de leur remettre trois fois la mise d'ici trois lunes pleines. La nausée sempare de sa gorge, elle tente de détourner son visage en vain. Elle hoche la tête, signe le pacte leur laissant la vie en suspend jusquà ce que la dette soit réglée. Le complice mal en point est relevé, le visage amoché et ensanglanté, on les entraîne vers la sortie, on les jette au sol comme des malpropres. Elle se traîne vers son compagnon dinfortune, laide à se redresser, à sadosser contre un mur, elle déchire un pan de son jupon et tamponne doucement le visage tuméfié. Piètre scène de deux pauvres hères réfugiés contre un mur, assis au sol, tentant de reprendre leurs esprits après avoir goûté lexcitation du jeu, la jouissance de la gagne et lamertume de la défaite.
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