1er avril. Mais chuuut, faut pas le dire...

Edoran.

[Belley dans la même journée, Chaumière de Edoran ]

Le barbu se trouvait présentement chez lui, lorsque deux pigeons se présentèrent la fenêtre, Eunice sirotant une infusion bien méritée après une longue balade au port le matin même. Le brun s'efforça de faire entrer les volatiles avant de réceptionner le sien. Il détacha donc la lettre et laissa l'oiseau se poser sur une poutre pour prendre du repos, bientôt rejoins par son compagnon. Il jeta un coup d'oeil à Eunice. Peut être une invitation d'Atropine pour un repas ? Il savait bien que sa nièce ne savait pas cuisiner mais pourquoi pas ? Il détacha la missive et parcourut les courtes lignes en passant par toute une palette de couleur.

« Oh mon dieu ! Mais... »

Il relut la lettre plusieurs fois avant de se laisser tomber sur son tabouret tout blanc. Bien sûr il y avait des liens plus forts entre certaines personnes de la famille, comme lui et Eunice mais de là à ... à croire à ça ? Ombe et Ioen, une relation incestueuse ? Eunice allait étrangler leur soeur sans aucuns doutes. La voix lui manquait soudainement. C'était juste pas possible !! Il ne remarqua pas la réaction de son ainée à sa propre missive, se rendant même pas compte qu'il tenait là un courrier qui ne lui était pas destiné, il était choqué.

.richard.

Le brun avait la narine qui le chatouillait ... Il régnait sur Belley une étrange ambiance chacun zyeutait les autres avec des regards étranges, étonnés, soupçonneux, stupéfaits ... 9a sentait l'embrouille à plein nez et, avec sa brune, ils en connaissaient un rayon hein ... Il eut le fin mot dans un recoin de taverne. On aurait dit une réunion de conspirateur quand on lui avait murmurer à voix basses en louchant par dessus son épaule ... Va voir Eliance ... Et donne lui le mot de passe suivant : Pigeon Premier te salue ...

Il se triturait les méninges le grand hein ... ça voulait dire quoi ce mot de passe débile ... et Eliance ? ... qu'est-ce qu'elle avait inventé pour susciter autant d'agitation et de murmure d'un bout à l'autre de la ville ... Et curieux comme un pou, il se retrouvait donc a essayé de trouver la Demoiselle à travers Belley. Quand il l'aperçut enfin, il accélera pour la rejoindre, la salua et baissa la voix pour lui donner le mot de passe :

Pigeon Premier te Salue ...

A sa tête, il se rendit compte de suite qu'il y avait une roubignolle dans la soupe hein. Elle semblait hilare et sur le point d'éclater de rire. Il fronça les sourcils et se promit de retrouver le salopiaud qui lui avait permis de se ridiculiser bien comme il faut ... Il patienta le temps qu'elle retrouve un semblant de sérieux et ajouta :

ça commence bien ... bref ... parait que c'est toi qu'y faut v'nir voir en ce moment ...

Il s'efforça de garder du mieux qu'il pouvait une certaine contenance en attendant qu'elle pût répondre ...
_________________

Chipie..

Bon, bon, j'pouvais plus r'culer. Faire gober au Mike que l'pain qu'j'lui avais vendu était fait d'moitié d'farine et d'moitié d'cendres ! Comment j'pouvais lui faire gober un truc pareil alors même que c'tait lui qui m'filait la marchandise ?! Ahem. Si j'lui disais d'vive voix, il verrait de suite qu'j'mentais. Bah oui ! Mon brun l'voit t'jours quand j'mens ! Na, ça n'arrive jamais ! Pas souvent disons ... Juste de pieux mensonges sans importance, en fait. 'Fin bref, comme il m'envoyait des pigeons pour un rien, j'me décidai à prendre ma plume pour en faire autant. Alors ...

Citation:

M'sire l'maire,

J'aurais pu dire Mikounet m'enfin, il aurait trouvé ça trop louche.

Citation:

Puisqu'vous m'parliez d'mandat et d'pains, faut qu'j'vous avoue un truc. Tout l'pain qu'j'vous ai fourgué d'puis qu'j'travaille pour vous, bah l'était dans mon grenier. Mais c'pas ça l'pire ! Voyez, en fait, j'tais pas assez pétée d'écus pour ach'ter d'la bonne farine bien chère sur not' beau marché d'Belley donc ... J'ai mis moitié d'farine et moitié d'cendres pour compenser.

Fallait espérer qu'le maire soit myope comme une taupe, comme ça, y pourrait pas bien lire les derniers mots.

Citation:

Ah pis tant qu'j'en suis à vous confesser mes pêchés ... Dans la fournée qui était pour vous ... Si ! J'sais qu'elle était pour vous, Eliance m'l'a dit !

Quitte à tenter d'faire gober des conneries au maire, autant qu'j'sois crédible, en mêlant Eliance à tout ça, sûr, ça f'rait son effet !

Citation:

'Fin bref. Dans vot'fournée, j'me suis gourré, j'ai foutu des poussins d'dans au lieu des oeufs. Crevés les poussins hein, pas vivants, 'tention. Bah c'pâs ma faute hein, j'avais d'la farine les pleine mirettes et quand j'me suis rendu compte d'l'échange, l'pain était d'jà cuit et même d'jà dans vot'mandat.

Allez j'signe pa'ce que si j'en fait trop, j's'rai plus crédible !

Citation:

Respectueus'ment,

Alizée,
Vot'boulangère préférée.

'Fin là, c'tait pâs sûr hein !

Et v'là, l'tour était joué ! La rouquine avait ajouté qu'si j'avais encore d'l'énergie, j'pouvais t'jours faire croire à mon brun qu'j'avais brûlé le certif' de mariage. La lettre au Maire m'avait filé des ailes, j'tais gonflée à bloc ... Un autre parchemin et hop !

Citation:

Mon Riri d'amour,

Grosse râture ! Na, ça, c'trop louche, y va comprendre direct ! On saute le p'tit surnom à la mords-moi-l'noeud et on va droit au but !

Citation:

Faut qu'j'te cause, un truc qui urge que j'peux plus garder pour moi.
T'sais bien que j'sais pas garder un s'cret toute seule.
R'joins-moi au fournil.
Vite.

Ton ex future épouse (p't-être !).

J'tais très fière d'moi. Maint'nant s'agissait quand même que j'perfectionne mes talents (ou pas !) d'comédienne ...
_________________

Eliance

Elle est pas seulement sur le point d'éclater de rire. Non. Eliance se met à rire franchement, à se bidonner en entendant le mot de passe sortant de nul part mais surtout de la bouche du forgeron. La roussi-blondasse parierait sa plus belle chemise que la fumisterie vient de Mike. C'est bien son genre. Quand elle se calme enfin, elle essuie ses yeux d'un revers de manche et regarde Richard.

C'moi, ouais. Enfin, si tu veux faire une farce, quoi.

Et là, ça se met à turbiner dans la caboche ménudiérienne. Une main se passe dans les cheveux roussi-blonds courtichons et hirsutes. Est-ce qu'elle est à court d'idées ? C'est possible. Mais elle a de la ressource, la dépressive. L'amusement n'est pas encore fini !

T'vas faire croire à Alizée que t'as pété Rosalie. En mille morceaux. Éclatée sur un rocher. Bim ! En un tour de bras. Et en essayant de couper une pomme en deux. Mais que tu peux même pas en faire une nouvelle trop belle, parce que y a pénurie de fer. Ah, et du coup, tu d'vras la planquer, Rosalie, pour qu'elle y croit. Et tu lui diras que tu l'as enterrée propr'ment, dans les bois.
_________________

.richard.

Le brun se torturait les méninges suite à son entrevue avec Eliance ... Tu parles d'un gage à la con ... Sa brune allait s'en foutre comme de l'an 40 que sa Rosalie soit pétée ... Pas simple c't'histoire ... Mais bon c'est pas ça qui allait l'arrêter le forgeron hein ... Et puis l'idée ... du grandiose, du phénoménal ... de 'absurde ...et des oignons ... si, si des oignons ... c'est important ...

A l'aube, il quitta la maison en catimini et fila à sa forge pour planquer sa Rosalie dans un coin. Puis rassembla quelques morceaux de minerai de fer qu'il mit dans une boîte. Il s'empara d'une pelle, se rendit chez le tailleur de pierre, et se dirigea en dehors de Belley et à l'orée de la forêt, choisi un arbre au moins centenaire. Il sourit ... parfait ... Il retroussa ses manches et se mit à l'ouvrage, retournant la terre pour lui donner la forme désirée.

Satisfait, il retourna chez le tailleur de pierre et revint déposer celle-ci sur ce qui semblait être une tombe fraîchement creusée. Puis, passage au marché pour acheter des oignons. Phase deux, ok ... C'était pas tout hein. Fallait maintenant préparer l'apothéose. Il sourit et fila en ville, chercha un moment avant de trouver ce qu'il cherchait, une troupe d'acteurs et des musiciens. Quelques écus plus tard, il sortirent ensembles et se rendirent autour de la sépulture. Il zyeuta la troupe et hocha la tête satisfait ... un prêtre ... des choeurs ... des musiciens ... paaarfait ... Phase trois ... en place ...

Le plus jeune de la troupe fut chargée de trouver sa brune. Le brune lui donna son adresse. Il ajouta :

Si elle n'est pas là, file sur la place du marché et fais le tour des bottiers, tu le trouvera sans peine ... Dis lui qu'une catastrophe est arrivée et qu'elle doit venir ici sans tarder ... insiste hein ... dis lui que je suis désespéré ... fais au mieux ... va ....

La gamin parti et le brun en profita pour achever les dernier préparatifs. Puis ils patientèrent. Quand un second page annonça leur arrivée prochaine, il découpa ne quartier les oignons et se frotta les paupières avec ... Il grimaça et eût aussitôt les larmes aux yeux. Il s'agenouilla au pied de la tombe et fit signe aux prêtres de démarrer. Quand sa brune arriva , elle découvrit ...

Une tombe et sa pierre où était inscrit : ci-gît Rosalie, un coeur d'acier et une sourire tranchant . Autour, le prêtre était en plein sermon et les choeurs faisaient les répons appropriées ...

...Ainsi va de la vie ... comme de la mort ... née du fer, elle est retournée au fer ... Souvenons-nous les frères de Rosalie telle qu'elle fut, scintillante ... affutée .. un regard étincelant et capable de braver toutes les tempêtes ... Prions maintenant ...

Le brun reniflait à n'en plus pouvoir, les épaules agitées de soubresaut, le visage dans ses mains à respirer de l'oignon ... Ha ben les larmes ruisselaient ... Il ajouta quelques gémissement pour faire bonne mesure ... et leva ses yeux rougis et trempés vers sa brune ...

Sniffff ... ha tu es là .... c' ...; c'est Rosalie ... sniffff .... el ... elle a eu ... le coeur brisée .... émietéé ...

La choeur chantaient en sourdine une mélodie triste et fort à propos ... il poursuivit ...

Y ... y en avait ...snirrrflllll ... partout ...

Il replongea dans ses mimines pour mieux pleurer ... foutus oignons tiens ...

Je l'ai ... enterré là .... snirrfflll ... c'est beau hein .... sniirfffl ...

Le prêtre reprit alors :

Enfin, accordons à Rosalie de trouver le repos et recommandons son âme au Très-Haut ... qu'Il lui accorde de figurer à sa droite pour les siècles des siecles ... Amen ...

Le brun renifla et hocha la tête ...

Amen ...

Puis il s'avança pour serrer la main du curé ... et se débarrasser discrètement de ses pelures d'oignons ...

Merci mon père ... c'était très beau ... simple mais ...sniffff ... magnifique ...

Le prêtre et les choristes reprirent d'un pas lent et affecté le chemin de la ville tandis que le brun revint au pied de la tombe déposer une fleur des champs ... et se recueillir sous le regard éberlué de sa brune ... Un coup d'oeil à la dérobée et le brun se mordit l'intérieur de la joue pour ne pas pouffer de rire. Elle faisait une tête ... Il ajouta la dernière touche ...

Tu veux dire quelques mots ? ... Elle aurait adorée que tu sois là hein ...
_________________

Edoran.

[Belley dans la même journée, Chaumière de Edoran ]

Le barbu se trouvait présentement chez lui, lorsque deux pigeons se présentèrent la fenêtre, Eunice sirotant une infusion bien méritée après une longue balade au port le matin même. Le brun s'efforça de faire entrer les volatiles avant de réceptionner le sien. Il détacha donc la lettre et laissa l'oiseau se poser sur une poutre pour prendre du repos, bientôt rejoins par son compagnon. Il jeta un coup d'oeil à Eunice. Peut être une invitation d'Atropine pour un repas ? Il savait bien que sa nièce ne savait pas cuisiner mais pourquoi pas ? Il détacha la missive et parcourut les courtes lignes en passant par toute une palette de couleur.

« Oh mon dieu ! Mais... »

Il relut la lettre plusieurs fois avant de se laisser tomber sur son tabouret tout blanc. Bien sûr il y avait des liens plus forts entre certaines personnes de la famille, comme lui et Eunice mais de là à ... à croire à ça ? Ombe et Ioen, une relation incestueuse ? Eunice allait étrangler leur soeur sans aucuns doutes. La voix lui manquait soudainement. C'était juste pas possible !! Il ne remarqua pas la réaction de son ainée à sa propre missive, se rendant même pas compte qu'il tenait là un courrier qui ne lui était pas destiné, il était choqué.

.richard.

Le brun avait la narine qui le chatouillait ... Il régnait sur Belley une étrange ambiance chacun zyeutait les autres avec des regards étranges, étonnés, soupçonneux, stupéfaits ... 9a sentait l'embrouille à plein nez et, avec sa brune, ils en connaissaient un rayon hein ... Il eut le fin mot dans un recoin de taverne. On aurait dit une réunion de conspirateur quand on lui avait murmurer à voix basses en louchant par dessus son épaule ... Va voir Eliance ... Et donne lui le mot de passe suivant : Pigeon Premier te salue ...

Il se triturait les méninges le grand hein ... ça voulait dire quoi ce mot de passe débile ... et Eliance ? ... qu'est-ce qu'elle avait inventé pour susciter autant d'agitation et de murmure d'un bout à l'autre de la ville ... Et curieux comme un pou, il se retrouvait donc a essayé de trouver la Demoiselle à travers Belley. Quand il l'aperçut enfin, il accélera pour la rejoindre, la salua et baissa la voix pour lui donner le mot de passe :

Pigeon Premier te Salue ...

A sa tête, il se rendit compte de suite qu'il y avait une roubignolle dans la soupe hein. Elle semblait hilare et sur le point d'éclater de rire. Il fronça les sourcils et se promit de retrouver le salopiaud qui lui avait permis de se ridiculiser bien comme il faut ... Il patienta le temps qu'elle retrouve un semblant de sérieux et ajouta :

ça commence bien ... bref ... parait que c'est toi qu'y faut v'nir voir en ce moment ...

Il s'efforça de garder du mieux qu'il pouvait une certaine contenance en attendant qu'elle pût répondre ...
_________________

Chipie..

Bon, bon, j'pouvais plus r'culer. Faire gober au Mike que l'pain qu'j'lui avais vendu était fait d'moitié d'farine et d'moitié d'cendres ! Comment j'pouvais lui faire gober un truc pareil alors même que c'tait lui qui m'filait la marchandise ?! Ahem. Si j'lui disais d'vive voix, il verrait de suite qu'j'mentais. Bah oui ! Mon brun l'voit t'jours quand j'mens ! Na, ça n'arrive jamais ! Pas souvent disons ... Juste de pieux mensonges sans importance, en fait. 'Fin bref, comme il m'envoyait des pigeons pour un rien, j'me décidai à prendre ma plume pour en faire autant. Alors ...

Citation:

M'sire l'maire,

J'aurais pu dire Mikounet m'enfin, il aurait trouvé ça trop louche.

Citation:

Puisqu'vous m'parliez d'mandat et d'pains, faut qu'j'vous avoue un truc. Tout l'pain qu'j'vous ai fourgué d'puis qu'j'travaille pour vous, bah l'était dans mon grenier. Mais c'pas ça l'pire ! Voyez, en fait, j'tais pas assez pétée d'écus pour ach'ter d'la bonne farine bien chère sur not' beau marché d'Belley donc ... J'ai mis moitié d'farine et moitié d'cendres pour compenser.

Fallait espérer qu'le maire soit myope comme une taupe, comme ça, y pourrait pas bien lire les derniers mots.

Citation:

Ah pis tant qu'j'en suis à vous confesser mes pêchés ... Dans la fournée qui était pour vous ... Si ! J'sais qu'elle était pour vous, Eliance m'l'a dit !

Quitte à tenter d'faire gober des conneries au maire, autant qu'j'sois crédible, en mêlant Eliance à tout ça, sûr, ça f'rait son effet !

Citation:

'Fin bref. Dans vot'fournée, j'me suis gourré, j'ai foutu des poussins d'dans au lieu des oeufs. Crevés les poussins hein, pas vivants, 'tention. Bah c'pâs ma faute hein, j'avais d'la farine les pleine mirettes et quand j'me suis rendu compte d'l'échange, l'pain était d'jà cuit et même d'jà dans vot'mandat.

Allez j'signe pa'ce que si j'en fait trop, j's'rai plus crédible !

Citation:

Respectueus'ment,

Alizée,
Vot'boulangère préférée.

'Fin là, c'tait pâs sûr hein !

Et v'là, l'tour était joué ! La rouquine avait ajouté qu'si j'avais encore d'l'énergie, j'pouvais t'jours faire croire à mon brun qu'j'avais brûlé le certif' de mariage. La lettre au Maire m'avait filé des ailes, j'tais gonflée à bloc ... Un autre parchemin et hop !

Citation:

Mon Riri d'amour,

Grosse râture ! Na, ça, c'trop louche, y va comprendre direct ! On saute le p'tit surnom à la mords-moi-l'noeud et on va droit au but !

Citation:

Faut qu'j'te cause, un truc qui urge que j'peux plus garder pour moi.
T'sais bien que j'sais pas garder un s'cret toute seule.
R'joins-moi au fournil.
Vite.

Ton ex future épouse (p't-être !).

J'tais très fière d'moi. Maint'nant s'agissait quand même que j'perfectionne mes talents (ou pas !) d'comédienne ...
_________________

Eliance

Elle est pas seulement sur le point d'éclater de rire. Non. Eliance se met à rire franchement, à se bidonner en entendant le mot de passe sortant de nul part mais surtout de la bouche du forgeron. La roussi-blondasse parierait sa plus belle chemise que la fumisterie vient de Mike. C'est bien son genre. Quand elle se calme enfin, elle essuie ses yeux d'un revers de manche et regarde Richard.

C'moi, ouais. Enfin, si tu veux faire une farce, quoi.

Et là, ça se met à turbiner dans la caboche ménudiérienne. Une main se passe dans les cheveux roussi-blonds courtichons et hirsutes. Est-ce qu'elle est à court d'idées ? C'est possible. Mais elle a de la ressource, la dépressive. L'amusement n'est pas encore fini !

T'vas faire croire à Alizée que t'as pété Rosalie. En mille morceaux. Éclatée sur un rocher. Bim ! En un tour de bras. Et en essayant de couper une pomme en deux. Mais que tu peux même pas en faire une nouvelle trop belle, parce que y a pénurie de fer. Ah, et du coup, tu d'vras la planquer, Rosalie, pour qu'elle y croit. Et tu lui diras que tu l'as enterrée propr'ment, dans les bois.
_________________

.richard.

Le brun se torturait les méninges suite à son entrevue avec Eliance ... Tu parles d'un gage à la con ... Sa brune allait s'en foutre comme de l'an 40 que sa Rosalie soit pétée ... Pas simple c't'histoire ... Mais bon c'est pas ça qui allait l'arrêter le forgeron hein ... Et puis l'idée ... du grandiose, du phénoménal ... de 'absurde ...et des oignons ... si, si des oignons ... c'est important ...

A l'aube, il quitta la maison en catimini et fila à sa forge pour planquer sa Rosalie dans un coin. Puis rassembla quelques morceaux de minerai de fer qu'il mit dans une boîte. Il s'empara d'une pelle, se rendit chez le tailleur de pierre, et se dirigea en dehors de Belley et à l'orée de la forêt, choisi un arbre au moins centenaire. Il sourit ... parfait ... Il retroussa ses manches et se mit à l'ouvrage, retournant la terre pour lui donner la forme désirée.

Satisfait, il retourna chez le tailleur de pierre et revint déposer celle-ci sur ce qui semblait être une tombe fraîchement creusée. Puis, passage au marché pour acheter des oignons. Phase deux, ok ... C'était pas tout hein. Fallait maintenant préparer l'apothéose. Il sourit et fila en ville, chercha un moment avant de trouver ce qu'il cherchait, une troupe d'acteurs et des musiciens. Quelques écus plus tard, il sortirent ensembles et se rendirent autour de la sépulture. Il zyeuta la troupe et hocha la tête satisfait ... un prêtre ... des choeurs ... des musiciens ... paaarfait ... Phase trois ... en place ...

Le plus jeune de la troupe fut chargée de trouver sa brune. Le brune lui donna son adresse. Il ajouta :

Si elle n'est pas là, file sur la place du marché et fais le tour des bottiers, tu le trouvera sans peine ... Dis lui qu'une catastrophe est arrivée et qu'elle doit venir ici sans tarder ... insiste hein ... dis lui que je suis désespéré ... fais au mieux ... va ....

La gamin parti et le brun en profita pour achever les dernier préparatifs. Puis ils patientèrent. Quand un second page annonça leur arrivée prochaine, il découpa ne quartier les oignons et se frotta les paupières avec ... Il grimaça et eût aussitôt les larmes aux yeux. Il s'agenouilla au pied de la tombe et fit signe aux prêtres de démarrer. Quand sa brune arriva , elle découvrit ...

Une tombe et sa pierre où était inscrit : ci-gît Rosalie, un coeur d'acier et une sourire tranchant . Autour, le prêtre était en plein sermon et les choeurs faisaient les répons appropriées ...

...Ainsi va de la vie ... comme de la mort ... née du fer, elle est retournée au fer ... Souvenons-nous les frères de Rosalie telle qu'elle fut, scintillante ... affutée .. un regard étincelant et capable de braver toutes les tempêtes ... Prions maintenant ...

Le brun reniflait à n'en plus pouvoir, les épaules agitées de soubresaut, le visage dans ses mains à respirer de l'oignon ... Ha ben les larmes ruisselaient ... Il ajouta quelques gémissement pour faire bonne mesure ... et leva ses yeux rougis et trempés vers sa brune ...

Sniffff ... ha tu es là .... c' ...; c'est Rosalie ... sniffff .... el ... elle a eu ... le coeur brisée .... émietéé ...

La choeur chantaient en sourdine une mélodie triste et fort à propos ... il poursuivit ...

Y ... y en avait ...snirrrflllll ... partout ...

Il replongea dans ses mimines pour mieux pleurer ... foutus oignons tiens ...

Je l'ai ... enterré là .... snirrfflll ... c'est beau hein .... sniirfffl ...

Le prêtre reprit alors :

Enfin, accordons à Rosalie de trouver le repos et recommandons son âme au Très-Haut ... qu'Il lui accorde de figurer à sa droite pour les siècles des siecles ... Amen ...

Le brun renifla et hocha la tête ...

Amen ...

Puis il s'avança pour serrer la main du curé ... et se débarrasser discrètement de ses pelures d'oignons ...

Merci mon père ... c'était très beau ... simple mais ...sniffff ... magnifique ...

Le prêtre et les choristes reprirent d'un pas lent et affecté le chemin de la ville tandis que le brun revint au pied de la tombe déposer une fleur des champs ... et se recueillir sous le regard éberlué de sa brune ... Un coup d'oeil à la dérobée et le brun se mordit l'intérieur de la joue pour ne pas pouffer de rire. Elle faisait une tête ... Il ajouta la dernière touche ...

Tu veux dire quelques mots ? ... Elle aurait adorée que tu sois là hein ...
_________________

Support us

1er avril. Mais chuuut, faut pas le dire...