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[RP] Le Moulin Bleu

Falco.
Le départ d'une rousse volubile et qui ne passait pas inaperçue avait permis à notre faucon de reprendre son poste d'observation habituel.

Son regard était posé sur l'horizon, au nord-nord-est de sa position. Ses yeux clignaient rapidement, quelques cris sortaient de son gosier, ses pattes et ses ailes semblaient mues par quelque force surnaturelle, du moins échappaient à son contrôle.

Un coup d'oeil vers la rivière, et il vit son ami humain plonger dans l'eau, sous le regard goguenard de Champagne et de Chantilly, deux fort sympathiques canards qui lui rappelaient Ducky et Liesel. qu'avait-il donc à essayer de se prendre pour un palmipède ?

L'air était calme mais il ressentait du changement. Manifestement, l'air était porteur de nouvelles.

Hésitant entre rester au côté de son ami, et attendre sagement la suite des événements, ou prendre son envol et tenter d'en apprendre davantage, de savoir ce qui lui causait cet émoi. C'est que les derniers événements avaient été préoccupants.

Voyant son ami sous bonne garde, en langage inter-espèces des oiseaux, il le confia à la garde des deux canards. De toutes les façons, vu l'heure, il était fort probable que Nannou, qui progressait de jour en jour dans leur langue, ne tarderait pas à arriver. Quelques degrés de course encore pour le soleil, et elle serait là.

Cédant finalement à cet irrépressible besoin qui le parcourait d'une aile à l'autre, il poussa quelques cris, quatre, et les ailes déployées, une petite poussée sur les pattes, il s'envola vers l'inconnu. N'arrivant pas à croire ce qu'il ressentait comme une évidence.

Déjà, Mortemer ne devait plus apercevoir qu'une ombre qui rapetissait à vue d’œil.
Nannou
Nannou avait été triste de voir partir Gwen. Certes, elle avait mi un foutoir terrible au moulin mais Nannou ne lui en voulais pas car elle lui avait fait de magnifiques cadeaux. Sa merveilleuse musique tout d'abord, la joie de pouvoir danser avec Mortemer au bal, et puis... Elle lui avait permis d'entrevoir ce qu'avais été la vie de son troubadour sur les routes, des morceaux de son passé auxquels elle croyait ne jamais avoir accès.

Nannou se sentait un peu moins fatiguée, la potion de Tess faisait des miracles. Elle n'avait pas encore complètement récupéré, deux bonne nuits de sommeil ne suffisaient pas mais au moins elle pouvais faire semblant d'aller mieux.

En arrivant au moulin, elle regarda instinctivement la cheminée, mais ressentit un malaise quand elle compris que Falco s'était absenté.

Mortemer se tenait torse-nu devant un grand feu, probablement suite à une énième tentative d'apprendre à nager. Il se tourna vers elle et elle se figea un instant, le regard involontairement fixé sur l’immense cicatrice. Elle s'en voulu de sa réaction et s'approcha de lui, sans dire un mot, de crainte que sa voix trahisse ses émotions, l'embrassa tendrement et resta longuement enlacée dans ses bras.
Elle profitait de chaque moment passé avec lui comme si c'était le dernier. Toute la journée, elle imaginait tous les scénarios possibles et peu se terminaient bien, si bien qu'elle avait l'impression de lui faire ses adieux dés qu'ils se quittaient.


Bon je vais aller me mettre au travail.


Laconique, Nannou fila dans le moulin. Elle mis la meule en route et attaqua sa production qui avait pris pas mal de retard ces dernier jours.

Le matelas se trouvait toujours devant la meule. Nannou le regarda avec envie, elle pouvait bien s'allonger un instant, la meule n'avait pas besoin d'elle de toute façon.
Elle s'assit, et sorti son flacon de sa besace. Il était vraiment petit, ce flacon! Elle s'en voulait de ne pas avoir demandé à la botaniste ce qu'il contenait. Mortemer faisait pousser toute sorte de plantes au moulin et qui sait, peut-être qu'il s'en trouvait une qui entrait dans la composition du sirop.

Une petite gorgée, rien qu'une...
Nannou ne pu résister à l'appel de son flacon et avala une toute petite gorgée, puis couchée sur son matelas moelleux sombra dans un profond sommeil, espérant ainsi'échapper à ses angoisses le temps qu'il durerait.
Mortemer
Mortemer regardait le grand faucon prendre son envol quand Nannou lui tomba dans ses bras.
Le faucon poussa quatre cris ! Oui, il savait qu'un événement important allait se produire, un événement heureux sans doute, d'après l'intonation des cris.
Il n'eut pas le temps d'y réfléchir plus.

Il serra tendrement Nannou dans ses bras. Toujours la même émotion, la même joie, chaque jour renouvelée, plus forte même.
Il souffrit que son regard s'attarde sur son torse. Il aurait préféré qu'il ne se pose que sur son cœur.
Avec des gestes maladroits, il remit sa chemise et tenta de la retenir, mais elle s'enfuit vers le moulin, balbutiant des mots vite prononcés.

Quelques coups de râteau pour attiser le feu, puis Mortemer alla la rejoindre.
C'était un jour de fin d'été dans l'antichambre de la forêt. Les rideaux tirés bâillaient un peu.
La lumière entrante clignotait. L'eau claire, coulant sur la roue à aubes, se faisait entendre et tremblait sur le bois des palles, frêle escale du flot en partance.

Nanou dormait. Comme chaque fois qu'il la voyait ainsi, le désir s'éveilla en lui.
Nannou dormait, Nannou rêvait. Nannou dormait d'un sommeil profond, inhabituel.
Sans doute ce sommeil la reposait, lui permettait d'affronter ses journées, d'avoir un semblant de vie,
mais il ne résoudrait pas ses angoisses qui reviendraient plus fortes encore à son réveil.
Il se baissa et ramassa la petite flasque de médicament que lui avait donné Tess_maria.
Il l'ouvrit et respira les effluves des plantes. Il se mordit la lèvre et ses sourcils se foncèrent.
Il connaissait ces plantes, elles étaient efficaces, mais pas inoffensives et surtout on pouvait rapidement s'y accoutumer.

Un instant, il eut envie de jeter la fiole dans la rivière, mais telle n'était pas la solution.
Il n'avait jamais fait cela, il avait toujours laissé Nannou agir à sa guise, la conseillant parfois, l'aider à garder confiance en elle, mais jamais avec autorité.
Nannou devait affronter elle-même ses problèmes, il l'aiderait, mais pas de cette façon-là.

Il lui parlerait, il lui expliquerait ce qui lui était arrivé jadis, ce qu'il avait enduré, ce pourquoi maintenant il ne buvait que de la camomille.
Il voudrait.. Il regardait, il savait qu'il ne pouvait en faire plus pour l'instant et qu'il lui suffisait de rester là, debout dans la lumière, dépourvu de gestes et de mots, avec ce désir d'amour qui l'enfiévrait.
Nannou
Nannou se réveillait de son profond sommeil.

Non non pas maintenant, encore dormir.

Elle se retourna pour essayer de retrouver le sommeil mais vit Mortemer, debout, immobile, tel un ange protecteur. La meule était arrêtée, combien de temps avait-elle dormi?

Elle s'assit sur son matelas, elle ne voulait plus jamais quitter son matelas qui qui lui paraissait tel une bulle protectrice en dehors de laquelle restaient tous ses problèmes. D'ailleurs, elle aurait voulu dormir tout le temps et ne plus jamais se réveiller.

De toutes les souffrances que lui avait fait subir l'homme cochon, il en était une qu'elle supportait de moins en moins : il l'avait transformée. Elle devenait tout ce qu'elle détestait, une meurtrière en puissance, une perfide, une menteuse,et surtout, elle mentait sans arrêt à Mortemer, chose qu'elle n'aurait jamais fait auparavant et qui la dégoûtait par dessus tout.

Il faut dire que Nannou partait en vrille quand on faisait du mal à l'un de ses proche, alors là il y avait de quoi... Elle avait échafaudé des tas de plans, tous plus illégaux les uns que les autres, tous se finissant mal, la menant au mieux directement en prison. Elle s'était enfin procuré une arme, soigneusement cachée, qu'elle utiliserait en dernier recours.

Elle s'assit sur son lit posa sa tête sur ses genoux. Parler, il fallait bien dire quelque chose, elle n'allait pas rester là muette...


J'ai dormi longtemps?
Mortemer
Mortemer caressa de la main la tête de Nannou posée sur ses genoux.
Citation:
-J'ai dormi longtemps? Dit-elle.

Il eut un sourire triste et répondit:

-Tu as un peu dormi, oui! Mais ce n'est pas le sommeil qui atténuera ton angoisse.
Vois-tu, nous allons recevoir des nouvelles, des informations qui nous aiderons dans cette affaire et le coupable sera bientôt confondu.
Nous comprendrons mieux ce qui s'est passé, cela nous soulagera. Nous oublierons le plus mauvais, il ne nous restera que l'image de l'amour qui nous lie et de la tendre préoccupation que nous avons l'un pour l'autre

Il jeta un regard un peu angoissé vers la fiole.

-Tu en a pris beaucoup? Il me semble un peu trop! Je te sens alanguie.
Nannou, il faut que je te dise... il faut que je te parle...


Sur le ton de la confidence d'une voix creusée par l'émotion:

-Tu sais, quand j'ai quitté Gwendolina, quand nos amis troubadours sont morts, quand Mélinée est morte, j'étais à Fecamp. J'ai cru trouver le répit dans le calva, cela me faisait dormir, oublier... Mais au réveil, c'était encore pire! Alors, je rebuvais...Je buvais du calva du soir au matin, et du matin au soir. Je n'étais plus que l'ombre de moi-même, ne me nourrissant plus, trébuchant à chaque pas... la vie m'était insupportable... Je marchais au bord de la falaise espérant faire le faux pas qui m'entrainerait ailleurs.
Et puis un jour, un chamane m'a ramassé. Il m'a enfermé dans sa tente enfumée. Je suis resté là deux mois à souffrir comme un martyr. L'homme venait me nourrir, enduire mon corps de plantes, chanter aussi. Puis, un jour, j'ai guéri. J'avais toujours les mêmes soucis bien sur, mais la vie était là, devant moi, et je voulais la continuer. Depuis, je n'ai bu que de la camomille!


-Nannou, il pourrait t'arriver la même chose avec cette potion. Si tu continues à la prendre, tu ne pourras plus t'en passer! Je comprends que tu sois bouleversée, atrocement malheureuse, inquiète, car je suis comme toi. Mais ce n'est pas en nous détruisant que les choses avanceront. Cet homme, vois-tu, aime la souffrance des autres, il s'en repaît, c'est ce qui le fait jouir sans doute et, en plongeant dans le malheur, tu joues son jeu. Il sera ravi!
Restons lucides, même devant le pire, et travaillons à trouver des indices des documents ou des personnes qui apporteront des preuves pour savoir ce qu'il est, pouquoi il est ainsi.

-Nannou! Je t'en supplie, ne te détruis pas, je t'aime et j'ai tant besoin de toi!


Il prit sa main et l'embrassa doucement.
Nannou
Nannou écoutait attentivement les paroles de Mortemer.
Mortemer toujours tellement joyeux, toujours optimiste qu'elle en oubliait parfois qu'il avait vécu des événements bien plus tragiques que ceux d'aujourd'hui.

Elle découvrait stupéfaite son ancienne addiction, et la raison de la camomille.

Une fois encore, il savait la toucher, la dernière phrase en particulier fit mouche.
Les mots lui faisait défaut, ils viendraient une autre fois.
Muette elle lui tendit la fiole et se réfugia en larme dans ses bras.
Mortemer
Quelques temps après

Mais que se passait-il donc encore dans ce moulin????
Le bleu obstiné du ciel contemplait ce grand remue-ménage, lançant ici et là des écumes, des signaux, de petits nuages blancs qui parvenaient à ramener un peu de calme, à sauver quelques parcelles de beauté, pour que le décor tienne, au moins jusqu'à la fin des travaux.
Coups de marteau, bruits de scie, craquements, claquements, grincements... cri de douleur!
Mortemer qui sortit du moulin en sautillant et qui alla plonger son pied dans l'eau fraîche de la rivière. Le marteau serait-il ensorcelé pour se dévier ainsi de sa trajectoire ou simplement Mortemer maladroit?


Le moulin fourmillait de vie.
Deux nouveaux humains étaient venus s'installer dans les combles, dans des chambres aménagées et venaient y dormir quand ils étaient lassés de la taverne.
Mortemer avait rangé dans un coffre la belle couette duveteuse que leur avait offerte Gezekell et rêvait de nuits glacées où ils s'y blottiraient dessous, Nannou et lui.


Parmi la gente animale, il y avait aussi beaucoup d'animation, les oiseaux de Gezekell en attirant d'autres, sortant des profondeurs du bois pour accueillir ces étranges compagnons venus de nord-est.
Le faîtage du moulin était un perchoir convoité pour beaucoup.
Champagne et Chantilly, les deux canards maîtres nageurs, firent les honneurs à Ducky et à la jolie Liesel de leur mare, piscine de Mortemer.
Un grand duc fit ses approches séduit par la candide Alba.


Le soir tombait et Mortemer contempla son œuvre. Il finirait demain.
Puis, il se posa sur un rocher, comme font les oiseaux sur les branches.
Le ciel devint d'un bleu sombre et pur.
La lune monta et se remplit.
Il applaudit.
--Isop


Seule Isop, la serpente, râlait.
Depuis hier, elle avait mis bas sa progéniture, fruit d'une tumultueuse aventure avec ce séduisant serpent cornu, rencontré près du pont enjambant la Charente.
Quelques, frissons, quelques soubresauts et voici venus au monde trois serpenteaux qui aussitôt nés, se précipitèrent vers de pauvres insectes qu'ils gobèrent voracement, sans un regard pour leur mère qui avait eu soin de les concevoir si beaux!

D'ailleurs elle-même ne ressentait aucun instinct maternel. Elle le observa un instant un peu étonnée, ne le prénomma pas, car ce sont seulement les hommes qui nomment ceux qu'ils côtoient, puis vaqua à des occupations plus sérieuse: Dormir au soleil!
Mais, dormir que d'un oeil car l'autre, comme une girouette, arpentait les quatre points cardinaux, sa langue bifide dardée et prenant un air féroce tel un de ses ancêtres dragons dont parlent les légendes et dont elle est si fière d'en être la descendante.
Arylis
Arylis avait marché dans la forêt, se perdant probablement, prenant sûrement plus de détours que de raccourcis. Et si ses déambulations dans les rues de Saintes n'avaient pas apaisé les angoisses du voyage, ses pérégrinations entre les arbres avaient carrément tendance à les accroître. Il faut dire qu'elle n'allait en forêt que pour bûcheronner et que, depuis le tragique épisode de l'Homme-Cochon, l'endroit lui était encore plus désagréable.
Pourtant elle continuait à avancer, vide de toute pensée et pleine d'un mal-être envahissant.

Soudain, le haut d'une roue à eau apparut. Une main étrangère pressa le coeur en détresse de la brodeuse qui releva ses jupons pour courir vers la bâtisse.

Nannou !
Mortemer !


La blonde trébucha et dut ralentir. Elle saisit alors les tissus encombrants à bras le corps pour s'élancer vers le Moulin.

Nannouu !
Nannou
Nannou était affairée à sa meule, et malgré le bruit que faisait celle-ci entendit les cris venant de l'extérieur :

Nannou !
Mortemer !


Passant la tête par la fenêtre, elle aperçu sa copisoule qui accourait dans un équilibre instable dont elle seule avait le secret.
Elle se précipita dehors pour la recevoir et... la reçu en pleine face. La brodeuse, fidèle à sa réputation avait mal apprécié sa vitesse et la distance qui la séparait de la rivière, et l'élan aidant précipita sa personne et celle de la meunière dans l'eau.


Ah tiens pour une fois ce n'est pas Mortemer qui me jette à l'eau!


Habituée aux baignades fortuites, Nannou prit l’évènement à la rigolade :


Alors, tu es rentrée?
On va faire un feu pour se sécher et tu vas me raconter...


Nannou cherchait Mortemer du regard, voir si il pouvait leur allumer un bon feu.
Arylis
Ah tiens pour une fois ce n'est pas Mortemer qui me jette à l'eau!

Arylis répondit d'un rire étranglé.

Je suis désolée Nannou ! Je suis si contente de te voir et voilà que je nous met dans la rivière ... On ne se refait pas hein ?!

Les deux jeunes femmes sortirent de l'eau, légèrement frissonnantes car, l'air de rien, l'automne commençait à se faire sentir.

Alors, tu es rentrée?
On va faire un feu pour se sécher et tu vas me raconter...


Oui ... ça y est ! Nous sommes enfin rentrées ...! Du coup, je suis venue pour te remercier encore d'avoir ... fermé la Dentelle, et aussi pour m'excuser ... de vous avoir inquiétés.
Et vous, comment allez-vous ?


Le débit de la brodeuse était haché et sa voix tremblait légèrement. Le sourire et la voix de Nannou étaient comme des piques qui harcelaient la bête d'angoisse. Celle-ci continuait pourtant à s'accrocher, et Arylis sentait son estomac se vriller sous l'effet des griffes qui refusaient de lâcher prise.
Mortemer
Plouf ! Plouf !

Mortemer entendit le double plouf qui vint perturber son intense méditation.
Il était en ce moment assis dans les roseaux, une canne à pêche à la main, les yeux écarquillé, fixant le bouchon de liège
qui devait lui annoncer la prise d'un poisson pour leur déjeuner.
En fait, depuis déjà bien longtemps l’appât avait été grignoté par les carpes qui se riaient de lui et il ne baladait dans l'eau qu'un hameçon nu.
Mais qu'importe, il se laissait porter, l'esprit vide de toutes pensées, sensible simplement au ressenti de toute cette vie qui fourmillait au bord de la rivière.

Il se dressa d'un bond et vit les deux copisoules pataugeant dans la fange.
Arylis ! Arylis était revenu des son immense voyage !

Il s'avança vers les deux jeunes femmes, montra à Nannou ses mains bredouilles avec un petit air penaud, puis, il sourit à Arylis.


-Enfin, Arylis, petite libellule ! Te voilà de retour ! Tu sais que tu nous as fait peur ! Mais venez, venez vous sécher et vite, car il fait frais !

Il ramassa quelques bois qui traînaient et en fit rapidement un grand feu, qui crépita de joie, les invitant à venir s'asseoir.
Observant Arylis d'un regard attentif, il la sentit encore toute pantelante, toute bouleversée !


-Arylis, Arylis, il faut que tu nous racontes, que tu nous dises ce que tu as vécu, cela te soulagera ! Ainsi, tu chasseras tes fantômes et tes peurs !
Nannou
Nannou, utilisant un langage sans mot dont ils avaient l'habitude, remercia du regard Mortemer pour le feu et lui fit signe que tant pis pour la pêche.

Le papillon n'avait pas encore l'air de s'être remis de son périple, la voix tremblante d'émotion.

Elle pris Arylis par l'épaule et l'emmena s'assoir près du feu et lui fit un sourire, l'engageant ainsi à parler.
Arylis
En quelques minutes Arylis se retrouva devant un feu réparateur.
Elle sentait que la voix chaude de Mortemer finissait lentement le travail commencé par celle de Nannou. Et ces deux sourires amicaux qu'elle était plus qu'heureuse de contempler, eurent raison de son abattement angoissé.

Sans crier gare, la brodeuse saisit les mains de ses amis dans les siennes et cacha ses yeux clairs derrière ces remparts improvisés. Cela ne dura que quelques secondes, puis la blonde se redressa en inspirant un grand coup.
Les larmes coulaient toujours, incontrôlables, mais son visage tout entier rayonnait.
Et elle riait.

Sans lâcher les mains amies, Arylis se mit à raconter, riant, hocquetant parfois.

Au début ... Horrible ... Les cordes ... La charette ...

La douleur et la peur étaient lessivées dans le torrent salé qui dévalait les collines de ses joues rondes.

Thémis ... Fleur de sel ... Euphrate ... La plage ... Sarah et l'Angélique ...

Le flot de souvenirs qu'elle brassait pour les musiciens était un baume apaisant sur les griffures laissées par la bête.

Et puis Poitiers et l'Imaginarium !
Je suis certaine que vous apprécieriez Salvador ! C'est un personnage !


Cet épisode là dura longtemps, comme celui de la soule à La Trémouille. Puis la brodeuse raconta son retour, son impatience. Et finalement son incompréhension quand, passer les portes de la ville n'avait pas suffit à l'apaiser.

Même la Dentelle ne m'a pas soulagée totalement. En même temps elle était fermée.

Arylis sourit à Nannou puis médita quelques minutes une drôle d'idée.

Je crois que finalement, au-delà de Saintes, de ses pierres et de ses pavés, se sont les gens que j'y côtoie qui me manque. Certes, les murs et les ardoises sont rassurantes, mais ce qui fait son charme et sa vie se sont les saintais. Ce qui fait son importance à mes yeux, c'est l'abri qu'elle offre aux gens que j'aime.

Les yeux clairs s'attardèrent longuement sur Nannou, puis sur Mortemer. Le miracle avec ces deux là, c'était que bien souvent, les mots étaient de trop. Et aussi surprenant que cela puisse paraître venant de la babillante brodeuse, à cet instant, elle apprécia le silence souriant du couple.
Mortemer
Mortemer avait ressenti le désarroi de la brodeuse comme un choc.
Comme toujours, quand il y avait douleur, elle le pénétrait, allait s'insinuer dans les fissures de son être et le bouleversait.

Le feu séchait lentement les vêtements des jeunes femmes et Nannou et Mortemer écoutaient le fabuleux voyage d'Arylis.
Elle parlait, se confiait et ils étaient là, lui tenant la main, l'aidant, par leur attitude réceptive, à se soulager et tous les deux voyaient au-delà des mots.

A travers ses paroles précipitées, cette eau salée qui la soulageait, ruisselant sur ses joues, son attitude d'oiselet fragile, Mortemer ressentait sa souffrance.
Il ferma un instant les yeux, se souvenant... se souvenant de ce qu'il avait appris jadis, il y a si longtemps...si longtemps...
Cela devait lui revenir, oui, pour aider Arylis !
Mortemer se concentra, puis sa main qui tenait celle d'Arylis, devint plus légère, plus chaude comme s'il émanait d’elle un rayonnement apaisant.
Il ouvrit les yeux et plongea son regard couleur d'une aube douce dans celui si clair d'Arylis.
Il chercha... Il trouva... Alors, une légère ride creusa son front, entre ses deux sourcils et il comprit sa souffrance, il la ressentit et la partagea, allégeant ainsi la jeune femme, la rassurant, l'apaisant.
Il continua son exploration pour trouver en elle ce minuscule petit point, cet infime espace de calme, comme un petit lac d'eau pure, caché dans les méandres de sa mémoire et doucement y conduisit Arylys, pour qu'elle y trouve quelque repos.

Il ne savait pas si cela avait aidé Arylis, il ne maîtrisait pas bien encore ce pouvoir, il y avait si longtemps...
Il avait tenté. Il y avait mis toute son énergie et maintenant l'épuisement se faisait ressentir.
Il relâcha son attention, tourna le regard vers le feu, puis vers Nannou, semblant lui dire "j'ai fait ce que j'ai pu!".
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