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[RP] Une demeure pour sa Blondeur

Wallerand
Il arrive parfois que la confrontation homme-habit féminin soit inévitable. Quelques fois, plus particulièrement au temps où il a fait une gaffe colossale, l'envie de se racheter se fait irrésistible. L'homme prend alors son courage et le mannequin hostile à deux mains. Il est seul, il est nu, il est grand (comme Wallerand, NdlR). Son maintien est digne face au combat qu'il sait maintenant inéluctable. Son buste est droit (une fois Bella reposée à terre). Ses jambes, légèrement arquées. Ses pieds nus, arc-boutés au sol. Le mannequin est là, nimbé de la lumière d’un jour déclinant. On dirait un spectre affublé des atours d’une belle vivante, dans l’attente silencieuse de l’amant au cœur troublé vers lequel il se précipitera pour enfouir ses griffes et instiller un doux-amer parfum de mélancolie face à l’absence de la bien-aimée. C’est un mannequin particulièrement dangereux. Sournois. Oh, il ne paie pas de mine. En bois clair, les épaules redressées, il accuse son état. Mais regardez ces épingles dont il s’est doté… Il ne lâchera pas sa proie. L’homme bande. Surtout ses muscles.*

Muscles qui se révélèrent d’ailleurs fort inutiles quand le combat contre le mannequin commença. Telle était la douleur du Beauharnais : la conscience terrible de ce décalage entre ses goûts et ses compétences. Facile de regarder une couturière apprêter une commande sur un mannequin, ça, il n'y avait pas à dire... Mais quand il fallait mettre en pratique, c'était vraiment tout autre chose. Un instant, il se demanda s’il avait bien fait de se réjouir de n’avoir pas à contribuer à l’essayage d’une robe par le Grand Chambellan de France, qui aurait constitué un honnête préambule à l’exercice auquel il se livrait. Alors que portée par le mannequin l’étoffe semblait parfaitement pliée à la volonté humaine, sous les doigts de Wallerand elle se rebiffait. Et, tout en prenant garde à ne pas causer de nouvelle douleur à sa maîtresse, le Beauharnais grommelait tout ce qu’il savait, avant de finir par lancer, dans un sourire empreint d’autodérision :


Vous savez, je crois que je comprends pourquoi on n'admet pas les hommes aux essayages des femmes.
Ah oui ?
C'est fichtrement compliqué à ajuster, ces choses-là ! Il n'y a que des femmes pour pouvoir s'y retrouver...


Et là, c'est le drame : un commentaire imprévu passa les lèvres du Beauharnais, qui ne put qu'esquisser un sourire amusé après coup.

Et puis, c'est beaucoup plus facile à enlever qu'à mettre !

La remarque tira un éclat de rire argentin, tandis qu'elle se prêtait de bonne grâce à la tentative d'habillage. Après un regard tendre au Beauharnais, la jeune femme sourit. La robe était assez lourde, la faute au velours précieux et bien épais, agrémentée de fil d'or et de perles roses, et bien ajustée. Comme à son habitude, Valeryane avait fait merveille.

Vous vous en sortez très bien. Je pensais que le maître de la garde-robe royale ne serait pas décontenancé par une innocente robe! Vous n'aidiez jamais vos maîtresses à se rhabiller?
Rarement. Souvent, c’étaient des robes toutes simples, pas le temps de dire ouf. Et puis… Vous savez, quand il y a des essayages à la Maison royale, je ne suis en général pas dans la pièce. Je donne mon avis après coup. Vous m’imaginez dans la même pièce que le Grand Chambellan en chainse ? Ce serait… Gênant.


Allez avouer à votre maîtresse que parmi les femmes que vous avez connues - au sens charnel du terme -, il y en a eu assez peu que vous fréquentiez régulièrement, encore moins que vous aviez l’occasion de rhabiller, et qu’en prime votre ancienne compagne était pratiquement la seule femme qui partageait le goût de sa future fiancée pour les mises soignées… Et correspondant aux moyens de la noblesse. Voilà. Pas facile. Aussi se contenta-t-il de la version édulcorée de l’histoire. Elle pouffa de rire, avant de se tourner vers l'homme dans toute sa splendeur - entendez par là : nu - et l'embrasser, avant de tourner doucement sur elle-même, soulevant les pans de sa robe qui se soulevait gracieusement.

Voilà! Qu'en pensez-vous?
Vous êtes superbe. Comme toujours, et peut-être même plus.
Maintenant, à vous!


Ce fut plus rapide, les tenues masculines étant plus simples, parce que Wallerand l'aidait, qu'elle faisait attention à son épaule, mais surtout qu'elle ponctuait ses gestes de caresses appuyées, sensuelles. Elle ne pouvait s'en empêcher, sous prétexte de lisser le velours damassé et brodé, ici, une poussière imaginaire là... Histoire de le plaquer au plus près du corps. Elle tourna autour de son amant, appréciant le travail de Valeryane, avant de le regarder tendrement alors qu’il l’attirait à lui pour nicher un baiser au creux de son cou. Cette fois, ils étaient parfaitement assortis, comme en un prélude à ce qui arriverait. Comme s’il avait eu une chance de rester de marbre face à ces mains qui l’exploraient sous de fallacieux (ou presque) prétextes…

Très seyant... Pensez-vous qu'il soit plus rapide de vous dévêtir, que de vous vêtir ?
En fait, il serait plus simple de ne pas s’habiller. Ca nous faciliterait la vie dans certaines… Circonstances !


Son rire résonna de nouveau à l'allusion à peine masquée de l'amant. Elle avait presque oublié sa mésaventure. Son bras était entravé solidement, elle avait une gêne pour le mouvoir, mais pouvait néanmoins s'en servir.

Vous êtes le premier homme à entrer ici, vous le savez? Toute ma garde-robe trône ici.
M’en feriez-vous les honneurs ?


Lentement, elle promena son regard sur l'ensemble de la garde-robe, dont certaines pièces étaient des reliques. Elle passa la main dans les tissus, tirant à eux une tenue au hasard. Tissu simple, noir, robe quasi monacale, à la coupe stricte, au tissu simple, un peu raide, assortie d'une guimpe noir et blanc, dont elle s’affubla rapidement avec un sourire amusé. Une coiffe portée habituellement par des femmes bien plus âgées, mais qui mettait en valeur la forme de son visage et son regard pétillant. L’œil rieur, son amant la regardait faire, haussant un sourcil surpris à la vue de cette coiffure inhabituelle, vestige inattendu de temps anciens. Et, sans un mot, il écouta l’explication qui vint sans tarder.

Ma tenue de sœur cistercienne, que j'ai longtemps portée. J'étais assez timide, et je concevais cette tenue comme une protection. Lorsque Milandor m'a retrouvée, je portais... Celle-ci. Le même exemplaire, mais qui a vu bien des aventures... Je l'ai gardée, même si Imoen voulait en faire des chiffons pour les vitres. Numquam obliviscar...

Elle montra l'exemplaire en question d'une robe cistercienne, usée, déchirée par endroit, maladroitement reprisée à d'autres, tachée à d'autres. Un vague sourire en coin, tandis qu'elle observait le tissu rêche, usé à certains endroits jusqu'à la trame.

Voyez qu'une telle tenue me permettait de me rendre invisible, je n'attirais pas l'attention de la gent masculine pour un sou. Nombre de sœurs bien plus jolies étaient importunées. Pour celui qui m'importait, j'étais invisible, une roturière aux attraits bien quelconques. Humm … Et celle-là …
Il devait être aveugle alors… Si je peux me permettre.


Elle lui montra une robe bleue alors, au tissu riche et aux manches ornée de dentelle un peu jaunie, d'une coupe ancienne.

Lorsque Milandor m'a retrouvée, en attendant d'appeler une couturière, j'ai porté celle-ci. Celle de Kenny, feue son épouse. Il était veuf, un mariage secret... Lorsqu'il était bien jeune.

Puis, sur un air de confidence...

Kenny Beaupierre était la grande sœur de ma mère, Elsianna. Bien peu sont au courant... Je ne l'ai su que fort tard. J'ai grandi sans connaître ma mère, ni mes tantes. Et quand Milou m'a vue dans cette robe, il a eu le coup de foudre. Est-ce la robe ou la femme, allez savoir ! Pour beaucoup, la beauté d'une femme vient de ses artifices... Je ne déroge pas à la règle.
Si. Même sans apprêt, vous êtes belle.


Là se rouvre l’éternel débat : la beauté est-elle dans l’œil de celui qui regarde ? Quelle qu’en soit la solution, le Beauharnais semblait bien sûr de lui et totalement convaincu.


[* Et j’arrête là cette tentative de réécriture de Desproges...]
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Soeur_mc_des_batignolles
La camériste rongeait son frein. Littéralement, elle se mâchonnait la langue, et grinçait des dents, marchait de long en large. Seule la décence l'empêchait de coller son oreille contre la porte des appartements de Bella. Et ses soupçons furent centuplés lorsqu'Imoen descendit avec la tenue de Wallerand. Mais, il était nu dans ses appartements! Non! Béatrix ne voulait rien comprendre...

J'en suis certaine. Ils vont batifoler!
J'en suis persuadée, ma soeur.
Grrr... Je vais y retourner.
Mais laissez les...
Ou bien vous pourriez y aller, vous!
J'ai trop à faire en cuisine, ma soeur.
Je... je pourrais vous remplacer!
La dernière fois, vous avez laissé brûler ma sauce.
Mais c'était l'heure des vêpres!
La cuisine ne peut attendre la fin d'une prière, parfois. Donc, non, je n'irai pas les déranger. Ils vont bientôt descendre, c'est bientôt l'heure du repas.
Mais s'ils...


L'arrivée de la comtesse, dans sa robe neuve noire et rouge brodée d'or, les interrompit. Beatrix regardait Bella avec tendresse, Marie Clarence de manière soupçonneuse. Son air détendu - un peu trop d'ailleurs, grrr -, son sourire...

Béatrix... Marie Clarence, venez nous rejoindre dans le grand salon, Imoen et Tibedaud y sont déjà. Le chancelier, Wallerand dînera avec moi, mais avant, j'aimerai vous parler, à tous.

Interrogeant Béatrix du regard, elle ne savait pas trop où elle voulait en venir. Arrivant dans le salon, elle regarda d'un oeil mauvais Wallerand, alias l'homme de Paris, qui prenait un peu trop ses aises. Il était temps de la remarier, qu'elle ne puisse plus se conduire comme une enfançonne délurée. Une fois remariée et soumise à un nouveau mari, elle se tiendrait à carreau! Et, comme pour lui donner raison...

Mes chers amis... Vous m'êtes restés fidèles lorsque feu le Coms est décédé. Vous m'avez secondée, aidée, épaulée, dans l'épreuve qui nous a frappé, les enfants et moi. Vous êtes exemplaires. J'ai décidé de doubler vos gages pour ce dernier mois. Il est difficile de gérer un tel domaine seule... Milandor nous manque à nous tous. Une perte cruelle...
J'ai décidé qu'il était temps pour moi de ne plus cheminer seule. J'ai tenté, avec le Von Wittelsbach, mais c'était trop tôt. Je ne veux pas d'un époux qui convole uniquement pour mon titre et mes richesses. Il me faut quelqu'un de sincère, un partenaire qui saura me soutenir, me respecter. Comprenez vous?


Marie Clarence opina du chef. Oui, il était temps pour la comtesse de convoler. Elle en avait oublié la présence du chancelier, et la raison de sa venue. peut être l'aidera t-il à trouver une noble chausse à son pied délicat? Un bon mariage d'intérêt, il n'y a que ça de vrai!
Christabella
Bella, ça fait un quart d’heure que vous nous parlez de sentiments.
Nous avons très bien compris où vous voulez en venir : je suis votre conscience, votre confiance, je vous connais ... comme si je vous avais faite. Vous souhaitez trouver chaussure à votre pied.


Oui, Marie Clarence.

Et vous voulez savoir si je suis d’accord pour que vous vous trouviez un parti...

En fait, pour l'épouser, plutôt.


Avisant Wallerand derrière elle, dont la tenue est assortie.... Marie Clarence commençait à comprendre, et s'étouffa. Un drôle de bruit, un chuintement, entre le grincement de dents et le soupir bruyant, avec un zeste de ronflement.

Pour que vous ???... l’épousez ? !

On est même d’accord tous les deux pour ça.
, ajouta le Beauharnais entre ses dents. Elle commençait à l'enquiquiner sérieusement, la carmélite.

Mais, il risque d'il y avoir un problème.

Un problème ? ! Ça ne vient pas de nous, j’espère ?


Plissant des yeux, la camériste railla :

Nous ne sommes pas assez bien pour lui ?

Bella n'entendit pas le sarcasme, tandis que Wallerand levait les yeux au ciel. L'échange surréaliste faisait sourire Beatrix, effarait Tibedaud et rendait hilare Imoen. Bella, sourit et prit la main de Wallerand, tandis qu'elle répondit avec une candeur qui la caractérisait:

Oh, je ne pense pas.

Alors, quel problème ? Même si cet … Grrr... homme … est celui de Paris... Je ferai … un effort.
La fin de la phrase se perdit dans des accents gutturaux, comme si cela lui avait arraché le coeur ou les lèvres de le dire. C'était presque le cas, tant elle serrait les lèvres de dépit.

Il est roturier .

La camériste étouffa un sanglot. La nouvelle était trop dure à avaler apparemment, tandis que Wallerand ne put retenir un sourire amusé. Imoen regarda Beatrix, qui semblait ne pas voir le souci, puis Tibedaud qui haussa les épaules, confiant. Bella avait été dans la même galère, et cela s'était arrangé. Puis, entre deux grognements, la carmélite réussit à éructer:

... ro... roturier ? ! Deux secondes !

Elle leur tourna et pleura brièvement mais bruyamment. Une vraie actrice ! Imoen leva les yeux au ciel.

Mais... vous en êtes sûre ? !

Ben oui … Cela vous gêne ?

Si ça me gêne ? Alors là pas du flou... pas du plou... pas du flouchlouplou... S’il est roturier, c’est qu’il a de bonnes raisons de l’être... Mais dites moi un petit peu, il est roturier... gueux ? ou roturier un peu ... un peu noble ?

Roturier roturier, Marie Clarence.

C’est c’la, oui.
, ne put s'empêcher un Wallerand, dans le style inimitable d'un certain Thierrry Lhermitte, illustre inconnu amateur de théatre.

Ah, roturier, complètement roturier..... Oui... On est pas dans la mouise...

J’t’en collerai du roturier, au moins j’suis pas roublard au point de faire couper les lianes…
, toujours entre ses dents.

La m... Comment cela ?

Oh, mais vous avez tout à fait le droit d’épouser un gueux, alors là ...

Comment osez-vous !

Pas moins gueux que vous
, entre les dents, (un peu comme la salade de la veille, NDLA ^^)

Pardon ? ! J’ai dit « gueux » ? Oh ça m’étonnerait que j’ai dit un truc comme ça ...J’ai dû faire un lapsus parce que vous voyez, j’en parlais encore à midi avec votre père, et je lui disais : « Sire Bengouin, y a beaucoup trop de nobles dans cette famille... ». Des nobles, toujours des nobles, moi, j’en ai marre... Et il était d'accord avec moi ! Je le dit tous les jours « Vive les gueux !», alors... Et la famille de cet homme de basse condition, ils sont roturiers ?

Son frère est duc, sa marraine baronne.

Et moi, obstiné.
, entre ses dents.

Rien n'est perdu alors... Mais, ils le savent que leur frère et leur filleul épouse une comtesse ?

Ils sont contents. Enfin Alvira c'est certain, Acrisius j'en doute. Vous, vous avez l'air contrariée.

Oh détrompez-vous, détrompez-vous, Bella... Je cache ma joie...

Cause toujours.
entre ses dents, puis, n'y tenant plus, à voix haute:
Et moi donc… Un tel accueil, ça fait chaud au cœur. Merci, ma sœur !

Adapté du Sketch de Muriel Robin, le noir

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Kenny.castel.vilar
    [Mont de Marsan, arrivée de la divine enfant!]

A l'aube de ce jour, alors que le soleil pointait à peine son minois à l'horizon de Mont de Marsan, une cavalière fit son apparition sur le dos d'un étalon noir.
Alors que le carrosse familiale avait prit la direction de la baronnie de Braxxens avec ses affaires pour qu'elle puisse se vêtir à l'occasion des cérémonies à venir, la jeune fille décida d'abandonner les domestiques qui l'accompagnaient pour faire un détour à la capitale de la Gascogne avec le stricte minimum, ce qui veut dire juste elle.
Elle savait que venir ainsi, avec une cape la recouvrant, ferait de son passage quelque chose de plus discret. Les badauds seront sans doute moins curieux que si la jeune Castel Vilar était venu avec le coche.

Malheureusement pour elle, et étant la première fois qu'elle mettait les pieds dans les terres Gascognaises, la mini blondine n'avait aucune idée d'où pouvait se trouver la demeure de sa Blondeur. Premier passage qu'elle voulait faire absolument avant de s'aventurer plus loin dans la ville au risque de s'y perdre et peut-être se faire égorger dans un coin d'une ruelle sombre et malfamé... hum paranoïa quand tu nous tiens!

Après quelque demande aux gens dans la rue, ces derniers arrivèrent à la renseigner et lui indiquer le chemin. C'est alors qu'elle stoppa son acheminement devant un grand portail cachant une belle demeure.
Tenant la bride de son cheval, la mini blondeur fit sonner la cloche et attendit que quelqu'un vienne lui ouvrir. En espérant que se soit une personne de la mesnie qu'elle connaissait.

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Soeur_mc_des_batignolles
Perdu! Ce serait la redoutable Marie Clarence, adepte de la badine et des récriminations, sainte patronne des empêcheuses de tourner en rond et emmerdeuse à ses heures, mégère ascendant "belle mère". Camériste, directrice de consciente, gardienne des bonnes moeurs, terreur des âmes en perditions! Elle observa la jeunette, la blondinette qui se présentait plutôt bien, avec une tite lueur dans les yeux qui ne lui plaisait pas. Pour ça, la camériste carmélite avait le pif. Une pestouille, à coup sûr, sous des airs de belle jeune fille bien sous tout rapport.

C'est pourquoi, jeune fille? Une tombola pour le club des pintades? * On a pas d'sous à dépenser icilieu.

* le club des pintades, un groupe de femmes qui font beaucoup de bruits en salle de doléances!
Kenny.castel.vilar
La porte s'ouvrit sur une bonne soeur pas très aristotélicienne au goût de la mini blondeur. Et son ton méprisant qu'elle usa pour s'adresser à la jeune fille eu comme un effet désagréable à ses oreilles.
Grimaçant de dégoût face à la vieille, (oui elle ne se gênait pas!), la Castel Vilar se redressa de sa petite hauteur et répondit sur le même ton :


Veuillez me conduire à ma mère, la Comtessa de Frontrailles. Je suis Kenny de Castel Vilar.

Elle pouvait se brosser pour avoir le moindre respect dans le ton de sa voix. Vieille ou pas, la blondine se promit qu'elle allait passer un mauvais quart d'heure la prochaine fois qu'elle lui reparlerai ainsi.
Nan mais je vous jure! Avait-elle l'air d'une colporteuse? Grumphf!

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Soeur_mc_des_batignolles
Mère? Bella, mère? D'une fille de quinze ans à tout casser qui plus est, ouatte zatte fucke? Elle se fichait de sa poire, c'était certain! Beatrix s'approchait derrière elle, pour confirmer que l'importune en était bien une. En espérant qu'elle ne la fasse pas entrer quand même, avec son coeur trop tendre...

Vile profiteuse! Menteuse! Vilaineuse! Sa grandeur n'a que dix neuf ans, ce n'est pas une vieille rombière, rompez jeune fille! Allez profiter de la crédulité des gens ailleurs. Vous n'entrerez pas.
Que se passe t il encore, marie Clarence?
Une jeune pimbêche qui se prétend la fille de Bella. M'en vais lui laver la bouche au savon pour la nettoyer de ses mensonges!
Oh! Kenny est revenue!Laissez la entrer voyons!
Comment ça vous la connaissez? Mais c'est impossible, Beatrix, Bella est trop jeune!
Adoptée, c'est la fille de feu le coms! Faites entrer!
Mais ... Bonbon grrrblm entrez donc damisella. Faites pas de saletés sur le sol.
Kenny.castel.vilar
La vieille nonne se mit à tourner autour de sa mini blondeur telle un vautour avant de lui cracher des vilénies à la figure. Il en manquait peu pour que la jeune fille la pousse dans l'abreuvoir qui se trouvait à leur gauche. Non mais manqué de respect à la blondine comme si elle était une vilaine créature venue des rues, elle ne manquait pas de toupet cette morue!

Mais heureusement pour elle, Béatrix qui avait été sa nounou et gouvernante, arriva à la rescousse. Au fur et à mesure de la conversation entre les deux femmes, la fierté de la demoiselle se regonfla à bloque et elle ne se gêna pas pour regarder le vieux crouton de haut.

Un sourire à sa presque deuxième mère et elle se tourna vers la bonne sœur qui était resté à ses côtés. Sans perdre une minute, elle lui mit entre les mains les brides de Philibert, son étalon noir.


Veillez à ce qu'il soit bouchonné, nourrit et qu'il se repose, la route a été longue autant pour lui que pour moi. Kenny alla pour rentrer mais fut comme retenue par quelque chose. Oh... et attention, il n'aime pas les vieilles mégères dans votre genre, dit-elle en plissant ses yeux noirs de colère.

Puis son visage changea du tout au tout quand elle se retourna sur la vieille cuisinière, du regard noir, elle passa au regard doux et jovial avec un sourire heureux sur les lèvres, oubliant derechef la bonne sœur.

Béatrix! Je suis tellement heureuse de te revoir, ça fait longtemps! Thidebaud est aussi ici? Cossi va?*

*Comment ça va?

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Wallerand
Dans un appartement de la rue des Pendus, Wallerand était face à un pupitre, récente acquisition nécessaire à l'indispensable activité d'écriture et de lecture qui tenait fort occupées ses journées. Trop, sans doute... Il était temps qu'il lâche du lest, qu'il retrouve la joie de la compagnie de celle qu'il souhaitait plus que jamais épouser. Qu'il prenne du temps, pour eux. Le constat s'imposait à lui chaque jour davantage. D'ailleurs, ce matin-là, le bourgmestre n'était pas plongé dans les livres de comptes de la mairie, qu'il emportait souvent chez lui, ni dans les lettres qu'il rédigeait presque sans fin. Non. Au lieu de cette prose professionnelle, il s'était abîmé dans la contemplation d'un livre qu'il avait conservé depuis mars. Cela faisait déjà six mois, ou presque, que Bella avait trouvé le moyen de lui donner rendez-vous au nez et à la barbe de son chaperon.

Depuis, le livre qui avait servi de messager était resté chez le jeune homme, soigneusement rangé, hors de vue pour éviter les convoitises et les mésaventures. Pourtant, quand il ne pouvait pas profiter de la présence de sa maîtresse, Wallerand le reprenait et en lisait une page ici, en admirait une enluminure là, imaginant le souffle de Bella sur sa nuque et les commentaires qu'elle lui soufflerait. Ou ses baisers. Ou ses bras passés autour de lui. Ce livre, au final, empirait encore le manque qu'il était censé aider à juguler. Et l'amant avait beau le savoir, il ne l'en ouvrait pas moins chaque jour, quand il avait un instant, entre la mairie, le marché, le Conseil, la salle de doléances... Entre deux visites à Bella, entre deux entrevues en taverne ou chez lui, ce livre était au centre des rêves de bonheur simple, de vie conjugale (comme quoi, même un coureur invétéré pouvait passer à autre chose pour l'amour d'une femme) avec cette jeunesse qui lui avait tant et tant offert, même sans le savoir.

Mais le Beauharnais avait un sens aigu de la propriété. Ce livre, malgré la valeur sentimentale qu'il y attachait désormais, restait celui de Bella, et sa restitution offrirait en outre un motif de visite si inattaquable et si chaste (pensez, un livre d'heures, c'est extrêmement sérieux, comme un dossier diplomatique béarnais !) que même la sinistre Marie-Clarence n'y verrait pas objection. Et Aristote lui était témoin qu'il voulait la voir. Le manque en devenait douloureux, plus fatigant que les tâches qu'il remplissait chaque jour. Aussi, au lieu de balancer plus entre les songes qu'entretenait le précieux objet et la joie de voir sa maîtresse, Wallerand se décida-t-il rapidement. Tout de sombre vêtu, à son habitude, d'habits de bonne facture quoique sans ornement particulier, il arpenta bientôt les rues de la capitale, besace alourdie par le poids de l'ouvrage, jusqu'à l'entrée de la demeure jauzacienne, où il aborda ainsi le page bien connu :


Tibedaud, bonjour... Est-ce que tu pourrais voir si Bell... Si Sa Grandeur est là et si elle peut me recevoir, s'il te plait ? J'ai quelque chose qu'elle m'a prêté il y a un moment déjà.

Et si le langage était certes un peu formel, le sourire, lui, en disait long sur le plaisir que sa simple venue lui offrait.
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Soeur_mc_des_batignolles
Tibedaud avait ouvert, et papotait allègrement avec l'inconnu. Un éclat de voix, un « Bella » à moitié étouffé, et elle sut qui était le visiteur. Marie Clarence n'attendit pas que Tibedaud laisse entrer l'homme de Paris, et déboula dans le hall d'entrée, poussant sans ménagement un jeune Tibedaud désemparé. La carmélite scruta Wallerand, et eut à son égard un sentiment ambivalent. Non, en fait, elle hésitait entre la détestation cordiale et le mépris condescendant. Un maigre sourire étira les vieilles lippes en un rictus amusé.

Ah, ce n'est QUE vous.

Et paf, prend toi ça dans la tronche, bonhomme. On va te faire croire qu'elle a des visiteurs à la pelle depuis le temps que tu n'es pas venu. Tibedaud leva les yeux au ciel et reprit d'une voix timide :

Hem, la comtesse est …
Occupée ! Bella ne veut pas être dérangée, surtout par vous. 


Et re paf. Plus il serait déçu, plus vite il laisserait tomber. Puis, avec un sourire goguenard, elle tendit la main vers le livre d'heures, une merveille à laquelle Bella tenait comme à la prunelle de ses yeux. Des pages de vélin blanc, une reliure en cuir noir doré, et surtout des enluminures les plus délicates qu'elle avait vu, richement colorées : jaune d'orpiment, bleu outremer de lapis-lazuli, vert de malachite, rouge de cinabre, argent, cuivre. Un trésor, à proprement parler.

Donnez moi cela, je lui transmettrai. Vous connaissez la sortie, je présume ?

Cela n'avait qu'une signification à peine camouflée par un ton condescendant : tire-toi. Tibedaud, dans le dos de la harpie, faisait des signes discrets. Evidemment, Bella n'attendait que ça, d'être dérangée par Wallerand. Puis, il se lança.

La comtesse étudie dans la bibliothèque attenante à sa chambre !

Grumpf. Pourquoi le jeunot lui avait-il dit cela ? Wallerand ne connaissait que trop bien la chambre de Bella, il ne fallait pas lui donner l'excuse d'y aller. Coupant court à la conversation, elle ne trouva comme solution que de claquer la porte au nez.

Elle vous contactera lorsqu'elle le jugera nécessaire. Ouste!
Wallerand
Et flûte. Pour une fois qu'il tombait sur Tibedaud, il fallait que l'aut'vieille pie (surnom au final assez affectueux, parce que la bonne soeur, avec ses rugueuses sorties, ne lui était pas si antipathique que ça, puisqu'elle veillait sur sa maîtresse) se ramène... Il semblait qu'en prime elle soit d'humeur revêche. Bon, d'accord, ça ne changeait pas beaucoup par rapport à d'habitude, mais quand même ! Il n'avait jamais été blessant avec elle, lui. Et puis... "Que" lui ? Eh oui, malheureusement, il n'était qu'un homme... Et pour couronner le tout, au cours d'une scène surréaliste pendant laquelle elle manifesta avec toute son amabilité naturelle - et même en essayant de le faire douter de sa maîtresse ! Vilaine Marie-Clarence... - son déplaisir de le voir dans la place, la camériste mit la main sur le précieux ouvrage qui servait d'excuse à sa visite !

A vrai dire, le Beauharnais, malgré un clin d'oeil au page quand Tibedaud lui avait donné l'information la plus précieuse de la matinée, était si sidéré qu'il ne retrouva sa langue, pourtant bien pendue, qu'une fois proprement jeté dehors par le chaperon. Ah, c'était comme ça ? Elle voulait la guerre ? Parfait, elle allait l'avoir ! A tous les coups, elle était encore derrière la porte, à écouter s'il renonçait... Allez, une petite provocation, ça ne lui ferait pas de mal. Aussi, avec un léger sourire, claironna-t-il :


Vous oubliez un détail ! La fenêtre !

Eh oui... La bibliothèque près de la chambre avait une faiblesse défensive que la stratège Marie-Clarence ne pouvait pas ignorer : la fenêtre de la chambre elle-même. Même si le chaperon ne l'avait pas encore pris en flagrant délit d'assaut de l'ouverture en question, elle devait bien se douter qu'un homme encore jeune, en bonne forme, amoureux de surcroit, ne verrait pas grand obstacle à se hisser sur un chenil pour tenter d'escalader un mur aux belles pierres saillant entre leurs joints de mortier. Une fois la guerre déclarée, Wallerand ne fit évidemment pas de vieux os devant la porte close. A peine eut-il le temps d'entrevoir à une fenêtre un visage amusé - sans doute Imoen - qu'à longues foulées il contournait la demeure. A coup sûr, Marie-Clarence se trouverait empêtrée de Tibedaud et du livre à la fois, il gagnait un peu de temps...

Mais une fois au chenil, l'étape obligatoire de la grattouille sur la tête des chiens s'imposa à lui, lui faisant perdre le précieux avantage. Chacun avait son petit surnom, et ils reconnaissaient la main qui leur offrait parfois, à la nuit tombée, une friandise avant de se livrer à un exercice qu'ils regardaient de leurs grands yeux affectueux et vaguement interrogateurs. Aussi, sans autre encouragement que quelques jappements, l'amant entama l'ascension. Le chenil, en fait, était la partie la plus facile du chemin. La fenêtre qui faisait entrer le jour dans la petite construction était un appui immanquable...

Au-dessus, c'était une autre paire de manches. Même si le jeune homme connaissait les prises, il était toujours délicat de bien les saisir. Hanté par l'idée d'une chute qui l'aurait renvoyé à son état de février - à savoir une boiterie fort peu élégante et assez difficile à effacer -, Wallerand prenait grand soin à leur choix et ne se hissait qu'une fois sûr qu'il n'y aurait pas de mauvaise surprise. Autant dire qu'il n'était pas excessivement rapide, malgré la pratique qu'il avait de cette ascension et son expérience de ce mur... Aussi n'était-il plus si sûr que ça d'arriver avant la bonne soeur quand il se rétablit sur le bord de la fenêtre. Le souffle court, il y resta un instant, les jambes pendantes à l'intérieur, avant que la porte face à lui ne s'ouvre. Et, tout sourire, pénétrant définitivement dans la chambre en s'époussetant, il lâcha :


A défaut de porte, je passe par la fenêtre...

Bien. Plus qu'à trouver Bella. Au pire, les éclats de voix qui ne manqueraient pas d'arriver l'attireraient.
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Soeur_mc_des_batignolles
Le petit Tibedaud la regardait avec un drôle d'air. Bah quoi ? Elle n'allait pas le laisser entrer faire à sa maîtresse Deos savait quoi avant le mariage. Non ? De derrière la porte, l'oeil accroché au judas, livre en main, elle le voyait, encore abasourdi d'avoir été mis à la porte. Héhé... Allait-il renoncer ? Elle lui avait pris son motif de visite, il n'avait plus de bonnes raisons.

Vous exagérez, c'est son fiancé désormais.
Ils ne sont pas mariés. Des fiancailles, ça se rompt. Si ce roturier s'imagine...
Il va être anobli.
Il était gueux. Les mauvaises manières ne s'oublient pas comme ça, même si on couronne un épouvantail il restera que ce qu'il est.
Vous êtes odieuse ! Sa grandeur est née roturière.
Tcchut ! Vous êtes impertinent et insolent, je devrai vous donner du martinet.


C'est alors qu'assourdie par la porte, Marie Clarence entendit une voix claironner :

    Vous oubliez un détail ! La fenêtre !


La carmélite grommela et murmura quelques jurons bien peu aristotélicien. Elle ne vit pas Tibedaud s'enhardir pour se rapprocher doucement d'elle.

Le brigand ! C'était donc comme ça qu'il passait la nuit avec elle..
Donnez moi ça.
Non !


Et plus vif que l'éclair, le jeune page avait subtilisé le livre d'heures à la carmélite, qui s'accrocha désespérément à sa livrée aux armes de Fontrailles. Le tissu allait finir par céder à ce traitement de choc, mais Tibedaud glissa et se retrouva les quatre fers en l'air. La nonne reprit le livre, et relevant ses jupes, allait se précipiter dans les escaliers lorsque le page lui fit un petit croc en jambe. Juste retour des choses, c'était à la carmélite de finir par terre, empêtrée dans sa bure. Marie Clarence allait perdre le peu d'avance qu'elle pouvait gagner ! Non ! Elle se précipita dans les escaliers à la suite du page, plus rapide qu'elle. Tibedaud se précipita dans la chambre, que Wallerand venait de rejoindre, et lui ouvrit la porte dissimulée qui cachait la bibliothèque privée de Bella, où une mélodie à la harpe s'élevait. Une cavalcade annonçait l'arrivée de la carmélite, qui tempêtait.


22, la voilà déjà, vite ! Attrapez !

Il lui lança – pas trop fort, pour ne pas l'abîmer – le livre d'heures, et fit entrer Wallerand dans la bibliothèque. Trop tard !
Christabella
Tranquillement assise dans sa bibliothèque, grande pièce aux murs lambrissés et couverte d'étagères, et qui abritait ses instruments de musique, Bella jouait de la harpe. Elle butait sur un exercice, qui lui donnait du fil à retordre. Elle ne voyait que peu Wallerand, occupés qu'ils étaient tous les deux au conseil, à la mairie, mais surtout, surtout, surtout à cause de Marie Clarence qui filtrait les lettres, et les visiteurs. Parfois, le jeune homme arrivait à grimper par la fenêtre, discrètement, en passant par le chenil, et s'en suivait une tendre soirée en tête à tête, au nez et à la barbette de la carmélite qui grognait des jours durant, une fois le forfait accompli. Fiancés ou pas, elle ne supportait pas qu'ils dérogent à la règle. Butant de nouveau sur le même passage, la jeune femme soupira. Que certaines soirées étaient longues sans lui ! Toute à son exercice, elle n'entendait rien du tumulte qui troublait la quiétude de sa chambre, pinçant les cordes pour en tirer de nouveau la même mélodie. Bella sursauta lorsque la porte d'ouvrit à la volée, laissant apparaître son bien aimé, échevelé et essoufflé, à qui un livre fut lancé. Les vociférations de Marie Clarence parvinrent à ses oreilles, et elle comprit aussitôt le tour que venait de lui jouer Wallerand, avec l'aide certainement de Tibedaud.

Tiens ! Il pleut des fiancés et des livres ! Quelle chance !

Le jeune homme se précipita dans la bibliothèque, et referma brusquement la porte, Marie Clarence sur ses talons, et commença à déplacer un lourd secrétaire pour bloquer l'huis. Surprise mais saisissant la chance au vol, Bella abandonna sa harpe pour lui prêter main forte. Ensemble, ils purent sans trop de soucis déplacer le lourd meuble de manière à barrer la porte. La jeune femme sourit, heureuse de le voir, mais Wallerand semblait bloqué, comme s'il le voyait pour la première fois. En réalité, il la voyait seule à seul enfin, depuis un très long moment, ce qui revenait dans son esprit au même. Puis sans prévenir, il se précipita pour l'emprisonner de ses bras et la plaquer contre le meuble dans un long, très long baiser. Il lui parut d'autant plus long que sans faire attention, il lui avait collé le livre contre les côtes et l'inconfort lui tira un gémissement – hein quoi déjà ? Mais non, pas un gémissement de plaisir, m'enfin – de protestation, étouffé par le baiser. Etonné, il s'interrompit pour l'observer, lui caressant la joue, heureux enfin de l'avoir rien que pour lui. Et ce, malgré les vociférations de la carmélite, derrière la porte qui menaçaient de casser l'ambiance. Le souci, c'est qu'il n'y avait pas de meuble confortable dans cette pièce. Une harpe, un biniou – celui là même qui a servi d'outre à Whisky, et percé maintes fois par un Chris McCarthaigh qui ne voulaient pas entendre les sons de ce divin intrument. Sacré Irlandais ! Comme pour leur retrouvailles Montoises, il sourit en regardant le mur derrière eux. De la pierre naturelle, de la vraie, de la belle... Il y avait aussi le bureau et les dossiers, comme pour la fameuse séance de recrutement à Castel Vièlh... Il y avait comme une urgence dans les yeux du jeune homme.

Une faim à assouvir, pour lui comme pour elle. Le mur, ou le bureau et ses dossiers si accueillants ? Une main coquine qui se glissa sous la surcote, des doigts habiles qui déliaient les noeuds des vêtements, une caresse d'invite... Et, et... ! Boum. Ca, c'étaient les dossiers. Apparemment, ils avaient choisi la table. Et... et !! Reboum. Ca, c'était la table qui avait cédé sous le poids - comme le contreplaqué n'existait pas, il faut croire qu'elle était vermoulue cette traitresse. Restait la pierre. Lorsqu'on a une urgence, il faut toujours s'appuyer sur le granite... Et ... et !
Allongés sur le tapis persan d'importation, pure laine vierge tissé par deux mômes égyptiens - la convention sur les droits des enfants n'avait pas été ratifiée à l'époque-, les deux amants profitaient de l'instant, leurs mains insatiables se parcouraient l'un l'autre. La tête bien calée au creux de son épaule, la jeune blonde soupirait d'aise. La carmélite qui avait compris ce qui se passait avait lâché l'affaire - elle avait hésité entre deux possibilités vu les bruits : soient ils refaisaient la décoration, soit ils badinaient joyeusement en cassant le mobilier. Lui caressant les bras machinalement, elle murmura :


Marie-Clarence ne vous porte pas dans son cœur. Elle est trop à cheval sur les règles...

Elle est surtout têtue comme une mule...

Que voulez-vous, elle n'a toujours pas digéré Paris. Peut être a-t-elle raison... Peut être devrait-on s'abstenir jusqu'au mariage. Et si je portais un enfant ? Il nous faudrait choisir au plus vite une date de noces !

C'est sûr... Il suffit de quinze jours, je crois ? Pour les bans ? Ce ne serait pas encore visible, si... Enfin, comme vous disiez. N'empêche qu'elle est acharnée.

Pensez vous que je doive la congédier ? Elle m'est utile en tant qu'intendante...

Gardez-la, au contraire ! Elle tient assez à vous pour se battre contre vous, c'est plus que ce que ferait la plupart des gens.

Mais vous êtes là.

Sans ce livre, je n'aurai eu aucune excuse pour venir vous voir... Et quand bien même, elle n'a pas voulu me laisser entrer cette harpie ! Elle me l'a arraché des mains.

Je tiens beaucoup à ce livre, pas seulement parce qu'il est précieux. Il m'a été confié par ma marraine de cœur. Elle est décédée alors que papa et moi on voyageait... Elle s'appelait Fréderine, c'était la baronne d'Estaing... Une méchante fièvre. Nous sommes revenus dare dare jusque Bordeaux, pour la messe des funérailles. Elle m'avait légué ce livre, et demandé de ne jamais renoncer à mes rêves, quelqu'ils soient. Et elle avait raison, puisque j'ai épousé celui que j'aimais. Alors que je n'étais que roturière...

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Kenny.castel.vilar
Au même moment, alors que quelque chose se tramait dans la bibliothèque privé de sa mère, la mini blondine rentrait enfin à la maison après avoir réussit à échapper à son nouveau garde du corps. Une habitude qu'elle avait prise pour montrer sa rébellion.
Dès fois il arrivait à la retrouver aussitôt en la prenant de cours et dès fois non, comme aujourd'hui alors qu'elle avait prétexté vouloir aller se soulager aux latrines de la taverne où ils se trouvaient et qu'elle en profita pour prendre la poudre d'escampette pendant qu'il avait le dos tourné.

Sa blondeur bis pénétra alors dans la cour, bizarrement des éclats de voix se fit entendre derrière la porte d'entrée et elle put écouter alors le son désagréable de la voix de cette vieille mégère carmélite qu'elle n'arrivait pas à supporter.
Comment sa mère avait pu embaucher une femme aussi désagréable qu'elle? Allez savoir!
La sachant alors à trainer dans le hall d'entré, Kenny se décida à prendre la direction de la cour pour ainsi pénétrer dans la demeure par les cuisines, cuisine qu'elle constata vide à son grand soulagement.
Béatrix était peut-être parti au marché pour remplir les réserves et chercher l'inspiration pour nous concocter un futur bon diné. À cette pensée, la jeune Castel Vilar en avait l'eau à la bouche.
Profitant alors de cette tranquillité, la demoiselle mit son nez un peu partout à la recherche de quelque chose à manger. C'est qu'elle n'était pas rentré pour le déjeuné et n'avait donc pas soulager sa faim. Sa priorité à ce moment là était de semer Alexandre.
Puis la forme circulaire sous un torchon posé sur le rebord de la fenêtre attira son attention. Le soulevant légèrement, elle fut heureuse de trouver une belle tarte au pomme attendant gentiment d'être mangé.
Heureusement Kenny, et son estomac criant famine, passaient par là!

Voulant s'emparer du plat, elle retira vivement son doigt en le portant à sa bouche avec un petit aïe s'échappant de sa gorge. C'est que le moule était encore chaud ma parole, témoignant alors d'un départ peu lointain de la cuisinière. Elle était peut-être même encore dans les parages.
Il fallait faire vite alors avant qu'elle ne revienne et la surprenne à lui voler un bout de tarte.
La blondine utilisa alors le torchon pour prendre le plat et se retourner vers la table... sauf que surprise par la silhouette qui s'était poster derrière elle, ses mains lâchèrent le gâteau qui dans son élan alla s'écraser sur le sol dallé de pierre.
Yeux bleus écarquillés par sa soudaine peur, car oui elle a eu peur! Elle constata avec frayeur qu'il l'avait retrouvé!


Oh con ! Vos m'avètz fach paur!* s'exclama-t-elle en portant sa main sur son cœur.

* Oh con! Vous m'avez fait peur!

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Alex__
Alexandre souriait poliment, cachant habilement la joie qui l'habitait a ce moment précis.

Oh, vraiment ? Il n'en était absolument pas le but. L'idée même de pouvoir vous effrayer ne pourrait germer dans mon esprit sans que la honte et le déshonneur ne viennent poursuivre ma conscience pour les siècles à venir

Enfin, quoi qu'il en soit... quelle tristesse...


Il se pencha sur la tarte, du moins ce qu'il en restait, l'air faussement compatissant avec la jeune fille.


Cette tarte avait l' air si bonne... à peine sortie du four, craquante et moelleuse. On aurait même pas besoin d'avoir faim pour la manger d'une bouchée... imaginez pour quelqu'un qui n' a pas mangé depuis ce matin... l'aubaine que ça aurait été... Rassasier sa faim avec un tel plat, un peu plus et ça aurait été un vice tellement le plaisir doit être fantastique.

Remarquez.... pour quelqu'un qui a vraiment faim... Si on est pas dérangé par les saletés ou les maladies...

Pardonnez, je m'égare. Promis, vous ne m' entendrez plus parler, c'est juste cette tarte... Elle m' a presque ému.

Ah, et si vous voulez passer inaperçue, semer des tartes aux pommes sur le sol n'est pas une fantastique solution... Même sans être détective, vous êtes la seule personne dans cet endroit dont la maladresse soit capable de gâcher tel chef-d’œuvre d'une telle manière

Il se redressa et plaça ses mains dans son dos, attendant que la jeune fille s’échappe a nouveau, un sourire poli gravé sur le visage.

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