Wallerand
Le Louvre. Salle des Mille Lys. 15 mars 1463. On couronne une Reine, parait-il, mais on nen a pas encore vu la couleur. Rassemblées par le curieux hasard dun malaise, deux personnes sont installées côte à côte. Il y a là un Gascon et une Armagnacote, un officier royal et une noble. Elle se remet dun malaise, il craint dassister à une rechute. Et là, cest le drame : il fait la réflexion stupide qui tue. « Est-ce que vous allez mieux ? Vous étiez pâle à faire peur tout à lheure
» Cest alors que Bella le regarda, et sourit doucement, soudain lasse.
Je ne saurai dire, il faisait si chaud, et il y avait trop de monde... Vous parler ma évité dy penser.
Enchanté de servir d'exutoire à la foule ! Mais il est vrai que l'air est bien rare.
Wallerand lui retourna un léger sourire, un peu rasséréné par cette réponse après tout, si elle ne pensait plus à la foule, les motifs de malaise séloignaient -, tandis quelle continuait, se souvenant de son malaise, fronçant les sourcils, la peur revenant au galop.
Imaginez donc, tous ces souffles mélangés... Tout le monde va étouffer !
La jeune comtesse, inquiète, pâlit de nouveau en se retournant, voyant tout ce monde, et des gens qui entraient encore, emplissant la salle déjà pleine à craquer. Le jeune homme, conscient de son trouble, posa une main sur son épaule pour l'inviter à se retourner. Que faire dautre ? Moins elle serait consciente que la situation était exactement la même, moins elle se trouverait mal Cétait bien évidemment une réflexion stupide, digne dune autruche enfouissant sa tête dans le sable, car bientôt elle reprit :
Nous allons tous étouffer. J'étouffe.
Ne vous inquiétez pas, je pense que ce sera bientôt fini... Il ne manque plus grand monde, et ces salles sont prévues pour les grands rassemblements.
Je veux sortir !
Cela aurait pu passer pour un caprice, mais le ton plaintif associé à sa pâleur revenue ne laissait aucun doute. Elle le supplia du regard. Wallerand la considéra et, remarquant sa lividité, hocha la tête. Sans doute rien ne pourrait endiguer ce genre de craintes, quil avait déjà observé quoique sous dautres formes chez son jeune frère. Bella ne supportait pas la foule et Acrisius ni les femmes ni les contacts, mais les symptômes se ressemblaient, au bout du compte. Et dans ce cas-là, il navait pas trouvé dautre remède que léloignement du mal. Le hochement de tête saccompagna donc dun simple :
Vous devez en avoir besoin, oui... Ca n'a pas l'air d'aller fort, si je peux me permettre.
Wallerand se leva donc et lui offrit son bras, auquel la jeune femme s'accrocha sans hésitation, les jambes flageolantes. Elle lui murmura, se penchant contre lui, penaude :
Je ne suis pas habituée non plus à tout ce monde, ce faste, ce ... protocole. Je suis désolée de gâcher ce moment.
Wallerand de Beauharnais lui sourit, se voulant rassurant. Facile à vouloir quand il savait quil se trouverait de nouveau désemparé si une nouvelle pâmoison pointait le bout de son nez et que, faute de public, il serait moins bridé pour ramener à elle la jeune fille. Sans sarrêter à ces considérations, il haussa légèrement les épaules, comme écartant une objection sans importance, et lui glissa en retour :
Ne vous inquiétez pas, c'est normal... Je veux dire, ça ne sert à rien que vous tombiez malade, autant que nous allions prendre l'air.
Bah oui, il nallait pas la laisser sen tirer comme ça, pardon, partir seule au risque de faire un malaise en pleine rue, de se faire dépouiller et de subir un bien plus mauvais quart dheure que sil laccompagnait.
Si je reste, je crains de ne pas être en état de danser. Pour le gage que je vous dois. Et ça, ça serait dommage, compléta in petto le Beauharnais.
Voulez-vous retourner à votre auberge ? Je peux vous accompagner, si vous le voulez.
Wallerand lui sourit dans sa tentative de prolonger ce moment partagé, et la jeune femme ne put que répondre à ce sourire inquiet, malgré son malaise. Comme, par ailleurs, un Gascon véritable savait se montrer insistant, il ne put résister à la tentation de se pencher légèrement, alors quils quittaient la salle, pour murmurer :
Ce serait dommage que vous ne soyez pas en état de danser ! Enfin, à mon très humble avis... Aheum, ceci dit... Nous entendrons sans doute la rumeur du couronnement.
De lil, il chercha les huissiers qui les avaient si bien accueillis et aidés, espérant pouvoir leur glisser au passage un modeste mais sincère remerciement.
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Je ne saurai dire, il faisait si chaud, et il y avait trop de monde... Vous parler ma évité dy penser.
Enchanté de servir d'exutoire à la foule ! Mais il est vrai que l'air est bien rare.
Wallerand lui retourna un léger sourire, un peu rasséréné par cette réponse après tout, si elle ne pensait plus à la foule, les motifs de malaise séloignaient -, tandis quelle continuait, se souvenant de son malaise, fronçant les sourcils, la peur revenant au galop.
Imaginez donc, tous ces souffles mélangés... Tout le monde va étouffer !
La jeune comtesse, inquiète, pâlit de nouveau en se retournant, voyant tout ce monde, et des gens qui entraient encore, emplissant la salle déjà pleine à craquer. Le jeune homme, conscient de son trouble, posa une main sur son épaule pour l'inviter à se retourner. Que faire dautre ? Moins elle serait consciente que la situation était exactement la même, moins elle se trouverait mal Cétait bien évidemment une réflexion stupide, digne dune autruche enfouissant sa tête dans le sable, car bientôt elle reprit :
Nous allons tous étouffer. J'étouffe.
Ne vous inquiétez pas, je pense que ce sera bientôt fini... Il ne manque plus grand monde, et ces salles sont prévues pour les grands rassemblements.
Je veux sortir !
Cela aurait pu passer pour un caprice, mais le ton plaintif associé à sa pâleur revenue ne laissait aucun doute. Elle le supplia du regard. Wallerand la considéra et, remarquant sa lividité, hocha la tête. Sans doute rien ne pourrait endiguer ce genre de craintes, quil avait déjà observé quoique sous dautres formes chez son jeune frère. Bella ne supportait pas la foule et Acrisius ni les femmes ni les contacts, mais les symptômes se ressemblaient, au bout du compte. Et dans ce cas-là, il navait pas trouvé dautre remède que léloignement du mal. Le hochement de tête saccompagna donc dun simple :
Vous devez en avoir besoin, oui... Ca n'a pas l'air d'aller fort, si je peux me permettre.
Wallerand se leva donc et lui offrit son bras, auquel la jeune femme s'accrocha sans hésitation, les jambes flageolantes. Elle lui murmura, se penchant contre lui, penaude :
Je ne suis pas habituée non plus à tout ce monde, ce faste, ce ... protocole. Je suis désolée de gâcher ce moment.
Wallerand de Beauharnais lui sourit, se voulant rassurant. Facile à vouloir quand il savait quil se trouverait de nouveau désemparé si une nouvelle pâmoison pointait le bout de son nez et que, faute de public, il serait moins bridé pour ramener à elle la jeune fille. Sans sarrêter à ces considérations, il haussa légèrement les épaules, comme écartant une objection sans importance, et lui glissa en retour :
Ne vous inquiétez pas, c'est normal... Je veux dire, ça ne sert à rien que vous tombiez malade, autant que nous allions prendre l'air.
Bah oui, il nallait pas la laisser sen tirer comme ça, pardon, partir seule au risque de faire un malaise en pleine rue, de se faire dépouiller et de subir un bien plus mauvais quart dheure que sil laccompagnait.
Si je reste, je crains de ne pas être en état de danser. Pour le gage que je vous dois. Et ça, ça serait dommage, compléta in petto le Beauharnais.
Voulez-vous retourner à votre auberge ? Je peux vous accompagner, si vous le voulez.
Wallerand lui sourit dans sa tentative de prolonger ce moment partagé, et la jeune femme ne put que répondre à ce sourire inquiet, malgré son malaise. Comme, par ailleurs, un Gascon véritable savait se montrer insistant, il ne put résister à la tentation de se pencher légèrement, alors quils quittaient la salle, pour murmurer :
Ce serait dommage que vous ne soyez pas en état de danser ! Enfin, à mon très humble avis... Aheum, ceci dit... Nous entendrons sans doute la rumeur du couronnement.
De lil, il chercha les huissiers qui les avaient si bien accueillis et aidés, espérant pouvoir leur glisser au passage un modeste mais sincère remerciement.
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