Equemont
Le duc de Bretagne avait accueilli les différents jouteurs, répondant à leur formule de politesse et laissant son intendant les guider jusqu'à leurs tentes. Ce n'était pas une activité qui le passionnait, mais elle était nécessaire à une bonne joute sanguinolente et cathartique. Il fallait connaître celui qui allait être écrasé pour assouvir la haine qui détruisait progressivement le cur. Ou se faire moine. Mais Equemont n'avait encore jamais envisagé cette option avec sérieux.
Le jour J.
Assis dans son fauteuil, Equemont avait pris l'air faussement réjouit. Il se devait de faire bonne figure, malgré le poids d'un souci mortifère. Son fils. Jamais il n'avait pensé pouvoir éprouver tant de douleur pour la vie d'un enfant, et même, il en venait à regretter tous ces moments où il s'était intérieurement moqué de ceux qui affichaient un deuil excessif. Et pourtant, bientôt, ce serait son propre fils qu'il aurait à porter en terre. C'était de plus en plus certain. Le petit hoir, assez grassouillet à ses heures fastes devenait squelettique. Il revit un instant ses petites lèvres décharnées lui susurrer un « Père, je vous aime. » Il fallait penser à autre chose afin que l'émotion ne l'envahisse de trop. Il fixa son regard vers les jouteurs.
Et déjà des chutes. Le chevalier du Nauériels se fit écraser par l'ancien capitaine de Bretagne dans une touche brisée, quasi parfaite. Voilà un bon jouteur.
Puis le Guennec. Le Salar n'avait jamais vraiment aimé les joutes contre les femmes, et il se sentait souvent faible dans la course face à elles. Il se sentait coupable de profiter de sa force physique et avait peur de blesser. Ce qui devait arriver se passa, et le vicomte la terrassa. Il ne connaissait pas la dame, mais reconnu l'écu.
Après, le chevalier de Lezardrev, un de ses ennemis personnels se rétama. Il réprima un sourire. Il joutait devant l'amnésique qui ne semblait pas avoir oublié comment courir ni viser
Le duc se tourna un instant vers sa femme.
- « Voyez, je crois que la justice divine est immanente. »
Ce n'est qu'un instant après qu'il réalisa l'idiotie profonde de son propos. Ainsi la mort de son fils Aur serait du fait de Dieu ? Qu'aurait-il donc fait pour mériter pareil sort ? Etait-il donc si mauvais ?
Il se pencha de l'autre côté, vers son cousin.
- « Cela te plait-il ? N'est-ce point trop violent pour toi ? »
Normalement, le cousin devrait se fâcher, se vexer, bref, s'exciter un peu, ce qui lui apporterait en plus des images délectantes qui l'attendaient encore, un son qui l'amuserait.
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Le jour J.
Assis dans son fauteuil, Equemont avait pris l'air faussement réjouit. Il se devait de faire bonne figure, malgré le poids d'un souci mortifère. Son fils. Jamais il n'avait pensé pouvoir éprouver tant de douleur pour la vie d'un enfant, et même, il en venait à regretter tous ces moments où il s'était intérieurement moqué de ceux qui affichaient un deuil excessif. Et pourtant, bientôt, ce serait son propre fils qu'il aurait à porter en terre. C'était de plus en plus certain. Le petit hoir, assez grassouillet à ses heures fastes devenait squelettique. Il revit un instant ses petites lèvres décharnées lui susurrer un « Père, je vous aime. » Il fallait penser à autre chose afin que l'émotion ne l'envahisse de trop. Il fixa son regard vers les jouteurs.
Et déjà des chutes. Le chevalier du Nauériels se fit écraser par l'ancien capitaine de Bretagne dans une touche brisée, quasi parfaite. Voilà un bon jouteur.
Puis le Guennec. Le Salar n'avait jamais vraiment aimé les joutes contre les femmes, et il se sentait souvent faible dans la course face à elles. Il se sentait coupable de profiter de sa force physique et avait peur de blesser. Ce qui devait arriver se passa, et le vicomte la terrassa. Il ne connaissait pas la dame, mais reconnu l'écu.
Après, le chevalier de Lezardrev, un de ses ennemis personnels se rétama. Il réprima un sourire. Il joutait devant l'amnésique qui ne semblait pas avoir oublié comment courir ni viser
Le duc se tourna un instant vers sa femme.
- « Voyez, je crois que la justice divine est immanente. »
Ce n'est qu'un instant après qu'il réalisa l'idiotie profonde de son propos. Ainsi la mort de son fils Aur serait du fait de Dieu ? Qu'aurait-il donc fait pour mériter pareil sort ? Etait-il donc si mauvais ?
Il se pencha de l'autre côté, vers son cousin.
- « Cela te plait-il ? N'est-ce point trop violent pour toi ? »
Normalement, le cousin devrait se fâcher, se vexer, bref, s'exciter un peu, ce qui lui apporterait en plus des images délectantes qui l'attendaient encore, un son qui l'amuserait.
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