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[RP] Chroniques d'une épopée : 70 jours en ballon

Azylys


Journal de voyage, jour 61 : Grand Duché de Bretagne, Vannes


La brune est en effervescence, elle réfléchit à toute vitesse, note, barre, écrit, recommence.
L’heure est au grand retour, elle a du pain sur la planche et c’est le cas de le dire.
La belle soupire et passe une main sur son gros ventre rond, encore et toujours elle s’occupe de tout.
Elle qui avait souhaité un peu de calme pour finir tranquillement sa grossesse, elle ne l’aura pas.
Elle reprend les rênes et pas que, aujourd’hui c’est cartes, calculs, prévisions et réflexion.
Azylys reprend la plume encore une fois et ouvre son carnet, il est temps de tout noter avant d’oublier.




Aujourd’hui, neuvième jour de Juillet 1460, l’humeur est au changement et au bouleversement.
Nous sommes toujours à Vannes, mais plus pour longtemps, le grand départ est prévu demain soir.
Mizar prend la tête du groupe mais sous mes instructions, je sers de GPS, Guide Pro et Salutaire.
Il faut donc que pour demain je prévoie nourriture pour dix jours minimum, argent, itinéraire, temps, lieu, déplacements, paperasses si besoin, dérogations s’il le faut.
L’itinéraire je l’ai déjà plus ou moins choisi, reste la nourriture surtout et je suis la seule à avoir vraiment une réserve d’écus, pour le coup on va piocher dedans.
En espérant éviter les mauvaises rencontres ce serait bien, éviter fausse couche ou accouchement sur la route ce serait bien aussi…
Surtout qu’on va circuler hors des villes pour la plupart du temps, donc ça risque d’être difficile.
Mais enfin, je prends le risque, le temps presse, il faut bien.
On ne peut pas tout avoir, la rapidité et la sécurité, j’essaie de faire un mélange des deux.
Puisqu’il n’y a pas de bateau il faut bien prendre par les terres, au moins on passe par la rochelle pour faire coucou à Roxanne et Gerf !
Normalement on devrait pas avoir besoin de laissez-passer, sauf pour Toulouse peut-être, sinon ça passe en théorie.
Il va être long ce voyage de retour, je le sens, long et éprouvant.

Sinon je n’ai pas de nouvelles de Toulouse, ni d’ailleurs non plus.
Ça sera la grosse surprise en rentrant, tant pis !
J’ai hâte d’être à la maison mais d’abord il y a ce voyage de retour tant craint pourtant.
Veille sur moi Illyan, veille sur notre groupe et mène nous à bon port mon ange, j’aurai bien besoin de ton aide.
Au moins Thim a retrouvé une compagne et le sourire, ça fait du bien de se dire que je pars sans avoir à m’inquiéter pour lui.
Kara, je ne l’ai toujours pas croisé, alors j’espère le croiser demain sinon ce sera une prochaine fois !
J’ai écrit aux toulousains, j’ai écrit ici, Haydïndril est prêt pour voler un peu pendant le grand voyage, Brume trépigne, le bébé semble prêt, ça devrait le faire !
Et pis moi je suis solide hein, c’est pas une semaine et demi de cheval qui va m’abattre…


Sur ce la brune ferme son carnet et le range, il est grand temps d’aller dormir.
Elle pressent ce voyage épuisant, tant physiquement que mentalement, elle a besoin de sommeil.
Demain il faudra s’occuper des vivres et de tout le reste, demain sera une journée bien compliquée.
Demain il y aura calculs et transactions, dérogations et achats, et enfin, enfin le grand départ.
Tant attendu et pourtant tant redouté, une épreuve autant qu’une épopée.
Et au bout du chemin peut-être, cet avenir qu’elle n’ose imaginer.
La belle pose sa main sur son ventre, sourit quand le petit lui répond.
Et après le grand retour il y aura l’attente, cette attente interminable.
Puis un jour très spécial, un jour interminable, mais si précieux à ses yeux.
Et ensuite, pour le restant de sa vie, pour tous les moments qu’il lui reste, il y aura le bonheur, interminable.

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Azylys


Journal de voyage, jour 62 : Grand Duché de Bretagne, Vannes


La brune coche, case après case, itinéraire c’est fait, vivres c’est bon, missive c’est envoyé, la carte c’est tout bon pour tout le monde.
La belle compte et recompte encore, tout y est. Elle vérifie les moindres détails.
Tout semble prêt, Azylys commence enfin à se détendre un peu.
Le faucon sur l’épaulette, elle mène sa jument par la bride jusqu’au port.
Elle profite encore une fois du calme de la plage, laisse les vagues mourir à ses pieds.
Elle remonte un peu plus haut pour se mettre hors de portée de l’eau et s’assoit.
La brune sort son carnet et sa plume, sourit quand Haydïndril ouvre ses ailes pour jouer avec le vent.
La belle trempe la plume dans l’encre pourpre, dessine des lettres de sang sur la page vierge de son carnet.




Dixième jour de Juillet 1460, soir du grand départ, début du grand retour, la pression monte.
Normalement j’ai tout vérifié mille fois, normalement tout est prêt, je le crois du moins.
Depuis hier soir je suis en pleine effervescence, je commence seulement à me calmer.
Dix jours de voyage au moins nous attendent, dix nuits à cheval, de nombreux arrêts en dehors des villes, je joue avec le feu.
En prendre peu à peu conscience commence à me calmer sérieusement.
Certains diraient que je suis folle de prendre tant de risques à huit mois passés de grossesse, mais enfin, il le faut je pense.
Je préfère donner naissance au bébé à la maison, au calme, avec Ev, Rosy et Nayelle pas loin pour le porter à son père si je ne survis pas.
Je sais bien que c’est un peu sombre comme précaution mais on se sait jamais, et mieux vaut penser à tout.
Quand tout ça sera passé je pourrais enfin souffler un peu, pour le moment tout s’enchaîne et vite, trop vite.
J’ai du mal à me détendre en ce moment, je fais des rêves d’accouchement plus ou moins parfaits ou inquiétants, je dors mal, je me fatigue vite, j’ai mal un peu partout mais surtout au dos, je change d’humeur facilement.
Il est temps que ça se termine, même si j’ai du mal à m’imaginer sans mon ventre rond.
Il est temps que revienne un peu la stabilité, ça me fera du bien, du calme et de la stabilité. J’en rêve…

Cette soirée a été pour le moins…mouvementée…
C’est dingue quand lorsqu’on met Rosy et Mizar ensemble ils se chamaillent comme des enfants.
J’ai eu bien du mal ce soir à faire avec eux le point pour les vivres, le reste j’ai envoyé des missives, ça vaut mieux !
Enfin, normalement tout est bon maintenant, si Mizar tient la route dix jours, ce qui serait un exploit vu comment il a bu ce soir.
A tel point d’ailleurs que j’ai cru qu’on ne décollerait pas.
Enfin, Thim est heureux comme jamais, Kara je ne l’ai même pas croisé du tout, ça sera pour la prochaine fois.
Sur ce, en route ! Merci Vannes pour se superbe séjour et à bientôt peut-être…


La brune range le carnet, la plume et l’encre, rappelle Haydïndril en sifflant.
Elle attend qu’il s’arrime à son épaulette, mène Brume par la bride jusqu’à la route et grimpe en selle.
Elle a de plus en plus de mal à monter en selle, il est vraiment temps de rentrer à la maison et de se reposer.
La belle porte la main à ses pendentifs, espérant qu’on veille bien sur elle, sur le petit, sur le groupe entier.
Elle perd son regard dans les étoiles, déjà mélancolique, encore craintive, mais pleine d’espoir.
Ev l’attend sûrement à Toulouse avec Astride qui doit avoir bien grandi depuis, la brune a hâte de retrouver son amie et sa filleule.
Elle serre au creux de sa paume la pierre de nuit, comme pour dire à Illyan qu’il éclaire sa route.
Claquement de langue, la jument se met au pas, c’est parti…

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Azylys


Journal de voyage, jour 63 : Grand Duché de Bretagne, sur la route du Sud...


La brune remue les bûches dans les flammes du bout d’un bâton avant de l’y laisser à son tour.
Elle resserre sa cape autour d’elle, perd son regard dans le feu comme s’il elle essayait d’y lire quelque chose.
Elle fait le vide dans ses pensées pour arriver à se détendre un peu, être quelque part au milieu de nulle part ne la rassure pas.
Armée jusqu’aux dents pourtant, elle continue de scruter chaque ombre autour d’elle comme un soir de garde.
La belle se décide enfin à sortir carnet et plume, sans cesser de jeter furtivement un œil alentour.
Méfiante, elle trempe la plume dans l’encre pourpre et la pose sur la page vierge du carnet, levant la tête au moindre bruit lui parvenant.




11 Juillet 1460, nous sommes arrêtés sur la route pour quelques heures, ensuite nous repartirons de nouveau.
Tard ce soir ou tôt demain matin, nous devrions passer la frontière du Comté du Poitou.
J’ai bien crû qu’on ne réussirait jamais à partir, pourtant on a réussi notre départ de Vannes du premier coup, tout le contraire de ce qu’il s’était passé à Rohan…
Je commence à croire que le voyage pourrait se passer sans encombre.
Pourtant il reste encore au moins neuf jours de trajet, dont pas mal avec halte au beau milieu du chemin comme aujourd’hui.
Il nous reste encore deux comtés complets à traverser avant d’atteindre Toulouse, et c’est autant de chances de faire une mauvaise rencontre.
Pourtant je devrais me sentir en sécurité, j’ai l’épée à la ceinture, le carquois dans le dos, l’arc posé juste à côté de moi, une dague planquée dans ma botte et encore un bâton accroché à la selle de Brume.
Je devrais oui, mais je n’arrive pas à me détendre, rien n’y fait, pourtant il faudra bien que je m’y fasse, ce n’est ni le premier ni le dernier soir que nous passerons ainsi.
A vrai dire la route jusqu’ici fut longue tout de même, très longue quand on a l’impression de poursuivre l’horizon sans cesse.
Haydïndril vole de mieux en mieux, il recommence même à chasser, ce qui est un vrai soulagement pour moi.
Il ne vole pas très longtemps encore mais c’est suffisant pour reposer mon épaule lorsqu’elle est fatiguée de lui servir de perchoir.
J’ai des courbatures déjà un peu partout, mais ce n’est rien à côté de ce que j’aurais les prochains jours je pense.

Je regarde sans cesse chaque ombre du chemin, chaque fois qu’une feuille semble bouger, chaque fois que j’entends un craquement, même si ce n’est que celui du bois dans les flammes. Ça me rappelle beaucoup mes veillées de garde à l’époque où je gardais encore les remparts de Foix, et plus particulièrement cette nuit où j’avais croisé Illyan pour la première fois.
Je me souviens avoir scruté chaque ombre du chemin, je me souviens avoir vu une silhouette sur les murailles, je me souviens l’avoir croisé, lui avoir parlé, puis l’avoir ignoré, parfaitement ignoré jusqu’au lever du soleil, fixant encore et toujours les mêmes ombres du même chemin.
C’est dingue, je m’en souviens comme si c’était hier…
Il faut croire que mon petit homme me manque déjà…


Azylys ferme le carnet, range la plume, l’encre et le reste.
Le faucon revient auprès d’elle et se pose à ses côtés dans un atterrissage un brin chaotique.
La brune le regarde en souriant quand il lève la tête vers elle et lui lance un cri rauque.
Elle regarde la proie qu’il tient dans ses serres, ce pauvre campagnol est au menu du dîner on dirait…
La belle détourne le regard, le bruit des os qui craquent lui suffit, elle ne tient pas vraiment à voir le rongeur éventré.
Elle plonge son regard dans les étoiles et pose une main sur son ventre rond, le petiot dort déjà à poings fermés…

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Azylys


Journal de voyage, jour 64 : Comté du Poitou, sur la route du Sud...


La brune sursaute au moindre bruit, ne cesse de s’user les rétines à essayer de voir dans les ombres.
Le faucon sur son épaule et sa jument non loin semblent partager sa nervosité.
La belle ne cesse de vérifier encore et encore que son épée pend toujours à sa ceinture.
L’arc à la main, une flèche presque déjà encochée, elle scrute l’horizon, guette les voix.
Elle ne cesse de regarder alternativement le chemin et sa botte, où elle sait avoir rangé encore une autre arme.
Azylys sort le carnet des plis de sa cape, méfiante, regarde encore aux alentours avant de l’ouvrir et de sortir sa plume.




12 Juillet 1460, sur la route du retour toujours, atmosphère écrasante.
Comme prévu, nous avons passé la frontière du Poitou dans la journée, comme prévu nous sommes arrivés là où j’avais prévu la pause, comme prévu nous repartirons tout à l’heure, et comme prévu nous arriverons dans deux jours à La Rochelle, ou pas…
Oui, ce soir il y a un mais, ce petit détail qui change toute la donne et peut, parfois, apporter bien des ennuis.
Nous sommes deux groupes de voyageurs ce soir sur la même faible portion de chemin.
Ils sont quatre, bien armés d’après ce que j’ai pu en apercevoir, et j’espère pour nous qu’ils passeront leur chemin ce soir tout comme nous.
Pourtant ça ne m’étonnerait pas d’avoir affaire à des brigands, et cette perspective ne me plait pas du tout.
J’espère ne pas avoir à me battre ce soir, déjà fatiguée du voyage et nerveuse de s’arrêter encore hors d’une ville, je suis tendue comme un arc.
Et puis, il faut bien avouer qu’enceinte comme je le suis, avec le gros ventre que j’ai, j’aimerais si possible ne pas avoir à jouer de l’épée.
Mais rien n’est impossible et je me prépare au pire tout de même, il vaut mieux jouer la carte de la prudence.
Je guette donc le moindre bruit, le moindre mouvement, la moindre lueur qui pourrait donner le signe d’une attaque.

Le bébé quant à lui bouge peu, il doit bien sentir que ce n’est pas le moment de me distraire, et encore moins celui de jouer.
Il se pourrait même qu’il ait aussi peur que moi, ce serait bien normal après tout.
Haydïndril et Brume semblent aussi avoir senti cette atmosphère pesante qui règne en ce moment.
Les deux sont aux aguets comme moi et sont aussi nerveux que je crois l’être.
Je compte un peu sur la vue nocturne du rapace qui doit y voir beaucoup mieux que moi cette nuit, et sur le flair de la jument qui doit largement dépasser le mien.
Pour le reste, je garde toutes mes armes sous la main et les surveille, peut-être que les exposer ainsi dissuadera ce groupe d’une quelconque attaque.
Où que tu sois Illyan, veille sur nous ce soir, j’ai bien peur de devoir prendre les armes avant le lever du soleil.
Je n’ose imaginer ce qu’il adviendra si un seul de nous trois finit blessé ou mort à cause d’une stupide mauvaise rencontre.
Quoiqu’il arrive, je protègerai le bébé au péril de ma vie, j’en ai fait la promesse et je compte bien la tenir.


La brune ferme le carnet et le range ainsi que le reste, elle reste concentrée sur ce qui se passe autour d’elle.
Le campement semble calme pourtant, mais elle ne s’y trompe pas, tant se sont déjà fait avoir en s’arrêtant aux apparences…
Après tout, mieux vaut craindre le pire et être agréablement surpris, plutôt que de croire aux apparences et se faire méchamment surprendre…
Azylys s’est déjà fait surprendre alors qu’elle était encore soldat, on ne l’y reprendra plus…
Désormais le premier qui veut lui prendre sa bourse risque d’y laisser la vie, Dieu sait que la miss a l’épée facile…

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Azylys


Journal de voyage, jour 65 : Comté du Poitou, sur la route du Sud...


La brune se détend quelque peu, la soirée y est bien plus propice que celle d’hier.
Toujours sur ses gardes et toujours l’épée au côté, elle est pourtant bien forcée de constater que les trois premiers jours du voyage ce sont passés sans heurts.
Elle finit par se laisser aller et ferme les yeux quelques secondes, histoire de profiter de cette tension qui redescend enfin.
Comme toujours sans s’en rendre compte, elle passe la main sur son énorme ventre rond qui n’en finit pas de grossir encore et toujours.
Le petit lui répond, comme toujours, pourtant bien moins joueur qu’à l’accoutumée.
La belle rouvre les yeux et sort son carnet, elle se doit d’écrire, comme chaque soir.




Ce soir, treizième jour de Juillet, nous sommes arrêtés aux alentours de Niort.
Toujours sur la route du Sud, nous poursuivons la grande descente vers Toulouse, inexorablement.
Demain si tout va bien nous arriverons à La Rochelle, première étape dans une ville depuis que nous avons quitté Vannes, un peu de détente en perspective, même si je sais que Roxanne sera sûrement absente, malheureusement.
En effet j’aurais bien voulu profiter de cette petite escale pour lui faire coucou mais elle est à Saintes en ce moment et nous dépasserons Saintes sans nous y arrêter.
Mais enfin, j’ai interdit à Mizar de se saouler demain soir, manquerait plus qu’il file dans une taverne et qu’on ne puisse plus repartir !
Et s’il me tient tête, zip, je le taille en apéricubes, namého.

J’ai eu bien peur hier soir, lorsque nous n’étions pas seuls sur la route, et j’ai bien cru devoir craindre une attaque.
En réalité, je ne sais pas si c’était grâce à mes armes sorties et exposées à la vue de tous, mais le groupe est reparti dans la direction inverse de la nôtre sans poser de problèmes.
Mais j’avoue que jusqu’à la dernière minute j’étais tendue comme un arc et prête à dégainer l’épée.
Réflexe d’ancienne guerrière peut-être, mais après tout la méfiance n’est pas forcément un défaut.
Je me sentirais un peu plus en sécurité demain quand nous serons en ville je pense, voir des remparts ça me rassure, ça donne un petit air de chez soi déjà !

Il est vraiment temps de rentrer, je crois que Toulouse manque à tout le monde et particulièrement à moi qui ne l’ai pas revue depuis plus de deux mois.
Le bébé se fait aussi taciturne, je crois que son papa lui manque, ainsi qu’un peu de calme.
Je suis un peu trop stressée je pense, et il doit le sentir le pauvre.
Il est bien moins joueur, mais je sais que ça ne durera pas bien longtemps, il est espiègle comme ses deux parents…
Pourtant je sais bien qu’il n’y aura plus personne ou presque à Toulouse quand je vais arriver, pourtant je sais que le petit est pas près de revoir son papa d’après ce que j’ai cru comprendre.
J’essaye de ne pas trop y penser, je me borne à ce voyage de retour et à la naissance du petit ange.
C’est bien assez pour m’occuper pour la fin du mois je crois…


La brune sourit et ferme son carnet, le glisse de nouveau dans les plis de sa cape.
Aucune nouvelle de Toulouse, elle sait seulement que les laissez-passer ne seront pas nécessaires, pour le moment ça lui suffit.
La belle joue avec les pendentifs à son cou, elle remercie encore Illyan d’avoir veillé sur eux la veille au soir, elle passe distraitement le doigt dans l’anneau doré et joue avec la chaine qu’elle remettra un jour au bébé.
Pour une fois que le voyage de retour lui laisse un peu de répit, elle ne cesse de penser à lui encore et toujours, elle l’imagine, elle sourit…

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Azylys


Journal de voyage, jour 66 : Comté du Poitou, La Rochelle


La brune fredonne un air qui lui passe par la tête en essayant de faire ricocher des galets sur l’eau du lac.
Elle éclate de rire quand son caillou va déloger une grenouille qui croyait pouvoir faire sa sieste en paix.
La belle n’a pas résisté à la tentation de tremper au moins les pieds dans l’eau, ce voyage a décidément un petit air de vacances.
Ce retour à la ville lui fait du bien on dirait, la tension de ces derniers jours est bien loin derrière elle.
Azylys préfère ça et profite de ce petit jour de répit dans ce long voyage de retour.
Elle s’éloigne un peu du bord du lac, presque à regret, pour s’asseoir sur une vieille souche et sortir son carnet, elle a tant à dire !




14 Juillet 1460, nous sommes enfin à La Rochelle, déjà quatre jours de voyage !
Petite note en passant, les habitants d’ici se somment les Rochelais ! Je trouve que ça sonne pas si mal…
Ils font partie intégrante du peuple des Poitevins du Poitou et ils ont l’air plutôt discrets !
Sept tavernes en ville, pas tellement fréquentées en journée, je suppose qu’elles seront plus remplies ce soir, et surtout que l’été ici est une période creuse comme partout ailleurs !
Comme pas mal de villes situées au bord de la mer apparemment, La Rochelle est dotée d’un lac, sur les bords duquel je me trouve en ce moment.
C’est fou ce qu’il en faut peu pour donner un air familier à une ville, peu importe où elle se trouve !
Des remparts, des tavernes, les couleurs du marché, le clocher d’une église, la fraicheur du lac, je me croirais presque déjà à la maison !
J’ai eu le temps de faire un peu le tour et de me promener dans les ruelles, j’ai trouvé le marché bien fourni, surtout niveau vêtements, je le note, en effet ça se fait de plus en plus rare !

J’ai eu le temps d’aller faire un petit tour au port, qui s’agrandit apparemment, la ville est en train de se doter d’un véritable arsenal !
C’est bien ça fait tourner l’économie et ça crée des emplois, un bon point après tout !
Par contre j’y ai aussi vu quelque chose qui m’a surprise, une cogue marchande en parfait état, comme neuve et très bien faite en vente pour seulement sept mille écus !
Je me suis demandée longtemps où était l’arnaque, Gael m’a toujours dit que ces petits bijoux coûtaient une merveille.
Il faut croire que c’est exceptionnel, ou qu’il n’est plus vraiment au point là-dessus également !
Décidément, lui qui croyait s’y connaitre en bateaux, il a une bonne marge d’amélioration on dirait…
C’est bête si j’avais eu la somme je crois bien que je l’aurais achetée cette cogue !
En plus j’ai trouvé le nom bien joli, un navire qui s’appelle Atlantis c’est une promesse de chance ça non ?
Je crois que le petit m’en aurait voulu de dépenser autant d’écus pour un bateau que je ne saurais même pas diriger…
Mais enfin, une telle offre ça vaut bien le coup de faire une folie de temps en temps non ?
Dans tous les cas, le bébé est bien plus joueur aujourd’hui, ça devait vraiment être mon humeur et ma tension qui l’avaient rendu si taciturne ces derniers jours.
Sur ce je ne vais pas tarder à rejoindre le bord de mer, je ne veux pas y rater le coucher du soleil !
Si j’ai encore deux jours de voyage à longer la mer et à pouvoir admirer mon spectacle préféré, dans deux jours nous rentrerons définitivement dans les terres pour poursuivre notre périple vers l’Est et je ne sais combien de temps je devrais attendre encore avant de revoir cette mer de feu !


La brune ferme le carnet avec entrain et le range dans les plis de sa cape.
Ni une, ni deux, elle s’approche de nouveau du lac, riant en voyant Haydïndril tourner en rond à essayer d’attraper un poisson qui lui file entre les serres.
Une bien belle soirée en perspective, la belle s’en réjouit d’avance…
Ce soir elle reprendra la route, mais avant elle est bien décidée à profiter de l’escale…

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Azylys


Journal de voyage, jour 67 : Comté du Poitou, sur la route du Sud...


La brune est assise face à l’horizon, elle regarde le soleil enflammer la mer.
Pour une fois, depuis longtemps sûrement, pour une fois elle ne pense à rien.
Elle a toujours l’épée à la ceinture, elle surveille toujours aux alentours, mais elle est bien plus détendue que de coutume.
La main posée sur son ventre rond, elle rêve déjà un peu aux semaines à venir, elle se laisse porter.
Elle imagine, tout, et un peu n’importe quoi à vrai dire.
Elle se représente le bébé, elle essaye de visualiser la bouille d’Astride qui doit avoir sacrément grandi depuis son départ.
La belle sourit, elle est heureuse, et elle semble n’être pas la seule.
Azylys pose la plume sur la page vierge du carnet, bientôt il sera plein…




Aujourd’hui nous sommes le 15 Juillet 1460, et je me trouve pas loin de Saintes, ville du Poitou que nous avons dépassée dans la journée.
Demain nous devrions passer la frontière pour arriver en Guyenne et rejoindre la Garonne.
En fait, nous suivons l’eau, tout simplement : nous longeons la mer jusqu’à l’embouchure de la Garonne et ensuite nous remontons le fleuve jusqu’à Toulouse.
Encore deux jours cap plein Sud et ensuite il faudra mettre le cap direction Sud-Est, jusqu’à Montauban du moins et ensuite de nouveau plein Sud pour atteindre Toulouse !
Si tout se passe comme prévu nous serons à Toulouse le 20 Juillet, nous avons donc fait déjà la moitié du trajet !
J’ai tellement hâte d’être rentrée, tellement hâte de retrouver la maison, de retrouver ceux qui sont encore là.
Enfin, deux mois de vacances ce n’était pas de trop je crois et ça m’a apporté beaucoup, n’est-ce pas Illyan…

Ce soir nous sommes donc de nouveau arrêtés en plein milieu du chemin, comme souvent, comme demain.
Le plus étrange c’est que je suis calme aujourd’hui, et même plutôt détendue, alors que nous ne sommes pas seuls, un autre groupe se partage avec nous cette petite portion de route.
Pourtant ils ont l’air bien plus amicaux que les précédents et je ne pense pas avoir besoin de lustrer mes lames à la vue de tous ce soir.
Pour une fois je commence à croire mon petit ange et à me dire que tout ira bien.
Je suis un peu étonnée que Mizar tienne toujours la route avec autant de sérieux, c’est une bonne surprise !
Après le breton il va bientôt falloir que je me remette à parler l’oc !

Ce soir comme hier et comme demain, je suis postée face à la mer et je regarde le soleil se coucher à l’horizon.
Bientôt je regarderais le soleil disparaitre derrière les remparts toulousains, illuminer les toits de pourpre et d’or à la place des cieux.
Ce soir encore je regarderai inlassablement les étoiles, celles qu’un jour je n’était pas la seule à regarder.
Je regarde bien sûr celle qui brille au-dessus de Foix, que j’ai passé tant de temps à contempler l’année passée.
Je pense bien sûr à mes bonnes étoiles qui veillent sur moi de là-haut, en essayant de me montrer digne de cette attention.
Et bien entendu je pense à mon petit homme que je ne reverrai pas avant peut-être des mois.


Pas avant des mois peut-être, certes, mais elle a cette certitude qu’au fond, peu importe le jour, il reviendra toujours, il ne peut en être autrement.
La brune se dit que la prochaine fois elle pourra lui présenter le petit bout de chou qu’il a déjà juré de protéger.
La belle sourit, c’est déjà comme une petite famille qui va se constituer sous peu, sa famille à elle.
Elle ne peut s’empêcher de penser qu’elle a encore tant à voir et tant à apprendre, elle n’attend que cela.

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Azylys


Journal de voyage, jour 68 : Duché de Guyenne, sur la route du Sud...


La brune joue avec le rapace, elle profite de l’arrêt pour se détendre et se dégourdir un peu les jambes.
Et pour ne pas être la seule, elle en profite pour que le faucon se dégourdisse les ailes avec, un peu d’exercice ça ne fait pas de mal.
La belle essaie de lui apprendre quelques acrobaties, mais il semblerait qu’Haydïndril manque encore un peu de muscle pour cela.
Pourtant Azylys ne se démonte pas, têtue comme elle est, elle persévère encore, et encore.
En cela elle a un petit air de bretonne, lorsqu’elle s’obstine à n’en plus finir.
La brune finit par s’asseoir en riant et sort le carnet à la couverture de cuir, il est temps d’écrire.




16 Juillet 1460, duché de Guyenne, à nous deux !
Nous longeons la Garonne depuis le milieu de la matinée déjà, nous la remontrons en amont jusqu’à Toulouse.
Nous avons passé la frontière très tôt ce matin, dépassé Blaye dans la journée, demain nous dépasserons Bordeaux.
Encore quatre jours et nous serons à la maison, je commence sérieusement à faire le décompte.
J’ai tellement hâte d’être rentrée, et je crois bien que je ne suis pas la seule !
Le bébé semble se lasser du voyage aussi, parfois il s’agite beaucoup, d’autres il reste des heures sans bouger.
Je crois bien qu’il manque de calme et de jeu, et il n’est pas le seul.
J’espère moi aussi un peu plus de calme et d’inactivité, ce qui peut paraître paradoxal.
Je me souviens encore de mon flamboyant qui me disait ‘Toi ? Ne rien faire ? J’arrive même pas à l’imaginer !’.
Il n’a pas tort au fond, il me tarde déjà que le petit naisse pour que je puisse reprendre un peu d’entrainement, grimper, sauter, galoper, bouger quoi !
Et pourtant, en attendant j’espère juste un peu de calme pour pouvoir finir ma grossesse tranquillement.
Mais il est vraiment temps que je me remette à me faire un peu de muscles comme Haydïndril.
D’ailleurs celui-là commence vraiment à péter la forme, encore quelques semaines et je pourrais m’occuper davantage de ses prouesses à venir…
A vrai dire j’ai déjà essayé tout à l’heure de lui faire faire quelques acrobaties mais je crois qu’il est encore un peu trop tôt.
Il ne semble pas avoir pleine confiance en ses capacités encore, je le trouve un peu hésitant.
Mais bientôt je suis sûre que je pourrais lui apprendre un tas de choses !

Alalalala, je crois que Rosy ne se doute pas encore de ce qui l’attend…
A vrai dire je crois que quand elle aura un ventre comme j’en ai un en ce moment et qu’elle ne pourra presque plus bouger, je vais bien rire !
Je pense que ça lui fera bizarre de ne pas pouvoir galoper avec sa monture comme d’habitude…
Bref, pour le moment on ne lui voit rien du tout, même pas un riquiqui petit ventre en plus, mais ça ne tardera pas à changer.
Bientôt elle va gonfler de partout et je pourrais la faire rouler.
J’espère qu’on trouvera un coin sympa avec Ev pour élever les trois petits ensemble, ça vaudrait le coup je pense !
Enfin, on verra bien ça d’ici quelques temps, n’est-ce pas ?


La brune sourit et range carnet et plume, sursaute presque quand le faucon vient se percher sur son épaulette.
Elle sourit et se relève, difficilement maintenant, aussi difficilement que lorsqu’il faut se hisser en selle, ou presque.
Elle a mal un peu partout, des courbatures surtout, mais elle ne s’en plaint pas.
La belle considère qu’au fond ça pourrait être bien pire et qu’elle n’a pas à se plaindre, la route est calme pour le moment.
Bientôt elle sera à la maison, elle rêve déjà d’un vrai lit…

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Azylys


Journal de voyage, jour 69 : Duché de Guyenne, Bazas


Azylys flâne dans les ruelles de la ville, elle a déjà fait le tour du port tout à l’heure.
Le sourire aux lèvres elle finit par y retourner et trouve un coin tranquille au bord de la Garonne.
Elle essaierait bien de pêcher au harpon comme elle le faisait autrefois dans le lac de Toulouse mais désormais elle ne peut plus.
Son énorme ventre rond la précède et rien que le fait de pêcher pourrait risquer de provoquer fausse couche ou accouchement.
La brune fait la moue et s’asseoit au bord de l’eau, il lui tarde de pouvoir de nouveau faire ce qui lui plait quand il lui plait.
La belle sort le lourd carnet des plis de sa cape et tourne désormais les pages en partant de la fin.




En ce 17 Juillet 1460, nous sommes en escale dans la petite ville de Bazas, en Guyenne toujours !
Une jolie ville mais pas très peuplée et pas très animée, trois tavernes, le chiffre parle en lui-même.
Pourtant pour une si petite ville qui ne compte même pas une centaine d’habitants, je trouve le marché extrêmement bien fourni !
On trouve de tout, et même un large choix de vêtements, nourriture, produits simples et de luxe.
Une petite ville mais qui fait dans la diversité, même si je ne sais pas si c’est organisé pour ou si ça se fait naturellement…
A part tout cela, la ville compte aussi un petit port, et une grande forêt, sans compter la mine et les emplois qu’on peut trouver partout.

En tout cas même si les Bazadais ont l’air discrets, leur ville est déjà bien jolie !
J’ai finalement réussi à en croiser quelques uns en passant la porte d’une taverne, ils sont à l’image de leur ville.
Et ils vouent un culte particulier aux champignons aussi… Et à une légende un peu étrange qui dit qu’on peut parfois y trouver des petits êtres bleus avec des bonnets blancs… Tant que ça peut passer à la casserole avec le reste ça me va moi hein…
Demain nous serons de nouveau en escale sur les routes, au bord de la Garonne et nous dépasserons Marmande sans nous y arrêter comme nous l’avons fait aujourd’hui avec Bordeaux.
Il ne reste déjà plus que trois jours de voyage, dans trois jours nous serons à la maison !
J’ai encore du mal à y croire mais pourtant la réalité se fait chaque jour un peu plus pressante.
Déjà j’ai atteint l’avant-dernière page de mon carnet, je crois bien qu’il va falloir que j’en rajoute, il m’en manquera au moins une…
Enfin, j’en rajouterai autant qu’il en faudra, ce n’est pas un soucis !

Le bébé dort pas mal aujourd’hui, je ne sais pas trop si c’est le voyage qui l’épuise ou mon énergie qui le fait somnoler mais enfin, de toute façon il peut difficilement bouger maintenant.
Et dire que bientôt je l’aurais dans les bras… Si tu savais comme j’ai hâte de voir ta bouille mon petit cœur…
Je suis sûre que tu ressembleras à ton papa, et j’en serais très fière.
Ce que j’attends surtout de voir, c’est ton caractère, et là je suis certaine qu’il sera bien trempé…avec les parents que tu as il ne peut en être autrement…


La brune se dit qu’elle trouve cette ville vraiment sympathique et que si un jour elle cherche où donner un coup de main elle pourra toujours s’adresser ici.
On cherche des bonnes âmes, comme partout on dirait…
Elle pense pourtant que cette ville est sur la bonne voie et entre de bonnes mains.
Elle pense à Toulouse et soupire, c’est pas partout le cas malheureusement on dirait…

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Azylys


Journal de voyage, jour 70 : Duché de Guyenne, sur la route du Sud...


La brune essaye d’apercevoir le cours de la Garonne mais il est davantage au Sud.
Elle a beau se hisser sur la pointe des pieds elle ne voit pas d’eau à l’horizon, ni eau ni ville, et le coucher de soleil lui en semble presque fade.
La belle pose la main sur son énorme ventre rond qui grossit encore, encore et toujours, à n’en plus finir.
Le bébé ne tarde pas à lui répondre, ce soir il est réveillé, et il a même plutôt l’humeur joyeuse…
Elle ne résiste pas à l’envie de jouer un peu avec lui avant de prendre son carnet et sa plume.
Azylys grimace en ouvrant le carnet par la fin, c’est déjà la dernière page, demain il faudra rajouter un feuillet.




Aujourd’hui, 18 Juillet 1460, je suis toujours sur les routes, et toujours en Guyenne.
Notre route s’est un peu écartée de la Garonne mais nous ne somme pas perdus pour autant.
Cap à l’Est en direction de Montauban, dans deux jours nous serons à Toulouse déjà !
Dix jours de voyage, c’est passé vite finalement pour faire une aussi grande distance, plus rapide que si on avait pris le bateau.
C’était donc un bon choix au final, et Mizar tient parfaitement la route, c’est vraiment dingue.
Enfin, dans deux jours je serais à la maison, au calme, à attendre que le petit veuille bien voir le jour.
Un Kilian ou une Enelys ? Je n’ai pas vraiment de préférence, même si je sais que Rosy prie chaque jour pour avoir un petit neveu.
D’ailleurs le nombre de bougies et de cierges qu’elle a dû allumer depuis le début de ma grossesse doit friser l’hystérie.
Mais enfin, le hasard ou le destin, il n’y a que cela qui décidera au final !
De toute façon, Illyan veillera sur le bébé, alors je ne me fais pas vraiment de soucis…

Mais je commence à avoir sérieusement mal un peu partout, le voyage et surtout à cheval, et d’autant plus quand on a un ventre comme le mien c’est vraiment pas de la tarte.
En fait, le plus gros problème maintenant c’est monter et descendre de cheval.
Quel que soit le moyen que j’essaie pour me hisser en selle c’est douloureux, et même parfois infaisable.
Brume m’aide du mieux qu’elle peut mais bon, il est un temps où monter à cheval devrait être proscrit, mais je suis têtue.
La selle que j’avais trafiquée, agrandie et rembourrée avant de partir il y a deux mois commence à se faire juste en plus.
C’est de plus en plus galère avec tout ce que je ramène, y compris Haydïndril bien qu’il vole de plus en plus.

D’ailleurs je me demande bien où je vais le mettre celui là quand je serais au couvent…
On trouvera bien va, je me fais pas de soucis, au pire Illyan aidera…
N’est-ce pas mon petit ange, tu me surveilles encore…
Tu peux vérifier, je rayonne encore, comme promis !


La brune ferme le carnet non sans un sourire, elle est heureuse.
Heureuse de bientôt rentrer de nouveau dans sa maison, dans leur ancienne maison.
Heureuse de revoir des personnes qui lui ont manqué énormément pendant ces deux mois.
Heureuse de pouvoir être au calme de nouveau et de s’occuper un peu d’elle et du petit.
Heureuse que ce voyage se soit passé aussi bien et ait été aussi enrichissant.
Heureuse de toutes les personnes qu’elle a rencontrées en cours de route et qu’elle n’oubliera jamais.
Heureuse de savoir qu’il y aura sûrement bientôt un prochain voyage où elle pourra les revoir.
Heureuse que tout ce qui se termine, recommence toujours…

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Azylys


Journal de voyage, jour 71 : Duché de Guyenne, sur la route du Sud...


La brune baille déjà, pourtant il est encore tôt, du moins par rapport à d’habitude.
Allongée sur l’herbe, une main sur son énorme ventre rond, elle perd son regard dans les étoiles.
La lanterne est posée à côté d’elle, juste pour qu’elle ne s’endorme pas.
La belle joue avec les chainettes autour de son cou, profite un peu de ce calme qui se fait de plus en plus nécessaire.
Le bébé lui répond, comme toujours, et tape doucement au creux de sa paume, lui aussi est fatigué et manque d’espace.
Azylys finit par s’asseoir, rien que cela c’est presque douloureux.
Elle prend son carnet et le pose à côté d’elle, tourne les pages jusqu’à la fin.
Elle prend alors une feuille qu’elle rajoute après la dernière page, prend sa plume et la trempe dans l’encre pourpre.
Elle ne sera pas bien longue ce soir, ses yeux se ferment déjà presque tout seuls.




Aujourd’hui 19 Juillet 1460, je suis obligée de rajouter une page à ce carnet pour pouvoir écrire.
C’est peut-être la dernière fois que j’écris ici, peut-être j’écrirai encore demain, je ne sais.
Nous avions pour but d’atteindre Montauban aujourd’hui mais nous n’avons pas réussi.
Nous sommes entre Agen et Montauban, et j’espère réussir à tenir jusqu’à Toulouse lorsque nous reprendrons la route demain.
Et pour cause, si nous sommes arrêtés au bord de la route ce soir c’est que je ne pouvais pas tenir une heure de plus.
J’avais vraiment trop mal partout pour continuer, et je tombais presque de sommeil.
C’est fou comme une femme enceinte se fatigue vite, on me l’aurait dit au début, je ne l’aurais pas cru.
En fait, si je persistais à continuer, je risquais de tomber, et j’ai promis de ne pas prendre de risques, ou du moins de les limiter.
Donc nous sommes arrêtés le temps que je reprenne un peu des forces, et ensuite nous essayerons de rejoindre Toulouse.

A vrai dire, maintenant que ce voyage touche à sa fin, je commence à en faire un bilan.
Mon ventre et le bébé n’ont cessé de grossir ces deux derniers mois, et pas que le ventre, je gonfle de partout.
Je dois bien reconnaitre que ces petites vacances loin de Toulouse m’ont fait du bien !
Si j’avais à le refaire, je le referais sans hésiter, j’ai pris des risques, certes, mais le jeu en vaut vraiment la chandelle.
Rien que pour le fait de t’avoir revu mon petit ange, rien que pour ça je le referais mille fois s’il le fallait.
C’est en partie et surtout grâce à toi que je vais mieux, et me dire que je te reverrais un jour me motive plus que tu ne l’imagines.
Je te remercie pour cette promesse que tu as faite pour le petit loup, je te remercie pour m’avoir montré le chemin.
Et, promis mon petit homme, regarde comme je rayonne maintenant, je pense fort à toi, où que tu sois.
Rien que pour avoir trouvé Haydïndril aussi, il me fait tellement rire ce rapace !
Je ne regretterais jamais ces quelques bandages que m’ont valu d’avoir voulu t’attraper.
Et surtout, rien que pour toutes les personnes exceptionnelles que j’ai rencontrées sur ma route.
A vous et à mes compagnons de route, merci infiniment.


La brune clôt le carnet, ce carnet à la vieille couverture de cuir abîmée et gravée au couteau.
Elle le range, tout en sachant qu’elle ne l’ouvrira peut-être plus avant des semaines ou des mois, comme elle peut aussi avoir encore demain à narrer.
Elle s’allonge de nouveau et s’enroule dans sa cape qu’elle resserre autour d’elle.
Ses yeux se ferment tout seuls et elle s’abandonne enfin au sommeil, demain sera une longue journée, quelle qu’en soit l’issue.

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Azylys


Journal de voyage, jour 72 : Duché de Guyenne, Montauban


La brune fait encore une fois le tour de la forêt montalbanaise, elle est passée au marché déjà tout à l’heure, elle termine son tour de la ville, qu’elle connait déjà d’ailleurs.
Elle se rappelle encore de la dernière fois où elle a mis les pieds ici, elle ne l’oubliera jamais…
La belle finit par s’asseoir sur une veille souche et rapproche sa lanterne de la couverture usée du carnet de cuir.
Elle glisse encore une page à la fin pour pouvoir écrire encore, elle le fera tant qu’elle ne sera pas arrivée à Toulouse.
Azylys pose la plume tachée d’encre pourpre sur le parchemin et se lance, les cimes lui servent d’écrin.




En ce vingtième jour de juillet 1460, nous sommes arrêtés à Montauban, comme nous aurions dû l’être hier.
Rosy et Mizar ont préféré y faire escale plutôt que de tenter une longue traversée et de risquer de devoir s’arrêter encore une fois au bord de la route.
Nous serons donc probablement à Toulouse demain dans la journée, il est temps et j’ai hâte.
Il est vrai que je préfère aussi passer la nuit entourée par des murailles, c’est plus rassurant, et surtout plus animé.
J’ai compté sept tavernes à Montauban, pas très fréquentées mais nous sommes en période creuse et il est déjà tard.
Le marché est bien fourni, un peu plus cher que ce que j’ai trouvé dans certaines villes que j’ai traversé mais ça reste largement raisonnable.
Pas très envie d’aller en taverne ce soir, j’ai profité de la soirée pour écrire un peu, répondre aux missives et me reposer.
Car avant tout, le trajet de demain, bien que le dernier, sera long et fatiguant, si j’arrive à tenir la distance bien sûr, il le faudra bien.
En somme, je ne rencontrerai pas de Montalbanais ce soir, ce sera pour une prochaine fois, en famille peut-être.
C’est probablement, et je l’espère du moins, le dernier jour où j’écris dans ce carnet, c’est le récit de mon voyage et demain j’aurais bien d’autres choses à faire que me pencher sur mes écrits.
C’est donc déjà la fin, et pourtant la Bretagne me semble si proche encore.

Je ne peux m’empêcher de penser à la dernière fois où j’ai mis les pieds à Montauban, pour mon mariage certes.
Et en passant par cette ville je commence déjà à me rappeler des lieux, à raviver les souvenirs, à faire resurgir les images.
A l’époque nous n’étions que deux, deux têtus, deux impatients, deux intrépides, et on ne demandait pas mieux.
Et parfois, je crois que j’aimerais bien de nouveau revenir à ce temps là.
Maintenant je suis deux à moi toute seule, bientôt plus certes, mais pour le moment c’est encore le cas.
J’ai autour du cou cet anneau qui me rappelle ce que l’on était l’un pour l’autre autrefois, j’ai aussi cette chaine qu’un jour je remettrai au petit de la part de son père.
Je n’en ai toujours pas de nouvelles d’ailleurs, je verrais bien ça une fois à Toulouse.
En tout cas, où que je sois et où que tu sois, nous avons le même ciel et je pense à toi.


La brune referme le carnet et passe la main sur la vieille couverture de cuir.
Déjà deux mois, elle ne les a pas vu passer, c’est à peine si elle réalise que demain elle sera enfin à la maison.
Pourtant elle en a hâte autant qu’elle le craint, pourtant elle est pressée autant qu’il faut qu’elle aille doucement pour ne pas prendre trop de risques, comme elle l’a promis, et c’est une promesse qu’elle compte bien tenir jusqu’au bout.
La belle passe la main sur son ventre rond, perd son regard dans les étoiles que l’on voit briller entre les cimes.
Toujours, elle n’y voit qu’un seul regard, elle n’y entend qu’une seule voix, elle n’imagine qu’un seul sourire.
Depuis le tout premier jour, et maintenant pour ce qu’il lui reste à vivre, peu importe le temps, toujours elle murmure : Je t’aime…

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