Azylys


Journal de voyage, jour 31 : Grand Duché de Bretagne, Rohan
La brune a retrouvé la ville et cherché la blonde en vain, Thais est introuvable.
Elle s’asseoit alors parmi les troncs de la forêt rohannaise et sort un carnet des plis de sa cape.
La couverture de cuir en est déjà usée et il y a de quoi : il en aura fait de la route ce journal…
La belle passe la main sur son ventre rond et prend sa plume, aujourd’hui est un jour particulier…
Aujourd’hui, 10 Juin 1460, je suis partie depuis très exactement un mois.
Il y a un mois je quittais Toulouse, il y a un mois je quittais ma terre natale pour partir en voyage, il y a un mois les remparts toulousains étaient dans mon dos et je mettais les voiles.
Déjà un mois que je ne l’ai vu, déjà un mois que je ne les ai vus, déjà un mois qu’ils ne m’ont vue.
S’ils voyaient maintenant le gros ventre rond que je porte !
Ça me semble déjà une éternité, pourtant ça ne fait qu’un mois, c’est dur à croire.
Ils me manquent tellement mes toulousains…
Pourtant je sais que je ne suis pas prête de revenir, en espérant que la guerre civile s’achève avant que je ne doive y retourner.
Je suis à l’autre bout du royaume et j’aime cela, moi qui n’aimait pas voyager, qui l’eut crû ?
Me voilà voyageuse, voyageuse de long court, de celles qui franchissent toutes les frontières et voguent sur les mers, de celles qui s’arrête parfois sur le chemin ou partent à l’aventure là où le destin guide leurs pas.
Et pourtant l’aventurière est revenue sur ses pas, aujourd’hui nous sommes de nouveau à Rohan.
En somme, sur un mois de voyage nous en avons passé plus de la moitié en Bretagne, à Vannes puis à Rohan.
Nous avons fait demi-tour car Thais est introuvable.
Nous la cherchons partout en ville, Gael se fait un sang d’encre.
Je me demande bien qui se serait fait un sang d’encre si à l’époque où j’y étais encore, j’avais disparu dans Toulouse.
Enfin, peu importe, nous allons continuer à la chercher, et j’y retourne encore, énième patrouille, énième espoir.
La brune range son carnet et sa plume, rabat sa cape sur ses épaules, fait grimper le faucon sur son épaulette de cuir.
Elle se hisse en selle, saisit les rênes, la jument se met en marche lentement, retournant vers les ruelles.
Laissant le vent jouer dans ses boucles brunes, Azylys scrute chaque recoin de la ville de son regard bleu glacé, cherchant désespérément une chevelure blonde…
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