Le jour d'avant)
Oulà, ben c'était moins une de beaucoup de choses, de décisions. Déjà qu'elle avait appris que son ami Reki se faisait anoblir par sa marraine de cur, Ella et qu'elle n'avait vu aucune invitation à s'y rendre, la Noiraude en avait grimacé de déception.
Puis des rumeurs que son ami Caton allait se marier, mais là non plus, aucun mot pour le lui annoncer personnellement, à croire qu'elle avait été oubliée dans un coin obscur du Royaume, et même si elle était partie depuis longtemps, son cur restait lorrain, pour ses amis qui y résidaient encore, et par amour de sa terre d'accueil.
Et pourtant, comme les nouvelles de là-bas se faisaient de plus en plus rares, mis à part celle de Caton justement, Satine se détachait petit à petit de sa belle lorraine, n'y voyant presque plus d'intérêt à y retourner.
C'était donc dans cet état d'esprit, qu'elle faillit déménager ses affaires en mandant de braves et costauds bonhommes pour apporter tout son barda ailleurs, là où depuis plusieurs jours, on tentait de la convaincre du bienfondé de ce repli stratégique, Bourg était près d'un village portuaire, à 4 jours de Marseille par voie fluviale, point de rassemblement de son armée, village très animé et qui plus était, elle avait à présent de nombreux amis en Savoie.
Dernière hésitation, ayant parcouru de long en large le village savoyard, elle ne trouvait pas l'endroit idéal pour y construire une petite chaumière, aucun emplacement ne lui donnait ce petit coup au cur, qui poussait une décision difficile à prendre, vers une évidence ou une certitude incontournable. Par coup du sort, au dernier moment, le pigeon de son ami Caton était arrivé, alors que la jeune lorraine commençait à perdre patience avec elle-même, s'énervant de sa propre hésitation, de ses doutes, de ses questionnements.
Un grand ouf de soulagement, suivant la lecture de l'invitation au mariage, Satine s'empressa d'abandonner pour le moment sa petite torture mentale, la bonne excuse pour reporter toute cette histoire de déménagement à un autre jour, là, la Noiraude devait expressément filer à Besançon.
Illico presto, elle fit une boulette du petit mot, l'enfila dans le bustier de sa robe orientale, puis fila dun pas rapide jusquà sa roulotte pour sortir une autre robe, bleu roi celle-ci, au bustier clair brodé de nacre et à la taille serrée par des plis bleutés et soyeux lemprisonnant jusquaux hanches pour finir pas sévaser en un tissu fin et vaporeux, retombant souplement jusquau sol , ouais..parfait pour un mariage, avec une étole blanche pour couvrir les épaules dénudées, un peu de bonne tenue dans un église était de mise, et le tissu léger masquerait le haut de son corps sans alourdir la mise, en ce jour de célébration, un minimum délégance était exigé, pour une fois.
Satine en avait parlé à Vic, afin de savoir sil avait envie de la rejoindre à la cérémonie, mais le voyant peu motivé, ce dont elle sétait déjà doutée, le sachant peu fervent des mariages, la Noiraude lui avait expliqué son soucis pour lacer la robe qui comprenait des liens de satin noir dans le dos, mille avait-elle dit, à croire quelle devenait marseillaise à son tour, lui avait répliqué quil préférait les défaire, alors en représailles de son absence au mariage, Satine lui rétorqua que ce ne serait quavec les dents quil pourrait le faire à son retour..Et toc, rien nétait forcément facile dans ce monde.
Et bien sûr, bien sûr..Personne à la roulotte alors quelle déboulait fissa, trouvant sa belle tenue, lenfila tant bien que mal, surtout mal, se battant pour la passer autour delle, cheveux en bataille, bras coincé dans le tissu, tiraillant au mieux sur celui-ci, tentant de ne rien déchirer, voilà ce quil advenait quand on navait pas d'aide à disposition pour se vêtir, alors, râlant, pestant, elle avait pris sa cape blanche offerte par Gui bien longtemps auparavant, était repartie à moitié habillée en taverne où elle avait par chance, vu Marsaly, Yiliana et Jason assis à lintérieur, au travers du carreau.
Hop, sans autre, entrée rapide puis la voilà qui se précipitait vers Marsa, laissant tomber la cape sur une chaise, pour que celle-ci puisse serrer fortement les lacets, Satine accrochée au pilier de la taverne, encourageant son amie à opter pour des nuds marins, pas sécurité que la tenue resterait bien en place aussi longtemps que nécessaire. Jason, en homme bien éduqué, avait observé longuement les araignées au plafond, nentendant que le bruitage des rouspétances et des criailleries, alors que Satine semblait sétouffer dans son corsage.
Compatissante Marsaly, qui placidement lui répétait quil fallait souffrir pour être belle, merci bien..et Jason qui commençait à protester de son côté, davoir mal à la nuque. Les remerciant dune bonne tournée, la Noiraude finit par prendre la poudre descampette avec le cheval tout fraichement acquis par son ami War, qui ny verrait que du feu.
Et de tracer la route avec le canasson fringuant neuf, pour se retrouver à la nuit tombée à Besançon, aviser une auberge confortable, un lit douillet si possible et tomber dun sommeil profond sans demander son reste après cette journée très active, bien trop fatiguée, à sendormir tout habillée, la faute aux nuds marins.
Au petit matin du mariage..jour de gloire pour son ami !)
Tête dans le coussin, cheveux en pagaille, mauvaise nuit alors quelle avait eu froid, la Noiraude eut vite fait de remettre quelques coups du plat de la main à ses vêtements, lissant sa robe au mieux pour la défroisser, puis, personne nirait mettre son nez sur les plis, alors elle ny accorda pas trop de temps.
Sempressant pour un déjeuner rapide mais consistant, pas question dentendre son ventre cirer famine au moment fatidique du *oui* du couple, non mais..la honte, puis, ayant retrouvé mine joviale, yeux brillants de plaisir pour la journée à venir et une petit idée derrière la tête, Satine sortit et sarrêta un moment à discuter avec quelques gamins mal fagotés non loin de lauberge, leur expliqua une ou deux choses, petite mission pour eux, et quelques écus à la clé si tout jouait comme elle lentendait.
Enfin..plus détendue que la veille, la jeune lorraine remonta avec son cheval jusquà la Cathédrale de Besançon, là où se déroulerait le mariage de Caton et Eldrid, pour le plus grand plaisir de la Noiraude. Même si elle ne connaissait pas du tout lépousée, elle faisait confiance à son ami pour avoir suivi ce que lui dictait son cur.
Elle se souvenait de lui, alors quil était seul à Epinal, plus dun an auparavant, et quil se désolait de ne pas trouver la personne qui illuminerait sa vie. Voilà que le grand Jour dépouser celle quil aimait était arrivé, Satine descendit du cheval, dans un bruissement de cape et de robe qui se frottaient, pour aller lattacher à un arbre à lopposé du parvis.
Ce faisant, elle remarqua une silhouette qui lui était un peu familière, et sen approchant alors quelle voulait sangler le cheval, la lorraine reconnu Seed, lami voyageur.
Clignant des yeux de surprise, elle le salua dune voix un brin médusée :
OH
mais Seed !! Que fais-tu ici ? Tu tes égaré ou quoi ?
Passant du jeune homme à lobservation de la Cathédrale, elle se demandait bien sil était aussi invité et surtout sil connaissait les époux. Puis Seed naimait pas plus les églises que Vic, il sétait lui aussi bien gardé de participer à un mariage à Marseille, alors, son étonnement ne faisait que redoubler.
Taimes les églises, à présent toi ?
Puis de finir de lier la sangle au tronc darbre, pour que le cheval ne fugue point, elle était feignasse, parfois et se voyait mal lui courir après en robe longue.