Afficher le menu
Information and comments (0)

Info:
Unfortunately no additional information has been added for this RP.

[RP]NK Games : ochd flaclach ou la joute à huit vers

Brygh_ailean
Le premier soir était tombé sur le Phare, les convives étaient rassemblés autour de la grande table à laquelle on avait ajouté quelques tréteaux. Pas de table à part pour les bannerets, pas de table à part pour les gueux. Les escotes étaient divisés en de nombreuses nations, les clans, mais au sein de chaque clan, les hommes et les femmes étaient égaux. Aussi partageaient-il le pain et le sel à la même table, qui qu’il soit, d’où qu’il soit, dans ces jeux qui rassemblaient toutes les nations.

Le vin avait coulé, la bière aussi, les rires avaient fusé, les larmes parfois. Ainsi en allaient-ils depuis la nuit des temps pour ces gens chez qui la tradition orale prédominait encore : une histoire, ce n'était pas que des mots, c'était aussi toutes les émotions qui font que l'on s'en rappelle avec fureur, effroi, passion, nostalgie ou admiration.

Alors la Grande brune se leva. Dans son regard de brume se reflétaient les flammes de l’âtre comme un soleil couchant sur la mer d’Irlande. Dans son regard d’acier se reflétait la détermination du peuple des libres, de ceux qui ne ployaient pas... Et pourtant, ils étaient là, les enfants exilés de la fière Alba, loin de chez eux, si loin.

Aussi, commença-t-elle la longue litanie des enfants perdus, par huit vers, comme le voulait la tradition, huit vers qui lui ressemblaient à elle, l’orcadienne née à Hoy, héritière d’un clan mullien, exilée en Périgord.


Voilà bientôt dix-sept longues années,
Que j’ai quitté mon île,
Si je crois parfois m’en être accommodée,
Mon âme est en exil ;

Je me languis de vous,
Mes Orcades, Mes Hébrides,
Ce monde-ci est fou,
Ignorant et perfide...


Elle resta debout, attendant que quelqu'un d'autre se lève pour prendre la relève, attendant que le silence s'emplisse d'une autre voix, répondant à la sienne, comme pour dire : "Ailean, tu n'es pas seule..." Une autre voix qui chanterait le pays de l'autre côté du mur... Une autre voix, et puis une autre, et une autre encore... Jusqu'à ce que les collines verdoient et le ciel s'embrase de milles feux, que les saumons jaillissent, et les moutons paissent... parce que partout où qu'ils soient, s'ils étaient ensemble, ils étaient chez eux.
_________________
Adepte des vertus insecticides du Camembert au Calvados.

... "Je ne parle pas aux cons, ça les instruit."
Lauene
Une foule de gens partageait le repas dressé sur une grande table. La longue dame brune* se leva et prit la parole. Huit vers qui résonnaient comme une complainte.
Le silence fit réponse.
Alors Lauene releva le menton. Elle se souvenait de cette période où elle était insouciante et gaie. Aujourd'hui elle ne se sentait plus nulle part chez elle mais elle avait envie de retrouver un peu de sa fraicheur d'antan.
D'une voix claire, elle entonna à la suite de Brygh.


Terre rebelle, terre cruelle,
Berceau d'un peuple brutal et fier
Aux paysages irréels,
Je t'ai laissée en arrière.

Une voix suave murmure :
Please never cry, Lady in green **
Les souvenirs ont la vie dure
Tu n'oublieras pas tes racines.


*Allusion à la dame brune de Georges Moustaki et Barbara.
** Dame en vert, ne pleure pas
Soren_eriksen
For fanden! Mais ils sont tous là, nostalgique de leur Écosse que moi je ne connais qu'à peine. Et il me mette au défi de déclamer un poème en plus? Moi qui ai toujours détesté la poésie au plus haut point? Il faut dire que quand on prend un coup de trique à chaque fois qu'on se trompe de mots, les vers on les enverrait bien dans le séant de celui qui tient la trique histoire de voir ce que ça fait!

- Non mais vous ne comptez tout de même pas que je vais réciter un poème sur l'Écosse après vous? Au lieu de déclamer des poèmes, vous feriez mieux de raviver le feu qui est entrain de s'éteindre. Non, parce que c'est une bonne idée de fêter l'indépendance...mais quand on a choisi d'être indépendant en hiver, faut assumer ses choix hein!

Quoi? Râleur moi? Que nenni votre honneur! Moi ici, j'apprends à devenir écossais! Et ce qu'on m'a dit sur eux, c'est que quand ils ne volaient pas des poneys dans la lande ou ne s'empiffraient pas de bière, qu'ils ne faisaient pas la guerre, alors ils passaient leur temps à se chamailler et à se taper dessus. Évidemment, je n'en suis pas encore là. Les mots d'abord. Les gestes ensuite. Et puis, il parait que c'est tout un art de déclencher un bagarre générale en Écosse. Et il parait aussi que les femmes sont rarement en reste.
- Et puis d'abord, pourquoi ne déclamez-vous point ces vers en gaélique? Hum?

Ton de défi.

- Et la cornemuse, elle est où?

Impertinence.

- Et la bière? Parait que la bière, c'était le secret des anciens bardes? Et celui des trouvères et autres troubadours de ce monde. Mère? Un peu d'Ale? Lauene? Besoin de se retapisser votre gorge? Non, évidemment, les poètes écossais ne sont guère connus...Je comprends et j'admire la difficulté que vous vous mettez! Mais si vous voulez de la bonne poésie alors, rien ne vaut...les anciens scalds danois!

Là, il n'y a plus qu'à se lever, à se racler la gorge et à répéter les maudits vers que cet abruti d'abbé a essayé de le maire entrer dans la tête au fer rouge!

Sig nærmer Tiden, da jeg maa væk,
Jeg hører Vinterens Stemme ;
Thi ogsaa jeg er kun her paa Træk,
Og haver andensteds hjemme.

Jeg vidste længe, jeg skal herfra ;
Det Hjærtet ikke betynger,
Og derfor lige glad nu og da
Paa Gjennemreisen jeg synger.

_________________
Brygh_ailean
S'il en était un pour rompre la tradition, il fallait que ce soit lui.

Qu'il s'agisse de vin ou de bière,
De la cheminée ou de l'hiver,
Soren, respecte la table de ta mère :
Si tu veux parler, parles en vers

Tu ne peux te souvenir du pays,
Tu y es né, en es parti,
Alors écoute donc le présent défi,
Et apprends ton histoire... à toi, aussi.


La grande se rassit à nouveau, non sans avoir passé tendrement la main dans les cheveux épars du blond torpilleur de ce que les écossais savent faire le mieux après la bagarre : être nostalgique. Elle adressa également un chaleureux sourire à Lauene, qui malgré la timidité qu'elle dégageait, s'était lancé. Une avocate avait dit Jehan... La relève était assurée.
_________________
Adepte des vertus insecticides du Camembert au Calvados.

... "Je ne parle pas aux cons, ça les instruit."
Arthanagor
A ce rythme, il va devenir la mascotte de tous les arracheurs de dents du royaume.
P'tain...même en trempant ces foutues miches pendant des lustres, on s'y casserait encore les dents. Elles sont aussi dures qu'un que les roches bleues des Highlands. On a dut l'ensorceller, ...lui jeter un sort , enfin quelque chose dans ce goût là pour qu'il ne soit pas foutu de sortir une fournée digne de ce nom.

Visiblement, il n'y avait que lui que ça devait gêner. Les autres s'empifraient des plats divers qui encombraient la tablée, se levant de temps à autres pour déclamer quelques vers. Les mots perçaient les brumes de sa mémoire, et dans son imaginaire, il revoyait les hautes montagnes qui bordent le loch aux eaux sombres,...la lande que se disputent la tourbe et la bruyère...toutes ces choses qui...qui s'évapore d'un coup quand il entend parler norse.
Inutile de demander d'où ça vient !!
La grande reprends le blondin, poétiquement, lui passant les mains dans sa tignasse. Seulement, là ou lui, lui aurait enfoncer le visage dans la première écuelle a portée, elle ne fait qu'un geste maternel
.
Crachant un morceau de gras, il dit:

Sans compter qu'a entendre parler le Norse
Me vient des envies de Fiery cross
Alors fais taire ta langue du nord
Avant que ne sorte ma Claymore

Parler ici n'est pas une obligation
Tu n'est pas dans ta fonction comtale
Mais bien à la table matriarcale
Alors respectes les traditions


P'tain...
Y'a vraiment des jours où il se demande ce qu'il fout ici.

_________________
Hadrien_mcfadyen
Hadrien y alla aussi de ses vers, espérant un peu détendre l'atmosphère.

Ce pays, je ne le connais
Qu'en me plongeant dans les yeux de Mamagh
Car moi Hady, je suis né
En Pays François sans faire de vague

Mais quand j'y pense , j'imagine
De grands seigneurs, guerroyant sous la lune
Des rochers drus et des collines
Que j'ai dans le sang grâce à une brune.


Il se rassit, évitant timidement les yeux vers sa mère. Il se demanda s'il n'avait pas été trop gnagnan. Pour un futur guerrier, c'était peut-être pas top... De toute façon avec Arth et Soren autour de la table, il allait être rapidement fixé.
_________________
Hadrien Mac Fadyen Duguesclin
Fils de Brygh Mac Fadyen et de feu BenDuguesclin

"Une mère folle et un père mort, ben y en a qui commence bien dans la vie" déclara la sage femme à l'enfant en l'extirpant du ventre de sa mère.
Brygh_ailean
Bryn ne se releva point. Elle se contenta de mettre la main devant sa bouche, pour retenir son émotion, comme si l'émotion, ça sortait par la bouche. Ca arrive, certes, mais dans ce cas là, on ne met pas la main. On court dans le jardin.

Elle se pencha donc sur le côté, pour serrer délicatement son cadet dans ses bras et l'embrasser longuement dans les cheveux.


Taing, mo grà*...

Elle reprendrait sans doute la parole plus tard. Là, il fallait juste qu'elle digère le bouquet d'amour qu'elle venait de se prendre en pleine face. Ca pique l'amour, au cas où vous ne le sauriez pas.

*Merci, mon chéri.
_________________
Adepte des vertus insecticides du Camembert au Calvados.

... "Je ne parle pas aux cons, ça les instruit."
Soren_eriksen
Visiblement, la tension autour de la table était montée d'un cran. Il avait suffi que je prononce quelques vers, reliquat d'une éducation menée du bout d'une trique pour que les sensations palpables en taverne castillonnaise reviennent planer au dessus de cette assemblée écossaise. Ça se lit sur les visages. Il n'y a pas à dire, l'ambiance est au morose. Fini les vers. Fini les plaisanteries. La tête penchée vers le sol, à la recherche de l'inspiration, celle qui ensemence l'esprit, celle qui fait lever les poitrines.

- Bon...

Passant la jambe au dessus du banc pour me dégager de la table, je me lève et me dirige vers l'époux de ma mère. Les deux bras appuyés sur la table, va t-il aussi fuir mon regard, l'esquiver ou accepter de le soutenir?

- Qu'est ce qui ne va pas aujourd'hui Arthanagor Urquhart? Hum? J'ai mangé trop d'ail? Je ne t'ai jamais demandé de m'apprécier mais si tu ne peux pas accepter que ma mère ait conçu un enfant avec un Eriksen avant de faire ta rencontre, ça, ça n'est pas mon problème! Tu fais ce que tu veux de ta vie Arthanagor! Après tout, c'est ton problème si tu la préfères ainsi. Moi, je la trouve sans goût, insipide et aussi attrayante que l'enfer éternel. La fière crosse que tu évoques n'a sans doute pas la même forme dans ton esprit que dans le mien. Tu fais ce que tu veux de ta vie et je ne te juge pas! La preuve, je suis capable de te parler en face...moi!

Mais c'est qu'il arriverait presque à me mettre dans une crise noire avec ses vers! Heureusement, l'autre fol dans mon esprit ne se manifeste pas pour l'instant. S'il y a un soir où il faut qu'il reste enchaîné au fin fond de mon esprit, c'est bien aujourd'hui!

- Depuis Castillon, je me demande pourquoi tu me hais vraiment? Après tout, on n'a pas le même sang, pas le même nom, pas les mêmes idées ni les mêmes idéaux. Alors pourquoi tu ne supportes pas ma présence? Faut-il donc que tu boives, chantes et manges à la table de personnes qui partage tout ça avec toi? On ne t'a pas appris dans les Highlands à apprendre des différences chez les autres? Dis-moi Arthanagor, qu'est-ce que tu détestes le plus? Que je sois le fils de Brygh? Que j'ai du sang scandinave qui coule dans mes veines? Que j'accepte de faire ce que je peux pour sortir la province qui t'entoure de son acédie, à ma façon? Ou que je ne te ressemble pas ? Dis-moi Arth, y'a t-il au moins quelqu'un qui t'ait parlé en face comme je le fais, qui ai osé te dire ce qu'il y a te dire? Ou tous ont eu trop peur de froisser le taciturne Arthanagor Urquhart? Je parle danois parce que c'est la langue que l'on m'a appris durant des années. Je parle françoys parce qu'il a bien failli que je mange quand j'ai été banni du Danemark! Je ne parle pas gaélique...parce que tu as refusé de me l'apprendre, parce que tu as même refusé de me raconter la moindre légende, la moindre anecdote sur le pays de ma mère! Et maintenant, c'est toi qui ose me reprocher mon parler?

Dans la vie, il y a des moments où il faut savoir trancher pour tenter de repartir sur de meilleures bases. La maison penchait dangereusement vers la droite? Mieux vaut tout casser et reposer des fondations plus saines.
_________________
Brygh_ailean
Elle n'avait pas envie de quitter la douce chaleur de son étreinte avec son petiot qui n'était plus si petiot que ça. Mais Soren débordait, comme souvent, irrespectueux, vindicatif, jouant à la victime.

Qu'on soit des plus disserts ou bien des moins affables,
Peu nous chaut sincèrement que tu rimailles en norse,
Pour ma part cela ne constitue pas même une entorse,
Car nous sommes tous en mesure autour de cette table,

De comprendre la langue de nos envahisseurs.
J'en déteste certains pour raisons personnelles,
Mais nous vivons ensemble sans haine et sans querelle.
Dois-je te rappeler que grand-père fût Sinkler ?


Comme pour prouver ces dires, elle se mit à déclamer, avec un léger accent qui rendait le danois encore plus guttural qu'il est naturellement :

I mörkret ligger jag och hör,
hur klockor dånar utanför
med långa, tunga, jämna slag,
som mörkrets djupa andetag.

De dövar allt och söver allt
och löser tingens dimgestalt
i långa, tunga, jämna dån,
som tanken aldrig lossnar från.


Un soupir plus tard.

Quelle est donc cette obscurité qui t'oblige
A toujours me contrer, à me pousser à bout,
A pourrir cette joute qui n'est que le vestige,
De la douceur de vivre qu'il existe chez nous ?

Parce que tu es mon fils je devrais pardonner,
Sous mon toit, de surcroît, ton manque de respect ?
Nous sommes là, pour jouter et pour nous amuser,
Pas pour subir tes sombres camouflets.


Elle se leva, finalement, fatiguée, pour aller prendre l'air un instant.

Continuez... je vous en prie...


* Dans l’obscurité je me tiens et j’écoute/comment les horloges retentissent dehors/avec des battements longs, lourds, réguliers,/comme la respiration profonde de l’obscurité.
Elles assourdissent tout et endorment tout/et défont les formes embrumées des choses/avec des battements longs, lourds, réguliers,/dont la pensée jamais ne se détache.

_________________
Adepte des vertus insecticides du Camembert au Calvados.

... "Je ne parle pas aux cons, ça les instruit."
Arthanagor
Quand le Danois se lève pour se diriger vers lui, le Nessien en fait autant, prêt a toutes les options possibles et imaginables : Toutes sauf une, si jamais vous imaginiez les voir tomber dans les bras l’un de l’autres dans une étreinte virile en riant après un coup de bluff.

Plantant son regard le siens, qu’il soutient, le blond se lance dans une tirade dont lui seul a le secret. Qu’on puisse parler autant pour ne rien dire, tenter d’expliquer ce qui ne s’explique pas surprendra toujours le taiseux qu’il est…et restera.
Tandis qu’ils en sont encore a se regarder dans les prunelles, c’est au tour de la grande de parler. Sans doutes veut elle calmer l’orage qui gronde, mais le Highlander manque de s’étrangler en l’entendant parler Danois et disant que tous ici comprenne cette langue. En gros : « Fermes-là Urquhart » comme elle pourrait le dire
.

Toujours en face du blond, une fois que la Grande Brune a fini...le Nessien, encore sur le qui-vive se lance :
-Tha thu chan eil gràdh orm a’ bhalach is tha gaol agam air Seurn (*)…dit le Highlandercelui qui va toujours dans le sens du vent. A force de te voir, ou te savoir faire des amis, et rire a ces «amis » dont tu as des foules, d’une bouche emprunté au derrières des poulesil marque un temps, et ajoute en mimant, toujours le fixant… "Ho !!! les gentils Flex et Sancte "…puis pointant une autre direction… " mon copain De Silly, et l’autre, la pulpeuse Lubna…et là-bas plus loin… mon ami Pertacus , celui que je rejoins alors que ma mère se tenait prête a affronter ses ambitions territoriales !! "....il fronce le sourciltu étais pourtant chef de lance à cette époque dans notre armée non ? …tu critique ma vie ? je plains la tienne !! J’aime raréfier sur mes pas les saluts, et m’écrier avec joies : Un ennemi de plus !!...seulement, pour moi, un ennemi, reste et restera un ennemi… si tu savais Seurn, comme on marche mieux sous la pistolétade excitante des yeux, comme sur les tartans font d’amusantes taches, le fiel des envieux et la bave des lâches…toi, la molle amitié dont tu crois t’entourer ressemble a ses grands cols d’Italie, ajourés et flottant, dans lequel ton coup s’effémine. On y est certes plus a l’aise…mais de moins haute mineil laisse sa tête aller mollement de gauche a droitecar le front n’ayant pas de maintien ni de loi, s’abandonne à pencher dans tous les sensil se redressemais moi…la haine, chaque jour me tuyaute et m’apprête la fraise dont l’empois force a lever la têteToujours soutenant son regardchaque ennemi de plus est un nouveau godron et qui m’ajoute une gêne, m’ajoute un rayon, car, pareille en tous point a la fraise espagnole, la haine est un carcan, mais c’est une auréole (**)

Surtout...ne pas quitter son regard.

Traduction du Gaélique d'Ecosse et divers
(*) Tu es le garçon que je n’aime pas Seurn…
(**) Un peu …non Beaucoup de Cyrano, ne fait pas de mal

_________________
Soren_eriksen
Enfin! Enfin, j'ai une autre explication que le mutisme et les phrases mystérieuses auxquelles il m'a habitué. L'abcès est enfin crevé. Il risque d'être douloureux pour longtemps encore mais de toutes les façons, nul espoir n'était permis tant que nous n'en passions pas par cette étape. Brygh s'interpose entre nous? Au moins en paroles?Et c'est moi qui prend l'opprobre? En ce sens, je la comprends: les liens du sang peuvent se distendre mais ils ne rompent qu'en de très rares occasions. Les liens amoureux, eux, sont plus profonds, plus pénétrants mais ils sont aussi plus cassants.

Maintenant. Maintenant je peux rompre le contact visuel, prendre du recul par rapport à lui et même lui tourner le dos pour aller ramasser le poignard qui est tombé de ma ceinture lorsque je me suis levé. Les traits du visage se détendent, le premier apogée de ma soirée vient de passer.


- Ainsi, c'est donc ça...

Un bruit métallique fend l'air. Ma dague vient reprendre sa place dans son fourreau.

- Tu ne m'aimes pas parce que tu me reproches d'être différent de toi? De ne pas me refermer sur moi-même et haïr tous ceux qui ne pensent et n'agissent pas comme moi? C'est ça?

    "C'est comme ça que tu le vois?

Tais-toi!

- Les noms que tu me cites ne me disent rien... Flex, Sancte, Henry de Silly...Sans doute font-ils partis de ce chaos insondable qu'est devenu ce pan de ma vie mais je ne remettrais même pas en question tes paroles. Oui, j'ai du connaître ces personnes. En revanche...

Mieux vaut que je prenne place sur ce tonneau, un peu à l'écart de la tablée. Paria un jour, paria toujours.

- Si j'en crois la suite, tu tires des conclusions bien hâtives sur des bases assez friables. Dis-moi, Arthanagor Urquhart, fier combattant des highlands, es-tu un adepte du manichéisme? La vie n'est-elle composée que de deux couleurs? Peut-on n'être que noir ou blanc? Ami ou ennemi? C'est assez réducteur comme modèle de pensée tu ne trouves pas? Je te pensais bien plus intelligent que cela! Je vais te décevoir sans doute mais non, je ne suis pas l'ami de Pertacus, je suis un de ses conseillers. Je ne suis pas d'accord avec toutes ses idées et je ne me prive pas de le lui dire. La gestion de Castillon? Une erreur monumentale? Tout autant que celle de déclarer la ville franche dans la manière que cela a été fait. D'un côté comme de l'autre, aucun plan d'avenir, aucune vision, rien! Mais je ne suis pas là pour faire un énième débat sur Castillon. Si tu veux des explications sur mon comportement, je t'en fournirais mais je ne suis pas sur que tu es prêt à entendre ce que j'ai à dire à ce sujet.

Le ton est calme, froid plutôt qu'emporté. Il me faut faire de gros efforts pour maitriser toute la fougue en moi, pour ne pas qu'elle déborde dans un déferlement passionné. J'ai appris de nos rares discussions en taverne à Castllon. Arthanagor n'est pas un homme de froide logique. Elle ne lui sert que de couverture, de paraître. Arthanagor Urquhart est un homme de sentiments. Sa façon d'agir est toujours mue par les sentiments. Tout! C'est sans doute pour ça que mère en est tombée amoureuse. Oui, cela ne m'étonnera pas qu'il en soit ainsi.

- Lorsque j'ai quelque chose à dire, je le dis. Mes amis sont rares pour cela contrairement à ce que tu prétends. Toi, visiblement, tu as décidé de haïr tout le monde et de frapper sur tout ce qui bouge, de te refermer dans un mutisme que peu de personnes recherche. Voilà ta solution aux problèmes actuels de ce coin de pays que tu as visiblement choisi comme terre d'accueil. Et tu voudrais que j'en fasse autant? Non! Cela ne me ressemble pas. Cela n'est pas moi! Moi, devant l'inertie et l'apathie générale, j'ai décidé d'agir, me présenter au conseil pour essayer de changer les choses. Moi, Arthanagor Urquhart, je n'ai pas peur d'échouer. Là où tu dois choisis l'ignorance, le dédain, le recroquevillement sur soi-même, moi je choisis de relever le défi à ma façon, de m'impliquer, de proposer des changements, de tenter de mettre en place ce que je crois être justice et correct. Je ne cherche pas un changement radical et brutal. Je prends les victoires, si infimes soient-elles, une à une et je bâtis dessus. En quoi mon comportement serait-il moins honorable ou moins courageux que le tien Arth? Veux-tu que je te dise? Regarde! Regarde le nombre de personnes qui osent se présenter à une élection comtale et ceux qui ont répondu présent pour aller se battre au nom du comté à Castillon. De nos jours Arth, il est plus facile de prendre une épée à la main et de suivre des ordres! C'est ce que tu as fait. Mais se présenter au conseil du Périgord-Angoumois, accepter tous les reproches car il y en a toujours, tenter de changer les choses, prendre d'autres types de coups que ceux d'une arme qui eux disparaissent rapidement, ça on voit manifestement que cela fait plus peur! Pourtant, je crois que ceux qui ne se plaisent pas dans la situation actuelle ont plus de chance de changer les choses en se présentant au conseil qu'en prenant les armes ou pire...en se refermant dans un mutisme que je ne qualifierais pas pour éviter d'envenimer la situation!

Souffle, reprends ta respiration sinon tu n'arriveras jamais au bout.

- Tu es un fat Arth, si tu crois que je recherche les honneurs en agissant ainsi, un fat qui se contente d'une lecture unidimensionnelle de son environnement. Sincèrement, je te croyais plus subtil que cela car tu as su séduire ma mère. A la guerre, les vainqueurs sont ceux qui sont capables d'anticiper plusieurs coups à l'avance. Pourquoi es-tu donc si aveugle dans tes raisonnements aujourd'hui? Si peu subtil à percevoir les choses? Tu te contentes de l'apparence...et encore des détails de l'apparence qui te conviennent. Tu effaces le reste: les détails qui vont à l'encontre de là où tu veux aller et surtout, tu oublies volontairement ce qu'il y a au delà de l'apparence. Tu oublies simplement de réfléhir Arthanagor Urquhart. Tu peux être fataliste si tu le veux et mais n'oblige pas à l'être. Ne m'oblige pas à vivre à ta façon parce que je ne le désire pas. Je te le dis Arth: ce que tu me reproches, je vais continuer à le faire: je vais donner des chances à ceux qui veulent courir. Encore et encore. Je ne baisserais jamais les bras parce que baisser les bras, c'est dire à notre génération et aux suivantes: tant pis pour vous! C'était mieux avant et ça ne le redeviendra jamais! Ça, c'est l'état d'esprit de vieilles rombières aigries par les difficultés de la vie! Et moi, je veux vivre. Vraiment vivre! Pas attendre la mort! Fonce, gère, et assume! Voilà ce que je fais et continuerais à faire. Je vais le faire pour moi par je suis un affreux égoïste. Je vais le faire pour Hadrien parce que je vais qu'il puisse avoir une chance, si infime soit-elle, de retrouver le Périgord d'antan lorsque son père et sa mère y ont régné, je vais le faire pour ton fils et pour tous ceux qui aujourd'hui arrivent dans ce pays et se désolent de la situation, pour tout ceux qui malgré cela veulent que ça change! Et je vais le faire à ma manière parce que je crois qu'elle est plus efficace que la tienne! Maintenant...

    Tu t'emportes! Reviens à l'essentiel, à ce qui occupe l'instant présent et à cette soirée qui aurait du être bien plus sereine.

- ...pour cette femme qui t'aime comme peu dans ce pays aiment un homme, pour cette femme qui est ta compagne et qui, quoi tu veuilles, est aussi ma ma mère... Pour elle, déchaîne une fois encore ta haine envers moi et passons un pacte toi et moi : je ne te demande pas de m'apprécier ni de cautionner mes gestes ou mes paroles. Je te demande simplement que lors des réunions de famille, nous puissions nous côtoyer. Pas pour nous, mais pour tous les autres qui n'ont pas à subir nos différends.
_________________
Arthanagor
Le Nessien regarde le Danois perché sur son tonneau, et écoute sa litanie… " Siffle, siffle beau merle…. " Dirait le vieux Gilmore.
Quelque hochement de tête, plus ou moins approbateurs suivant les propos, assortis de quelques sourires narquois
:
- Ca y est ? t’as fini ?....demande le Highlander….la discussion est close alors. Maintenant, tu vas chercher ta mère…et moi, comme tu l’as si bien dis, je vais retourner a mes occupations et vous laisser….pour ne pas imposer nos différences si j’ai bien suivis tes propos….

Se tournant vers les présents, il dit, quittant la tablée :
- Tha mi duilich.... (*)

Traduction du Gaélique d'Ecosse
(*) Je suis désolé


_________________
See the RP information
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)