Elias_romanov Elias avait besoin d'un mannequin. Mais vraiment. Parce que bricoler un truc en bois et en coton qui ne bougeait pas, c'était certes pratique, mais on en oubliait qu'on mettait des gens vivants dans les vêtements. Ou inversement.
Donc étrangement, quand ils ne pouvaient pas bouger, ils râlaient, les coutures craquaient et il fallait tout recommencer. Elias s'était fait avoir une fois, et s'était juré de ne pas réitérer la chose. Ainsi parfois il embauchait la fille du boulanger des galeries Lafayotte pour jouer les mannequins vivants, histoire de vérifier qu'elle pouvait respirer et que non, lever les bras en l'air ne signifiait pas avoir le corsage remontant jusqu'au cou.
Eliance s'était proposée pour l'aider pour la robe de Rosalinde, et il l'entendit beugler alors qu'il se trouvait à l'étage, préparant ce qui était nécéssaire.
Je sais que c'est toi.
Il n'avait pas beaucoup de visites encore ici, de toute façon. Il descendit et trouva Eliance. Il n'y avait pas grande peur à avoir, à vrai dire c'était meublé et à peine décoré dans les pièces du rez-de-chaussée.
Monte, ça se passe là-haut.
Lui faire visiter ? quelle idée ! Et sans attendre, il repartit pour la chambre reconvertie en atelier.
Elias_romanov Elias avait à peine eu le temps de faire un truc futile qui ne servait en rien l'intrigue et qui ne serait donc pas détaillé, que la journaliste appelait à l'aide. Un léger soupir, il se demandait bien ce qu'il y avait à comprendre dans le fait de revêtir deux vêtements l'un sur l'autre.
J'arrive !
Finalement il remonta, trouvant Eliance habillée de la houppelande rouge, mais visiblement circonspecte face à la suite.
Ah, je vois.
Bon, ce n'était pas le cas, mais il n'allait pas la vexer. Il prit le tissu sombre, demanda à Eliance de lever les bras, et lui enfila le tout, avant de nouer les liens dorés. Deux pas en arrière, pour voir si cela correspondait bien au modèle demandé par Rosalinde, et il prit aiguille et fil.
Bon, tu ne bouges pas, sauf si je te le demande.
Finalement, il redéfit les liens, et se concentra sur la houppelande rouge, notamment les coutures.
Tu es un peu plus maigre qu'elle visiblement. Non ?
Pinçant le tissu au niveau des côtes, il remarquait qu'il y avait plus de marge qu'il ne l'avait pensé.
Elias_romanov A voir Eliance faire au départ, le tailleur crut que quelque chose n'allait pas dans le vêtement. On marchait rarement comme si on avait un squelette de fils de fer, et il comprit finalement qu'elle n'était pas habituée à porter ce genre de choses. Par tous les saints, heureusement qu'il ne lui avait pas demandé de porter des talons... Il aurait eu droit au vol plané ou à la cheville foulée, et certains habitants du coin lui seraient probablement tombés dessus en représailles.
Finalement, le cri de l'ourlet qui commençait à se déchirer se fit entendre, et Elias se pencha sur le morceau de tissu fautif.
Bouge pas !
De toute façon, elle ne semblait pas vouloir faire autre chose. Aiguille et fil en main, il passa un long moment à réajuster la longueur de la robe, pour éviter qu'un officier royal se viande en plein couronnement par sa faute. Cela faisait tâche sur le CV.
Il finit par être assez satisfait, et se releva.
Je t'apprends un truc.
Elias prit la main de la journaliste et lui fit prendre un morceau de la robe. Ou plutôt des deux robes juxtaposées, pour les relever un peu dans un geste élégant que les nobles et bourgeoises affectionnaient. Six siècles plus tard, à défaut de houppelandes, les dames feraient ça avec leurs sacs à main.
Tu peux marcher comme ça. Essaye. Un peu plus vite quand même, que je vois comment ça fait à l'arrière.
Et l'artiste se recula, laissant l'épouvantail reprendre son travail d'effrayage des plis de tissu.
Elias_romanov Après une rencontre presque fracassante contre le mur, Eliance se redressa, avant de faire une remarque sur son talent.
Le tailleur se contenta d'un sourire, tout en constatant qu'il y avait plus de peur que de mal.
C'est mieux qu'un bout de bois.
La journaliste revint vers lui, tout en le regardant assez intensément. Elias réussit à ne pas se laisser trop distraire, pour effectivement vérifier que tout allait bien.
Et fort heureusement, c'était le cas.
Je te remercie.
Elias ôta le tissu gris après avoir défait le lacet, et laisserait Eliance ôter la houppelande rouge.
Au fait, tu m'as dit que tu savais coudre, tu sais faire des choses en particulier ?
Et pourquoi pas en faire son apprentie ?
Elias_romanov Le tailleur nota la gêne d'Eliance, et murmura en réponse un amusé :
Je sais.
Il ne lui avait pas imposé l'habillage, il ne le ferait pas pour le déshabillage. Elle lui raconta alors ce qu'elle savait coudre. Ce n'était pas grand chose, mais cela pouvait toujours être utile, qu'elle se sente utile, à ne pas errer dans Belley à ruminer sur sa vie.
Peut-être que je te demanderai de l'aide alors.
Elias prit la direction de la porte de la petite pièce, qu'il ouvrit.
Je te laisse te rhabiller, fais attention tout de même.
Ce n'était pas le moment de risquer un craquage. Et cette fois, Elias prit la porte, au sens figuré, pour redescendre en bas.