Azylys
Rp semi-fermé pour les besoins de l'histoire, prière de demander l'autorisation avant de poster !
Vannes, 21 Septembre 1460
Azylys détaille l'endroit du regard, pour sûr elle a bien choisi. C'est la première pierre d'un nouvel édifice qu'elle s'apprête à poser, pourtant elle n'a pas su oublier le précédent. Les remparts se devinent à peine d'ici, la forêt par contre n'est qu'à quelques pas seulement. Elle a choisi, elle a pensé, elle a voulu cette maison presque semblable à celle qu'elle vient de laisser derrière elle. Elle avait cherché à fermer les yeux sur le passé pour mieux avancer, mais tourner une page n'est jamais vraiment simple. Peut-être a-t-elle besoin de retrouver quelques repères, comme si elle avait pu déplacer son petit monde dans un autre cadre, dans un autre lieu. Mille fois déjà elle a pensé à cette nouvelle page à écrire, mille fois déjà elle a imaginé la maison qu'elle voulait bâtir ici, mille fois déjà elle en a tracé les contours. Une chambre à l'Est pour voir le soleil se lever, une chambre à l'Ouest pour le voir se coucher, le reste s'arrangera de lui-même. Elle a déjà fait l'acquisition d'un champ, le deuxième sera sien dès demain, l'échoppe suivra dès que possible, puis tous les autres projets, même les plus fous, il ne manque que le nid, la maison, il y a encore tant à faire...
La brune reste pensive, le premier pas est toujours le plus dur et le plus coûteux, la première pierre est toujours si compliquée à poser. Le bâton qu'elle tient à la main lui servira de mesure, il n'y a plus qu'à se lancer. Elle a besoin de se retrouver, de créer quelque chose qui soit un petit bout d'elle-même, d'y mettre tout ce qu'elle a, tous ses espoirs et ses douleurs, elle veut quelque chose qui lui ressemble. Les quatre premiers piquets sont vite plantés, cent fois déjà elle a calculé et recalculé leur emplacement... Entre ces quatre bouts de bois elle dressera sa maison, c'est décidé. Une partie du bois est déjà coupé, stocké dans un abri à quelques pas de là, la construction sera rapide. Ancienne charpentière, la Fleur n'a pas lésigné sur les moyens, elle sait la place de chaque tronc, de chaque planche, de chaque clou. Serré dans son petit cocon de tissu, Kilian babille dans le dos de la brune. Lui aussi sûrement a hâte de retrouver une vraie maison, de se poser ailleurs qu'au bord de la route le temps d'un bivouac.
Tu devrais dormir mon petit loup, j'ai encore du pain sur la planche avant la nuit. Dors mon amour, maman veille sur toi...
Un baiser sur le front de son fils et la belle le confie à ses compagnons de route. Placé sous la surveillance du faucon et de la jument, le petit trésor ne peut avoir de meilleurs gardes du corps. Serrant sa couverture dans ses minuscules poings, il ne tarde pas à fermer ses yeux d'azur. Alors qu'Azylys s'attaque à grand coup de pelle à ce qui deviendra les fondations de la maison familiale, le poupon sommeille déjà. Porté par ses rêves d'enfant, il laisse le soin à celle qui lui a donné la vie de leur façonner un corps à eux-aussi.
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