Drahomir
* Je suis nul, en titre.
Tout avait commencé par une élection en Alençon. Un tchèque, plutôt montagneux, morphologiquement parlant, plutôt barbare aussi, avait été choisi pour devenir duc d'Alençon.
Mais las, un vilain roy, plutôt nabot, plutôt borgne, plutôt bête, en avait décidé autrement. Surement par rancur, surement par jalousie aussi.
Enfin, voila qu'en plus, l'AAP, la feuille de choux à la botte de sa majesté se mettait à ébruiter l'affaire.
Enfin, ca apportait pas mal de réactions. Une en particulière fit tiquer le Vadikra.
Citation:
Au "Drôle".
De Moi.
Bonjour Drahomir.
Etes-vous surpris de trouver ma lettre chez vous ?
Allez, avouez que vous l'êtes.
Comment vous portez-vous ?
J'imagine que la colère vous ronge. Moi, c'est ce que cela me ferait si j'étais à votre place.
Oui, j'ai appris. J'ai appris que le roi Nicolas vous avait purement et simplement interdit de prétendre à la couronne aleçonnaise qui vous revenait de droit. Ce Nicolas est décidément idiot. Il accepte tacitement l'indépendance du Berry, refuse l'allégeance du duc de Bourgogne et puis, première en soi, il refuse l'hommage d'un de ces ducs !
Je suis navrée pour vous, sincèrement.
Je me souviens lorsque je vous ai rencontré la première fois, je vous trouvais "drôle". Pourtant, j'ai su tout de suite que derrière cette apparence rustre et sauvage, il y avait un homme de caractère, digne de respect.
Rassurez-vous, je ne suis pas venue vous flatter, juste vous dire que je suis de tout coeur avec vous, dans cette épreuve et que je trouve injuste l'attitude du roi.
Je ne changerai rien, j'en ai conscience, mais peut-être ma lettre vous aura-t-elle fait un peu sourire, alors, je serais ravie.
Puisse le Très Haut vous garder.
Della d'Amahir-Euphor.
De Moi.
Bonjour Drahomir.
Etes-vous surpris de trouver ma lettre chez vous ?
Allez, avouez que vous l'êtes.
Comment vous portez-vous ?
J'imagine que la colère vous ronge. Moi, c'est ce que cela me ferait si j'étais à votre place.
Oui, j'ai appris. J'ai appris que le roi Nicolas vous avait purement et simplement interdit de prétendre à la couronne aleçonnaise qui vous revenait de droit. Ce Nicolas est décidément idiot. Il accepte tacitement l'indépendance du Berry, refuse l'allégeance du duc de Bourgogne et puis, première en soi, il refuse l'hommage d'un de ces ducs !
Je suis navrée pour vous, sincèrement.
Je me souviens lorsque je vous ai rencontré la première fois, je vous trouvais "drôle". Pourtant, j'ai su tout de suite que derrière cette apparence rustre et sauvage, il y avait un homme de caractère, digne de respect.
Rassurez-vous, je ne suis pas venue vous flatter, juste vous dire que je suis de tout coeur avec vous, dans cette épreuve et que je trouve injuste l'attitude du roi.
Je ne changerai rien, j'en ai conscience, mais peut-être ma lettre vous aura-t-elle fait un peu sourire, alors, je serais ravie.
Puisse le Très Haut vous garder.
Della d'Amahir-Euphor.
Réponse ne s'était pas fait attendre.
Citation:
A Della d'Amahir Euphor,
Madame,
Je suis bel et bien surpris, comme vous le pensiez, et souriant aussi, suite à vos mots.
Ils me font plaisir et me confortent dans l'idée qu'en effet, j'ai été spolié par un petit bourgeois fait Roy. Mais las, non, je ne suis pas en colère. Je l'ai été, furieux à son paroxysme, mais c'est passé. Je ne pouvais conserver mon trône, ayant derrière moi un conseil divisé où siègent en grande partie des pleutres, mais voila, mon choix à tout de même été écouté, et c'est Heimdal qui a été placé à sa tête.
Enfin, heureusement que je vous sais mariée, sinon, j'aurais pu croire que vous inversiez la bienséance en me courtisant aussi éhontément.
Merci pour vos mots.
Puisse le Très Haut vous sublimer.
Drahomir Sergueï Vadikra.
PS: Il m'a été rapporté qu'un drôle du nom de Sabaude Renard été votre frère? Est-ce vrai? Je sais qu'on ne choisie pas sa famille, mais il me chagrine de voir votre sang entaché par ce godelureau de bas étages.
A Della d'Amahir Euphor,
Madame,
Je suis bel et bien surpris, comme vous le pensiez, et souriant aussi, suite à vos mots.
Ils me font plaisir et me confortent dans l'idée qu'en effet, j'ai été spolié par un petit bourgeois fait Roy. Mais las, non, je ne suis pas en colère. Je l'ai été, furieux à son paroxysme, mais c'est passé. Je ne pouvais conserver mon trône, ayant derrière moi un conseil divisé où siègent en grande partie des pleutres, mais voila, mon choix à tout de même été écouté, et c'est Heimdal qui a été placé à sa tête.
Enfin, heureusement que je vous sais mariée, sinon, j'aurais pu croire que vous inversiez la bienséance en me courtisant aussi éhontément.
Merci pour vos mots.
Puisse le Très Haut vous sublimer.
Drahomir Sergueï Vadikra.
PS: Il m'a été rapporté qu'un drôle du nom de Sabaude Renard été votre frère? Est-ce vrai? Je sais qu'on ne choisie pas sa famille, mais il me chagrine de voir votre sang entaché par ce godelureau de bas étages.
Et la salve suivante, Euphorienne, d'arriver prestement.
Citation:
A Vous.
De Moi.
Avez-vous rougi en pensant que peut-être, je vous courtisais ? Qu'en penseriez-vous si vous appreniez que cela était l'effet recherché ?
Allons, je plaisante !
Et surtout, n'allez pas colporter cette rumeur, mon beau-père me considère déjà comme une vilaine sorcière alors, s'il apprenait que je vous ai écrit, cela en serait fini de moi !
Laissons là la taquinerie.
Vous êtes la deuxième personne à me parler de Sabaude comme d'un faquin, Fred de Castelviray fut le premier. Sabaude est en effet mon frère, né d'une des nombreuses aventures de feu mon père. Je ne connais pas la raison qui vous le fait décrire de la sorte et j'aimerais la connaître puisque Fred n'a jamais voulu m'en dire plus. Je l'aime bien, pour ma part, je ne le connais pas encore très bien mais il me fait rire, j'aime à discuter avec lui, je me sens en confiance en sa présence. N'est-ce pas ça, le plus important, la confiance ? Ai-je tort ? Voyez, je vous apprécie aussi et pourtant bon nombre de personnes me déconseilleraient d'entretenir une relation avec vous, même épistolaire ? Je vous sais intrigant mais je sais aussi que votre honneur est sans doute ce que vous avez de plus précieux et pour cela, je vous fais confiance, comme je fais confiance à Sabaude.
Racontez-moi ce que vous savez de lui, je vous en prie.
Et vous ? Quels sont vos projets ? Détrôner le roi ? Envisager de le faire assassiner ? Etes-vous marié ? J'avais conseillé à une dame de vous écrire, il y a quelques mois, lorsque j'avais vu une annonce dans laquelle vous faisiez savoir que vous cherchiez épouse. Hélas, elle m'a écrit pour me dire que cela ne pourrait pas marcher entre vous. Au moins, j'ai essayé.
Que le Très Haut vous garde.
Della
De Moi.
Avez-vous rougi en pensant que peut-être, je vous courtisais ? Qu'en penseriez-vous si vous appreniez que cela était l'effet recherché ?
Allons, je plaisante !
Et surtout, n'allez pas colporter cette rumeur, mon beau-père me considère déjà comme une vilaine sorcière alors, s'il apprenait que je vous ai écrit, cela en serait fini de moi !
Laissons là la taquinerie.
Vous êtes la deuxième personne à me parler de Sabaude comme d'un faquin, Fred de Castelviray fut le premier. Sabaude est en effet mon frère, né d'une des nombreuses aventures de feu mon père. Je ne connais pas la raison qui vous le fait décrire de la sorte et j'aimerais la connaître puisque Fred n'a jamais voulu m'en dire plus. Je l'aime bien, pour ma part, je ne le connais pas encore très bien mais il me fait rire, j'aime à discuter avec lui, je me sens en confiance en sa présence. N'est-ce pas ça, le plus important, la confiance ? Ai-je tort ? Voyez, je vous apprécie aussi et pourtant bon nombre de personnes me déconseilleraient d'entretenir une relation avec vous, même épistolaire ? Je vous sais intrigant mais je sais aussi que votre honneur est sans doute ce que vous avez de plus précieux et pour cela, je vous fais confiance, comme je fais confiance à Sabaude.
Racontez-moi ce que vous savez de lui, je vous en prie.
Et vous ? Quels sont vos projets ? Détrôner le roi ? Envisager de le faire assassiner ? Etes-vous marié ? J'avais conseillé à une dame de vous écrire, il y a quelques mois, lorsque j'avais vu une annonce dans laquelle vous faisiez savoir que vous cherchiez épouse. Hélas, elle m'a écrit pour me dire que cela ne pourrait pas marcher entre vous. Au moins, j'ai essayé.
Que le Très Haut vous garde.
Della
C'était donc à son tour de répondre, et il remit la chose à plus tard, plusieurs jours de suite.
En effet, outre sa déchéance -drôle de royaume ou un jour l'on est Grand officier de la couronne et le lendemain presque ennemi d'icelle- l'Ogre avait moult problèmes à régler.
Une exploitation dans laquelle il s'investissait de nouveau et un voyage en Normandie à préparer.
C'est d'ailleurs dans cette contrée du Nord qu'il repense au courrier de la Seignelay.
Les abords d'Honfleur, un campement y est installé. Ici et là flottent les étendards Artésien d'un homme qu'il escorte et ceux, plus aguichants, d'une vicomtesse, Alençonnaise. Vicomtesse à côté de laquelle il repose, la main délicatement posé sur le satin de sa peau, le doigts tâtonnant la tessiture intéressante d'un bouton de rose surplombant un mont empreint de chair de poule. Il a découvert la Aunou endormie qui frissonne dans son sommeil. La tente est fraîche et dès que le derme ne repose plus sous les fourrures les frissons parcourent le corps, ainsi, il remonte les peaux jusqu'au menton de la jeune femme qu'il vient embrasser délicatement, sans la réveiller.
Il n'a pas de suite trouvé le sommeil après leur étreinte et ses pensées vagabondes ont fait leur chemin, égrainant dans son crâne ce qu'il devait faire. La lettre en était et il ne dormirait pas de suite, autant s'y mettre. La lourde carcasse de quitter le confort de la couche.
Nu, large d'épaule et de taille, l'homme a la carrure de l'ours et avance de sa démarche chaloupée, bien que silencieuse, jusqu'au siège de toile où repose sa longue chaisne de nuit. Il l'enfile, réanime le brasero et se saisit du matériel d'écriture.
Citation:
A Della D'Amahir-Euphor.
De Drahomir Sergueï Vadikra
Normandie, le 26 Novembre 1461.
De Drahomir Sergueï Vadikra
- Madame,
Mes excuses, d'abord, pour le temps de réponse. J'ai été fort occupé dernièrement et j'espère que vous ne m'en tiendrez pas rigueur.
Alors, de prime abord, non, je n'ai pas rougi en pensant que vous me courtisiez. Je n'ai même pas pensé que cela fut possible. D'abord, je ne suis pas jeune puceau qui rougit dès qu'une donzelle un peu trop hardie pose les yeux sur lui, ensuite, je vous sais l'épouse d'un pair de France, le duc de Chartres si je ne m'abuse. Partant de cet état de fait, et de l'impression que vous m'avez faites lors de nos diverses rencontres, j'en déduis que vous êtes une femme d'honneur, donc une femme fidèle à votre mari et qui, dès lors, ne s'abaisserait pas à courtiser éhontément un barbare de mon acabit, aussi charmant soit-t-il.
Sinon, qui est ce charmant beau père que je lui envois des fleurs pour sa clairvoyance?
Très bien, baste des civilités, attaquons le nud du problèmes et de vos questionnements, Sabaude Renard.
Je suis bien aise d'apprendre que vous vous sentez bien en sa compagnie, c'est là le principal. Moi, je ne l'aime pas et je crois que la réciproque est vraie. Pour une fois, le Castelviray fait preuve de discernement et je ne pense pas trop m'avancer en disant que se qu'il reproche à votre frère et du même ordre que le mien.
Sabaude, à mon arrivée en Alençon était quelqu'un de gentil, simple et cordial avec tout le monde. Soit, il avait sa couleur politique, déjà bien affichée, et pas si éloignée de la mienne, mais il restait un homme charmant et humble -j'insiste bien sur ce mot-.
Il avait, en sus, une qualité que jidolâtre réellement, celle d'être quelqu'un de vrai.
Mais c'est terminé. D'ailleurs, ce changement concorde avec le retour de notre actuel roy en Alençon. Ils sont très amis, lui et votre frère.
Bref, Sabaude, en acquérant la noblesse comme duc régnant, voir même un peu avant en usant avec son ami de méthode peu orthodoxes comme la diffamation, a perdu mon respect.
Un changement brutal de caractère, un melon qui a triplé de volume, une grande tendance à la mauvaise foi. A la méchanceté et un dénigrement systématique de nombres de mes amis. Brefs, nombre de choses qui m'ont déçu.
Voila pourquoi, en somme, je ne le respecte plus. A mon sens, c'est un pendard au verbe trop fleuri, un courtisan éhonté de notre mauvais roy qui aura su admirablement profiter de ses relations pour acquérir la place de juge général.
Enfin, laissons là les sujets qui fâchent.
Mes projets sont nombreux et envisageables. Attendre que le de Firenze passe l'arme à gauche, redevenir duc d'Alençon et aider un poulain à le devenir avant ca.
Pour répondre à votre ultime question, non, je ne suis pas marié. D'ailleurs, qui était la femme à qui vous aviez conseillé de m'écrire?
Et vous, alors, Della, parlez moi de vous. Vous êtes mariée donc, au Duc de Chartres, un certain Kéridil ou quelque chose du même effet, d'après ce que l'on m'a conté. Si mes souvenirs sont exacts, il serait infirme. Est-ce la vérité? Comment une femme de votre prestance, belle comme le jour, peut-t-elle supporter de partager la couche d'un moins qu'homme, handicapé? Détrompez moi si j'ai tort, mais n'est-ce pas faire preuve de pitié que de lui accorder le réconfort de vos draps?
Je ne comprend pas.
Enfin, je cesse là.
Prenez soin de vous, Della.
Normandie, le 26 Novembre 1461.