[Près de la rivière, campement des Lames]Exit la douleur de son bras que la contention rendait insignifiante. Aussitôt de retour dans l'arène, il la chercha des yeux. Leur piètre performance respective aux joutes venait de les libérer et s'il aurait préféré combattre jusqu'aux phases finales, faisant contre mauvaise fortune bon coeur, il avait bien l'intention de profiter de ce temps qui leur était imparti pour rendre cette escapade des plus agréables. La Bourgogne avait tant à offrir qu'il voulait lui faire partager !
Un sourire instinctif éclaira son visage dés qu'il la vit là, à l'attendre. Jamais, depuis qu'il la connaissait, ne s'était démentie cette sensation d'un coeur qui bondit quand elle entrait dans son champ de vision ou qu'il l'évoquait en son absence.
Et aussitôt les mains se cherchent, se trouvent, se lient... et ne se lâchent plus. Elle est sa complétude. Il est la sienne.
Sa main le guide.
Et lui, le meneur, se laisse alors docilement entrainer un peu surpris de voir qu'elle tourne le dos à la lice pour le conduire vers leur campement. Est-ce à dire que son combat l'a épuisée et qu'elle souhaite prendre un peu de repos ? Aussitôt les sourcils du Ténébreux se froncent tandis que, du coin de l'oeil, il cherche les signes de fatigue sur son visage. Il sait qu'elle est capable de puiser en elle pour donner et donner encore sans jamais se plaindre jusqu'à l'épuisement. Pourtant, nul signe de lassitude sur son visage, il ne décèle que ce petit air moqueur et quelque peu mutin. Et une fois encore lui vint cette pensée fulgurante : je suis heureux.
Mais voilà qu'elle se détourne des tentes pour l'entrainer sur une sente qui descend en pente douce vers une rivière paisible qu'il devine entre les branches basses tandis qu'à chaque pas les rumeurs de la fête s'épuisent.
- Or ça Chevalier ! Où donc me conduisez-vous ? La question est pure rhétorique car peu lui importe la réponse. Et puis vient l'injonction :
Fermez les yeux ! Une fois encore il se prête au jeu et ferme les yeux se laissant diriger tandis que le sang que conduisent ses veines lui semble soudainement bien plus chaud et qu'une émotion nouvelle nait au creux de ses reins. Très vite il la sent s'arrêter et fait de même, ouvrant les yeux pour découvrir la surprise.
Le cadre est magnifique et sans doute n'a t'elle pas choisi l'endroit au hasard sachant qu'il entretenait avec l'eau un rapport tout particulier. Cette attention toute personnelle l'émeut.
Ainsi donc, pendant qu'il subissait les soins du médecin royal lui avait-elle ménagé cette surprise. D'un regard il embrasse l'horizon.
- C'est un endroit magnifique, Elektra...D'un mouvement il s'incline pour déposer un baiser qui va se perdre non loin de son oreille tandis que dans un souffle il murmure un pudique et laconique :
merci, amour, tant les mots sont décidément impuissants parfois à exprimer les ressentis.
Puis, plus légèrement et enjoué comme il sait l'être pour dénouer l'émotion qui souvent les étreint il poursuit dans un éclat de rire :
- Vous saviez que j'aurais grand faim ! Et c'est lui maintenant qui l'entraine et l'invite à s'asseoir. Faim ! Il a faim ! Boulimie de la vie qui les attend et dont il veut profiter seconde après seconde, sa main dans la sienne, jusqu'à la fin des temps.
Il a pris place près d'elle et le regard véronèse est trouble lorsqu'il ajoute plongeant dans ses lacs :
- Avez-vous faim Elektra ?