Melissandre_malemort
Mélissandre est silencieuse. Elle n'a rien objecté à Anne quand en lui passant son corset, elle s'était effarouchée de trouver le tissu si lâche sur la taille de sa maitresse mais n'avait obtenue aucune réponse. Pas plus qu'elle n'a répondu aux regards désolés de sa Camériste à la vue des larges cernes qui soulignaient ses yeux devenus trop grands pour son petit visage en coeur et de ses joues qui chaque jour se creusait d'avantage.
Il est devenu intolérable à la princesse de vivre au Louvre, mais elle se refuse à déménager. Son regard se détourne obstinément lorsqu'au hasard de son office, il lui faut passer par les jardins. L'arbre du malheur se dresse, insolent de splendeur dans son royal écrin. Son arbre.
Le coeur de la princesse cesse de battre un instant infini avant de reprendre sa course. Blottie dans ses appartements, le menton enfouie entre ses genoux, elle attend que la douleur s'apaise. Que la bête se lasse d'élargir la plaie béante dans sa poitrine. Que les souvenirs s'évanouissent. Que son bureau ou il est venu lui parler se vide de ses fantômes. Peine perdue. Mélissandre ignore comment revenir à la vie. Elle se refuse à dévoiler sa rupture à ses soeurs. A quoi bon? On la regardera avec pitié avant de passer une main maternelle sur son front en lui jurant qu'elle est bien jeune encore pour le désespoir.
Elle ignore que les craintes de son entourage ont finalement donné à Anne le courage d'envoyer un courrier à sa sur Elisa pour l'informer de l'état de sa cadette et la supplier de venir à elle.
Plongée dans son écrin de solitude et de folie, l'esprit embrumé par le Laudanum, Mélissandre vit bien trop coupée des autres pour se soucier de l'inquiétude qui précède chacun de ses matins. Elle ne vit plus. Elle ne dort plus. Elle ne mange plus. Une migraine permanente lui vrille les tempes et c'est dans des doses de plus en plus massives de Laudanum qu'elle trouve un semblant de soulagement.
Jusqu'à ce que la drogue elle même ne parvienne plus à la plonger dans une torpeur salutaire et que ce soit dans le masochisme que la Malemort puise son réconfort. Poussée par une pulsion autodestructrice, engourdie par un chagrin trop fort pour que sa psyché parvienne à le traiter, elle quitte son boudoir et se dirige à pas lent vers le coeur même de son enfer Lunaire. L'arbre se détache dans le ciel grisâtre. Son odeur de mousse et de fougère l'enivre. La bête rugie et lui déchire le sein : Elle se laisse tomber dans l'herbe humide. La plaie suinte et pulse : Elle lève les yeux vers le couvert des feuilles. Un sanglot lui déchire la poitrine.
Oh pourquoi... Pourquoi?
Désespérée, la Malemort se roule en boule dans l'humidité glacée des racines de ce qui fut son bonheur et sera sa perte, petite tâche grisâtre dans un paysage idyllique.
Pourquoi?
Sa main passe sur sa nuque tuméfiée sous le bandage. Est ce qu'il est avec "Elle"?
Pourquoi?
_________________
Il est devenu intolérable à la princesse de vivre au Louvre, mais elle se refuse à déménager. Son regard se détourne obstinément lorsqu'au hasard de son office, il lui faut passer par les jardins. L'arbre du malheur se dresse, insolent de splendeur dans son royal écrin. Son arbre.
Le coeur de la princesse cesse de battre un instant infini avant de reprendre sa course. Blottie dans ses appartements, le menton enfouie entre ses genoux, elle attend que la douleur s'apaise. Que la bête se lasse d'élargir la plaie béante dans sa poitrine. Que les souvenirs s'évanouissent. Que son bureau ou il est venu lui parler se vide de ses fantômes. Peine perdue. Mélissandre ignore comment revenir à la vie. Elle se refuse à dévoiler sa rupture à ses soeurs. A quoi bon? On la regardera avec pitié avant de passer une main maternelle sur son front en lui jurant qu'elle est bien jeune encore pour le désespoir.
Elle ignore que les craintes de son entourage ont finalement donné à Anne le courage d'envoyer un courrier à sa sur Elisa pour l'informer de l'état de sa cadette et la supplier de venir à elle.
Plongée dans son écrin de solitude et de folie, l'esprit embrumé par le Laudanum, Mélissandre vit bien trop coupée des autres pour se soucier de l'inquiétude qui précède chacun de ses matins. Elle ne vit plus. Elle ne dort plus. Elle ne mange plus. Une migraine permanente lui vrille les tempes et c'est dans des doses de plus en plus massives de Laudanum qu'elle trouve un semblant de soulagement.
Jusqu'à ce que la drogue elle même ne parvienne plus à la plonger dans une torpeur salutaire et que ce soit dans le masochisme que la Malemort puise son réconfort. Poussée par une pulsion autodestructrice, engourdie par un chagrin trop fort pour que sa psyché parvienne à le traiter, elle quitte son boudoir et se dirige à pas lent vers le coeur même de son enfer Lunaire. L'arbre se détache dans le ciel grisâtre. Son odeur de mousse et de fougère l'enivre. La bête rugie et lui déchire le sein : Elle se laisse tomber dans l'herbe humide. La plaie suinte et pulse : Elle lève les yeux vers le couvert des feuilles. Un sanglot lui déchire la poitrine.
Oh pourquoi... Pourquoi?
Désespérée, la Malemort se roule en boule dans l'humidité glacée des racines de ce qui fut son bonheur et sera sa perte, petite tâche grisâtre dans un paysage idyllique.
Pourquoi?
Sa main passe sur sa nuque tuméfiée sous le bandage. Est ce qu'il est avec "Elle"?
Pourquoi?
_________________