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[RP] J'ai une petite douleur...

Erwelyn
[Fin février, retour à Evron après les joutes de la Chesnelière]

Ces joutes l'avaient littéralement séchée. Partie sur les chapeaux de roue, enchaînant les victoires, voilà qu'elle s'était pris le retour de manivelle en pleine poire. Lynette avait chuté, et pas qu'un peu, mais évidemment, c'était le jeu ma pauvre Lucette, et elle n'en voulait en aucun cas à la duchesse qui l'avait fait valser de Cheval pour arracher la victoire, incontestablement. Seulement maintenant, elle avait bobo, sa hanche la faisait sacrément douiller malgré le cataplasme de consoude et la préparation que Léanore lui avait fait ingurgiter pour calmer la douleur. Et puis le trajet en coche n'avait rien arrangé à la situation, même si les terres d'Evron étaient toutes proches de celles de la Chesnelière, puisque terres vassales de sa baronnie. Enfin, surtout, il y avait cette douleur lancinante dans le bas du ventre qui l'inquiétait au plus haut point, dont elle n'avait pas réussi à parler au médecin. Erwelyn avait le pressentiment que c'était grave, que ça n'annonçait rien de bon, s'imaginant déjà passer l'arme à gauche alors qu'elle n'avait toujours pas rédigé son testament. Tiens d'ailleurs, elle le ferait à peine arrivée et l'enverrait à Phylogène, comme ça elle pourrait mourir en paix. Guillaume serait confié à Lexhor et Agathe, pauvre Agathe encore une fois abandonnée par la personne qui veillait sur elle, à Rosalinde. Voilà, c'était bien ça, que sa vassale s'occupe de sa belle-fille. Elle pourrait lui apprendre des trucs de filles, à bouder, à broder, à charmer les hommes, toutes ces choses que Lynette ne savait pas faire elle-même et qu'on ne lui avait jamais appris.

Arrivée dans la cour du château, on l'aida à descendre et le regard affolé de sa camériste en regardant sa bouille défaite lui en appris beaucoup sur son état général qui ne devait pas être beau à voir. A peine eut-elle mis pied à terre que la pointe dans son bas ventre se réveilla, encore plus forte que deux heures auparavant lorsqu'elle avait chuté. Un regard inquiet fut lancé en direction de Catherine qui veillait habituellement sur elle lorsqu'elle était en séjour sur ses terres. Cette dernière fit glisser précautionneusement son bras autour des épaules de sa maîtresse, l’entraînant dans sa chambre située au premier étage, l'ascension la faisant grimacer. Assise sur le bord de son lit, sa main s'accrocha au bras de sa servante, chouinant un bon coup.


Rhaaaaa nom d'un poney, ça fait maaaal !!! J'ai mal au bide Catherine, j'ai l'impression qu'on m'arrache les viscères.

Oui c'était ça, clairement, un genre de bonne gastro des familles ! Son corps s'affala sur le côté où la hanche était encore intacte, histoire de pas en rajouter une couche et de ne pas s'appuyer sur celle qui était explosée, en prime, poussant un gémissement alors que Catherine lui enlevait ses braies pour pouvoir la mettre au lit. Sa dextre alla alors se positionner au niveau de son entre-jambe pour vérifier qu'elle n'était pas en train de pisser le sang, et là, elle sentit un truc pas normal du tout. Son regard se porta sur le visage de Catherine, des yeux ronds comme des billes, qui elle-même venait de se pencher pour regarder de plus près, relevant la tête, l'air estomaqué.

Mon dieuuuu, une têêêêteeee !

Bordel ! De quoi faire flipper le poney rose qu'elle était, ça, c'était sûr, car elle aussi l'avait bien sentie. A ce moment là, une contraction violente, car c'était finalement bien ça qui la travaillait depuis des heures, lui arracha un cri et c'est dans l'incohérence la plus totale qu'elle entendit Catherine lui crier de pousser, ce qu'elle fit, automatisme retrouvé plusieurs années après la naissance de Guillaume. Après quelques poussées, l'on entendit résonner dans la chambrée le cri d'un bébé, alors que la mère s'effondrait sur sa couche, transpirante et choquée, se recroquevillant en chien de fusil et fermant les yeux pour ne plus entendre ces cris.

Plus tard, Catherine lui ramena l'enfant, et c'est une Erwelyn toujours prostrée qui lui fit face, refusant de réaliser que ce bébé était sorti de son ventre. D'ailleurs, ce n'était pas possible, il n'était pas à elle, non. Elle avait déliré à cause de sa douleur et sa femme de chambre essayait tout simplement de lui faire une blague à lui faire croire qu'elle avait accouché alors qu'elle n'était même pas enceinte. Elle sortait de ses menstrues et puis, de qui aurait-elle pu être enceinte, hein ? Alors non, il était hors de question qu'on lui fasse croire qu'elle venait de mettre au monde un bébé.

Ce manège dura les deux jours suivants, avant que Lynette ne pose un regard sur l'enfançon que Catherine, qui avait heureusement su tenir sa langue et avait fait croire que l'enfant était né d'une servante qui avait caché sa grossesse, lui présentait jour après jour. Ses prunelles s'attardèrent sur sa petite tête, ses petites mains, ses cheveux bruns en bataille, mais c'est un visage fermé qui se releva vers la femme qui le tenait dans ses bras.

Donnez-moi un parchemin et une plume, Catherine.

Et sa femme de chambre s'exécuta, dépassée par les événements. Sur le parchemin qui partit quelques instants plus tard, étaient seulement inscrits quelques mots en direction d'Agnésina Tempérance Corleone, conviée à se rendre à Evron le plus rapidement possible. Et de regard pour le bébé qui venait de naître, il n'y eut plus.
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Agnesina_temperance
    Les bras croisés sur sa poitrine et la jambes droite croisée sur la gauche. La tête baisse et le visage caché par un chapeau, Ina Corleone dormait d'une seule oreille, dans une taverne miteuse et désertée de la gueusaille en journée. La respiration de la brune était calme et profonde jusqu'à ce que son visage se crispe et ses muscles se contractent, avant qu'elle ne se réveille totalement. Combien de temps n'avait-elle pas pu profiter d'un sommeil réparateur ? Avant même le Marquis peuple ses cauchemars à présent. Les chemins étaient foulés la nuit. Les mairies étaient aussi prises la nuit. Les mercenaires et les brigands avaient une réputation de peuple de l'ombre, car ils exerçaient leur méfait en prenant la lune pour témoin. Les yeux de la Corleone scrutent la taverne, avant que ses traits reprennent leurs froideurs habituelles et une main frôla sa ceinture, rassurant totalement l'Hermine.

    Elle se leva, ouvrit la porte et restera sur le pas pour habituer son regard à la nouvelle luminosité du jour, avant de sortir pour fouler le pavé des rues. Elle profita de ce moment de solitude bien que le monde l'entourait. La gueusaille affluait autour d'elle et pourtant, elle se sentait si seule. Seule dans sa bulle et c'était bon. La démarche fière, elle traversa le marché et d'une main leste, elle déroba une pomme d'un étal, avant de disparaître dans la foule. Personne ne remarqua et elle savoura sa victoire plus que la pomme elle-même, car si certains trouveraient l'auteure de ce vol grotesque car toute brigande qui se respecte devrait déjà avoir suffisamment de confiance en elle quant à l'acquisition de ce geste. Ina le voyait autrement et elle voulait perfectionner sa main, au cas où, elle aurait l'audace de voler la couronne de la Reyne devant la Reyne elle-même. Un soupir s'échappa des lèvres de l'Hermine qui sortit du marché, avant de reprendre sa marche à travers le village.


    -s'cusez-moi.

    La Corleone toisa l'opportun, car elle n'avait pas envie de perdre son temps à discuter ou à renseigner.

    - Va voir ailleurs, bambino.

    Le gamin recula avant d'aller à la rencontre d'autres passants et elle continua son chemin jusqu'à ce qu'il prit de nouveau la parole.

    -S'cusez-moi, vous connaissez Agnésina Tempérance Corleone ?

    Un haussement de sourcil, avant qu'elle ne s'arrête. L'attention de l'Hermina retourna au gamin. Le couple bégaya avant de continuer son chemin. Elle marcha jusqu'à lui, avant de poser sa main sur son épaule.

    - Tu lui veux quoi à la Corleone ?

    - Un courrier pour elle, m'dame.
    - Je suis Agnésina Tempérance Corleone.


    Le courrier fût échangé contre la pomme et en marchant, elle prit connaissance du contenu. Une lettre brève lui était adressée, la conviant à se rendre à Evron. Le premier sentiment de la Corleone était la méfiance. La Prévôté pouvait très bien avoir décidé de tendre un piège, en écrivant justement une missive brève pour inviter la brune à un endroit, avant de lui tomber dessus. Une possibilité hautement envisageable, si tout le monde part du principe que les autorités n'ont jamais pu empêcher la Spiritu Sanguis de piller une mairie.

    Pourtant le nom d'Evron ne lui était pas inconnu et si Ina adorait quelque chose, c'était les défis avec un nuage de danger. Elle hésita toutefois à se présenter au lieu, car quitter son Clan lui posait souci mais après avoir pris ses dispositions, elle vola une belle monture pour chevaucher sans encombre jusqu'au domaine. Mettant le pied à terre, elle prit le temps d'observer les alentours et elle n'avait pas l'impression qu'une quelconque autorité l'avait entrainé dans un piège mais pourtant, elle ne bougea pas d'un pouce, sachant pertinemment qu'une présence inconnue allait attirer l'attention. Ce qui ne dura pas longtemps avant qu'on vienne à sa rencontre.


    - Saluti. Je suis l'associée d'Agnésina Tempérance Corleone et sa présence a été conviée. Elle n'est pas loin mais préfère rester prudente. Au cas où. Vous devez connaître sa réputation et vous devriez aisément comprendre ses... dispositions. Amenez-moi au Maître des lieux et s'il se montre clair sur ses intentions, elle apparaîtra.

    Elle avait hésité de se présenter sous son vrai nom mais avait préféré user d'un nom d'usage car si quelqu'un voulait tendre un piège à la Corleone, elle préférait jouer la ruse car la partie est plus intéressante avec une carte dans la manche. La main restant sur le pommeau de son épée, elle suivit la personne avant qu'elle lui demande de s'asseoir mais l'Hermine préfère rester debout. Sur ses gardes.

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Erwelyn
Les deux jours passés dans l'attente d'Agnésina avaient été les plus longs de sa vie. Immobile, Erwelyn n'avait pas bougé du coussiège attenant à la fenêtre de sa chambre, prunelles perdues sur la vallée qui s'étendait devant elle, s’abîmant sur les nuances de verts et de marrons, temps défilant à la vitesse d'une tortue s'étant cassé une patte. Aucun aliment n'avait pu passer ses lèvres et seule sa liqueur de poire avait eu grâce à ses yeux, à tel point qu'elle ne savait plus vraiment si elle flottait dans un état normal ou vaporeux. Le sommeil l'avait prise, une ou deux fois, mais le réveil avait été brutal et brûlant. Quelques fois, le cri du bébé se faisait entendre à travers les parois pourtant épaisses du château, et dans ces moments là, ses iris fixaient cette petite tâche jaune perdue au milieu d'un étang vert, courageuse jonquille bravant le froid de l'hiver pour prouver au monde que le printemps était proche.

Au fond d'elle, criait sa conscience, bafouée et outrée de se laisser piétiner tel un champ de ronces pour lequel un paysan n'aurait aucune considération. Elle lui criait qu'élever un bâtard n'était pas une tare aussi horrible, que la honte passée de s'être laissée engrossée par un prince, certes ami, passerait, que sa fille pourrait être heureuse, malgré tout. Car il n'était pas difficile pour elle de savoir qui était le père, elle qui n'avait eu de relation qu'avec un seul homme huit ou neuf mois en arrière. Bourrée et dans un coche, quelle image pitoyable pour une naissance bâtarde, mélange d'un prince et d'une baronne. Et même si c'était Lexhor, même si leur amitié était forte et sincère, il lui était tout simplement impossible de lui révéler une telle chose.

Au fur et à mesure de ses réflexions, toutes les raisons trouvées étaient bonnes pour effacer cette naissance de sa mémoire. Lui revenait en pleine poire sa propre histoire, celle d'une fille qui avait toujours cherché son père et avait découvert sur le tard qu'il était chevalier, s'était marié et avait eu une descendance, forcément légitime. Toute sa vie persuadée que sa mère s'était fait engrossée par un malandrin, Erwelyn avait vécu cette rencontre comme un coup de poignard, car homme malhonnête, le Jeneffe n'était pas. Et à chaque fois qu'elle croisait le regard de son père, sa fille semblait y déceler la honte d'avoir une progéniture telle qu'elle.

Aussi, durant ces deux journées, son cerveau s'était méthodiquement appliqué à déconstruire toute parcelle de réalité, reconstruisant une histoire faite de déni et de rejet. Ce dernier pouvait être si malléable, quand on s'en donnait la peine. Il n'y avait de toute façon plus aucune trace de cette naissance chez, elle, son corps ayant caché tout seul comme un grand cette grossesse dans un déni total. Doucement, une nouvelle histoire s'était recrée dans son esprit, sur fond de mensonge éhonté et de dénégation. Alors, quand Agnésina fut annoncée, c'est une Erwelyn complètement transformée qui déplia enfin son corps rouillé de n'avoir bougé durant deux jours, s'accrochant à une tenture pour ne pas s'effondrer au sol, la tête tournant et menaçant son corps de s'évanouir. Mais les étoiles et le vertige passèrent, et même faible, elle réussit à se tenir assez droite pour descendre les marches en colimaçon qui séparaient son étage de la grande salle où vrombissait un grand feu dans l'âtre. Le voile sur son visage pâle était toujours présent, mais l'on pouvait lire dans ses yeux une volonté à toute épreuve d'enfin mettre fin à cet épisode de sa vie. Tout près de l'entrée, se tenait une jeune femme qu'on lui avait annoncée comme étant l'associée de celle qu'elle avait conviée. Elle n'avait pour l'heure jamais vu Agnésina et ne savait pas vraiment à quel degré étaient-elles toutes deux apparentées ni à quoi elle ressemblait. Sûrement une lointaine cousine, et vu sa jeunesse, une arrière-cousine semblait le plus plausible. Car même si elle ne faisait pas partie du clan Corleone à proprement parler, du moins ce clan qui faisait frémir les lèvres et blanchir les paysans et les honnêtes gens quand le nom de famille était prononcé, Erwelyn n'en restait pas moins la plus âgée de la famille. Et en toute matriarche qui se respecte, elle se faisait régulièrement envoyer des nouvelles de cette famille à travers le Royaume. On est une Corleone ou on ne l'est pas... Ainsi donc, elle savait très bien quelle activité la jeune femme avait, et ce n'était pas pour rien qu'elle l'avait conviée.

La baronne se planta donc devant elle, scrutant les traits de son visage. Enfin, un sourire discret releva le coin de ses lèvres.


Je suis Erwelyn Corleone...

En guise d’introduction, ça se posait là et ça suffisait largement à l'associée pour aller rassurer Agnésina sur les intentions de la maîtresse des lieux. Voilà, débrouille-toi avec ça cocotte. Et d'ailleurs, fallait qu'elle se dépêche de se pointer parce que dans deux secondes trois quart, si elle ne prenait pas un siège et ne se remplissait pas le bide, elle allait littéralement tomber dans les pommes.
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Agnesina_temperance
    Nulle agitation suspecte alerta Ina, attentive aux moindres sons et mouvements, préparant mentalement une histoire à raconter, au cas où les autorités de la Prévôté prévoyaient d'enlever l'associée pour lui soutirer des renseignement. Son esprit finit par s'égarer sur les décorations de la demeure, et elle réprima un mouvement par un geste nerveux de la main contre sa jambe avant d'inspirer profondément. L'interrogation était présente, mais ne s'inquiétait guère plus sur le pourquoi on l'avait convié . Adoptant une attitude sereine et une mine grave, elle scruta la femme qui ne semblait pas en forme qui se présenta devant elle. Les bras les long du corps, la dos droit et le menton haut, l'expression de son visage prit une teinte d'étonnement, marquant un air dubitatif avant de reprendre son impassibilité.

    Erwelyn Corleone. De la même famille. Jeune Corleone considéra son aînée, avec un léger intérêt et se rappela qu'elle avait légèrement entendu parler d'elle. Erwelyn menait une vie radicalement opposée à celle de sa famille. Si tous les Corleone tendaient à se rapprocher à la vie de bandit de grand chemin, cette femme-là était sûrement la seule qui ne s'en était jamais approchée. La condition d'Erwelyn était de toute vraisemblance la noblesse. L'Hermine avait un rapport complexe avec la noblesse et avait tendance à l'appliquer dans son métier. Elle n'était pas à proprement dit attirée pour ce qu'elle était mais ce qu'elle représentait. La tempérance. La droiture. L'élégance. Le pouvoir. Tout ce qui attirait l'admiration de tout un chacun et mettait des barrières à chaque condition sociale. La jeune femme n'aurait jamais pu mener une vie de noble car sa nature profonde ne mentait pas. Le sang qui coulait dans ses veines ne sauraient tromper.

    Une impression étrange s'empara de l'Hermine avant qu'elle essaye de la refouler.


    - Je...

    Situation incompréhensible. D'habitude, si maître d'elle, Ina en perdait ses mots. Une question la taraudait et ne semblait vouloir quitter ses lèvres. Après un bref moment de lutte, elle décida de la poser ultérieurement et elle se concentra de nouveau.

    - Je vous en prie. Appelez-moi Ina. Un silence bref. Ina Corleone.

    Un hochement de tête vient accentuer la rencontre en guise de salutation, avant de reprendre la parole.

    - Navrée pour la duperie mais j'ai préféré prendre des précautions au cas où on voudrait m'éloigner des miens pour m'atteindre et me soutirer des informations.

    C'était le Milieu qui l'imposait.

    L'explication était donnée pour rassurer sa... cousine ? La Corleone n'avait aucune idée de leur lien de parenté, mais elle se disait qu'il y'avait plus de probabilité qu'elles le soient. Elle n'avait jamais jeté un coup d'œil dans l'arbre généalogique et même si elle le faisait, elle n'était pas certaine qu'il lui apporte plus de réponse.


    - Vous avez fait quérir ma présence. Dîtes-moi tous vos malheurs et vos souhaits, je les exaucerai.

    La messe était annoncée.

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Erwelyn
Merci maman. Floraine avait été assez intelligente – ou pas – lorsqu'elle était tombée enceinte, pour s'éloigner encore plus de la famille. Sadnezz lui avait raconté qu'un jour sa mère s'était repointée au domicile familial, dont elle était l'aînée, enceinte de quelques mois. L'entente déjà fragile entre les membres de la fratrie et Floraine était partie en fumée au bout d'une poignée de semaines et sa mère était repartie dans le Nord de la France, sans plus jamais donner de nouvelles aux Corleones. Erwelyn était ensuite née, grandissant au sein du cocon offert par sa mère, loin des tourments de la vie urbaine, toutes deux vivants quasiment en recluses dans leur petite cabane dans la forêt des Ardennes. Floraine était plutôt une taiseuse, comparée à sa fille qui babillait sans cesse. Elle n'était vraiment prolixe que lorsqu'il s'agissait de lui expliquer les vertus de telle ou telle plante, de telle ou telle racine. Et Erwelyn écoutait avec attention, songeant que tout cela lui servirait un jour. Mais d'explication sur sa propre famille, il n'y eut jamais. Elle ne sut pas même jusqu'à son nom, caché jusqu'à la mort de sa mère. Et de toute manière, il n'aurait pas eu beaucoup d'écho chez elle. Celle qui était maintenant baronne se rappelait aussi des recommandations qu'elle lui faisait sur les hommes, ce qui l'avait poussée toute sa vie à avoir une attitude de retrait envers eux et ne jamais montrer ses sentiments. Il lui avait donc été impossible de se rapprocher du côté obscur de la force Corléonienne, n'en n'ayant jamais entendu parler.

Ce n'est que plusieurs années plus tard qu'Erwelyn croisa par hasard Sadnezz Corlone en Touraine. Sa tante avait tout de suite vu en elle le rejeton de sa propre sœur et lui avait appris peu de jours après toute son histoire. Elle était tombée de haut, et c'était le moins qu'on puisse dire. D'abord rejetée, l'idée s'était peu à peu imposée à elle et petit à petit, Sadnezz et elle s'étaient liées. Et tout avait volé en éclat lorsque sa tante s'était rendue coupable de régicide. Ses liens avec la famille se délitèrent doucement et très peu étaient les occasions depuis où Lynette se retrouvait avec le Clan. Mais pourtant, les liens existaient encore. Fins, cassants, fragiles, mais encore là.

Aussi, lorsqu'Agnesina lui avoua que c'était elle qui se tenait là, la baronne esquissa un sourire étrange.


C'est donc toi... je me serais douté qu'une Corleone userait de malice et se serait méfiée d'une telle invitation.

Au diable le vouvoiement, n'étaient-elles pas de la même famille ? Et en plus, elle était de loin son aînée, donc aux latrines le formalisme qui n'avait pas lieu d'être.

Merci d'être venue si vite en tout cas, et prends place.

Erwelyn lui indiqua l'un des deux fauteuils qui se trouvaient non loin de l'âtre, se dirigeant pour sa part vers le second. Au passage, elle donna quelques ordres pour qu'on leur amène de quoi manger et à boire, avant de congédier tout le personnel. Une fois assise, elle observa à nouveau Agnesina avec attention.

Dis-moi, avant de passer aux choses un peu plus sérieuses, tu es de quelle branche de la famille ? Je me fais vieille et j'ai du mal à connaître tout le monde, depuis quelques années. Et surtout depuis le décès de Sadnezz, à vrai dire.

Se servant un hanap de vin cuit, elle en tendit un à sa sans doute cousine avant d'y tremper ses lèvres et de croquer dans un bout de tarte qui venait de lui être servi, poussant un soupir de soulagement de se remplir enfin le ventre.
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Agnesina_temperance
    Un sourire malicieux, avec une pointe de ruse s'étira des lèvres de la Corleone et au-delà de l'acte anodin de l'expression du visage, il est à noter qu'il est extrêmement rare chez la Jeunesse du crime, qui n'exprime l'amusement très exceptionnellement, pour ne pas dire, que c'était un fait inhabituel chez elle. Ina n'inspirait pas la joie de vivre, car depuis enfant, on avait refoulé au plus profond d'elle, sa véritable nature et identité. On l'avait condamné à entretenir un logis miteux, et à aider - quelques fois - celui qu'elle avait cru pendant longtemps son père aux champs. Au fond d'elle, elle avait toujours su que cette vie n'était pas le sienne et pourtant, elle s'était inclinée à l'éducation qu'on lui avait donné, tout en gardant cette étrange impression en elle, en la refoulant le plus possible. Lorsque ceux qu'elle prenait pour ses parents sont décédés, elle avait fini par apprendre qui elle était vraiment et qui était réellement sa famille : les Corleone. Nom inspirant la crainte et rappelant la sombre destinée de cette famille qui avait pris un chemin des plus controversés et obscurs.

    Petit à petit, elle avait fait son nid chez les siens et avait commencé à assumer qui elle était vraiment, en évoluant auprès d'eux. Insensible et sans scrupule, mais ce qui la changea radicalement, fût sa chute avec le Marquis, où elle a complètement vendu son âme à la folie du crime. Pourtant, une valeur restait ancrée en elle : Le respect de la famille et du Clan. Le lien du sang et d'intérêt avait toute son importance dans l'esprit de la Corleone, pourvu que le membre de la famille ne fasse pas de tord au reste de l'Union. Ainsi, la femme qui lui faisait face avait au premier abord le respect de l'Hermine, qui ne lui causerait pas de tord. Elle la tutoyait ? Soit. Après tout, Ina préférait les relations sans formalité.

    A l'invitation de prendre place, Corleone s'installa dans un fauteuil et croisa sa jambe droite sur l'autre, avant de se concentrer sur son aînée qui reprit la parole et lui demanda de quelle branche elle était dans la famille. Un léger froncement de sourcil vient perturber l'impassibilité de visage, signe d'une brève réflexion, où elle n'avait pas vraiment de réponse. Aussi, elle répondit simplement.


    - Je suis la fille d'Amalio Corleone, le neveu de la regrettée Rodrielle et il a eu une grand descendance. C'était le cas de le dire. Je fais partie d'une fratrie assez conséquente.

    Et elle était prête sa main au feu qu'il existe encore des bâtards disséminés dans le Sud de la France et en Italie. La réputation de séducteur des ces Dames du Père Corleone n'était plus à prouver. Un court silence de réflexion s'imposa à l'Hermine jusqu'à ce qu'elle demande. - Et toi ? Tu étais une parente proche de Sadnezz ?

    Ha, Sadnezz. Un nom connu et reconnu chez tout Corleone qui se respecte. La Régicide, qui a été le vecteur du crime de prestige et qui a permit une suite dans ce cheminement de Réussite et de Perfection de l'illégalité, avec les Meneuses suivantes telle que Rodrielle, Laell, Enjoy et l'actuelle, Arsène. Elle ne l'avait jamais connu, mais son nom suffisait pour représenter son charisme et la force qu'elle avait léguer au nom Corleone.

    La main prit possession de l'hanap où elle plongea le regard dedans, avant de faire tournoyer le liquide chaud. L'hésitation laissa place à une boule dans le ventre. Ina avait été empoisonné par le Marquis et depuis, une méfiance s'était installée, envers tout ce qui était nourriture et liquide. Elle trempa et décida tout de même, de porter le vin chaud à ses lèvres pour goûter une goutte et donner le change avant de reporter son regard vers Erwelyn.


    - Pourquoi ne mènes-tu pas une vie comme nous ?

    Nul réflexion dans sa question. Juste de la pure curiosité.

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Erwelyn
Il y avait ce petit je ne sais quoi de Corléonien dans le sourire de la jeune fille qui lui fit se relever les lèvres de la même façon. C'était étrange de se retrouver là à discuter avec un membre de sa famille, quelqu'un dont elle savait que les exactions devaient être légions, il n'y avait qu'à écouter les honnêtes gens parler et écouter les crieurs... crier pour le savoir. Et puis, même si elle s'en prenait souvent plein la poire lorsqu'elle se présentait, et cela allait de la réflexion, à l'étonnement certain, au regard de peur ou encore au soulèvement de sourcils suspicieux, jamais Erwelyn ne cachait son nom, n'en n'ayant strictement rien à fiche de ce que les gens pouvaient penser. Et puis d'ailleurs souvent, ça l'amusait de voir certaines réactions et il lui arrivait de laisser parler les gens qui discutaient des méfaits des Corleones dans leurs contrées pour ensuite leur distiller l'information qui les mettait directement et généralement sur le cul.

Le regard se perdit lorsque Agnesina lui parla de son père. L'avait-elle déjà vu, lui ? Elle ne se rappelait plus vraiment... Elle en avait entendu parler, en tous les cas, mais arrivait difficilement à le situer dans l'arbre familial.


Hmm, je vois, j'ai connu Rodrielle également. Nous nous sommes peu croisées, toutefois.

Lynette se rappela d'un coup cette nuit de dingue passée dans un quelconque manoir d'un endroit reculé dans le royaume, où la famille s'était retrouvée. C'était il y a une éternité, mais elle se rappelait s'être torchée complètement avec une de ces femmes n'étant pas elle-même Corleone mais qui était très liée à la famille. Étaient ensuite arrivés les autres et la nuit avait été des plus mouvementée. Elle en sourit d'ailleurs, étonnée de se rappeler de cette soirée pile à ce moment.

J'étais la nièce de Sadnezz, ma mère était sa grande sœur. Elles n'avaient pas de liens très forts, et c'est le moins qu'on puisse dire, car ma mère, Floraine, est partie relativement jeune de la fratrie. Enfin disons qu'elles avaient des liens, mais qu'elles n'avaient pas l'air d'être en très bon terme, vu le tableau que Sadnezz m'a peint lorsque nous en avons parlé ! Nous nous sommes côtoyées quelque temps avec ma tante, nous nous écrivions, nous voyions de temps en temps. C'était il y a longtemps, tu t'en doutes, car voilà bien des années qu'elle a disparue.

Ses lèvres se pincèrent au souvenir de l'annonce du régicide, puis de la mort de sa tante. Même si évidemment la nièce avait été profondément choquée par ce qu'avait pu faire son aînée, sa mort l'avait plongée dans une grande peine, car avec elle disparaissait le seul lien qui existait vraiment avec sa mère, elle aussi décédée. La question suivante fit naître à nouveau un sourire amusé sur son visage qui renaissait petit à petit après les épreuves de ces derniers jours. Forcément qu'ils devaient tous se poser la question dans la famille ! Et la réponse était si simple, pourtant...

Car je n'ai pas été élevée ainsi. Floraine a choisi de vivre loin de la famille, dont elle ne m'a absolument jamais parlé. Elle m'a élevée en m'inculquant des principes de droiture et d'honnêteté, je crois que c'était un choix qu'elle avait fait de m'éloigner des Corleones et de ce qu'ils représentaient. Lorsqu'elle est morte, j'ai dû, difficilement, reprendre le goût de la vie et voler de mes propres ailes, j'avais quinze ans à l'époque. Après un long moment de... perdition, je suis arrivée en Maine et j'ai construit ma vie là-bas. Je suis devenue tribun, puis ambassadrice, puis chancelière. Un petit rire la secoua, tout ça devait paraître bien loin de la vie qu'Ina devait mener. J'avais donc pris une direction diamétralement opposée à celle des Corleones, que je ne connaissais toujours pas. Et d'ailleurs, ma mère m'avait caché son nom. Ce n'est qu'en rencontrant Sadnezz, je devais avoir dans les vingt-cinq ans, que j'ai tout appris et tu comprends bien qu'il m'aurait été difficile à ce moment là de la rejoindre dans ses pérégrinations qui étaient pour moi totalement inconnues.

Ses prunelles se posèrent à nouveau sur le visage de sa cousine après s'être perdues dans la contemplation du feu alors que ses souvenirs remontaient à la surface.

Tu sais, même si je ne cautionne pas vos actions et vos méfaits, vous n'en restez pas moins ma famille, et pour moi les liens du sang sont sacrés. Je l'ai appris grâce à Sadnezz, et je ne l'oublierai jamais.
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Agnesina_temperance
    Tout en écoutant d'une oreille attentive, l'esprit de la Corleone s'égara dans les brumes d'une réflexion intense. La Jeunesse du crime se rendait de plus en plus compte de la chance qu'elle avait d'appartenir à une famille au destin sombre et avec un historique qui entraineraient les passions pour tout ceux qui s'y intéresseraient. Et encore, elle savait qu'elle ne connaîtrait jamais toute l'histoire de ces ancêtres, des drames qu'ils ont vécus et des liens qui les unissaient. Elle ne comprenait que difficilement le choix de Floraine qui avait pris la décision de vivre loin de la famille en choisissant une destinée différente pour sa fille, mais au fond d'elle, elle voyait le sacrifice d'une mère, défiant la tradition familiale et Ina lui reconnu un courage sans faille, parce qu'elle avait dû se retrouver seule et qu'elle avait dû se reconstruire à partir de rien, pour éduquer sa fille. La brigande désapprouvait le choix de cette mère, mais ne pouvait considérer cet acte comme de la lâcheté. Sa mère de sang n'avait pas eu le cran de fuir après que ses parents se rendirent compte qu'elle portait un enfant alors qu'elle n'était pas mariée. A sa naissance, Corleone avait failli perdre la vie, car ses grands-parents voulaient noyer la bâtarde qu'elle était, mais tenait sa vie d'un jeune prêtre, ce qui était purement ironique quand on sait que l'Hermine est réformée.

    Elle haussa les sourcils, lorsqu'elle entendit les fonctions qu'avait exercé son ainée. Les nom de tribun, ambassadrice et puis, chancelière, paraissaient très étrangers à l'oreille de la jeune femme. Elle ne savait même pas en quoi consistait les fonctions d'ambassadrice et de chancelière, ne pouvant qu'imaginer de longues et ennuyeuses discussions entre gens de la Haute avec un grand banquet, qui discutaient de l'état de leur Duché, ou de comment s'enrichir un peu plus. Son imagination l'entraina même à imaginer, son Clan et elle-même, à pénétrer dans les lieux pour tenir en otage tout ce beau monde pour voler les bijoux des dames et tout ce qu'il y'avait à dérober. Ha, douce rêverie sans conséquence, pour le moment. Néanmoins, Corleone constata que comme sa mère, Erwelyn avait dû bâtir sa vie seule et avait excellée, dans son domaine.

    La dernière phrase de l'aînée provoqua un hochement de la tête d'Ina, parce qu'elle partageait son avis. Les liens du sang sont sacrés et même si une déchirure devait s'opérer entre deux membres de la famille, même s'ils prennent un chemin différent, le reniement du sang, de ses origines et du nom ne devait pas être une option. Elle leva le hanap, regardant Erwelyn, avant de lancer :


    - A la Famiglia.

    Ces mots de circonstance empreint de symbolisme et de respect semblaient parfait pour se marier à l'instant et à l'ambiance qui s'y prêtait. La légère pensée qu'elle aurait pu être comme sa lointaine cousine lui effleura son esprit avant de s'évaporer, telle une effluve en pleine air. - Puisse notre lignée continuer à prospérer d'un côté... comme d'un autre.

    ... Et qu'elle continue à faire entendre parler d'elle. Mots qui restent au suspens des lèvres de la jeune Corleone et sonne comme un souhait, parce qu'elle est de ceux qui considère que les racines et les traditions sont plus solides que le renouveau pur. Pour elle, le renouveau partant de la base des racines est meilleur que celui qui consiste à occulter le passé. La famille Corleone reflétait un caractère ancien et elle croisait les doigts pour qu'elle connaisse un avenir fleurissant dans le temps.

    - Même si nous menons une vie radicalement différente, avec un chemin opposé, tu pourras compter sur mon soutien, si un jour, tu viendrais à avoir besoin de moi, car le lien du sang est indestructible. Corleone possède les valeurs de l'Honneur et la Loyauté envers la Famiglia. S'il existe une unique règle que nous respectons, c'est celle-là.

    Et la parole donnée par un Corleone est d'or.

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Erwelyn
Le hanap de l'aînée alla s'entrechoquer dans celui de sa cousine avec un petit sourire.

A la famille...

Bien qu'elle soit italienne du côté de sa mère, Lynette ne comprenait absolument rien à cette langue et elle se serait sans doute ridiculisée si elle avait essayé de rependre les paroles d'Ina. Aussi, elle s'en tint à ce qu'elle savait maîtriser. Et la suite la replongea tout de suite au cœur de la raison de sa visite, ayant dévié quelque peu depuis son arrivée. Mais bon, Erwelyn n'allait tout de même pas lui balancer de but en blanc le service qu'elle voulait quérir auprès d'elle. Également, même s'il lui était difficile parfois de se dire que toute sa famille arpentait le côté obscur de la force, elle avait toujours plaisir à se retrouver à ses côtés. Les liens du sang, encore et toujours. Elle s'y sentait à l'aise, au milieu de ces brigands et pilleurs de ville, bizarrement. Elle s'y sentait chez elle alors qu'elle avait suivi un chemin des plus classiques. Mais il y avait toutefois une part d'ombre chez elle, dont seule Ygerne avait été au courant, rien d'étonnant donc qu'elle évolue au sein des Corleones comme un poisson dans l'eau lors des rares événements familiaux.

Merci, Agnesina, et sache qu'il en sera de même pour moi, à hauteur de ce que je pourrai réaliser. Et justement...

Voilà, elles arrivaient maintenant au cœur du poulet, il était temps d'expliquer à la Corleone ses desseins. Avant de débuter, les deux hanaps furent remis à niveau et le visage de la jeune fille encore une fois observé, essayant de déceler une quelconque faille qui pourrait la pousser à se taire et ne pas se confier à elle. Mais dans ses yeux brûlait la flamme qui faisait écho à ses paroles. L'honneur et la loyauté envers la famiglia, voilà sur quoi la baronne comptait. Toutefois, le déni de sa grossesse étant devenu maintenant une évidence pour la Corleone, il lui serait impossible de dire la vérité, pour la bonne et simple raison qu'elle s'était – pour l'heure – effacée de son esprit. Ou du moins en surface, car au fond d'elle, il était évident que sa conscience grondait, encore et encore. Peut-être réussirait-elle à la faire taire au fur et à mesure du temps qui passe, mais en l'état, c'était elle qui lui vrillait le ventre et lui faisait ressentir cette sensation de mal être depuis plusieurs jours.

Je vais avoir besoin d'un service, un grand service. Et surtout, je vais avoir besoin de ton silence, quoi qu'il arrive.

Son regard scruta le sien, en recherche encore d'un clignement de paupières gêné, d'un cillement de cils, d'une commissure se relevant et la poussant à revenir en arrière et ne pas s'expliquer plus avant. Mais aucune marque ne troubla le visage d'Ina, à part peut-être un intérêt plus marqué pour son aînée. Erwelyn poursuivit donc, persuadée dorénavant que sa démarche était la bonne et que la jeune femme était la personne idéale pour cette dernière.

Je sais que tu gères l'orphelinat Sainte Clothilde, tout comme le faisait Rodrielle lorsqu'elle était encore parmi nous. J'ai un... et son regard se voilà l'espace d'un instant, presque rattrapée par la réalité qu'elle s'efforça de faire taire en l'enfouissant bien profondément dans les méandres de son esprit fatigué par les épisodes douloureux de sa vie, on m'a confié un nourrisson... une fille, à placer, en Orphelinat. Elle a quatre jours.

Le hanap fut porté à ses lèvres pour y boire deux grandes gorgées de vin avant de continuer, le regard dans le vide.

La mère ne peut la garder, ce serait... ce ne serait pas concevable. J'apporterai la somme qu'il faut pour qu'elle soit traitée le mieux possible. J'ai donc pensé que tu serais la personne la plus appropriée pour t'en occuper...

Et ses prunelles se fichèrent dans celles d'Ina, presque suppliantes bien malgré elle, attendant réponse de sa part. La culpabilité la rongerait sans doute un jour. Mais plus tard, plus tard, lorsque la folie qui la prenait depuis quelques jours serait balayée par la conscience du geste, ce qui ramènerait un dégoût d'elle-même plus fort encore.
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Agnesina_temperance
    L'oreille de la Corleone se fait attentive et la concentration est complètement tournée vers son aînée. Au fond d'elle, Ina savait que Erwelyn ne l'avait pas invité pour faire sa connaissance et qu'elle avait besoin de quelque chose, ce qui ne déplut pas à l'Hermine, qui en bonne mercenaire, avait toujours besoin d'effectuer une tâche, tant qu'elle servait ses intérêts ou qu'elle était grassement payée. La question était de connaître la nature de ce service. Lorsque la brune entendit parler de l'orphelinat Sainte-Clothilde qu'elle gérait, elle se redressa, le dos un peu plus droit et un bref hochement de tête vient confirmer les propos de son aînée. Corleone ne prenait pas pour l'instant la parole, observant les expressions corporelles de la femme et ce qui l'intrigua le plus, ce fût son regard. Ina fronça les sourcils avant d'apprendre qu'une personne avait confié une petite fille de quatre jours, à placer à l'Orphelinat.

    C'était donc ça. La femme se perdit dans les méandres de ses pensées, réfléchissant déjà à l'organisation qu'il faudrait mettre en place pour accueillir un nourrisson à l'Orphelinat. Elle savait que l'orphelinat avait un berceau et elle n'avait aucun souci par rapport à ça, mais ce qui la tracassait déjà était de nourrir l'enfant qui avait besoin du sein d'une mère et surtout, un bébé nécessitait une surveillance constante. Si l'orphelinat possédait des langes, il fallait quelqu'un pour les changer. C'était d'une nourrice dont elle avait besoin et déjà, elle pensait à engager quelqu'un pour chercher une de ces femmes. Elle verrait les autres détails plus tard, car l'urgence restait de trouver une nourrice qui sera à plein temps avec la petite fille.

    La mère ne pouvait pas garder l'enfant et étrangement, la Corleone n'émettrait pas de jugement, car si la famille était précieuse pour elle, une pensée la ramenait à sa propre naissance où les parents de sa génitrice avaient tentés de la noyer. L'infanticide était un crime plus odieux que l'abandon. Si Ina était une criminelle, elle ne toucherait jamais à un enfant et si elle advenait à rencontrer quelqu'un qui aurait fait du mal à un gosse, il ne ferait pas long feu.
    En entendant que la mère ne pouvait pas garder l'enfant, car ce n'était pas convenable, la Corleone comprit tout de suite que la petite fille était le fruit d'un péché. Les raisons des abandons étaient presque toujours les mêmes : La pauvreté, une épouse qui a fauté donnant naissance à l'enfant d'un amant, le décès des parents ou un enfant issu hors mariage. Si certains pêchaient en ayant pleinement conscience de leurs actes, la peur d'assumer les symptômes de leurs péchés les rattrapaient. Après, l'Hermine savait qu'elle ne pouvait pas généraliser, car la vie était fourbe et savait surprendre, là où personne ne s'y attendait.

    - Je comprends. Elle frotta son menton en gardant le silence quelques instants avant de reprendre. -Tu as fait quérir la bonne personne et sois sans inquiétude, l'orphelinat s'occupe bien de ses petits protégés. Nous veillons à leur bien-être, car nous voulons leur offrir un avenir. Elle ne mentait pas, même si une certaine culpabilité revenait à la surface, car elle avait été tenu loin de l'Orphelinat depuis longtemps et n'avait pu monter ses projets, mais elle espérait qu'Annelyse, la co-gérante, avait réussi à le gérer pendant son absence.

    - Tu peux compter sur mon silence. Ce ne serait pas difficile, car avec les exactions qu'elle faisait au quotidien, elle avait l'habitude. - Pour la somme, ce ne sera pas nécessaire. Ce détail fit légèrement tiquer l'Hermine. Le bébé serait-t-il l'enfant d'une servante engrossée par un visiteur de son aîné, ou d'une amie noble à qui Erwelyn rendrait service ?

    La curiosité en resta là. Si pour n'importe quel noble, elle aurait cherché la vérité pour éventuellement l'exploiter dans un chantage, elle n'en ferait rien avec un membre de sa famille.

    - Est-ce que la mère a donné un nom à l'enfant ?

    Ce n'était peut-être qu'un détail mais un détail important.

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