Aimbaud
Les respirations s'espaçaient à mesure que leur fatigue s'atténuait. Les étourneaux pouvaient désormais aligner deux notes entre leurs souffles saccadés. Le calme et la fraîcheur du sous-bois laissait oublier la cavalcade terrible qui venaient de se produire. De cette tempête, ne subsistait que des coups de marteaux appauvris sous le poitrail d'Aimbaud, qui faisaient encore vibrer sa peau et apparaître des battements sur les veines courant jusqu'à ses poignets. Quelques raideurs dans les jambes aussi. Détail...
Respirant profondément, le marquis s'était redressé et gardait le regard planté dans celui de la fille de peu. Le fait de se trouver soudain si seul avec elle, au beau milieu d'un bocage, loin de ces murs qui le rappelaient à ses devoirs et son quotidien, et de la voir surtout si bestiale, campée dans ce pauvre habit qui lui tombait dessus comme une couverture jetée tant-bien-que-mal sur un corps immoral et ébouriffée, et mouchetée de petites gouttes d'eau, et hors-d'haleine, comme la toute première femme des tous premiers temps, inapprivoisée, surgie d'une contrée vierge, bien plus loin que la Valachie, peuplée de guerrières à la poitrine nue tous ces faits réunis confusément dans l'esprit de notre marquis, fébrile d'avoir couru comme un dingue, et exalté par la victoire, lui provoquait une flambe d'appétence et de pensées de bas instinct... Ici, là, maintenant.
Il en restait pantois, affolé par ses propres emportements, les yeux attachés à ceux de la jeune-femme comme à l'aiguille d'une boussole qui lui indiquerait la tendance à suivre. Mais que pouvait-il bien attendre de cette bouille impudiquement braquée sur lui, aux joues brûlées par le soleil, aux lèvres charnues, au regard si puissant qu'il semblait à la fois veiller sur lui, et le dépouiller tout entier ? Rien de bien aristotélicien, sans doute.
Il ne savait trop quoi exiger d'elle. Si la colère et les fantasmes lui soufflaient souvent des pulsions tyranniques, l'idée de contraindre une femme, vraiment, le rebutait. Il restait confus, ne sachant comment prononcer ses voeux, au génie ravissant qui proposait de les lui accorder.
Alors...
Sa main s'ouvrit tandis qu'il avançait vers elle, mais recula presque aussitôt pour se caler dans les bras hésitants qu'il croisait contre lui, puis proposa à nouveau un rapprochement en tâtonnant une branchette à la surface de l'arbre sous lequel elle avait élu domicile. Il faisait diversion sans bien s'en rendre compte, penché près d'elle pour lui avouer ses désirs :
Demeurez sur mes terres le temps... Le temps que j'apprenne tout de vous, faites m'en le récit. Partagez mes heures. Ne vous fâchez point. Acceptez mes présents, me dites... les choses qui vous ravissent ! Me dites votre pensée, me laissez vous combler ! Si vous le voulez. Restez avec moi.
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Respirant profondément, le marquis s'était redressé et gardait le regard planté dans celui de la fille de peu. Le fait de se trouver soudain si seul avec elle, au beau milieu d'un bocage, loin de ces murs qui le rappelaient à ses devoirs et son quotidien, et de la voir surtout si bestiale, campée dans ce pauvre habit qui lui tombait dessus comme une couverture jetée tant-bien-que-mal sur un corps immoral et ébouriffée, et mouchetée de petites gouttes d'eau, et hors-d'haleine, comme la toute première femme des tous premiers temps, inapprivoisée, surgie d'une contrée vierge, bien plus loin que la Valachie, peuplée de guerrières à la poitrine nue tous ces faits réunis confusément dans l'esprit de notre marquis, fébrile d'avoir couru comme un dingue, et exalté par la victoire, lui provoquait une flambe d'appétence et de pensées de bas instinct... Ici, là, maintenant.
Il en restait pantois, affolé par ses propres emportements, les yeux attachés à ceux de la jeune-femme comme à l'aiguille d'une boussole qui lui indiquerait la tendance à suivre. Mais que pouvait-il bien attendre de cette bouille impudiquement braquée sur lui, aux joues brûlées par le soleil, aux lèvres charnues, au regard si puissant qu'il semblait à la fois veiller sur lui, et le dépouiller tout entier ? Rien de bien aristotélicien, sans doute.
Il ne savait trop quoi exiger d'elle. Si la colère et les fantasmes lui soufflaient souvent des pulsions tyranniques, l'idée de contraindre une femme, vraiment, le rebutait. Il restait confus, ne sachant comment prononcer ses voeux, au génie ravissant qui proposait de les lui accorder.
Alors...
Sa main s'ouvrit tandis qu'il avançait vers elle, mais recula presque aussitôt pour se caler dans les bras hésitants qu'il croisait contre lui, puis proposa à nouveau un rapprochement en tâtonnant une branchette à la surface de l'arbre sous lequel elle avait élu domicile. Il faisait diversion sans bien s'en rendre compte, penché près d'elle pour lui avouer ses désirs :
Demeurez sur mes terres le temps... Le temps que j'apprenne tout de vous, faites m'en le récit. Partagez mes heures. Ne vous fâchez point. Acceptez mes présents, me dites... les choses qui vous ravissent ! Me dites votre pensée, me laissez vous combler ! Si vous le voulez. Restez avec moi.
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