Wallerand
A trois, ils s'étaient rués derrière le Duc, à la poursuite de lune des deux bêtes. Pas un seul navait pris garde à celui qui, courageusement et en solitaire, avait pris en chasse lautre sanglier. Acrisius se trouva donc seul à abattre sa proie, quand Alvira, Lily et Wallerand assistaient à la curée perpétrée par Toto. Une fois la proie ficelée, quelle ne fut pas la surprise du Beauharnais quand il réalisa que non seulement il avait perdu son cadet, mais quen plus personne ne lavait suivi
Un frisson dangoisse le parcourut quand il se remémora la première rencontre de lancien universitaire avec une de leurs proies. Pourvu quil ne lui soit pas arrivé malheur. Remontant en selle, il invita ses compagnons à faire de même, afin de retrouver le disparu.
Le groupe amputé de lun de ses membres, et pas le moindre aux yeux de Wallerand, suivit donc à rebours ses traces, jusquà lendroit supposé où la course des sangliers sétait scindée en deux pistes. Là, Lily reconnut des traces de cheval, qui les lancèrent dans la direction où ils récupérèrent une nouvelle carcasse, qui subit le même sort que celui achevé par Toto peu avant. Continuant leur progression une fois cette formalité remplie et lépieu du chasseur récupéré, ils finirent par dénicher un Acrisius gaillardement avachi dans un tapis de verdure, comme un pacha se serait vautré dans de soyeux coussins. Sa monture broutait placidement à quelque distance de là, mâchouillant de longs brins dherbe, et semblait se moquer comme de son premier picotin de larrivée du reste de la compagnie.
Ladepte du crucifix, qui le tenait alors serré sur sa poitrine dans une expression de béate satisfaction, neut pas lair enchanté de voir la petite troupe le rejoindre. Sarracher à ce confort douillet et chaleureux, qui était à la forêt ce quun matelas de plumes et des draps propres étaient à une auberge de bonne tenue, était-il vraiment nécessaire ? La question semblait entière dans lesprit dAcrisius, qui soupira, en sétirant :
Oh Déjà ? Il fallait prendre votre temps
Faisant contre mauvaise fortune bon cur, il se décida cependant à se relever sans se faire prier, expliquant en quelques mots le déroulement de lexécution de sa porcine victime à son aîné, qui se montra ravi de la prouesse. Le héros solitaire répondit à ses compliments dun sourcil haussé, comme si lexaltation de la chasse manifestée par Wallerand lui était totalement étrangère, ce qui déconcerta quelque peu ce dernier. Acrisius se trouvait bientôt en selle, assuré que le sanglier quil avait abattu figurait désormais comme décoration dans un grand chêne à peu de distance, et prêt à satteler de nouveau aux recherches. Il se révéla dailleurs fort efficace car, peu de temps plus tard, une exclamation étouffée émanait de ses lèvres. Dents serrées comme pour étouffer le bruit de ses paroles, le cadet des Beauharnais gronda :
Des bottes !
Brigands ou bûcherons ? Telle était la question. Dans langoisse de savoir sils allaient (encore !) se faire dépouiller par de sordides individus dénués des plus élémentaires scrupules, Wallerand adressa une fervente supplique, enfermée en sa conscience, pour que la mésaventure qui les avait amenés à Bayonne, pour son plus grand bonheur finalement, ne se reproduise pas. Un bruit sourd lui tira un long soupir de soulagement, et lauriculaire à la bague-crapaud sagita. Ils avaient de la chance Ou le Très-Haut avait entendu sa prière. Un regard à Acrisius plus tard, le sourire revenait sur le visage de Wallerand, et il répondit, à voix haute :
Apparemment, ce sont des bûcherons. Aucune chance quil y ait dautres sangliers par ici, cest même bizarre que le tien soit venu si près deux. On pourrait
Il se figea avant dachever a phrase. Un autre bruit que celui de la cognée sécrasant contre les fûts des pins venait de le frapper, et ses compagnons avec lui. Et ce bruit-là, ils lavaient déjà entendu avant Du regard, Wallerand fouilla ce qui lentourait. Les Bayonnais en firent autant. Ils savaient ce quils cherchaient, un de ces sangliers qui leur donneraient peut-être la chance de rencontrer le Roi Jean. Eparpillés dans toutes les directions, les regards se croisaient parfois, jusquà ce quun nouveau craquement fasse brusquement se tourner les têtes. Une silhouette furtive se détacha derrière les silhouettes élancées des pins, entrainant dans son sillage les prunelles sombres de celui qui simprovisait parfois meneur de léquipée, et une nouvelle fois un frisson jubilatoire courut le long de léchine du Beauharnais. Empoignant son épieu, il indiqua la direction au groupe et lança :
Là ! Vite !
La bête était rapide, habituée à la forêt, petite et bien plus légère que les chevaux, qui commençaient, pour certains à montrer des signes de fatigue. Ils étaient certes robustes, mais leurs cavaliers leur en avaient déjà beaucoup demandé. Piquant des deux, Wallerand poussa néanmoins le sien dans un galop rapide, se promettant de le soigner au mieux une fois quils rentreraient et avant de le rendre à son propriétaire. La poursuite sengagea.
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Le groupe amputé de lun de ses membres, et pas le moindre aux yeux de Wallerand, suivit donc à rebours ses traces, jusquà lendroit supposé où la course des sangliers sétait scindée en deux pistes. Là, Lily reconnut des traces de cheval, qui les lancèrent dans la direction où ils récupérèrent une nouvelle carcasse, qui subit le même sort que celui achevé par Toto peu avant. Continuant leur progression une fois cette formalité remplie et lépieu du chasseur récupéré, ils finirent par dénicher un Acrisius gaillardement avachi dans un tapis de verdure, comme un pacha se serait vautré dans de soyeux coussins. Sa monture broutait placidement à quelque distance de là, mâchouillant de longs brins dherbe, et semblait se moquer comme de son premier picotin de larrivée du reste de la compagnie.
Ladepte du crucifix, qui le tenait alors serré sur sa poitrine dans une expression de béate satisfaction, neut pas lair enchanté de voir la petite troupe le rejoindre. Sarracher à ce confort douillet et chaleureux, qui était à la forêt ce quun matelas de plumes et des draps propres étaient à une auberge de bonne tenue, était-il vraiment nécessaire ? La question semblait entière dans lesprit dAcrisius, qui soupira, en sétirant :
Oh Déjà ? Il fallait prendre votre temps
Faisant contre mauvaise fortune bon cur, il se décida cependant à se relever sans se faire prier, expliquant en quelques mots le déroulement de lexécution de sa porcine victime à son aîné, qui se montra ravi de la prouesse. Le héros solitaire répondit à ses compliments dun sourcil haussé, comme si lexaltation de la chasse manifestée par Wallerand lui était totalement étrangère, ce qui déconcerta quelque peu ce dernier. Acrisius se trouvait bientôt en selle, assuré que le sanglier quil avait abattu figurait désormais comme décoration dans un grand chêne à peu de distance, et prêt à satteler de nouveau aux recherches. Il se révéla dailleurs fort efficace car, peu de temps plus tard, une exclamation étouffée émanait de ses lèvres. Dents serrées comme pour étouffer le bruit de ses paroles, le cadet des Beauharnais gronda :
Des bottes !
Brigands ou bûcherons ? Telle était la question. Dans langoisse de savoir sils allaient (encore !) se faire dépouiller par de sordides individus dénués des plus élémentaires scrupules, Wallerand adressa une fervente supplique, enfermée en sa conscience, pour que la mésaventure qui les avait amenés à Bayonne, pour son plus grand bonheur finalement, ne se reproduise pas. Un bruit sourd lui tira un long soupir de soulagement, et lauriculaire à la bague-crapaud sagita. Ils avaient de la chance Ou le Très-Haut avait entendu sa prière. Un regard à Acrisius plus tard, le sourire revenait sur le visage de Wallerand, et il répondit, à voix haute :
Apparemment, ce sont des bûcherons. Aucune chance quil y ait dautres sangliers par ici, cest même bizarre que le tien soit venu si près deux. On pourrait
Il se figea avant dachever a phrase. Un autre bruit que celui de la cognée sécrasant contre les fûts des pins venait de le frapper, et ses compagnons avec lui. Et ce bruit-là, ils lavaient déjà entendu avant Du regard, Wallerand fouilla ce qui lentourait. Les Bayonnais en firent autant. Ils savaient ce quils cherchaient, un de ces sangliers qui leur donneraient peut-être la chance de rencontrer le Roi Jean. Eparpillés dans toutes les directions, les regards se croisaient parfois, jusquà ce quun nouveau craquement fasse brusquement se tourner les têtes. Une silhouette furtive se détacha derrière les silhouettes élancées des pins, entrainant dans son sillage les prunelles sombres de celui qui simprovisait parfois meneur de léquipée, et une nouvelle fois un frisson jubilatoire courut le long de léchine du Beauharnais. Empoignant son épieu, il indiqua la direction au groupe et lança :
Là ! Vite !
La bête était rapide, habituée à la forêt, petite et bien plus légère que les chevaux, qui commençaient, pour certains à montrer des signes de fatigue. Ils étaient certes robustes, mais leurs cavaliers leur en avaient déjà beaucoup demandé. Piquant des deux, Wallerand poussa néanmoins le sien dans un galop rapide, se promettant de le soigner au mieux une fois quils rentreraient et avant de le rendre à son propriétaire. La poursuite sengagea.
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