Lissandre
Lissandre savait la vie courte. La guerre, la faim, la maladie, ... tout était pretexte à Dame Faucheuse pour entrainer à sa suite ses mortels serviteurs. Dégageant une mèche de cheveux blonds qui dépassait de son humble coiffe, Lissandre observait au loin la mer se retirer. Bientôt le chemin serait libre pour atteindre le Mont et prier Saint-Michel.
Lissandre savait la vie courte et elle était déterminée à y trouver un sens avant qu'elle ne s'achève. Or, le destin se moquait éperduement du devenir de la blonde et rechignait à lui envoyer un signe. Juste un petit signe de ce qu'elle devait être, de ce qui ferait son bonheur.
Bien sûr, comme toute femme élevée dans le giron d'un patriarche, elle avait d'abord pensé que son bonheur dépendrait d'un mari. Mais était-ce sa laide maigreur et l'étroitesse de ses hanches qui n'inspiraient pas la feritlité, ou le manque de dote pour appâter le masculin intéressement, qui faisait de Lissandre une fille à marier... de longue date.
Elle avait donc rejeté l'éventualité d'un regard calin et s'était tourné vers le divin. Peut-être lui, lui adresserait-il la parole? Mais la parole de ce dieu est un silence qui perdurait. "Le seul langage d'Aristote s'apprend sur les chemins de l'humilité' lui aviat dit un premier moine à qui elle avait confiant son dépitement.
Alors, maigre baluchon sur le dos et solides chausses aux pieds, le désorienté bout de femme avait entreprit ce long chemin. Qui était arrivé à son but.
La nuit prendrait le dessus sur le jour en peu de temps. Le Mont Saint-Michel attendrait bien un autre jour. S'approchant d'une maisonnée, elle héla par delà la porte close :
Hola! Je ne viens qu'en bien, et ne souhaite qu'un abris pour la nuit, de la paille et de l'eau... ! Coeur généreux, ouvre moi ta maisonnée... !