Ganwyn
Son visage grimaça sous les morsures du froid. Lhiver. Cétait sa saison. La chute des flocons lui rappelaient la maison. Sa maison. Celle quil avait quittée il y a des années. Fuyant pour la première fois de sa vie. Il lavait laissé avec regret ce pays quil chérissait. Mais maintenant inutile de faire demi tour. Dun geste machinale, il remonta légèrement ses braies après sêtre vidé contre un mur. Une bourrasque sengouffra dans la petite ruelle, venant le frapper durement comme un fouet. Le cri du vent sifflant entre les murs glacés. Le vieux avait presque fière allure dans ses habits noirs volant au vent. Enfin bon ça cétait de loin. De près on pouvait voir que ses vêtements nétaient que des lambeaux, salit de crasse en tout genre, et recouvrant une vieille cotte de maille usée par le temps et les combats. Son visage qui se voulait si fier, de vanité et dorgueil perdu, nétait plus que lombre de ce quil avait été jadis. Parcheminé, ridé, lâge avait laissé une trace indélébile sur sa face. Il puait la vinasse, ses longs cheveux et sa barbe étaient sale de tâche de nourriture et autre immondice, puant lalcool fort.
Las de cette journée qui sétait écoulé trop lentement à son goût, lentement comme une agonie, le vieux chemina sans but dans la ville. Les villageois étaient rentrés chez eux. Cherchant le refuge de la chaleur ou par ennuis. Vassili ne saurait le dire. Cette ville était dun ennui quasi mortel. Voilà des jours quil était coincé ici. Les gens de Guéret lénervaient, la ville lénervait, cette région lénervait. En fin de compte seul le temps ne portait pas atteinte à son tempérament ombrageux. Lhomme de lEst sarrêta un instant dans la ruelle, ses pensées se résumant à un bouillon dimage vague formant un grand tableau. Les pensées de Vassili. De lart abstrait quasiment. Durant cet instant, qui durait en fin de compte une dizaine de minute, le vieux réfléchit, quoi faire maintenant ? Ses démons lui donnaient rendez vous chaque soir. Depuis quelques semaines un autre des plus déplaisants avaient rejoint la danse. Et chaque soir ils étaient là. Ils lattendaient. Sifflant et chantant de plaisir à chaque fois. Chaque soir était une lutte, parfois il était tenté de rejoindre cette danse. Parfois. Mais aujourdhui il ne voulait pas les combattre. Le royaume du sommeil était gardé par cette horde. Autant picoler. Réflexe logique et directe pour cette épave quil était. Tuer lennui par lalcool. Alors il reprit son cheminement. La neige ayant eu le temps de lui faire comme dune couronne de glace sur le crâne, tandis que ses longs poils de barbes sunirent par les liens sacrés de la glace.
Ses pas le conduisirent ainsi vers une rue où se trouvaient normalement trois tavernes. Les trois seules enseignes de cette satanée ville. Deux semblaient endormis et déjà le vieux se disait quil allait devoir taper dans ses réserves de secours, quand enfin la lumière de délivrance dune taverne vint le rassurer. Voilà ce quétait son paradis dans le noir inquiétant. La lumière douce dune taverne. Le vieux rentra alors dans la bâtisse. Plissant légèrement des yeux, son regard attiré par la douce et chaleureuse lumière de lâtre. Du pied il referma la porte, coupant court la vague de froid. Sa peau glacé se réchauffa doucement. Juste avant il avait secoué la tête, la neige tombant alors suivit de celle qui logeait dans sa barbe. Pendant un instant il resta ainsi. Ses sens se réveillant de nouveau grâce aux doux bienfait du feu. Puis son regard se porta dans la pièce. Un encapuchonné restait tapi dans un coin de la salle. Au vu de sa taille sûrement un enfant, peut être une jeune fille. Le petit bonsoir à peine audible lui confirma cette pensée.
Vassili détestait les devinettes. Il naimait pas devoir deviner ce qui se cachait sous cette lourde capuche. Et ne comptait certainement pas lui demander gentiment. Non ce nétait pas son genre et il nétait pas dhumeur aux formalités. Sa voix trancha lair mais lautre se contenta de se recrocviller encore plus sur elle-même. Alors il usa la force. Lui arrachant de force sa vérité. Et il la vit. Lespace de quelques secondes son esprit se figea. Une Albinos,une laiteuse. Blanche comme la neige, des cheveux dune couleur si pure, mais un regard si étrange, rouge, rouge et empreint de peur. Il lui faisait peur. Pas étonnant à vrai dire. Une petite créature faible perdue. Car oui Vassili supposait que cétait une enfant abandonné. Pourquoi ses parents la laisseraient ainsi se balader seule ? Il était évident quelle navait de parent que la rue et le froid.
La Laiteuse nétait quune pauvre créature torturée. Un esprit forgé à grand coup de marteau par un père dur comme le fer. Oh lui ne sétait jamais encombré déduquer ses bâtards, selon lui un enfant névoluera quen se débrouillant. Que les expériences et la dureté de la vie sculpte son esprit. Les résultats avaient été intéressants au final. Plus dune fois il avait tué ses propres enfants, ce crime ultime il lavait fait pour sauver sa peau. Car ils étaient beaucoup à la vouloir. Mais là devant lui se trouvait une petite fille terrorisé par ce vieux barbu au regard froid et tranchant. Sa faiblesse lui rappelait étrangement une de ses petites filles. Un petit animal craintif, ne cherchant quà être en sécurité. Cette faiblesse, son esprit tordu sen délecta comme un fin nectar. Alors il la poussa, la malmena. Non il ne devait pas labîmer, surtout pas ses si jolis yeux. Il fallait quelle le craigne encore plus que les autres. Au fond ce nétait pas si compliqué. Des paroles rudes, une attitude changeante, des menaces, et les larmes venaient avec la peur. Au milieu de sa violence il lui offrit de quoi se nourrir pour aucune raison particulière, peut-être la renforcer pour la suite ?
Cependant quelques chose germa dans son esprit de vieux sénile. Comme avec sa petite fille si méprisé, Valience, il voulait la voir plus forte. La faiblesse, il lui vouait un grand mépris. A ses yeux cest soffrir aux griffes du monde. Valience était une cause perdu étant adulte, seule sa sur pouvait encore faire quelque chose pour elle. Mais la Laiteuse était encore jeune. Si son vieux avait réussi à casser assez son esprit pour en faire une créature aussi inoffensive, il était sûrement possible de chasser ses peurs. Oh une enfant obéissante ça changeait et ça ne lui déplaisait pas. Mais une chialeuse ça linsupportait au plus haut point. Et puis quest-ce quon pouvait y perdre ? En cas déchec cétait le Tord qui soccupait de son cas. Donc il était plutôt tranquille de côté-là. Mais ça pouvait être intéressant. Et si cette enfant était capable de devenir plus courageuse ça aiderait lautre con au moins.
Sa décision avait été rapidement prise. Quand la gamine commença à montrer des signes de fatigue le vieux sen saisit sans ménagement. Oh elle résista mais vu la force quelle y mettait cétait sûrement plus pour la forme quautre chose, à moins quelle soit faible à ce point. Elle avait peur des endroits clos, et encore plus peur de lui. Il en savait assez pour lui faire vivre un cauchemar. Aussi dit la petite fut balancé dans un placard quil ferma mais pas à clé. Il fit semblant de partir également, soufflant les bougies. Cétait sa petite épreuve supplémentaire. Tester son obéissance et la crainte quil lui inspirait. Il lui avait promit une punition exemplaire en cas de désobéissance. Il comptait bien la lui donner si elle tentait de sortir. Un faux choix. Un petit piège.
Calmement il prit place contre larmoire. Son oreille collé contre le vieux bois, guettant chaque respiration. Sa peur était palpable. Après tout ce nétait quune enfant. Un instant il ferma les yeux, profitant de cet instant tranquille.
Las de cette journée qui sétait écoulé trop lentement à son goût, lentement comme une agonie, le vieux chemina sans but dans la ville. Les villageois étaient rentrés chez eux. Cherchant le refuge de la chaleur ou par ennuis. Vassili ne saurait le dire. Cette ville était dun ennui quasi mortel. Voilà des jours quil était coincé ici. Les gens de Guéret lénervaient, la ville lénervait, cette région lénervait. En fin de compte seul le temps ne portait pas atteinte à son tempérament ombrageux. Lhomme de lEst sarrêta un instant dans la ruelle, ses pensées se résumant à un bouillon dimage vague formant un grand tableau. Les pensées de Vassili. De lart abstrait quasiment. Durant cet instant, qui durait en fin de compte une dizaine de minute, le vieux réfléchit, quoi faire maintenant ? Ses démons lui donnaient rendez vous chaque soir. Depuis quelques semaines un autre des plus déplaisants avaient rejoint la danse. Et chaque soir ils étaient là. Ils lattendaient. Sifflant et chantant de plaisir à chaque fois. Chaque soir était une lutte, parfois il était tenté de rejoindre cette danse. Parfois. Mais aujourdhui il ne voulait pas les combattre. Le royaume du sommeil était gardé par cette horde. Autant picoler. Réflexe logique et directe pour cette épave quil était. Tuer lennui par lalcool. Alors il reprit son cheminement. La neige ayant eu le temps de lui faire comme dune couronne de glace sur le crâne, tandis que ses longs poils de barbes sunirent par les liens sacrés de la glace.
Ses pas le conduisirent ainsi vers une rue où se trouvaient normalement trois tavernes. Les trois seules enseignes de cette satanée ville. Deux semblaient endormis et déjà le vieux se disait quil allait devoir taper dans ses réserves de secours, quand enfin la lumière de délivrance dune taverne vint le rassurer. Voilà ce quétait son paradis dans le noir inquiétant. La lumière douce dune taverne. Le vieux rentra alors dans la bâtisse. Plissant légèrement des yeux, son regard attiré par la douce et chaleureuse lumière de lâtre. Du pied il referma la porte, coupant court la vague de froid. Sa peau glacé se réchauffa doucement. Juste avant il avait secoué la tête, la neige tombant alors suivit de celle qui logeait dans sa barbe. Pendant un instant il resta ainsi. Ses sens se réveillant de nouveau grâce aux doux bienfait du feu. Puis son regard se porta dans la pièce. Un encapuchonné restait tapi dans un coin de la salle. Au vu de sa taille sûrement un enfant, peut être une jeune fille. Le petit bonsoir à peine audible lui confirma cette pensée.
Vassili détestait les devinettes. Il naimait pas devoir deviner ce qui se cachait sous cette lourde capuche. Et ne comptait certainement pas lui demander gentiment. Non ce nétait pas son genre et il nétait pas dhumeur aux formalités. Sa voix trancha lair mais lautre se contenta de se recrocviller encore plus sur elle-même. Alors il usa la force. Lui arrachant de force sa vérité. Et il la vit. Lespace de quelques secondes son esprit se figea. Une Albinos,une laiteuse. Blanche comme la neige, des cheveux dune couleur si pure, mais un regard si étrange, rouge, rouge et empreint de peur. Il lui faisait peur. Pas étonnant à vrai dire. Une petite créature faible perdue. Car oui Vassili supposait que cétait une enfant abandonné. Pourquoi ses parents la laisseraient ainsi se balader seule ? Il était évident quelle navait de parent que la rue et le froid.
La Laiteuse nétait quune pauvre créature torturée. Un esprit forgé à grand coup de marteau par un père dur comme le fer. Oh lui ne sétait jamais encombré déduquer ses bâtards, selon lui un enfant névoluera quen se débrouillant. Que les expériences et la dureté de la vie sculpte son esprit. Les résultats avaient été intéressants au final. Plus dune fois il avait tué ses propres enfants, ce crime ultime il lavait fait pour sauver sa peau. Car ils étaient beaucoup à la vouloir. Mais là devant lui se trouvait une petite fille terrorisé par ce vieux barbu au regard froid et tranchant. Sa faiblesse lui rappelait étrangement une de ses petites filles. Un petit animal craintif, ne cherchant quà être en sécurité. Cette faiblesse, son esprit tordu sen délecta comme un fin nectar. Alors il la poussa, la malmena. Non il ne devait pas labîmer, surtout pas ses si jolis yeux. Il fallait quelle le craigne encore plus que les autres. Au fond ce nétait pas si compliqué. Des paroles rudes, une attitude changeante, des menaces, et les larmes venaient avec la peur. Au milieu de sa violence il lui offrit de quoi se nourrir pour aucune raison particulière, peut-être la renforcer pour la suite ?
Cependant quelques chose germa dans son esprit de vieux sénile. Comme avec sa petite fille si méprisé, Valience, il voulait la voir plus forte. La faiblesse, il lui vouait un grand mépris. A ses yeux cest soffrir aux griffes du monde. Valience était une cause perdu étant adulte, seule sa sur pouvait encore faire quelque chose pour elle. Mais la Laiteuse était encore jeune. Si son vieux avait réussi à casser assez son esprit pour en faire une créature aussi inoffensive, il était sûrement possible de chasser ses peurs. Oh une enfant obéissante ça changeait et ça ne lui déplaisait pas. Mais une chialeuse ça linsupportait au plus haut point. Et puis quest-ce quon pouvait y perdre ? En cas déchec cétait le Tord qui soccupait de son cas. Donc il était plutôt tranquille de côté-là. Mais ça pouvait être intéressant. Et si cette enfant était capable de devenir plus courageuse ça aiderait lautre con au moins.
Sa décision avait été rapidement prise. Quand la gamine commença à montrer des signes de fatigue le vieux sen saisit sans ménagement. Oh elle résista mais vu la force quelle y mettait cétait sûrement plus pour la forme quautre chose, à moins quelle soit faible à ce point. Elle avait peur des endroits clos, et encore plus peur de lui. Il en savait assez pour lui faire vivre un cauchemar. Aussi dit la petite fut balancé dans un placard quil ferma mais pas à clé. Il fit semblant de partir également, soufflant les bougies. Cétait sa petite épreuve supplémentaire. Tester son obéissance et la crainte quil lui inspirait. Il lui avait promit une punition exemplaire en cas de désobéissance. Il comptait bien la lui donner si elle tentait de sortir. Un faux choix. Un petit piège.
Calmement il prit place contre larmoire. Son oreille collé contre le vieux bois, guettant chaque respiration. Sa peur était palpable. Après tout ce nétait quune enfant. Un instant il ferma les yeux, profitant de cet instant tranquille.