Afficher le menu
Information and comments (0)
<<   <   1, 2, 3, ..., 9, 10, 11   >   >>

[RP]Chez la Fleur et le Loup : chronique d'un nouveau départ

Azylys
Vannes, 25 Décembre 1461

Jour de Noël sous la neige, la brune sourit, accoudée à sa fenêtre, observant son fils qui joue au dehors. Elle vient tout juste de lui montrer comment faire un bonhomme de neige, alors le petit homme de bientôt un an et demi s'entraîne, tentant déjà de conserver l'équilibre dans la poudreuse, emmitouflé comme il l'est. La belle en profite alors pour accrocher au-dessus de la commode le dessin offert par Eli quelques heures plus tôt.



Observant le dessin, satisfaite de la place qu'elle vient de lui trouver, la brune sursaute presque en entendant Kilian.

Ama ? Pou toi !

Regard interrogateur de la belle qui fronce les sourcils. Comment ça pour moi ? Le temps de rejoindre son petit brun qu'elle aperçoit enfin le rapace. Son visage s'illumine d'un sourire, et elle a tôt fait d'embarquer le tout à l'intérieur, Kilian y compris.

Tu sais ce que ça veut dire ça mon coeur ? C'est des nouvelles de Papa !

A la mine que fait le mini homme en se dandinant sur la chaise, il a compris, tentant presque de lui arracher la missive des mains même s'il ne saurait pas la lire.

Atteeeends ! Laisse moi lire je te dis !
- Na ! Iyan !


L'Azylys cède face au caprice de l'enfant-roi, lui tendant la missive qu'elle a de toute façon déjà eu le temps de parcourir des yeux.

Alors, tu lis pas ?

Moue dépitée de Kilian qui lui rend la missive sans n'avoir rien pu y comprendre, la laissant lire jusqu'au bout dans un silence total cette fois. La vannetaise se trouble en lisant la dernière ligne, osant la relire une fois de plus pour être sûre. Elle reprend contenance en ouvrant les paquets, tendant son jouet à son fils dont les azurs brillent comme jamais.

Tu m'aides à répondre mon amour ?

Plume entre les doigts, la brunette laisse dériver ses pensées au fils de l'encre, influencée par l'enthousiasme de Kilian qui est grimpé sur la table pour la surveiller et babille à tout rompre, comme s'il voulait lui dicter ce qu'il veut qu'elle y marque.
Bientôt le rapace file en direction du Poitou, missive accrochée à la patte d'un flot rouge, et la brune dépose tendrement un baiser sur le front de son fils. Un coup d'oeil amusé au verre de vin qui l'attend, voilà qu'on la prend pour une alcoolique en plus !

_________________
Eliotte
J'étais contente d'avoir passée quelques jours chez doudou. Elle était l'une des seules qui arrivait à la comprendre car elle aussi était en deuil. Et puis, c'était aussi un moyen de fuir le domaine des Kerdraon. Une très grande demeure avec pleins de gens mais où on pouvait aussi se sentir si seule.

A voir la joie dans les yeux de la famille de mon tonton et de mon meilleur ami, la tristesse était plus présente en moi car ma famille me manquait mais là je savais que bientôt je retrouverais mon papa mais pas certains autres membres de ma famille.

Chez doudou s'était différent surtout avec le machouilleur de mollet. Il était l'âge de mon petit frère tristan et mon dieu j'arrivais à le supporter. Si si , promis comme quoi je changeais.

Je voyais les yeux brillants quand celui ci découvrit son cadeau mais surtout la lettre de son papa. J'étais tellement heureuse de les voir si en joie.

Je leur fis un énorme bisou et un gros câlin à doudou pour la remercier en silence de m'avoir reçue chez elle.

_________________
Azylys
Vannes, 3 Janvier

Avez-vous déjà vu une brune faire la danse de la joie ? Avez-vous déjà vu une brunette avec un sourire béat gravé sur la tronche ? Non, jamais ? Maintenant si.
Une journée de bonnes nouvelles, elle ne demandait pas mieux. Kilian à bout de bras, elle tourne, tourne, tourne, à s'en donner le vertige. Ils sont si semblables ces deux-là. Mêmes prunelles d'azur qui pétillent de bonheur et de curiosité, mêmes mèches brunes en bataille, même sourire qui rayonne. La même envie de croquer la vie à pleines dents aussi, ce même besoin d'aventure, de défis.


Joyeux anniversaire mon amour...

Car nous sommes bien le trois Janvier, et la brune a décidé depuis le début que les anniversaires seraient des moisversaires. A fêter chaque mois donc, plutôt que chaque année, charmant principe, non ? Aujourd'hui elle fête donc très exactement les un an et cinq mois de son fils. Et pour l'occasion, il se voit couvrir de bisous et de câlins, encore davantage que d'habitude ! C'est que le petit homme grandit à une vitesse hallucinante depuis le dernier passage de son père. Et la brune en est fière, si fière, de ce petit mini-eux qu'elle a porté en son sein ou contre elle depuis plus de deux ans.

Et mieux que ça mon coeur, le prochain anniversaire, j'ai bon espoir que tu le passe dans les bras de Papa !

Le mot magique est lancé, le regard s'allume comme une petite flamme qu'on attise. Le fils s'empresse d'agripper le pendentif qui trône à son cou, celui offert par Papa justement. Il a tout saisi et s'anime, désignant la table du bout du doigt. La brune acquiesce, replaçant l'enfant sur sa hanche pour attraper plume et parchemin. La suite est connue, écrire, écrire à l'autre tiers de cette petite famille du bout du monde. Pourtant ce n'est pas une missive qu'elle écrit mais bien davantage, le sourire aux lèvres. Les bonnes nouvelles, ça se partage !

Castillon... ça fait un paquet de temps qu'elle en parle notre Azylys. Alors quand on lui en donne la possibilité, elle s'en empare sans hésiter. A quand le départ ? C'est que ça lui manquerait presque les voyages...

_________________
Angekenn
Vannes, 24 Janvier 1462

Ange était arrivé de bon matin à Vannes, il avait fait un tour en ville, croisé des amis et amies en taverne de bon matin, il prit la route de la demeure de sa jumelle, ravi de la revoir à nouveau.
Ev avait raté le départ, mais elle serait là à l'aube demain matin, c'était le principal.


Toc toc Toc
Azyyyyyyyyyyyyyyyyyyyyyyyyyyyy, c'est ton jumeau, tu es là?
Descend vite que je te fasse un gros calin et un énorme bisou!! Tu as des crêpes? J'ai faimmmmmmmmmmmmmmmm !


Il de mit à rire, attendant avec impatience qu'elle vienne l'accueillir.
_________________
Azylys
Vannes, 24 Janvier 1462

Veille de départ, veille de long voyage. Et qui dit voyage pour la brune dit demi-déménagement. Si elle ne prend pas la maison, elle prend -plus ou moins- tout ce qu'elle contient. La veille du départ c'est donc l'heure de développer un art tout particulier : celui de faire le plus petit paquetage possible en y glissant le plus de choses possibles. Tetris, vous connaissez ? Bref c'est ce que tente de faire notre Azylys alors qu'on frappe à la porte. C'est donc tout naturellement que le petiot d'un an et (presque) demi qu'est Kilian se décide à le faire lui même. A essayer du moins, dur d'atteindre la clenche quand on mesure moins d'un mètre. Arrive alors ce qui devait arriver, SOSSSS !

Amaaaaaaaa ! A pote !

Notre Azylys fort occupée ne résiste pourtant pas à l'appel strident de la chair de sa chair. Les azurs se tournent vers son double miniature.

Oui mon coeur ? Quoi la porte, ça a toqué ?

Le bout d'chou acquiesce, tendant son minuscule doigt vers la porte en question. L'Azylys percute enfin, rejoignant son petit homme qu'elle pousse doucement derrière elle en ouvrant la porte, instinct maternel oblige.

AAAAAAAAAAAAAAAAANGE !!

Et la brune de sauter au cou de son frangin, laissant son fiston perplexe la regarder à l'abri, deux minis azurs dépassant dans l’entrebâillement de la porte.

T'es déjà là toi ? C'est demain le départ hein ! Il nous manque les deux filles encore. Mais sinon avec Kilian on est presque prêts.

Grand sourire, qui rassure au passage le mini brun aux cheveux ébouriffés.

Viens mon coeur, tu connais Ange, mon frère à moi.

Certes il le connait, depuis petit, tout petit. Et ce n'est pas étonnant qu'il ne s'en souvienne que très peu voire pas du tout. Pour autant, l'intrépide mini rejoint sa maman, enlaçant son mollet, pour une fois bouche bée.
_________________
Evdokiya
Samedi 25 Janvier 1462

Ev venait de franchir le seuil de Vannes, son périple était terminé. Astride marchait devant elle, ses jolies boucles blondes resplendissaient avec le soleil, ça allait être un belle journée. Avec elle se trouvait ses deux autres amours, Iryna et Erik, du haut de leurs 4 mois ils étaient déjà très robustes, elle était sure qu'ils deviendraient très grands et forts.
Ev cherchait la maison de son amie Azy, et par la même occasion elle espérait retrouver Ange, elle tourna un peu mais retrouva vite ses repères, enfin la maison d'azy pointait le bout de son nez. Elle sourit, elle était émue de la retrouver de nouveau, Azy était beaucoup plus qu'une amie, c'était une partie d'elle à présent. Pour s'amuser un peu elle envoya sa chérie Astride toquer à la porte sans l'accompagner. Ev s'éloigna discretement et attendit que quelqu'un ouvre la porte

_________________
Angekenn
Vannes le 24 janvier 1462

Ange se mit à sourire quand il entendit la voix de Killian, il avait l'air apeuré!
Cela faisait un petit moment qu'il n'avait pas vu le fils de sa jumelle, pas sur qu'il me reconnaitrait, ils oublient vite à cet âge là les enfants!
La porte s'ouvrit découvrant le visage étonné d'Azy, elle lui sauta dessus, il évita tout juste de se retrouver à terre, il lui fit des gros bisous en riant, puis la posa à terre, attrapant dans ses bras Killian


Coucou ma Azy, surprise!!!! Alors Killian? Tu ne reconnais pas tonton Ange?

Il fit un bisou sur la joue de l'enfant et le regarda

Oh toi tu as grandi, énormément même! Tu vas bientôt dépasser maman!.....puis ce tournant vers sa jumelle..... alors comment allez vous tous les deux? Les malles sont prêtes? J'ai mis la charrette dans le jardin et laissé Ouragan, se restaurer dans le champs voisin, il faut qu'il mange et se repose un peu, la route va être longue!

Il regarda les deux prunelles ébahies de son neveu, enfin presque neveu, il sourit de le voir aussi mignon.

T'es déjà là toi ? C'est demain le départ hein ! Il nous manque les deux filles encore. Mais sinon avec Kilian on est presque prêts.

Ev devrait arriver très vite, elle a raté le départ, mais elle arrive, elle m'a écrit qu'elle serait là demain, donc plus qu'à l'attendre, enfin tu la connais, ses malles ont du être longues à faire, préparer les vêtements de Astride et des jumeaux, il ne faudrait pas qu'ils attrapent froid pendant le voyage!

Il posa Killian, un peu apeurée à taire puis câlina sa jumelle avec joie.

Maxine est prête, elle aussi? Elle doit trépigner de joie!
Tu lui as dit qu'elle doit prévoir de la nourriture pour 4 jours minimum, la route est longue jusqu'à La Rochelle et pas de marché pour se réapprovisionner!


Il relâcha sa jumelle, riant de voir Killian accroché à ses jambes.
_________________
Azylys
Vannes, 24 Janvier 1462

Et la belle de sourire encore, heureuse de réunir sa famille de coeur pour ce long voyage.

Oui, Maxine est prête et les provisions aussi, il n'y aura plus qu'à partir !

La journée finit comme elle avait commencé, entre les rires et les sourires.

Vannes, 25 Janvier 1462

Cette fois-ci la brune avait entendu frapper à la porte, et c'est donc avec le sourire qu'elle vint l'ouvrir et prendre sa filleule dans ses bras.

Eh beh dis donc tu as sacrément grandi toi !

Puis de guetter Ev qui ne devait pas être bien loin avec les jumeaux.
Les deux ex ballons tombèrent dans les bras l'un de l'autre, comme si elles ne s'étaient pas vues depuis une éternité -ce qui n'était pas faux ceci dit-.


Pourtant alors que l'heure de partir sonne enfin, l'Azylys est anxieuse, vérifiant plutôt sept fois qu'une que la porte est fermée, que toutes les affaires sont prêtes. Glissant la clef à une chaînette autour de son cou, la brune câline tendrement son fils qui dort blotti contre elle dans son cocon de tissu. Se hissant en selle, la belle laisse la jument la guider jusqu'au lieu de rendez-vous, perdue dans ses pensées. Les voyages lui manquaient, étrangement. Pourtant maintenant elle aurait presque peur de ce nouvel élan vers l'inconnu. Qui n'est pourtant que du déjà connu. Rien que des ex. Un ex-mari, des ex-Toulousains et des ex-Vannetais. Rien de nouveau sous les étoiles du moins. Un sourire se dessine sur ses lèvres alors qu'elle aperçoit le petit groupe qui l'attend à la sortie de la ville. Avec eux elle pourrait aller jusqu'au bout du monde...
C'est décidé.... Vacaaaaaaaaaances !!!

_________________
Azylys
Vannes, 4 Mars 1462

Le voyage avait finalement pris une semaine de plus que prévu. Le temps de descendre, puis toutes les étapes : La Rochelle, Castillon, Bazas, puis un aller-retour à Marmande pour récupérer les égarés, puis le long retour sans escale jusqu'à Vannes. Cinq semaines de voyage bien plus épuisantes que la brunette ne l'aurait cru au départ. Moins reposantes aussi. Bref, ce voyage était loin d'être une réussite, tout au plus avait elle eu le plaisir de prendre l'air un peu et de revoir des amis de longue date. Le reste était un vague échec.

Levée bien tard ce matin, l'Azylys traîne, trop contente d'avoir retrouvé enfin un lit digne de ce nom et tout le confort d'un petit chez soi. Les cuisses sont encore douloureuses de cette dernière semaine à cheval pour remonter du Sud au bout du monde nordique en longeant l'océan. L'Azylys traîne donc sous les couvertures, profitant d'une semaine de répit avant de reprendre les gardes, mais le petit brun qui partage sa vie en a décidé autrement. Puisqu'hier ils ont fait la fête, même un peu, pour fêter ses dix-neuf petits mois, il faut bien ce jour que maman écrive.
La belle en question finit par consentir à se lever, portant le fiston remuant au creux de ses bras. Elle est bien embêtée, elle ne sait pas comment lui dire. Que ce voyage s'est mal passé, qu'elle s'est définitivement brouillée avec son père, et que, puisque ni l'un ni l'autre ne veulent se reparler, elle n'écrira donc pas. Elle se sent coupable comme toujours. Seule coupable d'un fiasco qu'ils entretiennent à deux depuis plus de deux ans. Et malgré tous les bons conseils de ses proches, elle ne voit en cet instant que l'importance de ce père pour Kilian, et elle se sent mal.

Aujourd'hui elle choisira la solution de facilité, elle trichera. Comme une voleuse peut-être mais pour la première fois Kilian ne saura pas l'entière vérité. Ce qu'elle aura écrit ce jour-là ne partira jamais.

_________________
Azylys
Vannes, 23 Mars 1462

Morose, la brune tourne et retourne la plume entre ses doigts agiles, le regard vaguement fixé sur l'encre, comme si les azurs allaient fondre dedans. Kilian dort paisiblement dans le berceau qu'elle a gardé à côté d'elle, tout innocent qu'il est encore. L'Azylys, elle, n'a toujours pas digéré l'issue de son dernier voyage, et elle vit plus que mal d'avoir coupé le cordon avec son petit homme qui représente à cette heure comme depuis deux longues années, la totalité de son existence. Depuis le début du mois, où elle a commencé petit à petit à ne pas lui dire toute la vérité, si lui n'y voit que du feu, elle se sent mal de mettre de la distance entre eux deux.
Les azurs se diluent dans l'encre et la flamme de la chandelle vacille encore une fois mais la brunette ne le remarque même pas. Elle est partie bien trop loin dans ses pensées, et cette fois, personne ne viendra lui tirer la manche pour la faire redescendre sur terre.

Elle s'inquiète. Pour son fils bien évidemment, lui qui n'a jamais rien demandé mais paye tous les pots cassés. Pour Merwen, son poussin qui part bientôt en voyage pour se changer les idées et qu'elle trouve un peu à côté de ses chausses en ce moment. Pour Eli, sa chipie qu'elle voit prendre un chemin qu'elle a emprunté elle aussi et qui fait sacrément mal.
Attendre un homme. Si c'était à refaire elle ne le referait pas. Jamais. Jamais plus. Se dire que ça va passer, se dire que ce n'est qu'une passade, qu'il finira bien par revenir quand il se lassera d'aller voir ailleurs. Jamais. Un homme qui commence à aller voir ailleurs ne revient jamais. Surtout s'il sait qu'on l'attend et qu'on lui passerait tout et n'importe quoi.
Et c'est comme ça que ça finit : des mois d'attente et de douleur pour finir par couper définitivement les ponts avec le père du petit qu'on élèvera toute seule toute sa vie. Et à culpabiliser derrière d'avoir séparé les deux. L'Azylys ne peut retenir un soupir qui la ramène un tant soit peu à la réalité. Elle ne veut pas voir sa Eli souffrir comme elle a souffert. Surtout si c'est pour finir par tirer un trait sur des années d'attente et tracer sa route chacun de son côté.

La vannetaise finit par se lever, ouvrant la fenêtre pour s'accouder au rebord, scrutant les étoiles. Non elle n'a pas le droit de se laisser aller. Il y en a qui comptent sur elle, et même un petit bonhomme haut comme trois pommes qui ne dépend plus que d'elle. Et il y en a qui veillent sur elle de là-haut, elle n'a pas le droit de baisser les bras. Elle ne le voudrait pour rien au monde de toute façon. Elle connait son credo, tout pente, aussi raide soit elle, finit toujours par être remontée. Fermant la fenêtre, la brune cueille doucement son fils dans le berceau et file se blottir sous sa couette, son petiot dans les bras. Il n'y a pas de meilleur remède que son sourire à lui, et son petit coeur qui bat contre le sien, après tout.

_________________
Azylys
Vannes, 31 Mai 1462

Je ne sais pas...

Et pour la première fois depuis longtemps, elle le pense vraiment, elle ne sait absolument pas où elle en est. Paumes croisées sous la tête, une jambe repliée contre elle, la brune est allongée de tout son long sur son lit, le regard dans le vague. A ses côtés joue l'Enfant, le petit brun aux yeux d'azur de presque deux ans, qui n'entend rien des préoccupations maternelles et préfère transformer les couvertures en terrain de jeu. Et l'Azylys parle, à son fils peut-être, à elle-même sûrement, ou à ceux qui veillent aux cieux, qui sait. Elle n'est pas beaucoup sortie ces derniers temps, l'envie lui manque et elle tue son temps dans la confection de haches toujours plus effilées, comme si en affûtant le fil de la lame elle pouvait affûter ses pensées.

Tu crois qu'on devrait partir ?

L'idée l'a déjà tentée à de nombreuses reprises. La belle aime apprendre, toujours quelque chose de nouveau, découvrir toujours autre chose, et quand peu à peu elle s'enlise dans un choix, dans un engagement, dans un domaine, la lassitude finit par la reprendre, et ainsi le désir de bouger. Désir qui l'avait poussée au voyage il y a quelques mois de cela, voyage désastreux du reste, mais qui avait eu le mérite de lui redonner l'envie du retour. Mais l'ambiance de ces dernières semaines a sapé l'énergie qu'elle avait, après la défense et la médecine, mise à réfléchir sur la question du bois. Alors la brune tourne à vide, et comme tout esprit à vide, elle se replie sur ses fondations.

Mais où ? A Castillon ? J'ai trouvé ça un peu vide... mais ils y sont, eux.

Eux. Ceux qui restent, ceux qui comptent, ceux que rien n'a pu déraciner dans la vie de la brune. Ses frères d'armes toulousains, ses amis les plus proches, ceux qui l'ont connue avant la Bretagne, avant Kilian, avant Zach, avant tout ce qu'elle a pu construire depuis qu'elle a posé le pied dans la cité fuxéenne. Ceux qui comptent depuis le début, en fin de compte. Qui sont toujours là malgré les années et la distance. Contrairement à d'autres, qui ont laissé leur empreinte sur la vie de l'Azylys mais n'en font plus partie.

- Ama ?

Les azurs maternels dévisagent l'Enfant, le noyau qui l'a empêchée, l'empêche et l'empêchera toujours d'être envoyée par le fond. A-t-elle le droit de le déraciner ? Lui qui a défaut de naître en ces terres y a grandi, au moins en partie ?

- Oui mon ange ?
- T'aime. Fort.


Le visage s'adoucit et se fend d'un sourire alors que l'Azylys ramène son petit homme contre elle pour l'ensevelir sous les baisers. Même au creux de son ventre, il a toujours eu ce don si particulier pour la sortir de sa léthargie pensive lorsqu'elle s'y engluait de trop.

Maman aussi t'aime très fort mon coeur. Très très très fort même.

Emportée par ce regain soudain d'énergie, la brune se redresse en gardant l'Enfant dans ses bras. Bientôt la porte claque dans le dos de la belle. Tiens, il fait sacrément beau aujourd'hui, as-tu vraiment failli louper ça, Az ? Ébouriffant la tignasse brune de son fils, la belle reprend vie.

Un petit tour à la plage, ça te dit ?

Après tout, le reste n'urge pas.
_________________
Azylys
Le temps avait passé et rien n'avait changé. Kilian avait grandi, affichant désormais deux étés au compteur, et c'est bien là tout ce qui avait changé depuis le printemps. La brune travaillait toujours à la prévôté, passait toujours la majeure partie de ses nuits sur les remparts. Elle se sentait toujours aussi coupable de l'éloignement imposé entre Kilian et son père et elle haïssait toujours autant ce dernier. Elle n'avait pas profité de son court passage en Bretagne pour le voir et elle ne comptait jamais le revoir, elle était libre. Du moins c'est ce qu'elle croyait, jusqu'à cette matinée de septembre...


Vannes, matin du 6 Septembre 1462

Tout juste réveillée et encore emmitouflée dans les couvertures, la brune profite encore un peu de cette nuit passée bien au chaud plutôt qu'au sommet glacé des remparts. Si longtemps qu'elle n'avait pas dormi une nuit complète... Elle s'étire en douceur, rien ne presse aujourd'hui, le marchand poitevin avec qui elle doit commercer ne sera disponible qu'à midi. Kilian dort encore, laissant sa mère profiter de ce calme inhabituel qu'elle affectionne tant. Toutefois son repos est de courte durée, perturbé par des roucoulements de pigeon qui semblent venir de l'autre côté des volets clôts qui la préservent encore du jour naissant. La maréchale laisse échapper un soupir de dépit, forcée de se lever pour ouvrir la fenêtre au pigeon voyageur matinal.

Si c'est encore un courrier inutile, je fais avaler ce pigeon à son propriétaire...

La missive est détachée puis dépliée par une main blasée, tandis que les prunelles glacées de la brune scrutent avec attention cette missive dont l'écriture ne lui rappelle rien.



Bonjour Azylys,
Je ne sais quand cette missive vous trouvera et je m'excuse par avance de vous avoir dérangée si sa lecture vous déplaît. Sachez qu'elle ne relève que de mon initiative personnelle et ne vous oblige aucunement à lui donner suite.


Allons bon, si tu penses que cette missive ne m'intéressera pas, ne m'écrit pas ! Mi-froissée mi-intriguée, la brune poursuit sa lecture.



Je me dois toutefois de vous faire part d'un accident survenu à La Rochelle suffisamment important pour qu'à mon sens il vous concerne. Zacharys est gravement blessé, victime d'une tentative d'assassinat dont le coupable n'as pas encore été identifié. Le médecin s'étant chargé des premiers soins d'urgence ne peut affirmer s'il s'en sortira ou non, la plaie est profonde et il a perdu énormément de sang. A l'heure où j'écris ces lignes il est inconscient, entre la vie et la mort.


Les azurs accrochent un mot, puis un deuxième, reprenant la phrase au début pour s'arrêter sur les mêmes termes encore une fois. Le palpitant rate un battement, malgré tous les efforts de la jeune femme pour le rendre invulnérable. La dextre tremble, rendant la lecture encore plus difficile à l'esprit qui s'entête pour ne pas comprendre. Le regard survole les dernières lignes plus qu'il ne les lit véritablement, achevant de glacer la vannetaise jusqu'à la moelle.



Libre à vous de faire cas ou non de cette information. Sachez que je vais probablement contre la volonté du blessé, et sans doute contre la votre également, en vous écrivant ceci.
N'hésitez point trop longtemps, je ne peux rien garantir quant à son état futur.

Je me tiens à votre disposition si besoin en est,
Nathanael.


Nathanael...le prénom fait vaguement écho dans les souvenirs de l'Azylys secouée par l'effroyable nouvelle, assez du moins pour certifier la sincérité et la véracité de cette missive qui lui file entre les doigts. La brune s'adosse au mur, se glissant glisser comme un fétu de paille jusqu'à s'échouer au sol. Les azurs dérivent jusqu'au berceau, tétanisant l'Azylys confrontée à ses responsabilités. C'est son devoir d'emmener Kilian au chevet de son père, tout comme le suggère fortement le colosse dans sa lettre. Doit-elle pour autant se dérober à ce qu'elle avait prévu ici, sachant que le père a déclaré rayer pour toujours le nom du fils de son esprit ?
Un poing rageur heurte le mur, faisant grincer le bois. L'Azylys se sent faible et elle déteste ça. Elle croyait pourtant avoir réglé ce problème une bonne fois pour toute, mais Nathanael lui donne tort, anéantissant tous ses efforts. Face au dilemme qui l'étouffe, la brune prend la fuite, prenant prétexte de sa mission commerciale auprès du marchand poitevin pour se dérober à cette missive qui l'oppresse.


Début d'après-midi, même jour, même endroit

La vannetaise rentre tout juste du centre-ville, se maudissant déjà. Sur un coup de tête, elle a pris sa décision, saisissant l'opportunité présentée par le poitevin.
Elle est mère avant d'être maréchale, capitaine ou conseillère.
Elle ira.

_________________
Azylys
Vannes, 10 Octobre 1462

Six petits jours déjà que la brune est rentrée, rentrée un peu en catastrophe en prenant conscience de la durée qu'avait pris le voyage prétendu éclair. Elle était partie pour deux semaines, mais était revenue un mois plus tard, soulagée de l'énorme culpabilité qui pesait démesurément sur ses épaules depuis de longs mois. La Vannetaise était fière de pouvoir affirmer cette fois que ce déplacement à La Rochelle n'avait été ni catastrophique ni aussi explosif que les précédents. Finalement, et c'était bien la première fois, revenir lui avait paru tout aussi compliqué que partir. Si l'hésitation avant le départ lui avait semblé bien naturelle vu les conflits permanents qui l'opposaient au Rochelais, l'hésitation du retour avait remis en question sa vision de l'avenir. Le doute avait eu tout le temps du trajet pour faire son chemin et semer la confusion dans l'esprit de l'Azylys. Et depuis lors, il ne l'avait plus quittée...



Le soleil automnal joue entre les feuilles flamboyantes qui s'accrochent tant bien que mal ou chutent en spirale, malmenées par le vent. L'herbe en est déjà jonchée, tant et si bien qu'on la distingue à peine par endroits. La forêt est pourtant encore loin de son mutisme hivernal alors que les babillages sans fin d'un enfant couvrent pour un moment le bruissement des feuilles. Kilian parle en effet, intarissable, montrant d'un doigt curieux chaque détail qui l'interpelle, à n'en plus finir. Pourtant l'Azylys ne l'écoute pas, toute absorbée dans ses pensées qu'elle est une fois encore, tenant toutefois l'Enfant serré contre elle alors que la jument les mène entre les troncs, à la recherche d'un petit lac aperçu autrefois. Le roulement des muscles sous la peau équine plonge peu à peu la brune dans une vague méditation, la selle ayant été volontairement oubliée au fond de l'écurie.

Retour sans réelle motivation, vécu comme un poids plutôt que comme la joie qu'il aurait dû être. Cette lente lassitude qui lui colle à l'âme, la brune n'arrive plus à s'en défaire. L'heure est à la remise en question, à l'interrogation quand au futur qui s'annonce épineux. Enfermée dans sa routine quotidienne, elle réalise peu à peu suivre le même chemin depuis deux longues années sans réelle progression. Et à l'heure du retour, elle l'a senti, ce manque, ce vide, cette absence d'implication croissante, faute de quelque chose qui la prenne aux tripes et lui donne l'envie de persévérer. Elle se sent lasse des querelles, lasse de la politique, lasse de ses gardes nocturnes. Et subitement, alors qu'elle n'avait pas encore franchi les portes de la ville, il y a à peine une semaine, elle avait eu envie de partir. Reprendre la route, laisser de nouvelles rencontres la surprendre, changer d'atmosphère.
Pourtant l'Azylys est attachée à la Bretagne, sorte de lien affectif inné qu'elle s'est découvert en posant ses valises au bord de la mer il y a deux étés de cela. C'est la terre qui l'a choisie plus qu'elle même ne l'a choisie, celle qui la recueillie, guérie, celle qui a vu grandir la chair de sa chair, celle qui lui a redonné un nouveau souffle. Celle de ses parents peut-être également, d'après les découvertes de l'année passée. A-t-elle seulement le droit d'abandonner sa terre d'adoption sur un coup de tête ? Assurément non. Aussi la jeune femme a promis de se laisser le temps de la réflexion. Un mois et demi, c'est là le temps qu'elle s'est imparti pour trancher entre sa lassitude et son attachement. Dans un mois et demi, elle rompra avec sa vieille routine, soit que l'envie d'ailleurs aura été la plus forte, soit que Breizh aura su la retenir en son sein encore un peu.

Aussi la récente interrogation de Chimera, au hasard d'une discussion en taverne, a retenu l'attention de l'Azylys qui s'est promis d'y réfléchir. Osera-t-elle se lancer sur le sentier proposé ? Si elle y voit d'une part le moyen de renouer avec ce qui a motivé son installation icelieu, non pas la politique, non pas les postes à accumuler, mais la culture, ce mystère latent inscrit dans l'âme même de la Bretagne, cette magie palpable qui en est l'essence, la brune hésite pourtant. Elle s'en sent encore trop loin, trop étrangère. La proposition reste en suspend mais l'idée fait son chemin dans les pensées de la belle. Il semblerait qu'elle ait encore besoin de temps pour se laisser apprivoiser.

_________________
Azylys
Vannes, 2 Décembre 1462

Les paquetages s'entassent, montagnes éphémères rangées et dérangées par la brune qui tourbillonne dans la maisonnée comme une tornade miniature. Le départ est pour ce soir, et la tension se fait palpable à mesure que la nuit tombe, alors que la jeune femme se démène pour achever les derniers préparatifs. Voyage longuement songé, longuement mûri, longuement rêvé qui s'apprête à prendre corps tangible. Sans doute l'enjeu est-il plus important pour l'Azylys que pour ses compagnons, au regard de ce semblant d'ultimatum qu'elle s'est fixé quelques mois plus tôt. Ce sera l'opération de la dernière chance semble-t-il, un défi lancé au visage de la Bretagne, un "garde moi si tu l'oses !" qui pulse dans les veines de la Vannetaise. Maréchale, elle n'est plus, formatrice non plus. Elle a rendu ses casquettes, n'en conserve qu'une, celle qui la lie au bout du monde. Ainsi elle se sent définitivement plus légère, plus libre, plus...elle-même. Ce sentiment qui l'étreint, elle le connaît pourtant, écho de ce qu'elle ressentait en partant pour le Poitou en Septembre, lorsqu'elle avait tout quitté en quelques heures. Elle a le choix, pleinement le choix, de l'itinéraire, de la durée, des compagnons, de tout... Et cette infinité de possibilités la grise au point d'en être ivre.
De l'autre côté de la pièce, deux petites prunelles azurées scrutent avec curiosité tout ce remue-ménage, incompréhensible pour l'Enfant qui n'associe le voyage qu'à la perspective toujours trop attendue de revoir le père poitevin. Pourtant cette fois, il n'y aura pas de frontière à franchir, pas de jours interminables à passer au milieu de nulle part, perdu sur une route trop longue entre deux villes démesurément loin l'une de l'autre. Il ne quittera pas la terre qui l'a vu grandir, du moins pas si vite, et pas cette fois. Toutefois, l'esprit aventureux de Kilian y trouvera bien son compte malgré tout, lui qui rêve de nouveaux espaces à explorer, ne pourra être que servi...


Jeune homme, il est l'heure je crois, et vous n'êtes même pas prêt.

Le bout du nez se lève, interpellé, alors que la brune est prise d'un rire franc devant la mine déconcertée. Elle aime parfois faire des manières avec l'Enfant, toujours par jeu, jamais par sérieux. Le fils est prompt à comprendre le ton plaisantin et à en rire lui-même sans trop comprendre de quoi il en retourne, si ce n'est que tout va bien en réalité. Bien vite emmitouflé dans un chaud manteau, il s'engouffre dans l'entrebâillement de la porte sitôt entrouverte, suivi par sa jeune mère aux lourds paquetages enfin bouclés. La clef tourne deux fois dans la serrure avant d'être logée sur une chaînette au cou de l'Azylys. La jument se voit chargée d'un sac, puis de deux, puis d'une mère et de son fils, complétant le lourd équipage. Ils sont prêts, prêts à partir à l'aventure de nouveau, puisqu'ils ont tant à découvrir...
Le temps de rassembler le petit groupe et les quatre comparses et demi passent de l'autre côté des murailles, saluant Radamael au passage qui veille du haut des remparts. Leur tout premier Tro peut enfin commencer...

_________________
Azylys
Vannes, 6 Février 1463

La brune est rentrée depuis quelques jours déjà et se tourne joyeusement les pouces devant l'âtre, faisant mentalement le bilan des deux derniers mois, bien chargés au demeurant. Le Tro si mal commencé avait bien terminé malgré tout, laissant à la belle un petit goût de surprise qui lui avait donné envie de rester. Rieux ne lui avait pas plu et elle avait trouvé Fougères et Rennes bien plus désertes qu'elle ne l'aurait cru. Pourtant son long séjour à Rohan avait su la remotiver pour tenter le grand Nord breton, et elle y avait trouvé bien plus de vie qu'elle ne l'aurait pensé au départ. Des gens accueillants en plus, et des compagnons de picole fort entraînés. Elle s'était donc juré de ne plus tant tarder pour repartir sur les routes bretonnes. Le retour avait été précipité pour l'excellente mauvaise raison que pouvait être un bête pari pour une Azylys. Au galop donc pour boucler le Tro en deux mois, en débarquant au matin du 31 Janvier dans la cité vannetaise. Un défi de plus de réussi pour la jeune femme, spectacle ridicule aux yeux de l'humanité.

Depuis son retour elle avait refourgué à la mairie ses nombreuses prises de pêche en mer bretonne, et les tonnes d'épis que ses champs avaient pu donner en son absence. Elle avait réparé trois haches aussi, aiguisé deux épées et coupé du bois, avant de s'effondrer devant l'âtre pour se tourner joyeusement les pouces. Et maintenant petite Azylys, que vas-tu faire ? Retourner en haut des remparts était hors de question. S'enterrer dans sa maison aussi. Ne restait qu'à attendre que la mairie l'envoie en mission ou à accepter de jouer les déménageuses pour la promise de l'empoisonneur en chef.

C'est ce qu'elle croyait du moins avant que deux petites mains viennent lui couvrir les yeux.


Ama vient jouer ?

Peut-être a-t-elle en effet mieux à faire qu'elle ne le croyait..
_________________
See the RP information <<   <   1, 2, 3, ..., 9, 10, 11   >   >>
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)