Elektra.
La charrette s'arrêta brusquement. Les chaos de la route n'étaient rien à coté des douleurs qui lui tordaient le corps. La bâche se releva, laissant s'engouffrer une vague de froid, et l'homme l'attrapa dans ses bras, enroulée dans une peau d'ours, pour se mettre à marcher d'un pas de course jusqu'à l'entrée du batiment.
Une petite femme brune maintint la porte ouverte, et sans un bruit, elle les dirigea vers une petite pièce où l'homme déposa son chargement sur un lit d'hôpital. Un répit. La parturiente attrapa la main du sergent et la serra avec force. Elle aurait voulu le remercier, mais elle savait que ce n'était pas necessaire. Les contractions reprirent et elle resserra de nouveau ses mains sur son ventre grouillant de vie.
Elle se sentait perdue. Et elle avait peur. Ces derniers mois les craintes, les désillusions et même la présence de la mort, s'étaient accumulées autour d'elle. Jusqu'à il y a quelques semaines, l'instinct sans doute, où une question l'avait tenue éveillée plusieurs nuits. Comment s'en sortirait-elle, seule, le moment venu ? Lentement, inéluctablement, elle avait éliminé la plupart des idées qui lui venaient à l'esprit, de la plus simple à la plus saugrenue. Pour ne garder finalement qu'une seule évidence : il lui fallait une, voire deux femmes d'expérience, des mères qui sauraient gérer la situation.
Une ombre les avait suivi depuis la charrette, inquiète, et l'homme devrait lui laisser sa place, car il savait bien que la place d'un homme n'était pas auprès de ce lit mais derrière la porte close, seul, à se faire des frayeurs. Elle aurait voulu le retenir, lui qui l'avait protégée ces derniers mois, lui qui avait été là pour prendre soin d'elle chaque jour. Mais elle n'en avait plus la force. Son corps ne lui répondait plus, son esprit perdait toute cohérence sous cette douleur insupportable de l'enfantement. Tout ce qu'elle voulait à présent, c'était que cela cesse.
Nous étions en février 1463. Le temps s'égrenait à sa propre lenteur et cette nuit là, encore une fois, le monde se recouvrait d'un manteau immaculé et d'une cape de silence. Les chandelles oscillaient entre la vie et la mort, elle serait longue cette nuit, longue d'un combat éternel.
citation de Federico Garcia Lorca*
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Une petite femme brune maintint la porte ouverte, et sans un bruit, elle les dirigea vers une petite pièce où l'homme déposa son chargement sur un lit d'hôpital. Un répit. La parturiente attrapa la main du sergent et la serra avec force. Elle aurait voulu le remercier, mais elle savait que ce n'était pas necessaire. Les contractions reprirent et elle resserra de nouveau ses mains sur son ventre grouillant de vie.
Elle se sentait perdue. Et elle avait peur. Ces derniers mois les craintes, les désillusions et même la présence de la mort, s'étaient accumulées autour d'elle. Jusqu'à il y a quelques semaines, l'instinct sans doute, où une question l'avait tenue éveillée plusieurs nuits. Comment s'en sortirait-elle, seule, le moment venu ? Lentement, inéluctablement, elle avait éliminé la plupart des idées qui lui venaient à l'esprit, de la plus simple à la plus saugrenue. Pour ne garder finalement qu'une seule évidence : il lui fallait une, voire deux femmes d'expérience, des mères qui sauraient gérer la situation.
Une ombre les avait suivi depuis la charrette, inquiète, et l'homme devrait lui laisser sa place, car il savait bien que la place d'un homme n'était pas auprès de ce lit mais derrière la porte close, seul, à se faire des frayeurs. Elle aurait voulu le retenir, lui qui l'avait protégée ces derniers mois, lui qui avait été là pour prendre soin d'elle chaque jour. Mais elle n'en avait plus la force. Son corps ne lui répondait plus, son esprit perdait toute cohérence sous cette douleur insupportable de l'enfantement. Tout ce qu'elle voulait à présent, c'était que cela cesse.
Nous étions en février 1463. Le temps s'égrenait à sa propre lenteur et cette nuit là, encore une fois, le monde se recouvrait d'un manteau immaculé et d'une cape de silence. Les chandelles oscillaient entre la vie et la mort, elle serait longue cette nuit, longue d'un combat éternel.
citation de Federico Garcia Lorca*
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