Ducho
[en avant vers le passé]
Les chevaux sont prêts. Les autres l'ont bien compris, ils sentent mon âme vagabonde sonder mes souvenirs. Là, pas là, ailleurs, déjà dans le Poitou surement...
Le silence, chacun à ses habitudes désormais, je me colle à Suniva sur son cheval de tête. Elé et Frances prennent place dans la charette, elles aussi amoureusement étreintes.
On attend, Killi et Tsu manquent à l'appel. On s'inquiète sans vraiment s'inquiéter. Killi nous a donné des habitudes... Est ce une damoiselle croisée en taverne, ou l'émotion d'apprendre le mariage de sa mère... Je pencherai pour la première hypothèse.
Le pas des chevaux rythme ma pensée. Le soleil tardif de mois de juin nous accompagne encore, laissant les ombres rougeoyantes et longilignes envahir la chaussée.
Le Poitou...
La Trémouille...
Poitiers...
La guerre...
Les amis...
L'armée...
La soule...
Oui tout est là bien présent dans ma mémoire... Pourtant le coma avait été profond, plusieurs semaines, plusieurs mois...
Mes racines m'appellent, ils me faut revenir , revoir certains visages, reboire quelques bières.
Mes yeux sont fermés, mon torse pèse sur le dos de Suni. Elle ne dit rien. Je la sais là avec moi maintenant. L'épreuve n'est pas si simple.
Le sommeil m'a gagné. Je dors. Je suis bien.
On me pique , la joue d'abord, le front ensuite. Mes yeux s'ouvrent. Le soleil du matin me mord. Dans la brume matinale, au loin des remparts.
La Trémouille
Je reste là figé... je connais les pierres, je connais les odeurs, tout est là présent.
Mon cur bat. Je lui prends la main.
C'est ici, Suni , c'est ici.
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vagabond, là où m'emmènent mes rêves