Arsene
- « Voici le soir charmant, ami du criminel ;
Il vient comme un complice, à pas de loup ; le ciel
Se ferme lentement comme une grande alcôve,
Et l'homme impatient se change en bête fauve. »
Charles Baudelaire Le crépuscule du soir.
L'attente. Le vermeil abondant parcourt les veines délicates d'un corps en pleine transformation, il diffuse au plus profond de son sein un flot continu d'émotions contradictoires. L'esprit bouillonne, perdu entre ses afflictions et l'ennui. Il oscille tandis que labcès enfle brutalement aux creux de ses idées éparses. Tordant les traits avenants de son minois tacheté d'une myriade d'éphélides dispersées, en un rictus expressif. Il difforme le charnu des lippes, exposant ainsi l'incision rosâtre qui brise l'harmonie d'un carmin soutenu. L'appréhension se glisse sournoisement jusqu'aux tempes blafardes, caressant de ses griffes acérées les pensées de la jeune femme. Son venin âcre s'insinue et brûle de son sillon douloureux les veinures qui parcourent ses galbes. Emportant dans son giron ses sbires, elle envahit les chairs devenues fébriles et installe sa domination alors que déjà, les doigts s'agitent sur ce ventre au renflement si caractéristique. Nerveux, ils papillonnent pour mieux accrocher la musculature de l'époux allongé à ses côtés. Ils se crispent, cherchant le contact rassurant de sa peau brûlante. Dans la moiteur d'une chambre d'auberge miteuse, le froissement des dermes et quelques mots échangés perceront bientôt le silence pesant d'une attente trop longue.
A la faveur d'une noirceur épaisse, Corleone s'est fondue dans les ruelles obscures et désertées. L'ombre de sa silhouette, trahissant une démarche rapide et souple, s'étire sur les bâtiments étroits et délabrés et installe sans vergogne son aura malveillante. Corrompue par la fréquentation régulière de la lie de la société, elle affiche et revendique sa place de déshéritée. Chaque rapine la rapprochant un peu plus de ce trône qu'elle convoite silencieusement. Elle se voit déjà siégeant sur le fauteuil au brocart usé des parias, le Cerbère étendant sa domination implacable sur les âmes proches, les gueules avides et monstrueuses enfin repues. La Meneuse approche et entraîne dans son sillon haineux une flopée de combattants entraînés. Le signal est donné, le poignet tendu se tordant en direction du parvis brigué où déjà leurs adversaires campent. Spiritu Sanguis et Trompe la Mort s'élancent avec une rapidité contrôlée. Les lames scintillantes s'entrechoquent déjà et les premières exclamations percent la bulle ouatée et rassurante du brouillard ambiant. La Chimère emplie l'espace et occupe de sa malveillante présence la place trop étriquée pour ses faciès béants. Elles se dressent et s'ouvrent pour mieux protéger les âmes qu'elles couvent avec possessivité. La jeune lionne chargée d'adrénaline, bondit, se détachant de la masse pour croiser le fer et déjà la frêle carne se heurte à une résistance. Les prasines protectrices virevoltent et observent attentivement les déplacements des plus jeunes.
Sous les assauts rustauds, l'huis épaisse finit par éclater, dévoilant son antre aux regards avides et bestiaux. La brindille s'installe sur le bureau municipal, une once de fierté déridant ses traits. Elle compte lentement que l'entité antique n'a perdu aucune tête qu'elle soit blonde ou brune. Le fer a mordu les siens mais les dégâts les plus déplorables se trouvent au creux de la milice fourbue. La Bête se terre, gavée par cette orgie de vermeil. Mais dès les premières lueurs, elle grondera à nouveau, prête à remettre ça.
« En clan,
En meute,
En formation toujours bien définie,
Les dents dehors,
Affamés. »
Manau - Le Curé et les Loups.
RP ouvert à tous ! Personnages vivant à Saintes et dans le comté. N'hésitez pas à participer.
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