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[RP]Chez la Fleur et le Loup : chronique d'un nouveau départ

Evdokiya
Un dimanche après midi, par un temps gris Evdokiya se raprocha de la maison de sa chère amie Azy. Ev était très chargée elle avait avec une livraison pour son ami un coffre à jouet, Ev s'était empressée de le fabriquer pendant la nuit. Elle toqua à la porte et au bout de quelques minutes Azy lui ouvrit la porte toute souriante


Azyyyyyyyyyyyyyyyyyyyyyyyyy!!!!!!!!!!!!!!!
Je vien t'amener le coffre
Ev déposa à ses pieds le coffre à jouet délicatement





Voila pour Killian et il y a encore quelque chose dedans qui devrait t'interesser je pense Ev ouvrit le coffre à jouet afin de dévoiler à Azy ce qu'il contenait




C'était un petite boite en or orné d'email et de diamant et ce n'est pas tout dans cette petite boite ce trouvait un très beau collier, avec ses boucles d'oreilles digne d'une reine spécialement amené de Russie pour son mon amie



Je n'ai pas trouvée un cadeaux aussi beau que toi je crois que c'est impossible même ce collier parait terne à côté de toi, mais que dis tu d'aller te promener un peu avec moi ? Ca nous ferait le plus grand bien je pense

Ev pris dans ses bras Azy et se mis en chemin avec elle pour une belle ballade par un temps pluvieux mais peu un porte les deux amies étaient ensemble et c'était le plus important à leurs yeux
Azylys
Vannes, 6 Janvier 1461

La brune avait promis à sa princesse qu'elle pourrait venir la chercher dans l'après-midi pour aller balader. Par chance la journée était beaucoup plus calme que les précédentes, et elle avait même eu le temps de faire un brin de rangement. Elle venait justement de terminer quand elle entendit toquer à la porte. Ni une ni deux, Azy installa Kilian sur son ventre dans son cocon de tissu et ouvrit la porte, pour y voir Ev à côté d'une grosse malle en bois.

Déjà ! T'as fait vite dis donc ! Il est parfait ce coffre, je vais pouvoir y ranger tous les jouets de Kilian, et c'est qu'il commence à y en avoir beaucoup !

La brune allait l'aider à rentrer le coffre à jouets à l'intérieur quand son amie se pencha pour en sortir une autre boîte. Une boîte dans une boîte, c'est tellement génial comme idée ça... Pourtant la brunette, déjà impressionnée par la richesse du petit coffret, ne s'attendait pas à ce que son amie en sorte un collier. Azylys serra sa blonde princesse dans ses bras, touchée par toute cette gentillesse et les yeux brillants d'émerveillement.


Mille fois merci ma chérie !
Vas pour une ballade alors, ça nous fera du bien c'est vrai ! Pis je vais pas te contredire hein c'est toi le médecin...
Ajouta la brune en riant, rentrant tous les cadeaux à l'intérieur avant de ressortir et de fermer la porte à clef. Elle se laissa entraîner sur les chemins par sa Ev, non sans se dire que la prochaine fois c'était une robe qu'elle allait lui ramener, outch, dur dur le changement...
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Azylys
Vannes, 11 Janvier 1461

Il est déjà tard, pourtant la brune ne dort toujours pas. A la lueur d'une bougie dont la flamme vacille, elle tourne éternellement entre ses doigts la même missive, qu'elle relit pourtant, alors qu'elle en sait déjà le texte par coeur. Elle hésite la belle, bien trop comme toujours. Elle ne veut pas le dire. Elle ne veut pas dire ces trois mots qu'elle n'ose même pas s'avouer. Elle tient enfermé à triple tour son coeur qui voudrait tant les crier, les écrire, les dire au monde entier. "Il faut toujours parler avec son coeur..." Et ces quelques mots lancinants qui lui tournent la tête, non elle ne laissera pas parler le coeur, même si elle sait bien qu'elle le devrait.
Azylys repose la lettre sur la table et regarde le parchemin vierge devant elle. La brunette trempe sa plume dans l'encre, la tourne entre ses doigts, non décidément c'est bien plus difficile d'écrire quand il faut réfléchir au texte. Elle regarde son fils endormi dans le berceau à côté d'elle, sourit, elle est bien la seule à se poser autant de question pour écrire une banale missive.


Tu as raison mon ange, dors tranquille, je devrais faire pareil que toi ça m'éviterait de réfléchir autant...

La jeune maman soupire, justement si elle est toujours debout, c'est que le sommeil qu'elle aimerait bien trouver lui résiste ce soir. Elle finit par se mettre à l'ouvrage, traçant les lettres de pourpre sur le parchemin vierge, comme autrefois. Elle hésite, comme autrefois, toujours animée des mêmes sentiments. Tant de temps et rien n'a changé... Tant de temps à jouer avec les apparences, pourra-t-elle un jour cesser de cacher ce qui l'anime ?
Inconsciemment, elle porte la main à l'anneau suspendu à son cou, glisse son doigt à l'intérieur. Trois, ils ont toujours été trois, tout le temps, partout. Quatre désormais, qu'importe ? Elle a assez de patience et d'énergie pour compter trois hommes dans sa vie, dont deux frangins en bas âge, ça ne lui fait pas peur. Elle n'a peur que d'une chose : elle-même. Serait-elle à la hauteur ?

Bientôt la missive est terminée, non sans peine, et la brune enroule le petit présent dedans avant de la nouer d'un flot rouge. Elle a toujours fait ainsi, et elle ne changerait pour rien au monde. C'était devenu presque une signature, sa marque de fabrique. La Fleur regarde le pigeon s'envoler par la fenêtre, perdant son regard dans les étoiles qui illuminent le ciel, espérant peut-être qu'à quelques lieues de là, celui qui recevra le volatile sous peu les regardera lui aussi. Si tu savais...

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--_kilian_
A l'aventure...

Assis contre le lit dans la chambre de la Fleur, Kilian joue sagement avec son crabe en bois. Le coffre à jouets est ouvert non loin de lui, déjà à moitié rempli. Le petit loup entend maman qui s'affaire comme une tornade dans le salon, comme d'habitude, il sait qu'un nouveau voyage se prépare, ça commence toujours comme ça... Bizarrement, attrapant de nouveau le jouet, il ne peut s'empêcher de deviner déjà où ce voyage les conduira, toujours vers la même étoile, toujours dans la même direction, papa ? Longtemps que le petiot ne l'a pas vu et son papa lui manque vraiment beaucoup. Pis son grand frère aussi, il doit bien l'avouer.

Naaaaaaaa !

Le petit homme râle, son crabe à roulettes s'est enfuit loin de lui, tellement loin que tendre la main ne lui suffit pas pour le rattraper. Moue boudeuse, le loupiot chouine, il veut ce jouet là et pas un autre ! Levant la tête vers la porte grande ouverte, Kilian tente d'apercevoir sa maman, histoire de l'appeler pour qu'elle lui ramène son jouet, voire même pour qu'elle le prenne dans ses bras pour lui faire un câlin... Pis même un gros bisou pour le consoler s'il arrive à sangloter.
Soudain une envie folle, une idée de génie, réflexe irrépressible, le petit homme se roule sur le côté jusqu'à se retrouver à plat-ventre par terre et comme une petite crevette, plutôt que de se hisser sur ses petits bras pour se redresser, il rampe. Hop on tire avec les bras en poussant avec les pieds, et hop on avance ! Bien plus intéressé par cette nouvelle découverte que par son jouet, le curieux décide de filer en douce, il peut enfin explorer le monde. Alors centimètres après centimètres, le petit loup s'en va, à l'aventure...


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Azylys
Vannes, 21 Janvier 1461

La brune court dans toute la maison, rassemblant provisions pour le voyage, écus pour le séjour, pavot blanc pour le futur médecin. Futur médecin qui est d'ailleurs malade aujourd'hui, c'est bien sa veine à la brunette de descendre pile à ce moment là. Quoique, d'ici à ce qu'elle arrive à Niort, la maladie sera largement passée, si du moins elle-même ne l'attrape pas en cours de route. Bientôt les piles s'entassent sur la table, et la belle s'assoit pour souffler un peu. Son fils joue dans la chambre, au calme, et pour une fois sans broncher. Tiens d'ailleurs, il n'est jamais resté aussi longtemps tout seul sans l'appeler pour qu'elle le reprenne dans ses bras. Azylys hausse un sourcil, un enfant silencieux est un enfant en train de faire une bêtise, c'est bien connu.
La Fleur se lève, contourne la table, rentre dans la chambre. Le crabe en bois trône seul au sol, sans le bébé qui était censé jouer avec. La brune panique, ça y est on lui a enlevé son fils, il a disparu, c'est la fin du monde. Elle le pense déjà blessé, enlevé, à l'autre bout du monde, elle réfléchit déjà à comment expliquer au père qu'elle a perdu le petit, sa chair de sa chair, sa seule famille de sang.


Kiliaaaaaaaaaaaaan ! crie la brune dans toute la maison, déjà les larmes aux yeux.

Tentant tant bien que mal de contrôler les battements désordonnés de son coeur qui résonnent à ses oreilles et l'empêchent d'entendre quoi que ce soit, la Fleur fait tout le tour de la chambre, remue toutes les couvertures et tous les coussins. Rien, aucune trace du petit loup subitement évaporé, disparition complète, la brune se sent au plus mal. Elle s'assoit sur le lit, complètement désemparée et en larmes, elle n'a pas été à la hauteur. Elle qui avait juré de protéger la vie de son fils au péril de la sienne, de toujours veiller sur lui, le voilà disparu alors qu'elle ne l'a lâché que quelques minutes.

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Kilian_de_dommart
Pièce d'à côté, en pleine exploration

Kilian a rampé loin, profitant de l'expédition pour s'introduire en douce partout où il peut. Et comme il est encore tout petit et pas bien gros, il passe vraiment, vraiment partout. Babillant toujours, extrêmement concentré sur sa destination, le petit loup avance vers le Graal : le bout du manteau de fourrure qui dépasse de la chaise. Ben voui, faut bien un bon gros manteau bien chaud pour partir en voyage de nuit, non ? En plus celui là c'est celui que papa leur a offert, c'est l'occasion de le mettre, non ? Pis faut dire qu'il est tout doux, comme un doudou et que le petit loup adore se rouler en boule dedans. Enfin le but est atteint et le petit breton s'assoit au pied de la chaise pour attraper le bout de tissu et tirer dessus de toutes ses forces. Heureusement, ou malheureusement d'ailleurs, déjà en équilibre, le manteau tombe facilement, le recouvrant tout d'un coup.

Naaaaaaaaaaaaa !

Le voilà dans le noir, le noir complet. Note pour plus tard : quand on tire sur un manteau la nuit tombe plus vite. Le petit prince se débat, il aimait bien le jour lui, pis il a pas envie de dormir. Envahi par la fourrure, il appelle à l'aide, la nuit éternelle ça le tente pas du tout. Mais qu'est-ce qu'elle fait maman ? Elle peut pas venir l'aider quand il a besoin, non ?
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Azylys
Dans la chambre

La brune sursaute soudain, elle a cru entendre le son d'une voix familière. Se précipitant dans la pièce voisine, elle aperçoit un tas de fourrure qui bouge tout seul. Enlevant le manteau, elle retrouve enfin son trésor qu'elle a eu si peur de perdre. Prenant son fils dans ses bras, elle le serre contre son coeur, immensément soulagée. Front contre front, regard de glace plongé dans un autre regard de glace, la brune sourit à ce petit être qui est tout pour elle, et plus encore.

Alors comme ça tu rampes toi maintenant ?
Me refais plus jamais une peur pareille mon amour... Je te lâche plus, plus une seule seconde, tu m'entends ?


Kilian lui sourit, rit, attrapant le menton de sa maman entre ses toutes petites mains. La vie est un jeu, ou plutôt un immense terrain de jeu pour lui, et il n'a qu'une envie : repartir à l'aventure le plus tôt possible ! Donc dès que maman aura le dos tourné de nouveau...
Azylys observe les yeux glacés de son fils, brillants de curiosité et de défi, espiègle comme son père... Décidément, elle a intérêt à plus le lâcher d'une semelle ce petit. Déposant doucement un baiser sur son front, Azylys le blottit contre elle et le fixe devant elle à l'aide d'un long morceau de tissu.
Elle a tôt fait d'enfiler le-dit manteau de fourrure et de charger les bagages sur le dos de Brume, bientôt ils sont fin prêts pour le départ. La clef tourne dans la serrure et la jeune maman se hisse en selle, il est temps de partir, Ev l'attend déjà devant les remparts.

Un dernier regard pour la petite maison à la lisière de la forêt, à dans deux semaines vannetais, l'homme que je n'ai jamais cessé d'aimer m'attends...

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Azylys
Vannes, 4 Février 1461

Une silhouette qui descend précipitamment de cheval, une clef qu'on glisse fébrilement dans la serrure, une poignée qu'on tourne vite, très vite, enfin. La brune rallume le feu dans la cheminée, presque machinalement, regarde les flammes s'élever dans l'âtre, elle est de retour à la maison, enfin. Si le voyage s'est passé comme prévu, le séjour beaucoup moins. Et tant le trajet de retour que la soirée de la veille avec ses amis à Rieux lui ont été nécessaires pour digérer tout ça. Elle a fini par prendre réellement conscience de la distance que le temps avait mis entre eux. Et avec ça, du caractère totalement impossible de ses rêves les plus fous. Mais enfin, le principal fléau est mort et enterré, c'est tout de même une bonne nouvelle. Un poids en moins sur ses épaules, et un en moins pour comprimer son coeur, elle ne demandait pas mieux. De ce séjour à Niort, elle retiendra également une peur bleue d'avoir perdu son fils de nouveau, puis de l'avoir retrouvé jouant à l'acrobate. Elle était plus sereine quand Zach était là, parce qu'elle n'était plus la seule à veiller sur cette petite étincelle de vie téméraire, plus seule à porter le poids d'une deuxième vie. Mais Zach n'est pas là, et il faudra bien qu'elle s'y fasse.

La Fleur regarde son petit loup blotti dans ses bras, endormi la bouche en coeur et les poings fermés, un vrai petit ange. Du moins en apparence. Elle le garde dans ses bras, elle a toujours préféré sentir les battements de ce petit coeur contre le sien. Elle ne supporte surtout plus de sentir les gens qu'elle aime éloignés d'elle, surtout pas sa seule famille de sang, son trésor le plus précieux. Alors la brunette s'assoit devant la cheminée, pose un parchemin en équilibre sur sa cuisse, reprend la plume. Elle n'a pas eu le temps d'écrire hier, elle le fera aujourd'hui. Parce que c'est son devoir, parce que c'est une habitude, ou tout simplement pour garder le peu de liens qui les unissent encore.
Bientôt la plume trace les lettres de pourpre sur le parchemin, livrant les quelques détails de ce trajet de retour qui lui a parut si long, et si nécessaire à la fois. Avec distance, comme toujours, puisque le temps ne sait que séparer les êtres, inexorablement. La missive finie, elle la noue d'un flot rouge à la patte du pigeon et l'envoie vers le sud-est, comme toujours.

Enfin Azylys se décide à regagner son lit, gardant son fils auprès d'elle. Et même allongée sous les draps, à peine éclairée par la lune au dehors, elle le contemple encore, elle ne s'en lassera jamais. Tout doucement elle se penche et dépose un baiser sur le front du petit homme endormi.


Je t'aime mon amour, fais de beaux rêves...

Le sourire aux lèvres, elle ne peut s'empêcher de songer qu'il y a encore une demie année, il dormait encore blotti au creux de son ventre...
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Kilian_de_dommart
Vannes, 13 Février 1461

Si il y a quelques semaines le petit loup commençait à ramper maladroitement, il a désormais acquis une certaine technique, et de fait, une certaine vitesse. Ce n'est plus à plat ventre qu'il parcourt toute la maison de la Fleur mais presque à quatre pattes déjà. Pour le moment ce n'est pourtant pas cela qui le préoccupe tant. Outre l'exploration de son monde, il passe désormais le plus clair de son temps à jouer et à mâchouiller. Et il semblerait que ça porte ses fruits... Depuis quelques jours, le sein de maman lui est de plus en plus interdit, et pour cause, deux petites dents ont fait leur apparition sur sa mâchoire inférieure. Et par conséquent, plus que téter, son jeu favori est devenu mordiller, tout, absolument tout et même...maman.
Le plus embêtant est donc de classer ses priorités : difficile en effet de mordiller son bout de pain et de partir à l'aventure en même temps. Rapide regard, décision prise, tant pis pour le pain, s'il chouine tout à l'heure, il en aura un autre. Il dépasse bientôt l'imposant coffre à jouets, entre dans le salon, penche la tête sur le côté pour dévisager sa maman qui ne l'a pas entendu. Elle pose un parchemin sur la table puis l'encrier, effleure la plume du bout des doigts et porte la main à l'anneau suspendu à son cou, classique. Kilian reconnait les gestes devenus inconscients : si elle ne se met pas à écrire dans les minutes à venir, c'est donc qu'elle le fera demain. Il semble pourtant au petit loup que la dernière missive envoyée à papa est encore bien proche, un peu trop pour en renvoyer déjà une nouvelle. Une missive surprise alors ? Curieux, Kilian s'approche et vient agripper la jambe de sa maman, il n'aime pas la voir perdue dans ses pensées, le centre du monde et surtout de son monde c'est lui et il compte bien le rester !


Dabadaaaaaa !

Avec soulagement, il voit la brunette se pencher vers lui le sourire au lèvres et le prendre dans ses bras. L'exploration va un temps mais un câlin c'est toujours bien meilleur... Il passe ses petits bras autour du cou de sa maman, se blottit contre elle, gazouille quand elle dépose doucement un baiser sur son front. Sa maman est la plus douce des mamans, la plus belle, la meilleure évidemment. Et son papa, le plus courageux des aventuriers, un géant qui a jamais peur du tout et qui grimpe drôlement bien.
Kilian relève la tête en entendant une porte se fermer derrière eux, voilà qu'elle l'a ramené dans la chambre de nouveau ! Ah non alors, pas question qu'elle le laisse là tout seul de nouveau ! Le loupiot s'agrippe encore davantage, pas moyen, il ne lâchera pas. Puis soudain, prenant conscience que c'est en réalité l'heure de dormir, il lâcherait bien tout pour partir à l'aventure de nouveau. Dormir, c'est bon pour les filles...
Mais pas le choix ni l'occasion de protester, bientôt il est sous les draps, blottit contre maman et ferme les yeux. Il sent son coeur battre à côté du sien, il entend sa voix toute douce qui lui murmure des tas de choses qu'il ne comprend pas mais qui le rassurent. Il est bien, tellement bien qu'il ne voudrait plus quitter ces bras qui l'enserrent. Et tout doucement, il se laisse bercer et emporter par le sommeil, zut je me suis encore fait avoir...


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Azylys
Vannes, 23 Février 1461

Assise en tailleur devant la cheminée, Kilian gigotant sur ses genoux, la brunette fixe les flammes, le sourire aux lèvres. Le petit loup finissant par mettre les mains sur ses yeux pour l'obliger à porter son attention sur lui, la jeune maman glisse ses doigts jusqu'au petit ventre et chatouille son fils qui se tortille dans tous les sens en riant. Elle adore le son cristallin de ce rire d'enfant, cette innocence de petit diable, cette flamme dévorante et terriblement lumineuse qui brille dans les yeux de ce bébé. Elle a toujours su qu'il serait vif, qu'il serait fort, qu'il serait un noyau d'énergie comme elle et son père l'avaient été à leur rencontre, et à sa conception. Elle noyait cet enfant d'amour et elle le regardait rayonner. Parce que tout ce qu'on lui donnait il le rendait au centuple. Ce n'était pas une petite vie comme tant d'autres qu'elle avait entre les bras, c'était la Vie, celle qui brille comme un soleil et bouge impétueusement comme un grand fleuve.
Un regard complice et Azylys attrape dans ses mains les deux petites de son fils, le soulève tout doucement, jusqu'à ce qu'il se tienne debout. Solide comme un chêne miniature, le petit loup la regarde avec des yeux espiègles. Vérifiant toutefois qu'elle ne risque pas de le lâcher, il sautille. Il sautille sur place en lui tirant la langue, provoquant un fou-rire incontrôlé de la brunette qui le fait tourner sur lui même comme pour le faire danser et le rattrape avant la chute.


Viens donc par là, petite lumière, viens rayonner dans mes bras...

Kilian se blottit contre elle, passant ses tout petits bras autour de son cou, jouant avec ses boucles brunes qui le chatouillent. La jeune maman le couvre de bisous qu'il lui rend aussitôt. Pas fusionnels non, cent fois plus que tout ça.
Azylys profite de ce gros câlin pour attraper le parchemin posé à côté d'elle et le ramener assez prêt pour pouvoir y écrire à peu près droit.


Alors mon ange, on le lui souhaite son anniversaire, à papa ?

Elle a prononcé le mot magique : Papa. Instantanément, Kilian se retourne, tombant assis sur ses genoux, bien sérieux tout à coup. Avec un peu de mal, le petiot de presque sept mois attrape la plume dans sa toute petite main et l'air très professionnel, fait la bouille de l'Azylys en pleine réflexion. L'imitée rit de bon coeur, reprenant la plume et chatouillant le petit diable qui ose reproduire ainsi ses mimiques ou celles de son papa à longueur de journée.
Bientôt la plume trace les lettres de pourpre sur le parchemin sous les yeux émerveillés du petit loup qui prend la deuxième main de sa maman dans les siennes pour la mordiller. Vrai que ça lui manque un peu la tétée ces derniers temps. Profitant d'une hésitation de la brune, il attrape la plume et la jette plus loin, se retournant dans les bras maternels pour adresser à sa maman adorée une petite bouille tristounette digne des plus grands acteurs. Avec un peu d'entrainement il va bientôt réussir à y rajouter la petite larme attendrissante qui fait craquer toutes les mamans.


Oh je te vois venir toi... Même pas la peine d'essayer.

La brunette tranche, catégorique, elle ne se fera pas mordre ce soir. Mais le petit aussi têtu que ses deux parents réunis, c'est-à-dire au delà de l'imaginable, la fixe toujours de ses prunelles glacées larmoyantes, implorant en silence ce qu'elle lui refuse. Il sait bien qu'elle ne tiendra pas longtemps, on peut rien refuser à un petit prince...

Je te préviens, si tu me mords encore, je te mords aussi, pas de ça avec moi jeune homme...

Trop facile, elle a déjà capitulé, personne ne résiste à pareille bouille d'ange. Sourire satisfait et triomphant du petit loup qui peut enfin se blottir contre le sein maternel. Azylys sourit, poursuivant la rédaction de sa courte missive, attendrie par son trésor le plus précieux qui tète doucement blotti contre elle, les yeux clos. Elle pourrait donner sa vie pour chacun de ses sourires, pour chacun de ses regards. Tout son univers, toute sa vie, dans un si petit être...
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Azylys
Vannes, 4 Mars 1461

Le soleil est déjà couché depuis quelques minutes à peine, et la brune se repose encore en prévision de sa prochaine garde qui débutera dans quelques heures. Le sommeil lourd, elle est étendue sur son lit, son fils dans les bras, dormant lui aussi. Pourtant elle se réveille soudain en sursaut, haletante et la main sur le coeur. Oppressée, elle cherche cet air qui lui fait défaut. Laissant Kilian allongé sur le lit, elle entrouvre la fenêtre, prenant appui sur le rebord. Sa respiration se calme enfin et la brunette ferme les yeux, tentant tant bien que mal de calmer les battements désordonnés de son coeur.
Il y a des cauchemars dont on se souvient au réveil, d'autres qui ne sont qu'un vague pressentiment chaotique qui nous étreint quelques minutes. Mais ce qui l'agite ici n'est ni l'un ni l'autre, ce n'est pas un cauchemar. Pourtant, au fur à mesure qu'elle comprend la portée de ce qui lui arrive, Azylys préférerait largement le plus horrible des cauchemars à ce sentiment là.

Il y a des guerres qui semblent éternelles, insolubles, et qui parfois se résolvent si vite, au moment où justement on ne se battait plus, laissant sur les lèvres le goût amer d'une victoire qui semble trop inattendue, trop illogique pour être réelle. Tout combattant connait ce sentiment de victoire trop facile, et la brune en a fait l'expérience tout particulièrement. Elle n'a aucun mal à décrypter ce sentiment d'oppression soudain qui l'étreint. Ce n'est que le rappel d'un combat qui s'est fini bien trop brutalement pour être une victoire définitive. Le contraire l'aurait étonnée, elle avait visé juste, pas question de sous-estimer un ennemi. Elle espérait pourtant avoir vu le bout de ce chapitre, mais la vie n'a pas fini de ruser avec elle. Ainsi donc la lutte continue... Soit, elle sera prête.

Azylys referme la fenêtre, s’assoit sur le lit, son coeur cogne toujours trop fort dans sa poitrine. Elle n'a pas écrit la veille pour les sept mois de Kilian. Elle n'en avait ni le temps ni le courage. Peut-être aussi avait-elle baissé les bras, lasse d'aller à contre-courant, lasse de ce que le temps leur inflige, peut-être aussi par découragement suite à son dernier voyage. Aujourd'hui même, elle a passé tout l'après-midi à envoyer des missives pour recruter. Peut-être l'a-t-elle fait inconsciemment car elle sentait que la lutte allait reprendre, une fois de plus, que le départ se rapprochait chaque jour davantage, que bientôt elle n'aurait plus le choix.
Pour le moment, une seule idée l'obsède : écrire cette missive qu'elle n'a pas écrite, faire son devoir, reprendre pied dans ce combat loin d'être gagné d'avance. Avec la furieuse impression que le destin aime se jouer d'elle et la regarder se battre. Roulant la plume entre ses doigts, la brunette hésite. Doit-elle décrire ce qui vient de se passer ou faire taire son coeur, comme toujours ? Un compromis s'impose, et la brune ressent dans les lettres d'encre pourpre qui se forment sur le parchemin l'influence de Themis pourtant bien loin de là. Juste dire qu'elle sera là, comme elle l'a toujours été. Parce que le premier combat qui prendra place ne sera pas le sien, pas encore.

La missive est vite envoyée, premier soulagement pour la jeune femme qui commence à se calmer peu à peu. Elle regarde son bébé dormir, les yeux dans le vague. Elle a peur pour ce petit homme qui n'a jamais rien demandé, lui. Pourtant elle sent qu'elle n'y arrivera pas sans lui, qu'elle aura besoin de sa lumière, de son énergie pour garder le cap. Pour ne plus se perdre dans les méandres de son coeur enfermé à triple tour. Comme s'il sentait lui aussi que quelque chose ne tourne décidément pas rond ce soir, Kilian cligne des yeux, s'arrachant au sommeil. Il passe ses petits poings sur ses yeux, avant de les ouvrir définitivement et de regarder sa maman de ses prunelles bleu glacé. La brune lui sourit, portant ce petit trésor jusqu'à le serrer tendrement contre elle.


On se réveille mon amour ? Je vais avoir besoin de toi mon ange, il va falloir être forts, très forts.

Son fils l'écoute attentivement comme s'il buvait ses paroles. Il n'a jamais rien connu d'autre que cette guerre là, elle a commencé bien avant sa naissance. Il ne connait que trop bien les sentiments de sa mère, pour les avoir sentis mille fois déjà lorsqu'il dormait au creux de son ventre. "Mini-nous" parfait, aussi têtu et téméraire que ses deux parents réunis, il sera une force de la nature, parce qu'il ne peut en être autrement. Étonnamment, il comprend. Lui est déjà prêt, lui veut déjà se battre, se battre pour ce monde qui lui appartient, se battre pour les deux êtres qui lui ont donné la vie, se battre contre les démons qui les hantent. Il sourit à sa maman, posant une petite main sur ses lèvres pour qu'elle arrête de parler. Azylys regarde les yeux de son fils, brûlants d'un feu glacé, de cette petite étincelle de vie si forte qu'elle fait plier le monde autour d'elle. Elle sent dans cette flamme la présence d'Illyan, elle les sait rayonner ensemble. Elle voit dans ce petit bonhomme tout le courage qui lui fait parfois défaut, tout l'espoir qu'elle perd trop souvent, toute la force que ce combat leur demandera. Kilian dépose un gros bisou sur sa joue, caressant son visage de ses petites mains. La Fleur sourit, il rayonne dans ses bras, gommant toutes ses appréhensions et tous ses doutes.
Elle finit par se lever, l'emportant avec elle. Bientôt la porte se referme sur leurs deux silhouettes, il est temps de rejoindre les remparts pour une nouvelle nuit de garde...

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Azylys
Vannes, 4 Avril 1461

Enroulée dans les draps, les cheveux en bataille et les yeux clos, la brunette dort depuis l'aube. Les rayons du soleil qui filtrent à travers les volets caressent doucement son visage sans pour autant parvenir à la réveiller. C'est qu'ils sont confortables les bras de Morphée, vous en doutiez ? Cela dit à propos de Morphée, je vous ferais remarquer que Morphée c'est un mec, si si. Fatiguée, la brune récupère en douceur de sa nuit de garde, au chaud comme dans un cocon, entre rêves et sommeil profond. Toutefois il en est un qui a passé la nuit à dormir blotti contre elle et qui désormais est bien réveillé. Et pour cause, Kilian déambule sur le drap, jouant à attraper les plis dans ses petites mains, gazouillant à qui veut bien l'écouter, heureux. Pourtant il se lasse bien vite de s'occuper seul et se lance un défi : réveiller l'endormie. Assis devant le visage maternel, le petit homme de huit mois tout juste effleure doucement la joue de la Fleur du bout du doigt. Aucune réaction, il poursuit ses expériences, attrapant la main de la brunette. Toujours pas. Pas patient pour deux sous, le petit breton passe de suite à l'étape ultime. Se blottissant contre le sein maternel, il redevient pour le coup le tout petit bébé en manque d'affection. Alors il tète, profitant du sommeil maternel pour s'offrir ce qui lui est interdit, pour la raison que de suite il démontre : il mordille. Tirée des bras du dieu un peu violemment, la brunette resserre tendrement ses bras sur son fils, refusant encore de lever les paupières.

Il est trop tôt mon amour...

Un rire cristallin lui répond, décidant pour elle. Si si, le petit prince a décidé qu'il était assez tôt pour se lever. Et s'il a décidé de rayonner, lui qui illumine ses jours et ses nuits, il sera bien difficile de résister à cette flamme qui déjà brille trop fort pour un réveil matinal. Debout maman ! Et ce pour une raison toute particulière. Kilian fait doucement rouler au creux de sa main l'anneau qui pend au cou de la brune, un anneau serti de trois petits saphirs. Ils n'ont pas écrit hier, désormais c'est leur heure, leur moment à eux trois.
Encore à moitié endormie, la brunette se redresse à regret, prenant son fils tout contre elle et tirant à elle un parchemin et sa plume. Qu'écrire ? "Mon cher papa, je viens de mordiller le téton de maman parce que je voulais absolument qu'elle t'écrive, et que cette paresseuse dormait encore à cette heure !" Azylys sourit à cette pensée, un jour elle essayerait peut-être de le marquer, si elle en avait l'audace... En attendant elle laisse la plume dériver sur le parchemin, traçant les lettres de pourpres. Plus par habitude que par sentiment à vrai dire. Bientôt le pigeon au flot rouge s'envole vers La Rochelle, porteur de toute la tendresse du monde. Celle de la Fleur et du Louveteau, d'une petite famille du bout du monde...

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Azylys
Vannes, 10 Avril 1461

    "Le pire des risques est de perdre le goût du risque." Robert Sabatier

Elle passe sa vie à en prendre, des risques. Plus que le goût, elle l'a dans le sang. A ses yeux tout est risqué, tout est dangereux, rien n'est anodin puisque tout a des conséquences. Elle prend donc les choses au sérieux, avec mesure, prudence, réflexion préalable. Pour ne pas faire les choses de travers, pour prendre le temps. Le temps de peser le pour et le contre, le temps de s'imaginer tous les scénarios possibles, du meilleur au scénario-catastrophe, du rêve au cauchemar, parce que la vie est faite d'imprévus. Pourtant il est des fois où le risque s'accroît peu à peu, où l'imprévu cède la place au prévisible. Elle le voit ce risque qui la taquine, mais elle lui donnera tort. Prévisible oui, pas pour autant évitable cependant. Le coeur a ses raisons que la raison ignore, pas vrai ?
Alors la brune a laissé le risque se faire une place, elle a laissé le coeur l'emporter sur la raison, pour une fois. Cette fois elle prendra le risque, et si le danger est partout elle sait que celui-là elle le contrôle, elle en fixe les limites. C'est de la folie ? Oui. Pas très prudent ? Pas du tout non, et pour une fois elle n'en a cure. C'est mal ? Peut-être, du point de vue des convenances du moins, du point de vue de la morale certainement ; du point de vue du coeur et de l'instinct c'est bien au-delà du bien. Un coeur noble qu'il avait dit le Tad, pourquoi pas. La voix de la sagesse aussi, ça tout compte fait peut-être un peu moins. Et puis zut, la sagesse c'est agir selon son coeur et dire ce que l'on pense, pas se cacher derrière de futiles apparences. Picétou, après tout, n'est pas diamant qui veut.

Ainsi vont les pensées de la brune, s'emmêlant et se démêlant sans cesse, à l'infini. "Juste parce que le diamant recharge son éclat à celui des étoiles." Et elle l'a fait. Et elle n'en a pas encore fini. Elle était perchée sur le toit la nuit entière, à scruter le ciel, regarder les étoiles, les compter, les nommer, les interroger. L'onyx autour du cou, parce qu'après tout c'est le symbole d'une étoile qui l'a quittée trop vite, trop tôt. Son double de coeur, un grand frère cureton au coeur immense, à la sagesse infinie, aux conseils toujours pertinents. Et chaque fois qu'elle avait besoin de lui, il était là, et il l'est encore. Autrefois perché avec elle pour lui faire la morale, désormais étoile scintillante qui guide ses pas, par intuition à défaut de vive voix. Lui, plaçait l'Amour en loi universelle, en but ultime. Et toute la nuit elle l'avait passée à écouter les battements de son coeur, plutôt que ceux de Kilian pour une fois. S'écouter elle-même pour prendre une décision digne de ce frère. Oui, la nuit porte conseil, du moins si l'on croit aux étoiles et à leur murmure.
Le jour venu elle était rentrée dormir, apaisée et sereine. Et désormais que l'astre solaire est bien haut dans le ciel, le diamant se détend encore, immergée dans son bain. S'installer dans l'eau chaude et y rester jusqu'à ce qu'elle devienne presque froide, et faire le vide. Si sa première source éternelle de lumière est les étoiles, la deuxième est une petite flamme qu'elle a toujours au creux de ses bras. Kilian rayonne plus qu'un soleil, illuminant toute chose de bonheur, distillant la bonne humeur autour de lui et des petites étoiles dans les yeux de sa mère. Joueur, il pose ses petites mains sur les lèvres de la brune, imitant l'Azylys qui chante en gazouillant. Alors avec infiniment de douceur, la jeune maman embrasse tendrement les paumes minuscules, chatouillant le bébé qui rit aux éclats.


Aujourd'hui je vais te montrer quelque chose mon amour...
Je vais te montrer pourquoi le diamant brille autant.
Et je brillerai bientôt tout aussi fort que toi mon ange.
Tellement que je serai un soleil en pleine nuit, un phare qui éclaire l'océan d'un bout à l'autre.
Prend la clef de mon coeur, celle que toi seul détient, et ouvre le comme jamais, c'est lui que je veux faire rayonner...


Faire rayonner ce coeur qu'elle tient enfermé à triple tour depuis plus d'une année. Un défi fou. "Il ne savait pas que c'était impossible, alors il l'a fait." Il l'a fait oui. De telle manière qu'elle ne l'a pas vu venir au départ, de telle manière qu'elle n'a pu que le voir ensuite, même si elle jouait les naïves. Elle l'a vu venir oui, et mieux encore, elle l'a laissé venir. Et encore plus fort que tout ça : elle assume. Ses actes et leurs conséquences. Il y a des jours comme ça où après avoir difficilement tourné une page, on commence enfin à écrire la suivante. Et pour ce jour précis, elle veut rayonner de plus belle.

C'est donc avec lenteur qu'elle se relève, serrant son petit louveteau dans ses bras. C'est donc avec douceur qu'elle prend soin de ce petit être de huit mois pour qu'il n'ait pas froid dehors. C'est donc avec assurance qu'elle s'habille aujourd'hui, qu'importe d'être vêtue un peu comme un homme quand on rayonne comme un diamant. Les cheveux en bataille comme souvent, la brune tourne la clef dans la serrure, celle de la porte cette fois, et se hisse sur le dos de sa jument, libre d'harnachement tout autant que sa cavalière est libre de chaînes. Elle monte à cru la brunette oui, elle sait le faire. Même avec un bébé dans les bras. Elle a confiance. C'est beau l'optimisme n'est-ce pas ? Et celui qui ose lui soutenir qu'un optimiste est un éternellement déçu, elle lui criera une fois de plus, qu'il a tort.
Homme et animal se séparent au creux de la forêt vannetaise où la brune s'enfonce avec assurance. Elle connait son domaine. Bientôt elle a atteint la clairière et laisse son fils jouer au pied d'un grand chêne. Centenaire ? Millénaire ? Qui sait ? En tout cas la troisième source d'énergie d'Azylys qui s’assoit dos au tronc et ferme les yeux. La forêt bruisse autour d'elle, les cimes se rejoignent au-dessus de sa tête, comme un écrin qui protège le diamant. Elle se ressource, tout simplement. Elle va puiser l'énergie là où elle est inépuisable : dans les sourds battements de son coeur, lents et réguliers, dans la vie immuable qui rend la forêt si changeante, dans la force de ce chêne qui lui transmet son aura avec bienveillance. Pour une fois depuis longtemps, elle est en paix, elle est prête.

La belle ne reviendra au monde qu'à la nuit tombée, son tout jeune fils endormi dans ses bras, rayonnante comme jamais. Trois puits d'énergie en une seule journée et elle sera devenue ce qu'elle visait : un diamant à l'éclat sans pareil, à l'aura si forte qu'elle en deviendrait presque visible pour les yeux. Et en déposant son fils au creux de son berceau, Azylys sourira, de ce sourire irrépressible qui vient du coeur, enfin. Forte de toutes ces flammes, elle signe de ce sourire une victoire, pas la sienne non. Il a gagné son défi et elle l'en remercie. Elle a fondu.

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Azylys
Vannes, 13 Avril 1461

Paraît que le treize ça porte malheur. Et malheureusement, pour notre brunette c'est bien le cas. Tuée dans l'oeuf la lumière, tuée dans l'oeuf la bonne humeur, aujourd'hui la vannetaise voit rouge. Du fond de ce coeur à peine libéré d'un an de silence, elle a envie de gueuler que les hommes sont tous des imbéciles. Et le mot est faible. Pour le coup, elle se défoulerait bien de nouveau sur un arbre, quitte à se faire la même cicatrice sur le poing droit que sur le gauche. Un semblant de symétrie après tout ce serait pas plus mal... Croisant le regard de son fils apeuré, assis au pied du lit avec sa peluche dans les bras, elle écarte cette idée stupide de son esprit. Non, elle ne risquera pas de nouveau de se mettre le bras en pièces, surtout pour un homme. Qu'ils aillent au diable. En s'approchant de son fils, lisant sans peine l'inquiétude dans ses petits azurs si semblables aux siens, elle se ravise pourtant. Kilian est l'exception qui confirme la règle, comme toujours. Pour lui elle souffrirait le martyr s'il le fallait, pour lui elle pourrait se mettre en pièces ou mourir, pour lui offrir le meilleur, pour le protéger, lui, la chair de sa chair.

Allez viens mon ange, c'est rien t'en fais pas, maman va se calmer.

Desserrer les poings, relâcher les épaules, se forcer à tendre les bras en douceur, se forcer à le soulever avec tendresse. Le petit loupiot aux yeux glacés retrouve bien vite les bras maternels, se blottissant contre celle qui lui faisait si peur il y a quelques secondes encore. Il l'a vu dans ses gestes, senti dans le ton de sa voix plus si doux qu'à l'ordinaire, quelque chose ne va pas. Pourtant quand elle le serre tout contre elle il se rassure, il n'a rien fait, ce n'est pas contre lui qu'elle en a. Glissant ses petits bras autour du cou d'Azylys, il ferme les yeux, se laissant cajoler.

Naïveté quand tu nous tiens... La brune se calme en apparence, excluant de ses gestes maternels la colère qui la consume intérieurement. Plus en colère contre elle-même que contre les événements finalement. Elle se connait trop bien, trop bien pour savoir que cette rage, que cette haine soudaine n'est qu'une protection face à la douleur qui lui laissera bientôt un goût amer sur les lèvres. Elle hait cette faiblesse. "Ce serait mentir que te dire que je ne l'ai pas toujours encore un peu au fond du coeur." Elle a oublié un mot le soir où elle a osé avouer ça. Ce serait mentir de dire qu'elle ne l'a pas toujours encore un peu TROP au fond du coeur oui. Oui il part à la guerre sans la prévenir, oui elle aurait pu n'en jamais rien savoir, oui elle aurait pu descendre le voir avec son fils pour ne trouver que le vide, oui en y allant il prend le risque de faire de Kilian un orphelin de père. Elle voudrait lui en vouloir pour ne pas avoir prévenu. Elle essaye mais elle n'y arrive pas, saleté de faiblesse. Et cette colère dévorante ne cache qu'une indésirable inquiétude, comme à chaque conflit elle ne peut protéger personne, rien n'est entre ses mains, et la brune a peur, peur qu'il n'en revienne pas. Elle ne peut rien faire et son avis ne compte pas. Elle devrait rester impassible et indifférente et elle n'y arrive pas. Alors elle s'énerve.
S'il n'y avait que cela elle finirait par se calmer. Mais le pressentiment qui la prenait aux tripes il y a cinq semaines ne s'est pas calmé, et la menace est toujours là. Elle surveille tout et tout le temps, et aujourd'hui les résultats sont formels : le fléau est de retour dans sa ville de départ. Là non plus elle ne peut rien, rien si ce n'est prendre sur elle en silence en sachant qu'elle risquera de la croiser chaque fois qu'elle emmènera le fils voir son père. Si seulement elle pouvait achever ce fléau de ses mains, elle n'hésiterait pas l'ombre d'une seconde. Qu'elle retourne donc en enfer. Elle y était retournée oui, mais même l'enfer n'avait pas voulu la garder. Si prévisible ceci dit...
Deux mauvaises nouvelles en une journée et la furieuse impression de voir le passé resurgir sous ses bottes. Saleté de destin qui ne veut pas tourner les pages. Saleté de passé qui ne passe pas. Saleté d'impuissance qu'elle déteste. Saleté de faiblesse humaine. Elle se hait.

Bientôt la porte claque dans son dos et la brune s'enfonce dans la forêt, histoire de passer ses nerfs toute seule avant de risquer de les passer sur quelqu'un. Kilian est arrimé dans son dos, endormi dans le cocon de tissu. Avisant un arbre qui lui parait assez difficile à escalader, Azylys saute pour attraper la première branche et se hisse dessus, commençant l'ascension. Arrivée en haut elle redescendra pour remonter et redescendre encore, jusqu'à ce que ses bras donnent des signes de fatigue. Alors elle sortira l'épée du fourreau pour enchaîner quelques mouvements, pour trucider le vent à défaut de trucider ses faiblesses, jusqu'à ce que l'effort la laisse vide de toute colère, aussi bas que terre.
Puis elle se relèvera encore pour aider son maire à contacter les bretons. Et peut-être qu'au bout de ces cinq cents courriers, peut-être qu'au bout de tant d'heures passées à écrire la même chose encore et encore, l'esprit finira aussi vide que le corps.

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Azylys
Vannes, 23 Avril 1461

La clef tourne lentement dans la serrure et la porte se referme doucement sur une silhouette épuisée. Plus mentalement que physiquement à vrai dire. La brunette se pose dans un fauteuil, ravivant le feu qui s'est endormi dans la cheminée. A mesure que les braises reprennent et que les flammes s'élèvent, Azylys sent ses forces revenir. Elle a bien besoin de cette énergie avant de repartir de nouveau, une longue nuit de garde l'attend encore. Trop d'agressivité, trop de bagarres, trop de coups et d'insultes pour une seule soirée. C'est le sentiment qu'elle en gardera : une soirée pitoyable, énervante, et pire encore. A croire que les hommes ne savent se comporter que comme des gamins, des brutes sans cervelles qui agissent avant de réfléchir. Non un homme ça ne calcule pas, ça fait des conneries puis ça s'excuse. Impulsivité stupide de la jeunesse. Bon sang ce qu'elle se sent vieille des fois.
Elle aime se battre oui, elle est une femme d'armes, une militaire. Mais avant tout elle est femme, avant tout elle est mère. Donc raisonnable, donc prudente, donc réfléchie. Elle a grondé ces hommes comme elle aurait grondé des gosses, car ils ne s'élevaient décidément pas au-dessus de ce niveau. Faire des conneries, et les assumer d'un regard fier en disant des excuses qu'on ne pense pas le moins du monde. Des enfants oui. Et pourtant même les enfants sont plus sages. Ils savent, eux, s'arrêter à temps dans les conflits stériles, et faire la paix, la "pisse" comme dit Dana, s'allier pour faire front commun. Mais les hommes ne savent pas s'allier, bien trop accrochés leurs opinions, à leur sentiment de puissance quand ils croient avoir raison. Hommes stupides, écoutez donc les femmes, vous cesserez de vous enterrer de vous même en croyant bien faire.

" Tu es une maîtresse femme, les hommes aiment ça." Comprenez que tous les hommes sont maso si cela vous chante, c'est à peu près ça. Dès qu'une femme semble trop inatteignable, ils cherchent à l'attraper. Peine perdue, Azylys se fait insaisissable, car elle sait que quiconque l'approche de trop près s'y brûle les doigts. Méfiez vous, la plus terrible des femmes est la mère. Sa priorité n'est pas de vous tirer un sourire mais de faire le bonheur de la chair de sa chair, de son enfant. Et si vous vous approchez un peu trop près de ce dernier ou que vous criez trop fort quand il dort blotti contre elle, c'est à coup de dents qu'elle vous le fera savoir. On ne discute pas avec le sacré. Or Kilian est sacré pour la brune, quiconque la connait assez, le remarque aisément. Elle fait donc partie de cette terrible catégorie de femmes que la maternité a endurci dans un unique but : mettre en pièces tout ce qui pourrait être hostile à sa descendance.
Pourtant l'Azylys est jeune, encore assez optimiste, encore assez intacte pour briller comme un soleil sans s'en apercevoir. Si à ses yeux elle est mère, aux yeux des autres elle reste femme, elle en a les courbes. Si le regard s'habitue à son accoutrement un peu masculin, s'il sait les voir, ou si la brune se laisse emporter à danser un peu trop sensuellement sur une table un jour de beuverie, on ne peut en douter.

Jeune mais pas naïve, elle a bien conscience des convoitises qu'elle attise, des désirs qu'elle peut faire naître sans le vouloir. Elle garde à l'esprit ces quelques phrases susurrées par Illyan : "Tu les attire parce que tu brilles comme une flamme. Une flamme libre, forte, lancinante, dévorante. En réalité, ils ne veulent tous que te faire leur pour éclairer leur nuit, leur ombre, leurs doutes et leurs peurs. Ainsi cherchent-ils à s'approprier cette flamme que tu es pour qu'elle ne brille que pour eux, comme les papillons autour d'une lanterne."
La brune connait bien la suite de l'histoire. Quand tu acceptes de céder, ils veulent que tu cesses de briller quand ils ne sont pas là, quitte à t'étouffer parfois par peur que tu éveilles d'autres convoitises. Et quand ils trouvent une flamme plus lumineuse que la tienne, ils te laissent vacillante et faible au bord d'un chemin, seule à tenter de retrouver la force de briller de nouveau. Une seule fois la brunette s'est retrouvée sur cette pente, anéantie, malade d'amour, à en crever. Contre toute attente, pour la petite flamme qui grandissait au creux de son ventre, elle s'est relevée, pour briller encore, et encore, et encore. Désormais elle se veut libre pour ne plus risquer de s'éteindre. Brûlez vous les doigts si cela vous chante, consumez vous, elle vous filera toujours entre les doigts car elle n'appartient qu'à Lui : son fils.


Dors mon ange, la nuit est encore longue. Maman veille sur toi...

La brunette pose doucement un baiser sur le front du bébé et le serre contre elle avec une infinie tendresse. Bientôt elle se relève et sort, fermant la porte derrière elle. Elle va surveiller les remparts, veiller sur les vannetais comme s'ils étaient tous ses enfants, parce qu'elle tient à eux, mine de rien.
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