Ryoka_lavorel
De retour de Lorraine ou il avait voyagé avec sa cousine pour affaires, le jeune homme neut pas même le temps de profiter de ses nouvelles terres quil devait déjà repartir encore plus au sud. Cétait le pays de son enfance qui lappelait à nouveau, et encore pour une cérémonie. Une cérémonie des plus importantes, puisquil sagissait dun mariage. Ryoka aimait les mariages, tout le monde était content, tout le monde souriait, et les mariés narrivaient jamais en retard, normalement. Chose qui était loin dêtre certaine dans son cas puisque même à dos dâne, il en avait encore pour un moment à traverser les paysages morts du Dauphiné. En effet, à défaut de savoir monter à cheval, ou encore savoir monter les ufs en neige, il avait du choisir lâne le plus rapide de son écurie, quil avait baptisé Thibéri-âne pour loccasion. Déjà parce que cest un prénom qui le faisait rire, et que le jeune châtain aimait bien rire, mais en plus parce que comme cela il ne risquait pas doublier pour quelle raison il était partit. Et puis une fois sur place, si lanimal arrive à se reconnaitre avec ce prénom, cela pourra toujours donner des confusions intéressantes. Rien que lidée de voir débarquer le bestiau dans la cérémonie au moment ou le marié est appelé serait un moment qui naurait pas de prix. Pour le reste, il y a les écus.
Ainsi, encore et toujours sur des chemins déserts, Ryoka arpentait avec son compagnon au milieu de paysages froids, le regard perdu dans un ciel drapé de blanc. La candeur dun esprit qui saffinait avec lâge mieux vaut tard que jamais le faisait rêver beaucoup. Et en ce jour, le rêve en était à ce fameux mariage. Il essayait de simaginer un marié arrivé en avance les cheveux en bataille, et une mariée cherchant par tous les moyens à développer chez son futur époux une érection spontanée au moindre regard. Cétait ça, pour lui, lévènement auquel il allait assister. Au mariage dun couple atypique, de drôles de nobles, dont la demande avait été réalisée dans des conditions pour le moins étonnantes. Pour cela, il pouvait être fier le Lavorel, il avait plus ou moins participé à sa manière à cette demande, puisquelle avait eu lieue au cours dun bal quil organisait, si tant est que lon puisse encore appeler cela un bal après la tournure quil avait fini par prendre.
Les yeux noisette toujours dans la neige des cieux, tombèrent par inadvertance sur la ville de Lyon qui se dessinait droit devant lui. Pour une fois, son sens de lorientation ne lavait pas trahi, il lavait mené droit à destination, et avant même quil neut le temps de dire ouf, au cas ou il aurait envie de dire ouf sait-on jamais, il avait le sensuel castel en visuel. Le moment était venu dabandonner Thibéri-âne, afin de retrouver Thibérian. Ryoka ne savait pas vraiment qui était invité à ce mariage, si ce nest quil était presque certain quAxel et Thibérian seraient de la partie. Dans tous les cas, il avait intérêt à planquer le bourrin sil ne voulait pas se tourner en ridicule dès son arrivée. Déjà quil avait récupéré une terre qui sent la saucisse, sil est accompagné dun âne chaque fois quil se montre en société il finira par devenir complètement infréquentable.
Déjà il avait fait un effort sur le côté vestimentaire, histoire déviter dattirer lattention sur lui. Le pourpoint, les chausses, et le surcot étaient propres, nets, et si lon y tentait une expérience olfactive nous pourrions même aller jusquà dire quils sentaient bon. Le seul défaut sil y en eut un, aurait été la couleur. Mais là, cétait une affaire de goûts. Ryoka aimait la nature, Ryoka aimait le vert. Il est donc plutôt logique quil se vêtît tout de vert pour aller à un mariage, au-delà de toute considération portant sur le bon goût. Mais laissons là les goûts et les couleurs, puisque lhonneur était sauf : le jeune homme était propre sur lui, aussi bien dun point de vue vestimentaire que dun point de vue cutané. Même les cheveux sentaient la fleur, malgré le fait quils furent négligés par un vent qui lui souffla vilement dessus lors du trajet qui séparait son auberge du castel.
Lil brillant, un rictus malicieux installé sur un visage joyeux, et cétait le savoyard qui débarquait légèrement en retard sans en avoir la moindre idée. Retard tout relatif, puisque le marié venait à peine de pointer le bout de sa chevelure chatoyante sur le parvis de la chapelle. Le pas était lent, mais il voulait sassurer une arrivée la plus humble possible, en évitant toute viandade sur un pavé mal enfoncé ou une autre facétie de cet environnement si hostile. Axel était magnifique, comme il pouvait sy attendre, même si sa robe nétait pas verte (on ne peut pas être parfait). Le marié semblait avoir fait leffort du peigne, point de doute, on était bien à son mariage ; il fallait au moins cela pour le faire sortir une arme si extraordinaire. Demons et lOiselier, quil navait pas vu depuis au moins trois ans étaient là aussi sur le parvis, ce qui fit dautant plus sourire Ryoka.
Deux jeunes femmes étaient arrivées aussi, et un jeune garçon se baladait non loin de sa maman. Lune des deux jeunes femmes était Tempérance, la femme de ses rêves, celle qui pouvait lui créer des tachycardies de sprinteur en plein sommeil, celle dont la vue lui rappelait toujours le loser quil était. Cette simple vision venait de troubler sa démarche pourtant paramétrée au poil de cul afin de se fondre dans le décor, et il devait maintenant surveiller ou il mettait les pieds sil ne voulait pas choir bêtement dans un faux pas devant tout le monde. Il dû ainsi terminer les derniers mètres qui le séparait des convives la tête baissé, le sourire effacé. Le jeune homme tombait amoureux une fois tous les dix ans, il était donc normal que son cerveau nait pas pris de référence, ni de réflexe de défense. Cette maladie là, on ne choisit pas lorsquelle nous tombe dessus. Ce nest pas une chtouille qui vient nous ronger après une nuit en maison de passes que Ryoka navait pas eu la chance de connaître, de par linterdiction dune cousine qui veillait sur sa virginité, la bougresse non, cest quelque chose qui lui tombait dessus par erreur. Cupidon avait certainement dû rater le duc quil avait visé, et le châtain avait dû une fois de plus passer comme un gland au mauvais endroit, au mauvais moment. Il ne put toutefois empêcher à son visage de lui dévoiler un sourire timide lorsque son regard croisa le sien.
Puis, un coup dil à droite pour lancer un joyeux :
- Tu es ravissante Axel
Peut être même trop à côté du blondin qui te sert de futur époux !
Et au futur époux, toujours de sa voix cristalline émise par ce visage doucement relevé :
- Même si jadmets que je navais jamais vu un tel effort capillaire de la part de mon ancien cavalier de bal.
Il nétait pas tombé, jusque là tout allait bien.
Il navait pas trébuché, jusque là tout allait bien.
Sa langue navait pas fourché, jusque là tout allait bien.
Alix navait pas filé, jusque là ah si tiens.
Il va de soi quaprès avoir donné un détail aussi anodin que la disparition dAlix, la fille à son papa qui était allé le rejoindre, il nous faut revenir sur le départ de Savoie. Si Ryoka navait pas eu le temps de passer en revue son domaine, il avait quand même prit le temps de récupérer la jeune fille, et de la coller sur un poney. Le voyage en fut moins triste, et cela permettait à son duc de père de se rassurer une fois pour toutes !