Carensa.
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Poitiers Automne 1462 - Dans la matinée
Le voyage se déroulait sans encombre fait d'arrêts dans les villes lorsque ça devenait nécessaire pour le ravitaillement. Ils avaient un programme bien précis et devait rejoindre rapidement le bateau qui les mènerait dans les Flandres.
D'un voyage plaisant et enthousiaste, il ne restait chez la rousse, qu'une amère déception. Elle s'était trompée, une fois de plus, sans doute devait elle s'y résoudre cette fois. L'histoire se répétait inlassablement et la fatiguait à un point qu'on ne pouvait deviner.
Depuis quelques heures la rousse s'était perdue dans les ruelles de la forteresse. La ville lui paraissait étrangement immense et puis surtout elle se sentait oppressée. Sans doute que les derniers entretiens avec le Colosse n'y étaient pas pour rien.
Elle les avait laissé au campement. Le Seigneur et ses employées dormaient à poings fermés. Un bref débarbouillage à la rivière, un feu préparé et l'eau mise à chauffer, elle avait choisi de séclipser, non pour visiter la ville, Carensa n'était pas de ceux à s'émerveiller devant des détails architecturaux. Ce jour elle souhaitait trouver un petit présent pour ses « petits », peut être un bijou pour Niki, un vêtement pour Sasha.
La brume se levait lentement et la plaque d'une taverne claquant au vent lui fit relever la tête. « A l'auberge du Marteau et de l'Epée ». Elle n'aurait pu trouver mieux pour prendre un repas. Poussant la porte elle pénétra dans le lieu et s'attabla. Devant un bol de soupe elle entama un courrier pour Kheldar. Incapable de lui parler, elle avait décidé de poser les mots sur un velin, chose étrange pour la rousse qui n'avait pas pour habitude d'avoir sa langue dans sa poche. C'était le signe d'un profond changement et elle n'imaginait pas encore ce qui allait suivre. La missive pliée, elle fût confiée à l'un des gosses du quartier bien trop content de se faire quelques écus.
- Tu emmènes ça à l'écart d'la ville là bas désignant la route qui menait au point d'attache et tu l'donnes à Kheldar, t'verras c't'un colosse, t'peux difficilement l'rater.
Elle détailla le gamin qui paraissait en bonne santé pour un gosse de la rue puis s'arrêta sur un petit écusson qu'il portait sur sa chemise trop courte pour lui. Un détail la gênait, elle n'aurait su comment l'expliquer. Le gamin remarquant son regard afficha un large sourire
- Je vis à l'Orphelinat Sainte Mathilde, tu connais ?
Sainte Mathilde, le nom lui parlait, errant momentanément dans ses souvenirs jusqu'à faire non de la tête.
- Non j'crois pas, j'suis jamais v'nue par ici ou juste passer..et encore j'suis même pas certaine.
Déposant les quelques piécettes dans la main du garçon, elle le remercia et, le ventre plein, reprit sa route. Toute la matinée ce nom trotta dans sa tête incapable de se concentrer sur autre chose. Sainte Mathilde..Sainte Mathilde...ça lui parlait mais d'où et comment..mais surtout pourquoi ?
Le destin parfois est bien surprenant et alors qu'elle bifurquait dans une rue bien plus large que celles empruntées jusqualors, un immense bâtiment fourmillant, grouillant de vie séleva devant elle. Sans qu'elle ne sache pourquoi, son cur se serra et c'est à la paroi d'une maison qu'elle dû se rattraper pour ne pas chuter.
Et bien Damoiselle, tout va bien ?
Relevant les yeux vers la voix qui venait de l'interpeller, la jeune femme ne comprit pas encore toute l'importance de cette rencontre fortuite.
- Allons,venez donc, vous devez avoir faim, je vais vous donner quelque chose.
La rouquine ne put que se laisser prendre par le bras par cette femme d'église qui lentraîna dans l'immense bâtisse. Passant entre les enfants, elle avait cette impression de déjà vue, de déjà vécue.
La sur l'installa sur une chaise devant une table et quelques autres s'approchèrent apportant pain et fromage, soupe et fruits..
Elle détaillait l'endroit, les poutres vieillissantes, les murs en torchis usés par le temps et puis ça et là quelques icônes religieuses.
Les enfants se chamaillaient, se couraient après et les surs riaient de cette vie régnante.
Alors que la sur lui servait un verre d'eau, la rousse avait repris ses esprits.
- Pardonnez moi..je je n'ai pas faim, c'est juste que..enfin j'ai l'impression de connaître cet endroit et je n'arrive pas à savoir d'où cela me vient.
La religieuse s'installa à ses cotés et la regarda de cet air doux et réconfortant.
- Vous avez peut être grandi dans un orphelinat mon enfant, il y a des choses qui marquent mais qui ne resurgissent que lorsque l'on revit la même situation.
- Orphelinat ? Non non je crois pas, je n'ai pas souvenir de mes parents à vrai dire mais j'ai grandi avec quelqu'un qui m'avait pris sous son aile, enfin ..une petite partie de ma vie en tout cas.
Sur Angélique puisque c'est ainsi qu'on la nommait l'écouta sans l'interrompre.
- Et puis c'est c't écusson sur la chemise du petit..enfin l'même que c'lui ci
Pointant son doigt vers le plafond où l'une des poutres était ornée de l'emblème de l'orphelinat.
- Il..enfin j'ai ..j'ai l'impression de m'en souvenir.
La religieuse fronça légèrement les sourcils et sembla réfléchir un long moment avant que la rousse ne l'interrompt dans sa réflexion.
- J'vais vous laisser, j'suis désolée du dérangement.
Soeur Angélique se releva et au moment où la rousse prenait le départ, la rattrapa par le bras.
- Vous ne m'avez pas dit votre prénom..et vous logez où ?
- J'm'appelle Carensa et notre campement est à la sortie du village.., mais on repart c'soir
La nonne acquiesça et ajouta
- Ayez confiance, vous trouverez.
D'un haussement d'épaules la rousse engagea le pas et quitta les lieux. Cette bonne sur était étrange. Elle n'avait rien à trouver..enfin pas qu'elle sache....
(*titre honteusement inspiré d'un grand classique )
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