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[RP] Merci ne s’écrit pas.

Axelle
Elle était là, tranquillement allongée, sereine presque, en ouvrant cette parenthèse complice, offrant au Pierrot ce qu’elle avait certainement de plus précieux à donner. Son passé, sa confiance. Un peu. Mais ce peu là était déjà si rare qu’elle en frissonnait doucement, craignant d’être rejetée pour la bouse qu’elle trainait avec elle autant que de bien être de se laisser aller avec tant de facilité.

Mais bien naïve avait-elle été de croire que sur ce lit, entre ces tentures épaisses, se tenaient deux enfants comparant leurs bleus. Loin des qu’en dira-t-on, pour abandonner au pied du lit, la parfaite panoplie d’ensorceleuse, d’âme damnée, de femme maudite ou encore d‘insatiable séductrice qu’on lui prêtait et qu’elle se plaisait à laisser croire tant ce masque était habile à camoufler les méandres tortueux de son âme.

L’assaut imprévisible du Marquis la laissa sans souffle, étranglant les mots dans sa gorge dans un marasme de surprise et de colère qu’il ne voie rien de ses efforts. Et de désir, violent, d’avoir été réprimé la journée durant. Pourtant, malgré son ventre hurlant d’envie, sans ce « je t’aime » planant au dessus de la flopée de mots, c’est une gifle magistrale qu’il aurait récolté. Non pas pour cette brutalité que la gitane avait appris entre d’autres mains, mais de cette accusation de se jouer de lui quand elle débordait de tendresse et de sincérité. Les mains brunes s’accrochèrent aux épaules mâles, débraillant l’habit de soie, plantant ses griffes dans la peau pale en représailles à chaque attaque de dents contre sa peau, jusqu’au couronnement d’un gémissement rauque qui transperça ses lèvres sous cette main qu’elle découvrait volontaire et qui l’ensorcelait. A démon, démon et demi.


Bons amis…
Un rire ironique fusa de ses lèvres avant de venir emprisonner la bouche fautive d’un baiser sauvage. Je n’ai pas de bons amis.

Affolées et sournoises, les jambes fines s’enroulèrent au bassin en exergue au dessus du sien, le forçant dans un élan enfiévré à venir se bruler davantage à sa douceur moite quand elle-même se brulait les ailes. Choisis ce que tu veux faire de moi… Cette nuit. Implora-t-elle presque au bord du vide, les lèvres tremblantes et les doigts noués à la chevelure désordonnée de son bourreau.
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Aimbaud
C'est tout choisi, tant belle, toute bien-aimée ! C'est vrai. J'ai été pire que sot de te faire tant de cadeaux... Tu n'as pas de prix ! Sais-tu ? Tu n'as pas de prix.

Il soupirait. De douleur et de soulagement. Il avait le coeur qui lui poussait sous les côtes et lui frappait dans les oreilles. Qu'elle sentait bon. C'était poivré, c'était fort, c'était foncé, c'était velouté. Il la respirait à pleins poumons, il lui tenait la tête amoureusement. Cet immense lit n'était pas assez grand pour abriter le carnage qu'il voulait commettre ! La tête lui tournait, il lui semblait qu'ils étaient prêts à basculer comme tombant d'une barque mal équilibrée. Il était comme ivre, pire que le pire des soldats en permission. Mais il se sentait plus grand que le plus grands chefs d'armée. Rendez-vous compte ? La plus étrange beauté se tenait sous son joug.

Il discernait le moindre petit drapé humecté de ses lèvres, le moindre éclat dans son oeil. Il sentait la souplesse de son ventre sous le sien, et le contact chaleureux de l'alcôve qu'elle ouvrait à sa main. C'était presque brulant. C'était complètement fou. Il ne pouvait plus se rappeler la dernière date à laquelle il avait touché une femme. Se remémorait-il seulement les gestes à avoir ? Son enthousiasme partait dans toutes les directions. Il débordait d'amour comme l'on déborde de joie ou de colère, comme un torrent, comme un fou, comme le sanglier chargeant qui parait son emblème.

Vénérée jeune-femme ! Absurde pauvresse ! Fille noire ! Sauvage adorée ! Il embrasserait 400 fois le bout de chacun de ses doigt. Il cesserait définitivement de dormir. Il nagerait tout le long de la Loire. Il lui bâtirait un empire. Tout, tout, si elle lui donnait contentement dans l'instant. Tout pour frayer avec le diable.

Soudain, il inspira et se redressa à bouts de bras pour l'observer avec sérieux. Leurs respirations chahutées hachèrent le silence, le temps qu'il trouve les mots propres à qualifier l'épouvantable embrasement qu'il ressentait dans l'ensemble de ses vaisseaux sanguins, et surtout dans les structures ordonnées de son esprit qui, si elles devaient être comparées à des étagères bien classées, n'étaient désormais plus que le combustible d'un formidable incendie type Bibliothèque d'Alexandrie. Le regard planté dans celui d'Axelle, il lui dit bien sévèrement, presque mathématique :


Sache une chose. Je suis fou... Et cela ne se peut changer. Car tu es belle à rendre fou !

Il écarta et abaissa les tissus qui la couvraient, étudia tout ce qu'ils recelaient avec des mains scrupuleuses et lentes, puis réchauffa petit à petit la poitrine basanée qui lui faisait face en posant dessus les lèvres et la figure, pénitent. Le son de ces menues actions piquait doucement les oreilles, dans le silence compact du milieu de la nuit. À cela succédèrent le frottement des lacets se desserrant de leurs oeillets, le bruissement du lin que l'on fait glisser, le tapement très doux de baisers, le chuintement de tissus écrasés, deux inspirations et puis...

Ahh...! ... ... Que cela dure jusqu'au matin et le jour d'après !...
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Axelle
Je me ferai belle à t'en crever les yeux

Je poserai sur ma bouche
L'effluve d'un baiser
D'un tout petit oiseau-mouche
Pour que tu cherches à l'attraper
Dans la lumière, j'ai le droit de tout tenter
Pour que cette chanson ne s'arrête jamais

Olivia Ruiz - Belle à en crever


C'était en Champagne, dans une chambrée dont elle ne se souvenait même plus de l'odeur des draps, qu'elle avait appris à s'oublier. À oublier tout sans plus que le cœur ne gronde pour s'extirper de sa poitrine. Là, les traits tirés et amaigrie, avec une gamine sous le bras et un âne têtu, elle avait pu reprendre une goulée d'air malgré une main brisée pour tromper la véritable douleur. Le maître avait été si efficace en la matière que ce petit jeu l'avait conduite à lui dire « oui », sans le moindre doute qu'ici nichait la sérénité.

Idiote avant ? Idiote maintenant ?

La gitane aurait été bien incapable de répondre à cette question si tant était qu'elle puisse se la poser quand une mèche de cheveux bruns caressait sa joue alors que les lèvres de cet Autre improbable, et pourtant si évident, la choyaient de cajoleries plus douces et délicates les unes que les autres. Si désarmant, que les larmes auraient pu lui venir aux yeux tant ces bondissements sous sa poitrine la réchauffait toute entière, comme si elle avait vécu des siècles durant dans les froids polaires de montagnes si éloignées et aux hauteurs tant vertigineuses qu'elles ne devaient exister que dans les imaginations les plus folles. Ou les plus solitaires.

Sous les assauts des hanches amantes, tour à tour barbares ou d'une lasciveté soyeuse, contemplant ce corps tout entier de paumes pleines, les mots, depuis si longtemps bannis de l'univers lustré de la gitane qu'elle pensait les avoir oubliés, fleurissaient à ses lèvres, pour se déposer à voix toute basse à l'oreille de celui qui effaçait tant de mois de négations. De railleries, de moqueries toutes juste bonnes à se persuader que les battements du cœur n'étaient au mieux que foutaises, au pire que carnage, et au milieu qu'emmerdements.

Et ainsi donc était le résultat. Tout bas les aveux les plus purs, pour qu'aucune tenture, aucune pierre, aucune moulure de bois ne puisse en chaparder la moindre miette. Toute palpitante qu'elle se retrouvait quand elle, si friande du silence pour que seuls les soupirs arrachés n'aient le droit de la faire frémir, attendait qu'à chacun de ses mots, le Marquis lui réponde les mêmes douceurs dans un essoufflement partagé. Ainsi donc était le constat fulgurant. Se découvrir affamée après s'être tant assujettie au vide.

Idiote. Inconséquente. Naïve peut-être simplement de croire qu'un peu de volonté suffisait à tout réglementer. Parce que, peut-être faisait-il froid, à moins qu'il ne fasse trop chaud. Peut-être le hululement de la chouette cherchant à effrayer les gamins dans leur lit était-il agaçant ou complice de la laitance de la lune couvant le couple d'une lueur irréelle pimentée d'une pointe d'obscur maléfice, la Zingara n'en savait rien, tant rien n'existait en dehors de lui. Pas même le sommeil, qui s'il cherchait traîtreusement à s'insinuer, se voyait chasser par leurs doigts se nouant sous le joug des respirations crucifiées d'un désir que même le plaisir ne parvenait pas à assouvir. La fatigue était abandonnée aux draps et la lueur de l'aube aux laboureurs. Au diable le reste. Cette nuit, un marquis en deuil à la peau pâle et une danseuse basanée signaient un contrat de soupirs affolés d'être épris.

Amen.

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Aimbaud
Si parler
Suffisait
Sans respirer
Sans se voir
Je lui dirais
Être visible dans le noir
Libre ce soir...

On pourrait essayer
On pourrait essayer...

Salomé — Louise Attaque


L'obscurité l'enlaçait, avec ses jambes et ses bras, elle répondait comme un écho à ses souffles. Sa peau... L'étreindre, la ponctuer de baisers. La regarder... Dieu ! Si jolie... Juste ainsi... C'était comme miraculeux. Exalté, souriant parfois par saccade, le ventre tendu. Attendre, attendre... L'angoisse de la fin du plaisir. Les bonheurs ainsi ne devaient jamais mourir. Oh... Ce regard. Cette lèvre sur la sienne... Cette étreinte. Ce bienfait... Il touchait la liberté du bout des doigts. Il s'en rapprochait. La capturer, la capturer toute entière. S'étouffer dans son cou, en mourir de joie. Mais attendre...

Faire durer le fil de la nuit, le décompter tout doucement au bout des souffles échangés. Accueillir les papillonnements de paupière sur le pas de son oreille. Se marier avec les mains. Plus proche, expirer. Elle aussi. Ah... Comment lui dire tout cela ? Comment vivre seul après cela ? Ô douce violence ! Poison ! Contentement désespérant, bientôt passé, bientôt finissant. Belle ! Sa voix trahit la véhémence de son ressenti. Le feu l'attrape. Il la veut pour toujours et ses soupirs se succèdent. Ses forces le quittent. C'est idiot.

Il s'efforce de la recueillir contre lui. Ses bras pèsent comme le plomb. Son poitrail ne contient que trop peu d'air. Il lutte pour maintenir ses yeux ouverts et, comme navré, s'abaisse et tresse des colliers de baisers sur la gorge tant aimée. Il garde les bras tout le long d'elle, il la garde. Pour que cela n'ait pas à finir.

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Axelle
Ne pas esquisser le moindre mouvement, comme si bouger seulement l’auriculaire possédait le pouvoir maléfique de briser l'enceinte de ses bras refermée sur elle. Ne plus dire le moindre mot, quand un simple murmure risquait d'estomper l'élan irrésistible de ceux égrainés entre les soupirs. Ne plus respirer trop fort, pour se saouler de la vie battant au creux de cette épaule où elle se blottissait comme un petit animal ébahi. Ne pas fermer les yeux, pour sentir encore la peau fine du cou choyé où sa bouche légère s'était déposée pour rendre les armes. Ne pas s'endormir, pour garder sa main liée à la sienne et se perdre à rêver que rien ni personne ne pourrait jamais les désenlacer.

Pourtant, quand un vilain trait de lumière lui fit cligner des yeux, elle dut bien admettre que le sommeil, sournois, avait profité du poignant bien être pour s’immiscer dans une danse d'où pourtant les deux amants l'avaient chassé avec ferveur. La respiration du Marquis, paisible et profonde, dessina un sourire éclatant à ses lèvres brunes. Remontant seulement les yeux pour faire durer encore cette escapade aussi surprenante qu’envoûtante, le profil paisible du Pierrot se grava dans la mémoire gitane avec déjà la certitude que jamais rien n'en altérerait le contour. Pourtant, dans un soupir contrit et étouffé, la rêveuse éveillée se glissa, telle une anguille, hors du nid des bras amants, luttant comme une forcenée pour ne pas l'éveiller d'un baiser, d'une caresse, ou même d'un battement de cil sur ces lèvres entrouvertes qui à elles seules appelaient à tous les égarements.
À la hâte, comme si le voir ouvrir les yeux s'avérait le plus grand péril qu'elle n'ait jamais connu, elle renfila la robe de bure soigneusement pliée dans un coin de la chambrée et fila comme une ombre vers la porte. Mais au moment où sa main allait se poser sur la poignée, la gitane se retourna, farfouillant sa besace pour y dénicher vélin et mine de plomb.

Citation:
Vous dire au-revoir couvée par votre regard, je n'aurais pas su.

A.


Le laconique mot déposé au creux du lit encore chaud de sa présence, la zingara recula, sans quitter le dormeur des yeux, et dans l'entrebâillement de la porte se refermant sur elle, elle le contemplait encore, le cœur battant une chamade qui n'en finirait pas de l'étourdir jusqu'à son retour à Savenès. Et certainement bien plus longtemps encore, si elle ne devait renfiler sa panoplie désinvolte pour mieux protéger cette autre nuit dérobée.
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Aimbaud
Notre marquis sut qu'il était seul dès l'instant où il ouvrit les yeux sur la canopée du lit. La pièce ne résonnait pas pareil. Sa respiration s'approfondit tristement. Il se redressa progressivement pour juger de la place vide à son côté, et referma le poing sur le pathétique bout de missive qu'on lui laissait en gage. Il n'eut pas le coeur à le lire, préférant se lever d'un pas lourd pour poser les mains sur le chambranle d'une fenêtre et observer, en contre-bas, la cour de son château. Quelques gens la traversaient, les bras chargés de choses et d'autres. Il songea à un souci d'intendance dont il devait s'occuper, mais ses yeux, pendant ce temps, imaginaient le tracé qu'avait pu faire la gitane en se dirigeant vers les portes. Un sentiment très désagréable lui serrait la gorge.

Il lut le contenu du morceau de velin, puis ses mains tournèrent dans les airs, mi-colère, mi-faibles. Il renversa parterre deux trois bibelots et pots de plumes posés sur un écritoire, les écartant de sa vue avec paresse. Arpentant pensivement la pièce, il s'entoura le crâne de bras malheureux. Puis un cri bouleversé lui échappa, il se laissa tomber comme un sac sur une chaise, et renversa la tête en arrière comme chez le barbier. Des yeux, il suivit les lignes rangées de poutres, las, et leva le poing, commandant d'armée.


Va, pauvre imbécile. Pleure une fois pour toutes ! Et qu'elle me sorte de la tête !
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