Agnesina_temperance
- L'obscurité sillonnait les vallées et les champs, pendant que les misérables paysans entraient chez eux pour partager un souper médiocre avec la famille qu'ils avaient eu l'indécence d'engendrer. Un soupir s'échappa du plus profond des entrailles de la Corleone pendant qu'avec minutie, elle mettait les gants à ses mains et vérifia ensuite si les armes étaient à portée. Un méfait était en préparation et il n'était nullement question de prise de mairie, mais d'une affaire personnelle. L'Hermine avait fait un investissement qui ne lui avait pas rapporter et son impatience avait laissé place à l'agacement. Elle n'était pas d'un naturelle patiente et cette fois-ci, elle comptait frapper, parce que nul ne peut solliciter son aide sans en rembourser le prix et payer les intérêts à... vie.
L'homme en question quémandait de partout de l'argent et une protection pour ouvrir son atelier d'artisan. Corleone avait décidé de devenir sa créancière. Pas parce qu'elle faisait confiance en son projet, mais parce qu'elle était parti du principe que c'était un investissement qui allait lui rapporter plus d'écus et aussi, une manière d'asseoir son autorité sur quelqu'un de plus faible qu'elle. Un entrainement, au cas où. Si un jour, elle comptait s'attaquer à plus gros. Offrir une protection avec une once de menace, voilà qui semblait la parfaite manuvre pour avoir quelqu'un sous sa coupe et malheureusement, l'homme semblait être un raté.
Encapuchonnée, elle se faufila parmi les ruelles pour arriver devant une maison. La maison du misérable qui allait subir son courroux. Retroussant ses manches, elle tourna la poignée de la porte et discrètement, elle entra dans la maison. Etrangement calme, elle toisa ce lieu qui l'insupportait. La chaumière de la famille typique dont le sexe féminin apprenait à laver le linge et à tenir une maison et où le sexe masculin travaillait aux champs, se retrouvant le dimanche à la messe pour écouter le curé raconter ses conneries. Un rictus mauvais se dessina sur le coin de la bouche de l'Hermine qui allait s'assurer à briser le semblant de bonheur des habitants de cette maison. Voilà ce qu'il en coûtait de ne pas honorer ses dettes envers une Corleone.
Des voix attirèrent son attention et avec une démarche fière, elle entra dans la pièce où la famille semblait souper.
- Le bonsoir... dit-elle d'une voix trainante et enleva sa capuche pour dévoiler son visage. - Je vois que je vous dérange en plein souper. Quelle tristesse...
Le cynisme sentait à plein nez. Ce qui allait suivre devrait leur couper l'appétit et la femme s'en délectait déjà. La mine sombre, elle posa son regard glacial vers le père de famille. - Mon temps est précieux et je ne compte pas gâcher une heure de plus sur ton cas. Tu as une dette et j'entends bien que tu l'honores. Où sont les écus ?
La dernière chance.
* proverbe russe.
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