Aesa Parfois devant, souvent derrière à trainasser Aesa suivait le groupe sans trop savoir où il se dirigeait. Qu'importait, le principal était d'être vivante et debout. Chaque soir au feu de camp, elle installait sa couverture un peu à l'écart et observait le ciel scrutant les étoiles.
C'est dans ses moments qu'elle regrettait de n'avoir aucune instruction. Elle avait connu des gens qui savaient les noms des astres et qui pouvaient se diriger par rapport à leur emplacement. Mais chaque soir il semblait qu'ils n'étaient plus à la même place et elle ne comprenait pas pourquoi. Elle finissait pas s'endormir les yeux larmoyants à forcer sur ses yeux. Au matin première levée en général, elle tirait ses cheveux en arrière et frottait son visage scarifié par d'anciennes cicatrices avec des herbes humides de rosée, puis les relâchait. Ils cachaient ainsi en grande partie ces stigmates dont elle n'avait pas honte, mais elle se disait qu'elle n'avait pas à mettre à nu un visage pour le moins peu attractif. Certains l'auraient trouvé laide, d'autre auraient pensé que son physique était intéressant, d'autres qu'elle était un repoussoir, et enfin elle imaginait que les derniers trouvaient qu'elle avait un certain charme. Mais ceux ci, elle ne les avait jamais encore rencontré.
Faisant contre mauvaise fortune bon cur, elle compensait cette carence physique par une sage discrétion et en se portait volontaire pour toutes les corvées, s'imaginant ainsi faire mieux passer la potion amère à savoir une vision d'elle pas très agréable.
Ce matin là après avoir fait une toilette sommaire, alors que tous dormaient encore, elle avait gravi un tertre et de là avait aperçu la mer dans le lointain. Un grand sourire avait étiré ses lèvres et elle s'était mise à danse en tournoyant sur elle même. Elle ne savait pas dans quelle région elle était, mais l'air chargé d'iode emplit sa poitrine et elle aima cela. Et si c'était la Bretagne? Elle ne connaissait pas du tout, mais sa famille y avait ses origines. Son enfance avait été bercée de contes fantastiques,de fées, d'elfes et de forêts enchantées. En courant elle redescendit, manquant s'affaler plusieurs fois et alla réveiller ses compagnons de voyage.
Vite, vite! repartons! J'ai hâte d'arriver! je crois que c'est chez moi! S'il vous plait... plus vite!
Elyass Le soleil s'était carapaté depuis belle lurette, de nombreuses torches avaient été allumées comme une chaîne de lucioles dans l'obscurité. Leur lueur constante guidait les compagnons dans les méandres de tentes au blason reptilien installés aux environs de Roc'han. L'endroit vivait encore, rires et ricanements grossiers s'en échappaient tandis que d'autres profitaient de l'ambiance conviviale régnante au sein de la ville. De toute part on riait, on buvait, on forniquait allègrement, fêtant la future aube nouvelle, fêtant un autre rassemblement de la plus grande Alliance ayant jamais foulé le royaume de France. La plupart venaient de loin, avaient passés des semaines entières sur les routes, répondant solennellement au même appel. Le cor de la liberté avait retenti et la souffrance du peuple incarné se préparait à s'abattre tel un aigle en chasse.
A l'écart du camp, ils avaient dressé un grand terrain d'exercice où végétaient plusieurs mannequins ainsi qu'un grand mur d'escalade en bois sombre, humide comme l'air ambiant du Morbihan. Le fracas du fer contre la poutre pivotante, le crissement des mailles en mouvement et le souffle haletant d'Elyass y couvraient le bruit des réjouissances non loin. Arme au poing, il tâchait d'esquiver les contres attaques du mannequin qui tournoyait, venant riposter au gré des attaques du blond, concentré, imperturbable tandis qu'il aiguisait ses réflexes. Malgré tout, lorsque l'accoutumance s'emparait de lui, il lui arrivait de penser à autre chose que l'entrainement, des choses qu'il considérait comme futiles, mais qui lui travaillaient l'esprit malgré tout.
Il avait toujours considéré les femmes comme des êtres à part, énigmatiques dotés d'une sagesse bien supérieure à celle des hommes, d'un instinct plus subtil. Le vagabond était sans conteste attiré par ces courbes gracieuses, émoustillé face à cette voix cristalline, enhardi par ce parfum envoûtant et ce regard malicieux. Mais tout le reste, tout ce qui n'était pas physique l'effrayait, le laissait craintif face aux récurrences du jeu de l'amour à tel point qu'il se sentait incapable d'éprouver autre chose que du désir. Il craignait de tenir à quelqu'un, de s'y attacher et de la perdre comme toute celles qui avaient croisées sa route, il craignait la vie qu'il avait à offrir, la vie qu'il avait choisit. Une histoire dont le dernier chapitre ne pouvait se solder que dans les larmes. Et, alors seulement, succombant à ses démons, il redevenait le bougre taciturne qu'il était jusqu'à la prochaine courte aventure. C'était indéniable, le blond plaisait. Mais il lui arrivait de se demander si cela relevait plus de la malédiction que de la bénédiction. Une nouvelle estocade sur le mannequin. Un léger courant d'air traversant le bosquet, caressant avec fraîcheur le visage d'Elyass, une seconde d'inattention totale, une pensée de trop puis une violente baffe que vint flanquer la poutre à son agresseur.
Au sol, sonné par la violence du retour contre sa tempe, il ne bougea pas d'un pouce pendant cinq bonnes minutes avant de se hisser sur le fessier, peu fier de sa performance. Il passa les doigts sur le flanc de son crâne pour y tâter la bosse y ayant fait son nid, puis d'un soupir, il se jura que plus aucune futilité ne troublera son acharnement au combat.
Qu'il ne se reposerait qu'une fois la France libéré du joug de ses tyrans.
Elyass Assis dans la bouillasse formée par ses propres mouvements. Un long souffle remuant mèches et gouttes de sueur, le regard vide de la honte. La honte d'avoir été mis à terre par un vulgaire mannequin, Elyass découvrait une faiblesse qui lui avait également valu de frôler la mort en Normandie. Il se rendait désormais clairement compte qu'il avait tendance à se laisser dissiper par des songes inutiles, qu'il perdait trop vite sa concentration au combat en pensant à autre chose que l'arme de l'adversaire.
Trop sentimental, trop empathique pour faire de vieux os. Il se revoyait là, baignant dans son propre sang dans la plaine Normande, chouinant comme une fillette tandis qu'on bandait ses plaies. Il ressentait à nouveau cette dépravation, cette terrible agonie. L'amertume de la défaite lui tiraillaient à nouveau les papilles, les regrets de ce qu'il avait du faire ensuite pour rester en vie.
-Et bien, vous avez bien encaissé.
Un homme s'était approché, sans un bruit, comme un chat dans l'obscurité. Elyass se releva, fronçant légèrement les sourcil pour tenter de reconnaître un visage familier. Il semblait avoir la vingtaine, une bonne tête de moins que le blond, les traits d'un long vécu tandis qu'un menton imberbe indiquait le contraire. Plutôt sec, l'archétype de l'homme agile. Les deux compagnons s'étaient déjà croisés, mais le blond se trouvait incapable de dire précisément où et quand.
Époussetant le col du vagabond, il lui tendit une flasque argentée d'un air bienveillant.
Prenez une rasade, ça remet les idées en place.
Il n'avait sans doute pas loupé une miette de la rouste du blond. D'un air résigné, bien peu fier, ce dernier saisit la flasque pour en tirer une grosse goulade. Le contenu lui réchauffa les entrailles comme un brasier dans son thorax, il n'en retenu rien d'autre que cette impression. Comme à chaque fois qu'il goûtait un nouveau digestif. Il rendit la flasque en serrant les dents.
-Qu'est ce c'est ? un remède celtique ? Le blond lâcha un demi sourire, inclinant la tête pour remercier le compagnon. J'suppose que vous avez tout vu, bien triste défaite que face à un vulgaire mannequin .. Il lui tendit la main, comme pour saluer un vieux frère.
Moi c'est Elyass l'ami.
Aesa Avant toute installation il fallait jauger, voir, connaitre un minimum. Aesa, ne voulait plus retourner en terre Normande sauf à casser du royaliste, et cherchait un endroit ou poser enfin son baluchon qui commençait à devenir lourd. Et puis elle jugeait qu'il était temps qu'elle ait un point d'ancrage, un endroit bien à elle. En attendant d'en voir plus, elle s'était installée à l'orée du camp comme toujours ne se mêlant que peu aux autres. Ayant marqué son petit territoire de son havresac et d'un bâton planté surmonté d'une de ses amulettes, elle décida d'aller faire un tour à travers le campement gigantesque qui avait regroupé un nombre incalculable de compagnons. la nuit était presque tombée, c'était l'heure qu'elle préférait, ainsi on ne pouvait voir son visage.
Saluant au passage ceux qu'elle connaissait, elle échangeait que mots brefs et continuait, mâchonnant une herbe ramassée en route du bout de ses doigts. Elle arriva au "terrain d'entrainement" qui avait été monté à la va vite et observa les uns et les autres quand son regard fut attiré par un qui venait de se faire poutrer par un mannequin hargneux et vindicatif. Elle ne put s'empêcher d'éclater de rire en voyant le compagnon à terre plutôt sonné. Elle se rapprocha lentement, calmant son rire qui serait surement mal pris, quand elle vit Crakity qui s'approchait aussi et parlait avec l'homme qui se frottait la tête.
Bonjour Crakity, bonjour....
Elle inclina la tête, et tira du petit sac qui pendait à sa ceinture trois feuilles différentes qu'elle froissa dans ses doigts et les tendit à l'homme au sol qu'elle reconnut pour l'avoir croisé auparavant.
Frottez les sur votre crâne, cela apaisera la douleur.
Pas un mot de plus et après un nouveau salut de la tête, elle fit demi tour et continua sa promenade se retenant de rire.
Elyass L'étrangère, la femme de la forêt, saluant rapidement Crakity, elle fouilla un court instant dans sa besace pour en sortir une poignée de feuilles.
Frottez les sur votre crâne, cela apaisera la douleur.
Puis elle poursuivit sa route, étrange, aussi vite qu'elle était arrivée de sa démarche nonchalante. Laissant Elyass feuillage en main gauche, la droite toujours tendue en direction du compagnon, l'air perplexe. La médecine par les herbes, il n'y avait jamais vraiment cru, préférant souvent encaisser la douleur plutôt qu'avoir recours à quelconque artifice. La vérité était qu'il se méfiait de la nature et tout ce qu'on en sortait, une peur ancestrale de l'inconnu qui vivait en lui comme un brasier infini.
Le vétéran finit par saisir la main qu'on lui tendait puis délivrait l'appellation du mystérieux breuvage. S'étant résolu à frotter les feuillages contre sa bosse douloureuse, Elyass le défigura d'une regard presque rebuté.
-De la chartreuse ? On dirait le nom d'un vieux remède d'apothicaire, le genre qui vous envoie faire un looong séjour aux latrines et qui est pourtant sensé "guérir" nous dit-on.
Il marqua un temps de pause, étouffé dans un rire nerveux à la simple idée de passer sa nuit sur le trône nauséabond.
Hélas... vous avez raison, ma tête finit souvent par oublier mes bras et ce qui se trouve en face, Tout cela n'est qu'affaire de concentration, mais c'est bien le plus gros du travail avant de devenir un épéiste accompli.
Le blond avait désormais bien conscience de ses lacunes, du fait qu'il devait faire le vide dans son esprit avant de dégainer sa lame. Il allait devoir y travailler. Encore et encore.
Aesa Les deux hommes devaient se poser des questions, c'était logique. Ils ne la connaissaient pas et ne pouvaient savoir que ne voulant pas mettre le guerrier semi assommé dans l'embarras elle avait préféré partir. Se faire battre par un mannequin par manque de concentration était une erreur de débutant, et elle ne comprit pas comment il avait pu se faire prendre ainsi. Nonobstant ce fait, elle avait voulu ménager sa susceptibilité et son orgueil d'homme et avait taillé sa route sans commentaire aucun.
Reprenant son chemin tranquillement, elle fit le tour du campement pour s'infiltrer ans la forêt. Il fallait manger et elle y prélèverait tout ce qu'il faudrait. La saison était encore propice. Elle trouva des baies en grand nombre, légèrement acidulées mais parfaitement comestibles, des champignons qu'elle tria avec soin, des pommes et prunes sauvages.
Restait à trouver de la viande. Les migrations allaient commencer avec un peu de chance elle trouverait son bonheur. Elle sortit de la sylve . Trouverait-elle un lac ou une mare? Elle marcha un temps et trouva un cours d'eau paisible qu'elle longea avec précaution. Un couple de tadornes fouillait les rives. Elle ajusta sa flèche visa et tira le plus gros qui tomba sur le coté sans un cri. Prenant une deuxième flèche elle tira le second qui n'avait pas bougé et le transperça de la même façon.
Elle les récupéra en souriant, les remercia pour la viande offerte et les attacha à sa ceinture. Le repas allait être un festin.
Raimbert Une douce brise accompagnait la chaleur estivale qui régnait dans la région. Les vignobles s'étendaient majestueusement au pied des Cévennes dont on pouvait voir les premiers contreforts luisant dans la lumière du crépuscule. Juste en face, c'était le Castrum qui offrait ses fières murailles à l'astre descendant, majestueux édifice éclatant, démontrant toute sa puissance par sa simple exposition.
Les habitants finissaient la journée au champ tandis que sonnaient les vêpres. ça et là on pouvait distinguer la fumée produite par les verriers dont les importants mas se dressaient ça et là dans la vallée. Revenant de Sant-Ambriès où il était allé vendre ses produits agricoles, Raimbert entreprit l'ascension de la Calade qui menait au château. Les cigales chantaient, inondant l'espace de leur mélodie enivrante. C'était une journée banale, mais il savait se contenter de plaisirs quotidiens afin de ne pas se morfondre. Arrivé au niveau de la maison du Bayle, il s'arrêta comme à son habitude et fit volte face. Le chemin était abrupt mais la vue offerte n'en était que plus belle. Les terres agricoles, ponctuées ça et là d'un village ou d'un hameau occupaient la vallée tandis qu'en fond les Cévennes se dressaient majestueusement. Il était même possible pour lil avisé de distinguer les forteresses voisines de Portes ou Aujac.
Il entrait dans le village castral quand une voix vint troubler le calme de ces lieux :
Vite, vite! repartons! J'ai hâte d'arriver! je crois que c'est chez moi! S'il vous plait... plus vite!
Les yeux s'ouvrent, les Cévennes laissent place à la couverture de branchage qu'il s'est bâti afin d'être à l'abri du temps breton. La chaleur estivale se voit remplacée par une rosée abondante qui commence à pénétrer les vêtements. Le blond sort la tête de sa cabane de fortune. Ces cris...Aesa...Il l'étranglerait bien volontiers mais la raison lui conseille plutôt de reprendre ses esprits face à un réveil aussi brutal.
Le voila qui s'extirpe de son repère et commence à marcher, titubant et baillant au milieu du camp pour rejoindre un ru non loin. L'heure est encore matinale mais le camp commence à s'éveiller peu à peu. Il salue d'un signe de tête les quelques compagnons qu'il aperçoit. Il n'est pas du genre à parler de bon matin, et il faut dire qu'il est resté plutôt solitaire ces dernières semaines. La pensée de l'image qu'il doit dégager de bon matin avec cette mine renfrognée et la cicatrice qui lui fend le visage lui arrache un sourire et c'est ricanant tout seul qu'il arrive au ruisseau.
Après quelques ablutions sommaires, il prend un fond d'eau dans le creux de ses mains. On entend toujours les poètes parlait de l'eau claire... Ô joie de la poésie, la réalité est parfois bien différente. Il s'arrose le visage de cette eau terreuse et secoue la tête d'une manière assez similaire à un chien s'ébrouant.
Revenant sur le camp il passe par son abri de fortune afin d'y récupérer une outre de bière et du petit salé. Le voilà arpentant le camp en mastiquant son morceau de viande. Il entreprend de gravir la petite butte afin de profiter de la vue qui est offerte au levant. Prenant place sur un roc il peut voir en contrebas deux hommes qui discutent sur le terrain d'entrainement. D'abord interpellé par cette curieuse façon de sentraîner il se dit qu'après tout certains sont partisans de la joute verbale peut-être est-ce alors le meilleur entrainement qui soit.
Aesa Ils étaient toujours là les deux hommes à palabrer au lieu de travailler ou s'entrainer.
Cela n'étonna pas Aesa qui avait des idées bien arrêtées sur les hommes, sans les avoir fréquentés de trop prés. Bravaches, hâbleurs ils étaient très forts pour jouer de leurs muscles, mais quand il s'agissait d'assurer le quotidien... De son pas élastique elle les rejoignit, un léger sourire étirant ses lèvres. Elle détacha un des tadornes, le jeta aux pieds de l'homme blond dont elle ne se rappelait toujours pas le nom et de Crakity.
Tenez messires , voici pour votre déjeuner. Il ne vous reste qu'à plumer et griller. Il ne faudrait pas que les valeureux guerriers que vous êtes meurent de faim.
La moquerie était évidente, mais suffisamment anodine pour qu'ils ne prissent pas la mouche, mais allez donc savoir avec les hommes dont l'égo parfois surdimensionné.
Elle leur sourit en inclinant la tête ostentatoirement et repartit en riant vers son petit campement à l'orée du grand.
Aprés s'être orientée, elle commença à grimper sur la butte et aperçut Raimbert assis sur un rocher, pensif, lamine chiffonnée et qui semblait être de mauvaise humeur. Il s'était passé un temps certain depuis qu'elle ne l'avait vu.
Bonjour Raimbert, quel plaisir de vous revoir! Belle journée n'est-ce pas? Oh mais vous avez un air chafouin. Auriez vous mal dormi? Quelque importun vous aurait-il réveillé en sursaut? Assurément si c'est le cas, celui ci mérite une correction.
Comment se douter qu'elle ait pu être dans quoique ce soit de l'humeur de Raimbert. Levée aux Aurores toujours, et couchée fort tard, elle ne songeait pas que d'autres aient un autre rythme de vie. Elle leva haut le tadorne restant.
Cela vous tenterait de partager cet oiseau?
Raimbert Perdu dans ses pensées il songeait à l'objet qu'il avait trouvé près de l'église la veille. Ce cercle métallique semblait être une devise mais il n'avait jamais vu pareille monnaie auparavant, il lui faudrait aller voir un changeur mais rien n'assurait qu'il puisse l'identifier, l'objet étant altéré par le temps.
Il fut à nouveau tiré de sa rêverie par cette même voix familière :
Bonjour Raimbert, quel plaisir de vous revoir! Belle journée n'est-ce pas? Oh mais vous avez un air chafouin. Auriez vous mal dormi? Quelque importun vous aurait-il réveillé en sursaut? Assurément si c'est le cas, celui ci mérite une correction.
Son démon intérieur l'enjoignait à lui sauter dessus afin de venger l'affront fait à la nostalgie de son pays natal mais le blond avait appris à faire abstraction de ses racines. Plus d'un an qu'il était en maraude sur les routes du royaumes, sans attache, souvent l'objet de la méfiance des habitants qu'il rencontrait mais l'Alliance était là et la cohésion était suffisante pour compenser tout cela.
J'ai en effet eu un réveil brutal mais le châtiment n'est pas à mon sens la bonne solution. Nous sommes pour la plupart déjà déclarés ennemis de la couronne et connus des services royaux, nous avons suffisamment d'ennemis sans chercher à créer querelle dans nos propres rangs.
La jeune femme lui présenta une espèce de canard et lui proposa de le partager. Il avisa l'oiseau et se dit qu'après tout ce serait sans doute un bon pas vers le retour à la vie en communauté.
Et bien ma foi, ce serait avec grand plaisir, pourquoi ne partagerions nous pas nos repas respectifs ?
Ce disant il lui présenta l'outre de bière encore pleine
Aesa Fichtre, sa question semblait avoir fait mouche. Aesa fit une petite moue innocente, se rappelant soudain son cri du matin. Etait-ce elle la coupable? Cela était fort possible, mais il n'y avait pas de quoi fouetter un chat. Néanmoins, elle fit un pas en arrière par précaution puis un autre en avant se voyant absoute.
Elle regarda l'outre et sourit. Drôle de repas qu'il sapprêtait à ingérer. le liquide ne tenait pas au corps et embrumait l'esprit. Elle se garda bien de faire tout commentaire attendant que la colère de Raimbert s'apaise.
Ici ou dans mon campement qui est p....
Elle faillit dire proche mais devait déjà le savoir et pour cause, elle tourna donc sa phrase autrement. Inutile de rappeler la chose.
Nous mangerons chez moi ce sera plus pratique enfin dans mon campement provisoire, j'y ai mes instruments de torture sur place. Apportez votre outre et aussi votre gobelet je n'en ai qu'un.
Il lui restait du pain comme tranchoir, du lard séché un fromage et du sel si précieux achetés la veille dans une ferme où elle s'était arrêtée pour se désaltérer.
Venez donc... Où étiez vous passé tout ce temps si ce n'est pas indiscret?
.
Raimbert Nous mangerons chez moi ce sera plus pratique enfin dans mon campement provisoire, j'y ai mes instruments de torture sur place.
Chez elle ? Elle devait parler de son coin de bivouac. En revanche qu'entendait-elle par ses instruments de torture ? Ce devait être ses couteaux et son feu, ses ustensiles de cuisine en quelque sorte. Du moins l'espérait-il... Et quel intérêt aurait-elle eu à le torturer ? Remarque, certaines personnes étaient parfois réputées pour prendre du plaisir à de telles pratiques.
Les deux compagnons commencèrent à marcher et la jeune femme lui demanda ce qu'il faisait. La question ne le surpris guère, en revanche le vouvoiement oui. Il n'avait pas souvenir que la jeune femme le vouvoyait... Il ne se remémorait pas non plus d'un quelconque tutoiement d'ailleurs. Il décida de ne pas relever, après tout ce n'était qu'un détail. Pris d'une soudaine envie de jeu il répondit un sourire en coin :
Bien sûr que cette question est indiscrète, mes errances ne concernent nul autre que moi
Il marqua un temps de silence afin de laisser ses propos faire leur effet avant qu'un large sourire ne vint fendre ses lèvres.
A vrai dire je n'était jamais bien loin, marchant en arrière garde mais je dois reconnaître que j'ai été plutôt discret ces derniers temps. J'ai surement été trop solitaire d'ailleurs, ainsi donc me revoilà. J'ai pu rapidement constater que de nouvelles têtes nous avaient rejoints, nous verrons bien ce qu'ils valent...