Eliance
Fuir. L'idée paraît tellement simple une fois qu'on l'évoque. Pourtant, pour fuir, il faut envisager un nouvel horizon. Il faut savoir qu'une autre vie attend ailleurs. Il faut avoir conscience de ces choses-là. La vie de la petite Eliance se résumait alors à un grenier et un père. Fuir pour aller où ? Eliance n'y a jamais songé, à l'époque. Elle rêvait simplement de s'envoler le temps d'une journée pour se promener ne serait-ce qu'un peu dans le monde inconnu d'en bas. Il lui était interdit. Tout s'arrêtait donc dans son âme d'enfant à cette restriction imposée.
Si elle a fuit, plus tard, de chez son époux, c'est parce que sa rebouteuse lui a ouvert une brèche sur la réalité. Elle était la seule personne habilitée à lui causer sans que ça produise chez l'époux des colères monstres. Du moins, quand elle allait chez la Jacquemine, les colères monstres venaient de se produire. Alors l'époux ne disait rien. La rebouteuse lui raccommodait son jouet et il en était bien heureux. Eliance, elle, écoutait les mots de la vieille comme on écoute plus ou moins distraitement l'histoire d'une contrée lointaine et imaginaire. Fuir plus tôt... Oui. Elle aurait dû. Elle aurait dû y penser. Elle aurait dû le faire. Elle aurait dû y parvenir. Eliance hoche lentement la tête tandis qu'il évoque cette fuite, l'ultime, celle qui délivre de toutes les autres tentatives infructueuses. Il a bien raison. Plus tôt aurait été mieux. Plus tôt lui aurait évité bien des colères maritales.
Et puis Elias répond. Non. Mais oui. Il est revenu. Un jour. Savoir ça arrache un nouveau sourire à la Ménudière. Colin est donc revenu. Peu importe si c'était des années plus tard. Peu importe si elle avait changé de maison et de geôlier. Il était revenu. Ça signifie pour le cur alors solitaire de Eliance que quelqu'un pensait à elle. Qu'elle n'était pas seule, réellement. Cette constatation, même des années après, lui réchauffe les entrailles d'une façon inimaginable. Et un mot, un seul, léger et serein, s'invite alors dans la bouche de la roussi-blonde et s'en échappe doucement.
Merci
Un instant, un long instant, elle laisse les yeux gris divaguer dans les siens. Elle savoure cet ami d'avant, cette présence qu'elle s'est inventée mais qui aurait pu être réelle. Elle laisse traîner l'instant, ne parvenant pas à refermer la page des secrets si rapidement. Elias y parvient, lui, avec sa conclusion toute hasardeuse. Eliance comprend qu'il est l'heure de redescendre du nuage, de revenir dans le présent. Après avoir pris une grande inspiration, elle arrache son regard des yeux gris et fait quelques pas jusqu'à son bureau pour y poser la pile de feuilles qu'elle tenait encore dans ses bras. Mais le regard perçant lui manque aussitôt, alors elle se retourne vivement pour le récupérer au vol. Pendant ce temps, ses longs doigts ont saisi le papier donné initialement par Elias et le regard le parcours rapidement, faisant d'inlassables aller-et-venues entre les mots inscrits et leur propriétaire.
Hm... vous vous intéressez aux robes, vous ?
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Si elle a fuit, plus tard, de chez son époux, c'est parce que sa rebouteuse lui a ouvert une brèche sur la réalité. Elle était la seule personne habilitée à lui causer sans que ça produise chez l'époux des colères monstres. Du moins, quand elle allait chez la Jacquemine, les colères monstres venaient de se produire. Alors l'époux ne disait rien. La rebouteuse lui raccommodait son jouet et il en était bien heureux. Eliance, elle, écoutait les mots de la vieille comme on écoute plus ou moins distraitement l'histoire d'une contrée lointaine et imaginaire. Fuir plus tôt... Oui. Elle aurait dû. Elle aurait dû y penser. Elle aurait dû le faire. Elle aurait dû y parvenir. Eliance hoche lentement la tête tandis qu'il évoque cette fuite, l'ultime, celle qui délivre de toutes les autres tentatives infructueuses. Il a bien raison. Plus tôt aurait été mieux. Plus tôt lui aurait évité bien des colères maritales.
Et puis Elias répond. Non. Mais oui. Il est revenu. Un jour. Savoir ça arrache un nouveau sourire à la Ménudière. Colin est donc revenu. Peu importe si c'était des années plus tard. Peu importe si elle avait changé de maison et de geôlier. Il était revenu. Ça signifie pour le cur alors solitaire de Eliance que quelqu'un pensait à elle. Qu'elle n'était pas seule, réellement. Cette constatation, même des années après, lui réchauffe les entrailles d'une façon inimaginable. Et un mot, un seul, léger et serein, s'invite alors dans la bouche de la roussi-blonde et s'en échappe doucement.
Merci
Un instant, un long instant, elle laisse les yeux gris divaguer dans les siens. Elle savoure cet ami d'avant, cette présence qu'elle s'est inventée mais qui aurait pu être réelle. Elle laisse traîner l'instant, ne parvenant pas à refermer la page des secrets si rapidement. Elias y parvient, lui, avec sa conclusion toute hasardeuse. Eliance comprend qu'il est l'heure de redescendre du nuage, de revenir dans le présent. Après avoir pris une grande inspiration, elle arrache son regard des yeux gris et fait quelques pas jusqu'à son bureau pour y poser la pile de feuilles qu'elle tenait encore dans ses bras. Mais le regard perçant lui manque aussitôt, alors elle se retourne vivement pour le récupérer au vol. Pendant ce temps, ses longs doigts ont saisi le papier donné initialement par Elias et le regard le parcours rapidement, faisant d'inlassables aller-et-venues entre les mots inscrits et leur propriétaire.
Hm... vous vous intéressez aux robes, vous ?
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