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[RP] Fàilte ort a dh'Albainn, un tartan de ma vie - Part II

Neyco
Arg une difficile, ben elle emmènerait Hélène tiens, ça leur ferai une sortie entre fille. Sa blonde biscuitée adorant la mode pour sur que lui faire une telle proposition devrait l'enchanter. Note à envoyer une missive à sa sœur de cœur pour lui demander de prendre un rendez vous afin d'être tranquille pour faire leurs emplettes.

Aucun problème, j'ai une amie qui se fera une joie de nous accompagner. Elle a de fort bon gout en matière de tenue qui plus est. Je parie que nous allons passer une super journée. Entre défilé, biscuit et autre sucrerie.

Oui mini s'y voyait déjà nom d'un biscuit.


Si vous avez tout en ce cas c'est parfait, mais si vous en aviez besoin car un vilain a une tête de caboche un peu dure et votre équipement était abimé n'hésitez pas à vous servir dans l'armement ou même à faire chauffer la forge. Nous avons une forge qui est dirigé par un homme du nom de Paulo. Il a de bonne main, même si son caractère est plutôt horrible. M'enfin au pire si il est de sale humeur vous pourrez lui demander comment se porte son épouse, en général cela lui remonte le moral de parler d'elle.

Autant donner quelques trucs pour qu'elle puisse supporter le trou sans fond qu'était son forgeron. Mais bon il était respecté sur Limoges pour les services qu'il rendait de temps à autre.
Hochant la tête et souriante à Charlyelle se voulant rassurante.


Ne vous en faites pas, je ne suis du genre à étaler la vie d'autrui, mon ancien métier m'a apprit à savoir garder pour moi bien des choses.


Passant aux choses sérieuse.

Bon nos propriétés, nous avons une terre sur Hautpoul, c'est dans le Comté de Tolosa et une autre Brassac de Belfoutès. Se sont des terres modeste et autant l'une nous sert pour les moment de repos, et la seconde étant une bien grande forteresse nous y sommes une partie du temps. Ensuite je possède un appartement sur Rodez, et nous avons un manoir sur Limoges.
Plus au nord j'ai bien entendu un appartement sur Paris à Hotel Saint Paul comme tout officier, une chambre au Louvre et j'ai des affaires au chateau de Vicennes.

Je sais que c'est assez éparpillé mais bon. Je pense que vous vous y ferez, enfin normalement.

Là nous allons au Tournel c'est un magnifique terre en Languedoc, j'ai eu la chance de pouvoir y aller l'an passé aussi y retourne pour ces joutes si. Ensuite à voir sans doute ferons nous une remontée sur Limoges avant de nous rendre en Orléans pour un mariage et des joutes.


Super emploi du temps nom d'un biscuit.

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Charlyelle
Les emperlées embrumées ne peuvent s'empêcher de s'écarquiller de surprise lorsqu'elle écoute la Biscuitée faire l'inventaire de ses terres et de ses appartements.
Toulouse, Limoges, Vincennes, Le Louvres, Paris, Brassac, Rodez.
Que des noms qui sont pour la plupart inconnus à la Pearly Gate. Hormis Paris. Quoique pour ce qu'elle en connaisse !

Les boucles brunes sont secouées, de droite à gauche, très légèrement. C'est déjà pour elle tout un capharnaüm de devoir se soucier des terres maternelles en Ecosse et des terres paternelles en Valahia dont elle simplement héritière à l'heure actuelle, alors elle ne se serait jamais imaginé que les nobles en France puissent posséder autant de lieux de résidences différents.

Un bref soupir s'échappe de ses lèvres lorsqu'elle comprend que non seulement elle ne coupera pas à l'épreuve des étoffes mais que la baronne envisage d'en faire une journée particulière et qu'elles seront accompagnées d'une personne qui semble apparemment plus qu'experte dans le domaine.

Après tout, pourquoi pas. Elle est en voyage d'étude sur la noblesse française pour le compte de son paternel et cela ne peut être pire que lorsqu'elle s'adonne, dans les haras princiers, à une bonne séance de débourrage d'étalons. Au grand détriment de son père qui ne tolère pas cet accroc de la jeune fille à l'étiquette de la Principauté. Ce sont à ses hommes de le faire et non pas à elle, sa fille. Et à chacun de ses séjours sur les terres paternelles, Charlyelle se fait un malin plaisir de faire rugir le paternel.

Cette fois-ci, nul doute qu'il se frotterait les mains s'il savait qu'elle allait passer par l'épreuve d'un atelier de couture.

" - Je prends note de tout ceci."

Un mariage et des joutes étaient également prévu. De quoi lui donner du coeur à l'ouvrage en tant qu'escuyère.

La jeune femme se lève du fauteuil qu'elle occupait et sourit à son interlocutrice.


"- Je ne vous décevrais pas. Je vais dès aujourd'hui faire préparer les malles et prendre les dispositions afin de prendre route au plus vite."
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Charlyelle
Et le temps s'écoulait.

Pour la première fois depuis longtemps, la Dentelière s'était laissé aller à faire confiance à quelqu'un. C'est tout naturellement qu'elle avait d'abord rejoint la Biscuitée au Tournoi du Tournel, en profitant pour s'instruire des us et coutumes de ces jeux qui se pratiquaient aussi sur les terres paternelles. Mais de manière différentes. Plus brutales. Et surtout là-bas, les joutes étaient interdites aux femmes. Et personne ne pouvait y déroger. Même elle. Son père l'aurait vertement réprimandée s'il la voyait sur une lice. Et pourtant. Elle n'avait certes pas combattu, mais une fois de plus, c'était une provocation envers son princier paternel que de se trouver là-bas, ne serait-ce que dans un simple rôle d'escuyère.
Mais après tout, n'était-ce pas ce qu'elle était dans cette contrée qui lui plaisait de plus en plus à chacun de ses séjours, mais sur laquelle elle n'était qu'une étrangère. Clandestine qui se cachait sous des faux-semblant, n'ayant pas l'envie de dévoiler la condition qui était la sienne.

Après le Tournel ce fut Limoges. Quelques semaines durant lesquelles elle reste en phase d'observation avant de commencer à se mêler à la populace locale. Un concours d'archerie auquel elle s'inscrit. Elle aurait sans doute pris plaisir dans ces lieux si la Baronne ne l'avait pas averti de se préparer.

L'hiver arrivait et c'est sur les terres Toulousaines de la Biscuitée qu'ils s'en irait le passer.Toulouse était une ville où se concentrait de nombreux échanges commerciaux. La cité attirait également de par la multicité de ses religions.
Bien que sachant pertinemment que toute druidesse qu'elle est, elle ne peut pratiquer ses rituels au grand jour selon les régions traversées, la Pearly Gate a entendu parler de cette particularité Cathare.
Et puisque c'est un voyage d'étude qu'elle pratique, elle a bien l'intention d'en apprendre davantage sur cette culture-ci.

Ils approchaient maintenant des imposants remparts flanqués de plusieurs tours et allaient franchir la porte d'entrée. La Baronne comptait s'arrêter en ville pour faire quelques provisions, se restaurer et reprendre ensuite la route vers le sud-est afin de gagner ses terres familiales. Comme le temps était relativement clément, ils avaient prévus d'atteindre leur destination dans la journée.

Elle pourrait enfin se poser et envoyer une missive à son père qui devait commencer à s'impatienter de son silence depuis plus d'un mois. Et il n'était jamais bon que le Vladimissime attende des nouvelles de sa fille. Elle le savait bien l'héritière et c'est pour cela que si elle adorait provoquer le princier paternel, elle faisait toujours en sorte d'éviter une catastrophe. Car Vlad était loin d'être un tendre. Même avec sa progéniture.

Au loin, l'impressionnante forteresse d'Hautpoul se dessinait. Cette nuit, nul doute qu'elle dormirait dans un lit. L'arrivée était proche.

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Charlyelle
Nuit de Samhain - Loreena McKennitt-

Cela faisait quelques semaines qu'ils étaient enfin arrivés et s'étaient installés dans la forteresse de Hautpoul. La Dentelière, fidèle à elle-même, passait tout son temps au sein de la citadelle, observant de loin les villages alentours. Mais elle ne s'y était pas montré encore. Plus particulièrement dans celui de Castelnaudary. Elle avait bien remarqué la construction des murailles, elle passait souvent la nuit, de manière plutôt discrète devant les tavernes mais pour l'instant, hormis à son habitude lorsqu'elles étaient désertes, elle n'en avait pas poussé les portes.
Toujours toute en discrétion, comme à l'habitude.
Elle s'était adonné à quelque lecture, tard le soir lorsqu'elle rejoignait les appartements qu'il lui avait été alloués. Elle avait d'ailleurs eu la surprise de les découvrir et de s'apercevoir que la baronne avait fait venir des soieries et du linge fin d'Italie. Tout exprès. Même si la Biscuitée n'en avait rien dit, Charlyelle, à son regard et son sourire en coin, l'avait bien compris.
Or donc, depuis son arrivée, toutes ses fins de soirées se passaient de la même manière une fois rejoint son intimité.

Une seule chose avait changé dans les habitudes de la demi Balkanique-Ecossaise. Cette clef qu'elle portait en guise de médaillon dans le creux de sa poitrine, avait été ôtée. Et soigneusement déposée dans un petit coffret de bois qui ornait son chevet. Depuis l'envoi de sa missive restée lettre morte, elle n'en avait pas renvoyé d'autre et ne le ferait point. Aussi, sans que la page ne soit définitivement tournée, elle s'en déposait à l'abri un chapitre de sa vie qui restait cher à ses souvenirs. Mais dont elle ne s'ouvrait à quiconque. Après tout, il faisait sûrement sa vie et elle en faisait de même. Si Judas en décidait, il saurait sûrement la missiver et la trouver.

Dans ses lectures sur Hautpoul, elle avait découvert que l'endroit avait été bâti en 413 par un roi Wisigoth et que le nom signifiait, avec combien de raison : Le lieu perché. L'activité textile est importante sur les terres.
Mais ce jour, c'est en forêt que la Kallipare s'en est allé passer sa journée. Le jour est important pour la druidesse qu'elle est. C'est que dans le secret de ses appartements ce soir, elle a un rite à célébrer.

Samhuinn* . Temps sacrificiel. Période où les animaux sont abattus afin d'obtenir de la nourriture pour traverser le plus fort de l'hiver.
Samhuinn . Un temps pour réfléchir, pour revenir sur les périodes de l'année qui vient de s'écouler, pour accepter un phénomène de la vie qui échappe à tout contrôle : la mort. Le voile qui sépare le monde matériel et celui de ses esprits sera ténu cette nuit. Se souvenir de nos ancêtres et de tous ceux qui les ont précédés dans la mort. C'est le début du cercle des saisons, par cette fête on reconnait le déclin du soleil.
Les nuits raccourcissent, l'air devient plus frais, la sève descend dans le tronc des arbres et les tiges de feuilles qui se préparent à tomber pour ne pas geler avec l'hiver qui s'annonce. Le manteau de Brigid change. Il devient roux, jaune orangé mêlé au vert des arbres aux feuilles persistantes. Il finira par créer l'humus qui nourrit les plantes.
Elle nous enjoint à abandonner et jeter ce qui ne sert plus, à préparer de nouveaux commencements. Hommage aux disparus, aux ancêtres et aux Sages.

De sa journée en forêt, elle avait récolté de quoi faire ses offrandes. De la marigold, de l'armoise fraiche, du gui de chêne, de la belladone, de la mandragore, mais aussi de la jusquiame, de la myrrhe et du cèdre. Le soleil levant donnait aux arbres de la forêt dont il faisait briller les cimes un éclairage très particulier. Dans la clairière avoisinante, des étincelles de lumière scintillaient dans l'herbe mouillée de rosée.

Hecate, Morrigan et Cernunnos seraient invoqués ce soir.



" - Mère sombre, maîtresse de la nuit, déesse de la mort et de la renaissance, entends-moi et voies moi, ton enfant en cette nuit, tandis que j'honore ton esprit et ton royaume. Je me tiens humblement devant toi, et je te demande ta bénédiction et ta faveur. Soulève maintenant le voile entre les mondes, tandis que débute ce temps hors du temps, pour que je puisse communier avec mes ancêtres.

Piège sombre, consort âgé de la vieille femme, seigneur de l'autre monde, entends-moi et voies moi, ton enfant, en cette nuit, tandis que j'honore ton esprit et ton royaume. Je me tiens entre toi et ta dame, et je demande ta bénédiction et ta faveur. Tandis que ce temps hors du temps approche, monte la garde car le voile se lève, garde en sûreté mes ancêtres et mes chers disparus.

Cette nuit, comme la barrière entre les deux royaumes s'affinent, les esprits marchent à nouveau parmi nous. Qu'ils soient famille, amis ou ennemis, animaux domestiques ou sauvages, je les accueille et je communique avec eux.

Certains pour nous jouer des tours, certains pour nous régaler, certains aussi pour nous tromper. Puissions-nous rester sur les chemins connus tandis que nous plantons les pommiers sacrés. Ce festin je laisserai au pied de ma porte toute la nuit, à ma fenêtre une bougie brillera, pour aider mes chers disparus à trouver le chemin. Tandis qu'ils voyagent en cette nuit jusqu'au jour, bénissez mon offrande ma Dame et mon Seigneur, ces pains et ces fruits, ces légumes et ces citrouilles.

Mère sombre, ton chaudron est le puits de la mort et de la renaissance, Père sombre, ton épée protège et détruit à la fois. Entendez-moi alors que le passé se meurt pour renaître à nouveau, aujourd'hui la moisson se termine.
Cette moisson symbolique est celle de mes pensées, plantées et cultivées tout au long de l'année passée. Que le positif soit conservé et le négatif rejeté, avec votre protection divine et sous votre guidance, je fais un pas dans la nouvelle année, qu'elle m'apporte santé, prospérité et bonheur.

Comme la nouvelle année naît, nous renaissons tous avec de nouveau espoirs et de nouveau rêves. Guidez moi dans le futur comme par le passé, donnez-moi force et courage, connaissance et accomplissement. Assistez-moi comme je m'efforce d'atteindre mes buts. Chaque commencement est une fin et chaque fin est un commencement. Dans la vie il y a la mort et dans la mort il y a la vie. Gardez un oeil sur moi mes chers disparus, et tous mes frères et soeurs, de ce monde ou de l'autre, vous qui ce soir êtes réunis à nouveau pour la communion et la célébration. Bénissez tous comme nous allumons nos feux de joie, le feu de nos foyers et le feu éternel de nos coeurs. Guidez-nous et protégez-nous, ce soir et tout au long de l'année naissante."


Ce soir, la Pearly Gate a revêtu une robe d'un seul tenant de la gorge aux chevilles, elle se remarquait par ses manches très larges qui s'évasaient jusqu'aux poignets. Elle avait ceint sa taille d'une élégante ceinture, à laquelle pendait une bourse de cuir fin et son couteau à manche d'ivoire.
La dague incontournable était déposé devant elle, à ses genoux.

Des bougies avaient été déposées sur les rebords des fenêtres, et dans la cheminée, les bûches crépitaient en un foyer ardent.

Et la Dentelière mangerait tard ce souper qui était tout autant rituel que le reste ce soir. Elle avait réussi à dénicher chez un marchand du coin de la grenade et elle avait ramené de sa cueillette des noix, des citrouilles et des racines sauvages de pommes de terre.

Elle aurait été chez elle en Ecosse, elle aurait regardé les garçons danser autour du bûcher. Les cendres auraient été ensuite dispersées sur de grandes étendues. Et les joueurs de cornemuse se seraient fait entendre. Et à la fin de la cérémonie, tous les garçons se seraient livrés à la chasse au hwcg ddu gwta**.

La nuit s'épaississait en cette terre qui lui était toujours étrangère. L'atmosphère fraichissait encore. La lueur de la lune semblait froide elle aussi.

Installée devant la cheminée, elle prit sa gourde et s'octroya une bonne gorgée de son eau de feu.

Elle veillerait cette nuit. En toute discrétion, personne ne viendrait déranger la druidesse dans son rituel.


*Samhain

**Truie noire

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Charlyelle
C'est à la lueur des chandelles qu'elle se penche sur sa correspondance. Arrivée la veille. Et Charlyelle sur le moment n'y avait pas prêté attention. Elle n'attendait aucuns courriers. La missive adressée à son paternel était trop récemment partie pour qu'une réponse arrive déjà. Et elle ne s'intéressait pas aux missives municipales du coin.

Mais ce soir, alors qu'elle avait regagné ses appartements au sein de la Baronnie de Hautpoul, les perles de lune s'étaient posé sur ce vélin qui lui avait été apporté hier. Et les doigts se figent subitement sur le scel, alors que le séant de l'héritière trouve réceptacle pour s'y laisser choir, plutôt que de s'y asseoir.

Une tempête d'émotions contradictoires se déchaînait alors en elle, à la perspective d'affronter les mots de l'auteur de la missive. Alors qu'elle croyait que son propre pli était resté lettre morte, il n'en était finalement rien et réponse lui parvenait.
La Dentelière hésitait à la décacheter cette missive. Elle ne savait que trop combien elle avait laissé passer du temps. Trop de temps. Et pourtant.
Elle n'espérait rien de lui. N'attendait rien de lui. Et malgré tout, le seul fait de glisser ses doigts sur ce sceau, de reconnaitres les courbes de son écriture, avaient le don de raviver cette magie que lui seul savait éveiller dans le creux de ses reins. Il était là. Autour d'elle. Aussi impalpable qu'un souffle. Mais ce vélin en attestait. Il avait su la retrouver.

Le contenu est fugace. Bref. Il va bien. Si elle le cherche il se trouve à Verneuil.

Figée devant le vélin, elle ne bougeait pas d'un pouce en contemplant les quelques mots. Mais ce n'était pas tant l'effet de sa résolution que de son incertitude. Elle se sentait déchirée entre deux impulsions contraires.
Une partie d'elle brûlait de tourner les talons et d'oublier cet homme qui l'avait ainsi marquée au plus profond sans qu'elle n'en ai jamais coulé un seul mot, tandis que l'autre ne brûlait que de le revoir.

Elle n'est qu'une étrangère sur ces terres et pourtant, elle les a parcourues du temps où elle était hydrique. Mais elle ne se souvenait pas avoir mis les pieds dans cette région là. Aussi, dût-elle sortir et déployer une carte sous ses yeux afin de trouver le lieu indiqué. L'Alençon. Il se trouvait en Alençon. Et elle était dans le Comté de Toulouse.
Si elle le cherchait. Et pourquoi pour une fois ne serait-ce pas lui qui la chercherait.

Il avait répondu, cela impliquait-il pour autant qu'il y eut une sorte de message dans sa missive.
Il allait bien. Pourtant, elle l'avait connu moins avares de mots. S'il n'avait pas voulu lui répondre, il ne l'aurait pas fait. Elle connaissait suffisamment Judas pour le savoir. Et lui ne savoir que dire...c'était...tout ce qu'il y a de plus improbable.
Allait-il aussi bien qu'il ne le disait ?

Si tu me cherches...

Et toi Judas Gabryel, me cherches-tu encore parfois ?

Cette nuit-là, la petite clef avait quitté son écrin pour venir reposer dans le creux de la paume de l'héritière princière. Entre les draps de soie d'Italie.

Et ses songes furent empreints de réminiscences des bribes de son passé commun et secret avec cet homme qui l'avait autant marqué dans sa chair que dans son esprit. Son coeur lui, n'avait rien à voir avec tout cela, il n'était qu'un amas de glace depuis le désastre avec le Danois.

Demain, elle écrirait à Judas Gabryel.

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Charlyelle
Charlyelle s'éveilla en sursaut après un sommeil sans rêves et tendit l'oreille. Elle ne perçut d'autre bruit que le bruissement des feuilles sèches au-dehors.
La lueur argentée de la lune entrait par la fenêtre de sa chambre, donnant aux meubles et aux objets un aspect irréel. Elle se leva sans bruit et s'approcha pour regarder au-dehors. Rien ne bougeait du côté de la pâture des chevaux.
La Dentelière resta un long moment à son poste d'observation, guettant le moindre signe d'anomalie, mais elle ne remarqua rien d'inhabituel. Pourtant, elle se doutait bien que les hommes de son père veillaient, tout près.

Alors elle ouvrit la porte de la chambre, guettant les bruits dans la galerie, mais là aussi tout était calme.

Elle avait envoyé une missive à son père quelques jours auparavant. Pour la première fois, on aurait pu penser que la Pearly Gate s'inquiétait pour cet homme. Ce paternel pourtant si détesté. Il se trouvait en Sicile. Parti prêter main-forte et très certainement guerroyer. Malgré les mises en garde de sa fille. Oui. Etonnamment, Charlyelle l'avait presque supplié de ne pas se rendre sur ces terres-ci. Mais le paternel princier était un homme obstiné et fier.

La brune retourna vers sa chambre, elle allait bien finir par se rendormir après la journée qu'elle avait passé. Toutefois, une fois entrée, elle prit son nécessaire d'écriture, alla pour s'installer à son bureau mais elle se ravisa et s'engagea dans l'escalier faiblement éclairé pour descendre dans la cuisine, les mains chargées de son léger fardeau.
Les braises rougeoyaient encore dans le foyer de la cuisinière. Elle secoua la grille pour faire tomber les cendres et remit une grosse bûche pour entretenir le feu. Des myriades d'étincelles jaillirent alors en crépitant. Les flammes apparurent bientôt, projetant sur les murs des formes étranges qui n'avaient rien de rassurant.
Elle retint son souffle et dans le silence revenu entendit les battements sourds de son coeur.

Elle comprit alors pourquoi elle ne trouvait pas le sommeil. Ce n'était pas tant l'inquiétude qu'elle dissimulait pour son père que la torture qu'avait éveillé en elle, la missive reçue, lui rappellant un peu plus encore l'absence de son auteur.

Le seul moyen de s'endormir paisiblement était de le chasser de sa mémoire.
C'était simple en somme.
Simple ?

Comme cette plume qui prend vie entre les fins doigts racés et tracent ces entrelacs et ces caractères qui suscitent plutôt qu'ils ne dévoilent réellement.

La missive rédigée est alors glissée et baguée sur la serre de cette Hulotte qui lui est restée fidèle du jour où elle l'avait trouvé blessée et soignée. Cela remontait à quelques années maintenant, quelques temps après avoir foulé ces terres de France pour la première fois.

La Hulotte saura trouver Judas Gabryel.

Et la Dentelière remonte alors tout aussi discrètement qu'elle ne s'en était descendu rejoindre ses appartements. Et finir par trouver le sommeil.

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Charlyelle
Toujours ce noir qui m'attire à lui, qui me donne l'envie. - l'envie d'avoir envie - Johnny Halliday

C'est alors qu'elle s'en descendait au village que le messager lui était apparu, lui remettant la missive. Il était resté à quelques pas d'elle, comme s'il attendait une réaction de sa part. Alors qu'elle s'apprêtait à le payer sans avarice une fois décacheté le courrier, elle stoppe son geste, les emperlées s'imprégnant profondément des lignes tracées.

" - Attendez ! Venez avec moi ! "


Elle l'entraîne avec elle. Les gens qu'elle dépassait défilaient comme dans un brouillard de couleurs floues. Le murmure confus des passants, les cris des marchands, des cochers et des palefreniers la heurtait de plein fouet. Le soleil brillait trop fort pour elle, au point de l'aveugler, l'odeur puissante des corps qui la bousculaient à la fois douce et aigre l'assaillait.

Et là voila, Dentelière, qui pousse la porte de la première taverne qu'elle trouve sur leur passage, telle une somnambule. Sans même regarder où elle se trouve, ni même si elle est occupée.
C'est le début de soirée et les lieux sont désertés.

Un signe au tavernier pour qu'il serve pitance et boisson au messager alors qu'elle-même s'installe à une tablée. Elle se fait apporter de quoi écrire, elle ne prendra pas le temps de remonter à la forteresse.

Elle n'était pas peinée d'apprendre qu'il était veuf. Non. Cette idée la laissait vide et indifférente. Elle en connaissait assez après ce qu'il lui avait dit lors de leurs ébats dans cette garçonnière parisienne, pour savoir qu'il devait se sentir...bien. Tel qu'il le lui écrivait.
Entre Judas Gabryel et elle, il n'y avait aucune confiance de trahie, car elle ne lui avait jamais rien demandé et il ne lui avait jamais rien promis. Entre eux, c'était un partage de tranches de vie, de moment à part qui n'appartenaient qu'à eux.
Dès le début elle avait compris qui il était. Ce qu'il ne lui avait pas dit, elle avait su le déceler en lui et entre ses lignes.
Cet été, alors qu'elle avait eu une énième dispute avec ce prince sans coeur qu'elle a pour père, il lui avait assené lorsqu'elle avait marchandé âprement avec lui sa liberté de retourner en France, qu'elle n'était qu'une entêtée frigide et stérile. Ce jour là, elle avait du se mordre la langue fortement pour ne pas jeter à la face de son princier paternel le nom de Judas Gabryel Von Frayner. Et les larmes lui étaient montées aux yeux ainsi qu'une féroce envie de lui lacérer la joue rescapée du carnage qu'elle avait provoqué lorsqu'il lui avait appris être son père.
Et si elle n'en avait rien fait, ce n'était pas pour protéger son père. Mais protéger le français de la folie et de la fureur de celui qui l'avait engendrée.

Elle se rappellait encore chaque mot de la dernière dispute qu'elle avait eu avec son père. Il était furieux qu'elle n'ait pas réussi à rehausser sa gloire en acceptant enfin l'époux qu'il lui offrait sur un plateau, et en se refusant à lui offrir ce petit-fils, cet héritier légitime à monter sur le trône à sa suite puisqu'elle avait eu le malheur elle, de naître femelle et non mâle. Les coutumes étaient tenaces dans la Principauté.

Il croyait dompter et façonner chaque facette de sa vie, mais il se trompait. Aujourd'hui, elle aimait sa vie en France. Elle s'était trouvé une terre d'accueil. Elle menait sa vie seule, et ne se laissait approcher que par les personnes qu'elle estimait de confiance.
Elle avait réussi à se convaincre qu'il ne lui manquait rien, ni personne.

Mais elle prenait conscience aujourd'hui, en lisant les mots de Judas Gabryel, qu'elle s'était menti à elle-même. Parce qu'il lui manquait. La partie généreuse de son être, celle qui avait été contrariée faute de trouver personne ou cause à aimer faillit exploser, la laissant tremblante d'impatience, de peur, de cette excitation que seul le Von Frayner arrivait à lui extorquer. Ce semblant de vie que lui seul avait le don d'affoler depuis que le Danois l'avait ensevelie sous cet amas de glace qui était devenu son tombeau vivant.



Citation:
Judas Gabryel,

Peut-être que mon vent te soufflerait de prendre la direction du Comté de Toulouse. Il peut aussi te murmurer de rester sur place et que je pourrais me laisser guider sur l'Alençon.

Ecoute le tel une prière et renvoies moi son écho afin que je sache si je me fais attente ou si route doit être prise.

Tu as raison, quand l'envie est là, il est inutile de lutter dans le sens contraire. Montre moi que tu vas bien. Prouves me le. Laisse moi rallumer ta vie de mon étincelle sacrée.

J'ai besoin de te sentir.

J'ai l'envie d'avoir envie.

J'ai l'envie de te redonner l'envie.

Ta Dentelière.


Le messager est en route.
_________________
Charlyelle
Citation:


A Vous, Oh Paternel Princier Vladimissime F.
De Moi, Charlyelle Ileana McAlayg.

Nous n'avons reçu aucunes nouvelles de votre main depuis maintenant trois semaines. Ne croyez surtout pas que nous nous inquiétons de votre personne, mais, outre le fait que nous vous avions vivement déconseillé d'aller prêter main forte à vos sauvages de voisins en ces terres lointaines de Sicile, nous aimerions tout de même savoir, par pure convenance n'en doutez pas, si vos navires sont bien arrivés.

Avez-vous pu vous amarrer près de quelques pontons ou bien êtes-vous toujours en haute mer et ceci expliquerait donc votre récent silence ?

Il m'est bien sur tout à fait inconcevable d'imaginer que vous ayez pu être blessé et qu'il vous soit donc par là-même impossible de me faire parvenir nouvelles.
Car malheureusement, je suis certaine que s'il vous était arrivé malheur, vos hommes auraient été prompts à me prévenir.
Il est donc inutile que je prépare de grandes festivités en l'honneur de votre trépas. Puisque celui-ci n'a sans doute pas encore eu lieu.

Soyez assuré que nous sommes impatiente que ce jour arrive enfin. Car alors il en sera fini de votre règne de despote tyrannique que vous menez sur vos sujets, et honte à vous, sur votre propre fille.
Mais rassurez-vous, vos opposants auront alors tôt fait de vous remplacer et de danser sur votre trône qui n'accueillera pas cet héritier si désiré par votre personne.
Nous n'avons d'ailleurs toujours pas compris pourquoi vous attendez que je vous offre ce présent alors que vous n'auriez qu'à choisir parmi l'une de vos nombreuses conquêtes.
Ah oui, je me souviens, les liens du sang, l'hérédité, vous voulez que cet héritier soit engendré par votre fille afin que perdure en lui les gènes de ma mère. Nous avions presque omis ce détail.

Nous vous avons dit que des hommes et femmes de cette magnifique terre de France sont allés prêter main-forte sur ces mêmes terres de Sicile que vous foulez ? Je crains néanmoins qu'ils soient amenés à combattre dans le camp adverse du votre. Bien sûr, ce n'est pas comme si nous ne vous avions pas prévenu ces dernières semaines et enjoint de rester éloigné de ce conflit.

Pourquoi êtes-vous aussi obstiné quand nous essayons de vous conseiller ?

Surtout ne vous faites pas de souçi pour notre personne, notre voyage d'étude se porte à merveille et les hommes que vous avez mis à ma disposition se portent comme un charme.

Ne tardez pas à me faire prévenir lorsque vous serez à terre. Nous employons une simple métaphore mais nous nous régalerions de vous savoir au fond des océans.

Fiica ta care te iubește să fie asigurată în !*

Voyez combien je suis obéissante, nous faisons d'énormes progrès dans l'apprentissage de votre langage si cultivé. Mais néanmoins pas autant que mon écossais natal, ceci-dit.

Charlyelle-Ileana.

Charlyelle
Quelle femme n'a pas rêvé, un jour, d'enfourcher un cheval et de s'enfuir très loin pour échapper à son sort ?

L'héritière princière l'avait fait. Pas à dos d'équidé, mais à flan de navire. Elle n'avait eu de cesse de mettre des flots et des flots entre son père et elle. Encore plus que jamais cet été. Pourtant, les nouvelles reçues de la Principauté de Valahia étaient loin d'être mirobolantes et étrangement, la Dentelière ne jubilait pas.
Elle qui aurait du au contraire laisser exploser sa joie, n'en ressentait pas l'envie. Ce n'est pas faute d'avoir tenté de le prévenir, de le raisonner, de le conseiller. Mais si en France les femmes semblent être écoutées, là-bas, elles ne le sont pas, réduites au rang de mère porteuse, voire de servante ou d'esclave.

Pas elle. D'une de par son rang. Et surtout, parce qu'elle avait fui le pire avant que d'y être contrainte.

Mais ce dont elle découvrait l'ampleur aujourd'hui laisserait très certainement une trace indélébile quelque part dans cette partie de chair qui portait la marque des Balkans.

On dit les peuples français et bretons plus barbares les uns que les autres. Mais ce peuple là-bas par delà les océans est atteint d'une cruauté, d'une fierté, et d'un orgueil qui n'a pas de mise dans toutes les contrées qu'elle ait pu traversé ici.

Elle s'efforçait de combattre l'appréhension qui montait en elle. L'obéissance à la volonté paternelle était un devoir sacré sur ses terres lointaines. Elle ne l'ignorait pas. Et son père n'était pas précisément connu pour son indulgence. Tout devait être fait selon ses ordres.

Malheur à quiconque lui désobéissait. Et l'héritière avait par deux fois désobéi au Vladimissime.
Accoutumée durant plusieurs mois à l'administration économique du fief familial, Charlyelle s'était fait fort de seconder efficacement le souverain d'un territoire de dimensions sans doute restreintes, mais duquel émane des richesses sous différentes formes.

L'été précédent, son père avait participé à une expédition qui n'avait pas plu le moins du monde à Charlyelle. La jeune femme avait tenté de le mettre en garde mais rien n'y avait fait.
Et les résultats étaient là aujourd'hui. A l'heure actuelle, la Principauté se retrouvait dans une situation sans équivoque. Le Vladimissime avait pu sauver sa flotte et la mettre à l'abri.
Par contre, Chryys se voyait contraint de rendre des comptes désormais. Voilà où les avait mené la folie et la grandeur de leurs actes totalement dénués de bon sens.
Une quasi-destruction.
Sa prudence à elle lui avait conseillé de s'attendre au pire. Et le pire s'était produit. Loin d'atténuer les tourments qui la tracassaient, ce constat ne fit que les aggraver. Comment accepter une fonction souveraine, alors que rien ne vous y a préparée ? Entre l'administration d'un domaine qui lui était devenu familier bien qu'elle s'y sente toujours étrangère ; et les écrasantes responsabilités d'un règne, la différence était de taille.
Elle n'ignorait pas les sacrifices que la fonction souveraine impliquait. Un régnant appartient à son peuple. Il lui doit tout. Sans égard pour son intérêt personnel, comme pour la maîtrise de ses sentiments. Elle savait que c'était pour cela que son père était si dur avec elle.
Quelques mois s'étaient écoulés depuis que les envahisseurs avaient entrepris la conquête de la Principauté. Les uns et les autres avaient guerroyés alors que Charlyelle, encore sur place au début du conflit leur avait conseillés de s'unir. Au lieu de s'entre-déchirer. Malheureusement, son statut de femme était bien différent dans le fond des Balkans que celui qu'elle pouvait avoir au sein du clan écossais de sa feu mère dans ses régions des lacs brumeux.

Une colère sourde s'emparait lentement d'elle. Quelques jours avant de prendre la mer, elle avait de ses propres yeux vu des vies innocentes en jeu. Naturellement peu hostile à la violence pourtant, de par son passé Hydrique, il lui avait été donné de loin d'assister à une bataille là-bas. Et son propre père était lui-même l'instigateur du massacre qui avait eu lieu ce jour là.
Bien que les gens de son escorte avaient pris soin de la tenir à l'écart, elle avait entendu les cris des victimes. Et ne les oublierait jamais. Elle avait vu un petit garçon d'environ trois ans s'étouffer de sanglots, debout près du corps de sa mère. Il ne s'était trouvé personne pour le secourir, ni pour tenter de le consoler. A part elle. Mais ils l'en avait empêché, l'obligeant avec force à rentrer sur les terres familiales.
Le lendemain de ce terrible jour, elle avait embarqué mais se reprochait encore de n'avoir pu rien faire. Elle aurait pu et du emmener l'enfant avec elle et le sauver. Sans doute n'avait-il pas survécu, abandonné de la sorte.

Elle haïssait un peu plus encore son père et pourtant, à cette heure, elle arrivait encore à se faire du souçi pour lui.

Citation:
A Vous, Oh Paternel Princier Vladimissime F.
De Moi, Charlyelle Ileana McAlayg.


Je ne vous plains pas. Vous avez mérité le châtiment qui est le vôtre à ce jour. Vous et tous vos semblables qui n'avez pensé qu'à votre gloire sans en mesurer les conséquences sur le peuple et sur les terres.
Il n'en reste pas moins que je suis de votre sang. J'en ai honte à l'heure où je vous adresse ces mots.
Mais peut-être maintenant mesurerez-vous combien mes paroles étaient loin d'être insensées cet été n'est-ce pas ?

Parce que malgré tout, je suis votre fille, je peux accepter de vous aider. Mais uniquement à mes conditions.
Au moins celle d'être respectée non pas parce que je suis votre sang et votre chair, mais parce que je peux apporter paroles et actes sensés.
Et je refuse toute charge et responsabilité, ne vous méprenez pas. Vous n'avez pas gagné me concernant. Vous ne gagnerez pas.
Je vous ai dit que je n'accordais aucune confiance en certaines personnes. Voyez où ces personnes vous ont mené aujourd'hui. Vous, le peuple et vos terres que vous chérissez tellement.
Je devrais même être jalouse que vous les aimiez plus que moi, votre propre fille. Pour elles, vous étiez prêt à me sacrifier.

Je ne vous envies pas votre châtiment actuel. Je ne m'en réjouis pas non plus. Pourtant je le devrais.

Si Chryys veut me joindre, je vous laisse le soin de lui faire part qu'il peut me missiver. Quant à vous, lorsque vous serez en mesure de le faire, j'aimerai que vous me rejoigniez en France. Sur le navire de mon choix : le mien. Vous savez lequel.

C'est l'unique cadeau que j'accepte de vous. Parce que contrairement à vous, je saurai en faire bon usage. Vous pourrez ensuite retourner dans votre terre de désolation. Car c'est ce que vous en avez fait, à l'heure actuelle, avec vos brutes sanguinaires.

Je ne puis aussi que vous conseiller, comme je vous l'avais déjà dit cet été, de vous séparer de quelques unes de vos merveilles flottantes. Cela permettrait très certainement de renflouer une partie des caisses, ne croyez-vous pas ?
Je doute que ce conseil avisé, vous ne l'écoutiez. A moins que votre foutu orgueil en ait pris un coup cette fois ? Sachez que je porte le deuil de ce que votre folie et celles de vos semblables ont provoqué.

Vous savez où m'adresser réponse.

En attendant...

Soignez-vos blessures.

Votre fille.

Charlyelle-Ileana.



La jeune héritière avait manoeuvré de manière à ce que sa liberté ne soit pas aliénée, et qu'elle ne soit pas la proie d'une quelconque soumission ni même amenée au respect d'aucune obligation.
C'était peut-être et même très certainement cela qui avait préservé chez elle cette lucidité qui avait failli à son père.

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Charlyelle
Des nouvelles, elle en attendait. De son père, certes, mais c'est surtout d'un autre qu'espoir se faisait sentir. Inutile. Elle n'en aurait très certainement pas.

Elle avait reçu des missives ces derniers jours. Elle en aurait presque ri. Elle en avait au moins souri. Là voilà qui était demandé sur des listes comtales de cette terre qui lui restait étrangère, bien qu'elle en découvre les us et les coutumes.

Limoges et Toulouse quémandaient auprès d'elle. A la première missive elle déclina en indiquant qu'elle n'était pas disponible pour la chose. Et la seconde. Elle ne répondit pas. Pas qu'elle veuille faire preuve d'impolitesse. Mais de quel droit alors qu'elle est inconnue ice-lieu, celui de la résidence d'hiver de sa Baronne, se verrait-elle accepter telle invitation ? Elle la laisserait donc pour telle : une simple erreur de destinataire très certainement.

Les jours s'écoulaient, paisibles auprès de la Baronne Biscuitée. Elle lui avait promis confection de quelques bougies et s'y attellait dans sa suite dont elle avait transformé une partie en une espèce d'atelier.
Personne n'y venait jamais, elle était donc tranquille. Un grand établi était chargé de jarres, de pots et de paquets d'herbe sèche. Elle en déballa avec précaution quelques tiges et racines qu'elle tria soigneusement. Plaçant certaines d'elles dans les bols d'eau, les autres, dans des pots remplis de terre.

Une décoction mijotait sur le feu, emplissant l'endroit d'un suave parfum de plantes aromatiques, très doux et apaisant. Elle s'était aperçu que le vent avait tourné et en déduisait donc que l'hiver serait là bien plus tôt qu'elle ne l'espérait.

Elle avait fait abattre un boeuf pour récupérer la suif. Car chez elle, il était fréquent d'agir ainsi et elle savait qu'un seul boeuf suffisait pour assurer trois ans de bougies à une famille. La graisse était en train de fondre dans un grand chaudron qu'elle avait placé au milieu de l'âtre, et à intervalle régulier, elle en ôtait les impuretés, lorsque celles-ci remontaient à la surface.

Il eut pu paraitre étonnant de voir une femme de son rang oeuvrer ainsi, pourtant la Dentelière portait les traditions ancestrales écossaises de sa mère , à même la peau. Elle rajouta ensuite de l'eau, pour emprisonner le reste qui se trouvait ainsi pris entre eau et graisse. Les résidus ainsi pressés, elle en extrayait le suif, d'une main experte.
Pour fabriquer les mèches, elle tordit ensuite plusieurs fils de coton, qu'elle coupa à la longeur désirée et qu'elle tendit le plus possible pour en faire disparaitre les noeuds. Ce qui éviterait les grésillements.

Il lui faudrait ensuite les plonger dans un bain de suif fondu. Et les mettre à sécher et renouveller l'opération jusqu'à ce que les bougies obtiennent la grosseur désirée.

Ces bougies-ci, elle avait pour intention de demander à la Baronne Biscuitée de bien vouloir les distribuer lors de la cérémonie religieuse de la nuit de Noël aux gens qui travaillaient sur ses terres.

Une bonne action tout en discrétion, comme à son habitude.

Mais pour sa Baronne Biscuitée, c'est d'une autre matière qu'elle allait se servir. La cire d'abeille. Parce que ces bougies là seraient de meilleure qualité : elles fumeraient moins et dureraient plus longtemps, tout en éclairant mieux. La préparation en était différente. La cire était fondue et filtrée pour en ôter les impuretés. Des bandes minces étaient alors étendues au soleil pour les faire blanchir. Elles étaient ensuite fondues dans le chaudron et versées sur les mèches qui elles-même, étaient suspendues à des arceaux de fer. Les bougies encore molles et tièdes, seraient ensuite mises en forme à l'aide d'un rouleau de bois dur.

Et celles ci rejoindraient l'avant-garde de cette échoppe parisienne qu'elle s'était offerte il y a deux ans au sein des Halles. Car elle savait qu'elle en tirerait un prix élevé, seule la Noblesse avait les moyens de se les offrir. Et en cette période d'Avent, les affaires allaient bon train pour la Dentellière.

Ainsi elle s'occupait l'esprit. Et s'évitait une amère déception. Voilà, elle ressentait comme un désappointement en voyant les jours passer et aucune réponse ne lui parvenait. Pourquoi donc lui avoir écrit quelques semaines plus tôt si c'était pour laisser désormais le seul silence parler pour eux.

De toute évidence, elle ne se sentait attiré que par le sombre. Et les clartés et lumières vives de l'Avent n'étaient pas faites pour lui mettre du baume au coeur.

C'était sans doute mieux ainsi.

Même si elle n'en pensait rien, mais au moins, tentait-elle de se raisonner à cette affirmation.

Demain. Elle irait porter les bougies promises à la Baronne.

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Charlyelle
Et me voilà encore une fois, toute seule dans le noir, à ne pas trouver le sommeil dans ma couche. J'ai commencé à réfléchir, dans l'obscurité. C'est de tout temps que j'ai du mal à dormir, ça n'est pas nouveau ce phénomène là. Et ce ne sont pas les bras de mes amants qui allaient me réchauffer ou faire taire les inquiétudes qui empoisonnaient toutes mes pensées. Parce que d'amant je n'en ai pas. Et le seul qui aurait pu m'aider à me changer les esprits, cela fait bien longtemps que sa peau n'a ne serait-ce qu'effleurer la mienne. Tout au plus a t'il daigné donner de ses nouvelles, il y a quelques semaines. Grâce à lui d'ailleurs, sans qu'il ne le sache, j'avais fini par comprendre qu'il me manquait quelque chose : et j'ai fini par réaliser que c'était moi. Mais toujours, je me sens dévorée de l'intérieur.

Finalement, à ma façon, je commençais à m'habituer.

Je m'étais aussi bien accoutumée à la citadelle, qu'aux bouges, les têtes des habitués, les ruelles. Sauf que je n'allais pas dans ce genre d'endroit. Faut pas délirer non plus. Je veux bien me la jouer en-dessous de ma condition mais tout de même !

Ah et puis j'ai décidé désormais de parler à la première personne. Il parait que cela me va mieux, que je le porte bien. Dixit quelques paroles de bonnes âmes en taverne ces jours derniers. Et oui. Il m'arrive d'en pousser les portes quand elles ne sont pas désertes. Même si en général je déteste picoler dans ces lieux.
Si je prenais goût à la pisse de rat qu'ils servent dans certains de ces établissements, il est clair que je deviendrais plus ou moins aveugle en moins de temps qu'il n'en faut à certain pour se retrouver sans le sou.
Quoique ça ne soit pas un problème pour moi, la mane paternelle est toujours ouverte pour sa fille adorée. Ahem ! Je ne sais pourquoi j'ai une quinte de toux qui me prend subitement alors que mon esprit évoque mon paternellissime.

Sauf que. Il suffit d'une fois où je me décide à pousser cette satanée porte alors qu'il y a du monde pour que je me fasse tanner. Au bout d'un moment il faut savoir ce que l'on veut et si on se donne les moyens d'y arriver ou non.
Et les glandouilleurs, j'ai le nez, je suis Dentelière et je les vois arriver de loin. Et celui-là c'en était un de première.
Je lui ai sorti le grand jeu de la ténébreuse créature qui a plus d'un tour dans son sac et j'ai attendu de voir ce qu'il avait dans les tripes.
Et pourtant ! J'aurai du me douter de la réponse. Mais il y avait longtemps que je ne m'étais pas amusée ainsi. L'Hydrique Dentelière était de sortie ce soir. Et le constat était que ses tripes au glandu, et bien que pouvaient-elles contenir à part de la merdasse ?
Il a voulu me tester. Comme ça alors qu'il ne me connaissait pas, qu'il me voyait pour la première fois. Vas y que je te cause de la Haute. La haute noblesse. Me citant des noms de famille, de celles dont on entend parler, ces nantis de la magie.
Mais pauvre de toi si tu savais ! J'ai du faire illusion deux heures, et encore en étant optimiste. Mais parait-il selon lui que ma belle robe assortie à mon beau minois parlait pour moi.
Je me suis retenu de lui estafilader la face à ce trop curieux. Et à force d'effort, même en me contrôlant, j'ai fini par l'envoyer valdinguer sur le mur en face. En plein dans le mur ! Je n'ai pas perdu la main, c'est rassurant tout de même. Et oui, pendant plus de deux années, j'ai quand même joué les monte en l'air et les passe-muraille, je n'avais pas mon pareil. D'ailleurs j'en vois encore quelques un, quelques unes de cette fameuse équipe, mais de manière toute discrète. On s'écrit, on se raconte nos souvenirs, on va parfois jusqu'à refaire le monde. J'avais même eu des propositions pour en rejoindre mais maintenant je n'étais plus dans cette optique, ni cette philosophie. Le communautarisme pour moi , terminé ! Cela n'avait plus quelconque intérêt à mes yeux.

J'avais par contre gardé ma petite boutique dans un coin des halles parisiennes. J'aime à y aller et je m'arrange pour y être dès que je le peux. Elle me rappelle ma petite roulotte de la fameuse époque révolue. Et j'aime à passer du temps dans le sous-sol emménagé pour mon alchimie, éclairé par des lampes à huile que j'aime parfumer de certains épices qui font un peu tourner la tête. Certains clients me parlaient de leurs projets. J'en avais un qui essayait d'organiser un petit trafic, il courrait de plans foireux en espoirs plus grands Cela me faisait sourire.
Je ne leur dis jamais qui je suis, bien évidemment. D'ailleurs, ils se comptent aujourd'hui sur les doigts d'une seule main ceux qui le savent.
Qui se douterait que sous celle qui est plus connue de par son passé de cavalière se cache une toute autre femme ? Et de la même manière, qui saurait que j'ai une connaissance particulière sur l'art de l'infiltration, de la négociation, tout comme celui du combat sous diverses forme. Et surtout les poisons, mon arme de prédilection moi qui suis une habituée des contre-poisons ! Ceux qui rendent malade, ceux qui endorment la volonté, ceux qui délient les langues.
J'analyse. J'observe. Cela se ressent jusque dans ma vie. La machine écrase, la machine broie, la machine tue. Et la machine est toujours là, tapie au fond de moi. Je la contrôle mais à la moindre faiblesse elle peut ressurgir.

Je suis devenue une experte dans l'art de cerner les autres. Quant à moi je continuais de renier ma nature. Et j'avais occulté l'essentiel, gardant juste cette carapace bien dure qui me garantissait de tout affect.

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Charlyelle
Toujours pas de nouvelles, ni de l'un,, ni de l'autre. Et comme cela est en train de redevenir une habitude qui se renouvelle trop souvent à mon goût, le sommeil me fuit.
La nuit était tombé depuis des heures. Nuls bruit ne filtrait, je n'avais pas même croisé la Baronne ces dernières semaines. Son fils non plus. Un calme que je n'aimais pas vraiment régnait dans les lieux.
Il faisait si calme qu'on aurait pu croire que le vent lui-même s'était assoupi. La lune éclairait de sa lueur diffuse et des ombres semblaient s'étendre au sol, tels de gigantesques monstres sortant d'une torpeur millénaire en s'étirant lentement.
Le hululement du harfang de la Dentelière résonna non loin. Le hurlement d'un loup lui répondit. Comme un lugubre écho. Mais le calme de la nuit reprit rapidement ses droits.

Charlyelle se pencha vers la table de chevet près de son lit et attrappa un minuscule coffret de bois. A l'intérieur, se trouvaient trois poudres de couleurs différentes, rangées dans de petits compartiments creusés à même le sureau. Trois longs cheveux noirs étaient attachés autour d'une petite agrafe et une minuscule dague argentée était posée le long de l'étui. Qui avait appartenu à sa mère.
Avec une extrême douceur, elle effleura la lame, et prit une légère pincée de la première poudre. Elle la mit en bouche et ferma les yeux. Ses traits se tendirent, comme si elle souffrait. Elle arracha une de ses propres mèches de cheveux et l'enroula avec les trois qui se trouvaient dans la boîte. Finalement elle s'empara de la lame, et avec un bref soupir, s'entailla l'index. Elle rouvrit les yeux et ferma rapidement la boite d'un claquement sec.

* * *

Loin au-delà du village, après les carrefours et les détours tortueux de la route, là où les derniers feuillus avaient disparus au profit des conifères, une petite lumière éclairait le sol. Qui avait depuis longtemps abandonné les pavés pour du simple gravier. Sol qui crissait, qui grinçait, qui soulevait la poussière et qui faisait glisser les gens trop pressés.
Sol qui énervait un vieil homme à bout de souffle. Suant et pestant, comme si injurier la caillasse allait le faire avancer plus vite. La lueur de sa torche éclairait son visage. Raviné de rides plus profondes les unes que les autres, fripé, sale, couvert de poussière et de sueur, il affichait néanmoins une conviction sans faille. Ses yeux d'un gris jauni par le temps, profondément enfoncés dans des orbites aux larges arcades laissaient percevoir la grande volonté de cet homme. Ses cheveux gris et frisés semblaient s'être exilés dans la barbe broussailleuse, qui garnie au possible, lui donnait un air sévère.
Pourtant. Même si son visage inspirait le respect, quelque chose dans son regard laissait deviner une grande sensibilité, rappelant qu'il était peu prudent de se fier aux apparences. Finalement, derrière ces sourcils sévères, se cachait peut-être une âme d'une grande bonté.
Il s'appuyait sur un lourd bâton d'ébène, qui semblait plus le ralentir que l'aider. Ses vêtements bien qu'à moitié déchirés, laissaient penser qu'il n'était pas pauvre. Sa cape de velours était lacérée, mais la texture de l'étoffe ne faisait aucun doute quant à ses origines luxueuses. Ses bottes de cuir portaient la marque du tanneur, qui avait du être fier de son travail pour les orner ainsi de ses initiales. Une épée presqu'émoussée pendait à son flan.

Ilug.

A côté de son souffle rauque et glaireux, on pouvait entendre une faible respiration. Léger et aigu, c'était l'halètement d'un enfant. Une fillette.

Charlyelle.

Aux cheveux noirs et aux yeux brumés de gris, on l'aurait dit belle comme un ange. Elle était habillé d'une simple tunique et d'une jupe grise au bas arraché, pour lui permettre de faire de plus grandes enjambées. Ses cheveux longs et soyeux étaient attachés en une natte à moitié défaite qui lui tombait dans le dos.
Une étrange forme bougeait sous sa tunique. Une sorte de pendentif, attaché à une minuscule chaîne d'argent qu'elle portait au cou. Par moment, la lueur de la lune permettait de distinguer une forme étoilée, avec en son centre une perle sombre, presque noire, qui brillait comme un métal poli. Sa valeur devait dépasser l'étendue de l'imagination.
En tout cas c'était ce que racontait les légendes. Ce petit bout de métal noir était recherché probablement par tous les princes, seigneurs et hommes de pouvoir de la Principauté de Valahia. Richesse familiale.
Et il était là, autour du cou d'une petite fille, héritière de l'un des princes les plus féroce de ces terres perdues dans le fin fond des Balkans.
Son visage innocent était crispé dans l'effort qu'elle faisait pour suivre l'adulte. Lorsque ce dernier s'accorda une halte une petite voix se fit entendre.


"- Dis Ilug, pourquoi est-ce qu'on doit courir ?"

Le vieil homme haussa les sourcils, étonné. Il se tourna vers la petite fille et posa une main réconfortante sur son épaule.

Ecoute ma chérie. Cela fait déjà trois fois que je te le dis. Les personnes qui nous poursuivent sont très méchantes. Et elles te feront du mal si elles nous trouvent.


" - Mais pourquoi ils nous poursuivent ?"

Il poussa un soupir désabusé et montra le bijou qui pendait à son cou.

Parce que tu portes ce qu'ils voudraient avoir. Tu es l'héritière dont ils veulent se débarrasser.

Le vieil homme détacha une gourde qui pendait à sa ceinture.

Tu as soif ? Nous n'allons plus beaucoup faire de halte tu sais.

La petite fille se précipita et but à grandes gorgées, passant le revers de sa main sur ses lèvres. Avant de geindre.

" - J'ai mal aux pied !"

Je sais Charlyelle. Moi aussi. Et estimes toi heureuse de ne pas avoir mal au dos.

" - Mais on va où ? "

Chez des amis. Qui pourront te protéger. Pendant un temps au moins. Puis il faudra partir. Loin. Sur des terres étrangères.

" - Mais quels amis ?"

Le vieil homme soupira. Un sourire apparut sur son visage et il continua avec une pointe d'amusement.

Tu verras. Ils ne sont plus très loin. A moins d'une heure de marche. Lorsque tu seras avec eux, il ne faudra pas que tu parles. Charlyelle ma chérie, je vais nous octroyer un peu plus de temps...

Sous les yeux curieux mais inquiets de la petite fille, il dégaina son épée. Un nuage noir masqua le ciel.


* * *

Réveil brutal et je passes une main sur mon front, comprenant que je viens encore une fois d'être la proie d'un de ses vieux cauchemards que je faisais lorsqu'on avait fui en France avec Ilug.

Je me souviens que ce jour là, j'avais longtemps boudé le druide-alchimiste car il avait tué un daim. Mais pour moi, c'était un poilu tout mignon.
Et puis nous étions arrivés chez ces amis. Je me rappelles encore aujourd'hui de la fascination avec laquelle ils m'avaient regardé. Comme s'ils avaient sous leurs yeux un trésor d'une grande valeur qu'ils convoitaient depuis longtemps. Et j'avais le souvenir de cette soupe avalée. Et de la sensation de ce bijou qui pesait lourd soudain à mon cou.
Machinalement ma main vînt caresser la perle dans le creux de ma paume. Toujours autour de mon cou.

Aujourd'hui Ilug n'était plus. Il m'avait quitté quelques mois auparavant pour rejoindre le firmament. Aujourd'hui j'étais désormais seule face à ce qui était ma vie et ce destin que mon père voulait me forger.

Aujourd'hui j'avais grandi. Et avait pris ma vie en main. Mais les vestiges du passé étaient encore là et faisait de moi ce que je suis à ce jour.
Le petit matin se levait et je soupirai. Encore une nuit quasiment sans sommeil.

Quand donc trouverais-je un peu de paix et devrais-je cesser de me cacher et de fuir.

Pour l'heure, je vivais, recluse volontaire en des terres Toulousaines, et m'occupait de remplir ce rôle que j'avais accepté d'endôsser.

Une noble étrangère de sang princier au service d'une noble qui m'est pourtant d'une condition inférieure. Qui le serait si j'étais sur mes propres terres. Mais ici, l'illusion est aisée et l'Etrangère c'est moi.

Mais jusqu'à quand vais-je pouvoir ainsi continuer à leurrer le paternel et à mentir à ma grand-mère.

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Charlyelle
Invitée. Assurément je l'étais et je regardais le parchemin avec une pointe de scepticisme. Ira, ira pas ?

Je crois que les récents évènements m'ont décidé à m'y rendre. Des festivités. Un rassemblement d'écossais. Forcément. Je me sens concernée. Parce que je suis marquée dans ma chair. Et dans mon sang. Mon esprit n'y échappe pas non plus.
Je repensais au ressac tranquille de mes criques, aux rondeurs suaves de mes collines gelées, broyées dans la brume. Profondeur des vibrations océanes et clarté des harpes et cornemuses. Bercement nostalgique des limpes non oubliées.

Alors j'ai pris la route. Malgré l'indisposition à laquelle j'étais sujette. J'avais également pris soin de ne rien en dire aux hommes de mon paternel, et de m'être assurée qu'ils étaient tous endormis avant de partir.
Dans ma hâte, j'avais également pris la décision d'écrire à la baronne qui m'offrait une couverture en tant qu'escuyère une fois que je serais arrivée à destination.

Dans la trouée du ciel coulait une saignée d’étoiles.

Je poussais les portes de l'Amazone. Le nom de cette taverne me plaisait bien et elle était déserte lorsque j'entrais. J'en profitais pour écrire à la baronne.


Citation:
A vous, Neyco de Fronsac, Baronne de Hautpoul, Dame de Brassac de Belfourtès.
De nous, Charlyelle Ileana McAlayg de Kallipare, votre écuyère


Dame Biscuitée,

Je prends plume afin de vous apporter tout d'abord mes meilleurs voeux pour cette nouvelle année.

Je souhaites également vous informer que je me suis absentée. Je suis invitée à participer à des festivités desquelles je ne pourrais me détourner. Il s'agit de traditions et coutumes écossaises.

Je ne suis néanmoins pas bien loin, sur les terres du Perigord, à Sarlat plus précisément.
Ne croyez pas que je vous abandonne, mais je vous sais occupée en vos terres et ce jusqu'à la fin de l'hiver.

J'ai pris cette liberté, et vous savez combien la liberté m'est précieuse. Je ne suis pas certaine de revenir sur les terres Toulousaines une fois les festivités terminées, je dois encore me rendre à un autre endroit où je suis conviée, mais je ne suis pas encore sûre d'honorer cette invitation-ci.
Cela dépendra de mon humeur du moment. Puis peut-être resterai-je un peu dans le Perigord afin de prendre le temps de mieux visiter la région pour mon voyage d'étude.

Mais je serais de retour avant la fin de l'hiver pour vous raccompagner sur vos autres terres Limougeaudes.

Respectueusement.

Charlyelle Ileana Mc Alayg de Kallipare.




Mon harfang convoiera la missive jusqu'à sa destinataire.
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Charlyelle
la petite fille court contre le vent tiède. La brise douce et légère caresse avec tendresse les parties nues de son corps trop frêle. Elle danse avec les papillons, chuchote avec le silence.Elle sème ses pensées au gré de ses pas flottant au-dessus du sol. Elle se dit qu'elles germeront dans la terre de cette merveilleuse campagne…elle sait que jamais rien ne pourra plus les effacer, ni l'usure du temps, ni la plus torride des pluies et pas même les glaces des froids hivers.

Ce matin, rebelle et sauvageonne, elle saute sur les pierres de la rivière. Ses pieds nus ne craignent pas l'eau déjà froide. Ah ! La rivière ! Quelle est réconfortante cette musique faite de clapotis et de valses légères. Comme il est bon de pouvoir se confier aux divins absents, tellement plus proches que l'entourage réel. Les libellules se bataillent sagement autour des hautes herbes. Fatiguée, la petite fille se laisse glisser sur un tapis d'herbes et de feuilles tombées avec un peu d'avance. Elle tend une main gracile vers un papillon blanc -nacré. Aussitôt celui-ci se pose sur le bout de son index. La petite fille lui parle avec douceur. Il bat des ailes sans pourtant chercher à s'envoler.«

Un jour, lui confit-t-elle, un jour tu verras je serai comme toi blanche et légère. »

Ne lui répète t'on pas trop souvent qu'elle est si frêle et si fragile qu'elle en est presque transparente ?
Elle s'assoupit... Pas pour très longtemps car il faut songer à rentrer à la maison. Rentrer ! Ce mot-là la fait frissonner. La petite fille voudrait rester là au bord de l'eau, elle voudrait se fondre dans le décor, elle voudrait… Elle voudrait… Mais il faut rentrer ! À pas lents elle emprunte le sentier menant au village. Elle a déposé ses rêves sur le seuil de la porte des mystères. Demain, si elle peut s'échapper un instant, elle reviendra toquer à cette porte imaginaire. Le gardien de ses rêves sera là, invisible à tous saufs à son imagination qui grandit chaque jour à travers sa foi en un avenir plus glorieux.

La petite fille arrive près du puits. Une brebis détourne sa tête de l'abreuvoir pour poser son regard d'une étrange intensité sur cette fille qui ne manque jamais de lui prodiguer une caresse. L'enfant s'arrête près de la fontaine, laisse couler de l'eau fraîche dans sa bouche, se rafraîchit le visage puis, avec regret elle laisse derrière elle brebis et fontaine. Elle remonte la côté du village. Elle pleure en son fort intérieur sans qu'aucune larme ne jaillisse de ses yeux pâles.

Elle a peur ! Elle prie ! La voilà arrivée devant la porte d'entrée entrouverte. Elle entend le son de cette voie qu'elle voudrait fuir. Oui, elle voudrait fuir ! Mais pour cela elle doit attendre d'être grande !…

Cette petite fille, c'est moi… Non, cette petite fille c'était moi, il y a presque quinze ans de cela. Et pourtant, c'était hier ! Sur mes terres d'Ecosse.





Une vie peut être à la fois courte et très longue, ce sont nos moments de bonheur qui la font paraître trop courte tandis que sa lenteur se traîne dans les interminables instants de souffrance ! Dieu sait combien il nous faut tourner de pages !
Il y a celles qui sont plus difficiles à tourner que les autres. Et j'en sais quelque chose, j'ai mis quasiment deux années dans mon passé, à tourner celle du Sapineux, de celui qui fut ma tempête infernale, Drannoc, ce fameux Cavalier qui avait été celui qui m'avait fait découvrir l'Hydre.Parfois il se peut que l'on n'ait même pas fini d'en écrire une que déjà la suivante s'impose, emmêlant le présent au passé en nous laissant vagabonder entre doutes et incertitudes, entre espoir et désespoir ou entre raison et déraison !

Mais à chaque fois que se présente un nouveau départ, sur la page immaculée de toute faute on rêve d'écrire une toute nouvelle histoire sans rature et sans souillure de larmes ! C'est ainsi que s’écoule une vie, un peu à la manière d'un cours d'eau serpentant entre méandres et lignes droites sans jamais s'interrompre jusqu'au fleuve ou jusqu'à l'océan qui l'accueille sans question ni opposition. L'eau ne se retourne pas contrairement à l'être humain ! Si une Pierre lui fait barrage, elle la contourne pour pouvoir poursuivre son chemin. Nous les humains, nous maudissons la pierre, nous nous acharnons sur elle quitte à nous briser les os. Voilà pourquoi nous rencontrons tant de souffrances et cela malgré de multiples expériences car nous tardons tellement à nous éveiller que, si par bonheur la sagesse nous prend dans ses bras, le temps d'une vie s'est perdu de batailles en batailles !

Mais il se trouve que la vie m'a justement appris à devenir comme cette rivière. Désormais, je prends soin de de contourner tout ce qui pourrait venir faire barrage. Ainsi en va t'il de ma vie depuis le Danois du Languedoc. Et j'aurai pu être satisfaite de moi car depuis tous ces mois j'en avais parcourru des lieues sur mer et sur terre et j'avais parfaitement su contourner tous les obstacles qui s'étaient présentés à moi. Même l'été dernier, j'avais gravement assuré avec le paternel princier qui n'y a vu que du feu.
Je vous le dis, je suis devenue une éminence en détournement d'obstacle. Même en Bourgogne, où je ne pouvais pas mettre un seul pied à chaque fois sans me prendre une armée en pleine face, je n'ai désormais plus d'obstacle qui se dresse devant moi. Certain ont eu l'intelligence de me faire délister, il était temps alors que j'ai quitté la fameuse forteresse Hydrique depuis bientôt deux années.

Ce qui est le plus difficile à faire pour un être humain c'est de se remettre en question; la remise en question demande un regard objectif sur soi-même sans fard ni mensonge. Qui ose se regarder tel qu'il est en réalité ? Pourtant, pour parvenir à sortir du narcissisme il est primordial de devenir humble afin de savoir s'aimer en s'acceptant pour ce que l'on est et non pour l'image que l'on cherche à projeter. Le monde d'aujourd'hui n'est malheureusement qu'une projection de clichés tous plus menteurs les uns que les autres. Alors, comment se trouver au milieu de cette ignoble comédie qui se joue avec de vraies armes et de fausses convictions ?
C'est ce qui m'a amenée à reconnaître que par cette terrible imperfection je ne suis pas en mesure de porter un jugement sur qui que ce soit car toutes les pensées se propagent à travers l'univers à la manière du vent qui en soufflant fait vibrer ce qu'il touche tout en restant lui-même invisible.
Le mauvais, c'est la tempête qui ravage tout sur son passage tandis que le bon, c'est cette douce et agréable caresse d'une fraîche brisée sur la peau par une chaude soirée d'été. Il en va ainsi de nos pensées !
Lorsque un matin de tristesse je me suis souvenu de toutes les fois ou les souffrances me ravageaient sans pitié jusqu'à épuisement de mon être, je me suis également souvenue du réconfort que me prodiguait l'accalmie quand la douleur s'endormait.
Déjà enfant je recherchais la solitude et le silence afin d'écouter les murmures de l'invisible. Mais dans la confusion de cette enfance malheureuse et offensée je n'avais pas vraiment pu trouver le sens exact à donner. Je pensais certainement que mon isolement était un fait lié à mes peurs. Oui, mon enfance s'est écoulée sous le signe de la peur et souvent même de la terreur.

Pourtant, malgré ce père dont l'absence si longue a fait de moi cette héritière rebelle partagée entre haine et amour pour l'homme dur qu'il est, je peux jurer que j'ai connu des moments de bonheur intense et ces moments la vivent encore en moi.
Ce sont ces moments la qui laissent leurs empreintes indélébiles sur la mémoire des temps heureux. Ces petits morceaux de bonheur glané çà et là entre un printemps fleuri, un été brûlant, un automne chatoyant et un hiver à travers lequel résonnent encore les éclats de rires feutrés sous la ouate blanche de la neige.

Et ces moments je les dois à Ilug. Mon grand-père. Cet homme qui m'a protégé toute mon enfance et mon adolescence de la folie vengeresse de mon père.
Aujourd'hui il n'est plus et petit à petit, mon père resserre son étau, étant certain de son fait. Je le laisse penser qu'il va gagner. Je la joues stratégique avec lui. C'est tout bonnement une gigantesque partie d'échec à laquelle nous jouons, lui et moi, depuis trois longues années.

Il ne gagnera pas. Il n'obtiendra pas ce qu'il souhaite. Ou alors. Il faudrait qu'un miracle se produise. Et la druidesse que je suis ne croies pas aux miracles.

A l'instant ou j'écris cela mon âme reprend le sentier irrégulier menant mes pas jusqu'à la rivière, belle complice de ma plus tendre enfance. Je ne puis imaginer que tant d'années se soient écoulées depuis car l'eau de cette rivière coule dans mes veines et je me plais à imaginer qu'elle est la source même de ma vie ! Sans sa complicité comment aurais-je pu survivre à l'enfer qu'était si souvent le quotidien ? J'entends ses murmures sur les petites pierres que nous déposions çà et là afin qu'elle puisse s'amuser à trahir la monotonie d'une ligne trop sage.

Nature. La Mère ! que mes remerciements à ton égard sont grands pour avoir créé une chose aussi merveilleuse qu'elle ! Et merci à toi belle, majestueuse et divine Mère !

C'est par toi que j'ai appris à respirer, à vivre, à sentir, à ressentir et par-dessus tout à aimer! Lorsque mon cœur avait de la peine c'est près de toi qu'il venait chercher du réconfort.
L'odeur des blés dorés, le parfum des multitudes de fleurs, les effluves de la terre et des foins après la pluie, toutes ces odeurs à jamais inscrites sur le registre des meilleurs souvenirs m'emportent inlassablement vers cette beauté qui reste à mon égard unique richesse de ce bas monde ! Si souvent je m'allongeais sur l'herbe pour pouvoir épouser la terre et ne faire qu'un avec elle. Les papillons blancs venaient se déposer dans le creux de ma main. Ils restaient là, battant très légèrement des ailes, moi j'imaginais qu'ils étaient des anges et qu'ils se posaient là pour me consoler en me faisant comprendre que je n'étais pas seule.

Il fait encore sombre il fait également très froid. La blancheur de la neige fraîchement tombée offre à ce petit matin frileux une clarté douce et feutrée.
C'est ce moment précis que choisis mon harfang pour fondre sur mon épaule et m'apporter une missive.
Je ralentis alors le pas de ma promenade matinale afin d'en prendre connaissance.

Citation:
Salutation biscuitale,

Ma chère, je vous souhaite mes bons voeux du fond du coeur. Votre présence ma bien plus aidé que vous ne le croyez aussi je vous en remercie.

Je ne sais trop de quelles festivités vous parlez mais j'espère que vous vous amuserez beaucoup. Le principal quand on voit du monde étant de passer du bon temps à mon humble avis.

De mon coté de vais aviser sur comment faire pour l'avenir de la famille. J'ai beau me plonger dans le travail, il faut être honnête au bout d'un moment, il ne faut plus se voiler la face.
Mon époux est un absent, il me laisse gérer seule tout or c'est impossible.

En parallèle je vais en profiter pour continuer mon projet du chenil cela m'occupera.

Me permettez vous de vous écrire de temps à autre afin que vous soyez aux faits de ce qui se déroule à la maison?

Cookie vous fait un bisous.

Biscuitalement

Neyco de Fronsac


Le vent glacé souffle sur mon visage, comme c'est agréable malgré que de mes yeux, s'écoule l'eau que le sol gelé accueille humblement pour y dessiner des larmes de cristal…Il y a vingt ans jour pour jour que j'ai perdu ma mère et que ma vie a alors pris ce tournant qui m'a mené à ce qu'elle est aujourd'hui.

Le vélin est soigneusement replié et rangé afin d'y répondre plus tard.

Je redresses la tête, et essuies d'une main rapide mon visage de son sel gelé, car j'aperçois alors une haute silhouette blonde qui se profile non loin de là.

J'ai encore le poignard qu'il m'a confié la veille. Ce geste a d'ailleurs eu le don de me troubler profondément et de me faire paniquer. C'est que la dernière fois qu'un Danois m'a confié quelque chose cela s'était très mal terminé.
Mais plus tard dans la soirée, dans cette auberge, j'aurai l'occasion de le lui rendre en main propre.

La malédiction cette fois n'avait pas frappé.

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Charlyelle
J'étais sur la route, menée par quelques évènements imprévus, totalement, mais cela ne me perturbait pas, bien loin de là.
J'avais même insisté pour y aller. Je ne le savais pas moi-même pourquoi. Mais cet instinct qui m'avait soufflé qu'il fallait qu'il en soit ainsi.
Les aléas des chemins et voilà que je reconnaissais une sente ici. Une autre par-là. Un léger sourire nait sur mes lèvres et je me fends d'une plume gracile et de mon encrier.
J'avais une réponse à faire, cela tombait bien.

Quelques jours auparavant j'étais tombé sur une vieille connaissance. Fort bien connue, cela je ne pouvais le nier. Et si j'avais pensé que ma présence ne serait pas remarquée j'avais pour ce coup-ci, totalement l'instinct qui avait foiré. Missive m'était arrivée. Et tant mieux parce que j'avais ainsi bel et bien conclu qu'une page de ma vie s'en était tournée. Je le savais, et même si mon passé est condamné à me poursuivre je sais bien moi, que je l'ai remisé dans ma boîte à souvenir.
Même si ce passé là, n'est pas étranger à ce que je suis aujourd'hui. L'hydrique ivresse laisse toujours des traces et des séquelles lorsqu'on l'a connu.

Mais depuis peu, certains évènements étaient venus apporter un vent du nord dans ma vie. Et quelque chose me disait que ce vent là n'était pas près de cesser de souffler. Ce qui n'avait pas l'heur de me déranger.


Citation:
A vous, Neyco de Fronsac, Baronne de Hautpoul, Dame de Brassac de Belfourtès.
De nous, Charlyelle Ileana McAlayg de Kallipare, votre écuyère


Dame Biscuitée,

Je vous apporte quelques nouvelles afin que vous ne soyez pas inquiète. Tout va bien sur vos terres Limougeaudes. Oui. J'ai profité d'une petite excursion dans le coin pour vérifier et je puis donc vous assurer que tout est en ordre.

Je suis navrée pour votre époux, je n'ai pas de conseil à vous donner sur le sujet, je n'ai pour ma part jamais été dans votre situation. Mais je crois que je peux comprendre que cela vous perturbe quelque peu.
Soyez forte Dame Biscuitée, et puis ne désespérez pas, on ne sait jamais ce que la vie nous réserve, que ce soit dans un sens ou dans l'autre.

Parfois des personnes que vous croyez perdues à jamais réapparaissent dans votre vie, au moment où vous vous y attendez le moins. A ce moment là, c'est à vous de savoir ce que vous souhaitez faire de votre propre vie.
Personne ne peut le faire à votre place.

Le rassemblement festif des Ecossais devrait débuter sous peu.J 'ai été chargé de m'occuper de l'approvisionnement des moutons. Je crois bien que le Danois auquel je donne un coup de main doit sans doute déjà le regretter. Parce que je ne suis pas au fait des coutumes locales, et j'ai conclu l'approvisionnement à la manière de ce qu'il se fait sur mes propres terres.
J'ai cru comprendre que les us et coutumes n'étaient pas tout à fait les mêmes par chez vous !

J'ignorais que vous vous occupiez de venellerie. Faites donc si cela peut vous éviter d'avoir des pensées trop noires.

Embrassez aussi Cookie pour moi, j'espère qu'il ne traîne pas trop du côté des douves et de Dundee. Vous avez beau me dire que ce crocodile est particulier, personnellement, pour moi un monstre aquatique reste un monstre aquatique et je doutes qu'il soit aussi sympathique que Cookie semble le croire.

N'hésitez pas à me donner de vos nouvelles.

Respectueusement.

Charlyelle Ileana Mc Alayg de Kallipare.




Mon esprit s'égare un moment et je grimace en réalisant le jour que nous sommes. Un visage enfantin trotte dans ma tête. Une lueur de souffrance aussi. Parce qu'il est de ces gens que l'on apprécie plus que d'autres et auprès desquels il arrive que l'on foire complètement. Je ne sais pas, c'est le sentiment que j'ai quand je penses à cette gamine. Qui a bien du grandir.
D'un geste nerveux, je glisses quelques lignes sur un vélin. Je prends le risque qu'elle ne me réponde pas mais je commence à m'y faire à ce que le peu de personnes en qui j'avais accordé ma confiance, ne répondent pas à mes missives.


Citation:
Maelysa Jolie,

Je te souhaite un joyeux anniversaire. J'ignore ce que tu deviens, mais une chose est certaine : tu es toujours dans ma mémoire. Même si je me dis que c'est peut-être mieux qu'il en soit ainsi aujourd'hui.

Mais ma petite Mae qui a du grandir me manque. Il est parfois des silences qui signifient beaucoup. Et qui ne s'appellent pas oubli.

Caresse Eclair pour moi si tu l'as toujours.

Des nouvelles de ta part me ferait plaisir. Mais fais comme tu le sens. Moi aujourd'hui, j'ai senti que je devais te faire parvenir quelques mots.



Mon harfang est déjà dans les airs, en route pour aller délivrer les deux plis du jour à leur destinataire.
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