Hectortillas
Les ombres dansaient sur le mur en face. Des ombres de flamme, plus précisément d'une. Une bougie sur le bureau du propriétaire des lieux. Une bougie qu'Hector regardait longuement, comme fixé à ce moment si particulier.
Il avait bien pensé à s'enfiler deux bouteilles de sancerre cul sec, histoire no pas de se donner du courage, mais bien plutôt d'oublier ce qu'il sapprêtait à faire. Mais on ne pouvait repousser son destin. Le Soudard voulait être en paix avec lui-même. Il voulait suivre la voie qu'Elle lui avait montré, même amorcé. Et ce chemin passait forcément par sa fille.
Alors, sans un mot, sans coup férir, il prit la plume, la trempa dans l'encrier, et se lança à l'assaut de la page blanche. A l'assaut de son histoire.
Il avait bien pensé à s'enfiler deux bouteilles de sancerre cul sec, histoire no pas de se donner du courage, mais bien plutôt d'oublier ce qu'il sapprêtait à faire. Mais on ne pouvait repousser son destin. Le Soudard voulait être en paix avec lui-même. Il voulait suivre la voie qu'Elle lui avait montré, même amorcé. Et ce chemin passait forcément par sa fille.
Alors, sans un mot, sans coup férir, il prit la plume, la trempa dans l'encrier, et se lança à l'assaut de la page blanche. A l'assaut de son histoire.
Citation:
Bordeaux, le 7 janvier 1463
C'est la main fébrile, et l'émotion flagrante que je prends la plume.
Comment te dire ? Comment t'expliquer ? Les mots coulent dans ma tête, et je me suis tant de fois préparé à ce moment, que je pensais que cela se ferait aisément. Il n'en est rien. C'est une épreuve, que le très-Haut me mets surement au devant moi, afin que je la relève. Mais cela n'enlève rien au tremblement de ma plume à cet instant.
Je ne sais même pas par où commencer. Dois-je commencer par le début, par cette rencontre avec celle qui fut ta mère ? Ou bien dois-je reprendre le fil dans l'autre sens, et partir d'aujourd'hui pour te raconter comment il ne se passe une journée sans que tu occupes mon esprit ? sans que je demande ou diable peux-tu être ? Ce que tu peux faire ? Ce que tu deviens.
Depuis tout ce temps, j'ai eu bien des noms, bien des identités. J'ai occupé bien des postes, et j'ai vécu bien des choses. Mais tu dois te demander qui je suis, et la raison pour laquelle tu reçois cette lettre, Atropine. Je sens d'ici ton esprit se mettre en chauffe, comme tu le faisais déjà l'époque, cherchant à tout comprendre, curieuse de tout et satisfaite de rien.
Car oui, je te connais, Atropine. J'ai passé du temps avec toi. Je t'ai élevé une bonne partie de ton enfance, et il fut même une période où tu m'appela Papa. Mais tu me connais mieux sous le nom de Gorch Hahn. Ce qui n'est pas mon vrai nom. Je me nomme Hector Tillas.
Ton père qui te demande pardon,
Hector Tillas
Bordeaux, le 7 janvier 1463
- Atropine,
C'est la main fébrile, et l'émotion flagrante que je prends la plume.
Comment te dire ? Comment t'expliquer ? Les mots coulent dans ma tête, et je me suis tant de fois préparé à ce moment, que je pensais que cela se ferait aisément. Il n'en est rien. C'est une épreuve, que le très-Haut me mets surement au devant moi, afin que je la relève. Mais cela n'enlève rien au tremblement de ma plume à cet instant.
Je ne sais même pas par où commencer. Dois-je commencer par le début, par cette rencontre avec celle qui fut ta mère ? Ou bien dois-je reprendre le fil dans l'autre sens, et partir d'aujourd'hui pour te raconter comment il ne se passe une journée sans que tu occupes mon esprit ? sans que je demande ou diable peux-tu être ? Ce que tu peux faire ? Ce que tu deviens.
Depuis tout ce temps, j'ai eu bien des noms, bien des identités. J'ai occupé bien des postes, et j'ai vécu bien des choses. Mais tu dois te demander qui je suis, et la raison pour laquelle tu reçois cette lettre, Atropine. Je sens d'ici ton esprit se mettre en chauffe, comme tu le faisais déjà l'époque, cherchant à tout comprendre, curieuse de tout et satisfaite de rien.
Car oui, je te connais, Atropine. J'ai passé du temps avec toi. Je t'ai élevé une bonne partie de ton enfance, et il fut même une période où tu m'appela Papa. Mais tu me connais mieux sous le nom de Gorch Hahn. Ce qui n'est pas mon vrai nom. Je me nomme Hector Tillas.
Ton père qui te demande pardon,
Hector Tillas
Un peu de sable pour sécher l'encre, de la cire pour le cachet, et la lettre partie, tandis qu'Hector ne put s'empêcher, depuis bien longtemps, de boire jusqu'à ce que les vapeurs d'alcool soit trop fortes pour lui, et qu'il s'endorme, abrutissant ainsi la peur de ce qu'il venait de faire.
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